Vingt-deuxième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente là.
Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient donc Dwayne O’Brady, l’avocat Chris Botti, la chanteuse Leah McNamara et quant à moi « Classy » Tess McClure, maître-chanteuse.
[Dwayne, Tess : Burt] Dwayne et moi sommes pris au piège dans l’arrière-salle de Chez Burt. La lumière, en se rallumant, perturbe un temps notre vision. La porte de la pièce est fermée, mais comprend une petite chatière d’où dépasse le canon d’un fusil ; l’homme ne m’a a priori pas repérée – je suis calée contre le mur juste à côté de la porte : l’arme est pointée sur Dwayne, au sol. « Calmons-nous ! » dit ce dernier, et il lâche son arme. Une voix derrière la porte nous dit de déposer nos papiers, portefeuilles, montres, armes et vestes ; si nous obéissons, ils nous laisseront cinq minutes pour partir… C’est une voix éraillée par le tabac, pas tout à fait blasée, mais qui en a vu d’autres… Dwayne cherche à obtenir un compromis : nous aimons nos vestes… mais eux aussi. « Décidez-vous ! » Je jauge l’épaisseur du mur derrière moi : il est très fin, c’est une sorte de contreplaqué. La lumière s’éteint à nouveau : si, dans vingt secondes, quand ils rallumeront la lumière, il n’y a pas de tas des objets qu’ils nous réclament… Tandis que le compte à rebours défile, Dwayne et moi, à regret, décidons d’obéir : nous rassemblons les affaires réclamées… mais prenons tous deux soin de conserver un derringer chacun, que nous dissimulons sur nous. La lumière se rallume : « Heureux de voir que vous avez été raisonnables… » Le panneau qu’avait ausculté Dwayne quelque temps avant s’ouvre, et deux hommes armés de fusils en sortent ; ils ont des « tronches » sévères, et nous font signe de bouger du canon de leurs fusils. Nous obéissons, et ils nous conduisent ainsi à une sortie de service. Dwayne sort en premier ; je suis juste derrière lui, et reçois un coup de pied au cul : « La prochaine fois, il n’y aura pas de négociation. »
[Dwayne, Tess : Danny O’Bannion, Brienne] Nous nous retrouvons dehors, et ressentons l’absence de nos vestes : il est 23h, en plein hiver, il fait très froid, et la neige tombe légèrement… Nous avons tous deux mémorisé quelques visages – notant aussi que la clientèle du bouiboui ne semblait pas relever d’un type ethnique précis (tout au plus une certaine communauté « polonaise », ou du moins d’Europe de l’Est). Nous avons besoin de vêtements – je suggère de nous rendre à la garçonnière de Danny O’Bannion sur French Hill Street, où nous devrions pouvoir trouver de quoi faire l’affaire ; par ailleurs s’y trouve Brienne, la compagne de Dwayne…
[Leah, Chris : Michael Bosworth, Patrick, Jamie ; Danny O’Bannion] Leah et Chris, accompagnés de Michael et de Patrick ressuscité, remontent à bord de leur voiture et retournent à la ferme de Danny O’Bannion, où ils arrivent sur les coups de 23h. Les gardes les repèrent, ils ont l’air compétent. Tous s’installent dans le salon du rez-de-chaussée, notre lieu de réunion habituel ; il y a un peu de bruit en provenance de la cuisine adjacente, sinon rien de particulier. Patrick s’assied sagement, l’air de rien. Leah s’interroge à son sujet : peut-être ne faut-il pas le montrer de suite à tout le monde ? A priori, tout le monde à la ferme sait qu’il est mort… Faut-il l’enfermer dans une pièce ? Patrick, à cette suggestion, relève la tête, inquiet – mais Leah lui adresse un grand sourire. Pourtant, il demande : « Moi problème ? » Non, pas à proprement parler, mais il pourrait effrayer beaucoup de monde… « Pourquoi ? » Leah, interloquée, ne sait pas quoi répondre… Patrick se tourne alors vers Chris et Michael. Chris lui dit que c’est peut-être parce qu’il n’est plus tout à fait comme avant… Patrick dit que ce n’est pas un problème : « J’ai habitude, toujours revenir… »
[Chris : Patrick, Jamie] Chris détourne la conversation : a-t-il faim ? Patrick opine de la tête. Chris va lui trouver quelque chose dans la cuisine – en fait, Patrick le suit. Là-bas, ils trouvent Jamie, en train de boire un café serré ; il les salue de la tête… mais sans prêter attention à Patrick. Chris lui demande s’il n’y aurait pas une côtelette pour « son ami », ou quelque chose du genre ; Jamie demande s’il y a encore un « nouveau »… puis réalise que c’est Patrick qui accompagne Chris : « Euh… Oui… Sans doute… » Et Jamie ne s’attarde pas sur place… Chris se retourne vers Patrick, souriant : « Eh bien voilà ! » Il ouvre le réfrigérateur, à la recherche de viande pour son camarade, et trouve un jambon ; il propose d’en couper quelques tranches, mais Patrick dit que ce n’est pas la peine : il saisit le jambon et mord dedans à pleines dents… Chris, surpris tout d’abord, le laisse faire, et retourne dans le salon tandis que Patrick se restaure.
[Chris, Leah : Patrick, Jamie] Chris retrouve Leah : « Nous voilà dans de beaux draps avec cet asticot ! » Mais, pour Leah, tant qu’il ne suscite pas davantage de questions, ça devrait aller… Chris évoque quand même Jamie, qui a tiré une drôle de tête ; depuis son départ précipité, la nouvelle a dû faire plusieurs fois le tour de la ferme… Mais Leah n’y accorde pas beaucoup d’importance : les gardes ne feront rien contre Patrick, et ont après tout déjà été témoins de choses... inhabituelles…
[Chris, Leah : Herbert West, Tina Perkins] Chris revient sur la requête de Herbert West, concernant un chimiste ou botaniste prêt à travailler avec lui. Leah ne voit guère que la fleuriste, Tina Perkins, mais elle est dans « l’autre camp »… Chris dit que nous pourrions sans doute trouver quelqu’un d’autre, à l’Université Miskatonic ? Oui, sans doute… Mais pas maintenant de toute façon, c’est la pleine nuit…
[Leah, Chris : Patrick ; Hippolyte Templesmith] Tous deux s’accordent pour veiller sur Patrick, ils prendront des tours de garde. Leah commence, tandis que Chris va se coucher. Elle demande à Patrick s’il n’a pas besoin de se reposer, mais non… Patrick est resté dans la cuisine, et a disposé tout un attirail de marmites et de casseroles, où il a versé divers produits ménagers, du savon, ce genre de choses, qu’il fait bouillir, etc. Leah propose éventuellement de l’assister. Patrick accepte, et lui donne des instructions – mais il a parfois instinctivement recours à un vocabulaire irlandais que Leah ne comprend pas toujours… En ressort tout de même qu’il prépare des « armes… pour tuer Templesmith ». Il adresse un grand sourire à Leah : « Boum ! »
[Dwayne, Tess : Danny O’Bannion, Hippolyte Templesmith, Brienne] Dwayne et moi arrivons près de l’appartement de Danny O’Bannion sur French Hill Street – j'en ai la clef. Non loin se trouve une tribune devant un local politique dédié à la gloire de Hippolyte Templesmith : il y a toujours de l’activité, la lumière est allumée et des gens entrent et sortent continuellement. Nous ne nous y attardons pas... Au rez-de-chaussée de l’immeuble où se situe la garçonnière, le gardien nous regarde, puis lâche un cordial « Bonsoir ». Il se tourne plus précisément vers Dwayne : « Votre compagne vous attend. Conformément aux ordres, je ne la fais pas sortir ; elle peut faire des listes de courses, ou ce genre de choses, mais ce sont des intermédiaires qui s’en chargent. » Nous montons au deuxième étage – une musique jazz légère nous parvient depuis la porte de l’appartement.
[Dwayne, Tess/« La Rouge » : Brienne] Dwayne toque à la porte, et nous entendons bientôt la voix de sa fiancée, Brienne, qui vient ouvrir. Elle a un plâtre à l’avant-bras gauche. Son comportement est hésitant, elle ne sait pas si elle veut avant tout lui faire des reproches ou l’embrasser… Elle fait sans doute un peu la gueule, tout en prétendant que non, pas du tout… Mais, après avoir marmonné un vague « Connard… », elle se jette au coup de Dwayne et lui chuchote à l’oreille : « Tu en as mis, du temps… » Puis elle me voit, et a un temps d’arrêt : « Tu bosses avec ʺLa Rougeʺ ? » Je lui dis qu’il ne faut pas croire tout ce que les journaux racontent… et je rentre dans l'appartement, ne comptant pas rester plus longtemps sur le palier ; Dwayne assure à Brienne qu’elle n’a absolument rien à craindre de moi – mais elle me garde à l’œil…
[Tess : Dwayne, Brienne, Danny O’Bannion] Je compte laisser les deux amoureux se retrouver, et me rends illico dans une chambre, en quête de vêtements appropriés ; mais il n’y a pas grand-chose… On y trouve surtout des vêtements d’homme, à la carrure de Danny O’Bannion ; il y a bien des vêtements féminins… encore que le mot « vêtements » soit peut-être un peu fort : beaucoup de choses dénudées, passablement vulgaires, et les « vrais » vêtements sont à l’avenant – comme ce manteau de fourrure en renard argenté, d’un goût extrêmement douteux, et très voyant… Je vais devoir m’en contenter, et reste dans la chambre le temps que Dwayne et Brienne aient leur petite discussion.
[Dwayne : Brienne ; Danny O’Bannion] Dwayne demande à Brienne la raison de son plâtre. Il y a eu une altercation à la prison, tandis qu’elle revenait des toilettes ; trois femmes de type WASP s’en sont prises à elle, et ont même tenté de la poignarder ; elle a cependant eu le réflexe de lever son avant-bras pour se protéger, d’où la blessure… qui lui a peut-être sauvé la vie. Elle s’est mise à crier tout en se défendant – elle est même parvenue à casser le nez d’une des femmes ; après quoi d’autres détenues, irlandaises quant à elles, se sont mises de la partie et ont tiré Brienne de son mauvais pas. Mais la police a pris prétexte de cette altercation pour décider d’un transfert de prisonniers, et c’est donc sur le chemin du nouveau lieu de détention que Danny O’Bannion est intervenu… Dwayne est profondément désolé pour ce qui s’est passé… Et il fait une promesse à Brienne : encore trois ou quatre jours, pour finir ce dans quoi il s’est engagé, et il raccroche. Il est parfaitement sincère. Il ajoute qu’ils s’en iront – si c’est ce qu’elle veut. Mais il a tendance à se focaliser davantage sur son sentiment de culpabilité, plutôt que sur les douleurs de Brienne… Celle-ci est quelque peu sceptique : dans sa situation, elle doute de tout… Dwayne ne l’avait jamais connue comme ça. Elle s’inquiète de ses proches, de sa famille ; mais Dwayne lui dit qu’elle ne peut pas se permettre d’entrer en contact avec eux tant qu’il n’a pas fini son travail ; il regrette, mais… Il revient toujours sur sa promesse : trois, quatre jours au plus, c’est tout. Brienne remarque que, dans quatre jours, c’est Noël... D’un air triste, elle dit à Dwayne de prendre soin de lui, et s’isole dans une chambre.
[Dwayne, Tess : Danny O’Bannion, Burt] Dwayne cherche à son tour des vêtements – c’est plus facile pour lui, avec tous ces costumes de Danny O’Bannion « démodés » (entendre par là qu’ils sont de l’année précédente…). Nous cherchons aussi des armes : sous le comptoir du bar du salon, Dwayne trouve un .45 avec deux chargeurs ; quant à moi, sous la penderie, j’ai remarqué que le plancher sonnait creux : en retirant une latte, je trouve un .38 (approvisionné mais sans chargeur supplémentaire)… ainsi que deux grenades à fragmentation. Je le signale à Dwayne… et nous avons exactement la même idée quant à ce que nous pourrions en faire. Nous décidons donc de retourner Chez Burt ; je conduis, tandis que Dwayne reste sur la banquette arrière avec son fusil. J’ai été humiliée, j’en ai marre de tout… et compte bien me soulager par la violence !
[Leah, Chris : Patrick ; Danny O’Bannion] À la ferme de Danny O’Bannion, Leah continue de « cuisiner » avec Patrick – lui demandant s’il sait bien ce qu’il fait, car elle a un peu peur… Mais Patrick semble maîtriser son sujet, et n’a aucun doute à cet égard. Le temps passe – Chris prendra le relais au bout de quatre heures. D’ici-là, Patrick dit avoir besoin d’horloges, de montres, etc., et commence à se servir un peu partout…
[Chris, Leah : Patrick ; Hippolyte Templesmith] Quand Chris vient relever Leah, elle lui dit que Patrick fabrique des bombes artisanales… ce qui stupéfait l’avocat, qui craint que Patrick les fasse sauter eux plutôt que Templesmith ! Leah retourne auprès de Patrick, et lui dit qu’elle va se reposer un peu.
[Chris : Patrick ; Hippolyte Templesmith] Chris se rend à son tour dans la cuisine, où il voit l’atelier mis en place par Patrick ; sur le moment, ce dernier travaille à démonter une horloge, mais il manque visiblement de souplesse, et s’agace de plus en plus… Chris lui demande ce qu’il fout. D’un ton calme mais volontaire, Patrick répète qu’il s’agit d’armes pour détruire Templesmith. Il parle à Chris du temps où il fabriquait des bombes pour l’IRA – pour ses amis. « Toi ami ? » Oui, bien sûr… Alors il n’a rien à craindre. Chris l’interroge sur ce qu’il fait : il s’agit de minuteries pour les bombes ? Oui, des mécanismes à retardement – c’est le plus efficace. Mais Patrick ne comprend pas ce qui est arrivé à ses doigts, qui n’ont plus leur délicatesse et finesse d’antan… Ce qui est visiblement aussi frustrant que douloureux. Chris lui dit de s’asseoir tranquillement dans un coin, il va prendre son relais – Patrick concède que c’est une bonne idée, s’assied, et lui donne des consignes détaillées : tous deux se montrent aussi assurés que précis.
[Tess, Dwayne : Burt, Danny O’Bannion] Je conduis, roulant vers Chez Burt… mais tombe malencontreusement sur un petit barrage de police – une voiture, deux motos, filtrant la circulation à un feu de croisement ; ils demandent leurs papiers aux conducteurs. Il y a quatre voitures devant la mienne, et la possibilité de m’échapper en prenant à gauche, mais les flics nous verront forcément faire. Cependant, et le fait que nous n’ayons pas nos papiers paraît presque secondaire dans notre situation, nous n’avons pas le choix : je m’engage dans la ruelle à gauche, tandis que Dwayne prépare son fusil… Les flics nous interpellent aussitôt, mais je les ignore et fonce. Une moto se lance à notre poursuite (l’autre peine à démarrer, le moteur est trop froid). Les conditions de circulation, avec la neige, sont loin d’être optimales… Le motard me rattrape vite, et se retrouve bientôt à deux mètres à peine derrière moi. Je pile brutalement dans l’espoir de le renverser, mais il parvient à éviter ma voiture, et sort son arme. Dwayne, sa position assurée, fait feu, et touche le flic à l’épaule, lui faisant de gros dégâts. Je repars en avant tandis que le motard appelle à l’aide – nous entendons au loin le moteur de la deuxième moto, qui a enfin démarré… Mais je connais bien la ville, et sais par où passer pour semer tout poursuivant, dans ces conditions particulières ; nous entendons un temps, au loin, des sirènes, mais elles s’estompent bientôt. Forcément, notre véhicule est maintenant grillé… et nous sommes loin de Chez Burt. Je préfère ne pas me risquer à retourner dans la circulation, et Dwayne est d’accord avec moi. Je gagne donc la périphérie d’Arkham, m’assure que nous ne sommes pas suivis, puis retourne à la ferme de Danny O’Bannion.
[Dwayne, Tess, Chris : Patrick ; Danny O’Bannion] À la ferme de Danny O’Bannion, Dwayne et moi retrouvons Patrick… Il « cuisine » toujours avec Chris, qui emballe des « pains » d’explosifs dans des journaux, avec des mécanismes d’horlogerie dessus. Patrick a un moment de saisissement quand il nous voit. Et je vis ça plutôt mal, me souvenant de mon fiasco quand j’avais tenté de l’énucléer, ce qui avait débouché sur sa mort… Patrick tend sa main à Dwayne, qui la serre, après quoi il m’enlace – je me laisse faire, mais je suis mal à l’aise… Il nous dit que c’est bon de nous revoir, et a l’air parfaitement sincère. Il désigne fièrement la table, avec les résultats de sa « cuisine ». Je ne peux m’empêcher de lâcher : « Quelle coïncidence… » Chris nous salue à son tour. Mais Dwayne et moi sommes fatigués – et de mauvais poil… Il est environ 1h30, et nous allons nous coucher (je m’accorde un whisky avant).
[Chris, Leah : Patrick] Chris, lui, poursuit sa veille auprès de Patrick. Ce dernier n’a-t-il pas sommeil ? Non… Mais peut-être peuvent-ils faire une pause, en buvant une bonne bière irlandaise et en écoutant de la musique celtique ? Bonne idée ! Chris aurait préféré du jazz, mais Patrick a l’air inflexible, et il n’insiste pas… Chris, hésitant, demande enfin à Patrick s’il peut lui poser une question. « Euh… Tu es mort…
— Je crois. Oui. Plusieurs fois.
— Et tu es revenu d’entre les morts…
— Oui. Il faut croire.
— Alors… Qu’est-ce qu’il y a après la mort ?
— Rien…
— J’en étais sûr… »
Et Chris trinque avec Patrick. Ce dernier s’en étonne tout d’abord, mais accepte le toast. Le mort-vivant encaisse bien… D’ailleurs, il va de lui-même chercher d’autres bières. Chris essaye de le mettre en garde contre les abus, dans son état… Patrick dit, au contraire, qu’il compte profiter de la « vie ». Chris lui dit, au moins, de ne pas toucher à sa « cuisine » pour le moment… Mais l’avocat comprend que Patrick est un peu contrarié par ses « fais pas ci, fais pas ça » continuels. Patrick lui demande d'ailleurs d’estimer son âge ; Chris suppose, à bon droit, qu’il est dans la quarantaine. « Oui. Je ne suis pas un enfant… » Il boit calmement. Chris n’insiste pas, et va se coucher quand Leah revient pour le relever.
[Leah, Dwayne : Patrick] Leah redescendue, Patrick, emporté par la musique celtique, lui propose d’agrémenter l’air avec son fiddle. Leah accepte volontiers… Son violon et les bruits de pas de danse de Patrick nous réveillent vers les 6h du matin… Dwayne fait avec ; il cherche à bidouiller son derringer, mais s’y prend mal et perd du temps. Quant à moi, je me suis levé du mauvais pied, et ça se voit… J’arrête illico le disque, et mets du jazz à la place – avant de m’accorder un rail de coke, sans prendre la moindre précaution pour me cacher. Patrick, pas le moins du monde fatigué, ne saurait danser sur du jazz, et s’accorde un petit déjeuner au jambon…
[Leah, Tess, Chris, Dwayne : Herbert West, Tina Perkins] Leah suggère de nous rendre à l’Université Miskatonic, pour trouver le botaniste ou chimiste réclamé par Herbert West… Mais il est un peu tôt pour cela – ce que je ne manque pas de relever, acerbe. Chris suggère que nous parlions d’abord de nos découvertes respectives. Mais Dwayne et moi n’avons finalement pas grand-chose à rapporter… Dwayne, par ailleurs, n’a toujours aucune nouvelle du type à qui il avait confié un échantillon de la poudre trouvée dans la boutique de Tina Perkins. Nous disposons, si jamais, des journaux du matin.
[Chris, Leah, Dwayne, Tess : Patrick ; Hippolyte Templesmith, Stanley, Margaret Hoover, Danny O’Bannion] Chris revient sur notre stratégie et nos options concernant le gala de Hippolyte Templesmith à Boston (nous avons appris qu’il se tiendrait dans un hôtel luxueux du nom d’Omni Parker House). Tant mieux si Leah parvient à entrer en tant qu'artiste, mais quid de nous ? Nous ne pouvons certainement pas la laisser opérer seule… Nous avions évoqué la possibilité d’une diversion avec une bombe, mais l’avons rejetée – Dwayne et moi y sommes particulièrement hostiles, persuadés que les effets négatifs l’emporteraient sur les positifs, très aléatoires (annulation éventuelle du gala, services de sécurité encore plus à cran, risque de dommages collatéraux et que ça retombe une fois de plus sur la communauté irlandaise…). On envisage la possibilité que Leah, en tant qu’artiste invitée, fasse passer Chris, voire même ce pauvre Stanley, pour des assistants, mais ce n’est pas crédible : même en dehors de l’état de Stanley, la possibilité qu’une artiste « mineure » (Leah ne peut pas espérer un statut plus appréciable, à compter même qu’elle parvienne à être embauchée à la dernière minute, ce qui n’a rien de certain) se voit autoriser à venir accompagnée de la sorte est très improbable… Dwayne et moi, en outre, sommes forcément grillés – et Dwayne ajoute que l'utilisation par Hippolyte Templesmith de sa « caméra humaine » a pu compromettre également les autres, Chris excepté… Patrick lui demande de quoi il parle ; gênés, nous évoquons laconiquement une « petite astuce » de Templesmith… Patrick nous demande si ça a été neutralisé, et nous l’en assurons, trop heureux de nous en tirer comme ça… Chris envisage d’autres options : s’il parvenait à rentrer, il pourrait aller trouver Templesmith, lui dire qu’il sait qu’un couple entend attenter à sa vie et se trouve tout près (c’est Dwayne et moi qu’il désigne ainsi), à charge pour ses services de sécurité de nous attraper et de nous ramener devant Templesmith, et… Non : trop tordu, trop aléatoire, trop dangereux, et Templesmith n’est certainement pas du genre à se laisser berner de la sorte. On rappelle d’ailleurs que Chris a été vu en compagnie de Leah par Margaret Hoover ; si Leah, en tant qu’artiste, peut altérer son apparence sans trop de risques, c’est moins certain pour Chris – s’il se fond dans la masse, cela devrait aller, mais approcher Templesmith comme il le suggérait, si Mme Hoover est dans les environs, présenterait trop de risques de tout faire capoter… Le fait demeure : nous ne pouvons pas nous contenter de la seule présence de Leah et éventuellement Chris à l’intérieur ; ce dernier pense toutefois profiter des réseaux de Danny O’Bannion, par exemple pour l’approvisionnement de la fête (traiteurs, etc.) ; c’est plausible, même si Templesmith est probablement aux aguets et si, en outre, le gala a lieu à Boston, et non à Arkham – là où se trouve l'essentiel des réseaux de Danny…
[Dwayne, Tess : Stanley, Leonard Border] Mais Dwayne d’abord, moi ensuite, après quelques hésitations, nous mettons à envisager une autre possibilité pour nous – bien conscients que nous sommes de toute façon compromis et recherchés (y compris à Boston en ce qui me concerne). Stanley avait en effet rédigé une note d’après les informations contenues dans Magie véritable, portant sur un « rituel de changeforme » ; après l’avoir lue, j’avais montré cette note à Dwayne ; elle l’intriguait, s’il n’était pas certain de bien comprendre son fonctionnement, ainsi que moi-même. Il s’en souvient, cependant – ce qui m’amène à considérer aussi l’autre rituel que nous avait décrit Stanley, portant sur la « poudre d’Ibn-Ghazi » (mais, en relisant la note à ce sujet, je me rends compte que ce premier rituel nous serait bien moins utile). Notre confrontation de plus en plus fréquente avec le surnaturel nous amène à considérer ce sortilège comme une option aussi valable qu’une autre… Certes, le rituel est contraignant – et implique un sacrifice humain ; Dwayne a trouvé une victime toute désignée en Leonard Border : il a ainsi que moi des comptes à régler avec le journaliste, et pourrait ainsi prendre sa place – il est après tout censé aller travailler au gala, même s’il y renâclait et si son patron menaçait de désigner quelqu’un d’autre en cas de mauvaise volonté de sa part… Au fur et à mesure que nous réfléchissons aux implications du sortilège, l’idée nous séduit de plus en plus, et nous nous mettons à l’étudier à fond, en nous concentrant notamment sur l’incantation incompréhensible qui nous avait bloqués à la première lecture ; j’ai toujours un peu de mal, probablement plus que Dwayne dans un premier temps… Nous comprenons que les mots les plus étranges (« Yig », « Sothoth », « Yog »…) sont des noms ; des notes marginales de Stanley (de son écriture nerveuse et serrée) vont dans ce sens, supposant qu’ils désignent des « entités » auxquelles sont destinées les « offrandes », et en mesure d’accorder ces facultés étranges au sorcier faisant appel à eux… Dwayne attire mon attention à ce sujet – après quoi mon appréhension du texte s’améliore. Je recopie l’incantation au propre, afin que nous y travaillions chacun de notre côté, avec une extrême application (et en nous aidant mutuellement, le cas échéant – pour décrypter tel nom, déterminer sa prononciation adéquate, etc.). Par ailleurs, nous envisageons succinctement les autres éléments du rituel : il faut surtout un récipient (et nous supposons qu’il vaut mieux en envisager un chacun, et voir grand : Stanley hésitait sur le sens de ce qu’il recopiait, qui pouvait être « rincer » aussi bien que « baigner », et nous préférons ne pas prendre de risque à cet égard). Nous pensons trouver le nécessaire (baignoire, mangeoire…) dans le débarras à l’arrière de la ferme, donnant sur une vaste cave. Recopier le symbole aklo assez simple sur lesdits récipients devrait être dans nos cordes, en nous appliquant. Mais si la victime autant que l’identité de substitution de Dwayne sont d’ores et déjà déterminées, ce n’est pas mon cas ; or nous supposons que chacun doit accomplir le sacrifice et plus largement le rituel de son côté – je me dis que Stanley pourrait faire l’affaire, laissant pour le moment de côté la question de mon identité d’emprunt…
[Dwayne : Patrick] Patrick s’interroge également : comment le faire rentrer lui ? Dwayne suppose qu’on aura le moyen de déterminer un signal, surtout si nous parvenons tous à entrer…
[Chris : Zeke ; Danny O’Bannion] Chris a une approche plus « traditionnelle » ; il appelle chez O’Bannion, tombe sur un garde du nom de Zeke, et demande à parler au patron – oui, c’est très important. Mais, à en croire Zeke, il vaut mieux ne pas déranger Danny, qui « se soulage »… Il transmettra, si Chris veut bien lui dire ce dont il entend causer avec O’Bannion ; Chris dit que nous sommes en train de réfléchir à notre infiltration dans l’Omni Parker House pour le gala, et que les réseaux de Danny à Boston pourraient nous être utiles… Zeke en prend bonne note, il rappellera le moment venu.
[Leah : Michael Bosworth, Patrick ; Elsa Ropes, Roland Rice] Leah va devoir contacter les agences qu’elle avait envisagées : elle commencera comme de juste par celle d’Elsa Ropes, la vieille meneuse de revue assez notable ; elle n’a guère envie de faire appel au pervers Roland Rice… Michael et Patrick proposent de l’accompagner, pour sa sécurité ; Leah accepte pour Michael (sans rejeter sèchement Patrick, qu’elle ménage et raisonne) – mais il devra attendre à l’extérieur… Pas de problème : c’est simplement qu’elle ne doit pas se rendre à Arkham seule.
[Chris, Dwayne, Tess] Chris s’interroge sur ce que Dwayne et moi faisons ; ça va ? Oui, oui, lui répond sans plus d’égards Dwayne tandis que je lui fais signe de nous laisser… Il s’éloigne pour lire le journal, dans ce cas… Mais il entend subitement quelqu’un fredonner derrière lui, d’une voix jeune et féminine qui lui est inconnue ; il se retourne et voit une femme blonde, la vingtaine ou un peu moins, qui sautille sur place, dans un coin du salon… Elle a un air un peu fou, et des mouvements « saccadés » ; ou, plus exactement, peut-être est-ce la perception qu’on en a qui est « saccadée » ? Car je la vois moi aussi – et observe que sa coiffure semble changer d’elle-même, sans que ça l’affecte… Elle se retourne vers Dwayne et moi et nous sourit. La mélodie du disque de jazz en train de tourner est « saccadée » à son tour. Chris, qui est le plus proche, se présente : « Chris Botti, à qui ai-je l’honneur ? » Je m’approche lentement, tandis qu’elle tend la main vers la joue de Chris, lequel recule, mais pas assez vite ; les doigts de la jeune femme le frôlent… puis passent à travers son menton, sans autre sensation pour Chris qu’un léger froid ! Dwayne se recule en dégainant son arme – il prend soin de rassembler les feuillets du rituel et de les conserver sur lui. La jeune femme s’interrompt, elle observe longuement ses doigts – et ne sourit plus du tout : elle se met à hurler ! Après quoi elle disparaît subitement. Dwayne, chamboulée, est pris de tremblements nerveux, il lui faut une dizaine de minutes pour se reprendre – le spectacle ne nous a certes pas laissés indifférents, Chris et moi, mais nous encaissons mieux le choc.
[Leah : Michael Bosworth ; Elsa Ropes, Danny O’Bannion] Leah s’est rendue à Arkham, accompagnée par Michael, et arrive devant l’agence d’Elsa Ropes – elle l’a trouvée sans la moindre difficulté, dans la proche périphérie de la ville, un quartier habité par la classe moyenne aisée. C’est une large bâtisse, avec un jardin bien entretenu. Leah sort de la voiture, où demeure Michael ; elle est vêtue d’une tenue plutôt classique, un peu stricte, sobre en tout cas, les cheveux rassemblés en un austère chignon ; elle a son fiddle à portée. Le portail est ouvert, mais le garde qui se tient un peu plus loin, à côté de l’entrée du bâtiment, lui fait signe d’employer le téléphone à proximité de la grille. Leah s’exécute, tombe sur une voix féminine inconnue, et dit qu’elle souhaiterait s’entretenir avec Mme Elsa Ropes ; on lui rit au nez : « Bonne chance ! Elle est très occupée… » Mais Leah insiste : qui ne tente rien n’a rien, et il lui faut lui parler – et maintenant. On lui répond, assez sèchement, que ce n’est pas possible. Leah dit alors venir de la part de M. O’Bannion. Silence au bout du fil… Puis : « Attendez, je vous prie. » Quelque temps après, le garde se rapproche de la porte du bâtiment, où une femme a passé la tête ; elle lui dit quelque chose d’inaudible, et, quand elle est rentrée, le garde se tourne vers Leah, lui faisant signe d’approcher. Leah adresse un regard à Michael, et s’avance.
[Leah : Elsa Ropes ; Danny O’Bannion] L’intérieur est assez opulent. Le garde conduit Leah, non pas dans le couloir principal, mais directement dans un bureau où il lui dit de patienter – ce qu’elle fait, debout. Le bureau, richement décoré, évoque une femme passionnée par la mode, et par la musique – on y trouve nombre de partitions, des disques de collection (de musique classique à l’exclusion du reste), ainsi qu’un beau violon dans une vitrine verrouillée… Apparaît enfin une femme assez âgée et bien en chair, au chignon sobre, mais vêtue d’une robe ample et relativement iconoclaste (de par sa couleur inhabituelle surtout) ; sans doute ne lui en a-t-on jamais fait la remarque, et elle n’est sûrement pas femme à en tenir compte de toute façon… Elle a l’air amusée… et en même temps un brin angoissée. Leah se présente sous son nom ; la femme – qui est bien Elsa Ropes – s’étonne de ce que Danny lui adresse une jeunette, d’habitude il vient en personne… Leah dit qu’elle travaille « un petit peu » pour lui, et la meneuse de revue pouffe : « Personne ne travaille ʺun petit peuʺ pour Danny… » Elle lui intime de se montrer sincère, tout en allumant une cigarette au bout d’un très long fume-cigarette. Leah l’admet ; elle décrit ensuite ses talents : le fiddle, le chant, le piano… Elsa Ropes s’impatiente. Leah passe alors à ses intentions : elle a besoin de se faire connaître. Mme Ropes lui demande : « C’est O’Bannion qui vous envoie ici, ou votre ambition ? » Leah dit connaître très bien Danny O’Bannion – mais avoir des ambitions, oui. Elsa Ropes la fixe droit dans les yeux ; Leah soutient son regard, tout en restant souriante. « Vous n’avez pas froid aux yeux… C’est le manque d’argent qui vous donne cette audace ? » Oui : son fiancé l’a abandonnée, ses parents sont morts, elle n’a plus que son art… C’est du pipeau, mais ça passe. Elsa Ropes se demande à quel point, au juste, elle connaît Danny O’Bannion, mais veut bien tenter le coup ; elle a peut-être une place pour ce soir, et le cas échéant une autre pour le lendemain… Mais d’abord ce soir : il s’agit de célébrer l’anniversaire du plus vieux pensionnaire d’une maison de retraite – un homme qui apprécie la musique classique et douce. Elsa Ropes précise qu’elle-même n’apprécie pas particulièrement le fiddle… et elle attend de Leah qu’elle illustre ses capacités ; elle sort d’une armoire basse un violon, commun sans être médiocre, et le tend à Leah : « Étonnez-moi. » Leah étudie un peu l’instrument, puis joue un morceau dont elle avait remarqué la partition tandis qu’elle patientait ; elle n’en livre pas une interprétation virtuose, mais assez correcte. Après quoi Elsa Ropes passe un enregistrement des Quatre Saisons, et demande à Leah de danser… Mais ce n’est pas dans ses compétences, elle ne s’y connaît guère… Elsa Ropes n’insiste pas – mais il lui faudra apprendre, et vite. D’accord pour ce soir : rendez-vous à la maison de retraite, la fête aura lieu entre 18h et 22h en gros ; si elle se montre à la hauteur, alors peut-être pourra-t-elle la placer pour la soirée du lendemain – une très belle soirée, à l’Omni Parker House de Boston : les places sont chères… Leah lui adresse un grand sourire et la remercie – mais il lui faudra donc faire ses preuves, et rapidement (y compris pour ce qui est de la danse !). Elle note qu’Elsa Ropes ne lui a pas parlé de salaire… et elle-même pas davantage. Elsa Ropes fait une dernière remarque, concernant sa tenue vestimentaire : il lui faudra s’habiller en conséquence, et elle lui montre le genre de choses à propos.
[Dwayne, Tess, Chris : Jingles, Stanley] Dwayne se reprend, et lui et moi nous remettons à l’étude des feuillets. Chris nous demande s’il s’agit d’une autre « copine » à nous, mais nous ne la connaissons pas… Nous allons travailler à la cave, afin de déterminer les récipients nécessaires au rituel. Mais je vais d’abord m’isoler dans un coin du sous-sol : « Jingles ? Es-tu là ? J’aurais besoin de parler à Jingles… » Mais je n’obtiens pas de réponse… Je me remets donc au travail – envisageant d’aller peut-être m’assurer de la prononciation correcte de l'incantation auprès de Stanley. Mais cela ne sera sans doute pas nécessaire : je me débrouille très bien, m’en rends compte, et peux même aider Dwayne, ainsi qu’il m’avait aidée auparavant.
[Chris, Tess, Dwayne : Zeke ; Danny O’Bannion, Orson Cushing, Hippolyte Templesmith] Au rez-de-chaussée, le téléphone sonne, et Chris décroche. C’est Zeke, qui a parlé à O’Bannion : un traiteur de Boston lui doit une faveur, un certain Orson Cushing – il n’est pas certain qu’il ait quoi que ce soit à voir avec le gala de Templesmith, mais il pourrait faciliter les choses, à la condition bien sûre que cela ne ruine pas son commerce… Chris en prend bonne note, il va faire le nécessaire. Le garde veillant sur Stanley descend au rez-de-chaussée – où je me trouve [NB : il y a sans doute eu un malentendu lors de ces scènes, où nous ne savions pas très bien si Chris était avec Dwayne et moi dans la cave, y compris lors de l’apparition fantomatique, ou bien si Dwayne et moi travaillions au salon, avec Chris à côté ; d’où cette petite incohérence…]. Il dit que Stanley a faim – et, en riant, qu’il a aussi tenté de le soudoyer…
[Tess : Stanley] Je me rends dans la cuisine où j’attrape des aliments ne nécessitant pas de préparation, et je monte à l’étage. Stanley est allongé sur un canapé, il dort – ou plutôt fait semblant, comme je m’en rends immédiatement compte… « Stanley… » Il tente d’abord de m’ignorer, mais a des mouvements réflexes. Je lui dis que je sais très bien qu’il ne dort pas, et qu’il n’a pas intérêt à me prendre pour une buse… Il se redresse. Je lui colle la bouffe dans les bras… et lui file une gifle pour sa tentative de corruption (il avait déjà un œil au beurre noir, dû au garde sans doute…). Je m’en vais, mais il gémit : « Attendez ! » Je m’arrête, et il se lamente, racontant tous ses malheurs, toutes ses inquiétudes, sa conviction qu’il ne peut plus nous être utile, etc. Je l’arrête, et lui assure que tout ira mieux pour lui dès le lendemain soir. Il me demande si je vais le libérer : oui (enfin, d’une certaine manière… ce que je garde pour moi). Il a l’ai réjoui, ça le libère d’un poids. Mais j’insiste : « Pas de bêtises ! Sinon… » Mais quel genre de bêtises pourrait-il bien commettre ? Eh bien, par exemple, continuer à me faire chier avec ça dans dix secondes… Il se tait aussitôt, je redescends.
[Leah : Michael Bosworth ; Elsa Ropes] Leah retourne à la voiture, et dit à Michael, qui l’attendait, que ça s’est bien passé. Par contre, elle a besoin d’une formation expresse en danse… Où pourrait-elle bien trouver un cours approprié dans cette ville ? Elle réfléchit à voix haute – Michael n’en a bien entendu aucune idée… Leah prend le temps d’y réfléchir, et trouve un endroit. Michael la dépose : elle aura une leçon personnalisée de 13h à 15h. Il aimerait cependant travailler sur sa couverture à lui… Leah ne pense pas risquer quoi que ce soit ici, et l’assure qu’elle se montrera prudente. Elle se débrouillera ; il faudra simplement la récupérer à la maison de retraite, un peu après la fête d’anniversaire – à minuit, par exemple. Leah va aussi se procurer une tenue correspondant aux indications d’Elsa Ropes, et n’hésite pas à y mettre le prix.
[Chris, Dwayne, Tess : Michael Bosworth ; Orson Cushing] Chris décide de se rendre à Boston pour voir le traiteur, Orson Cushing, et nous en informe, Dwayne et moi. Nous ne pensons a priori pas sortir dans la journée… Chris nous laisse le nom et l’adresse du traiteur ; il va en profiter pour essayer de glaner des informations sur l’Omni Parker House, et nous tiendra informé par téléphone. C’est alors que Michael revient, qui propose d’accompagner Chris à Boston [oubliant Leah qu'il devait passer prendre à la maison de retraite ?].
[Dwayne, Tess : Leonard Border, Stanley, Diane Pedersen] Dwayne est relativement confiant dans son aptitude à prononcer correctement l’incantation, je suis pour ma part convaincue d’y arriver. Nous passons à une autre phase de préparation du rituel : le symbole aklo ; nous nous entraidons à nouveau. Il nous faut trouver des récipients adéquats – grands si possible. Je me décide pour une baignoire rouillée trainant dans la cave, tandis que Dwayne envisage de recourir à une mangeoire inutilisée – mais elle est en bois, et Dwayne s’interroge sur l’absorption du sang… Ceci dit, au point où nous en sommes, nous n’avons plus de comptes à rendre à personne : nous pourrions très bien recourir aux baignoires « fonctionnelles » de la maison… Nous essayons de graver le signe : Dwayne parvient globalement à le reproduire, mais je me montre moins adroite – mon couteau dérape… Je n’ai pas très confiance en ces premiers essais. Dwayne tente alors de faire de même sur la mangeoire – et le bois s’avère autrement adapté à la gravure du symbole : il s’en étonne, mais reproduit parfaitement le dessin. Quant à moi, je vais me servir de la baignoire des gardes. C’est occupé… Je patiente quelques minutes, le temps qu’en sorte un des sbires, serviette autour de la taille, et qui me demande d’un ton graveleux si j’ai besoin d’aide – je l’ignore. Je me débrouille beaucoup mieux cette fois-ci. Dwayne m’explique ce qu’il compte faire avec Leonard Border, et je l’approuve ; quant à moi, si je pense donc sacrifier Stanley, je ne suis pas encore bien certaine de l’apparence que je vais adopter… Les spécificités du sortilège m’incitent à privilégier une figure féminine – pour que ni mon ombre, ni mes formes, ne révèlent quoi que ce soit malgré moi. Je vais y réfléchir avec une grande attention dans l’après-midi – mais j’ai une piste : Diane Pedersen serait sans doute tout à fait appropriée – d’autant que j’ai des photos d’elle pour m’imprégner de son apparence ; mais il faudrait sans doute trouver comment prendre sa place, il ne peut pas y avoir deux Diane Pedersen en même temps au gala…
[Chris : Orson Cushing, Michael Bosworth ; Danny O’Bannion] Chris arrive à Boston, et se rend à l’adresse du traiteur, Orson Cushing. Il entre dans la boutique, Michael derrière lui. Le traiteur apparaît, arborant un tablier taché ; il a une calvitie naissante, ses cheveux restants sont frisés ; son air est à la fois curieux et empressé. « On m’a dit que vous veniez me voir au nom d’un ami commun ? » Il tend la main, Chris la serre, et se présente ; il suggère d’avoir cette discussion dans un endroit plus discret. Le traiteur dit que son temps est précieux… Chris dit que l’ami commun est Danny O’Bannion. Cushing reste cois, puis dit à Chris et Michael de le suivre ; il les conduit dans un petit bureau privé, dispersant d’un ton sec les employés croisés en chemin : qu’ils retournent bosser ! lls s’installent dans le bureau : « Venez-en au fait. » Chris dit qu’ils cherchent du boulot – et il y a une belle réception de prévue à l’Omni Parker House… « Mon ami et moi nous ferons un plaisir de servir à cette occasion – ce qui vous épargnera d’avoir à payer deux employés supplémentaires… » Cushing comprend… mais demande si du sang va couler : « J’ai une carrière, des employés… » Chris lui certifie qu’il ne sera en rien inquiété, et que non, le sang ne devrait pas couler – par contre, des réputations pourraient être entachées… C’est bien ce qui l’inquiète ! Mais Chris le rassure : le moment venu, ils quitteront leurs uniformes, et personne ne pourra faire le lien avec son entreprise – laquelle ne sera en rien affectée par les événements de la soirée, c’est une certitude, et une promesse ; qui engage tout autant Danny O’Bannion (le nom, chaque fois, fait tiquer le traiteur…) que lui-même. Cushing fait toutefois la remarque que ses employés ne passeront pas la soirée là-bas, ils se contentent d’effectuer les livraisons… Mais justement ! Aucun lien ne sera établi. Cushing admet qu’il n’a pas à en savoir davantage. La faveur due à O’Bannion sera-t-elle alors réglée ? Chris évite cette fois de s’engager au nom de son patron, mais, « soit dit entre nous », le service rendu étant de taille, il serait tout de même fort improbable qu’il n’efface pas l’ardoise… Cushing accepte. La livraison est prévue le lendemain à 18h30, et nécessitera plusieurs chariots ; les employés, vêtus d’uniformes de la compagnie, ne resteront pas sur place. Cushing ne veut pas savoir ce que Chris et Michael feront alors, dès l’instant qu’ils ne l’incriminent pas. Chris lui dit qu’ils viendront donc demain à 18h – et donne leurs tailles pour les uniformes. Le traiteur les invite à sortir par l’arrière, au cas où…
[Chris, Dwayne, Tess : Danny O’Bannion] Chris téléphone alors à la ferme de Danny O’Bannion. Les choses se présentent bien de son côté : lui et Michael devraient pouvoir pénétrer dans l’Omni Parker House vers les 18h30 le lendemain. Et de notre côté ? Dwayne répond que nous pourrons en dire plus après la soirée…
[Tess : Hippolyte Templesmith, Pete O’Reilly, Moira, Johnny « La Brique »] J’assure la finition de ma gravure dans la baignoire. Mais j’entends des bruits de pas derrière la porte de la salle de bain des gardes… à travers laquelle je vois passer des doigts féminins. Je vais ouvrir la porte et me recule aussitôt : c’est la même jeune femme que tout à l’heure ; elle a l’air triste, et des larmes roulent sur ses joues ; son apparence a quelque chose de « fragmenté »… Je reste sur place, et elle s’avance vers moi. Je lui demande si je peux l’aider ; elle opine de la tête – elle essayait de me parler, mais je n’entendais absolument rien, et elle s’en rend compte, il nous faut communiquer par gestes. « Ça concerne Hippolyte Templesmith ? » Elle opine. « Vous êtes une de ses victimes… » Elle hoche à nouveau la tête. Je lui montre le miroir, où elle essaye vainement d’écrire – ses doigts passent au travers… Elle essaye de mimer, fait comme un museau, et aussi une chose en train de grignoter… Puis je me souviens, sans autre raison, du cristal que m’avait donné un gamin, le petit Pete O’Reilly – disant que Moira et Johnny « La Brique » lui avaient sauvé la vie dans des circonstances étranges… Et j’ai justement cette pierre sur moi – et elle devient chaude… Je m’en empare, tandis que la jeune femme fantomatique se tourne vers la fenêtre et la franchit, passant au travers puis disparaissant. La pierre a exactement la même allure que je lui ai toujours connue, seule sa chaleur diffère de son état normal – je la porte à mon oreille… et entends un miaulement.
À suivre…