"Les Chants de glace", de Jean-Marc Ligny
LIGNY (Jean-Marc), Les Chants de glace, Ris Orangis, ActuSF, coll. Les Trois Souhaits, [1991, 2001, 2007] 2009, 118 p.
Après un Voyageur solitaire assez moyen, voici donc ce deuxième tome des « Chroniques des Nouveaux Mondes » de Jean-Marc Ligny, brève « histoire du futur » revendiquant son inspiration auprès de Cordwainer Smith. Effectivement, cela ne saurait faire de doute à la lecture de ce bref recueil, dont deux nouvelles, notamment, sont clairement dans la manière de l’auteur des « Seigneurs de l’Instrumentalité ».
En l’occurrence, il s’agit de « Labyrinthe de la Nuit » (pp. 7-23), nouvelle dans laquelle un certain Dante Desartes se lance dans une quête de la légendaire poétesse Djinn de Gaïa (on notera au passage des allusions directes au précédent volume ; si celui-ci n’avait pas forcément une dimension « histoire du futur » si marquée que cela, ce n’est plus le cas avec ce deuxième tome, en tous points plus cohérent), pour un résultat assez médiocre, et de la plus jolie et inventive « Les Chants de glace » (pp. 71-96), décrivant un spectacle de danse-lumière mégalomane, pour un résultat tout à fait correct. On retrouve ici la poésie alambiquée et un brin délirante de certains textes des « Seigneurs de l’Instrumentalité ».
Mais ce n’est pas là que se situe le plus intéressant dans ce petit recueil. Et pas davantage dans sa dernière nouvelle, « Ogoun Ferraille » (pp. 97-119), sympathique récit plutôt axé « jeunesse » (une adolescente qui veut assister à un concert de son idole, ce qui ne plaît guère à ses parents jugeant tout cela bien trop « décadent » – la critique de « l’ordre moral » revient souvent dans ces textes), mais qui laisse un peu sur sa faim.
Le plus intéressant, et de loin, réside heureusement dans la plus longue de ces quatre nouvelles, « La Guerre de trois secondes » (pp. 25-69). La forme suit le fond, la nouvelle correspondant à la transcription d’une sorte d’émission de télévision réalisée cent ans après les faits qui y sont décortiqués : aussi passe-t-on sans cesse d’interventions des invités et de questions des spectateurs à de brèves séquences de reconstitutions constituant autant de nouvelles dans la nouvelle. Le résultat est tout à fait saisissant, palpitant et convaincant. Dommage que le reste du recueil ne soit pas à la hauteur…
En somme, une très bonne nouvelle, et trois autres plus dispensables.
…
Et, euh, ben, j’ai rien à dire de plus… Attendons la suite...
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