La Fuite de l'Eisenstein, de James Swallow
SWALLOW (James), La Fuite de l’Eisenstein, [The Flight of the Eisenstein], traduit de l’anglais par Julien Drouet, Nottingham, Black Library, coll. The Horus Heresy, [2007] 2014, 413 p.
Quatrième tome de la série de Warhammer 40,000 « L’Hérésie d’Horus », La Fuite de l’Eisenstein fait intervenir un quatrième auteur, James Swallow, qui prend donc le relais de Dan Abnett, Graham McNeill et Ben Counter. Mais les événements qu’il décrit sont directement liés à la « trilogie » d’introduction, centrée essentiellement autour du Space Marine Loken, membre des Luna Wolves puis des Sons of Horus.
À vrai dire, l’événement majeur de ce quatrième tome, et qui lui donne son titre, avait déjà été dépeint, quand bien même sommairement, dans La Galaxie en flammes : on y voyait le vaisseau spatial Eisenstein (quel nom…), sous les ordres du capitaine de bataille Nathaniel Garro de la Death Guard, quitter dans l’urgence le théâtre de guerre du système Isstvan suite à la trahison façon « Nuit des longs couteaux » du Maître de Guerre Horus, en emportant à son bord des réfugiés, la Sainte Euphrati Keeler, accompagnée de l’itérateur Kyril Sindermann, de la commémoratrice Mersadie Oliton et du Space Marine Iacton Qruze. De quoi concevoir une histoire intéressante, sans doute, sur un mode nettement moins épique que ce qui avait précédé.
Hélas, cette tentation de l’épique a emporté l’auteur (à moins qu’il n’y ait été contraint par le cahier des charges ?), et cet événement central n’apparaît véritablement qu’à la moitié du roman. Avant, on voit Nathaniel Garro et ses potes et rivaux de la Death Guard connaître en accéléré la même corruption fatidique que les Luna Wolves/Sons of Horus dans les tomes précédents. Ce qui constitue une sacrée redite, un brin chiante pour le coup. Certes, cela permet de mieux cerner la personnalité de Garro – présenté comme un traditionnaliste acharné, vieux de plusieurs siècles, avec un gentil couillon d’esclave à son service (ce qui ne le rend pas vraiment plus sympathique, mais il y a bien pire à ses côtés, et en premier lieu le gros facho Ignatus Grulgor…). Mais on s’emmerde quand même à la lecture de ce résumé des épisodes précédents, où ne change vraiment que la couleur des armures énergétiques des Space Marines en cause…
Le propos devient vaguement plus intéressant quand les réfugiés arrivent à bord de l’Eisenstein, après l’avertissement de l’héroïque Saul Tarviz, mettant Garro devant le fait accompli. On voit ici clairement le Chaos se mettre de la partie, bien plus que dans les épisodes précédents, et à bord du vaisseau même. La fuite, cependant, paraît relativement aisée, que ce soit dans le système Isstvan, ou ensuite, au sein du Warp – avec les vilaines bestioles qui s’imposent. Bon, quelques moments de pure détresse sont pas trop mal rendus… et reste, ensuite, l’avertissement apporté à Terra, qui n’est pas sans rencontrer des difficultés, dans la mesure où personne n’ose croire que Horus a trahi… Des pages assez convenues, dans l’ensemble, mais bon : ça marche à peu près…
Reste un autre problème, mais qui n’engage que moi : le poids de la religion, avec le culte de l’Empereur qui se développe autour de la Sainte, et qui finit par emporter Garro au-delà de ses réticences initiales (conservatrices…). Je n’ai pas le sentiment que cette question complexe ait été gérée au mieux, mais le problème tient sans doute à la « bible » (si j’ose dire) de l’univers…
Au final, La Fuite de l’Eisenstein est donc un roman au mieux médiocre ; j’aurais même envie de dire « dispensable », mais ne sais pas dans quelle mesure il peut avoir une importance pour la suite des opérations… Quoi qu’il en soit, il souffre à mon sens trop souvent de mauvais choix, qui inscrivent le récit dans la saga, mais au prix de redites pénibles. L’Hérésie étant maintenant affichée, il est bien temps de passer à autre chose : là, James Swallow s’est beaucoup trop restreint au cahier des charges du début de la série…
Bon… je vais quand même probablement lire la suite, hein… mais je sais pas quand. Ce sera avec Fulgrim de Graham McNeill.