"L'Histoire de France pour ceux qui n'aiment pas ça", de Catherine Dufour
DUFOUR (Catherine), L’Histoire de France pour ceux qui n’aiment pas ça, Paris, Fayard – Mille et une nuits, 2012, 301 p.
Qu’on ne se méprenne pas en raison de ce titre fâcheux : Nébal aime l’histoire de France ; même qu’il adore ça. Seulement il aime aussi Catherine Dufour, sa plume et sa verve (zob, c’est bien écrit). Impossible donc de passer à côté de cet ouvrage (au passage, c’est la première fois que je vois un Mille et une nuits en grand format).
Une croisière. On embarque avec le capitaine Dufour pour un voyage de 2000 ans (dates arbitraires), tout au long de l’histoire de notre pays. Bien sûr, en fonction des époques, les sources sont plus ou moins abondantes, ce qui explique quelques passages en accéléré, tandis que d’autres émanent de la volonté de l’auteur (qui le rappelle : elle n’est pas une historienne, seulement une amateur de livres d’histoire ; mais son livre « a été relu et approuvé par un véritable historien »).
Un bien beau voyage, même s’il ne fait pas toujours bon accoster auprès de nos ancêtres : famine, peste, guerre en dissuadent souvent. Mais il est un point important à noter, ici, et qui, dans un sens, fait de l’ouvrage de Catherine Dufour un livre d’histoire assez « tradtionnel » : c’est que, dans une large mesure (et là encore les sources ont leur mot à dire), l’histoire de France se confond ici avec celle de ses rois. Approche éminement critiquable, mais très classique.
On suit donc toute une kyrielle de Louis et autres, dans leurs difficultés familiales et conjugales. En fonction des époques, les témoignages se font plus ou moins précis, mais toujours colorés. Et Catherine Dufour ne rechigne pas à l’anecdote édifiante, selon un schéma à nouveau très classique : on n’échappera donc pas au vase de Soissons et compagnie.
Sans surprise, un tel abrégé de la longue et complexe histoire de France abonde en raccourcis et approximations, mais pas trop fâcheux dans l’ensemble. Il y a cependant à l’occasion des erreurs qui ont de quoi faire tousser, et je me suis pour ma part quasiment étranglé quand j’ai vu le sort réservé par Catherine Dufour à ma période de prédilection, la IIe République, expédiée en quatre lignes tout simplement fausses… Cela dit, j’aurais pu m’y attendre…
Enfin, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’une histoire non seulement partielle, mais aussi partiale, témoignant d’un engagement et de quelques idées bien ancrées (notamment concernant les rois de France, dont le portrait est généralement peu flatteur ; suffit de regarder leur nez…), qu’on peut ne pas partager.
Mais on peut très bien passer outre ces « défauts ». Si l’amateur d’histoire n’apprendra probablement pas grand-chose, voire rien, dans ces pages, on peut supposer que l’ouvrage remplit néanmoins parfaitement son rôle auprès des non-initiés. Car, oui, Catherine Dufour nous montre bien, avec son talent habituel, que l’histoire de France n’a rien d’ennuyeux, et se révèle au contraire passionnante.
Certains passages sont tout particulièrement réjouissants ; généralement, il s’agit des mieux sourcés, comme celui consacré au Grand Siècle. D’autres révèlent une très belle plume, comme les quelques pages (bien trop courtes, hélas) consacrées à la Révolution, ou cet étrange final en forme de danse macabre.
Un ouvrage de vulgarisation plutôt bien foutu, donc ; souvent drôle, parfois beau, toujours intéressant. On ne le recommandera probablement pas aux amateurs d’histoire ; mais si vous êtes de ceux que la simple évocation de cette matière fait bailler, ce livre est fait pour vous.