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"La Fureur de Cthulhu", de Brian Lumley

Publié le par Nébal

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LUMLEY (Brian), La Fureur de Cthulhu, [The Transition of Titus Crow], traduit de l’anglais par France-Marie Watkins, Paris, Albin Michel, coll. Super-Fiction, [1975] 1977, 251 p.

 

« Nébal ? »

 

Oui ?

 

« Nébal. Faut qu’on parle. »

 

Mmmh ?

 

« C’est à propos de ton idée débile de passer tes vacances à enchaîner les lectures « festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses ». Je… ça pose problème. »

 

Oh ?

 

« Tu… tu te rends compte que tu lis vraiment de la merde ? »

 

Oh, oui !

 

« Et… que ton blog miteux est en train de perdre toute crédibilité, si tant est qu’il en avait une ? »

 

Yep. Uh uh.

 

« Non, mais, franchement, ça peut plus durer. Ce n’est pas sain. Tu es maso, ou quoi ? »

 

Peut-être un peu, oui. Mais ça me fait rire, aussi. Et…

 

« Et ? »

 

Et… et c’est QUE LE DÉBUT, MOUHAHAHA !

 

« Mon Dieu. Mais… »

 

Ta gueule. Je lis tout qu’est-ce que j’veux, d’abord. Et la descente aux Enfers ne fait que commencer (gnihihi). J’en veux pour preuve que j’ai lu le deuxième tome du « cycle de Titus Crow », bêtement intitulé en français La Fureur de Cthulhu (là encore, rien à voir avec le titre original, et pas grand-chose avec le contenu du bouquin, mais j’y reviendrai), et que je suis toujours vivant. Et là, pourtant, c’était vraiment très mauvais. Mais je sais quand même que d’ici à mon retour sur Paris, je vais très probablement lire PIRE ENCORE ! AH AHAHAHAH !

 

« Mais c’est dingue ! C’est obscène ! C’est… »

 

Mais ta gueule ! Parlons plutôt de ce bousin. La Fureur de Cthulhu, donc. Ou plutôt : The Transition of Titus Crow. Une chose indicible dédiée à H.P. Lovecraft, qui n’en demandait sûrement pas tant, et qualifiée en quatrième de couv’ de « vertigineuse épopée ». Car, qu’on se le dise : « Brian Lumley a donné au Réveil de Cthulhu la suite que tous les amateurs de fantastique attendaient. » Aha. Ce qui montre bien que je ne suis pas le seul pervers dans cette sphère littéraire.

 

Nous sommes dix ans après Le Réveil de Cthulhu (enfin, The Burrowers Beneath). Pile poil. Le précédent roman s’était achevé sur la destruction de Blowne House et la disparition de nos deux héros, Titus Crow, propriétaire des lieux, et son pote Henri-Laurent de Marigny. Ce qui appelait de toute évidence une suite. Mais quelle suite, mes aïeux ! Autant gommer d’entrée de jeu un vilain mensonge, tant qu’on y est : La Fureur de Cthulhu n’est pas un roman pour « les amateurs de fantastique ». C’est un pur roman de science-fiction, et de la plus laide eau.

 

Tout commence avec la « résurrection » (ou réapparition, comme on voudra) d’Henri-Laurent de Marigny. La première partie du roman, qui devrait en principe nous conter son lent retour à la vie, ne consiste en fait qu’en un grossier et interminable résumé de l’épisode précédent, qui en rajoute encore sur les plus mauvaises idées que ce glorieux prédécesseur avait déjà osé avancer (non mais franchement, déjà, les Anciens Dieux, bon – on y reviendra – ; mais la famille de Cthulhu !). C’est donc le plus nanardesque du Réveil de Cthulhu qui nous est longuement rappelé. Ce qui en dit déjà beaucoup sur la qualité de cette suite.

 

Mais le roman ne débute véritablement qu’avec le retour de Titus Crow. Et celui-ci de nous conter, via Marigny, sa longue odyssée à travers le temps, l’espace et les autres dimensions, à bord de sa mystérieuse horloge voyageuse en forme de cercueil. Et sa « transition ».

 

Et attention, c’est du lourd (dans tous les sens du terme). Cela nous vaut en effet un roman qui n’entretient qu’épisodiquement des rapports véritables avec le Mythe de Cthulhu. Certes, on croise bien, et à plusieurs reprises, les Chiens de Tindalos, qui harcèlent notre héros, ou encore la Grand-Race, et même Yog-Sothoth. Mais, au fond, tout cela n’importe guère. La Fureur de Cthulhu, très mal nommée donc, est bien avant tout un roman de science-fiction d’Ancien Régime, très popu, mais surtout très ringarde et dans l’ensemble très chiante, accumulant le déjà-lu avec une constance que l’on peut bien qualifier d’audace, à ce niveau. En avant, en arrière, sur le côté : tout cela a déjà été lu et relu cent fois en cent fois mieux, depuis Wells notamment, et on s’emmerde grave.

 

Même si des fois on rigole (c’est les nerfs). Et à la fin, on se bidonne carrément. Il faut lire, en effet, le récit par Super Titus Crow de son périple en Elysia, le domaine des Anciens Dieux (quelle idée à la con, décidément), où il retrouve son Élue des Dieux, Tiania, éperdue d’amour pour lui. C’est d’un bisounoursesque gnangnan à se rouler par terre. Et ça, très certainement, n’a pas grand-chose de lovecraftien (même quand Super Titus Crow, après avoir batifolé avec des dragons zozoteurs et compagnie, découvre le terrible secret de l’Ancien Dieu Kthanid, moment d’anthologie d’un ridicule achevé).

 

Saluons également la performance de la traductrice, qui parvient à livrer ici un « travail » encore plus ignoble que ce qu’elle avait déjà effectué pour le roman précédent, et c’était pas gagné. Bravo, Madame.

 

Inutile de s’étendre plus que de raison : La Fureur de Cthulhu est une vilaine bouse, qui tient en outre à peu de choses près de l’escroquerie pure et simple (remboursez !). Contrairement au Réveil de Cthulhu et, dans un autre genre, à Légende de David Gemmell, ce roman pathétique n’offre pas au lecteur ce qu’il était venu chercher. Et ça, c’est mal.

 

Mais ça ne m’empêchera pas de lire la suite, à savoir Les Abominations de Cthulhu (j’en frémis déjà), parce que c’est le jeu. J’espère cependant qu’il y aura un peu plus de Mythe dedans, même mauvais. Parce que merde, quand même. Je le veux, mon nanar cthuloïde !

 

« Pervers. »

 

Ta gueule.

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C
Il est de plus en plus burné ce blog...
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