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"Le Lézard lubrique de Melancholy Cove", de Christopher Moore

Publié le par Nébal

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MOORE (Christopher), Le Lézard lubrique de Melancholy Cove, [The Lust Lizard of Melancholy Cove], traduit de l'américain par Luc Baranger, Paris, Gallimard, coll. Folio Policier, [1999, 2002, 2006] 2013, 431 p.

 

Bizarrement, je n'avais encore jamais lu de bouquin de Christopher Moore jusqu'à présent. Ce n'était pourtant pas l'envie qui me manquait, et plusieurs de ses titres, que ce soit dans la Série noire ou bien dans la collection « Interstices » de Calmann-Lévy, m'ont sacrément fait de l'œil. Mais voilà, il a fallu que l'occasion se présente ; un joyeux camarade m'a prêté ce Lézard lubrique de Melancholy Cove pour égayer mon hospitalisation, et je n'ai certes pas dit non. C'était même, disons-le, le bouquin idéal pour ce faire ; un excellent choix, qui a même eu quelque chose de salutaire : alors, merci, citoyen, merci.

 

Présenter ce livre – surtout en ce moment, comme vous le savez – s'annonce cependant ardu, d'autant que nous sommes en présence d'un machin passablement inclassable (même si publié dans la « Série noire » originellement, on ne peut pas vraiment dire que l'on se trouve en présence d'un polar classique... mais le plus troublant est probablement que nous sommes quand même en présence d'un polar, d'une certaine manière). Mais je vais tâcher de.

 

Adonc, nous sommes à Melancholy Cove, station balnéaire californienne, si je ne m'abuse. Et il s'y passe plein de choses plus ou moins saugrenues. Il faut dire que la population est quelque peu bigarrée. Le flic amateur de fumette reste abordable, mais il y a plus étrange, comme ce bluesman, Catfish, poursuivi depuis des années par un monstre marin, ou cette schizo de Molly Michon qui fut en son temps la star dénudée d'une kyrielle de nanars post-apo. Je vous passe le reste de la faune, vous la découvrirez bien par vous-mêmes.

 

Et il s'en passe, des choses, à Melancholy Cove, surtout depuis un récent suicide. La psy Valérie Riordan pète d'ailleurs un peu les plombs, et remplace avec la complicité d'un pharmacien qui fantasme sur les dauphins Prozac, Zoloft et compagnie par des placebos. Si ce n'était que ça ! Mais non, tout le monde en fait pète un peu les plombs. Et connaît une explosion de libido. Un putain de lézard géant en est responsable, qui a une tête à s'appeler Steve. Et il bouffe des passants de temps à autre. Faut enquêter sur tout ça, et c'est Théo Crowe qui s'y colle...

 

Et tout ça nous donne un bouquin assez unique en son genre, qui ressemble effectivement à un polar même si particulièrement loufoque, et qui constitue un vrai bonheur de lecture. Tout cela est peut-être bien régressif, mais on s'en cogne : quand bien même l'humour tonitruant de Christopher Moore ne brille pas forcément toujours par la subtilité, on se marre sacrément, et on passe un excellent moment à lire ce divertissement aussi débile que palpitant. Tout cela est très bien fait, bien pensé, agrémenté de rebondissements bienvenus constituant une trame tout à fait bien vue, et l'on ne s'ennuie pas un seul instant, tant les gags s'enchaînent avec brio et astuce.

 

Mais la cerise sur le gâteau, à mon sens, ce qui fait du Lézard lubrique de Melancholy Cove une vraie réussite, un divertissement efficace et bien géré, ce sont les personnages, tous plus réjouissants les uns que les autres (même si j'avoue sans surprise une préférence pour la géniale et superbe Molly Michon, encore que Catfish ne soit pas mal du tout, avec sa caricature à gros trais).

 

Alors voilà : je ne suis pas en train de vous dire que ce roman de Christopher Moore est un chef-d'œuvre ou une lecture indispensable, hein ; non, et il faut même probablement se trouver dans un certain état d'esprit pour que sa réussite soit totale. Mais il se trouve que j'avais cette tournure particulière, et je peux bien le dire à l'aimable citoyen qui m'a prêté ce roman en ce moment précis : oui, aimable citoyen, tu as très bien fait, tu as très bien choisi, c'était exactement ce qu'il me fallait ; ce roman sur la dépression est une lecture idéale pour un dépressif. Merci, merci, merci.

 

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