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Paris brûle-t-il ?

Publié le par Nébal

 

(Vach'ment original, hein ?)

 

Salut et fraternité, citoyens.

 

Pour cause de montée du jeune provincial naïf à la Kapitale, ce blog va connaître une petite interruption. Et, promis juré, quand je le reprendrai, je recauserai davantage de SF et toutes ces sortes de choses.

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"Tales Of Eternia"

Publié le par Nébal

Tales-Of-Eternia.jpg

 

Tales Of Eternia (PSP)

 

En matière de jeux vidéos, le Nébal a des goûts simples, qui le portent essentiellement vers deux types de produits, que ce soit sur PC ou sur console : les jeux de rôle, et les jeux de stratégie en tour par tour (parce que j’aime paaaaaaaaaaaaas qu’on me speede). Aussi, pour Nébal, le bonheur ultime, sur console plus particulièrement, c’est ce qu’on appelle les tactical-RPG, comme les bons vieux Shining Force qui ont fait sa joie dans son enfance. Seulement, de ces jeux-là, il n’y en a pas 36 000 sur PSP ; et même s’il n’a pas fini l’excellentissime Final Fantasy Tactics: The War Of The Lions, pas plus que le pas mal du tout Wild Arms XF, en raison de leur difficulté quand même pour le moins corsée, le Nébal a dû se tourner vers d’autres types de jeux de rôles.

 

(Temporairement : j’ai fait l’acquisition récemment de Disgaea: Afternoon Of Darkness et Disgaea 2: Dark Hero Days, dans le genre, dont j’attends le plus grand bien…)

 

J’ai eu ma période frénétique Final Fantasy, puisque Square Enix a eu la bonne idée de rééditer les deux premiers opus sur la console portable de Sony. Hop, finis. Voilà pour les RPG classiques. Passons aux action-RPG, alors. Je me suis fait aussi le plus bourrin Crisis Core: Final Fantasy VII. Hop, fini. (Dans un tout autre registre, mais puisqu’on en parle, je me suis fait aussi l’excellent Dissidia Final Fantasy – hop, fini –, très bon jeu de baston que je ne saurais trop vous recommander.) Et puis, comme je m’entendais plutôt bien avec les jeux de Square Enix, j’ai tenté les Star Ocean… mais ça n’a pas pris. Trop bavard ; système de compétences trop complexe, sans véritablement d’explications ; histoire pas super intéressante ; mouébof, quoi…

 

Alors, un jour, en fouillant par hasard dans les jeux d’occasion d’une Fnac, je suis tombé sur un autre action-RPG dont le nom me disait très vaguement quelque chose, et dont la couverture était particulièrement hideuse : Tales Of Eternia. Comme c’était pas cher, j’ai pris la bête, et je m’y suis mis. Au début, j’y ai retrouvé un peu les mêmes défauts que dans Star Ocean, système de compétences trop complexe en moins, système de combat trop complexe et « déroutant » (car vu de côté) en plus (c’était avant que je ne découvre – joie, joie ! – qu’on pouvait automatiser les combats… et je ne m’en suis pas privé). Et puis, au fur et à mesure, la sauce a pris : une fois que j’ai automatisé les combats (donc), j’ai pu me concentrer sur les personnages, l’univers, l’histoire et les énigmes, et découvrir que, sous cette couverture moche, se cachait en fait un très bon action-RPG.

 

J’aime beaucoup l’univers, déjà : Eternia est un monde double, composé de deux sous-mondes qui se font face, Inferia et Celestia, séparés par le ciel et, en son centre, l’Anneau de Seyfert, le créateur de l’univers. Mais voilà que l’Anneau semble prendre une coloration étrange, comme si une matière noire l’envahissait…

 

Un beau jour, deux amis d’Inferia, le chasseur Reid et la jeune et intrépide Farah, observent le ciel dans les environs du petit village de Rasheans. Soudain, un curieux objet semblable à une météorite vient s’écraser dans la forêt non loin de là. Farah, n’en faisant qu’à sa tête comme d’habitude, se rend immédiatement sur place, n’écoutant pas les conseils de Reid qui l’appelle à la prudence. Il se lance alors à sa poursuite, et croise sur sa route un étrange petit animal à la fourrure bleue qui le guide sur les lieux de l’incident. Là, il retrouve son amie Farah, en compagnie d’une mystérieuse jeune fille parlant un langage inconnu, à côté d’une sorte de vaisseau spatial crashé… qui ne tarde pas à exploser. Les deux jeunes gens conduisent la jeune fille auprès de l’ancien du village, désireux de l’aider sans trop savoir comment. Mais alors que l’ancien parle des dangers qui pourraient survenir si l’étrangère restait au village, le mur de sa maison explose, et un homme menaçant parlant la même langue que l’inconnue l’attaque sans autre forme de procès. Farah et Reid se portent à son secours… et se retrouvent ainsi embarqués dans un long périple, qui les conduira à travers tout Inferia, jusqu’en Celestia, et même au cœur de l’Anneau de Seyfert. Parce que – vous l’aurez compris, j’imagine – il s’agira pour eux de sauver le monde, et rien de moins…

 

Les personnages, pour être très archétypaux, sont néanmoins attachants, l’humour omniprésent – encore que le pathos puisse être de la partie – n’y étant pas pour rien. On contrôle jusqu’à quatre personnages : généralement, il s'agit de ceux que l'on voit sur la couverture, et donc de Reid, le bourrin de service, qui évolue parallèlement à l’estoc et au tranchant ; Farah, artiste martiale évoluant parallèlement aux poings et aux pieds, mais aussi guérisseuse ; l’étrangère que l’on connaîtra bientôt sous le nom de Meredy, une magicienne ; et Keele, un autre magicien, ami d’enfance de Farah et Reid. Il peut y en avoir d’autres en cours de partie, mais je ne vais pas les révéler ici, histoire de ne pas spoiler, comme c’est qu’y disent les djeuns.

 

La magie, justement, parlons-en. En-dehors de quelques attaques de base qui ne coûtent rien, les attaques magiques, comme les attaques spéciales des guerriers et les « sorts » de guérison de Farah, coûtent des TP, des « points techniques », que l’on regagne au fil des combats. Mais la magie dépend en plus des Craymels présents dans la Cage C du personnage. Un Craymel est une sorte d’esprit élémentaire qui rejoint le groupe après avoir été battu par celui-ci ; il faut alors décider s’il rejoint la Cage C de Keele ou de Meredy (ce n’est pas une décision irréversible). Le magicien qui dispose d’un Craymel dispose de ses pouvoirs spéciaux, et, au bout d’un certain temps, de son attaque spéciale. En outre, quand il dispose de plusieurs Craymels, il peut combiner leurs pouvoirs pour obtenir de nouveaux sorts. Enfin, les Craymels placés dans les deux Cages C peuvent également interagir pour créer de nouveaux pouvoirs : c’est l’action « fringe ». Les magiciens ont des niveaux de compétence associés à chaque Craymel, qui les rendent plus ou moins puissants, et plus ou moins à même d’utiliser tel ou tel pouvoir.

 

Parlons maintenant un peu des principes de jeu : les personnages se déplacent sur une carte du monde, à pied ou en utilisant un moyen de locomotion, où ils peuvent faire des rencontres aléatoires. Tant qu’ils sont à l’extérieur, ils peuvent gratuitement dresser le camp pour regagner tous leurs points de vie (mais pas leurs TP), ce qui facilite considérablement le levelling (indispensable à l’occasion, mais j’y reviendrai…). À l’intérieur des villes, les personnages ne courent bien évidemment aucun danger, et peuvent faire leurs emplettes, etc. À l’intérieur des donjons, le plus souvent, les rencontres sont également aléatoires, mais il y a quelques exceptions. Il y a quelques endroits dans les donjons où il est possible de dresser le camp. Par contre, lorsque l’on fait une sauvegarde dans un donjon (mais seulement dans ce cas-là), lorsqu’on recharge le jeu, on est ramené au dernier « point de chargement rencontré » (c’est-à-dire généralement au début du donjon, parfois au campement, ou parfois juste avant le boss…). Les personnages peuvent bien sûr regagner points de vie et TP, en-dehors des sorts de Farah, en consommant des objets prévus pour cela, mais aussi en faisant de la cuisine ; mais, à cet effet, il leur faut d’abord apprendre des recettes, en trouvant les « Wonder Chefs » dissimulés un peu partout dans le jeu… La cuisine peut être automatisée.

 

Les combats, maintenant. Ils peuvent donc être automatisés, et je ne m’en suis pas privé (parce que ce n’était pas cet aspect du jeu qui m’intéressait…). Ils sont vus de côté, comme dans un beat’em all à l’ancienne. Les personnages peuvent faire front devant l’ennemi, ou être encerclés. On ne contrôle que le « premier joueur », mais il est possible de choisir duquel il s’agit ; quant aux autres, on peut leur donner des consignes assez précises concernant leur comportement au combat. Cela dit, leur intelligence artificielle n’est pas toujours très au point, et ils auront régulièrement tendance à faire de grosses conneries… Il peut donc être utile, dans certaines circonstances critiques, de reprendre le contrôle pour éviter à un personnage crucial de commettre sempiternellement la même erreur.

 

Quoi qu’il en soit, autant vous le dire de suite, le niveau de difficulté est assez corsé. Un peu de levelling est nécessaire, de temps à autre, pour pouvoir survivre aux donjons et plus encore aux boss, dont certains se révèlent particulièrement coriaces, dès les premières heures de jeu (voyez Ondine…). Il faut d’ailleurs – petit conseil – faire attention à ne pas vendre tout son équipement désuet à chaque fois, mais penser à garder les armes « élémentaires », qui seront d’une grande utilité tout au long du jeu… Pour le reste, certaines énigmes ou certains jeux de timing ne sont pas piqués des hannetons, et il est même quelques passages pour lesquels, très franchement, je ne vois tout simplement pas comment on peut s’en tirer sans soluce… Alors pour ma part je n’ai pas hésité, et si jamais vous vous retrouvez dans ma position, je vous conseille de faire de même, par exemple en vous rendant sur ce site très complet et très bien fait.

 

Dernier point à aborder : la réalisation. Et là je dois dire que, même si j’étais sceptique au départ, c’est du beau boulot. Les écrans des villes et des donjons sont corrects, mais, surtout, les combats sont magnifiques, tant les sorts et techniques spéciales enchaînent les effets spéciaux qui en foutent plein la vue. Une vraie réussite, qui exploite bien les possibilités de la PSP. Bon, attention, hein, c’est pas du God Of War, ça reste un action-RPG ; mais justement, pour le genre, c’était difficile de faire mieux.

 

 Au final, Tales Of Eternia s’est donc révélé une bonne surprise. Ce n’est pas le jeu du siècle, mais je me suis pris à l’histoire, et intéressé aux personnages, suffisamment pour m’accrocher jusqu’à la fin du jeu.

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"Silver Session For Jason Knuth", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Silver Session For Jason Knuth

 

Tracklist :

 

01 – Silver Panties

02 – Silver Breeze

03 – Silver Flower

04 – Silver Wax Lips

05 – Silver Loop

06 – Silver Shirt

07 – Silver Son

08 – Silver Mirror

 

(NB : Le digipack est argenté, ça passe très mal au scanner ; désolé…)

 

Aujourd’hui, c’est la fête de la musique. Comprenez que, comme chaque année, on va lui faire sa fête, la pauvre. Parquée un jour sur 365, comme une activité dégradante et carnavalesque, la voilà destinée à subir tous les outrages, sous les assauts perfides d’incompétents jouant devant un public de soiffards beuglants dans une ambiance de bacchanales évoquant plus le beaujolpif ou la victoire au mache de foute ou de ruby qu’une quelconque forme d’art, même joyeusement dégénérée. Soyons francs : depuis longtemps, la fête de la musique, déjà douteuse à l’origine, s’est assurément révélée sous sa face grotesque de monstre au mieux tristement commercial, au pire consternant de beauferie.

 

C’est dire si cet EP de Sonic Youth tombe à pic. Histoire de leur apprendre un peu, là, à tous ces glaireux, ce que c’est que la musique, merde. Et oui, je connardise dans l’élitisme si je veux. Et re-merde.

 

Parce que, pour ne pas faire pas partie des SYR, mais être (je crois) le seul SKR (pour « Sonic Knuth Records »), et donc ne pas adopter la maquette caractéristique des SYR, Silver Session For Jason Knuth fait clairement partie des albums expérimentaux de Sonic Youth. Il s’agit d’un EP d’une demi-heure environ, purement instrumental, oeuvrant dans une veine qu’on qualifiera d’ambient-industrielle à défaut de meilleur terme. On est donc bien loin des chansonnettes pop, pour le coup. Sans parler de la musique à danser.

 

Pour la petite histoire, l’album a été enregistré dans des conditions un peu particulières, un soir où Sonic Youth devait enregistrer des voix pour le (dans l’ensemble) très calme A Thousand Leaves. Le groupe qui jouait à l’étage au dessus faisait dans le metal surpuissant, et il était impossible pour les Sonic Youth de chanter correctement. Alors ils ont décidé de lutter à armes égales en poussant leurs amplis au maximum (ce qui n’est pas sans me rappeler une certaine histoire d’amplis à 11…), et en « jouant » ainsi, construisant un véritable mur du son et voyant quels sons de guitares ils pouvaient obtenir ; ils ont mixé l’album quelque temps plus tard avec quelques boucles, et cela a donné Silver Session.

 

Maintenant, pourquoi For Jason Knuth ? Eh bien, Jason Knuth était un fan de Sonic Youth ; à tel point que ses amis le surnommaient « Sonic Knuth ». Mais Jason Knuth s’est suicidé. Ses amis ont contacté Sonic Youth, ont expliqué la situation au groupe, qui a décidé de dédier cet EP à Jason Knuth, et d’en reverser une part des bénéfices à une association de prévention du suicide de San Francisco, la ville natale de « Sonic Knuth ».

 

Il me paraît difficile, et peut-être un peu vain, de chroniquer Silver Session For Jason Knuth piste par piste, mais bon, on va essayer, a minima. Sachant que l’album a été enregistré fort, et qu’il doit s’écouter fort.

 

Il s’ouvre sur « Silver Panties », qui donne le ton : une sorte de drone parcouru de larsens à faire pâlir Sunn O))), secoué de boucles vaguement industrielles instaurant un semblant de rythmique.

 

« Silver Breeze » reprend le drone, mais l’agite de parasites radio, tandis que les boucles se font plus présentes.

 

« Silver Flower », sur les mêmes bases, se montre à mon sens plus riche, en multipliant les nappes et les dissonances ; aussi est-ce une des pistes qui marque le plus, et parvient à acquérir une identité propre.

 

« Silver Wax Lips » sonne d’emblée différemment, les dissonances étant cette fois mises en avant, à l’instar des larsens ; il en résulte une puissante architecture sonore, qui inaugure un nouveau type de drone… qui s’achève cependant brutalement

 

« Silver Loop » repart sur un drone grave, agrémenté progressivement de quelques boucles industrielles, encore assez discrètes, malgré le titre du morceau. Des larsens baladeurs viennent de temps à autre parasiter l’ensemble, le son connaissant des chutes de tension.

 

« Silver Shirt », la plus longue piste, est aussi à mon sens la plus intéressante, car la plus ouvertement industrielle ; c’est celle où la rythmique se fait le plus sentir, quand bien même elle reste relativement discrète ; mais d’autres boucles viennent s’y superposer pour broder un complexe canevas indus du meilleur goût.

 

« Silver Son » est terriblement frustrant, car il commence extraordinairement bien, inaugurant un morceau divinement industriel : on sent venir un régal power noise… et puis ça s’arrête comme ça a commencé, bien trop tôt. Quel dommage ! Une occasion manquée…

 

Et l’album s’achève sur « Silver Mirror », que je suppose, vu son titre et certains effets, d’être une reprise à l’envers de certains enregistrements. En tout cas, que je me trompe ou pas, ça passe très bien.

 

 Silver Session For Jason Knuth n’est certes pas un EP à conseiller à tout le monde, ni même au fan moyen de Sonic Youth. Mais, dans le registre ambient-industriel, il est tout à fait intéressant. Pour ma part, je ne peux que m’avouer comblé par cette acquisition. À bon entendeur...

 

Prochaine étape : Sonic Nurse.

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"A Thousand Leaves", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, A Thousand Leaves

 

Tracklist :

 

01 – Contre le sexisme

02 – Sunday

03 – Female Mechanic Now On Duty

04 – Wild Flower Soul

05 – Hoarfrost

06 – French Tickler

07 – Hits Of Sunshine (For Allen Ginsberg)

08 – Karen Koltrane

09 – The Ineffable Me

10 – Snare, Girl

11 – Heather Angel

 

Sonic Youth, dixième album, après (...) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation, Goo, Dirty, Experimental Jet Set, Trash And No Star et Washing Machine (...). Sachant que c’est la dernière fois que je vais faire ce genre d’énumérations, pour la bonne et simple raison qu’il va commencer à y avoir de sérieux trous dans ma rétrospective. En fait, il y en a déjà, puisqu’il me manque un certain nombre de compilations et d’EP et, plus gênant, de SYR ; mais, surtout, vont me manquer les deux albums suivants, NYC Ghosts & Flowers (dont j’ai un souvenir pas terrible…) et Murray Street (que je n’ai jamais écouté…). Bon, bref, on n’en est pas encore là. Pour le moment, on a à faire avec A Thousand Leaves, long album dans la continuité de Washing Machine, puisqu’il pratique volontiers le morceau dilaté : quatre pistes font plus de sept minutes, une plus de dix, l’album en fait 74 en tout… De plus, là encore, Kim Gordon tient souvent la guitare, laissant parfois le morceau sans basse.

 

Commençons donc avec « Contre le sexisme », intro vaguement psychédélique-industrielle et bien cramée du bulbe. Pas grand chose à en dire, ce n’est pas vraiment ce que le groupe a fait de plus intéressant…

 

Il en va tout autrement de l’excellent « Sunday », très chouette morceau de noisy pop d’une efficacité redoutable. Pour la peine, en plus du clip (starring – oh mon dieu – Macaulay Culkin), je vous en rajoute une version live à Nulle part ailleurs qui dépote particulièrement, trouvé-je (présentation vaguement ridicule du groupe inside).

 

Suit « Female Mechanic Now On Duty », premier long morceau de l’album. Un titre assez lent, tantôt noisy, tantôt mélodieux, soufflant le chaud et le froid avec plus ou moins d’adresse. On n’est tout de même pas là devant ce que l’album recèle de plus intéressant, même s’il y a de beaux moments.

 

On y préfèrera, par exemple, et plus long encore, le très bon et très planant « Wild Flower Soul » qui suit immédiatement. Un bel exercice de pop psychédélique parfaitement maîtrisée.

 

« Hoarfrost », ensuite, est une jolie ballade de Lee Ranaldo. Pas transcendant, mais ça s’écoute bien.

 

On fait dans le nettement moins distingué avec le « French Tickler » de Kim Gordon, mais ça n’en est pas moins un morceau très efficace, et qui rentre dans le crâne – si j’ose dire – instantanément. Très réussi.

 

On joue dans un tout autre registre avec le plus long morceau de l’album, « Hits Of Sunshine (For Allen Ginsberg) » (dont je n’ai pu récupérer que les dix premières minutes, sans surprise… il en manque donc une). Le poète beat se voit offrir un morceau très référencé, psychédélique à l’ancienne, ce qui n’est pas pour me déplaire. Répétitif, oui, tout en sobriété, très tripant. Un des grands moments de l’album.

 

Suit un autre très beau morceau long, l’excellent « Karen Koltrane » (dont je n’ai hélas pu trouver que cette version live au son un peu naze…). Très planant à nouveau, mais plus orienté noisy, limite indus par moments. Probablement mon morceau préféré de l’album.

 

On abandonne ensuite les morceaux longs pour revenir à un format plus traditionnel, tout d’abord avec « The Ineffable Me », sur lequel Kim Gordon s’énerve un tantinet. Un morceau noisy pop correct, sans rien d’exceptionnel cela dit.

 

« Snare, Girl » retourne à une douceur décidément caractéristique de l’album. Un morceau sucré, assez agréable, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.

 

Quant à « Heather Angel »… eh bien, après un début très conventionnel, voire pink-floydien, et tout à fait correct, il faut bien dire ce qui est : ça vire dans le nawak total. Sans grand intérêt.

 

Au final, A Thousand Leaves laisse l’impression d’un bon album, mais peut-être un peu trop long et un peu trop calme pour pleinement satisfaire l’amateur de Sonic Youth. Il contient quand même quelques très beaux moments, qui en justifient amplement l’achat pour le fan.

 

Suite des opérations, dans un registre complètement différent : Silver Session For Jason Knuth.

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"Washing Machine", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Washing Machine

 

Tracklist :

 

01 – Becuz

02 – Junkie’s Promise

03 – Saucer-Like

04 – Washing Machine

05 – Unwind

06 – Little Trouble Girl

07 – No Queen Blues

08 – Panty Lies

09 – [« Untitled » = Becuz Coda]

10 – Skip Tracer

11 – The Diamond Sea

 

Sonic Youth, neuvième album, après (inspiration) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation, Goo, Dirty et  Experimental Jet Set, Trash And No Star (ouf). Un album qui marque un tournant dans la carrière du groupe, dans la mesure où, même s’il revient en partie à ses premières amours dissonantes après un Experimental Jet Set, Trash And No Star en demi-teinte, on le voit, pour la première fois depuis Daydream Nation, s’y essayer régulièrement à des morceaux longs, voire très longs. Pas un hasard, sans doute, si c’est entre cet album et le suivant A Thousand Leaves que Sonic Youth s’est lancé dans l’entreprise des SYR (Sonic Youth Records), disques expérimentaux souvent composés de longues pistes instrumentales sortis sur leur propre label. Ici, nous en avons seulement deux (en fait trois, mais voir plus bas) représentants, mais ils sont de la plus belle eau, l’un d’entre eux étant même à mon sens un des tout meilleurs titres de Sonic Youth. Et l’album dans son ensemble, plus dissonant et sauvage que le précédent – impression peut-être renforcée par le fait que Kim Gordon y tient régulièrement la guitare, laissant parfois le morceau sans basse –, me paraît aussi bien plus intéressant (mais cela n’engage que moi…).

 

Mais décortiquons, décortiquons. L’album s’ouvre sur « Becuz », à l’origine un des « morceaux longs » de l’album, mais qui a été coupé en deux par Geffen ; nous n’en avons donc que la première partie ici, la fin ayant été reléguée à la piste 9, non indiquée dans la tracklist, du coup désignée « Untitled » quand on glisse la galette dans un lecteur, mais qui s’intitule bel et bien en fait « Becuz Coda ». Quoi qu’il en soit, ce « Becuz » première partie est déjà une belle réussite de noisy pop vrillant le crâne avec un indéniable talent. Une très belle entrée en matière… dont on comprend du coup un peu mieux la fin abrupte.

 

« Junkie’s Promise », également assez bruyant, même si toujours très pop, fonctionne également assez bien, et rentre bien dans le crâne. Comme souvent chez Sonic Youth, il nous vaut une chouette partie instrumentale à partir du milieu du morceau, qui accentue rythme et bruit pour le meilleur.

 

« Saucer-Like » est plus gentiment pop, mais non moins intéressant, et la dissonance est toujours au rendez-vous. Pas mal du tout.

 

Mais c’est avec la suite que l’album, de bon qu’il était jusqu’à présent, commence à décoller vers l’excellence : devant la coupure de « Becuz », c’est en effet « Washing Machine » qui inaugure les morceaux longs sur l’album (n’ayant pas trouvé de vidéo complète de ce titre de près de dix minutes, je vous en mets par exception une version live). Le morceau est d’abord typique d’une noisy pop efficace mais relativement classique, avant de virer dans la seconde partie qui en fait tout l’intérêt, planante à souhait, et looooooooooongue, Dieu que c’est boooooooooon rhaaaa j’en fous partout merci Sonic Youth merci.

 

Suit « Unwind », qui nous ramène sur des territoires pop plus familiers. Une belle pièce à la mélodie douce et agréable, suivie par une partie instrumentale à l’avenant, quand bien même un chouia plus nerveuse, comme de bien entendu. Très bon.

 

Après quoi l’on a droit à une sucrerie un brin déstabilisante mais finalement très sympathique, le single « Little Trouble Girl », avec en guise d’invitée l’inimitable Kim Deal (Pixies, The Breeders, The Amps…). Un morceau à l’ambiance étrange (sans parler du clip SF old-school…), mi mièvre, mi glauque. Mais le fait est que ça rentre dans le crâne avec une facilité déconcertante. Une réussite, là encore.

 

« No Queen Blues », une fois n’est pas coutume, n’a pas grand chose de bluesy, mais, dans le registre noisy pop, se pose là. Refrain très efficace, notamment. Et du bruit pour finir : cool !

 

« Panty Lies », bien que guère bruyante, a la réputation d’être une des chansons les plus dissonantes de Sonic Youth. Peut-être, je ne saurais trop le dire ; en tout cas, ça passe très bien. Rien d’exceptionnel, mais c’est pas mal.

 

Suit la fameuse piste « oubliée », qui est donc l’instrumental « Becuz Coda » ; on reconnaît effectivement le thème de « Becuz », dans une variante plus calme. Le morceau, du coup assez court (…), est assez planant, et s’écoute bien.

 

Puis on passe à la pop hystérique de « Skip Tracer », où Lee Ranaldo semble complètement jeté. Un bon morceau.

 

Mais là… Là, on en arrive à la merveille. « The Diamond Sea » fait, dans cette version, pas loin de vingt minutes (on en trouve une version éditée qui fut le premier single de l’album, mais aussi une version plus longue, d’environ 25 minutes, sur The Destroyed Room ; pour ma part, je ne peux pas faire mieux que ces pauvres huit minutes, désolé…) [EDIT : on n'est jamais mieux servi que par soi-même, hein]. Un superbe morceau pop, qui dérive progressivement, mais avec bonheur, sur une sorte de mélange à la fois harmonieux et dissonant (si) entre du bon Pink Floyd et une sorte de drone. L’album vaut le coup rien que pour ces vingt minutes de pur bonheur semi cacophonique. C’est là, bien sûr, ZE morceau de l’album, mais aussi un des meilleurs morceaux de Sonic Youth tout court (enfin, « court »… façon de parler, hein…).

 

Washing Machine est donc bien un excellent album, riche de morceaux variés et de deux perles longues, dont une justifie à elle seule l’achat de l’album. Là, c’est dit. Après le (relativement) décevant à mes oreilles Experimental Jet Set, Trash And No Star, Sonic Youth montre qu’il en a encore dans le ventre, et c’est tant mieux. Ouf.

 

Suite des opérations : A Thousand Leaves.

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"Experimental Jet Set, Trash And No Star", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Experimental Jet Set, Trash And No Star

 

Tracklist :

 

01 – Winner’s Blues

02 – Bull In The Heather

03 – Starfield Road

04 – Skink

05 – Screaming Skull

06 – Self-Obsessed And Sexxee

07 – Bone

08 – Androgynous Mind

09 – Quest For The Cup

10 – Waist

11 – Doctor’s Orders

12 – Tokyo Eye

13 – In The Mind Of The Bourgeois Reader

14 – Sweet Shine / [Untitled ghost track]

 

Sonic Youth, huitième album, après (pfff...) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation, Goo et Dirty. Si Butch Vig est toujours aux manettes, le groupe n’en abandonne pas moins l’orientation « gros son » du précédent album, pour livrer un disque cette fois bien plus reposé et mélodieux. Moins « commercial » ? À voir, puisqu’il se vend mieux : en fait, jusqu’à la sortie récente de The Eternal, Experimental Jet Set, Trash And No Star est l’album de Sonic Youth qui s’est le mieux placé dans les charts américains (34e, contre 89e pour Dirty ; The Eternal sera 18e). C’est d’autant plus surprenant que l’album n’a pas pu bénéficier d’une importante tournée promotionnelle, Kim Gordon étant enceinte, et n’a connu qu’un seul single, certes à gros succès, « Bull In The Heather »… Pour ma part, j’aurais en fait un peu envie de qualifier cet album de « plus commercial », car moins bruitiste, mais bon… affaire de point de vue, j’imagine. Le mieux sera donc de vous laisser juger vous-mêmes.

 

Décortiquons donc la bête, faite, comme son illustre prédécesseur, de morceaux courts dans l’ensemble. On commence avec « Winner’s Blues », qui n’est que plus ou moins bluesy, mais en tout cas pas du tout saturé (blasphème !). Une intro, et rien de plus à en dire…

 

Vient ensuite le gros carton de l’album, le tubesque (et tubé) « Bull In The Heather » (on admirera dans la vidéo Kathleen Hanna de Bikini Kill et Le Tigre en train de faire nawak) : très pop, peu noisy, mais très efficace. Rien d’étonnant à ce que cet unique single ait très bien marché, donc.

 

« Starfield Road » introduit enfin un peu de bruit dans l’album, même si, passée la chouette introduction, ce n’est plus qu’en fond. Pour le reste, ce n’est qu’un morceau de pop assez court, sympathique, sans plus.

 

« Skink » joue plus encore la carte de la pop mélodieuse, avec une certaine réussite. C’est pas mal, mais on s’ennuie un peu.

 

« Screaming Skull », un poil plus noisy, évoque les jours heureux où le groupe était signé sur des labels indépendants ; effectivement, c’était autre chose… Allez, pas mal.

 

« Self-Obsessed And Sexxee » était prévu à l’origine pour devenir le second single de l’album, mais cela ne fut finalement pas le cas. Un morceau très (trop ?) pop à nouveau, sans grand chose de dissonant (sauf sur la conclusion, comme pour le principe). Ça s’écoute, cela dit, mais sans grande passion.

 

Après quoi l’on passe à « Bone », qui s’énerve et dévie davantage dans un premier temps, ce qui fait du bien. La partie chantée (par Kim Gordon) retrouve le calme, puis le bruit revient, ouf. Un bon morceau.

 

Suit « Androgynous Mind » qui sait se montrer assez nerveux pour retenir l’attention, avec son pied martelant le morceau, son chant hystérique et ses dissonances en fond. Le niveau remonte enfin, et c’est pas plus mal.

 

« Quest For The Cup » joue d’emblée la carte de la syncope et de la dissonance, comme une confirmation… avant d’enchaîner et de se conclure sur une partie plus bluesy. Bizarre.

 

On y préférera sans doute « Waist », plus classique peut-être, mais aussi plus efficace. Un morceau vaguement dissonant, assez répétitif, clairement orienté punk. Sympa, en somme.

 

« Doctor’s Orders » est ensuite un morceau pop (vaguement « grunge » ?) d’assez belle facture. Jolie partie instrumentale à partir du milieu du morceau, assez planante.

 

« Tokyo Eye », ensuite, est clairement un de mes morceaux préférés de l’album, voire mon morceau préféré tout court. Il est assez original, et a un vague côté industriel (à la Einstürzende Neubauten, peut-être ?) qui n’est bien entendu pas pour me déplaire. Mais il sait en outre jouer tant sur l’ambiance que sur le bruit, pour un résultat tout à fait convaincant. C’est – enfin ! – le grand morceau que j’attendais depuis « Bull In The Heather ».

 

« In The Mind Of The Bourgeois Reader » est quant à lui un morceau orienté punk, assez réussi. Mouais, allez, sympathique.

 

Et l’album de se conclure sur une douceur avec « Sweet Shine » (suivi d’une « ghost track » de bruit…). C’est mignon, intéressant quand ça s’agite un poil plus sur le refrain, mais pas passionnant pour autant.

 

Un peu comme l’ensemble de cet album, en fait, dont le succès me paraît un peu démesuré. Je ne le qualifierai pas forcément de mauvais, non, mais je trouve qu’il ne fait pas le poids face à ceux qui l’entourent. Je lui préfère largement les soi-disant albums plus « commerciaux » que seraient Goo et Dirty, mais aussi l’album suivant, Washing Machine, qui verra le groupe, d’un côté revenir à ses amours dissonantes, de l’autre expérimenter à nouveau en faisant dans le morceau long, plus encore que sur Daydream Nation. En comparaison, ce Experimental Jet Set, Trash And No Star me paraît bien fade, inégal, et pour ainsi dire un peu médiocre…

 

 Suite des opérations avec Washing Machine, donc.

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"Simulacron 3", de Daniel F. Galouye

Publié le par Nébal

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GALOUYE (Daniel F.), Simulacron 3, [Simulacron 3], traduit de l’américain par Frank Straschitz, traduction révisée par Julie Pujos, Paris, Gallimard, coll. Folio Science-fiction, [1964] 2010, 260 p.

 

Hop, ma chro est à lire (ou pas) sur le beau site du Cafard Cosmique.

CITRIQ

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"Dirty", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Dirty

 

Tracklist :

 

01 – 100%

02 – Swimsuit Issue

03 – Theresa’s Sound-world

04 – Drunken Butterfly

05 – Shoot

06 – Wish Fulfillment

07 – Sugar Kane

08 – Orange Rolls, Angel’s Spit

09 – Youth Against Fascism

10 – Nic Fit

11 – On The Strip

12 – Chapel Hill

13 – JC

14 – Purr

15 – Créme Brûlèe

 

Sonic Youth, septième album, Dirty, après (la liste commence à devenir longue…) Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister, Daydream Nation et Goo. Comme je l’avais expliqué en traitant de ce dernier, j’ai pour ma part découvert Sonic Youth avec Goo et Dirty, deux excellents albums mais parfois un peu boudés par les puristes parce que supposés plus « commerciaux » que les autres. C’est particulièrement vrai de celui-ci, sorti en pleine vague grunge… et avec Butch Vig à la production, lui qui s’était illustré notamment sur le Nevermind de Nirvana, également chez Geffen, qui a beaucoup investi sur Dirty dans l’espoir (déçu…) d’en faire un second gros carton.

 

Thurston Moore lui-même aurait accrédité l’idée selon laquelle cet album aurait connu quelques détours commerciaux, chose qui m’a toujours paru pour le moins surprenante. La composition ne me paraît pas plus « commerciale » sur cet album que sur les précédents, en tout cas. Seule concession, peut-être, des morceaux plus courts ? Ou alors est-ce le son ? Certes, il est différent. Il est gros, surtout, et sonne presque « metal » à l’occasion ; pour ma part, je trouve que Butch Vig et Andy Wallace ont fait de l’excellent travail, mais peut-être est-ce là qu’il faut chercher ce que regrette Thurston Moore ? À vrai dire, je n’en sais rien… et je m’en balance un peu. Quelles que soient les opinions des fans comme celles des membres du groupe, il n’en reste pas moins qu’à mes oreilles, Dirty, qui est un des premiers albums de Sonic Youth que j’ai eu le bonheur d’écouter, reste aussi un des meilleurs, après plusieurs centaines d’écoutes.

 

Décortiquons donc la bête. On attaque en force avec le premier single, que je ne qualifierai guère de « commercial » (et qui fut d’ailleurs un échec), « 100% », avec sa guitare dissonante en permanence (un trait assez caractéristique de l’album). On se prend en tout cas en pleine face le « nouveau » son de Sonic Youth concocté par Vig et Wallace ; et perso, j’aime bien…

 

« Swimsuit Issue » est ensuite un morceau particulièrement énervé, où, là encore, on se prend du gros son en pleine face. Ça se calme sur la fin, mais n’en est pas moins très bon.

 

Suit une pure merveille, à mon sens un des meilleurs morceaux de Sonic Youth tous albums confondus, le splendide « Theresa’s Sound-world » (NB : on s’en cogne de la vidéo ; on ferme les yeux, et on s’abandonne), aux atmosphères d’une richesse incroyable. Fureur et mélodie s’y mêlent avec un bonheur inconcevable, dans de subits jaillissements d’adrénaline. Une pure merveille, vous dis-je. Ne serait-ce que pour ce morceau, cet album prétendument « commercial » vaut le détour.

 

Changement radical de registre avec « Drunken Butterfly », un morceau qui sonne presque metal, avec son riff plombé. Mais c’est que c’est pas mal du tout, quand même. Faut dire, Kim Gordon qui dit « I love you », ça fait son effet… Un single teigneux et mal élevé, très efficace.

 

Le chaloupé « Shoot » surprend de la part de Sonic Youth, que l’on n’attendait pas vraiment dans ce registre, mais reste tout à fait fréquentable. Kim Gordon chante comme une casserole, mais c’est tant mieux, et l’ambiance est bien vue.

 

« Wish Fulfillment » est plus dans la norme sonic-youthienne. Un morceau plutôt pop, mais qui sait s’énerver, et se montre tout à fait convaincant.

 

Suit « Sugar Kane », un excellent single, une pop brillante, à l’écriture finement ciselée et au refrain imparable. Le morceau comprend en outre une très belle partie instrumentale, avec une riche montée comme on les aime. Très bon, y’a pas.

 

« Orange Rolls, Angel’s Spit » : Kim Gordon n’est vraiment pas contente, et nous le fait savoir. Ouh putain ! On ne l’avait jamais entendu aussi rageuse. Mais le résultat est un morceau, bœuf certes, mais très bon surtout. Excellente partie instrumentale là encore, avant une reprise du, euh, du « chant » plus furax que jamais.

 

« Youth Against Fascism », avec Ian MacKaye de Fugazi en invité, fut choisi pour être le deuxième single de l’album : la drôle d’idée ! Parce que ce morceau ultra dissonant et répétitif n’est pas vraiment ce que l’on peut concevoir de plus « commercial »… Quoi qu’il en soit, ça passe plutôt bien.

 

« Nic Fit » est ensuite un très bref morceau punk hardcore, une reprise des Untouchables. Rigolo (avec un son de chiottes), et je ne crois pas que ça prétende à autre chose…

 

« On The Strip » a certainement plus d’ambitions. Un bon morceau de pop vaguement (d’abord, puis moins vaguement) noisy, assez hypnotique et planant. Une réussite, en somme.

 

On passe alors à « Chapel Hill », largement axé pop lui aussi. Refrain très efficace. On notera une jolie partie instrumentale avec une belle montée à mi-parcours environ.

 

Suit l’excellent et très planant « JC », la (les) voix de Kim Gordon venant se poser sur un fond relativement bruitiste avec bonheur, pour un résultat envoûtant et qui a quelque chose de triomphal, presque d’un hymne. Du beau boulot.

 

« Purr » se montre bien plus léger, sous ses dehors de pop énergique, avec un petit quelque chose d’anglais. Hors la partie instrumentale, bien entendu…

 

Ne reste plus que le, euh, « troublant » « Créme Brûlèe » (en mauvais français dans le texte), petit délire d’abord à base de sirènes et de hurlements, puis simili-ballade sans grand intérêt. Une petite blague pour conclure l’album, en somme.

 

N’empêche que. Cet album, moi, je l’aime. En dépit de tout ce qu’on pourra en dire. Avec « Theresa’s Sound-world », il contient un des meilleurs morceaux de Sonic Youth ; pour le reste, il est bien plus qu’honorable, et ne me paraît en rien plus « commercial » que ceux qui précèdent. Alors pourquoi bouder son plaisir ? Dirty, c’est bon, mangez-en.

 

 Suite des opérations : Experimental Jet Set, Trash And No Star.

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"Goo", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Goo

 

Tracklist :

 

01 – Dirty Boots

02 – Tunic (Song For Karen)

03 – Mary-Christ

04 – Kool Thing

05 – Mote

06 – My Friend Goo

07 – Disappearer

08 – Mildred Pierce

09 – Cinderella’s Big Score

10 – Scooter + Jinx

11 – Titanium Exposé

 

Avec Goo, le sixième album de Sonic Youth après Confusion Is Sex, Bad Moon Rising, EVOL, Sister et Daydream Nation, on atteint une phase de l’histoire du groupe très particulière en ce qui me concerne. C’est en effet avec Goo et l’album suivant Dirty que j’ai découvert Sonic Youth, vers treize, quatorze ans, et ne m’en suis jamais remis. Aussi ces deux albums ont-ils une importance spéciale dans mon cœur, et figurent-ils bien parmi mes favoris du groupe. Peu m’importent les dénégations un tantinet snob de ceux qui viennent se plaindre de ce que le groupe, en signant alors chez Geffen et en « profitant » de la vague grunge, ait réalisé ses plus gros succès commerciaux : inutile de se pincer le nez, en ce qui me concerne en tout cas, Sonic Youth n’a pas mis de l’eau dans son vin sur Goo et Dirty. Ce sont simplement des albums qui se sont retrouvés incroyablement en phase avec leur époque.

 

Goo, en particulier, premier album du groupe chez Geffen donc, m’a toujours fait l’effet d’une petite merveille, bien plus flagrante qu’un Daydream Nation. Les morceaux géniaux s’enchaînent les uns après les autres, comme on aura l’occasion de le voir, dans une parfaite unité de ton et de son qui en fait bien à mes oreilles une des plus grandes réussites du groupe.

 

On notera au passage qu’en 1991 est sortie une vidéo reprenant l’intégralité des titres de l’album, ce qui explique qu’il existe un clip pour chacun d’entre eux. Je n’ai toutefois pas toujours retenu ce dernier dans les liens qui vont suivre, soit que je ne l’ai pas trouvé (…), soit que le son était vraiment trop naze pour que l’on puisse apprécier le morceau…

 

L’album s’ouvre sur l’excellent « Dirty Boots », dont l’amusante vidéo taquine la vague grunge. Le morceau, en tout cas, est un modèle d’écriture et d’efficacité, qui joue aux montagnes russes avec un talent inégalé pour les montées tout en finesse.

 

Suit une pure merveille, incontestablement un des meilleurs morceaux de Sonic Youth, tous albums confondus : « Tunic (Song For Karen) », dédié à Karen Carpenter, batteuse et chanteuse morte d’anorexie. Là encore un modèle d’écriture, et la voix de Kim Gordon par-dessus est riche d’émotions. Un bijou, une des plus grandes réussites du groupe.

 

Après quoi, avec « Mary-Christ », on change radicalement d’atmosphère : une petite pochade complètement débile et rigolote à souhait. Certes pas du grand Sonic Youth, mais on s’amuse bien… On notera que le morceau se finit étrangement sur une amorce de « Kool Thing », semble-t-il parce que les deux titres étaient à l’origine destinés à être enchaînés, mais que la prise originelle n’a pas été conservée…

 

« Kool Thing », donc, single avec en guest star Chuck D de Public Enemy. Un morceau efficace et bien écrit, avec une basse qui sait groover si nécessaire. Pas le sommet de l’album, cela dit, même si ça rentre dans le crâne avec une facilité déconcertante.

 

J’y préfère largement le morceau suivant, le plus long de l’album, « Mote », chanté par Lee Ranaldo, qui figure lui aussi à mon sens parmi les meilleurs compositions du groupe tous albums confondus. Tout d’abord un superbe morceau pop avec une sempiternelle guitare dissonante en fond et un refrain d’une grande efficacité, le morceau, déjà génial comme ça, s’achève en outre sur un merveilleux finale ambient-noise garantissant plusieurs minutes de bonheur cacophonique inégalé. Pas exactement ce que j’appelle du commerce, moi. Mais du grand art, bien.

 

Changement de registre avec « My Friend Goo », morceau autrement court et largement plus débile. Sympa, rentre-dans-le-crâne, mais rien d’exceptionnel.

 

On y préférera « Disappearer », à nouveau chanté par Lee Ranaldo, beau morceau pop aux superbes passages instrumentaux qui contient en outre une très belle montée, digne de figurer dans les anthologies. Très bon.

 

« Mildred Pierce » tient à bien des égards de la sale blague. Ce morceau qui commence comme une power pop tout ce qu’il y a de correct (si ce n’est d’original…) s’achève dans un joyeux bordel quasi grindcore, et hop, fini. Aha.

 

Et l’on passe à « Cinderella’s Big Score », bien plus sérieux et subtil dans sa composition. Du concentré de Sonic Youth, pas forcément grand chose de plus à dire sur ce morceau très sympathique, sans être transcendant.

 

Pas grand chose non plus à dire sur « Scooter + Jinx », dont le titre est assez éloquent en soi : du bruit…

 

Et l’album de s’achever sur « Titanium Exposé » : un morceau hésitant entre sérieux et blague, assez difficile à saisir du coup. C’est assez bon, mais sans vraiment marquer les esprits ; on est en tout cas loin des sommets de l’album tels que « Tunic (Song For Karen) » et « Mote ».

 

Mais le bilan est clair : n’en déplaise aux esprits chagrins, je préfère pour ma part largement Goo à Daydream Nation ; et cet album par lequel j’ai découvert Sonic Youth, après des centaines d'écoutes, reste encore aujourd’hui un de ceux que je préfère du groupe sur l’ensemble de sa longue carrière.

 

 Et, autant le dire de suite, il en va de même pour Dirty, notre prochaine étape dans cette rétrospective Sonic Youth.

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"Sonic Death. Sonic Youth Live, Early Sonic", de Sonic Youth

Publié le par Nébal

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SONIC YOUTH, Sonic Death. Sonic Youth Live, Early Sonic

 

Tracklist :

 

01 – Sides 1 & 2

 

Attention, album difficile en vue. Sonic Death est une vraie bizarrerie, qui n’est pas forcément à sa place ici, et qui, à vue de nez, ressemble plus à un pirate qu’à un album officiel. Mais c’en est pourtant bel et bien un… Il s’agit en fait à l’origine d’un enregistrement sur cassette diffusé en 1984, donc entre Kill Yr. Idols et Bad Moon Rising, par Thurston Moore sur son label Ecstatic Peace!, et contenant des enregistrements live de Sonic Youth entre 1981 et 1983, donc dans les toutes premières années du groupe, couvrant la période allant d’avant les enregistrements à Kill Yr. Idols en passant par Sonic Youth et Confusion Is Sex. Pourquoi n’en ai-je donc pas parlé après Confusion Is Sex et avant Bad Moon Rising ? À bien des égards, on aurait pu y voir la solution la plus logique. Seulement voilà : la cassette originale a été rééditée sous la forme d’un CD sur les labels SST et Blast First, et c’est de cette version dont je dispose (elle serait paraît-il épuisée ?) ; or celle-ci est sortie entre Daydream Nation et Goo. C’est pourquoi j’ai préféré respecter la chronologie des versions dont je dispose, et ne traiter de Sonic Death que maintenant, quand bien même cela nous impose de faire un retour en arrière.

 

Mais quel retour en arrière, et dans quelles conditions ! Le CD ne contient en effet qu’une seule piste de plus d’une heure, sobrement titrée « Sides 1 & 2 », sans aucune autre sorte d’indication. Le son, avouons-le d’emblée, est franchement pourrave, les morceaux à l’intérieur de la piste sont coupés n’importe comment, le groupe n’est même pas accordé, bref : c’est du grand n’importe quoi…

 

On peut néanmoins tenter de dresser une liste des éléments – fragmentaires – dont est composée cette unique piste (merci Wikipédouille) :

-         « The Good And The Bad » (0:00 – 5:05) ;

-         « She Is Not Alone (7:16 – 10:31) ;

-         « The Good And The Bad » (12:21 – 17:02) ;

-         « The World Looks Red » (17:02 – 19:15) ;

-         « Confusion Is Next » (20:26 – 23:44) ;

-         « Inhuman » (23:44 – 25:16) ;

-         « Shaking Hell » (29:29 – 30:20) ;

-         « Burning Spear » (30:21 – 33:39) ;

-         « Brother James » (40:05 – 40:23) ;

-         « Early American » (40:23 – 47:31) ;

-         « Burning Spear » (47:32 – 48:43) ;

-         « Kill Yr. Idols » (48:44 – 51:35) ;

-         « Confusion Is Next » (51:36 – 53:05) ;

-         « Kill Yr. Idols » (56:18 – 57:03) ;

-         « Shaking Hell » (58:45 – 60:20) ;

-         « (She’s In A) Bad Mood » (62:46 – 63:40).

 

Sur cette base, le groupe se livre à un véritable foutoir difficilement descriptible. Si vous avez trouvé Confusion Is Sex rude, sachez que Sonic Death, c’est pire : la No Wave dans toute sa splendeur, sans concession, impitoyable, fascinante de brutalité et d’austérité.

 

Mais le mieux est encore de vous en donner quelques extraits. Voyez (enfin, écoutez, plutôt…) par exemple ce bref passage « non identifié », en sachant que là, ils s’appliquent.

 

Plus parlante, sans doute, cette version de « The Good And The Bad » (la seconde de la liste, pas l’excellente introduction), qui en dit long sur la qualité de l’enregistrement, mais reste néanmoins tout à fait intéressante.

 

Des fois, on vire dans le délire le plus total, comme en témoigne cette version accélérée de « The World Looks Red ». Rigolo, mais, euh…

 

Un autre fragment non identifié pour la peine, tiens, histoire de revenir dans le glauque de la plus belle eau. Le son est pourri, et pourtant ça sonne bien. Remarquable.

 

Un petit coup de « Confusion Is Next », avec l’enregistrement qui fait n’importe quoi au début, pour le principe. C’est néanmoins très bon par la suite, malgré, là encore, un son de chiottes. On notera en particulier le finale dantesque et braillard.

 

Autre grand moment, « Burning Spear » (avec en introduction un animateur radio français qui me fait bougrement penser à Bernard Lenoir... ?). Le son est toujours aussi naze, mais la musique toujours aussi efficace.

 

Et on finira ce tour d’horizon sur une dernière piste non identifiée… à moins, vue la durée et la situation sur l’album, qu’il ne faille y voir « Early American » ? M’enfin bon, c’est quand même essentiellement du bruit. Avis aux amateurs.

 

 Le bilan est donc assez clair : pour qui aime ou a fortiori adore Confusion Is Sex (quelqu’un comme moi, par exemple), Sonic Death est tout bonnement indispensable, ne serait-ce qu’à titre documentaire. Mais si vous êtes ne serait-ce qu’un tantinet rebutés par la période No Wave de Sonic Youth, fuyez, pauvres fous, fuyez ce disque insensé, cet objet sonore non identifié, cette galette sonique fatale grave. Parce que vous n’en sortiriez pas vivants… Un disque collector, on va dire, pour fans hardcore uniquement.

 

Prochain épisode : l'excellentissime Goo. Rien à voir ou peu s'en faut.

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