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"Les Lectures des otages", de Yôko Ogawa

Publié le par Nébal

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OGAWA (Yôko), Les Lectures des otages, [Hitojichi no Rôdokukai], traduit du japonais par Martin Vergne, Arles, Actes Sud – Leméac, [2011] 2012, 189 p.

 

C'est à l'occasion de la parution l'an dernier de Manuscrit zéro que je me suis remis à lire Yôko Ogawa. J'y avais retrouvé cette petite musique, aussi familière que déconcertante, qui fait tout le charme de ses écrits (en tout cas des plus réussis). Croisant au hasard d'une librairie mal fâmée ce nouvel opus qu'est Les Lectures des otages, je me suis laissé séduire sans trop de difficultés, intrigué par la quatrième de couverture.

 

Il s'agit en effet d'un recueil de nouvelles, mais entrelacées dans un canevas plus général. Huit touristes japonais sont pris en otages dans un pays indéterminé. L'événement suscite un temps une forte attention de la part des médias, puis on en vient à oublier cette histoire. Jusqu'à son dénouement tragique : l'intervention des forces spéciales antiterroristes se solde par la mort des huit otages.

 

Mais on dispose d'un document très particulier les concernant : des enregistrements de « lectures » effectuées par chacun des otages, dans une langue que les auditeurs extérieurs ne comprennent pas. Plus tard, ces lectures seront diffusées. Il s'agit à chaque fois d'un souvenir particulier, parfois fort lointain.

 

Il faut, j'imagine, garder cette situation bien précise en tête pour goûter pleinement les huit – non, neuf – récits composant Les Lectures des otages ; garder en tête que ces témoignages très personnels émanent de gens qui sont morts dans des circonstances atroces.

 

Mais voilà : cette fois, ça ne fonctionne pas. On est bien loin, avec Les Lectures des otages, du brio de l'excellent Tristes Revanches, ou même de Manuscrit zéro. Et on a un peu la triste impression d'un auteur qui s'auto-parodie... Tout ce qui figure dans ce recueil, en effet, évoque des réminiscences de textes plus anciens de Yôko Ogawa. Un exemple flagrant : combien de fois nous a-t-elle fait le coup de « La Salle de propos informels B » ? Au début, on pouvait très légitimement s'en régaler ; mais cette fois, ça ne passe plus.

 

Et il en va ainsi de toutes les autres « lectures », fades et ennuyeuses, qui donnent l'impression d'un auteur en petite forme, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même...

 

Inutile par conséquent de trop s'étendre sur la question : Les Lectures des otages, en dépit de son canevas intriguant, est un triste ratage, qui ne saurait satisfaire les amateurs de Yôko Ogawa.

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