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Fog, de James Herbert

Publié le par Nébal

 

HERBERT (James), Fog, [The Fog], traduit de l’anglais par Anne Crichton, Paris, Bragelonne – Milady, [1975, 2008] 2009, 347 p.

Ma chronique se trouvait sur le défunt site du Cafard cosmique... La revoici.

 

Au sein de la pléthorique et, euh, « peu ragoûtante » production du label Milady, il est cependant une dimension qui me paraît tout à fait louable : si l’on excepte quelques parutions épisodiques et hors-collection d’un Stephen King ou d’un Dan Simmons, l’éditeur est aujourd’hui le seul à publier en poche et pour un prix décent des romans de « terreur » (ou « mainstream horror »), et en l’occurrence des « classiques » depuis longtemps indisponibles du fait de la disparition de la totalité des collections dévouées au genre. En témoigne aujourd’hui, par exemple, cette réédition du deuxième roman du Britannique James Herbert, un best-seller de sa catégorie.

 

La couverture fait « étonnamment » penser au film éponyme réalisé par John Carpenter en 1980, mais, autant le préciser tout de suite, cela n’a en fait rien à voir du tout. Si l’on devait établir une comparaison cinématographique, ce serait bien plus probablement avec le nettement moins connu (et antérieur) The Crazies de George A. Romero, bêtement sorti en France en son temps sous le titre putassier et ridicule de La Nuit des fous vivants. L’horreur, en effet, ne relève en rien ici du fantastique, mais bien davantage de la science-fiction, le résultat n’est pas sans évoquer un « film de zombies » (ou « d’infectés »...) des plus classiques, et, sous le pur divertissement (car c’est bien d’un roman de gare qu’il s’agit), perce une charge anti-militariste et écologiste, plutôt grossière certes, mais qui n’est décidément pas sans évoquer le réalisateur de La Nuit des morts-vivants. Pour un roman de 1975, on avouera que c’est relativement original, si c’est convenu aujourd’hui.

Tout commence par un tremblement de terre pour le moins incongru en Angleterre. Au cours du séisme, le sous-sol libère une étrange brume jaunâtre qui se met à vagabonder de par le pays, emportée par un vent qui ne la dissipe pas. Or tous ceux qui se retrouvent au contact de ce brouillard sont pris à plus ou moins court terme d’une folie homicide et/ou suicidaire. Bientôt, dans le sillage de la nappe meurtrière, massacres sanglants et suicides collectifs s’enchaînent... et le brouillard semble progresser vers les zones les plus peuplées d’Angleterre.

John Holman fut un des premiers infectés, lors du séisme. Il tenta bien de se suicider, mais fut maîtrisé, et survécut au drame. Il est le premier à prendre conscience de l’étrange phénomène, et de ses terribles conséquences. Dès lors, le roman alterne en gros un chapitre sur deux les tentatives d’Holman pour éviter le pire, et les morts atroces de victimes par dizaines, par centaines, par milliers...

Construction qui tend à devenir rapidement assez lassante, trop systématique, tournant un peu à l’expédient permettant de tirer à la ligne. Pourtant, on avouera que James Herbert, à l’occasion, sait concocter des scènes de terreur pure absolument saisissantes, en jouant tant sur le « gore » que sur la violation des tabous (même si, pour ce qui est de la sexualité, le roman accuse son âge...) ou la froideur des statistiques (la superbe séquence de Bournemouth... et une cinglante « prémonition » des attentats du 11 septembre 2001 !), et que celles-ci se montrent de plus en plus efficaces à mesure que l’on avance dans le roman, tandis que le brouillard, inexorablement, inévitablement, se rapproche de Londres... Les derniers chapitres, impressionnants de chaos apocalyptique et de tension permanente, sont à cet égard tout à fait réussis, malgré quelques clichés ici ou là.

Mais il faut y arriver. Car, en dehors de ces morceaux de bravoure occasionnels, le roman n’a pas grand chose pour lui, et l’on voit bien ce qui fait toute la différence entre un James Herbert et un Stephen King ou un Dan Simmons. S’il parvient étonnamment à éviter de se montrer trop répétitif, en variant les saynètes d’horreur et les implications du brouillard avec une astuce indéniable, il a néanmoins pris un petit coup de vieux, et pèche surtout par de nombreux autres aspects : on regrettera, notamment, ces personnages insipides et unidimensionnels, et plus encore ce style au mieux médiocre, au pire laborieux...

 

Aussi Fog n’est-il pas le « chef-d’œuvre de la terreur » annoncé par la quatrième de couverture. Reste un roman de gare relativement correct, mais qui, en fonction de l’humeur du lecteur, fera presque autant bailler que frissonner.

 

CITRIQ

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O
Autant j'aime pas trop les bouquins d'Herbert, autant la Trilogie des Rats est quand même à découvrir. Horreur simple, efficace et visuelle.
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