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"La Route perdue", de J.R.R. Tolkien

Publié le par Nébal

La-Route-perdue.jpg

 

 

TOLKIEN (J.R.R.), La Route perdue et autres textes. Langues et légendes avant Le Seigneur des Anneaux, [The Lost Road And Other Writings], édition de Christopher Tolkien, traduit de l’anglais par Daniel Lauzon, Paris, Christian Bourgois – Pocket, coll. Science-fiction – Fantasy, [1987, 2008] 2012, 755 p.

 

Ah ben ça faisait un moment que je n’avais pas lu du Tolkien, moi. Et, du coup, j’avais oublié la règle d’or pour les volumes de « L’Histoire de la Terre du Milieu » : ne surtout pas lire les commentaires (abondants) du fiston Tolkien. Ceux-ci sont à l’évidence réservés aux plus maniaques des tolkiénistes, et à ceux qui veulent apprendre les différents dialectes elfiques. Ce qui n’est pas mon cas. Mais il m’a fallu un certain temps avant de me résoudre à sauter ces pages ultra-pointues et, disons-le, chiantes comme la mort. J’ai néanmoins fini par me contenter de ce qui reste (malgré tout), fragments plus ou moins intéressants du grand J.R.R. ; car, oui, on peut bien le dire, il s’agit là de versions de travail, pour ne pas dire de fonds de tiroir…

 

Il y a cependant des choses intéressantes dans ce gros volume hétéroclite, qui se partage en deux grosses parties (pour ce qui est lisible, s’entend). La première, qui vaut son titre au recueil, se concentre sur l’histoire de Númenor, la version tolkiénienne du mythe de l’Atlantide. On commence par s’intéresser à la genèse de la légende, et aux différentes versions de « La Chute de Númenor » : « L’Esquisse originale » n’est qu’un simple brouillon, qui présente la première ébauche du Deuxième Âge. Suivent deux versions de ce texte, dont la seconde est un peu plus rédigée… du moins le début, qui diverge sensiblement de la première version (après, Christopher Tolkien se contente de citer les extraits différents). « L’Évolution ultérieure de La Chute de Númenor » n’est quant à elle composée que de commentaires de Christopher Tolkien sur quelques variantes dans une copie dactylographiée. Tout cela est plus moins intéressant… mais n’apporte pas grand-chose pour qui a déjà lu Le Silmarillion et les Contes et légendes inachevés.

 

Il en va autrement pour ce qui est de « La Route perdue » à proprement parler, ébauche d’un long récit sur ce mythe prenant la forme d’un voyage dans le temps. On dispose tout d’abord des deux premiers chapitres, assez pointus ; nous y faisons la connaissance d’un homme et de son fils, Oswin et Alboin (« Ami des elfes » = Elendil), en commençant par nous interroger sur la signification et les l’origine de ces noms ; on trouve ensuite bien des noms tolkiéniens dans la bouche d’Alboin, dont celui de Númenor, qui renvoient aux langues « inventées » de Tolkien (que l’on identifie sans peine à Alboin, avec son intérêt pour les langues anciennes) ; le père, Oswin Errol, est un historien ; quant au fils d’Alboin, il s’agit d’Audouin (Herendil). Pointu, vous disais-je… Mais pas inintéressant, surtout avec la biographie de l’auteur à portée. Suivent deux « Chapitres númenóréens », situés bien plus loin dans l’histoire ; Herendil y prend le parti de Sauron, contre son père Elendil ; puis ce dernier résume les faits. Les notes qui suivent témoignent de l’ambiguïté sur ce qui doit advenir du père et du fils. « Les Chapitres ébauchés » ne consistent guère qu’en notes complexes et confuses et poèmes sur ce qui devait advenir par la suite. Disons-le tout net, tout ceci est quand même d’un abord difficile, et le plaisir de lecture n’est guère de la partie, on est quand même pas mal dans le domaine de l’érudition…

 

La deuxième partie – beaucoup plus longue, et qui n’a donc rien à voir – s’intéresse au Valinor et à la Terre du Milieu avant Le Seigneur des Anneaux, autant de choses qui se rapportent pas mal à l’élaboration du Silmarillion. Ce qui, à vrai dire, n’est pas forcément pour me déplaire, dans la mesure où j’adoooOOOooore Le Silmarillion, lecture qui m’avait encore plus enthousiasmé que Le Seigneur des Anneaux du fait de son incroyable souffle épique et de sa langue délicieusement archaïque, renvoyant aux mythes fondateurs et aux sagas scandinaves.

 

« Les Nouvelles Annales du Valinor » sont une chronologie jusqu’à la création du soleil et au retour des Elfes dans le Beleriand. « Les Nouvelles Annales du Beleriand » poursuivent cette première chronologie, de manière plus détaillée, jusqu’à la victoire sur Morgoth et la fin du Beleriand. Bon, là, on est vraiment dans le domaine des notes de travail…

 

La donne change avec « Ainulindalë », qui est le très beau récit de la création du monde. « Le Lhammas » revient au pointu, avec de savantes dissertations philologiques sur l’origine des langues de l’univers tolkiénien, leur liens et leur évolution ; ici, l’auteur s’amuse tout en  faisant son boulot… Et l’on poursuit dans les versions de travail du Silmarillion avec la « Quenta Silmarillion », très gros morceau dont je me suis régalé, mais qui est hélas incomplet (notamment en ce qui concerne les histoires de Beren et Luthien et des Enfants de Húrin). Alors, certes, on n’y apprend pas grand-chose de neuf. Mais, bordel, qu’est-ce que c’est bon ! Ça m’a donné une terrible envie de relire pour la énième fois Le Silmarillion, que je tends décidément à considérer comme le sommet de l’œuvre de Tolkien.

 

Il va ensuite de soi que, non, je n’ai pas compulsé « Les Étymologies » (ça va pas la tête ?).  J’ai de même fait l’impasse sur les appendices du fiston…

 

Au final, il est clair que ce gros volume ne présente guère d’intérêt en lui-même pour le lecteur lambda. J’en déconseille donc assez franchement la lecture. Son principal atout est en effet de donner envie de (re)lire d’autres œuvres, plus « achevées » (même si…), de J.R.R. Tolkien, Silmarillion en tête. Et je sens qu’un de ces jours…

CITRIQ

Commenter cet article

E
On aurait pu penser que l'édition des ébauches de Tolkien était terminée mais visiblement non.<br /> Je suivrai ton conseil et m'en tiendrai à ma lecture du Silmarillion.
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N
<br /> <br /> Oh, c'est pas fini...<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je te rejoins totalement sur le Silmarillion comme étant LE chef d'oeuvre de Tolkien !<br /> Ceci dit, je préfère en rester au récit en lui-même plutôt que de m'appesantir sur ses multiples évolutions, donc j'avoue avoir laissé de côté cette "Histoire de la Terre du Milieu"...
Répondre
N
<br /> <br /> Tu fais bien.<br /> <br /> <br /> <br />