"This is not America", de Thomas Day
DAY (Thomas), This is not America, Ris Orangis, ActuSF, coll. Les Trois Souhaits, 2009, 121 p.
Parmi les dernières productions livresques d’ActuSF, on trouve notamment ce petit mais joli volume dû à la plume de Thomas Day, auteur dont j’ai déjà eu l’occasion de vous entretenir à plusieurs reprises. Je ne cacherai pas que ses alter ego éditeur (surtout) et critique m’ont souvent plus convaincu que l’auteur, qui n’a jamais emporté mon adhésion pleine et entière. Néanmoins, pour ce qui est de l’écrivain Thomas Day, le nouvelliste m’a toujours paru plus doué que le romancier, et capable d'écrire de fort bonnes choses – voyez notamment Sympathies for the Devil.
Or, derrière le titre à nouveau musical de ce dernier opus, qui évoque furieusement David Bowie, c’est-à-dire Dieu (pas ce qu’il a fait de mieux, cela dit), c’est bien trois nouvelles que l’on trouve regroupées, trois textes dépeignant une Amérique « qui n’est tellement plus elle-même qu’on a déjà l’impression de la connaître », nous dit joliment la quatrième de couv’. Attention, pas d’anti-américanisme primaire ici (ouf), mais du rêve américain, avec ses idoles et ses tares et ses interstates, trituré jusqu’à la moelle par un auteur qui connaît son sujet.
On débute avec « Cette année-là, l’hiver commença le 22 novembre » (pp. 9-49), qui nous explique à demi-mots ce qui s’est vraiment passé ledit 22 novembre 1963 à Dallas, en jouant plus ou moins sérieusement de l’inévitable histoire secrète, avec des vrais morceaux de l’inévitable théorie du complot. Un texte rondement mené, palpitant de bout en bout et tout ce qu’il y a de sympathique. Dommage, toutefois – mais cela faisait évidemment partie du jeu – qu’on ait plus ou moins déjà lu ça cent fois…
Dans le versant délirant de l’auteur, qui s’affiche plus ouvertement, on préférera probablement « American Drug Trip » (pp. 51-86), chouette variation dickienne sur les univers parallèles, avec plein de choses réjouissantes et improbables dedans. Une autre vision de l’Amérique, bourrée de références et pour le moins jubilatoire. En plus, on y retrouve Bowie, nettement plus inspiré ; alors, bon… Le meilleur texte du recueil à mes yeux.
La dernière nouvelle, « Éloge du sacrifice » (pp. 87-122), est plus grave en apparence, mais les références abondent à nouveau. J’avoue rester un peu perplexe devant ce texte, bourré de bonnes idées et posant un terrible dilemme, mais dont le fond me paraît un tantinet bancal. Jolies scènes de bataille, cela dit (même si les Thermopyles, j’en ai un peu soupé…). Un texte étrange, qui mériterait sans doute une nouvelle lecture d’ici quelque temps.
Au final, This is not America est un recueil plutôt convaincant, très sympathique sans être transcendant, et qui se lit tout seul. Une chouette friandise en attendant (eh oui, quand même) le nouveau roman de l’auteur, directement en Folio-SF.
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