La nécro du jour (13)
Irvin Kershner. L'Empire contre-attaque. Nuff said. (Enfin, y'a Jamais plus jamais, aussi.) Bon. Trois nécros à la suite, ça commence à bien faire. C'est qui le prochain ?
Irvin Kershner. L'Empire contre-attaque. Nuff said. (Enfin, y'a Jamais plus jamais, aussi.) Bon. Trois nécros à la suite, ça commence à bien faire. C'est qui le prochain ?
Monde de merde, comme dirait Georges Abitbol. Cette fois, c'est Leslie Nielsen qui y est passé, le dimanche 28 novembre 2010, à l'âge de 84 ans. Un âge respectable, certes, pour cet acteur qui a (presque) toujours eu l'air vieux. Je ne vous ferai pas l'affront de vous répéter ici les plus fameux titres de sa filmographie, notamment auprès des ZAZ ; mais, puisque c'est raccord avec le thème majeur de ce blog, je noterai tout de même qu'avant de faire le guignol pour notre plus grand plaisir, Leslie Nielsen fut révélé sur le grand écran... dans un film de science-fiction, et non des moindres, puisqu'il s'agit de l'excellent Planète interdite. Allez, RIP, comme on dit chez les croyants... Et encore une fois merci, nous sommes de tout cœur avec vous.
Je viens tout juste d'apprendre aujourd'hui le décès, à l'âge de 55 ans, de Peter Christopherson, membre éminent de Throbbing Gristle et fondateur de Coil, le mercredi 24 novembre 2010. Ceux qui suivent ce blog depuis un certain temps, s'il y en a, savent peut-être la passion que je voue à ces deux groupes. Aussi comprendront-ils aisément que cette triste nouvelle me file le bourdon... RIP, comme on dit chez les croyants.
Réalisateur : John Boorman.
Année : 1974.
Pays : Royaume-Uni / Irlande.
Genre : Science-fiction.
Durée : 105 min.
Acteurs principaux : Sean Connery, Charlotte Rampling, Sarah Kestelman, John Alderton, Niall Buggy…
Oui, je sais, je l’avais déjà chroniqué, celui-ci, mais j’en ai fait une mise à jour, à lire (ou pas) sur le beau site du Cafard Cosmique.
PEAKE (Mervyn) & MOORCOCK (Michael), The Sunday Books (Les Livres du dimanche), traduit de l’anglais par Lili Sztajn, Paris, Denoël, coll. Denoël Graphic, 2010, 144 p.
De Mervyn Peake, comme de Michael Moorcock, ce n’est pas la première fois que je vous entretiens. Du premier, je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de sa célèbre « trilogie de Gormenghast », ainsi que de ses illustrations pour les « Alice » de Lewis Carroll. Du second, grand admirateur et zélé prosélyte du premier, après m’être montré quelque peu critique sur son abondante et ultra célèbre production en heroic-fantasy (les « Elric », « Corum » et compagnie), je vous ai vanté les mérites de ses textes plus ambitieux tels que Déjeuners d’affaires avec l’Antéchrist et surtout, surtout, l’extraordinaire Mother London. The Sunday Books (Les Livres du dimanche) est l’occasion d’une rencontre posthume entre ces deux grands noms de l’imaginaire anglais du XXe siècle.
Tout commence au lendemain immédiat de la deuxième guerre mondiale, en 1945. Mervyn Peake, avec sa famille, quitte Londres pour s’installer sur l’île de Sercq, minuscule fief anglo-normand où s’était établie avant-guerre une colonie d’artistes. C’est ici que Peake, dont la réputation était déjà grande, et qui avait déjà écrit durant la guerre Titus d’Enfer, va composer Gormenghast. Mais les distractions sont rares sur l’île pluvieuse, et, le dimanche, les enfants Peake – ses deux fils, une fille va naître sur l’île – s’ennuient. Alors Mervyn Peake, en père de famille idéal, se livre pour eux à un formidable exercice : il improvise, crayons et pinceaux en main, des histoires toutes plus folles les unes que les autres, dessinant à la demande des garçons pirates et indiens, etc., à la manière des maîtres de sa propre enfance, et ponctuant ses récits endiablés de poésies.
Aujourd’hui, ces histoires et ces poésies, qui n’ont jamais été couchées sur le papier, ont disparu. Mais restent les dessins, composant ce que l’on désigne désormais sous le nom de Sunday Books. Ils ont déjà donné lieu – entre autres – à des expositions, notamment à la Maison d’Ailleurs. Et, aujourd’hui, alors que se profile en 2011 le centenaire de la naissance de Mervyn Peake, qui donnera lieu à de multiples célébrations et publications, il en résulte ce curieux et bel ouvrage, dialogue posthume entre un maître et son disciple.
The Sunday Books se divise en deux parties d’importance inégale. Il faut en effet accorder une place particulière à l’assez longue (relativement s’entend) introduction que livre Michael Moorcock en tête de l’ouvrage, et qui vient à la fois présenter la vie et l’œuvre de Mervyn Peake en général, et The Sunday Books en particulier. Cette introduction, d’une trentaine de pages, se révèle tout à fait passionnante, et émaillée de nombreux documents de valeur. Loin d’être superflue, elle se montre au contraire d’une nécessité impérieuse pour qui veut saisir le personnage de Peake, et comprendre le projet des Sunday Books.
Puis on en vient à ces Livres du dimanche à proprement parler, occupant en gros une centaine de pages. Ici, Moorcock ne disposait que des illustrations de Peake, tout texte ayant disparu. Il est donc venu le remplacer, tout simplement. À son tour, il s’est mis dans la peau de ce père de famille idéal qui, dans la deuxième moitié des années 1940, par les dimanche pluvieux, s’asseyait dans son fauteuil, ses deux garçons à ses côtés, et improvisait pour eux des histoires démentielles, dans la droite lignée de – qui s’en étonnera ? – Lewis Carroll, ou encore James Matthew Barrie, voire Robert Louis Stevenson.
Mais grâce à cet ouvrage, les dessins de Peake et les histoires qui les accompagnent ne sont plus réservés à ce petit auditoire privilégié. Tous ont accès, dès lors, aux incroyables aventures du Captain Crackers et de ses farouches pirates, à l’émouvante confession du chef indien Wampum Scrumpum, et aux hallucinantes Courses du Cauchemar. Et de chanter en un chœur imaginaire « Le Shanty du Captain Crackers », « Lanky & Monty », « Le Perroquet gourmet du docteur Carotte » et « Les Terriers ailés d’Angoulême » (grâce à la belle traduction rimée de Lili Sztajn).
Disons-le tout net : le texte de Moorcock vaut ce qu’il vaut, et n’est bien souvent qu’un prétexte – il n’a après tout guère d’autre prétention – à l’accompagnement des charmants et enchanteurs dessins de Peake. Mais le tout se lit d’une traite, coulant de source avec la logique improbable des rêves, comme le meilleur de la littérature enfantine.
C’est d’ailleurs une question que l’on est en définitive en droit de se poser, si l’on est amateur de taxonomies : où classer The Sunday Books ? En littérature jeunesse, et plus précisément enfantine ? En bande-dessinée ou « roman graphique », comme la collection le suggère ? En « beau livre », tout simplement ? Ailleurs encore, peut-être ?
C’est que The Sunday Books a tout de l’objet inclassable, du projet un peu dingue, un peu « à part », ce qui ne l’en rend que plus séduisant. Vite lu, mais certainement pas vite oublié, ce bel ouvrage se montre extrêmement touchant, émouvant comme peu de livres le sont. Superbe témoignage de la créativité d’un auteur comme de la tendresse d’un père, et enfin de l’amour exacerbé d’un fils « spirituel », The Sunday Books touche droit au cœur, et ne saurait laisser indifférent.
LE GUIN (Ursula K.), Voix, [Annals of the Western Shore: Voices], traduit de l’anglais [États-Unis] par Mikael Cabon, Nantes, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, [2006] 2010, 282 p.
Hop, ma chro de cette suite de Dons est à lire (ou pas) sur le beau site du Cafard Cosmique.
À suivre avec Pouvoirs.
DEBATS (Jeanne-A), Stratégies du réenchantement, Bréchamps, Griffe d’Encre, coll. Recueil, 2010, 247 p.
Hop, ma chro est à lire (ou pas) sur le beau site du Cafard Cosmique.