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"Angle Mort", n° 1 à 7

Publié le par Nébal

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Cela faisait un petit moment déjà que la revue électronique Angle Mort me faisait de l’œil. Je ne cessais d’entendre ou de lire des éloges à son propos. Las, je n’étais pas équipé pour la lire dans de bonnes conditions. Mais les choses ont changé : j’ai désormais un Kindle, et, sitôt la bébête chargée, je me suis empressé de me procurer les sept premiers numéros de la revue (environ 3 € chacun, c’est très correct).

 

Chaque numéro d’Angle Mort obéit à une structure similaire : tout d’abord, un édito, souvent en forme de manifeste (mais plus ou moins pertinent selon les cas…) ; ensuite, quatre nouvelles, en principe deux francophones et deux étrangères (lire : anglo-saxonnes, ou plus exactement publiées en anglais), d’auteurs souvent peu ou pas connus de par chez nous, même s’il y a quelques stars de temps à autre. Je vais faire l’impasse sur les éditos (je ne me sens pas forcément armé pour débattre de ce qui y est exposé), mais me livrer à un rapide tour d’horizon des nouvelles de ces sept premiers numéros. Ah si, une remarque au passage : chaque nouvelle est précédée d’une petite introduction (classique), mais aussi suivie d’une brève interview de l’auteur (et ça c’est cool).

 

N° 1 (novembre 2010). « Ao » de Laurent Kloetzer se rattache à la nouvelle de l’auteur dans Retour sur l’horizon ; l’écriture est impeccable, les images sont fortes… mais c’est un peu court, jeune homme. Avec « Cœur flétri », Aliette de Bodard fait à nouveau dans la fantasy aztèque, mais d’une manière bien différente que ce qu’elle avait pu faire dans D’obsidienne et de sang : c’est plus abstrait, il n’y a pas de dimension polardeuse, mais c’est tout à fait intéressant. Xavier Mauméjean rend ensuite hommage à une star du stand-up avec « Lenny Bruce, comique galactique » ; on sait que cette forme d’humour s’exporte mal, et la nouvelle joue là-dessus ; mais le problème, c’est que, du coup, elle n’est pas drôle… le ratage de ce numéro. Reste enfin « Deuxième Personne du singulier » de Daryl Gregory, très intéressante nouvelle sur la conscience et la neuropsychologie, qui constitue probablement le point d’orgue de cette première livraison déjà tout à fait convaincante.

 

N° 2 (février 2011). Je ne reviendrai pas ici sur « Pragmata » de David Calvo, je vous avais déjà dit tout le bien que j’en pensais en chroniquant Utopiales 2011, et mes sentiments à son égard n’ont pas varié d’un iota. « Véelles » d’Adam-Troy Castro « parle d’une mère, d’une fille, du droit à la vie, de la dignité de tous les êtres vivants, de quelques âmes dotées de hautes destinées dès l’instant de leur conception et d’autres condamnées à demeurer les idiots utiles de la société » ; formellement, c’est assez intéressant, mais ça reste au final très classique et plutôt moyen. « L’Écran suivant » d’André Ourednik est un texte amusant avec Mario et Luigi ; pas grand-chose de plus à dire à mon sens. « La Maison derrière le ciel » de Benjamin Rosenbaum, enfin, est un très joli texte sur un lointain futur, qui séduit autant qu’il laisse perplexe. Là encore, vous l’aurez compris, le bilan global de ce numéro est largement positif.

 

N° 3 (mai 2011). On commence très fort avec « Le Jardin des silences » de l’excellente Mélanie Fazi ; on y retrouve son fantastique subtil, mêlé ici de colorations plus brutales, dans son évocation d’un couple d’ados qui font la connerie de trop. « Comme les femmes se battent » de Sara Genge, nouvelle sur l’identité sexuelle et les rôles des genres, m’a beaucoup fait penser à Ursula K. Le Guin ou encore Joëlle Wintrebert ; en moins bien, certes, mais correct. Suit l’immense Léo Henry avec « Œuvre vécu d’Athanase Stedelijk, une monographie » ; pas sûr d’y avoir panné grand-chose, mais putain, qu’est-ce qu’il écrit bien… Puis il y a « Mêlée » de Kij Johnson, nouvelle sur une humaine qui baise avec un extraterrestre dans un module de survie ; l’auteur reconnaît qu’on peut trouver la nouvelle lourde et gratuite, et c’est un peu mon cas (mais ce n’est pas un ratage pour autant). Un très bon numéro, donc.

 

N° 4 (août 2011). « Dieu, vu de l’intérieur » est une nouvelle de Jean-Claude Dunyach, et tout est dit ou presque : c’est bien fait, mais ça me laisse un peu froid ; bien aimé par contre la vision du panier de crabes que peut être un laboratoire de recherches. « Sale n… » de Ted Kosmatka est une nouvelle antiraciste à base d’hommes de Neandertal ; classique, mais ça marche bien. « Dahut » d’Hélène Marchetto est une variation sur la légende d’Ys, boursouflée et confuse : une faute de goût. Surtout si l’on compare à « La Voix de son maître », excellente nouvelle de Hannu Rajaniemi qui fait effectivement plus qu’un peu penser à l’excellent graphic novel We3 de Grant Morrison et Frank Quitely. L’ensemble du numéro est cependant peut-être un cran en-dessous de ce à quoi on avait eu droit jusque-là.

 

N° 5 (novembre 2011). On commence dans le brutal avec « Le Punisseur » de Jean-Marc Agrati, excellente nouvelle issue de son recueil L’Apocalypse des homards ; ça frappe fort. « Porté disparu » de Lauren Beukes continue dans la joie avec une évocation des exactions commises par des soldats dans des prisons à l’encontre de prisonniers extraterrestres. Toute ressemblance avec des faits réels… Pas mal. Ensuite, problème : vous allez nécessairement douter de mon objectivité, puisque l’on passe à Olivier Paquet pour « L’IA qui écrivait des romans d’amour » ; un critique fielleux (Thomas Day ?) avait fait remarquer que cette nouvelle partait sur un malentendu, dans la mesure où il y avait le verbe « écrire » dans le titre : au vu des navrantes interventions forumesques de l’auteur, on comprend sans peine cette remarque, mais elle est peut-être un peu sévère en l’espèce… Pour ma part, j’ai simplement trouvé ce texte médiocre ; par contre, je ne sais toujours pas s’il est atrocement niais ou atrocement cynique. On remonte le niveau avec… William Gibson (ah ben oui, forcément) qui nous livre « Treize vues des bas-fonds » ; un exercice de style qui évoque en effet Burroughs ou Ballard, plutôt intéressant.

 

N° 6 (février 2012). Éric Holstein nous livre avec « Glamour Über Alles » sa vision de l’univers des soap operas hollywoodiens ; très sympa. « Pacmandu » de Lavie Tidhar est une jolie plongée dans l’archéologie des jeux vidéos. « Resolute Bay » de Lucia Renart m’a par contre laissé assez indifférent. J’y ai préféré « Les Mains de son mari » d’Adam-Troy Castro, sur le retour de soldats en piteux état : ici, il ne reste plus que des mains…

 

N° 7 (juin 2012). Kij Johnson nous revient avec « Poneys », une très chouette nouvelle sur la cruauté en général, et enfantine en particulier. Thomas Day est égal à lui-même dans « Sept Secondes pour devenir un aigle », court road-movie sioux sombre et violent (et drôle). L’excellente Kelly Link nous régale sans surprise avec « La Plupart de mes amis se composent d’eau aux deux tiers » et sa théorie du complot pour le moins originale, mêlée d’amour platonique. Reste enfin Ian McDonald avec « Une révolte astucieuse et courtoise des morts », une chouette nouvelle africaine sur l’instrumentalisation utile d’Internet (tout est dans le titre, ou presque). Un numéro d’une qualité exceptionnelle.

 

 Vous l’aurez compris : j’ai été convaincu sans peine par la qualité de cette revue électronique, et je lui souhaite longue vie et prospérité. C’est une belle initiative, bien exécutée, et qui mérite bien des éloges.

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"Le Cycle de Mars", d'Edgar Rice Burroughs

Publié le par Nébal

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BURROUGHS (Edgar Rice), Le Cycle de Mars, traduit de l’anglais (États-Unis) par Charles-Noël Martin, J.-F. Amsel et Sébastien Guillot, préface de Frédéric Jaccaud, Paris, Omnibus, [1912-1914, 1916, 1922, 1988-1989] 2012, VII + 946 p.

 

La récente sortie sur les écrans du film Disney John Carter (que je n’ai aucune envie de voir) a fourni à n’en pas douter, et c’est tant mieux, le prétexte à cette réédition du fameux Cycle de Mars d’Edgar Rice Burroughs (oui, le pôpa de Tarzan). Ce volumineux omnibus regroupe cinq romans publiés originellement en feuilleton entre 1912 et 1922, et, comme je ne rechigne pas de temps en temps à faire un peu d’archéologie de la science-fiction et que j’avais envie de lire un truc léger et distrayant, j’ai fait l’acquisition de la bête, laquelle ne répond qu’à un seul mot d’ordre :

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

 

(Tiens, ça faisait longtemps.)

 

Disons-le tout net : en effet, Le Cycle de Mars est très probablement le truc le plus incroyablement bourrin que j’aie jamais lu. De l’action, de l’action, et encore de l’action ! Ce qui se traduit généralement par : de la baston, de la baston et encore de la baston ! Ça n’arrête pas.

 

Ou presque. Parce que, entre deux phases d’action, il faut bien laisser un peu de place aux sentiments, sur cette planète où toutes les femmes sont des princesses : l’amûûûr a donc aussi sa place sur Barsoom (comme ses habitants appellent Mars). C’est pas parce qu’on est sur la planète de la guerre qu’on doit pour autant laisser la galanterie aux vestiaires, non mais oh.

 

D’où un cocktail détonnant, entre « Conan » et la tradition courtoise lorgnant sur Les Feux de l’amour : c’est invraisemblablement bourrin, macho au possible, et d’une niaiserie confondante. C’est, du coup, parfois à hurler de rire. Mais c’est aussi bourré d’idées et très certainement séminal : la quatrième de couv’ évoque des auteurs aussi divers que Robert Heinlein, Michael Moorcock (qui a pastiché la chose dans un autre recueil sorti en Omnibus), Arthur C. Clarke et Ray Bradbury ; j’aurais plutôt cité, pour ma part, Robert E. Howard et Jack Vance. Mais c’est à vrai dire toute la littérature d’imaginaire principalement axée sur l’action qui pourrait remonter à ce Cycle de Mars, et en prime tous les planet operas. Et, avouons-le, avec tous ses ridicules et malgré une plume datée et parfois pénible, c’est dans l’ensemble très rigolo, et ça remplit toujours, un siècle plus tard, parfaitement son office, ce qui mérite tout de même d’être souligné.

 

Décortiquons maintenant la bête. Tout commence avec La Princesse de Mars (A Princess of Mars). Nous faisons la connaissance de John Carter, un ancien officier sudiste (et accessoirement un vrai connard arrogant) ; parti à la recherche d’or dans les montagnes américaines, il est un jour poursuivi par de (naturellement) féroces Apaches, qui le contraignent à trouver refuge dans une grotte. Il s’endort… et quand il se réveille, sans que l’on ait besoin d’autre explication, c’est sur Mars, et à poil. Ah. Bon. Ben on va faire avec, hein. John Carter part explorer les environs, et découvre bientôt une planète moribonde, ravagée par des conflits incessants entre les différentes races « humaines » de Barsoom (dans l’ordre où on les rencontre, les Verts, les Rouges, les Blancs, les Noirs et les Jaunes). Sur Terre, John Carter était déjà un soldat de la meilleure trempe ; mais sur Barsoom, sa constitution terrienne qui détonne avec la faible gravité environnante lui permet d’accomplir des prodiges. Il va devenir ainsi un guerrier particulièrement redoutable, luttant sans cesse pour sa survie… et pour l’amour de la belle Dejah Thoris, princesse d’Hélium. Le roman se conclut sur un cliffhanger brutal, qui laisse le lecteur à bout de souffle (littéralement).

 

Mais, heureusement, c’est pas fini (loin de là) : on enchaîne avec Les Dieux de Mars (The Gods of Mars), à mon sens le meilleur des cinq romans ici compilés ; John Carter y retourne enfin sur Mars, et se retrouve à foutre le bordel dans les convictions raciales et religieuses des Martiens (ce qui rend le roman moins con qu’il n’en a l’air) ; l’action est menée tambour battant, sans interruption, et c’est l’occasion pour John Carter de retrouver de vieux amis, et de s’en faire de nouveaux, comme Thuvia, et de rencontrer – de manière hilarante tant notre héros est lent du ciboulot – son fils Carthoris. Là encore, le roman s’achève sur un cliffhanger haletant, appelant nécessairement une suite.

 

Ce sera Le Guerrier de Mars (The Warlord of Mars), qui enchaîne directement à la fin du roman précédent. Après avoir foutu la merde au pôle sud dans l’épisode antérieur, John Carter est cette fois amené à se tourner vers le pôle nord et ses cruels Jaunes (ben oui). Pour le reste, on ne change pas une recette qui fonctionne : le schéma est largement le même que celui des deux romans précédents… ce qui peut entraîner un minimum de lassitude. John Carter n’en héritera pas moins du titre inédit de seigneur de guerre de Barsoom, ce qui ne le rendra pas moins arrogant, loin de là.

 

Suit Thuvia, vierge de Mars (Thuvia, Maid of Mars), le plus court de ces cinq romans, qui se contente largement de changer le couple principal (Carthoris et Thuvia remplacent John Carter et Dejah Thoris), mais manie toujours les mêmes ingrédients, pour un résultat moyen.

 

Le niveau remonte, à mon sens en tout cas, avec le dernier de ces cinq romans, Échecs sur Mars (The Chessmen of Mars). Nous y rencontrons Tara d’Hélium, fille de John Carter et Dejah Thoris (et donc sœur de Carthoris), qui, en plus d’être une princesse arrogante, est incroyablement conne. C’est ainsi qu’elle va très vite se retrouver dans un merdier sans nom, dont il faudra bien que quelqu’un la tire : ce sera Gahan de Gathol, amoureux éconduit mais fine lame et tête brûlée. Là encore, l’action va à cent à l’heure, ponctuée de bonnes voire très bonnes idées, et ça se lit tout seul.

 

Alors voilà : Le Cycle de Mars est une lecture très drôle, malgré elle parfois, mais à n’en pas douter fort divertissante. L’influence de ce cycle sur la SF ultérieure la plus axée sur l’aventure est indéniable. Aussi ce voyage sur Barsoom fut-il tout sauf déplaisant. Avis aux amateurs et, tous en chœur :

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

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"L'Appel de Cthulhu : Les Oripeaux du Roi"

Publié le par Nébal

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L’Appel de Cthulhu : Les Oripeaux du Roi

 

Je poursuis mon exploration des scénarios et campagnes publiés par Sans-Détour pour L’Appel de Cthulhu. Pour ce qui est des campagnes, j’étais resté sur un très mauvais souvenir avec la très (trop) « old school » Les Ombres de Yog-Sothoth (qui n’avait d’ailleurs pas grand-chose à voir avec Yog-Sothoth). Aussi est-ce avec une certaine appréhension que j’ai entamé la lecture des Oripeaux du Roi, qui fut en son temps la première campagne éditée par Sans-Détour.

 

 Ben j’avais tort, car ce fut bel et bon.

 

Les Oripeaux du Roi débute à Londres en 1928, alors que les investigateurs (idéalement au moins un aliéniste et si possible un ou plusieurs artistes) sont conviés à la représentation par une troupe de théâtre amateur d’une pièce inspirée du Roi en jaune (la pièce maudite, donc ; voyez ici). Évidemment, ça tourne plutôt mal… Mais les vrais soucis vont commencer par la suite quand, en enquêtant sur les délires d’un fou, les investigateurs vont entrevoir l’existence d’un culte d’Hastur, visant à appeler le Grand Ancien sur Terre… Voilà pour ce qui est de la première partie de cette campagne, jusqu’alors irréprochable, et composée d’un prologue et de cinq chapitres.

 

La deuxième partie constitue une sorte d’entracte, en seulement deux chapitres, qui conduiront les investigateurs dans la vallée de la Severn chère à Ramsey Campbell récupérer auprès d’adorateurs de Shub-Niggurath les éléments indiquant que les frères du Signe Jaune n’en ont pas terminé.

 

En découle la troisième partie (cinq chapitres), qui amènera les investigateurs à faire un long voyage… jusque sur les plus hautes cîmes de l’Himalaya !

 

Si les deuxième et troisième parties sont un peu moins convaincantes que la première, le niveau reste très bon : les différentes étapes de la campagne s’enchaînent bien, et la trame reste lisible sans être trop linéaire du début à la fin. De la belle ouvrage donc, que j’ai hâte de faire jouer.

 

 Hastur Hastur Hastur !

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"Singulier Pluriel", de Lucas Moreno

Publié le par Nébal

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MORENO (Lucas), Singulier Pluriel, Vevey, Hélice Hélas, 2012, 227 p.

  

Après Vincent Gessler et Laurence Suhner (entre autres : je n’évoque ici que ceux qui ont écumé récemment ces pages interlopes), voilà-t-y pas que Lucas Moreno rejoint à son tour le Complot Suisse pour la Domination de la SF Francophone. Lucas Moreno, on s’en souvient notamment pour feu Utopod. Mais il a également commis quelques nouvelles ces dernières années, compilées dans le présent recueil publié par un éditeur au nom chelou. J’en avais pour ma part déjà lu trois, l’une dans Dimension Suisse et les deux autres dans Bifrost, et, ma foi, c’était plutôt convaincant. De là à lire ce court (très court, en fait) volume, il n’y avait qu’un pas, vite franchi.

 

Adonc. Singulier Pluriel, le premier livre de l’auteur, comprend neuf des dix nouvelles qu’il a publiées à ce jour. Ce qui peut faire un peu peur : on peut en effet craindre que tout cela flirte un peu trop avec l’amateurisme, certes rafraîchissant et enthousiaste, mais bon, quand même ; un recueil, c’est (ou cela devrait être) plus que la somme des nouvelles qui le composent, il ne suffit pas d’atteindre un certain quota pour que le recueil puisse sortir. Et, en effet, Singulier Pluriel, recueil le cul entre deux chaises, donne davantage une impression un brin fâcheuse de dispersion plutôt que celle, louable, de l’éclectisme. Ce qui se traduit dans les faits par deux parties : la première, comprenant cinq nouvelles, fait dans le fantastique et l’horreur (grosso merdo) ; la seconde, avec quatre nouvelles (dont les trois que je connaissais déjà…), est résolument SF, et, à mon sens, plus convaincante.

 

Commençons donc par les nouvelles « fantastiques ». Ça commence plutôt bien avec « Singulier Pluriel » (donc), nouvelle sur un étrange voisinage qui n’est pas sans évoquer Rosemary’s Baby mâtiné de Society. « Le Meilleur’ Ville dou monde », qui suit immédiatement, témoigne d’obsessions assez similaires, et fonctionne également plutôt bien. La plume de Lucas Moreno est assez agréable, sait éviter les lourdeurs et maladresses si communes aux débutants, les personnages sont bons, l’ambiance aussi. Rien de transcendant, n’exagérons rien, mais ça se lit bien. Mieux, sans doute, que « Shacham », dont le préambule fait un peu peur, même si la suite est plus intéressante (le cadre himalayen y est pour beaucoup). « Dellamorte Dellamore » (bah oui, comme le chouette film de Michele Soavi) est également très correcte, avec sa femme qui ne cesse de revenir d’entre les morts. Le polar fantastique « Comme au premier jour » convainc un peu moins (et sent un peu le réchauffé). Bilan de cette première partie : c’est du correct. Rien d’exceptionnel, mais, disons, moyen +.

 

La partie SF est à mon sens plus réussie. Je vous avais déjà dit tout le bien que je pensais de « L’Autre Moi » en traitant de Dimension Suisse, il me paraît donc inutile d’y revenir ici. Suit « Demain les eidolies », déjà lue dans Bifrost, et qui m’avait fait une forte impression. Cette histoire de « maïeutique de surface », avec en outre des éléments dickiens et d’autres relevant d’une science-fiction plus classique, me paraît constituer le meilleur du recueil : c’est irréprochable. « Trouver les mots », la seule des nouvelles de SF que je n’avais pas lues, est également assez séduisante : une SF sombre et désenchantée, qui m’a fait penser au Quinzinzinzili de Régis Messac (l’humour en moins). Et le recueil de se conclure sur une autre nouvelle bifrostienne avec « PV » et son jardin d’Eden truqué. L’impression globale ? Moyen ++, voire bon. Pas encore tout à fait ça, mais pas mal.

 

Au final, avec Singulier Pluriel, Lucas Moreno nous livre un court bilan de sa production passée, qui se dévore d’une traite (le livre se lit en quelques heures à peine), et séduit plus qu’à son tour. Sans jamais convaincre pleinement, certes – toujours, de temps à autre, cette impression d’amateurisme –, mais ça n’en fait pas moins une lecture dans l’ensemble plutôt recommandable, et surtout un témoignage éloquent des capacités latentes de l’auteur, que l’on qualifiera selon l’usage de prometteur. Et c’est déjà bien.

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"Pathfinder Univers : Le Guide de Korvosa"

Publié le par Nébal

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Pathfinder Univers : Le Guide de Korvosa

 

On va faire vite, une fois n’est pas coutume, dans la mesure où ce supplément est très bref et ne mérite guère que l’on s’y attarde, hélas.

 

Adonc. Korvosa est une quasi-colonie chélaxienne en Varisie. Parmi ses voisins notables, on notera la citadelle de Vraid, Janderhoff et Kaer Maga ; elle exerce par ailleurs un certain contrôle  sur Abken, Biston, Baslwief, Harse, Melfesh, la baie de Palin, Sirathu et Veldraine (cartes en couleur à l’appui, comme d’hab’).

 

On détaille ensuite les divers quartiers de la ville : l’Académie, spécialisée dans l’Invocation a fortiori depuis que la maison Thrune, trois-fois-damnée, a pris le contrôle du Chéliax ; le château de Korvosa, bâti sur un grand mastaba shoanti ; la Rive est ; la Grisaille, un vaste cimetière ; les Hauteurs ; le Médian ; la Pointe nord ; la Vieille Korvosa ; la Rive sud, enfin. Mais il faut aussi mentionner les Tuiles, une sorte de ville sur la ville ; et, en-dessous, les Caves…

 

Après quoi l’on s’intéresse aux habitants de Korvosa : gouvernement, organisations militaires, grandes familles, races, religion… C’est aussi l’occasion d’évoquer la Guilde des Voleurs… qui se trouve être la seule guilde officielle de Korvosa (toute tentative d’association est sévèrement réprimée) !

 

Suivent quelques données historiques, puis l’on passe aux secrets de la ville ; mais, autant le dire tout de suite, il n’y a là rien de très bandant…

 

Le problème, en effet, est simple : Korvosa est une ville affreusement banale. Certes, tout ne peut pas être extraordinaire sur Golarion, et Pathfinder est un jeu de rôle « générique » ; mais voilà : je n’aurais aucune envie d’y faire traîner mes joueurs, de crainte qu’ils ne meurent d’ennui devant la platitude du décor.

 

 Un supplément très dispensable, donc. Assurément le moins bon de la gamme « Pathfinder Univers » qu’il m’ait été donné de lire.

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"Zendegi", de Greg Egan

Publié le par Nébal

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EGAN (Greg), Zendegi, [Zendegi], traduit de l’anglais (Australie) par Pierre-Paul Durastanti, Saint-Mammès, Le Bélial’, [2010] 2012, 370 p.

 

Si Zendegi est le huitième roman du génial et mystérieux auteur australien Greg Egan, c’est aussi, je le confesse, le premier que j’ai l’occasion de lire. Je ne connaissais en effet jusque-là l’auteur que pour ses brillants recueils de nouvelles, déjà publiés par le Bélial’, Axiomatique, Radieux et Océanique. J’avoue avoir eu un peu peur de m’attaquer à Egan romancier : il avait en effet une réputation d’auteur hard science particulièrement velu sur la longue distance… Et là, je ne me sentais pas de le suivre. Zendegi, cependant, n’avait pas cette réputation. Et, effectivement, ce n’est pas du Egan hyper velu, mais plutôt proche de la majeure partie de ses excellentes nouvelles. Attention, cependant, citoyens : pour évoquer ce qui fait vraiment l’intérêt de ce roman, je vais devoir spoiler grave. Vous êtes prévenus…

 

Le roman commence… en 2012 (couillu !), alors que l’Iran connaît une révolution (rappelons que le roman est antérieur au « printemps arabe ») (oui, je sais très bien que l’Iran n’est pas un pays arabe, mais laissez donc ces mouches tranquille, je vous prie). Sur place, à Téhéran, Martin Seymour, journaliste australien, est aux premières loges pour assister au mouvement de contestation (qui brille par son astuce pour contourner les mesures de répression du régime).

 

Pendant ce temps, nous suivons aussi Nasim Golestani, une jeune scientifique iranienne en exil aux États-Unis, qui, tout en suivant les événements du pays natal, consacre l’essentiel de son temps à ses travaux sur le PCH (via des oizouilles), « un projet de cartographie des connexions neuronales du cerveau humain ».

 

2027. Martin Seymour est toujours en Iran, devenu démocratique, et a épousé une jeune révolutionnaire, avec laquelle il a eu un enfant. Nasim, de son côté, n’a pas résisté à la tentation, et, comme nombre d’anciens exilés, elle est retournée au pays. Elle travaille désormais sur Zendegi, une sorte de jeu de réalité virtuelle (ou plutôt un ensemble de ces jeux particulièrement immersifs). Zendegi, cependant, ne fait pas le poids face à ses concurrents les plus directs. Du moins jusqu’à ce que Nasim ressorte de ses cartons ses travaux du PCH pour les appliquer au jeu, ce qui crée des êtres virtuels d’un réalisme sans pareille… ce qui ne va pas sans susciter la controverse, voire pire ; on aborde déjà sous cet angle de passionnants questionnements d’ordre éthique, soulignés par la citation en quatrième de couv’ : « Créer un logiciel conscient incapable de prendre en main son destin est contraire à l’éthique… » Mais ce n’est là qu’un aspect du problème.

 

Spoilons comme des porcs

 

Gruik.

 

La femme de Martin Seymour meurt dans un accident de voiture, et Martin lui-même, au sortir d’une batterie d’examens, apprend qu’il n’en a plus pour longtemps. Mais il y a son fils ; et, quand bien même Martin dispose d’amis très chers désireux de venir en aide au petiot, Martin n’en considère pas moins que c’est à lui, son père, de lui fournir une éducation et une assistance. Sous la forme d’un avatar… et c’est pourquoi il contacte Nasim, et les deux se lancent dans un détournement de Zendegi.

 

Et là, ça devient vraiment très fort. Jusque-là, le roman était déjà assez intéressant, notamment dans ses aspects politiques et les premières controverses philosophiques suscitées par Zendegi et le PCH. Mais quand la « survie » de Martin entre en jeu, le roman prend une tout autre dimension, tout à fait fascinante, et qui n’a pas été sans me rappeler certaines des meilleures nouvelles de Greg Egan (rhââââââ, « Des raisons d’être heureux » !). Le roman acquiert au passage une forte dimension humaine, sincèrement émouvante, qui montre bien qu’on aurait tort de réduire la production de l’auteur australien à de la « SF d’ingénieur ».

 

Bon, maintenant, calmons-nous. Je ne vais pas crier au chef-d’œuvre : Zendegi n’en est pas un. Il est à l’occasion un peu bancal, tend à se disperser, et on peut se demander si la forme romanesque était réellement la plus appropriée pour traiter de ces sujets (une novella, peut-être ?).

 

Il n’en reste pas moins que ce roman vaut beaucoup mieux que sa réputation – je l’avais entendu/vu qualifié de « mineur » – et que les amateurs de Greg Egan auraient tort de faire l’impasse dessus. Certes, ce n’est pas le plus hard des Egan, ce qui pourrait décevoir certains fans ; mais un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça fait du bien aussi, parfois, non ?

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"L'Appel de Cthulhu : Terra Cthulhiana"

Publié le par Nébal

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L’Appel de Cthulhu : Terra Cthulhiana

 

Terra Cthulhiana est un (volumineux) atlas du Mythe et plus généralement de bizarreries diverses et variées qui essaiment sur notre belle planète, que l’on doit aux Allemands de Pegasus Press. Amateurs d’histoire secrète et de théorie du complot, vous trouverez là à n’en pas douter votre bonheur, sous la forme d’un vaste compendium merveilleusement documenté.

 

Le supplément (qui fait partie de la gamme de L’Appel de Cthulhu mais se révèlerait sans doute très approprié également pour Delta Green) est composé grosso merdo de deux parties bien inégales : la première, et de loin la plus longue, correspond à l’atlas à proprement parler, découpé en zones géographiques distinctes. Mais il reste encore un dernier chapitre, « Légendes », qui fournit des squelettes de campagnes internationales à base de mystères mystérieux et autres délires mystico-ufologiques, etc.

 

Commençons par évoquer les différents sites détaillés dans l’atlas. On commence par l’Amérique du Nord, avec les pueblos anasazis et Y’ha-nthlei (ce dernier chapitre n’étant finalement pas redondant avec le guide d’Innsmouth). En Amérique centrale et du Sud, nous jetons ensuite un œil (voire deux, ou plus si affinités) sur divers sites précolombiens. Passons à l’Europe et l’Asie mineure : la forteresse au trésor de Kiyinda sur Karasi, Malte et ses 8000 ans d’histoire, les reliques minoïques en Crète et sur Santorin, le tombeau de Nimrod, et enfinles villes souterraines troglodytes de Cappadoce. En Afrique et au Proche-Orient, nous nous intéressons aux ruines du Grand Zimbabwé, à la ville d’Irem, aux pyramides nubiennes de Méroé et à la Cité sans Nom. Suit un gros chapitre asiatique, avec les temples d’Angkor, les grottes d’Ellorâ et le temple Kailasa, le Krakatoa, le plateau de Leng (qu’on pourrait préférer situer uniquement dans les Contrées du Rêve, mais bon, admettons), Shamballa, la Toungouska et son mystérieux phénomène, et enfin les pyramides de Yonaguni. En Australie, on se penche sur le désert des Pinacles et sur Pnakotus, la ville de la Grande Race. Dans l’Arctique, on retrouve l’Hyperborée légendaire et la ville de Lomar où someille Iranon. En Antarctique, le lac Vostok et Kadath (là, dans ce dernier cas, je ne suis pas d’accord : Kadath, à mon sens, ne peut se trouver que dans les Contrées du Rêve de la Terre ; de toute façon, ce chapitre ne fait pas le poids face à l’excellent guide de Kadath publié par Mnémos dans sa belle collection Ourobores…). Restent enfin les océans : le continent perdu de Mu, l’île artificielle de Nan Madol, l’île de Pâques et ses secrets et, last but not least, R’lyeh, of course.

 

Chacun de ces sites est décrit, avec son histoire, de manière approfondie, et la lecture de ce guide est un véritable régal, qui offre l’occasion de très nombreuses découvertes.

 

Restent les « Légendes », présentées sous forme de squelettes de campagnes, et qui dévoilent encore de nouveaux sites mystérieux : c’est ainsi que l’on part à la recherche du Graal, puis de la haute technologie de l’Antiquité ; on marche ensuite dans les pas des Assassins et des Templiers (forcément…), avant de s’intéresser aux secrets impies de la Terre Sainte ; restent le monde souterrain (re-forcément…) et, dans un dernier éclat passionnant, la géométrie sacrée et profane des pyramides.

 

Tout cela nous fait un excellent supplément, probablement un des meilleurs de la gamme, et que l’on peut en outre facilement détourner pour d’autres jeux (il n’y a pas une seule caractéristique technique dans tout le volume), voire lire pour son édification personnelle, tout simplement. Un beau volume, certes pas exhaustif, mais néanmoins irréprochable, qui fourmille de bonnes idées et est doté d’une iconographie abondante et superbe. Chapeau bas.

 

 De la même équipe, Sans-Détour annonce pour (très) bientôt un nouveau guide, consacré au Necronomicon et autres livres impies ; s’il est fait avec autant de soin et de passion, je crois qu’on peut déjà en baver d’avance…

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"Vestiges", de Laurence Suhner

Publié le par Nébal

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SUHNER (Laurence), Vestiges, Nantes, L’Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2012, 575 p.

 

Vestiges est le premier roman de Laurence Suhner. Enfin… pas tout à fait. Plus exactement, Vestiges est le premier tome d’une trilogie (mais pourquoi, bordel ?), intitulée « QuanTika » (c’est quoi ce nom ?). La quatrième de couverture nous promet « un planet opera somptueux, une plongée archéologique envoûtante ». Mazette, c’est que ça doit être bien, alors.

 

Dans quelques siècles. Nous sommes sur Gemma, une planète glacée, et la plus lointaine colonie humaine. Mais ce qui singularise vraiment ladite planète, ce sont les vestiges qu’y ont laissé les « Bâtisseurs », une civilisation extraterrestre disparue (ou bien…?) ; ainsi cet immense artefact en orbite, dont on n’a jamais pu percer les secrets. Mais une équipe de scientifiques triée sur le volet met bientôt à jour, sous une épaisse couche de glace, d’autres vestiges des Bâtisseurs ; ils se lancent en secret dans l’exploration de ces ruines sans pareille, qui pourraient expliquer bien des choses, et notamment les étranges phénomènes physiques constatés par les chercheurs d’une petite base, non loin de là. Mais cela n’ira pas sans susciter des convoitises, notamment de la part de la Milice, gardienne de l’ordre autoproclamée face aux menées de plus en plus ambitieuses des « Enfants de Gemma », un groupe écologiste et nationaliste d’un genre nouveau.

 

Alors voilà. Un planet opera, donc. Mais avec un Big Dumb Object. Et qui louche plus qu’à son tour sur la hard science. Sans négliger pour autant la dimension humaine et sociale, a priori. Voilà qui est particulièrement alléchant. S’agit maintenant de tenir les promesses…

 

Et là ça coince un peu. Enfin, en tout cas, ça a coincé pour moi. Pour deux raisons essentiellement (plus ou moins les mêmes que pour Tau Zéro, tiens) : le style, et les personnages.

 

Disons-le franchement, au moins au début du roman, c’est passablement atroce. Du genre écrit avec les pieds, mais tant qu’à faire les deux dans le même sabot. On ne compte pas les lieux communs et autres formulations malhabiles. De même que l’on peut se montrer sceptique devant les changements incessants de personnages, toute une kyrielle, et qui ont tous le fameux dictionnaire de Flaubert sous le bras pour plomber inévitablement leurs dialogues, au mieux purement utilitaires, au pire d’une naïveté confondante.

 

Du coup, sur environ 200 ou 300 pages, je me suis plutôt fait chier, personnellement. Et puis – miracle ! – ça s’améliore, et on finit par se prendre au jeu (à mesure que les scientifiques avancent dans leur exploration des vestiges, ce n’est certainement pas un hasard). On peut en déduire que l’exposition, trop longue, est mal gérée. C’est en tout cas mon intime conviction. Et, du coup, je ne saurais véritablement recommander la lecture de ce roman bancal, qui fourmille certes de bonnes idées, mais ne sait pas toujours les exploiter avec l’adresse qui en ferait une vraie réussite. Pas certain de lire la suite… on verra bien. Reste un premier roman bourré de défauts, mais pas totalement raté non plus ; vu la pénurie de SF ambitieuse de par chez nous, on pourra peut-être s’en contenter… ou pas.

CITRIQ

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"Pathfinder Univers : Le Recueil du val de Sombrelune"

Publié le par Nébal

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Pathfinder Univers : Le Recueil du val de Sombrelune

 

Le Recueil du val de Sombrelune est un supplément de la gamme « Pathfinder Univers » composé de cinq éléments : le guide du val de Sombrelune est en effet suivi de quatre scénarios, trois donjons formant une mini-campagne et un quatrième scénario « en extérieur » pouvant s’y agréger aisément.

 

Commençons par le guide de cette région sauvage de l’Andoran. On s’intéresse tout d’abord, et fort logiquement, aux étendues sauvages : la forêt d’Arthfell, les montagnes Aspodell, les plaines de Sombrelune, la forêt de Sombrelune, la Faille de Droskar (un gigantesque volcan), le Promontoire d’Elberwick, les montagnes des Cinq Rois, l’Écume et les collines aux Loups. Toutes ces régions sont décrites à grands renforts de cartes, et réservent chacune bien des possibilités de jeu, même si la plupart ne sont qu’esquissées lors de ce premier chapitre. Les organisations et créatures (en premier lieu, les lycanthropes) qui fréquentent ces régions sont également décrits, et plus largement la flore et la faune. Rien de bien original, mais ça se lit bien.

 

On s’intéresse ensuite à la civilisation (un bien grand mot, peut-être…). Trois villes sont examinées : Nid-du-Faucon (qui sera au cœur des quatre scénarios concluant l’ouvrage), Olfden, et la Falaise de Piren. Mêmes causes, mêmes effets que pour ce qui précède. On s’attardera cependant ici sur la description du sinistre Consortium du Bois, qui contrôle largement la région.

 

Le très bref troisième chapitre concerne la tumultueuse histoire de la région, depuis la colonisation naine jusqu’à l’époque actuelle. Passionnant, mais un peu frustrant : on en voudrait plus…

 

Et on en arrive enfin aux Secrets, qui approfondissent ce qui a été évoqué plus haut. Tout à fait intéressants pour bon nombre d’entre eux, même s’ils ne brillent pas toujours pas l’originalité, ces secrets offrent bien de quoi faire dans cette région sauvage.

 

En guise de preuve, les quatre scénarios qui suivent : faisons tout d’abord un sort aux trois donjons formant mini-campagne, et destinés respectivement à des personnages de niveau 2 (La Couronne du roi kobold), 5 (La Revanche du roi kobold) et 6 (Affamés sont les morts). C’est du donjon fort classique, mais aussi fort bien fait, et ça doit être très amusant à jouer. Même si, perso, je trouve qu’il y a certaines bastons dont on pourrait se passer pour sortir de la logique « j’ouvre la porte, je tue le monstre, je ramasse le trésor » ; c’est quand même très bourrin…

 

Le scénario le plus intéressant est donc sans surprise, « en extérieur », La Foire aux larmes (personnages de niveau 5). Comme les trois autres, il se situe (cette fois intégralement) à Nid-du-Faucon, et confronte les PJ à une étrange fête foraine qui ne tarde pas à dégénérer : un très bon scénario, vraiment bien ficelé.

 

Au final, ce recueil constitue donc un supplément de qualité, bien digne de la gamme « Pathfinder Univers » et offrant bien des opportunités de jeu.

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Où Nébal est entrevu

Publié le par Nébal

Si, si, sans déconner.

 

C'est l'ami Gromovar qui s'en est chargé, et ça se trouve chez lui, .

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