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"Rêves cruels", de Rhoda Broughton

Publié le par Nébal

"Rêves cruels", de Rhoda Broughton

BROUGHTON (Rhoda), Rêves cruels, traduit de l’anglais par Patrick Reumaux, illustrations de Frédéric Bézian, Talence, L’Arbre vengeur, [1872, 1881, 1885] 2014, 124 p.

 

Il m’arrive parfois (sans déconner ?) d’acheter des livres sur un coup de tête, mu par la seule curiosité, ce qui peut susciter de fort belles découvertes comme de bien tristes déconvenues. C’est sur un coup de tête, ainsi, que j’ai fait l’acquisition de ce tout petit volume (assez onéreux, 11 € pour 120 pages…) comprenant trois nouvelles lorgnant sur le fantastique de Rhoda Broughton, auteur semble-t-il fort important outre-Manche, et qui y avait connu le succès en son temps, mais dont je n’avais jamais entendu parler.

 

L’idée de ces Rêves cruels (oui, Rêves cruels, et non pas Contes cruels, fâcheux lapsus de la page de garde… et ce n’est hélas pas le seul élément qui me fait douter de la relecture de ce recueil, mais on aura l’occasion d’y revenir) me paraissait intéressante : s'interroger sur les rêves les plus perfides et horribles – des rêves prémonitoires notamment – dans le cadre délicieusement cul-pincé et hypocrite de la bonne société victorienne, c’était un programme plutôt alléchant, non ? Alors, après quelques hésitations bien vite balayées, je me suis procuré la chose, et n’ai pas tardé à la lire.

 

Le contrat est respecté, sans doute. Dans ces trois nouvelles inédites en français (« Mrs Smith de Longmains », qui occupe à elle seule la moitié du recueil et c'est tant mieux, « Voyons, c’était un rêve ! » et « Ce que cela signifiait »), Rhoda Broughton nous plonge dans les tourments de ladies malmenées par leurs visions nocturnes, d’horribles assassinats dans les deux premiers textes (le troisième ne joue pas vraiment sur le prémonitoire), et qui ne savent pas comment y réagir… a fortiori quand la crainte de passer pour ridicules s’immisce dans la partie, ce qui est sans doute l’essentiel dans le cadre feutré de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie britanniques (et ce qui, autant le dire de suite, fournit les considérations les plus intéressantes de ces récits). La narration à la première personne, dans les trois cas (et le plus souvent au présent, mais j’y reviendrai), renforce ce sentiment d’immersion dans la psyché torturée de nos rêveuses désemparées.

 

Cela dit, ce recueil souffre vaguement des limitations imposées par son thème même. Il n’y a en effet probablement pas trente-six solutions quand un récit tourne autour d’un rêve prémonitoire (attention, je vais probablement SPOILER, là) : certes, il y a toujours la possibilité de s’en moquer et de ne rien faire, mais cette inaction ne serait sans doute guère propice au divertissement recherché par l’auteur ; il y a alors l’utilisation du thème de Cassandre, qui joue probablement dans « Voyons, c’était un rêve ! » (même si c’est sans doute plus vicieux ici : à certains égards, c’est en effet l’action préventive de la narratrice qui conduit au drame…) ; et, au-delà de ce versant « fataliste », il y a enfin l’éventualité que l’intervention porte ses fruits, et permette d’échapper au destin (ce qu’illustre « Mrs Smith de Longmains »). Le ton de la nouvelle laissant à chaque fois pas mal supposer l’approche qui est retenue, on n’est guère surpris en définitive, et, par voie de conséquence, on ne frissonne guère… La troisième nouvelle n’est au fond guère plus surprenante, même si elle œuvre par tours et détours intrigants… qui peuvent cela dit donner l’impression que l’auteur, bavarde, fait un peu trop durer le plaisir pour qu’il soit bien honnête.

 

Reste, dès lors, la peinture de cette bonne société so British confrontée à l’étrange et l’incompréhensible. C’est indubitablement le point fort de ce recueil, même si j’en attendais sans doute davantage. « Mrs Smith de Longmains » est à cet égard la nouvelle la plus réussie : la relation de l’énergique narratrice à ses trois (dindes de) filles est assez amusante, et, dans un registre plus subtil, il en va de même de sa gêne face à la lady destinée à périr (ou pas) aux mains d’un mystérieux assassin, notre héroïne ne se sentant pas de lui dire au juste ce qui la préoccupe. On peut éventuellement sourire, dans « Voyons, c’était un rêve ! », des saloperies déversées par les personnages à propos des prolos irlandais perfides et rusés qui les environnent (et j’avoue que le tableau de cet ouvrier qui massacre du propriétaire à la faucille m’a également amusé, mais bon, c’est moi, hein). « Ce que cela signifiait » ne joue par contre pas du tout sur ce tableau, y préférant la seule introspection déconcertée, et m’a paru du coup plus faible.

 

Tout cela se lit, mais sans grand enthousiasme à vrai dire (même si la première nouvelle passe mieux, donc, et est heureusement la plus longue). C’est sympathique mais, si j’ose dire, il n’y a pas de quoi s’en relever la nuit…

 

Ce qui ne serait sans doute pas en soi rédhibitoire… n’était l’agacement que j’ai ressenti au fil des pages de ce petit volume qui justifie mal son prix. En effet, j’ai plus d’une fois tiqué devant le style, et redoute que cela vienne pour partie de la traduction, et sans doute plus encore de la relecture, ou peut-être de son absence. La ponctuation est régulièrement malmenée, ce qui n’est sans doute pas dramatique, certes (mais je suis un peu un nazi de la virgule, c’est vrai). Plus gênant, le choix d’une narration au présent me paraît problématique : cela sonne étrangement en français dans ces circonstances ; j’imagine qu’il s’agit là de se montrer fidèle au texte original, ce qui est bien légitime… mais ça n’en est pas moins assez franchement perturbant à l’occasion, a fortiori quand d’autres temps se joignent à la partie : la concordance m’a paru quelque peu malmenée à l’occasion, ce qui m’a parfois fait grincer des dents (même si je n’ai pas d’exemple à vous fournir, c’est un sentiment général ; cela vaut surtout pour le deuxième récit, par contre). Et j’ai encore davantage grimacé devant certaines ruptures de ton pour le moins incongrues (surtout dans la deuxième nouvelle là encore, qui est vraiment mal passée sous cet angle) ; sans doute Rhoda Broughton en jouait-elle dans le texte original, je ne prétends pas le contraire, mais j’ai l’impression que le traducteur n’a pas forcément rendu au mieux ces décalages : le résultat m’a paru en tout cas guère convaincant dans ses tentatives maladroites de rendre la familiarité de ces langues de vipère de la haute, transformées en quidams à l’élocution hachée. Si le fond de ces trois récits est honnête, ils m’ont vraiment paru pécher sur le plan formel…

 

En somme, tout ceci est donc hautement dispensable. Pas inintéressant, mais certainement pas transcendant. Quant au manque d’application qui me paraît caractériser cette édition française (je peux me tromper, hein…), il est vraiment regrettable, et m’incite à vous déconseiller en définitive cette brève lecture, qui n’a certes pas constitué la belle découverte que j’en attendais ; petite déconvenue, donc…

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"Le Brig "Le Terreur", suivi de La Lutte à venir", de Ferdynand Ossendowski

Publié le par Nébal

"Le Brig "Le Terreur", suivi de La Lutte à venir", de Ferdynand Ossendowski

OSSENDOWSKI (Ferdynand), Le Brig « Le Terreur », suivi de La Lutte à venir, traduit [du russe] et préfacé par Viktoriya & Patrice Lajoye, [s.l.], Lingva, coll. « Classiques populaires », 2015, 123 p.

 

Viktoriya et Patrice Lajoye militent depuis quelques années déjà pour faire connaître en France la science-fiction (au sens large) russe (au sens large aussi) : au-delà du blog Russkaya Fantastika (aujourd’hui arrêté, mais qui avait déjà donné lieu à publication), on leur doit ainsi les chouettes anthologies Dimension URSS et Dimension Russie chez Rivière Blanche, par exemple, ou, dans la foulée, le très recommandable La Loi des mages de Henry Lion Oldie chez Mnémos, et la dame Viktoriya a en outre travaillé, chez Denoël « Lunes d’encre », sur la reprise des romans des frères Strougatski, dont l’indispensable Stalker. Leurs activités vont cependant bien au-delà, y compris sur le strict plan éditorial, comme en témoigne par exemple Ilya Mouromets et autres héros de la Russie ancienne, chez Anacharsis.

 

Et ils ont souhaité voler de leurs propres ailes. C’est ainsi qu’ils ont fondé tout récemment leur propre structure, Lingva, qui est pour partie une petite maison d’édition, dont les publications dépassent le seul champ de la science-fiction russe, même si c’est bien ce qui va nous retenir aujourd’hui. Les quelques titres de la collection « Classiques populaires » à ce jour avaient suscité ma curiosité, mais je n’avais pas franchi le pas ; Patrice Lajoye himself m’ayant proposé un service de presse (horreur glauque ! Corruption !) de ce petit volume de Ferdynand Ossendowski (auteur polonais d’origine, mais ici de langue russe), et ledit volume, qui vient tout juste de paraître, traitant en outre pour partie d’exploration arctique (joie, joie ! Notons cependant que le brig Le Terreur dont il est ici question, même si son nom n’a sans doute pas été choisi au hasard, n’est pas pour autant le navire de l’expédition Franklin, qui a entraîné tant de littérature, dont le très chouette Terreur de – ce connard mais talentueux de – Dan Simmons), j’ai sauté sur l’occasion (et je dois confesser ici que, sans cela, je ne l’aurais probablement pas lu… pour une bête raison financière : franchement, 20,50 € pour ces quelques 120 pages, c’est indéniablement beaucoup, mais alors beaucoup trop cher…).

 

Il me faut bien mentionner ici, désolé, que cette publication souffre encore d’un certain « amateurisme »… La mise en page est moche, ce qui n’est pas dramatique certes, mais le texte souffre en outre de quelques coquilles malvenues, et, plus gênant, d’incontestables fautes de français à l’occasion (hélas récurrentes pour certaines, ce qui pique d’autant plus les yeux : le truc avec la mer, là, c’est un « golfe », bon sang, pas un « golf »…), et la traduction n’est sans doute pas toujours de la plus grande élégance. Quant à la préface, si elle a le bon goût de présenter de manière très complète et intéressante l’auteur, son positionnement philosophique et politique et les conditions de rédaction et de publication de ces deux nouvelles longtemps sombrées dans l’oubli, elle a peut-être aussi le mauvais goût de raconter un peu trop ce qui s’y passe (j’aurais donc plutôt tendance à en déconseiller la lecture préalable ; cela dit, dans le cadre de ce compte rendu, je vais bien être obligé de lâcher moi aussi quelques morceaux…).

 

Mais passons (enfin ?) aux textes, deux nouvelles de proto-science-fiction datant des années 1913-1914. « Le Brig "Le Terreur" » est donc pour l’essentiel un récit polaire (miam !), en dépit de son introduction déconcertante sur un étrange phénomène lunaire. On y trouve un très beau spécimen de savant fou (mais alors vraiment fou), mégalomane nihiliste – que les Lajoye placent dans la filiation du capitaine Nemo – qui entend bien détruire l’humanité à l’aide d’un champignon miracle à même de susciter une terrifiante apocalypse écologique, pour partie parce que la femme dont il est éperdument amoureux ne l’aime pas en retour (alors qu’il a fait l’effort de l’enlever, comme de juste – salope !). Face à ce « mauvais » savant, on trouve quelques « bons » savants, qui entendent bien l’empêcher de poursuivre plus avant ses conneries. Le récit, dès lors, en dépit de ce substrat de science-fiction assez intéressant (et pas si convenu que ça, promis), consiste essentiellement en la traque du brig Le Terreur par le Griffon (dont le capitaine est un gros malade lui aussi), et, sous cet angle, il m’a paru nettement moins intéressant – même si le cadre arctique est chouette. C’est à vrai dire le problème essentiel de cette nouvelle, et qu’on retrouve aussi dans la suivante : les idées fusent, souvent bonnes, et qui débouchent parfois sur des tableaux authentiquement fascinants (j’assume parfaitement le terme), mais de tout cela émane aussi un fâcheux parfum d’inachevé, j’aurais même envie de dire de « brouillon » ; la trame, expédiée et confuse, aurait sans doute pu donner matière à un court roman tout à fait passionnant, mais, en l’état, on ressent comme un manque, une frustration… C’est d’autant plus regrettable que le début de la nouvelle est à mes yeux une franche réussite : l’intrigue est amenée petit à petit avec un incontestable brio narratif et un sens du mystère tout à l’honneur de l’auteur ; mais la suite est, osons le mot, bâclée : on a vraiment le sentiment d’un texte écrit au fil de la plume, sans idée précise de la destination…

 

J’ai eu hélas le même sentiment – et même probablement encore plus prononcé – en ce qui concerne « La Lutte à venir », nouvelle (évidemment très politique) d’anticipation cette fois (« cent ans après l’exécution de la dernière suffragette »…), assez clairement dans la filiation de H.G. Wells (avec des vrais morceaux d’Elois et de Morlocks en devenir). On y retrouve le thème des « bons » et des « mauvais » savants, mais avec plus de nuances, grâce à la figure chouettement ambiguë de l’ingénieur anglais James Brighton. La Terre (pour partie ravagée, l’Asie ayant été transformée en un désert… par un champignon, bis) est aux mains de trusts scientifico-industriels qui ont réduit en esclavage les prolétaires, condamnés à travailler dans des souterrains glauques où ils mettent sempiternellement leur vie en danger ; mais il est des savants – qui se trouvent être russes – qui entendent bien lutter contre cette oppression capitaliste, et user de la science pour faire le bonheur de tous… Là encore, si la base tient peu ou prou du lieu commun, même pour l’époque (immédiatement pré-bolchévique ; notons que Ferdynand Ossendowski, s’il rejoindra plus tard l’armée blanche et sera proscrit par le régime soviétique, a alors participé aux événements révolutionnaires de 1905, ce qui lui a valu bien des soucis…), l’auteur fait néanmoins preuve d’un réel talent pour susciter des images fortes et introduire de très chouettes idées. Le tout début de la nouvelle me paraît ainsi vraiment remarquable : l’exécution publique de la dernière suffragette est joliment horrible, et développe une intéressante thématique féministe… dont l’auteur, hélas, ne fait pas grand-chose après coup. Si la nouvelle est parfois visionnaire, et contient de très impressionnants tableaux, elle se perd néanmoins assez vite dans une triste confusion pleine de raccourcis qui donne encore plus que la précédente une triste impression d’inachevé : la fin est salement expédiée, enchaînant les événements à toute vitesse sans grand souci de cohérence et de construction, et débouche sur une conclusion utopique parfaitement niaise. Dommage…

 

Bilan pour le moins mitigé, donc : dans les deux nouvelles, on trouve des scènes remarquables et de belles idées de science-fiction parfois étonnamment visionnaires ; hélas, dans les deux cas, si ça commence bien voire très bien, Ferdynand Ossendowski ne sait de toute évidence pas poursuivre et conclure, et ses textes, brouillons, se révèlent plus frustrants qu’autre chose. Rien d’étonnant dès lors si ces nouvelles, malgré de beaux moments, sont tombées dans l’oubli et n’ont été redécouvertes que récemment par pure érudition science-fictive : elles ne sont tout simplement pas finies…

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CR "Eclipse Phase" (5) : Paniques

Publié le par Nébal

CR "Eclipse Phase" (5) : Paniques

Poursuite de la campagne d’Eclipse Phase (épisode précédent ici, première session ici ; Natalia et Washak n’étaient pas présents ; Shadul non plus... mais j’avais discuté avec lui des événements à venir, et il m’avait donné des instructions).

 

Buck s’endort dans sa « cellule » ; à son réveil, la personnalité d’Adán, sans doute bien aidée par la « thérapie » Psi, ressurgit. Peu de temps après, la porte de la cabine s’ouvre, et apparaît le Dr. Mindfuck, brandissant une seringue, accompagné de deux robots médicaux portant une civière. Le psychochirurgien s’avance sans dire un mot, et Adán lance un message d’alerte, sans rentrer dans les détails. Callisto Hawke et John Doe, lequel se rend sur place, transmettent l’alerte à Kalbir Singh, qui contacte des écumeurs proches pour qu’ils interviennent. Adán use d’une passe Psi pour immobiliser temporairement le docteur, et cherche à gagner l’extérieur de la cabine. C’est alors que deux écumeurs font leur apparition à l’entrée. Adán s’accroche à l’un d’eux en réclamant sa protection, tandis que l’autre approche le Dr. Mindfuck. Celui-ci braille que le Futura est malade et dangereux, et que l’emploi de la psychochirurgie s’impose, même contre sa volonté, pour le bien de tous ; il ressasse également sur un supposé complot dirigé contre lui, et dont Adán ferait partie. Les écumeurs, qui refusent bien entendu l’usage de la psychochirurgie contrainte, maîtrisent le docteur et essayent en vain de le ramener à la raison. Kalbir Singh arrive, et envoie Mindfuck dans sa cabine sous surveillance. Il se demande quoi faire d’Adán, de toute évidence bien différent de Buck, mais redoute que ce dernier refasse surface au pire moment… Adán propose lui-même de rester encore un temps sous surveillance dans cette cabine, à condition que quelqu’un monte la garde (John Doe entend le faire de toute façon ; parallèlement, les autres aménagent pour plus tard une cabine partagée avec Shadul, et décident de limiter l’accès d’Adán à leur réseau privé afin d’éviter des ennuis si Buck refait son apparition ; Adán sortira deux jours plus tard).

 

Mais Adán profite déjà de la présence de Singh pour le relancer sur la présence d’autres Futuras à bord, et lui dessine les deux qu’il a vus (l’un en vrai, l’autre en contact télépathique – il garde cela pour lui, bien sûr). John Doe passe ensuite quelque temps avec Adán afin d’affiner les portraits-robots, et lance des recherches afin de voir s’ils pourraient correspondre à des personnes poursuivies quelque part dans le système, officiellement ou par l’entremise de chasseurs d’egos. Quelques heures plus tard, il identifie ainsi la Futura de type arabe, connue (autrefois du moins) sous le nom de Fatima Hex, fichée comme terroriste par l’Alliance Lune-Lagrange et également poursuivie par diverses Hypercorps pour des crimes commis durant les cinq dernières années ; on détermine plus tard qu’il s’agissait de plusieurs assassinats de scientifiques – psychiatres, psychochirurgiens, généticiens, mais aussi concepteurs de simulespaces – que l’on peut aisément supposer être en rapport avec le fiasco de la « Génération perdue ».

 

Callisto Hawke va s’entretenir avec Alice Chu. Elles parlent notamment du Dr. Mindfuck et de sa rhétorique contestataire, mais plus encore d’Hubertus Khan et de ses projets ; la meneuse d’EDF a pu rassembler un certain nombre d’informations à son sujet, en se renseignant auprès des patriotes de Hyoden, et a poursuivi son enquête, avec discrétion, auprès d’éléments modérés de la Junte ; Callisto Hawke ayant gagné sa confiance, elle accepte volontiers d’en discuter. Le passage de Terminus les étoiles dans le puits gravitationnel de Jupiter, et probablement dans l’orbite de Callisto, n’est sans doute pas une simple provocation pour Hubertus Khan (même s’il joue essentiellement de ce thème auprès du Dr. Mindfuck et de ses soutiens). Certes, il conçoit très bien la possibilité d’un « sacrifice » destiné à alerter les autres groupes politiques du système quant à la menace de l’expansionnisme jovien : s’il n’a semble-t-il pas réussi à faire bouger la Pluralité titanienne jusque-là, il ne doute pas qu’un drame de cette ampleur pourrait changer la donne ; quant au Consortium Planétaire, il n’en a certes rien à foutre si quelques anarchistes se font atomiser, mais pourrait néanmoins voir dans toute réponse militaire brutale de la République jovienne la goutte d’eau qui fait déborder le vase, déjà bien plein du fait des innombrables taxes et péages réclamés par la Junte, des astéroïdes capturés, et plus largement de son protectionnisme économique foncièrement incompatible avec les principes des Hypercorps. Mais Khan, connu pour être un agitateur politique sur Hyoden, qui a plusieurs fois alerté l’opinion sur une hypothétique « Opération Vautour » destinée à intégrer de force la colonie dans l’espace de la Junte, et qui a notamment milité en faveur du développement des synthomorphes de combat de type Fenrir afin de disposer de meilleures capacités militaires en cas d’assaut de la colonie, entend probablement aussi jouer de la présence de l’essaim pour contrecarrer autant que possible les plans plus ou moins avoués (et plus ou moins cautionnés par les autorités joviennes) de l’amiral Pournelle : bien sûr, l’essaim d’écumeurs ne saurait faire le poids sur le plan militaire, et l’affrontement est impensable ; mais il s’agirait de gagner du temps, en faisant diversion ; et aussi, dans le pire des cas, et conformément à l’histoire de Terminus les étoiles durant la Chute, d’envisager l’essaim comme un gigantesque canot de sauvetage…

 

Shadul continue pour sa part de nouer, développer et entretenir des liens avec les activistes partisans de Mindfuck, en entrant dans leur discours rebelle. Il évoque avec les autres PJ l’idée d’organiser une fête d’ici un mois environ, tenant peu ou prou du « meeting de campagne », mais où il compte développer tellement jusqu’à l’excès la rhétorique du « sacrifice » qu’il entend bien ainsi faire au moins douter les soutiens de Mindfuck et de Khan…

 

Quant à Callisto Hawke, elle s’entretient avec John Doe et Adán de la possibilité de se rendre sur Hyoden pour étudier la situation de plus près. Si l’hypothèse d’un voyage spatial précédant l’essaim est envisagée, elle est assez rapidement écartée, la solution de l’ego-diffusion étant de toute évidence bien plus pratique à tous les niveaux ; mais si elle ne pose aucun problème à l’écumeuse, et si John Doe envisage de créer un fork pour l’accompagner, Adán refuse par contre catégoriquement de suivre cette procédure…

 

Les enquêtes des PJ se poursuivent sur le long terme, ainsi que leurs tentatives de nouer des liens dans l’essaim – John Doe propose notamment ses services à qui en voudra. Adán envoie également une « carte postale » à son contact Sario, du Cartel de Nuit, sur Pallas (un simple « coucou », sans détails sur ce que vit Adán à bord de l’essaim : il se contente de mentionner que Buck est revenu, mais que la situation est désormais sous contrôle…).

 

Les PJ s’intéressent notamment de près au Dr. Mindfuck, de toute évidence très abattu ces derniers temps (car sans doute très camé) ; ils se demandent s’il serait pertinent de l’approcher pour dissiper tout malentendu concernant la présence d’Adán à bord, et éventuellement lui parler des deux autres Futuras, et notamment de Fatima Hex…

 

Mais, alors qu’Adán surveille le psychochirurgien à distance, celui-ci change brusquement d’attitude, et devient fou furieux. Un coup d’œil aux réseaux permet de comprendre qu’un autre meurtre d’un de ses proches a eu lieu (la victime a été décapitée ; la pile corticale n’a cette fois pas été endommagée, et l’assassin, moins précautionneux que les fois précédentes, apparaît cette fois sur les caméras, même s’il disparaît assez vite : c’est l’autre Futura). La tension monte vite sur les réseaux : Mindfuck hurle au complot, accuse EDF en général et Alice Chu en particulier d’être responsables de ces meurtres, de s’en prendre sciemment à son entourage, de chercher ainsi à l’intimider pour le faire taire ; sa diatribe rencontre un certain écho… Les PJ se rendent sur les lieux du crime, où se trouve déjà Kalbir Singh, tandis que ça s’échauffe de plus en plus sur les réseaux, les activistes les plus excessifs envahissant la Toile et l’inondant de messages violents, tandis que les éléments les plus modérés – comme Lena Andropov, qui, devant cette agitation soudaine, décide de s’impliquer davantage, et tente de calmer le jeu – peinent à se faire entendre ; quant aux dénégations d’Alice Chu, elles recueillent au mieux un certain scepticisme, au pire une franche hostilité.

 

Les PJ cherchent à s’entretenir avec Kalbir Singh, bien occupé et qui ne peut pas leur accorder beaucoup de temps… mais soudain le chef de la sécurité quitte précipitamment les lieux en lâchant un « Putain ! » paniqué. En effet, la nouvelle de l’assassinat d’Alice Chu par un forcené (rapidement abattu lui-même) vient d’être diffusée, et Singh se rend immédiatement à bord du Flagship (suivi par Callisto Hawke), où il rassemble les éléments d’EDF présents et les « miliciens » les plus fiables, et les arme. La situation dégénère rapidement, et l’essaim est au bord de la guerre civile.

 

Adán et John Doe peuvent le confirmer, eux qui se rendent auprès du laboratoire du Dr. Mindfuck, où une foule conséquente et très vindicative s’est assemblée. Le docteur, plus parano que jamais, s’est enfermé à l’intérieur avec Hubertus Khan, et refuse de laisser entrer qui que ce soit. Les PJ aimeraient pouvoir rejoindre le docteur et lui parler, mais cela semble pour le moins compromis. Et Adán panique un peu, redoutant de se faire lyncher en tant que Futura par la foule en colère et aisément manipulable…

 

Kalbir Singh, très affecté par ce qui vient de se produire et probablement paniqué, prend des décisions drastiques, guère en accord avec la philosophie des écumeurs : il accuse ouvertement le Dr. Mindfuck d’être responsable du meurtre d’Alice Chu et de vouloir perpétrer un coup d’État ; afin de rétablir l’ordre, il exige de la foule rassemblée devant son laboratoire qu’elle se disperse. Cela ne fait guère que renforcer l’hostilité des partisans de Mindfuck, dont un certain nombre appellent à prendre les armes pour contrer les manœuvres fascistes du chef de la sécurité… Celui-ci lance alors un ultimatum : il menace de couper les systèmes de survie dans le secteur du laboratoire, et exige à nouveau de la foule qu’elle se disperse. John Doe et Adán se retirent, mais ne peuvent quitter le vaisseau, les rares navettes étant prises d’assaut. Le secteur du laboratoire est verrouillé, et le niveau d’oxygène y diminue…

 

John Doe réclame de Singh, plutôt que de se livrer à un acte aussi violent et irresponsable, qu’il coupe les réseaux de Mindfuck, mais la guerre électronique fait rage : des hacktivistes ont rejoint les rangs des soutiens du docteur, a fortiori depuis que Singh s’est lancé dans son opération de maintien de l’ordre pour le moins radicale (l’idée d’un complot d’EDF – et de Singh – contre Mindfuck, lequel représente dès lors la ligne la plus authentique des écumeurs, est de plus en plus accréditée) ; ces pirates parviennent à rétablir les systèmes de survie dans le secteur du laboratoire, et – œil pour œil, dent pour dent – commencent à trafiquer ceux du Flagship de la même manière (ce que Callisto Hawke perçoit très vite). Des miliciens – qui se sont sans doute entretenus en privé – décident alors de trahir Singh, et lui passent des menottes électroniques et un masque de prisonnier (l’empêchant de communiquer)…

 

À suivre…

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"Elle est pas belle, la vie ?", de Kurt Vonnegut

Publié le par Nébal

"Elle est pas belle, la vie ?", de Kurt Vonnegut

VONNEGUT (Kurt), Elle est pas belle, la vie ? Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons, [If This Isn’t Nice, What Is ?], traduit de l’anglais (États-Unis) par Guillaume-Jean Milan, postface de Dan Wakefield, [s.l.], Denoël, [2014] 2015, 153 p.

 

Décidément, ces derniers temps, on publie du Vonnegut en français, et cela est bon. Après les rééditions bienvenues du Petit Déjeuner des champions et de Dieu vous bénisse, monsieur Rosewater chez Gallmeister, voilà que Denoël publie (dans un joli grand format, mais sans doute un peu onéreux pour le coup : 15,50 € pour un bouquin qui se lit en même pas deux heures…) ce bref recueil de neuf conférences de Kurt Vonnegut (essentiellement dans le cadre de cérémonies de remises de diplômes universitaires), sous le titre un peu effrayant Elle est pas belle, la vie ?, et avec le sous-titre autrement plus engageant Conseils d’un vieux schnock à de jeunes cons.

 

Le titre est un peu effrayant, donc. Enfin, surtout pour un gros con tel que moi qui, dès lors qu’on lui pose avec un grand sourire épanoui cette question, a instinctivement envie de se braquer et de répondre :

 

« Non. »

 

Et, plus largement, même si j’adoooOOOooore les romans de Kurt Vonnegut – j’en ai lu tout de même quelques-uns depuis ma découverte époustouflante de l’époustouflant Abattoir 5, le livre qui l’a rendu célèbre en 1969, et qui figure sans aucun doute parmi les romans les plus importants du XXe siècle –, j’avoue, un peu honteux, que je le redoutais vaguement sur ce coup-là… En effet, je craignais de renouveler l’expérience un peu navrante (à mes yeux, en tout cas) d’Un homme sans patrie, sorte de pamphlet, le dernier livre de Kurt Vonnegut (et un très gros succès de librairie outre-Atlantique, ai-je cru comprendre), qui s’en prenait essentiellement à l’administration Bush, Jr., et plus globalement à la politique de droite américaine. Le propos était sans doute juste, hein, ou en tout cas j’y adhérais volontiers, au fond ; c’était davantage la forme qui me chagrinait : la simplicité réconfortante et l’humanisme généreux de Vonnegut passaient certes magnifiquement bien dans ses romans, mais, ici, je trouvais que la « fausse naïveté » de ses fictions se muait en une naïveté « authentique », et du coup un peu gênante dans le cadre d’un « essai »… Tout cela faisait bien, effectivement, « vieux schnock » distribuant ses perles de sagesse aux « jeunes cons », mais avec plus ou moins de réussite. Et donc je craignais de retrouver ce travers, voire de le subir encore davantage, le contexte s’y prêtant tout particulièrement, dans le présent recueil de conférences (d’autant que celles-ci datent toutes, à l’exception de la première – 1978 –, des années 1990-2000).

 

Mais bon : c’était un livre de Vonnegut, alors je ne pouvais pas décemment faire l’impasse dessus.

 

Lu, donc. Très, très vite (ça se lit en une à deux heures grand max). Et pour tirer un bilan lapidaire : oui, on y retrouve les travers d’Un homme sans patrie… Ça passe cependant beaucoup mieux : là où la colère de Vonnegut rendait son pamphlet parfois fatiguant, l’humour presque omniprésent ici en rend la lecture autrement plus agréable à mes yeux. Cela n’en est pas moins très, très dispensable.

 

Les conférences ici recueillies sont très différentes dans leur format (plus ou moins construit) comme leur ton (plus ou moins sérieux). On y retrouve tout de même quelques thèmes essentiels : au-delà de la défense de l’humanisme en général, inévitable chez Vonnegut, mais qui passe aussi par un éloge de Jésus l’homme et de son Sermon sur la montagne, au-delà de la défense aussi d’un certain socialisme (il évoque des personnalités politiques du Midwest : un candidat à la présidentielle, un syndicaliste issu d’un milieu plutôt aisé mais qui s’est fait mineur, etc.), l’auteur – qui fait sans doute jouer quelques souvenirs de ses propres études d’anthropologie à son retour de la Deuxième Guerre mondiale (qui n’ont pas débouché sur une thèse, parce qu’on a refusé son sujet et qu’il n’avait sans doute pas les bons contacts…) – entend insister sur l’importance des « rites de passage » (ce qui s’explique il est vrai particulièrement pour des cérémonies de remise de diplômes, transformant les jeunes filles et jeunes garçons en femmes et en hommes, et ne laissez personne prétendre le contraire !), et plus encore des « familles élargies » (le problème du mariage, selon Vonnegut, est qu’il ne constitue pas une vraie « famille » : le mari n’est « pas assez de gens » pour la femme, la femme n’est « pas assez de gens » pour le mari), et dit même quelques mots en faveur de la « communauté » au sens de « là d’où on vient » (pour lui : Indianapolis). Tout cela est dit sur un ton frais et léger (naïf…), entrecoupé de nombreuses blagues idiotes et autres effets de rhétorique montrant bien que l’orateur connaissait parfaitement sa tâche. Bien sûr, Vonnegut ne s’arrête pas là : il saute à vrai dire volontiers du coq à l’âne (la première conférence est une suite de digressions, si tant est qu'on puisse parler de digressions quand il n'y a peu ou prou pas de fil principal), alternant le plus sérieux (la politique, la science, la religion, l’enseignement, la musique – car il n’est rien de plus important que la musique) et le plus frivole, et tout y passe, y compris – sans grande surprise – l’actualité la plus immédiate (sa conférence la plus « sérieuse » s’étend longuement sur la guerre en Afghanistan et en Irak).

 

Tout cela, oui, se lit bien (même si ça s’écoutait probablement beaucoup mieux). Au fil de ces quelques pages, une complicité s’instaure – ou se renforce – avec ce vieux type à la sagesse simple, presque évidente : comme un grand-père idéal, un peu frondeur, sans aucun doute grinçant, mais ô combien aimable et admirable. Il n’en reste pas moins que ça s’épuise vite – a fortiori pour un lecteur tel que vous et moi, pas directement impliqué : j’imagine qu’un jeune étudiant voyant débarquer, au milieu des cérémonies compassées, ce vieux bonhomme si charismatique, qui venait lui livrer personnellement ou peu s'en faut les fruits de son expérience, pouvait en être retourné à jamais… mais nous ne sommes pas cet hypothétique jeune étudiant.

 

Peut-on dès lors retirer grand-chose de ce petit ouvrage ? Je ne sais pas… J’en doute. Mais il est vrai que je suis d’un naturel beaucoup trop cynique et pessimiste, de manière générale, pour apprécier la « sagesse » et les « sages » (même si cela passe extraordinairement bien dans Abattoir 5, dont j’ai effectivement tiré des leçons)… Vonnegut évoque dans trois de ces conférences son « bon » oncle Alex, un type tout simple qui prenait le temps de vivre, et, de temps en temps, s’arrêtait subitement, et disait à voix haute : « Elle est pas belle, la vie ? » Vonnegut incite en conséquence les jeunes gens auxquels il s’adresse à faire de même…

 

Mais je ne m’en sens pas capable. Parce que je n’y crois pas…

 

À vous de voir si cette « sagesse » peut vous toucher.

 

EDIT : Gérard Abdaloff en cause ici.

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"Lovecraft Studies", no. 34

Publié le par Nébal

"Lovecraft Studies", no. 34

Lovecraft Studies, no. 34, West Warwick, Necronomicon Press, Spring 1996, 36 p.

 

Je poursuis mon rattrapage (façon de parler) des Lovecraft Studies avec ce trente-quatrième numéro… qui, autant le dire de suite, ne m’a pas vraiment convaincu, et c’est le moins qu’on puisse dire.

 

Ça ne commence pas si mal, pourtant, avec « At the Mountains of Madness : A Panel Discussion », table ronde à propos des « Montagnes Hallucinées » réunissant Steven J. Mariconda (modérateur), Peter Cannon, Jason C. Eckhardt et Hubert Van Calenbergh (le public intervient également, à la fin bien sûr, mais on notera aussi quelques interventions au cours des débats, notamment de S.T. Joshi). Drôle d’idée de départ : se demander – les hérétiques ! – si ce « roman » de Lovecraft (probablement mon texte préféré du Maître) est une réussite foudroyante… ou un échec consternant. Bon, je vous rassure, en dernier lieu, tout en relevant quelques défauts (dont certains sont assez incontestables même pour un petit fan tel que votre serviteur), les participants se prononcent tous en faveur de la première hypothèse… Mais, à vrai dire, la question n’est pas tant creusée que ça : la discussion part vite dans tous les sens, chacun ayant ses éléments à apporter quant à son analyse du texte, de son style bien particulier, etc. Du coup, tout va très vite (le format de la table ronde l’impose…), et c’est passablement le bordel. C’est néanmoins plutôt intéressant, et on y trouve quelques idées bienvenues, offrant au moins des pistes de recherche.

 

La suite du numéro, hélas, joue dans une tout autre catégorie… Si l’on excepte le très court « Lovecraft in Brooklyn », texte sans grand intérêt de Rheinart Kleiner publié originellement en 1951 dans un « journal amateur », et consistant essentiellement en un portrait physique de Lovecraft du temps de son séjour new-yorkais, le reste du fanzine est occupé par des articles le plus souvent très pointus, et probablement trop, qui me sont largement passés au-dessus de la tête, à moi le béotien…

 

On fait ainsi dans le très, très pointu, très, très technique, très, très incompréhensible pour ma pomme avec le bref article de Dan Clore intitulé « Overdetermination and Enigma in Alhazred’s Cryptic Couplet », analyse grammaticale, syntaxique, rhétorique, poétique, etc., du fameux distique de l’Arabe fou cité pour la première fois dans « La Cité sans nom » et repris régulièrement depuis : « That is not dead which can eternal lie, / And with strange aeons, even death may die. » Ces considérations stylistiques supportent à vrai dire sans doute assez mal le passage à la traduction… Et la glose sur cette « mort qui meurt », avec d’autres exemples poétiques à la clef, est de même très anglo-saxonne. Le vrai problème, cependant, c’est que la technicité extrême de cet article dépasse largement les maigres compétences de votre serviteur, qui n’y a absolument rien panné… C’est sans doute très bien pour les spécialistes, ceci dit.

 

J’avais tout, en principe, pour comprendre et apprécier davantage l’article suivant, « "The Outsider", the Terminal Climax, and Other Conclusions », de Robert H. Waugh, qui analyse en détail la célèbre chute de « Je suis d’ailleurs » pour s’intéresser ensuite plus largement à ce procédé – dépassant la seule idée de chute – de point culminant de la nouvelle résidant dans ses dernières lignes (l’auteur cite d’autres nouvelles de Lovecraft l’appliquant). Mais je suis resté pour le moins perplexe devant cette analyse hermétique, qui m’a semblé bien pédante, à chercher midi à quatorze heures en s’attardant sur ce qui me paraît décidément n’être que des points de détail, et saoule notamment à force de balancer des références grecques pas forcément (…) très pertinentes. En ce qui me concerne – et ça vaut hélas pour une bonne partie de ce numéro –, c’est là un exemple assez consternant de ce que la critique littéraire (au sens fort) peut faire de pire ; autrement dit, vous me pardonnerez l’expression, hein, mais c’est de l’enculage de mouches (à défaut de shoggoths)…

 

Donald R. Burleson, dans « A Textual Oddity in "The Quest of Iranon" », s’intéresse quant à lui… à une coquille dans le texte de « La Quête d’Iranon » tel qu’il est reproduit dans Dagon and Other Macabre Tales ! Alors, certes, signaler l’erreur, et expliquer le pourquoi du comment, c’est très bien et même nécessaire… mais on ne peut pas dire que j’aie pour ma part retiré un grand bénéfice de cet article, sans surprise.

 

Et puis il y a enfin « The Vanity of Existence in "The Shadow Out of Time" » de Paul Monteleone, article que je redoutais un peu, dois-je dire, n’ayant guère été convaincu par sa communication sur « Ex Oblivione » dans la précédente livraison de Lovecraft Studies, dont on devine ici comme une suite logique… C’est mieux, cela dit – au moins formellement : l’auteur est toujours beaucoup trop didactique, mais ne sombre pas dans la paraphrase cette fois-ci, et c’est toujours ça de gagné… Pour ce qui est du fond, je suis davantage partagé, néanmoins. Paul Monteleone – qui, décidément, aime beaucoup Schopenhauer – livre parfois quelques idées intéressantes sur la signification profonde du texte, mais ne nous épargne hélas pas quelques lieux communs… et, plus gênant, s’avance parfois dans des interprétations hautement contestables, et qu’il n’étaye guère. Quant à ses considérations sur « l’humour » supposé de ce texte censément « ridicule » par moments, elles m’ont presque choqué, mais j’en suis un petit fan depuis ma moins tendre pré-adolescence, alors bon…

 

Bilan guère satisfaisant, donc, pour cette trente-quatrième livraison de Lovecraft Studies. Certes, il y a une bonne part de subjectivité dans cette critique, je ne prétendrai pas le contraire (et je ne peux bien évidemment pas me plaindre de ce que les deux articles de Dan Clore et Donald R. Burleson ne s’adressent en défintive qu’à un public anglo-saxon…). Mais on a fait dans l’excès, ce coup-ci… Ce qui ne m’empêchera pas de poursuivre, hein.

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"Emoragie", de Brain Salad

Publié le par Nébal

"Emoragie", de Brain Salad

BRAIN SALAD, Emoragie, Angers, Trash, 2014, 149 p.

 

Le gore, c’est cool. Qu’il soit purement horrifique, que sa charge de subversion devienne résolument politique (comme chez Romero) ou qu’il ne vise qu’à faire rire par son outrance (comme dans les vieux, les vrais, les chouettes Peter Jackson), le gore, c’est cool. Vive la tripaille !

 

Cependant, si j’ai une certaine expérience du gore cinématographique, et si j’ai lu des BD parfois assez gratinées, je dois confesser n’avoir pas vraiment eu l’occasion de pratiquer la chose en littérature. Oh, certes, il est bien des bouquins d’horreur moderne qui, de temps à autre, jouent un peu de cette carte (ne serait-ce que chez Clive Barker, s’il faut en citer un et pas le moindre)… mais on est loin du déferlement systématique qui transforme le simple procédé en genre à part entière. Et je suis arrivé un peu tard pour la collection « Gore » du Fleuve Noir, dont les fameuses couvertures annonçaient pour le moins la couleur (celle du bon krovi rouge rouge, forcément, avec d’autres substances peu ragoûtantes en prime pour faire bonne mesure).

 

Les éditions Trash entendent cependant, bénies soient-elles, perpétuer ce genre dans la littérature populaire francophone. Sous des couvertures à l’avenant, c’est-à-dire miam (celle du présent Emoragie est signée Vita Van der Vulvv…), elles produisent des petits bouquins affichant haut et fort leur outrance, leur vulgarité et leur mauvais goût, entièrement dédiés aux excès les plus surréalistes que l’on peut infliger aux misérables tas de viande que nous sommes.

 

VIANDE !

 

La collection m’intriguait depuis un petit moment déjà, mais je n’ai franchi le pas que tout récemment, profitant d’une incursion aux Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres pour enfin mettre la main sur un titre (tout dégoulinant). Et mon choix s’est donc porté sur Emoragie, parce que le nom de Brain Salad, qui sévit également (et probablement surtout) dans le jeu de rôle (voyez par exemple le très sympa Sable Rouge), me fournissait un prétexte adéquat. Emoragie se situe d’ailleurs (ce que je ne savais pas en en entamant la lecture) dans l’univers d’un jeu de rôle, Backslash, qui a semble-t-il connu des démonstrations et était annoncé (chez Puzzle Box) pour 2014, mais j’ai l’impression qu’il a du retard…

 

En tout cas, ça commence bien, avec une évocation wikipédiesque de la musique industrielle en général et de Throbbing Gristle en particulier dès le premier paragraphe. Il faut dire que l’héroïne, Lorena Bloom, toute jeune brunette londonienne à la fort charmante dégaine de punkette gogoth (ou emo si vous y tenez, donc, mais moi pas vraiment), kiffe la musique improbable à base de bruit blanc et pratique le field-recording (oui, j’en suis du coup très vite tombé amoureux…).

 

Après une brève introduction un poil confuse à base de « splotch » (bruit récurrent par la suite, forcément), tandis qu’en pleine nuit la jeune femme erre en quête de sons intéressants dans la banlieue industrielle, la voilà qui tombe malencontreusement sur des sortes de racailles d’un genre bien particulier : des monstres improbables, dents-tronçonneuses, tête de fion, mains pénis, etc., qui accueillent des bateliers bourrus aux pinces de crustacé. C’est rien de le dire : la rencontre se passe mal. Hou-là, oui. Et…

 

Et je n’ai pas envie d’en dire beaucoup plus, parce que ce très (trop, sans doute) court roman, frénétique de bout en bout, va ensuite de rebondissement en rebondissement à un rythme très soutenu (et surprend régulièrement le lecteur, dans les premiers chapitres en tout cas – c’est hélas moins vrai par la suite). Tout va d’ailleurs très vite dans Emoragie : on n’est pas là pour faire dans le détail, clairement, mais pour livrer du chouette divertissement qui tient en haleine le lecteur, le dissuadant de reposer le bouquin avant la fin.

 

En fait, on ne s’attarde pas non plus vraiment sur l’action en tant que telle : non, ce qui compte, ce qui mérite bien des paragraphes à foison et des descriptions exhaustives, c’est le gore. C’est là que le détail intervient, pour notre plus grand plaisir pervers. Brain Salad se complait en effet dans les tableaux les plus atroces des sévices les plus improbables, avec un (mauvais) goût de la gratuité pour le moins réjouissant. Tortures, éviscérations, amputations et viols pour tout le monde, WOUHOU ! Autant dire qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise : Emoragie abonde en effet en séquences toutes plus ignobles les unes que les autres, à base de viande déchirée, d’excréments qui suintent et de sexe poisseux, d’une outrance telle que les pires délires du marquis de Sade paraissent bien pâlots en comparaison. C’est systématiquement excessif, et c’est ça qu’est cool – et c’est du coup horriblement drôle, comme du Fulci bien craspec revisité à la sauce Bad Taste ou Street Trash.

 

Avec aussi – cerise sur le gâteau que j’ai particulièrement appréciée – une dimension surréaliste dans l'évocation de ces monstres et sorciers londoniens, aux allures déjantées, souvent très inventives, toujours bien vues ; j’avais rapidement évoqué Clive Barker tout à l’heure, on est en plein dedans. Et ça constitue du coup un très chouette univers, que je verrais effectivement très bien en jeu de rôle (faudra que je mette la main sur Backslash le moment venu…).

 

Alors, bon, hein, on est pas ici dans la « Grande Littérature », c’est pas le propos. Objectivement, Emoragie est bourré de défauts. Le style, ainsi, est de qualité variable, jouant régulièrement mais à plus ou moins bon droit de la carte du contraste, et non exempt de maladresses diverses (les nombreuses insultes et autres grossièretés variées qui parsèment le roman sont par contre vachement cool). Surtout, le roman est probablement trop court : certes, ça ne pouvait pas durer éternellement, le format bref était indéniablement approprié, mais ça va quand même bien trop vite à mon sens, surtout dans les derniers chapitres, franchement expédiés…

 

Mais l’important, c’est que le contrat est rempli : on voulait du gore, et on en a.

 

Emoragie est stupide, vilain, ordurier, dégueulasse, d’un mauvais goût consternant, outrancier, excessif…

 

J’ai beaucoup aimé, quoi.

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"Lovecraft Studies", no. 33

Publié le par Nébal

"Lovecraft Studies", no. 33

Lovecraft Studies, no. 33, West Warwick, Necronomicon Press, Fall 1995, 36 p.

 

Retour, après une longue absence, aux fanzines lovecraftiens, parce que j’ai notamment pas mal de Lovecraft Studies (celui que je préfère à vue de nez), et vraiment plein de Crypt of Cthulhu, qui prennent la poussière dans ma bibliothèque. Il est bien temps de m’y remettre, et je vais tâcher d’en chroniquer régulièrement (même si je ne suis pas sûr que ça intéresse grand-monde à part moi, mais bon, hein, tant pis).

 

On commence avec « "Ex Oblivione" : The Contemplative Lovecraft », article de Paul Monteleone, qui part donc du poème en prose « Ex Oblivione » (dont je ne peux pas vraiment dire qu’il m’ait beaucoup marqué…) pour se pencher sur le pessimisme et l’indifférentisme de Lovecraft, à l’aune notamment des philosophes qui ont pu l’inspirer (comme Schopenhauer ou, pour remonter dans l’Antiquité, les matérialistes Epicure et Lucrèce) ou dont la pensée peut se révéler intéressante à titre de comparaison (l’auteur évoque ainsi Montaigne, mais aussi – même si c’est une très brève allusion en note, je ne peux m’empêcher de la relever… – Sade). Sont ainsi abordées, en trois temps, les conceptions lovecraftiennes de la vie, de « l’état contemplatif » propre au rêve, et de la mort (le deuxième étant préférable à la première, la dernière à tout le reste – se pose bien sûr alors la complexe question du suicide…). L’article est relativement intéressant quand il s’éloigne du texte de Lovecraft pour interroger les notions philosophiques, mais, hélas, il consiste essentiellement en une laborieuse paraphrase, extrêmement redondante, du poème en prose… Pas terrible, donc.

 

On reste dans la philosophie avec l’article suivant, signé Donald R. Burleson, « The Thing : On the Doorstep », qui s’intéresse à la notion de « Chose en soi » dans l’œuvre lovecraftienne, et plus particulièrement dans « Le Monstre sur le seuil » (le « Monstre » étant donc la « Chose » dans le texte original), avec un éclairage (façon de parler…) d’après les travaux de Kant et de Nietzsche. Si certains des délires déconstructivistes de l’auteur (notamment dans ses quêtes étymologiques à base de racines indo-européennes…) m’ont laissé pour le moins perplexe, et si ces interrogations, je suis bien obligé de le confesser, me dépassent largement, moi le béotien, il y a néanmoins quelques analyses fort pertinentes a priori, qui montrent bien que cette nouvelle de Lovecraft est peut-être moins « innocente » qu’il n’y paraît.

 

On passe à tout autre chose – et à autrement plus léger sur le plan des notions… – avec « Where was Foxfield ? » de Will Murray. Vous n’avez jamais entendu parler de Foxfield ? C’est normal, puisque cette ville lovecraftienne imaginaire de la région d’Arkham n’a jamais donné lieu à une œuvre de fiction… On ne la connaît en fait que par une carte manuscrite de Lovecraft (adaptée sur la quatrième de couverture pour être plus lisible), retrouvée (tardivement) par S.T. Joshi dans les archives de l’écrivain. Will Murray, qui s’est beaucoup intéressé à la genèse de la Nouvelle-Angleterre imaginaire de Lovecraft, et a livré quelques études passablement pointues sur la question, décortique donc en long et en large cette carte, et en cherche les inspirations dans des lieux authentiques. Ce qui pourrait être aride et lourd, mais se révèle en définitive plutôt amusant, et moins vain qu’on ne pourrait le croire.

 

Suit « The Genesis of "The Shadow Out of Time" », article de S.T. Joshi sur les inspirations et les conditions (difficiles) de la rédaction de cette dernière nouvelle lovecraftienne majeure qu’est « Dans l’abîme du temps » (une de mes préférées, par ailleurs). Cet article, dois-je dire, m’a un peu déçu, moi qui éprouve généralement une grande admiration pour les travaux de S. T. Joshi… La brève analyse du texte, au début de l’article, pour être indispensable sans doute, n’apprendra en effet rien à l’amateur, et les développements sur le processus d’écriture sont à mon sens un peu frustrants car bien trop brefs… La partie sur les inspirations est heureusement du plus grand intérêt, et on voit bien comment Lovecraft a repris à son compte pour l’essentiel trois œuvres (deux littéraires et, ce qui m’a semblé plus intéressant, une cinématographique) pour développer à sa manière le thème qui lui parlait énormément de l’échange de personnalités (il parlait plutôt d’échange « corporel », ce qui en dit long) dans le cadre d’une histoire de voyage dans le temps (avec quelques interrogations pertinentes sur les défauts de ce sous-genre essentiel de la science-fiction).

 

Le dernier article, dû à Stefan Dziemianowicz (qui commence fort humblement par afficher son statut de non-universitaire…) et sobrement titré « On "The Call of Cthulhu" », est donc une analyse (affichant par endroits sa subjectivité) de la plus célèbre et déterminante nouvelle de Lovecraft, « L’Appel de Cthulhu ». Je redoutais un peu le caractère convenu de cette énième lecture d’un texte tant étudié, mais force m’est de constater que l’analyse de Stefan Dziemianowicz, si elle n’a rien de révolutionnaire, est exhaustive, argumentée, claire, bref : irréprochable et même tout à fait convaincante. Je ne le suivrais pas sur tous les points (notamment quand il insiste sur le caractère « en demi-teinte » à ses yeux de la première partie de la nouvelle : pour ma part, dès ma première lecture, elle m’avait fait forte impression, et j’en avais déjà retiré des images qui ne m’ont jamais abandonné par la suite…), mais c’est à n’en pas douter une analyse de choix, finalement tout à fait bienvenue.

 

Peu de chroniques dans cette trente-troisième livraison, Peter Cannon ne traitant que de deux ouvrages : Résumé with Monsters de William Browning Spencer, roman (a priori plutôt de « littérature générale ») sur un écrivain qui fait dans la lovecrafterie, et que le chroniqueur a beaucoup aimé, puis le recueil de poésie « d’horreur comique » de Darrell Schweitzer Non Compost Mentis, au tirage passablement confidentiel.

 

Suite au prochain numéro…

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"Shadowrun : Livre de base" (abandon)

Publié le par Nébal

"Shadowrun : Livre de base" (abandon)

Shadowrun : Livre de base, [Shadowrun, Fifth Edition], Black Book, [2013] 2014, 485 p.

 

(Abandon à la page 252.)

 

Shadowrun, qui en est donc maintenant à sa cinquième édition, dont le présent livre de base vient de paraître tout récemment en français chez Black Book, est à n’en pas douter un jeu de rôle culte. Probablement pas au niveau de Donjons & Dragons, L’Appel de Cthulhu ou encore Vampire : La Mascarade, mais il a quand même une longue histoire, a rencontré un indéniable succès et s’est décliné sous bien des formats.

 

C’est aussi un jeu dont on rigole, parfois – je l’ai constaté tout récemment encore –, mais j’avais oublié pourquoi…

 

Moi, ce que j’en retenais, c’était son principe, tellement improbable qu’il en devient franchement rigolo. Mêler de la fantasy ultra-classique, avec de la magie, des elfes, des nains, des orcs et des trolls, à un univers cyberpunk par ailleurs pointu (à l’époque de la parution du jeu, on était en plein dans cette mode, un peu oubliée depuis…), j’aimais bien, moi. Je trouvais ça fun.

 

Mais, hélas, ainsi que je n’ai pas tardé à le constater, le fun est une notion à peu près totalement absente de ce volumineux et indigeste Livre de base.

 

J’aurais pu m’en douter, à vrai dire. En effet, quand j’étais jeune et con, aux environs du XIVe siècle, j’avais joué (une seule fois) à Shadowrun (en tant que joueur, pas MJ). Et, si j’en avais donc conservé le souvenir d’un univers très sympa, je ne pouvais que me rappeler aussi à quel point on avait galéré avec les règles pour une misérable baston, qui s’était éternisée bien au-delà du raisonnable : pour peut-être trois ou quatre rounds de combat, probablement pas davantage, on avait bien dû passer une heure et demie à nous prendre la tête avec des modificateurs et des tables, à jeter des brouettes de D6, et à les rejeter encore et encore parce qu’on se plantait tout le temps…

 

Je pensais naïvement que cette cinquième édition aurait pu améliorer un peu la donne, fluidifier le système pour le rendre plus agréable…

 

J’avais tort.

 

C’est même probablement pire qu’à l’époque. On sent en effet, page après page, une ingérable volonté simulationniste, pointilleuse à l’extrême, où le moindre détail se voit attribuer une règle spécifique. Et c’est parfaitement infernal.

 

J’avais commencé à tiquer un peu sur les règles de création de perso (enfin, le problème se pose surtout pour les magiciens et les technomanciens, certes), mais si le système de base ne m’a pas trop écœuré (même si je suis un peu sceptique quant à l’idée des limites, intéressante et rationnelle sur le papier, mais dont je crains déjà qu’elle ne ralentisse parfois excessivement le déroulement du jeu ; et puis il y a ces très impressionnantes brouettes de D6, bien sûr…), j’ai par contre fini par lâcher l’affaire quand j’en suis arrivé aux règles de combat. Très précisément, j’ai même fermé le bouquin, soufflé un coup, et décidé de sauter la fin du chapitre, quand j’en suis arrivé à ce bref paragraphe, qui pourrait être anodin mais me paraît pourtant pour le moins éloquent (p. 178) :

 

« Pour déterminer le malus dû au recul, commencez par déterminer la quantité de compensation dont le personnage dispose. Tout d’abord 1 point de compensation gratuit à chaque fois que le personnage commence à faire feu, auquel on ajoute Force / 3 (arrondie au supérieur) et la compensation de recul dont disposent les armes avec lesquelles vous faites feu. Soustrayez ensuite le nombre de balles que vous êtes sur le point de tirer. Si le résultat est négatif, c’est le modificateur de recul, qui doit être retranché à votre réserve de dés pour le test d’attaque. »

 

Non…

 

Franchement, les mecs, arrêtez…

 

J’aime beaucoup l’humour absurde, mais là c’est trop pour ma gueule…

 

Certes, des règles, ça s’adapte (et notamment ça se simplifie) ; après tout, je n’ai jamais joué by the book, à quelque jeu que ce soit, notamment pour les scènes d’action, qui doivent par définition être dynamiques. Mais ici, noyé sous ce flot d’informations inutiles et de pinaillages ridicules, je n’ai pu que baisser les bras. Je ne voyais pas comment simplifier la chose, comment la rendre jouable. Alors j’ai continué en diagonales pendant un certain temps, et puis, vers le milieu du bouquin, j’ai définitivement lâché l'affaire : finalement convaincu que je ne pourrais jamais, d’une manière ou d’une autre, utiliser ce machin imbuvable, il a bien fallu me rendre à l’évidence que je ne prenais aucun plaisir à cette lecture surréaliste, et même qu’elle m’énervait plus que de raison, et donc que je perdais mon temps…

 

C’est d’autant plus dommage que, je le maintiens, l’univers a tout pour être fun (même si le principe de jouer uniquement des shadowrunners me paraît inadéquat), et, quand on ne succombe pas à l’avalanche de règles, les données concernant le monde ou la Matrice (ces dernières m'attirant tout particulièrement) sont plutôt bien foutues. Le livre, en outre, est assez joli, pas trop coquillé (le gros « Tout à un prix » de la quatrième de couverture n’en est peut-être que plus fâcheux), émaillé de nouvelles bourrines mais rigolotes…

 

Ça aurait pu être bien.

 

Ça aurait dû être bien…

 

Mais c’est totalement absurde. Je ne comprends pas comment on peut jouer et, bon sang, prendre du plaisir, avec un système pareil. Moi, en tout cas, je n'y parviendrai pas. Hop, forfait...

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CR "Eclipse Phase" (4) : Prises de contact et enquêtes

Publié le par Nébal

CR "Eclipse Phase" (4) : Prises de contact et enquêtes

Après une longue pause, reprise de la campagne d’Eclipse Phase (épisode précédent ici, première session ici ; Washak n’était pas présent). Un scénario sans « action » au sens où on l’entend habituellement, centré sur le social, les réseaux, la politique et l’enquête. Je ne vais pas revenir ici sur le détail des actions longues initiées par les PJ pour ce faire (veille sur les réseaux, prise de contact et séduction des activistes, etc.).

 

John Doe, avec l’aide d’Amrita Shah, établit un réseau privé pour faciliter le partage d’informations entre les PJ. Il commence en outre à s’équiper de divers logiciels de pointe (Exploit en premier lieu) afin de mener plus efficacement des actions de subversion informatique à même de les assister dans leurs enquêtes (et va très vite s’intéresser notamment à l’activité du Dr. Mindfuck).

 

Adán et Natalia vont s’entretenir avec le chef de la sécurité de Terminus les étoiles, Kalbir Singh, principalement en raison des inquiétudes de ce dernier à propos des Égarés (Adán l’assurant au passage qu’il ne causera aucun problème). Ils discutent du Futura assassiné il y a une dizaine de jours de cela. Sa pile corticale avait été extraite. Le morphe, irrécupérable, a été abandonné. Quand les PJ interrogent Singh sur d’éventuels liens avec le Dr. Mindfuck, le chef de la sécurité ne peut masquer une certaine gêne. En gagnant sa confiance, ils apprennent qu’il y a eu d’autres meurtres inexpliqués (cinq) depuis que l’essaim a franchi la Ceinture principale (piles corticales également extraites à chaque fois, même s’il n’y a pas, en dehors de cela, de procédé récurrent), et que si rien n’associait le Futura, absolument inconnu, à qui que ce soit, ces cinq autres victimes ont par contre pu être reliées entre elles du fait de leurs relations notoires avec le psychochirurgien. Singh ne sait pas vraiment comment gérer tout cela, et donne leur bénédiction aux PJ pour en apprendre davantage, tant qu’ils se tiennent à carreau.

 

Pendant ce temps, Shadul et Callisto Hawke vont justement voir le Dr. Mindfuck, plus perché que jamais et rendu très confus par sa pratique de la psychochirurgie récréative, à bord d’Abstinence Only. Shadul rentre habilement dans son jeu, et c’est l’occasion de « débattre », autant que faire se peut dans son état, des conceptions politiques du psychochirurgien, farouchement attaché à la démocratie directe et très hostile aux hiérarchies informelles – même s’il peine à justifier rationnellement son engagement en faveur de la provocation à venir contre la Junte jovienne, au-delà des seuls principes. Son ami Hubertus Khan est également évoqué : le citoyen de Hyoden sur Callisto est clairement venu à bord de l’essaim pour chercher des alliés pour sa colonie, notamment auprès de la Pluralité titanienne ; ça ne semble pas vraiment avoir porté ses fruits, et il compte retourner sur Callisto pour être avec son peuple face à toute éventualité. On parle également de la psychochirurgie, et de son utilité éventuelle pour traiter Adán/Buck (qui, plus tard, quand on évoque la possibilité de demander au moins un examen en ce sens, se montre sans surprise très hostile à cette idée…). Au-delà est évoquée la « Génération perdue », ce qui semble perturber quelque peu le docteur, sans que l’on puisse dire exactement pourquoi (lui pas davantage, d’ailleurs).

 

Tout cela débouchera sur une enquête concernant le passé du docteur ; il n’en ressort pas grand-chose, en dehors de l’évocation de l’activité terrestre de Boris Simic, qui semble avoir rejoint l’essaim immédiatement après la Chute et ne pas l’avoir quitté depuis. Plus tard, quand on s’intéressera en outre à son activité politique à bord de l’essaim, notamment en faveur du passage par le puits gravitationnel de Jupiter, on pourra aisément deviner que c’est Hubertus Khan qui agit en sous-main.

 

Dans l’après-midi, alors qu’Adán erre çà et là dans l’essaim, aux aguets, il remarque Lucia Sotomayor, qui est montée elle aussi à bord de l’essaim après le massacre des exhumains, ce qui ne manque pas de l’inquiéter. Sotomayor n’a fait aucun effort pour dissimuler sa présence, ainsi que les recherches de John Doe le confirment bientôt (sa cabine est identifiée) ; mais Adán ne parvient pas à la pister bien longtemps…

 

Le soir, Callisto Hawke a rendez-vous avec Hubertus Khan. Si quelques mots sont échangés à propos de la montée en puissance d’Arcas, sa némésis, et de ses rapports avec l’amiral jovien Alex Pournelle, expansionniste fervent (dont on avait pu déterminer par ailleurs les liens avec les extrémistes de la Lance de Longinus), ainsi qu’à propos de l’échec global de la tentative de Khan pour trouver des alliés lors de son séjour à bord de l’essaim, l’écumeuse se montre vite très cash, pour ne pas dire insultante, et le patriote de Hyoden se ferme bientôt, la mettant dehors en lui reprochant son égoïsme.

 

Le reste de la soirée, de manière générale, se passe à faire la fête et à socialiser…

 

Le lendemain, d’autres personnalités de l’essaim sont également approchées. Natalia s’entretient avec l’ingénieur Lena Andropov, qui ne s’intéresse pas vraiment à la politique ; de même pour le styliste néo-avien François Leclerc, avec lequel discute Shadul.

 

La rencontre avec Alice Chu, leader informel d’Eat-Drink-Fuck et par voie de conséquence de Terminus les étoiles, est un peu plus constructive : l’écumeuse, assez abattue, évoque les pratiques politiques de l’essaim, et son statut de leader en temps normal, qu’elle n’assume pas vraiment, sans se voiler la face pour autant quant à son prestige et son autorité. L’idée de provoquer la Junte jovienne l’inquiète énormément, et elle ne cache pas faire tout son possible pour éviter que cela ne dégénère, même si ses options sont limitées : elle cherche bien sûr à dissuader l’essaim de procéder ainsi mais doute de parvenir à quoi que ce soit du fait de la campagne menée contre elle par le Dr. Mindfuck, plus habile et convaincant que d’habitude ; surtout, elle dit entretenir quelques contacts tant avec le Consortium Planétaire qu’avec certains éléments parmi les plus modérés – la faction déterministe, essentiellement – de la Junte jovienne.

 

Le Philosophe apparaît en RA à John Doe, et lui reproche de ne toujours pas avoir consulté le fichier qu’il lui avait envoyé…

 

Plus tard, Adán ressent une intrusion télépathique dans son crâne, et une Futura de type arabe (différente de l’Égaré qu’il avait déjà croisé à bord) lui apparaît comme en RA ; elle semble vouloir entrer en communication psychique avec lui, mais ses paroles ne passent pas, et le contact s’interrompt abruptement, pour une cause inconnue mais probablement extérieure. L’expérience s’avère très stressante pour Adán, pour ces deux raisons, et la personnalité de Buck ressurgit… Buck, après s’être renseigné via sa muse sur ce qui s’est passé en son absence, se rend sans dire un mot à quiconque dans la cabine de Lucia Sotomayor, qu’il agresse violemment. Sotomayor lance une alerte, et des écumeurs surgissent pour maîtriser Buck et l’enfermer dans une cabine le temps qu’il se calme. Singh blâme les PJ, et notamment Callisto Hawke qui les a introduits dans l’essaim, pour ce comportement déviant à mille lieues des promesses d’Adán de rester sage, et confisque ses armes. Dans sa cabine, Buck connaît une nouvelle intrusion psychique, sans comprendre ce qui se passe ; ses émotions sont manipulées afin de le calmer, mais il n’y a pas cette fois de tentative de contact.

 

Le soir, après avoir enfin pénétré le réseau du Dr. Mindfuck, mais aussi mis en place une surveillance via un logiciel de pistage et de reconnaissance faciale sur Lucia Sotomayor et Buck, puis, tant qu’à faire, le Dr. Mindfuck et Hubertus Khan, John Doe ouvre (enfin !) le fichier que lui avait envoyé le Philosophe à la fin de la précédente session. Il s’agit d’un rapport (avec de nombreuses pièces jointes, mails, vidéos, LX, etc.) de la sécurité interne de Cognite sur les activités de Ronald Dufour : celui-ci avait été contacté, avec un très grand luxe de précautions (mais pas suffisant…), par un organisme se présentant comme la « Fondation Singularité », le félicitant pour son travail sur les IA germes ; le tout est extrêmement technique, et il est difficile d’y comprendre grand-chose en l’état, mais il y a eu, après un temps d’hésitation, un échange suivi de correspondance entre Dufour et la Fondation, évoquant notamment les recherches sur des IA germes appelées « Prométhéens », et faisant mention – peu de temps avant la Chute, ou plus exactement la date de la mission d’enlèvement simulée dans le premier scénario – du réseau américain TITAN. La vidéo la plus récente du fichier montre Dufour se faire enlever par un groupe inconnu, dans des circonstances qui rappellent ce qu’ont fait les PJ (mais ce ne sont pas eux qui apparaissent à l’écran).

 

À suivre…

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"De H.P. Lovecraft à J.R.R. Tolkien", de Francis Valéry

Publié le par Nébal

"De H.P. Lovecraft à J.R.R. Tolkien", de Francis Valéry

VALÉRY (Francis), De H.P. Lovecraft à J.R.R. Tolkien, préface de Marc Attalah, Chambéry, ActuSF – Maison d’Ailleurs, coll. Les Collections de la Maison d’Ailleurs, 2014, 92 p.

 

Certes, je ne peux hélas pas, vu le rythme de parution, lire tout ce qui se publie sur H.P. Lovecraft (ni sur J.R.R. Tolkien, bien sûr, mais c’est que je ne me suis pas encore trop posé la question, même si j’ai bien envie d’approfondir un peu). Ce tout petit livre publié par les éditions ActuSF dans leur collection consacrée à la Maison d’Ailleurs, à l’occasion de l’exposition « Alphabrick » (et parallèlement à un deuxième fascicule consacré pour sa part à l’univers étendu de Star Wars), avait néanmoins pour lui d’être aisément accessible (et on a bien voulu m’en donner un service de presse, merci), aussi pouvais-je difficilement passer à côté.

 

D’autant que ce titre, en dépit de sa maladresse (il n’est bien évidemment pas question de « chronologie » allant de H.P. Lovecraft à J.R.R. Tolkien, ce qui serait absurde), aiguisait quelque peu ma curiosité : l’idée de dresser un parallèle (car on ne peut pas faire plus, donc) entre ces deux auteurs phares de la culture populaire qui n’ont connu véritablement le succès que dans les années 1960 (et donc à titre posthume pour HPL, bien sûr) mais ont dès lors suscité un engouement transmédial comparable, me paraissait plutôt intéressante et bien vue. Hélas… mais ne mettons pas la charrue avant les shoggoths (ou les trolls, pour ce que ça change).

 

Trois choses frappent d’emblée. D’abord, la couverture, qui, selon l’usage de la collection, se veut sobre, mais est tristement moche (et dans le cas présent on aurait tout naturellement envie de dire « indicible », comme, on me l’a fait remarquer, une maladroite tentative de représenter de manière euclidienne une horreur toute non-euclidienne). Ensuite, l’iconographie (en couleurs), sélectionnée par Frédéric Jaccaud, et abondante à défaut d’être toujours très pertinente (n’en doutons pas néanmoins, et autant le dire de suite, c’est indéniablement le principal atout – et même le seul – de cette petite chose pleine de vide…). Enfin, l’extrême brièveté de « l’essai » en lui-même : sur ces 92 pages seulement, près des deux tiers sont consacrées à l’iconographie ; on ne compte en effet qu’une trentaine de pages de texte, ce qui est vraiment, vraiment peu…

 

Beaucoup trop peu. Les trois chapitres de ce fascicule se consacrent en effet uniquement, peu ou prou, à l’histoire éditoriale (très succincte…) des œuvres de H.P. Lovecraft puis de J.R.R. Tolkien (sans vraiment établir de comparaison pertinente, c’est totalement indépendant), avant de chercher (maladroitement) des prédécesseurs et successeurs dans cette optique transmédiale (type Sherlock Holmes, Tarzan ou Star Trek). C’est déjà une chose que l’on peut regretter... Certes, il n’est pas bien grave que les amateurs de biographie ne trouvent guère ici à se mettre grand-chose sous la dent, ils ont amplement de quoi se satisfaire ailleurs (mais il n’y a pas pour autant le minimum syndical). On regrettera par contre très fortement l’absence quasi totale d’analyse : ces trois « essais » séparés ne méritent guère cette désignation (sauf, à l’extrême limite, le dernier, le plus court, et seulement pour partie…) dans la mesure où ils sont purement factuels. Alors, en gros, on a des listes de parution, en VO et en français, avec des tirages et des ventes, et c’est à peu près tout… Trois mots pour conclure à chaque fois sur le portage de ces univers, « Mythe de Cthulhu » et Terre du Milieu, sur d’autres médias (cinéma, jeu de rôle, etc.), et hop ! c’est déjà fini. Bref (si j’ose dire…), ces quelques trente pages de texte, outre qu’elles ne sont vraiment pas assez nombreuses pour constituer une publication honnête (à 7,30 €, tout de même), sont pleines de vide.

 

D’autant que même le double sujet de l’histoire éditoriale et des « adaptations » diverses et variées est horriblement mal traité : ces « listes », dans les deux cas, sont en effet extrêmement lacunaires, procédant le plus souvent (mais tout particulièrement dans le cas du pauvre Lovecraft, ce qui n’étonnera personne au vu du rythme de publication pour le moins différent des deux auteurs envisagés), d’une sélection arbitraire vraiment mal venue, et qui, surtout, ne fait pas la part des choses : ainsi, parler des publications d’HPL dans le cadre du « journalisme amateur » (je crois que l’expression n’apparaît même pas…), c’est bien joli, mais sans étudier un minimum en quoi consiste ce phénomène, ni même le définir, on en arrive à des absurdités ; les publications en pulp elles aussi sont traitées de manière vraiment trop succincte pour que l’on puisse en tirer quoi que ce soit ; mais le pire est sans doute d'envisager tout cela sur le même plan ! Ce caractère lacunaire est déjà fâcheusement préjudiciable à « l’intérêt » (j’ai du mal à employer ce terme…) de ce fascicule. Et comme, en outre, il se montre en plus d’une occasion pour le moins approximatif…

 

Bref : tout cela est parfaitement inepte. Le lecteur qui connaît un tant soit peu la matière n’apprendra rien, au mieux, voire haussera de temps à autre le sourcil à la lecture expédiée de cette brochure. Le débutant sera quant à lui lâché sans la moindre préparation dans des listes qui ne veulent rien dire en elles-mêmes, et qui ne lui donneront sans doute guère envie d’approfondir. L’un comme l’autre, enfin, ne pourront pas tirer le moindre enseignement de ces « essais » qui n’en sont pas, qu’il s’agisse de s’intéresser spécifiquement à l’œuvre des deux auteurs, de tenter de dresser des passerelles entre ces productions singulières, ou d’envisager le phénomène pourtant sacrément intéressant a priori des « univers étendus » (à peine pourra-t-on noter l’affirmation finale, en rien étayée, selon laquelle cela n’a rien à voir ou si peu avec le marketing ; prendre le contre-pied de la vision critique globalement répandue à ce sujet aurait pu être intéressant, mais, bordel, on ne peut pas se contenter de balancer la chose comme ça, un minimum, rien qu’un minimum, d’argumentation s’impose, bon sang !).

 

Du vide. Absolument sans intérêt pour qui que ce soit. Passez votre chemin, vous avez bien d’autres choses à lire sur les sujets maltraités ici par Francis Valéry.

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