Je suis en retard ! épisode 2
HEINLEIN (Robert), Double Étoile, [Double Star], traduit de l’américain par Michel Chrestien, traduction révisée et complétée par Thomas Day, [Paris], Gallimard, coll. Folio Science-fiction, [1956] 2007, 290 p.
Un bon roman d’Heinlein, comme toujours d’une grande fluidité, et intéressant par le regard qu’il porte sur le jeu politique. Cela dit, ce roman m’a tout de même paru quelque peu surestimé : on est loin de ce qu’il a fait de mieux (Révolte sur la Lune, notamment), et la caricature n’est jamais très loin. Un point intéressant, cela dit : l’ambiguïté relative du héros, le Grand Lorenzo, qui est quand même un peu un couillon puant. Ça change des héros habituels, et pour le mieux.
LAMBERT (Christophe), La Brèche, Paris, Fleuve Noir – Pocket, coll. Science-fiction, [2005] 2007, 325 p.
Un bon divertissement, roman guerrier et « time opera » palpitant de la première à la dernière ligne, doublé d’une satire cette fois un peu convenue de la télé-réalité. N’empêche, ça se lit vraiment avec beaucoup de plaisir ; ça n’en fait pas un chef-d’œuvre, mais peu importe : l’essentiel est que ça se lit tout seul, en quelques heures à peine. Bien plus réussi que Le Commando des immortels.
LE GUIN (Ursula), L’Autre Côté du rêve, [The Lathe of Heaven], traduit de l’américain par Henry-Luc Planchat, Paris, LGF, coll. Le Livre de poche Science-fiction, [1971, 1984] 2002, 219 p.
C’est décidément le versant SF de la dame qui me séduit le plus. Ce court roman, qui ne s’intègre pas dans le « cycle de l’Ekumen » et se montre passablement dickien, est un vrai petit chef-d’œuvre jouant adroitement et originalement du « complexe du messie » comme de l’utopie. Très bon et toujours remarquablement intelligent.
LE GUIN (Ursula), Le Vent d’ailleurs, [The Other Wind], traduit de l’américain par Patrick Dusoulier, Paris, Robert Laffont, coll. Ailleurs & Demain, [2001] 2005, 232 p.
Là, par contre, c’est la confirmation que « Terremer » me séduit nettement moins que les romans de SF d’Ursula Le Guin. Ce dernier volume du fameux cycle de fantasy n’est certes pas inintéressant, mais son rythme très lent, et la relative confusion de la trame, m’en ont rendu la lecture un peu laborieuse. Cela dit, il y a de très beaux moments, et l’amateur de « Terremer » ne saurait passer à côté.
McNEIL (Legs) & McCAIN (Gillian), Please Kill Me. L’Histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, [Please Kill Me. The Uncensored History of Punk], traduit de l’anglais [Etats-Unis] par Héloïse Esquié, Paris, Alia, [1996, 2006] 2008, 625 p.
Lu dans la foulée de l’excellent Outrage et rébellion de Catherine Dufour. Tout est dans le titre ? Pas tout à fait. Le punk dont il est question ici est le punk américain des années 1960-1970, du Velvet Underground aux Ramones en passant par le MC5, les Stooges et les New York Dolls, puis à la naissance (envisagée de manière sarcastique et méprisante) du punk anglais. Autant dire que l’on parlera ici de choses que le lecteur (européen ?) aurait parfois envie de qualifier de proto-punk, etc. Mais cet ouvrage ne nous parle guère de musique, de toute façon : on fait plutôt dans le sensationnalisme à base de sexe et de drogue à tout va. C’est un peu dommage… Mais on ne fera pas la fine bouche, cette lecture vaut le détour : souvent drôle, parfois tragique, c’est un bouquin passionnant, et souvent édifiant sur ces icônes qui se révèlent finalement humaines, tour à tour sympathiques et pathétiques. Dommage aussi, cependant, que l’ouvrage, volumineux il est vrai, s’en tienne à sa définition du punk, sans vraiment chercher les choses passionnantes qui ont pu se faire en Angleterre, ou un peu plus tard aux Etats-Unis. Mais j’ai dans mon étagère de chevet un bouquin de Simon Reynolds consacré au post-punk, chez le même éditeur, qui, je l’espère, saura combler ces lacunes.
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