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"Lamont", d'Anne-Sylvie Salzman

Publié le par Nébal

SALZMAN (Anne-Sylvie), Lamont, illustrations de Stepan Ueding, Cadillon, Le Visage vert, 2009, 140 p.

 

Où l’on continue de jeter un œil aux beaux petits livres édités par le Visage vert. Après le fort recommandable Le Marais aux sorcières de Paul Busson, c’est aujourd’hui au tour du Lamont d’Anne-Sylvie Salzman de passer à la casserole. À feu très doux, en l’occurrence, puisque l’on fait ici dans le fantastique subtil et délicat.

 

J’avais déjà eu l’occasion de lire une nouvelle de l’auteur (à qui l’on doit par ailleurs deux romans, il faudra peut-être que j’y jette un œil…), dans le n° 15 du Visage vert : « Mémoire de l’œil » (ici, pp. 65-82), sur laquelle je ne reviendrai donc pas. Si ce n’est pour confirmer les termes de « grande élégance formelle un peu désuète » et en même temps « d’intemporalité », qui me semblent effectivement assez représentatifs de ce recueil.

 

(‘tain, je me cite moi-même… horreur glauque…)

 

Décortiquons donc la bête, avec des pincettes, de peur de la déflorer. Huit nouvelles en tout, trois « Haut », quatre « Bas », et (« fragile » ?) la « Lamont » du titre pour conclure.

 

Avec une petite merveille en guise d’introduction, « Le Cortège » (pp. 9-29), probablement une de mes nouvelles préférées de ce petit recueil. L’étrange histoire d’un randonneur qui croise plus qu’à son tour des charognes sur son chemin… Une vraie réussite, portée par un beau sens de l’atmosphère et de l’inquiétante étrangeté. Bref, ça commence très bien.

 

Et ça se poursuit d’ailleurs très bien avec la brève « Sur la Thay » (pp. 31-38), délicate miniature riche d’étranges créatures, et jolie variation sur le remord.

 

« L’Invention de Brunel » (pp. 39-50), en dépit de son titre passablement connoté, m’a fait l’impression d’être un cran en-dessous. Ceci étant, cela reste une nouvelle de qualité, portant un joli regard sur l’enfance.

 

On passe au « bas », plus désuet (mais joliment), avec « Meannanaich » (pp. 53-64), nouvelle « à l’ancienne » en forme de touchante ghost story réfléchissant (aha) sur le temps et ses séquelles. À nouveau une belle réussite.

 

Après « Mémoire de l’œil », déjà évoquée en ces pages, « L’Infortunée » (pp. 83-105) constitue un nouveau point d’orgue de ce petit recueil. Une nouvelle sympathiquement décadente, évoquant avec talent le cinéma de Tod Browning, Freaks en tête, comme de bien entendu.

 

La très (trop ?) brève « Hilda » (pp. 107-110), si elle est un tantinet amusante, ne m’a par contre pas véritablement convaincu…

 

Puis vient « Lamont » (pp. 111-140)… et, étrangement, cette nouvelle-titre me paraît clairement la moins intéressante du lot. Ce récit contourné souffre en effet à mon sens d’un trop grand décalage entre sa forme précieuse et son cadre, contemporain et teinté d’une vague mélancolie boboïsante plus horripilante qu’autre chose. Dommage, mais, en dépit de quelques jolis fragments, cette conclusion m’a semblé peu concluante…

Cette ultime déconvenue mise à part, il n’en reste pas moins que Lamont est un petit recueil tout ce qu’il y a de recommandable. Une autre réussite à mettre sur le compte des jeunes éditions du Visage vert. M’en vais suivre leur catalogue de plus près, moi…

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