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La nécro du jour (6)

Publié le par Nébal

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J’ai appris ce matin la mort d’Arthur C. Clarke. Confirmation supplémentaire que nous vivons bien dans un triste monde tragique… Et je crois bien que le bonhomme mérite quelques lignes.
 
Un des grands noms de « l’âge d’or », pas de doute ; probablement son plus grand représentant britannique. On en a fait à certains égards le père de la « hard science » ; et il est indéniable que ce pionnier de l’astronautique, qui avait décrit dès 1945 le principe du satellite géostationnaire et de la communication par satellites qui est pour beaucoup dans la forme prise par notre société contemporaine, cet auteur qui a réussi entre autres le tour de force de populariser l’idée saugrenue et fabuleuse de l’ascenseur spatial, était bien l’incarnation même des ambitions de ce courant dans ce qu’il a de plus beau : le réalisme scientifique y devient un outil de pure fascination, aboutissant au vertige devant l’incompréhensible et à la réflexion ontologique et métaphysique. On peut bien dire en effet, comme on l’a souvent noté, qu’un Stephen Baxter est aujourd’hui son plus légitime et talentueux héritier.
 
J’ai peu lu Clarke, je l’avoue : quelques nouvelles ici ou là, le gros Omnibus des « Odyssées », le très bon Rendez-vous avec Rama et ses suites inégales co-écrites avec Gentry Lee… Si je trouvais ses idées brillantes, son style souvent maladroit et son ton parfois naïf m’agaçaient... Aussi, comme beaucoup de monde j’imagine, quand je pense à Arthur C. Clarke, c’est surtout le co-auteur avec Stanley Kubrick de 2001 l’Odyssée de l’espace qui me vient à l’esprit. 2001 reste encore aujourd’hui (et restera peut-être encore longtemps…) le meilleur film de science-fiction jamais réalisé. Rappelons brièvement l’histoire : Kubrick qui contacte Clarke, en lui proposant de tourner enfin le « bon film de science-fiction » que l’on attendait depuis si longtemps ; la longue élaboration commune du scénario définitif à partir de la nouvelle « La Sentinelle » (et aussi de « Rencontre à l’aube », on l’oublie parfois) ; la sortie du film et du « roman » (objectivement, un scénario mal dégrossi…) en même temps ou presque : et au final, une merveille unique en son genre, un chef-d’œuvre du septième art, alliant comme nul autre pertinence du propos et magnificence plastique. 2001, où l’art de conférer enfin à la science-fiction cinématographique des lettres de noblesse bien méritées ; rares, sans doute, sont les films qui ont eu une telle influence, qui ont suscité autant de vocations.
 
Clarke, ainsi, fait partie de ces grands hommes qui, à leur manière, ont su changer le monde, le mot n'est pas trop fort ; il fait partie de ceux qui nous ont amené à regarder les étoiles d’un œil différent, plus attentif et plus brillant ; son œuvre, conjuguant rêve et réalisme, espoir et désillusion, divertissement et sens, est typique de ce que la science-fiction peut produire de plus grand, de plus beau, de plus nécessaire.
 
Merci pour tout ça, M. Clarke.
 
A l’Enfant des Etoiles, bon voyage au-delà de l’infini.

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S
Notre cour pleure aussi ce grand fabriquant de chaussures. Que vont donc, les philosophes désormais, se protéger les pieds avec?<br /> Un décés qui laisse le monde métaphysique sans grole, l'orteil glacé par un obsène contact avec le sol froid de la réalité.<br /> <br /> Et la mort d'Afflelou? Rendra t-elle la philosophie aveugle?<br /> <br /> Seul le futur nous le dira...
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N
Je ne prends pas le pari ; l'annonce de son cancer et sa volonté affichée de publier au plus vite sa nouvelle autobiographie font froid dans le dos...
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S
10 contre 1 que le prochain c'est Ballard.
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