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Articles avec #science-fiction tag

H.P. Lovecraft et Robert E. Howard : amitié, controverses et influences

Publié le par Nébal

 

Voici un enregistrement complet, illustré, de mon article sur les relations entre Lovecraft et Howard, initialement publié dans la monographie Lovecraft : au cœur du cauchemar (Éditions ActuSF), et qui développait considérablement une première version publiée dans le n° 84 de Bifrost, consacré au créateur de Conan.

 

ActuSF a commencé à mettre cet article en ligne, ici. Il sera en trois parties.

 

J'ai usé de nombreuses illustrations pour cette vidéo, et ne dispose bien sûr pas de leurs droits – je ne voyais pas comment faire autrement. Si un illustrateur réclame une mention, je m'exécuterai, bien sûr.

 

De même pour la musique de fond, qui est le morceau « Aldebaran of the Hyades », par Lustmord, issu de l'album The Place Where the Black Stars Hang.

 

J'espère que cette vidéo vous plaira ; n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires.

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La Mort du fer, de Serge Simon Held

Publié le par Nébal

 

HELD (Serge Simon), La Mort du fer, préface de Juan Asensio, Talence, L’Arbre Vengeur, [1931] 2019, 420 p.

 

Ma chronique, rédigée pour le Bifrost n° 98, a été mise en ligne directement sur le blog de la revue, dans la rubrique « Objectif Runes en plus », et vous la trouverez ici.

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Les Miracles du Bazar Namiya, de Higashino Keigo

Publié le par Nébal

 

HIGASHINO Keigo, Les Miracles du Bazar Namiya, [ナミヤ雑貨店の奇蹟 Namiya zakkaten no kiseki], traduit du japonais par Sophie Refle, Arles, Actes Sud, coll. Exofictions, [2012] 2020, 370 p.

 

Ma chronique figure dans le cahier critique du Bifrost n° 98, pp. 100-101.

 

Le moment venu, elle sera reprise sur le blog de la revue, et j’en donnerai le lien ici, avec la vidéo – mais n’hésitez pas à réagir d’ores et déjà si jamais.

 

EDIT : la critique est en ligne, ici.

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Bienvenue à Sturkeyville, de Bob Leman

Publié le par Nébal

 

LEMAN (Bob), Bienvenue à Sturkeyville, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Serval, illustré par Stéphane Perger et Arnaud S. Maniak, Paris, Scylla, 2019, 184 p.

 

Ma chronique figure dans le cahier critique du Bifrost, n° 98, pp. 94-95.

 

Le moment venu, elle sera reprise sur le blog de la revue, et j’en donnerai le lien ici, avec la vidéo – mais n’hésitez pas à réagir d’ores et déjà si jamais.

 

EDIT : la critique est en ligne, et vous pouvez la lire ici.

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Eisenhorn, de Dan Abnett

Publié le par Nébal

 

ABNETT (Dan), Eisenhorn : Xenos – Malleus – Hereticus, [Eisenhorn : Xenos – Malleus – Hereticus], traduit de l’anglais par Nathalie Huet et Julien Drouet, Nottingham, Black Library, coll. Omnibus, [2004, 2018] 2019, 957 p.

 

Lectures de confinement Warhammer 40,000, suite – avec un beau bébé, cette fois, de pas loin de mille pages écrit tout pitipiti : l’omnibus compilant toute la trilogie consacrée par Dan Abnett au personnage de l’Inquisiteur Gregor Eisenhorn. On y trouve donc les trois romans de la série (sobrement titrés Xenos, Malleus et Hereticus), ainsi qu’une nouvelle, « Arrière-plan pour une couronne de plus », qui prend place entre les deuxièmes et troisièmes tomes.

 

La trilogie Eisenhorn occupe une place particulière dans les publications de la Black Library portant sur l’univers de Warhammer 40,000. Déjà, elle est due à Dan Abnett, parmi les auteurs les plus prolifiques, mais aussi et surtout les plus réputés, de la Black Library. Mais la distinction fondamentale est ailleurs : dans cet univers où « il n’y a que la guerre », la trilogie Eisenhorn prend un peu de champ par rapport aux récits de conquêtes et de batailles. La guerre y est présente, forcément, et on a droit à quelques morceaux de bravoure militaire dans chacun de ces trois romans, mais elle demeure le plus souvent à l’arrière-plan ; l’action ne manque pas pour autant, et c’est peu dire, mais la trilogie Eisenhorn est l’occasion d’envisager l’Imperium de l’Humanité sous un angle davantage « civil » que d’usage.

 

Ceci parce qu’elle met en scène, à la première personne, un Inquisiteur. Ici, quelques explications pour ceux qui ne connaîtraient pas plus que ça l’univers de Warhammer 40,000. Dans les ténèbres d’un lointain futur, l’Imperium de l’Humanité est devenu la plus grande puissance de la galaxie – l’Empereur-cadavre règne depuis dix mille ans sur son Trône d’Or de la Sainte Terra. Mais l’Imperium est en proie à une infinité de menaces : les xenos, soit les autres espèces intelligentes de la galaxie, ne sauraient être tolérés ; il en va de même pour la menace ultime du Chaos, les Puissances de la Ruine résidant dans le Warp et leurs adorateurs infiltrant la société impériale ; quant aux psykers, ces êtres dotés de pouvoirs psychiques en résonance avec le Warp, ils ne seront épargnés qu’exceptionnellement, s’ils font la démonstration de ce que leurs dons douteux et dangereux seront plus utiles que néfastes à l’Empire.

 

C’est ici qu’interviennent les Inquisiteurs. Comme leurs modèles médiévaux, ils sont à la fois policiers et juges, et les garants du credo officiel. Dans l’univers de Warhammer 40,000, les Inquisiteurs figurent parmi les plus puissants personnages de l’humanité. On ne les conteste pas – ils peuvent faire tomber tout le monde, à l’exception hypocrite des membres de l’Adeptus Mechanicus ainsi que de ceux de l’Adeptus Astartes, soit les fameux Space Marines, trop utiles pour qu’on les taquine sur des points de doctrine. Mais les autres ? Du grouillot le plus insignifiant rampant dans les tréfonds des cités-ruches, jusqu’au gouverneur planétaire issu d’une aristocratie plurimillénaire, ils peuvent tous faire l’objet de la colère de l’Inquisition. Dans les cas les plus extrêmes, les Inquisiteurs sont en mesure de décréter l’Exterminatus, soit l’anéantissement total d’une planète jugée trop compromise et irrécupérable. On ne fucke pas avec les Inquisiteurs.

 

Ceux-ci ne présentent toutefois pas un front uni. Dans l’approche de leur tâche, ils se scindent en nombreuses « sectes », mais deux courants majeurs doivent être identifiés : il y a, d’une part, les Puritains – ce sont les hommes du dogme inflexible, hostiles à tout écart, qui ne saurait être autre chose qu’une compromission ; les plus extrémistes d’entre eux vont jusqu’à refuser l’emploi de psykers dans les Saints Ordos. Mais, d’autre part, il y a les Radicaux – ce sont ceux qui considèrent que, pour accomplir leur mission, tous les moyens sont bons : si la défense de l’Empire nécessite, par exemple, d’user d’une technologie xenos, voire de conclure un pacte (bien encadré, idéalement…) avec un démon, eh bien, qu’il en soit ainsi – la fin justifie les moyens.

 

Gregor Eisenhorn, le « héros » de cette compilation (les guillemets s’imposent dans cet univers où il n’y a pas de « gentils », et un Inquisiteur n’est certainement pas « gentil », tandis que l’Imperium est un système totalitaire absolument cauchemardesque), Gregor Eisenhorn, donc, se définit lui-même comme un Puritain de tendance modérée – au début de la série, du moins. L’extrémisme puritain lui est de toute façon inaccessible, car il est un psyker, même si guère puissant. Il perçoit bien ce que les Puritains plus outranciers que lui ont d’obtus, et il déplore leur fanatisme – il perçoit bien, aussi, que nombre d’entre eux se méfient de lui, et un Inquisiteur est le seul homme à même de destituer un autre Inquisiteur. Cependant, il déteste bien davantage les Radicaux – soupçonnant leur corruption intrinsèque. Seulement voilà : ce que nous raconte cette trilogie, d’une certaine manière, c’est comment le Puritain Eisenhorn, au fil de ses enquêtes et aventures, se tourne toujours davantage vers le radicalisme – une trajectoire fatale, anticipée par un interlocuteur hérétique, qui l’assure qu’il en va toujours ainsi… et que, au-delà du radicalisme, les Inquisiteurs dans son genre finissent toujours par ouvrir les yeux et percevoir et accepter enfin la gloire des Puissances de la Ruine.

 

Mais cet itinéraire demande du temps. Et la trilogie en tient compte : plus d’un siècle sépare les deux premiers volumes, et quelques décennies les deux derniers. Et chaque roman s’étend sur plusieurs mois – ne serait-ce qu’en raison des longs voyages dans le Warp qui y prennent systématiquement place. Eisenhorn – et ses compagnons – changent beaucoup sur cette longue période. Il faut dire qu’il y a un démon, du nom de Chérubaël, qui en veut personnellement à notre Inquisiteur, et le comble de son affection malvenue – mais, en outre, au fil de ses aventures, l’Inquisiteur Eisenhorn perçoit toujours davantage combien la société impériale, à tous les niveaux, est corrompue – oui, à tous les niveaux, et cela inclut l’Inquisition elle-même… Eisenhorn y a des ennemis – nombreux, puissants. Certains sont purs, si trop obtus, mais d’autres ont sombré dans la vénération du Chaos. Et il y a des complots partout. Notre Inquisiteur mûrit dans la défiance et l’obsession… ce qui le pousse toujours davantage aux mesures les plus extrêmes, au point d’y risquer son âme. Disons-le : dans le deuxième et surtout le troisième roman, le vieil Inquisiteur Eisenhorn commet des abominations qui auraient horrifié le jeune Gregor du premier volume – au point ou celui-ci aurait tout fait pour exposer la corruption de son avatar plus âgé, et obtenir sa juste condamnation.

 

Eisenhorn n’est pas seul, cela dit – il a son équipe, tout droit sortie de Mission : impossible ou ce genre de choses. Elle évolue, elle aussi : en fait, le premier chapitre du premier roman donne le ton, qui voit aussitôt une assistante badass de l’Inquisiteur, qu’on aurait pu croire durable, se faire défoncer irrémédiablement la cheutron. D’autres de ces assistants d’Eisenhorn seront dans ce cas par la suite, tout spécialement dans le très violent dernier volume, même si, comme à son habitude, Dan Abnett « triche » un peu à l’occasion… Mais passons : l’important, c’est que Gregor n’est pas seul. Parmi ses assistants, on trouve par exemple le savant Aemos, ou encore l’intouchable Bequin (une intouchable, dans l’univers de Warhammer 40,000, est une personne dotée d’une résonance psychique négative – comme telle, elle perturbe les psykers proches et les empêche de recourir à leurs pouvoirs ; les exemples les plus célèbres de ces intouchables sont les Sœurs du Silence), et quantité de pilotes, gardes, snipers, espions, etc. Il a aussi des alliés qui ne lui sont pas subordonnés : par exemple, le Libre-Marchand Tobias Maxilla, et divers Inquisiteurs – encore que les sentiments de ces derniers varient, les ennemis devenant des amis et vice-versa.

 

En tout cas, il a du pain sur la planche. Je ne vais pas rentrer dans le détail des histoires narrées dans ces romans, mais sachez du moins que ça bouge beaucoup, ça va à fond la caisse et quasi non-stop – au point en fait où, parfois, on a l’impression que Dan Abnett improvise et développe son récit au fil de la plume, sans avoir forcément de plan d’ensemble. Au pire, cela produit quelques écueils dans la rythmique : clairement, la fin du second roman est bien trop expédiée, après un intermède probablement un peu trop long et qui s’insère plus ou moins bien dans la trame globale – il y a de cela aussi dans le dernier volume. Mais, si ces tares sont notables et doivent être évoquées, elles ne constituent le plus souvent qu’un effet secondaire acceptable. De manière générale, ce rythme frénétique et passablement pulp fonctionne très bien : on n’a pas le temps de s’ennuyer, jamais ou presque, et on accepte volontiers de se faire balader à travers l’Imperium et dans les strates de sa société, au gré des enquêtes de Gregor Eisenhorn.

 

Et il faut noter une chose : si ces histoires ne sont donc pas aussi « martiales » que le roman Warhammer 40,000 lambda, elles ne manquent certes pas d’action – en fait, ça pète de partout ! Mais sur un mode plus divers que d’usage, et avec une efficacité très appréciable car plus concentrée. À l’occasion, Dan Abnett concocte à vrai dire des scènes d’action très visuelles et qui marquent durablement – à titre d’exemple, je citerais le défilé du deuxième roman, qui vire à la catastrophe… Il existe semble-t-il un projet d’adaptation en série TV, je suis curieux de voir ce que cela pourrait donner : il y a de quoi faire, mais non sans risque, j’imagine…

 

La singularité de la trilogie Eisenhorn joue en sa faveur – ainsi que le métier de son auteur, parfois trop visible, parfois trop nonchalant en même temps, un double trait qui me paraît caractéristique de Dan Abnett pour ce que j'en ai lu, mais dont on s’accommode bien à la condition de jouer le jeu. Cet omnibus a été une lecture très divertissante, exactement ce dont j’avais besoin là maintenant.

 

L’histoire se poursuit au-delà de cette trilogie initiale. Il existe d’ores et déjà une deuxième trilogie, liée à l’inquisiteur Ravenor, qui apparaît occasionnellement ici au côté de Gregor Eisenhorn – je m’en suis procuré l’omnibus, là encore, et lirai ça prochainement. Il existe aussi au moins un projet de trilogie autour de l’intéressant personnage de Bequin, dont le premier volet est paru, mais a priori pas le reste. On verra, en son temps.

 

Mais, pour l’heure, Eisenhorn a constitué une lecture pop-corn très appréciable.

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Black Library Célébration 2019

Publié le par Nébal

 

Black Library Célébration 2019, [Black Library Celebration 2019], traduit de l’anglais par Kevin Miane et Matthieu Volait, Nottingham, Black Library, 2019, 199 p.

 

La Black Library, l’organe éditorial de Games Workshop, produit chaque année un petit recueil gratuit en guise d’appeau promotionnel (compilant sauf erreur des récits déjà publiés en ligne). J’avais rapidement évoqué Black Library Célébration 2020 en chroniquant Le Culte de la Spirale Sacrée, et le bilan n’était pas gégé, mais mon aimable boutiquier Warhammer m’a par la suite offert le présent volume, soit le recueil de 2019.

 

Et c’était un recueil largement placé sous le signe de Nurgle – remarquable anticipation, parce que là, en mars et avril 2020, le Grand-Père est décidément hyperactif…

 

Le recueil comprend six nouvelles en tout, de taille variable. Côté Warhammer 40,000, on est assez gâté, au moins en quantité (...), avec quatre nouvelles, dont une associée à « The Horus Heresy » et une autre censément à « The Horus Heresy : Primarchs », mais on verra qu’il y a là comme un petit souci. Les deux nouvelles restantes sont associées à Age of Sigmar, sans plus de précisions.

 

Procédons dans l’ordre. Le recueil s’ouvre sur la nouvelle de « The Horus Heresy », à savoir « Les Pièces sont en place », de Gav Thorpe. Ce récit se déroule très peu de temps avant le Siège de Terra par les forces d’Horus, et met en scène Malcador le Sigillite, peut-être le plus proche conseiller de l’Empereur. Et le bonhomme n’est pas très confiant, à la veille de la plus cruelle bataille jamais livrée par l’Imperium. Pour préparer ses défenses, le conseiller… joue à un wargame ? Plutôt une sorte de jeu de plateau, incluant des cartes, et la description des combos, fonction de votre background, évoquera le Kamoulox ou un cadavre exquis (je me suis demandé s’il s’agissait du régicide, variante des échecs souvent mentionnée dans cet univers, mais je n’ai pas l’impression que ça colle – n’hésitez pas à me renseigner à ce propos). En tout cas, l’Empereur est ici typiquement l’adversaire chiant – pas forcément parce qu’il est fort, mais parce qu’il plie abusivement les règles à sa volonté et humilie Malcador au nom de la « guerre psychologique ». Bien sûr, il s’agit pour le Maître de l’Humanité de pousser le Sigillite dans ses derniers retranchements pour qu’il se dépasse, mais la cruauté des attaques impériales constitue le meilleur moment de la nouvelle, je suppose – car l’Empereur joue ici sur les doutes de Malcador, avec la possibilité que ses insultes soient fondées et sincères. Hélas, cette nouvelle ne m’a pas paru terrible – mais peut-être pour une bonne part parce que je suis passé à côté des très, très nombreuses allusions qu’elle comprend semble-t-il, ayant trait aux événements récents et tout autant à venir sous peu de l’Hérésie d’Horus. Mais bon, mon gros problème, ç’a été la forme – un vrai crève-cœur, à la traduction très lourde, fait d’autant plus sensible que la nouvelle est saturée de références cryptiques qui ressortent très mal ainsi… Parmi lesquelles, j’imagine, ce surnom (?) de l’Empereur, qui est systématiquement appelé « Révélation » ici ? Là encore, des références me manquent sans doute. Le principe même de la nouvelle autorisait des délires surréalistes qui auraient pu contribuer à élaborer une ambiance correcte, au-delà du principe de base de la nouvelle, somme toute convenu, mais pas inintéressant. En l’état, cependant, cette nouvelle ne m’a donc pas parlé, et vaut bien d'être qualifiée de déception.

 

Ensuite… Il y a un souci – un bug, si j’ose dire, aha. Une mouche à peste, j’imagine. En effet, la nouvelle suivante, « Le Cadeau du Grand-Père », de Guy Haley, est censée relever de « The Horus Heresy : Primarchs », mais ça n’est clairement pas le cas : sa dépiction de la Death Guard est visiblement bien postérieure à l’Hérésie, et les allusions faites à l’Empereur témoignent bien de ce qu’il pourrit/ne pourrit pas sur le Trône d’Or depuis bien, bien longtemps. Et Mortarion n’apparaît nulle part ici. J’ai cru comprendre, en fait, que le recueil VO contenait une nouvelle différente, et dans laquelle figurait bien Mortarion, si sa temporalité n’était pas certaine ? Bizarre… Et pas sûr ? Quoi qu’il en soit, la présente nouvelle, très courte, ne présente guère d’intérêt : nous y voyons un monde impérial en proie à la peste réclamer, sans savoir de quoi il retourne au juste, le soutien de Nurgle via la Death Guard pour y mettre un terme – le genre de facepalm aux proportions cosmiques bien à sa place dans l’univers impitoyable (Daaaaallaaaaaaas…) de Warhammer 40,000. Mais, pour le coup, cette nouvelle n’apporte absolument rien… Elle évoque le genre de petits textes d’ambiance que l’on trouve régulièrement dans les pages de White Dwarf, et qui ont pour seule fonction d’illustrer à la hâte tel ou tel point de règles ou conseil de peinture. Ça n’est pas désagréable, mais ça s’oublie aussitôt lu.

 

On passe ensuite aux deux nouvelles se déroulant « officiellement » durant le XLIe Millénaire. La première s’intitule « Endurer », et est due à Chris Wraight. Là encore, la Death Guard est à l’honneur, et les Dons de Nurgle. Le titre de la nouvelle renvoie probablement à la caractéristique la plus typique de la Death Guard, mais avec un twist qui n’en est pas vraiment un, en s’appliquant également aux Space Marines loyalistes figurés en alternance par le récit, et qui en chient depuis bien trop longtemps, mais tiennent encore bon. Toujours. Malgré tout. Est-il vraiment utile, dans ces conditions, de recourir à la traditionnelle balise de spoilers ? Eh bien, non, parce que vous savez très bien de vous-mêmes ce que rapporte cette nouvelle au juste, avec sa temporalité un peu à l’arrache. La pire nouvelle du recueil en ce qui me concerne.

 

Bilan pas très glorieux pour les nouvelles de Warhammer 40,000 jusque-là, hein ? Mais il en reste une – la plus longue (en fait la plus longue de tout le recueil) : « La Compagnie des Ombres », de Rachel Harrison. Pourrait-elle renverser la balance ? Eh bien, avec quelques réserves non négligeables, je dirais que oui – et que c’est bien la meilleure, ou la seule bonne, nouvelle de Warhammer 40,000 dans cette Black Library Célébration 2019. Faut dire, j’avais un a priori plutôt positif, après avoir lu Marque de Foi de ladite Rachel Harrison, certes pas un chef-d’œuvre, mais un roman honnête, avec des personnages archétypaux mais relativement bien campés, et un style au-dessus de la moyenne. Autant de caractéristiques que l’on retrouve également dans cette nouvelle, antérieure, et liée au premier roman 40K de l’autrice, Dans la loyauté et la foi. La nouvelle met en scène la courageuse commissaire Severina Raine et ses troufions aigris, alors qu’un accident les fait se retrouver derrière les lignes ennemies – la mission passant avant tout, la commissaire élabore un plan la mettant personnellement en danger, et qui ne peut réussir que si elle peut se fier à ses hommes – or celui d’entre eux qui est le plus souvent mis en scène, un certain Wyck, est un sale bonhomme, haineux, borné, qui n’incite vraiment pas à la confiance… Tout cela évoque passablement « Les Fantômes de Gaunt », je suppose – aussi bien pour Severina Raine en alter ego (féminin, c'est pas encore si courant) d'Ibram Gaunt que pour Wyck en variation sur Rawne. C’est une limite de cette nouvelle, je suppose. Cela dit, elle fonctionne, ne serait-ce que parce que l’autrice caractérise bien ses personnages, ce qui atténue l’impact négatif de leur relative banalité. À vrai dire, en ce qui me concerne, la nouvelle fonctionne surtout au regard du personnage de Wyck, vraiment très réussi – c’est cette ordure que j’aimerais bien revoir. Mais, oui, « La Compagnie des Ombres » est bien la nouvelle Warhammer 40,000 (au sens large) la plus intéressante de ce recueil, clairement. Et je vais donc donner sa chance au roman Dans la loyauté et la foi sous peu – peut-être en parallèle avec « Les Fantômes de Gaunt », d’ailleurs, ça pourrait être instructif.

 

Puis on passe aux deux nouvelles dans l’univers d’Age of Sigmar. Et, ici, je dois faire un aveu : je connais très mal cet univers, et j’ai beaucoup de mal à le visualiser. Si le Vieux Monde était un contexte de fantasy plutôt commun (c’est peu dire, en fait), le complexe multivers des Royaumes Mortels est autrement singulier, et difficile à se figurer, d’une manière ou d’une autre. Tel est du moins mon sentiment à cet égard : trop souvent, lisant çà et là une nouvelle d’Age of Sigmar, j’ai dû me rendre à l’évidence que j’en ratais l’essentiel, parce que je n’en avais pas les codes – parfois au point de l’incompréhension totale. Cela s’était vérifié notamment à la lecture du recueil Black Library Célébration 2020, au point où j’ai lâché l’affaire sur le tard. Mais, dans le cas présent, j’ai tout de même lu ces deux nouvelles, non sans une certaine appréhension.

 

Pour un bilan contrasté. Concernant la première de ces nouvelles, « Don des Dieux » (décidément…) de David Guymer, mes craintes se sont rapidement confirmées – il faut dire, ai-je cru comprendre depuis, que cette nouvelle s’inscrit dans un cycle de récits courts, qui, pris dans son ensemble, pouvait éclairer cette nouvelle précisément. Mais, en l’absence de ces références… De ce héros très crâneur, je ne savais rien – du lieu de l’action non plus (un plan chaotique semble-t-il), et pas davantage de ses adversaires, des hommes-bêtes pour l’essentiel. Pourtant, j’ai trouvé la dimension horrifique de cette nouvelle relativement convaincante – là où sa dimension martiale m’a vite saoulé. En définitive, je n’en ai pas retenu grand-chose, sinon la conviction renforcée qu’acquérir les bases de l’univers d’Age of Sigmar serait un préalable nécessaire pour en apprécier ne serait-ce qu’un chouia les fictions associées.

 

Mais peut-être pas dans tous les cas ? En effet, la dernière nouvelle du recueil, plus longue, « Les Fantômes de Demesnus », par Josh Reynolds, s’est avérée une sacrée surprise, ici – et une bonne. Dans le cas présent, le manque de certaines clefs, sinon toutes, ne s’est pas avéré si pénalisant ; peut-être parce qu’il s’agit, au fond, d’une bonne nouvelle, et pas seulement d’une bonne nouvelle d’Age of Sigmar. Nous y suivons Gardus, personnage récurrent, un chevalier qui fut dans une autre vie (littéralement) un saint homme, guérisseur de la lèpre – et qui est toujours adoré comme tel, à son grand dam, bien des siècles plus tard, par des gens dont il ne sait rien, et qui ne savent rien de ce qu'il est devenu. De retour dans sa ville, incognito, l’ex-saint s’interroge sur son passé tandis qu’il partage le quotidien de ses fidèles qui n’ont plus que lui – à ceci près qu’ils ne savent rien de sa véritable identité. Or les terres de ces pieux malades sont convoitées par un fonctionnaire diligent… qui s’avère forcément être un séide de Nurgle – mais beaucoup moins caricatural que d’usage. Les atouts de cette nouvelle résident dans son ambiance très travaillée et, chose rare du côté de la Black Library, dans la psyché complexe de ses personnages, et au premier chef de notre vieux héros. En même temps, cette aventure a quelque chose d’un western, avec Gardus dans le rôle de l’Homme Sans Nom, seulement en moins ouvertement violent (entendre par-là qu'il peut assurément se montrer violent, et redoutable, mais l’action est cantonnée aux toutes dernières pages, assez réussies dans le genre d’ailleurs). Mais, quitte à faire dans la référence clintesque, j’ai surtout pensé à L’Homme des Hautes Plaines, pour ce personnage d’étranger mystérieux déboulant dans une ville, et dont l’aura, au moins, a quelque chose de surnaturel (si le film a quelque chose de démoniaque, ici, qui tranche sur le personnage de Gardus, croisé de Sigmar). On pourrait aussi penser aux chanbara ayant inspiré ces films, bien sûr – davantage Les Sept Samouraïs que Le Garde du corps, pour le coup. Quoi qu’il en soit, ça fonctionne très bien : l’ambiance est irréprochable, les thématiques justes, les personnages incomparablement plus profonds que d’usage dans la Black Library… En dépit de mes préventions concernant les récits d’Age of Sigmar, « Les Fantômes de Demesnus » m’a beaucoup plu – c’est clairement, de très loin, la meilleure nouvelle de ce recueil, en ce qui me concerne, et c’est, au-delà, une bonne nouvelle tout court.

 

Excellente surprise, donc – et qui, arrivant en dernière position, tempère un chouia mon sentiment au mieux mitigé au regard de ce recueil. Au mieux… J’en retiens essentiellement cette nouvelle, et celle de Rachel Harrison, donc – les deux les plus longues, par chance. Ainsi que dit plus haut, je lirai sous peu Dans la loyauté et la foi de ladite, mais il faudrait aussi que je fouine du côté des productions 40K de Josh Reynolds, je suppose… À creuser.

 

Si Grand-Père Nurgle veut bien nous lâcher un peu, là. Faisons-lui des doigts.

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L'Homme qui s'est retrouvé, d'Henri Duvernois

Publié le par Nébal

 

DUVERNOIS (Henri), L’Homme qui s’est retrouvé, [Bordeaux], L’Arbre Vengeur, coll. L’Arbuste Véhément, [1936] 2020, 211 p.

 

Bon, c’est décidément compliqué de chroniquer en ce moment… C’est pas comme si le temps me manquait, pourtant. Alors essayons quand même – avec ce petit livre datant de 1936 et exhumé par L’Arbre Vengeur il y a quelques années de cela, aujourd’hui repris dans le petit format très seyant de « L’Arbuste Véhément ».

 

Henri Duvernois, de son vrai nom Henri Simon Schwabacher (1875-1937), avait semble-t-il connu le succès en tant qu’écrivain et dramaturge, scénariste et dialoguiste pour le cinéma, aussi, durant le premier tiers du XXe siècle – même s’il a été largement oublié depuis, comme tant d’autres.

 

En 1936, et donc tout au crépuscule de sa carrière, il a publié le roman qui nous intéresse aujourd’hui, L’Homme qui s’est retrouvé, une de ses rares œuvres relevant de l’imaginaire. En fait, il s’agit ici de voyage dans l’espace et dans le temps, ce qui, de loin, inciterait à classer le roman dans le genre science-fiction. Maintenant, on ne va pas se leurrer, la science, ici, n’intéresse guère l’auteur, qui expédie le postulat pseudo-scientifique et le voyage en tant que tel en moins de dix pages très aérées, et sans même prétendre faire dans le plausible à quelque niveau que ce soit. Qu’importe, son propos est ailleurs – et, en même temps, le résultat obtenu manie des thèmes courants dans les récits de SF portant sur le voyage dans le temps, qui font aujourd’hui figure de clichés éculés, mais il en allait probablement autrement en 1936.

 

Le roman est écrit à la première personne. Notre narrateur (on peut supposer qu’il a quelque chose de l’auteur lui-même ?) est un certain Maxime-Félix Portereau, homme vieilli, bourgeois las de la vie et du monde, et comme tel prêt à tout pour pimenter son morne et confortable quotidien. C’est peu dire : un bref échange avec un jeune génie scientifique suffit à l’inciter, non seulement à le financer, mais aussi à se porter volontaire pour une odyssée inouïe – un voyage spatial en solitaire à destination de Proxima Centauri, rien que ça.

 

Mais il a une sacrée surprise en arrivant : son astronef se pose sur une réplique parfaite de la Terre… exactement telle qu’elle était quarante années plus tôt. Notre héros n’a bien vite qu’une idée en tête : retrouver son moi plus jeune de quarante ans, et sa famille, pour leur faire bénéficier de son expérience et de la sagesse que l’âge ne manque jamais de procurer (ce qui, oui, est hautement discutable), et de sa fortune aussi tant qu’à faire (en parlant de sagesse…). De fait, il retrouve bien les siens, dans la situation exacte qu’il avait lui-même connue quarante années plus tôt : le père sur le point de faire une grosse, grosse bêtise en se laissant manipuler par ses répugnants margoulins de patrons, la sœur dont les amours sont sur le point de devenir irrémédiablement décevantes, et, bien sûr, lui-même, le jeune Maxime, qui est exactement le petit con insouciant et arrogant que vous supposez. Notre voyageur mécène, bien sûr, ne peut pas débouler dans ce petit monde en clamant qu’il est le Maxime de quarante années plus tard – on le collerait à l’asile. Alors il se fait passer pour un toujours utile (…) oncle d’Amérique, forcément de passage à Paris pour renouer des liens avec la famille, parce que c’est ce qu’un oncle d’Amérique est censé faire.

 

Et, forcément, ça ne se passe pas très bien. Dans les récits de voyage dans le temps, ou plus exactement dans le passé, il est courant que le voyageur cherche à faire bifurquer le cours des événements : en changeant le passé, il espère faire changer le futur. Maxime, ici, ne cherche pas à faire autre chose. Des fois, le changement se produit bel et bien – mais les conséquences sont généralement imprévisibles, et rarement pour le mieux ; d’autres fois, le passé résiste, et rien ne saurait faire dévier l’histoire de son cours – et c’est ce qui se produit ici. À vrai dire, l’entreprise du vieux Maxime désabusé est d’emblée compromise par sa vanité, et probablement aussi par les moyens qu’il emploie – le « bon conseil » visiblement non sollicité, et l’argent comme solution à tous les problèmes.

 

Ce constat vaut à deux niveaux différents. Il y a, déjà, la « grande histoire » ; ici, le passé résiste car les événements à venir paraissent insensés aux bons bourgeois d’antan. Les avertissements concernant la Première Guerre mondiale, dans une quinzaine d’années à peine, sont accueillis avec mépris – une telle guerre est impensable, le monde est plus sûr que jamais ! Par ailleurs, les financiers et industriels d’alors savent que le cinéma tout juste naissant est une lubie qui ne durera pas, et que l’industrie automobile naissante également s’effondrera bien vite devant le seul constat raisonnable, qui est que les hommes de goût préféreront toujours les chevaux aux voitures.

 

Ceci étant, si ce niveau de réflexion produit des pages fortes et… tristement drôles, dans des teintes noires et jaunes, le cœur du propos de cet Homme qui s’est retrouvé est ailleurs, à un autre niveau, plus intime, que le titre évoque d’emblée : c’est celui de l’homme vieilli qui se confronte au jeune homme qu’il était, surtout, et aux siens dans une mesure un peu moindre. C’est ici, pour le narrateur, que l’impossibilité de changer le passé se montre la plus douloureuse – encore que le ton soit surtout doux-amer. Mais les torts sont probablement partagés : sans doute le jeune Maxime, les parents, la sœur, errent-ils en refusant d’écouter les bons conseils de l’oncle d’Amérique, mais les méthodes employées par ce dernier ont bien de quoi les irriter : il est envahissant, le bonhomme ! Et le rejet voire la colère qu’il finit par susciter sont au fond bien compréhensibles – ce qui nous amène sur une autre piste : l’idée que les interventions du voyageur dans le temps, bien loin de « corriger » l’histoire, la provoquent en vérité. Quoi qu’il en soit, la prétendue sagesse de l’homme vieilli, acquise avec l’expérience, ne peut rien faire face à l’insouciance de la jeunesse. Maxime devrait le savoir d’autant mieux qu’il a été – littéralement – ce jeune homme, qui ne pouvait que rejeter le paternalisme condescendant et intrusif du pénible barbon qu’il est devenu. Même si quelques billets sont de toute évidence bienvenus… Maxime se confrontant à son moi du passé doit bien admettre qu’il n’a pas toujours été un homme très positif – et qu’il ne l’est peut-être jamais devenu. Ce petit con, c’est lui, après tout… Ce qui a certes de quoi provoquer des sentiments dépressifs.

 

Les entreprises du vieux Maxime sont vaines, oui – mais le roman, lui, fonctionne parfaitement, comme une mécanique bien huilée, à certains égards, mais jamais, jamais, au prix de l’élégance et du sens. Les personnages bien campés (et parfois joliment agaçants) y sont pour beaucoup, l’ambiance et le ton aussi, mais pas moins le style, qui, s’il est bien de son temps, a conservé l’essentiel de son piquant près de quatre-vingt ans plus tard. Au point où le constat désabusé des échecs de Maxime produit des pages émouvantes mais aussi drôles, à leur manière un peu aigre.

 

Une lecture qui vaut le détour, donc – comme souvent pour les exhumations de l’Arbre Vengeur.

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Lovecraft en 25 œuvres essentielles

Publié le par Nébal

 

Un petit peu d’autopromo, aujourd’hui...

 

Il y a quelque temps de cela, j’avais livré un article intitulé « Lovecraft en 25 œuvres essentielles » pour la monographie Lovecraft, au cœur du cauchemar, publiée par les Éditions ActuSF. Or celles-ci ont choisi de reprendre cet article sous la forme d’un livre numérique indépendant, titré donc Lovecraft en 25 œuvres essentielles. Vous pouvez vous le procurer par exemple ici.

 

Je me dois de préciser qu’il s’agit peu ou prou d’une reprise à l’identique : il y a bien quelques corrections mineures, mais elles concernent pour l’essentiel la forme plutôt que le fond.

 

N’hésitez pas à me faire part de vos retours.

 

Et en voici déjà un pour commencer, Célindanaé sur Au Pays des Cave Trolls.

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Le Culte de la Spirale Sacrée, de Peter Fehervari

Publié le par Nébal

 

FEHERVARI (Peter), Le Culte de la Spirale Sacrée, [Cult of the Spiral Dawn], traduit de l’anglais par Philippe Olivier, Nottingham, Black Library, coll. Warhammer 40,000, 2019, 376 p.

 

Bon, ce blog a été mis en pause – une fois de plus – depuis pas mal de temps déjà, côté chroniques en tout cas. Manque d’envie, manque de concentration – éventuellement manque de temps, mais le confinement change un peu la donne ici, je suppose... Portez-vous bien, les gens ! Mais je me dis du coup que je peux bien retenter…

 

J’ai assez peu lu, relativement, ces derniers mois, de toute façon – l’absence de concentration, encore une fois, a été un élément clef, ici. Ça ne veut pas dire que je n’ai rien lu, ou rien lu de bon. J’ai livré quelques chroniques pour Bifrost, parmi lesquelles j’ai envie de mettre en avant Bienvenue à Sturkeyville de Bob Leman, mais la parution du prochain numéro est retardée pour les raisons que vous supposez. Hors Bifrost, j’ai eu quelques belles lectures, aussi – et s’il en est une que j’ai envie de mettre en avant, c’est clairement Jardins de poussière, excellent recueil de nouvelles de Ken Liu, décidément un des maîtres contemporains du format court en imaginaire ; à vrai dire, ce recueil m’a probablement davantage parlé que son prédécesseur La Ménagerie de papier, et je tends à croire qu’il aurait sa place dans mon top 10 perso du registre.

 

Maintenant, je ne vais pas vous mentir : ces derniers temps, j’ai surtout lu beaucoup de bouquins de la Black Library, liés à l’univers de Warhammer 40,000. Il y a des périodes comme ça – c’en est une. Je n’ai pas envie de graaaAAAAaaande littérature là maintenant, mais plutôt de pop-corn, quelque chose de suffisamment efficace pour susciter et maintenir ma concentration autrement défaillante. Et si cela implique de mettre toute prétention au « bon goût » sur off, ça n’est pas un problème.

 

Dans le lot, il y a eu un peu de tout, du bon, du moins bon… J’avais rapidement évoqué Les Ruines de la Foi, de Danie Ware, en chroniquant Amputés de Nate Crowley (lequel m’avait vraiment beaucoup plu) : c’était sympa, sans plus, mais ça fonctionnait.

 

Côté recueils de nouvelles, Croisade, le volume d’introduction à l’univers de Warhammer 40,000, s’est avéré plutôt une bonne surprise, même si, inévitablement, ce fort volume contient aussi de pénibles ratages (pas de bol pour moi, un des plus significatifs est le récit portant sur les Nécrons, qui est vraiment naze). En revanche, le volume promotionnel de la Black Library Célébration 2020 m’a paru globalement mauvais, à l’exception appréciable de la nouvelle d’Aaron Dembski-Bowden qui le conclut, liée à « The Horus Heresy », que pour le coup j’ai trouvée très bonne.

 

En parlant de la mythique série, je n’en ai lu qu’un seul roman depuis l’interruption de ce blog, à savoir Prospero brûle de Dan Abnett (lu en VO, pour le coup), effectivement un bon cru comme on me l’avait dit, même si j’ai trouvé sa mise en place un peu trop lente et ai regretté que l’affaire de Prospero, qui donne son titre au bouquin, ne soit véritablement importante… que dans les toutes dernières pages. À ce compte-là, ce n’était pas vraiment le pendant attendu à A Thousand Sons de Graham McNeill – mais un bon roman néanmoins, avec une approche narrative diamétralement opposée : les deux m’ont bien plu, chacun dans son registre.

 

Et sinon, en romans Warhammer 40,000, j’ai deux titres à mentionner, tous les deux liés à l’Adepta Sororitas, qui sera ma nouvelle faction pour cette année dans le wargame : Marque de foi, de Rachel Harrison, un inédit, m’a paru correct, en dépit d’une histoire au mieux médiocre et d’une mise en place beaucoup, beaucoup trop longue ; mais plusieurs atouts compensent ces défauts, parmi lesquels des personnages, certes très archétypaux, mais suffisamment bien identifiés pour se montrer relativement attachants (ou utilement répugnants), et une plume qui m’a paru bien, bien meilleure que d’usage dans la Black Library – la traduction a pu avoir sa part, ici. Surtout, je retiens cette section, assez longue et très réussie, décrivant le voyage à travers la Grande Faille : l’ambiance est parfaite, mêlant flippe, désespoir et dégoût.

 

Le roman restant, c’était Requiem infernal, de Peter Fehervari – le même auteur donc que pour le roman dont je vais vous causer aujourd’hui, et qui est peut-être lié au précédent au-delà. C’était plutôt sympa – un poil plus ambitieux que d’usage, même si avec une contrepartie sur laquelle je reviendrai : le goût de l’auteur pour l’obscur – il tend à rendre délibérément les choses un peu confuses, par divers procédés, et avec plus ou moins de pertinence. Mais globalement, j’avais plutôt aimé – là aussi, le style était plutôt dans la tranche haute au regard des critères de la Black Library, même si de manière moins flagrante que pour Marque de foi ; surtout, l’ambiance horrifique du roman était plutôt efficace, et m’a captivé tout du long – même si, classiquement, la fin du roman a davantage fait parler les bolters.

 

Ce ressenti plutôt positif a sans doute eu sa part dans l’achat du Culte de la Spirale Sacrée, roman dû au même auteur donc. Maintenant, il me faisait de l’œil avant la lecture de Requiem infernal – en raison de son thème : il portait clairement sur les Cultes Genestealers – et je ne suis pas certain qu’il y ait d’autres romans dans ce cas.

 

Or ces cultes figurent parmi les très bonnes idées de l’univers Warhammer 40,000, qui lui confèrent une forte personnalité – et qui débouchent, dans le wargame, sur une très chouette faction, avec une identité unique et des mécaniques très amusantes. Pour résumer à la hache tronçonneuse : les Tyranides sont une des pires menaces dans l’univers du 41e Millénaire – ces créatures, clairement inspirées par Alien, et qui viennent d’une autre galaxie (comme le Capitaine Flam), constituent une masse de bio-formes insectoïdes unies par une psyché supérieure unique, l’Esprit-Ruche. Si les Tyranides ne semblent pas avoir d’autre objectif que de tout dévorer sur leur passage (ce qui contribue et pas qu’un peu à les rendre aussi terrifiants), l’Esprit-Ruche n’en est pas moins d’une intelligence exceptionnelle, à même de mettre en œuvre des plans complexes en faisant preuve d’une rare patience. Les assauts tyranides sont souvent précédés par l’envoi d’éclaireurs qui préparent le terrain pour les flottes-ruches, avec des décennies d’avance. Les genestealers (je crois qu’on disait génovores en français, dans le temps) s’infiltrent ainsi individuellement sur des planètes en se cachant à bord de vaisseaux spatiaux, toujours plus à la Alien, sauf qu’eux, pour le coup, ne se contentent pas de massacrer les quidams pour assouvir leur faim : ils se cachent, et ils « embrassent » des humains qui tombent sous leur coupe. Le genestealer responsable devient alors le Patriarche. Le nombre des « infectés » s’accroît avec les années, et même les générations – or leurs héritiers sont bel et bien des créatures mi-humaines, mi-xenos, ce qui ressort plus ou moins de leurs traits selon la génération à laquelle ils appartiennent. Certains de ces hybrides peuvent parfaitement passer inaperçus dans les sociétés humaines, là où d’autres sont plus franchement xenos, par exemple en raison du développement d’un troisième bras. Et, le moment venu, le culte, car il a sa dimension religieuse marquée, le Patriarche étant perçu comme un saint, ses comparses comme des anges, et tout ce qui n’appartient pas au culte étant comme de juste hérétique, le moment venu donc (l’approche d’une flotte-ruche ?), le culte organise un soulèvement planétaire, ourdi donc depuis des décennies. Ces cultes prospèrent surtout dans les classes populaires, qui sont les plus à même de vouloir secouer le joug tyrannique et cauchemardesque de l’Imperium, en plaçant (vainement, naïvement) tous leurs espoirs dans l’arrivée de ces sauveurs xenos qui, en vérité, n’ont aucunement l’intention de les libérer ou récompenser de quelque manière que ce soit – seulement de les dévorer, comme tout le reste. Mais les cultistes n’en ont pas conscience – et, disons-le, la nature révolutionnaire de leurs plans peut susciter la sympathie, si leur subversion fanatique est plus qu’inquiétante ; ceci parce que l’Imperium est un abominable et cauchemardesque oppresseur. Maintenant, si l’alternative est une flotte-ruche qui veut tout bouffer de toute façon…

 

Ceci dit, les Tyranides à proprement parler n’apparaissent pas dans ce roman, s’il décrit bien un soulèvement planétaire. Celui-ci se fait un peu « dans le vide », même s’il y a quelques raisons à cela, dévoilées au fur et à mesure du récit.

 

L’action se déroule sur Rédemption – une des centaines de planètes à porter ce nom dans l’Imperium. C’est un monde sanctuaire, ou ça l’était, mais l’Adepta Sororitas en est partie il y a bien longtemps, laissant les clefs de la maison à une secte dite de l’Aube Spirale – pratiquant pour l’essentiel le culte impérial, mais avec des variations locales tolérées (ou ignorées ?) comme bénignes par l’Ecclésiarchie et l’Inquisition.

 

Cette secte a essaimé, cela dit, et des pèlerins extérieurs reviennent sur Rédemption quand le roman débute – parmi lesquels la dégourdie Ariken, moins fanatique que d’autres, et aussi, mais par accident (car lui n’est pas le moins du monde un pèlerin), un certain Cross, militaire de son état, mais aussi probablement déserteur ?

 

Et, quand ils arrivent sur Rédemption, le tableau n’est guère engageant. La secte locale a des pratiques vraiment étranges, et les bisbilles sont quotidiennes avec les forces de l’Astra Militarum sur place, qui semblent d’une manière ou d’une autre gangrenées de l’intérieur. La suspicion règne… Et pour cause : le soulèvement est pour bientôt ! Le culte, pèlerins compris, est corrompu, une part non négligeable des forces de la Garde Impériale également – l’heure de l’affrontement approche, et la secte frappera comme un voleur dans la nuit… Et, pourtant, le culte est tenu à l’œil – avec grande attention à vrai dire… et depuis fort longtemps, si ça se trouve…

 

C’est que certains rebondissements ne sont à vrai dire guère surprenants. Et pourtant, la narration est un peu confuse… Je crois décidément que cela tient à un goût du mystère de la part de l’auteur, mais utilisé ici à moins bon escient, et avec moins d’effet, que dans Requiem infernal. Il complique inutilement les choses, et notamment en raison d’un procédé particulier, je crois : la multiplication des personnages points de vue.

 

Par la force des choses, Cross est ce qui se rapproche le plus d’un héros, ici. Il est acceptable dans cet office, même s’il y a des trous dans son historique. Engagé (ou réengagé…) dans les forces de l’Astra Militarum dès son arrivée sur Rédemption, il a pour lui d’être plus finaud que le garde impérial lambda, en même temps qu’il se montre un sous-officier compétent. Ariken est un peu sa disciple, et disons l’incarnation du courage dans le conflit à venir. Mais Peter Fehervari ne s’en tient pas là, et nous suivons, à vue de nez, au moins une dizaine, plus probablement une quinzaine, d’autres personnages points de vue, dans les deux camps – et tous ceux-là manquent vraiment de personnalité, à vrai dire peut-être surtout les membres du culte genestealer, dont le fanatisme est absolu et le libre-arbitre inexistant. Ce qui est cohérent au regard du fluff de la faction, mais dans son acception la plus radicale, et probablement la moins intéressante. Mais tous ces personnages, en dehors de Cross, s’avèrent le plus souvent bien fades, et leur identité est trop floue pour qu’on y voie autre chose que des archétypes, voire des statistiques, dans le conflit à venir. Là encore, cela peut faire sens dans le concept, mais cela ne fonctionne pas vraiment dans les faits.

 

Dès lors, le roman se partage entre deux ou trois genres : il y a une dimension vaguement policière, qui est plutôt bâclée, pour cause d’empilement de clichés et de faux rebondissements ; il y a une dimension horrifique, qui fournit les meilleures scènes du livre ; il y a, enfin, une dimension d’action martiale, très inégale – elle fonctionne au mieux, sans surprise, quand elle se mêle d’horreur ; sinon, boum boum takatak, ce qui est attendu dans un roman Warhammer 40,000, mais fonctionne plus ou moins bien selon les auteurs (et, ici, Peter Fehervari n’est pas, disons, Dan Abnett ou Graham McNeill).

 

L’ensemble constitue une livraison plutôt médiocre de la Black Library – bon, disons, médiocre +, j’ai lu bien pire… Mais c’est donc plutôt une déception – et en tout cas un roman bien moins palpitant et utilement intriguant que Requiem infernal. Moins bien écrit, aussi, et/ou (très probablement, en fait) traduit. Clairement. Ouais, ça pique plus qu'à son tour...

 

À noter, le livre se conclut sur une nouvelle titrée « L’Ombre affamée ». Elle est passablement obscure, les éléments de contexte manquant – délibérément là encore, je suppose. Je l’ai lue comme une sorte de préquelle au roman Le Culte de la Spirale Sacrée. Mais son atmosphère est étrange, qui voit plusieurs cultes (genestealer, chaotique, impérial ?) se fritter entre eux en se traitant mutuellement d’hérétiques. Boum boum takatak très vite, du coup, et étrangement sur un mode qui évoque plus, disons, à vue de nez, Warcry que Warhammer 40,000, tandis que le cadre de Rédemption paraît encore plus hostile que dans le roman, au point où les codes post-apocalyptiques à la Mad Max sont de la partie. Il y a un peu de ça dans le roman, certes – les véhicules du culte, dérivés de leurs figurines, s’y prêtent bien. Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître dit là comme ça, ça m’incline d’autant plus à envisager cette nouvelle comme une préquelle. Je peux me planter. Mais je suppose que ça n’est pas bien grave, car… eh bien, cette histoire est de toute façon d’un ennui mortel. Et c’est dommage, parce que, dans le principe, il y avait peut-être un certain potentiel.

 

Bilan pas terrible, donc, si pas scandaleux non plus, pour Le Culte de la Spirale Sacrée. J’aurais espéré mieux, avec ce chouette thème des cultes genestealers, mais ça n’est donc pas encore pour cette fois…

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Celui qui n'a pas tué, et Le Maître de la Lumière, de Maurice Renard

Publié le par Nébal

 

RENARD (Maurice), Celui qui n’a pas tué, édition établie et préfacée, avec une bibliographie, par Claude Deméocq, Cadillon, Le Visage Vert, [1927-1930] 2019, 184 p.

 

RENARD (Maurice), Le Maître de la lumière, présentation de Roger Musnik, Paris, Bibliothèque Nationale de France, coll. Les Orpailleurs/Science-fiction, [1933, 1947] 2019, 303 p.

 

Mon focus sur ces deux livres de Maurice Renard a été publié directement en ligne dans la rubrique « Objectif Runes en plus – 1 » du Bifrost, n° 97, et vous la trouverez ici.

 

N’hésitez pas à réagir ici si jamais.

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