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Lone Wolf and Cub, vol. 2 : Fleur d'hiver, de Kazuo Koike et Goseki Kojima

Publié le par Nébal

Lone Wolf and Cub, vol. 2 : Fleur d'hiver, de Kazuo Koike et Goseki Kojima

KOIKE Kazuo et KOJIMA Goseki, Lone Wolf and Cub, vol. 2 : Fleur d’hiver, [子連れ狼, Kozure Ôkami], traduction [du japonais par] Makoto Ikebe, Saint-Laurent-du-Var, Panini France/Panini Comics, coll. Génération Comics, [1995, 2001] 2003, [n.p.]

 

PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS TANT QUE LE LOUP ET SON LOUVETEAU Y SONT

 

Retour à Lone Wolf and Cub, le légendaire gekiga des années 1970 signé Kazuo Koike et Goseki Kojima, après un premier volume qui m’avait… impressionné. Je reviens à ce terme aussi, oui, car il demeure à mon sens le qualificatif le plus juste pour exprimer l’essence même de cette BD hors-normes – et qui ne se contente donc pas d’être seulement « autre », mais est aussi phénoménalement bonne, et même encore un peu plus...

 

L’histoire improbable d’Ogami Itto, le rônin assassin, et de son fils de trois ans qui l’accompagne jusque dans ses meurtres, Daigoro, constitue à elle seule un sujet génial – et qui, à vrai dire, se passe très bien pour l’heure de liant, même si celui-ci était apparu dans l’ultime épisode du premier volume (et si quelques renvois très discrets y sont faits dans celui qui nous occupe aujourd’hui).

 

UN FORMAT QUI CHANGE LA DONNE – ET POUR LE MIEUX

 

On retrouve dans ce deuxième volume intitulé Fleur d’hiver tout ce qui faisait la qualité d’En attendant la pluie : ce ton très adulte et d’une morale ambiguë, ce personnage central d’autant plus charismatique qu’il ne se montre guère honorable, ces personnages qu’il croise et qui, même dessinés en quelques cases seulement, sonnent vrais et justes ; ce cadre historique fouillé et précis, mais qui n’en est que plus fascinant ; ce dessin « cinématographique », expressif sans être expressionniste, et merveilleusement approprié pour transcrire tant la violence sèche de la série que, parfois, son étonnante poésie au milieu des cadavres…

 

Mais ce deuxième volume bénéficie aussi d’un atout considérable par rapport à son prédécesseur, et qui est le format des histoires qui nous sont narrées ; là encore, elles ne s’embarrassent guère de liant (même si Ogami Itto fait en une occasion mention de son passé en tant que kaishakunin du shogun ; et j’ai cru reconnaître, très brièvement, dans le premier épisode, le personnage de la prostituée figurant dans le plus long récent du premier volume), et, par ailleurs, elles ne respectent pas forcément une chronologie interne ; on peut éventuellement supposer que ces histoires sont un brin postérieures, dans la mesure où Daigoro semble un peu plus mur, voire parle en quelques rares occasions (dont surtout l’ultime case de l’épisode XI, soit le deuxième ici, où le bambin souriant dit « Papa », ce qui ne laisse pas indifférent…), mais aucune certitude à cet égard.

 

La vraie différence est ailleurs, et qui constitue un atout : c’est la longueur des épisodes. Ce deuxième volume comprend cinq histoires, tournant autour de la soixantaine de pages chacune – là où c’était le format le plus long dans le volume 1, qui singularisait une histoire d’autant plus marquante au milieu des huit autres qui l'environnaient, toutes au moins deux fois plus brèves. Cet épisode, justement, avait très utilement su éviter un écueil que l’on pouvait craindre à enchaîner les histoires courtes du début du volume : le risque était grand que tout cela se montre bien trop répétitif, mais ce format plus long y contrevenait, permettant de poser des personnages, un contexte et une ambiance avec bien plus d’assise et de pertinence. C’est une chose qui se vérifie ici – et ce deuxième volume en bénéficie donc grandement, qui m’a probablement encore plus parlé que le précédent, déjà très fort.

 

Par ailleurs, les cinq récits de Fleur d’hiver ont tous leur singularité, qui permet, à chaque fois, et à chaque fois d’une manière différente, d’éviter la répétition. La BD est impressionnante, oui – et elle est aussi souvent surprenante, à l’instar, pour en rester dans le registre du gekiga historique, des BD de Hiroshi Hirata, telles que (les seules que j’ai lues pour l’heure…) L’Argent du déshonneur, peu ou prou contemporaine, ou, un peu plus tard, la série Satsuma, l’honneur de ses samouraïs – BD parentes à plus d’un titre, et notamment dans leur rapport à la morale d’une part, à la violence d’autre part.

 

Je vais tenter de donner une vague idée de ce qui se trouve dans ces pages…

 

CHAT ROUX

 

Le premier épisode de ce volume (le dixième en tout, donc), intitulé « Chat roux », a deux atouts essentiels : sa violence ahurissante, et sa construction alambiquée, qui permet de servir au mieux une trame que l’on aurait peut-être pu juger un peu trop « facile » si elle avait été exposée de façon linéaire.

 

Nous y trouvons donc Ogami Itto... en prison. Et, au vu des capacités du personnage, dont le premier tome avait très certainement fait la démonstration, nous savons d’emblée, sans qu’on ne nous l’ait dit, que s’il se trouve là, c’est parce qu’il le voulait… Charge ensuite à l’épisode de nous montrer pourquoi, et pourquoi c’était en fait parfaitement nécessaire, en jouant d’une chronologie complexe et toute bienvenue.

 

Par ailleurs, cet épisode, même si c’est de manière plus discrète, est une bonne occasion de revenir sur la « moralité » de notre assassin – qui se doute qu’exécuter son contrat, pour les 500 ryôs habituels, n’équivaudra pas le moins du monde à une quelconque « justice »… Or il semble s’attacher à cette « justice », dépassant donc les attentes de sa cliente !

 

C’est d’ailleurs aussi l’occasion d’envisager, mais sans lourdeur démonstrative, sans même qu’on ne dise quoi que ce soit à ce propos de manière ouverte, d’envisager donc la question de la « responsabilité », et de manière bienvenue : en faisant de la cible du contrat un fou… Un fou dangereux sans doute, mais, au regard de nos conceptions pénales, un irresponsable…

 

Et il y a donc la violence – typée carcérale… La prison s’accommode, voire favorise, les exactions d’un « caïd » qui, secondé par ses « anciens », mène la vie dure aux petits nouveaux – au travers de rites barbares sous leur dénomination mesquine et même puérile. Ogami Itto y est proprement (non, salement) torturé – mais, comme de juste, il encaisse, et sans un mot… La BD insiste sur cette dernière dimension, au travers de très nombreux phylactères consistant en simples points de suspension – c’est une manière finalement pertinente, même si convenue vue de loin, de poser l’ambiance et de faire monter la sauce… jusqu’au déferlement de violence, au moment précis où notre assassin choisit de ne plus encaisser – parce qu’il a autre chose à faire. Effet garanti !

 

VAGUE DE FROID

 

L’épisode suivant, « Vague de froid », est probablement celui où l’ambiance se montre la plus saisissante – c’est aussi un récit à la structure fort complexe, là encore, et pas seulement dans sa dimension chronologique : comme dans « Chat roux », on se doute globalement de ce qui se produit, mais cela n’en laisse que davantage de place à l’ambiguïté quand au fond et à la méthode ; on peut y voir un trait majeur de la série, semble-t-il – pour l’heure du moins : Ogami Itto étant ce qu’il est, nous savons qu’il l’emportera à la fin – ce que nous ne savons pas, c’est comment il s’y prendra, et quels sont au juste les tenants et aboutissants de son contrat (sur des plans très divers, où la politique comme la morale sont à prendre en compte) ; cette double interrogation récurrente suscite toujours des réponses convaincantes (entendre par-là qu'elles se muent en d'autres questions ?), participant de l’impressionnante habileté de la BD, sur les plans narratif comme graphique – puisqu’ils sont intimement liés.

 

La scène a lieu pour l’essentiel dans des montagnes ensevelies sous la neige, constituant un enfer blanc où la nature même s'avère le plus redoutable des antagonistes – et un antagoniste qui, moins que quiconque, n’a la moindre considération pour ces impostures que sont la morale et la justice. Le dessin de Goseki Kojima se révèle ici particulièrement efficace.

 

Or, au milieu de ces si inhospitalières montagnes, se trouve une forteresse qui ne devrait pas exister – et c’est bien le problème… Mais notre loup se retrouve dès lors impliqué dans une intrigue très complexe, et qui dépasse les bêtes oppositions manichéennes auxquelles nous sommes habitués : au fond, dans cette histoire, il n’y a ni gentils, ni méchants – mais des points de vue divergents, rendus cependant intolérables par le carcan éthique resserré sur les samouraïs, avec les conflits de loyauté qu’il implique si souvent. Il s’agit en fait pour eux d’envisager la possibilité d’un avenir… et la pérennité du clan peut impliquer de s’en prendre à ses maîtres, aussi insoutenable soit cette résolution.

 

Le plan tordu pour infiltrer la forteresse, pas l’œuvre du seul Ogami Itto mais élaboré pour l’essentiel par son très digne employeur, introduit dans le récit un suspense remarquable, même si, à ce stade de la lecture, il renvoie peut-être un peu trop au procédé de l’épisode précédent ; mais ce n’est pas dit : dans le fond comme dans la forme, c’est en fait tout autre chose…

 

Notons enfin que cet épisode confère un rôle particulier à Daigoro – peu ou prou absent de « Chat roux » : jamais, si ça se trouve, son père ne l’a autant mis en danger… et, au fil de l’épisode, nous voyons l'ex-kaishakunin du shogun, maintenu dans l'ignorance parce que sa mission ne lui permet pas la moindre absence, envisager la mort de son fils – globalement avec le détachement essentiel au samouraï, mais nous devinons que la douleur perce juste en dessous, que l'assassin n'a rien d'indifférent dès lors que c'est la vie de son fils qui est en jeu, aussi paradoxal que cela puisse paraître au vu de son caractère impitoyable… J’ai déjà dit comment ça se termine – aucune révélation à cet égard, on se doute dès le départ de ce que Daigoro est bien vivant ; mais l’effet de sa « résurrection » n’en est que plus fort.

FRÈRE ET SŒUR

 

L’épisode suivant, intitulé « Frère et sœur », est très différent – on ne peut plus, même. Cette fois, ce n’est longtemps pas Ogami Itto qui se trouve sur le devant de la scène, mais, justement ! son fils Daigoro. Un bambin pas forcément commode, on s'en doute…

 

Hors de vue de son père, il s’est retrouvé impliqué dans un semblant d’altercation avec le gamin nobliau du coin – les samouraïs outrés, chaperons-nounous du gamin seigneurial, s’emparent de l'impertinent (non, ils n'osent pas le tuer sur place)… et découvrent que le petit a de la ressource ! Déjà un samouraï, même rônin – en confirmation de cet élément avancé dans le premier volume : le louveteau, pour être petit, n’en est pas moins déjà un loup… Rien de si « kawaï » dans ses poses adultes, du coup – il faut plutôt y voir cette idée que les pérégrinations de son assassin de père font pleinement partie de l’éducation du petit, nouvelle confirmation en l'espèce.

 

On ne le maltraite que davantage… et une jeune servante, tout juste embauchée par la maison, trouve intolérable ce comportement de ses maîtres ; d'autant qu'elle s'identifie bien vite au bambin... Et réciproquement : pour Daigoro, elle figure une sorte de sœur…

 

Et c’est bien ainsi que le metsuke local envisage les choses. Or il a entendu parler du louveteau et de son loup, et comprend que c'est bien le fils du tueur qu'il a entre les mains... à raison. Mais il ne s'arrête pas là : si le petit a ainsi été infiltré dans sa maison, car l'enquêteur ne doute pas un seul instant que l'altercation était préméditée, c’est sans doute le fait d’une ruse de l’assassin ! Et il aurait donc aussi une fille ? Personne n’en savait rien ! Mais voyons… Quelle serait alors la cible de cet improbable trio de tueurs ? Le metsuke se convainc bientôt... que cela ne peut être que lui-même !

 

Tout cela est très bien trouvé. La série, jusque là, nous régalait notamment en exposant les plans rusés et fourbes d’Ogami Itto pour parvenir à ses fins – des plans qui, plus qu’à leur tour, impliquaient bel et bien Daigoro, et même de le mettre en danger. Ici, nous savons que le metsuke se trompe sur toute la ligne… mais, pour le coup, nous pouvons dire qu’il a « raison de se tromper » !

 

Un étrange épisode, plus riche qu’il n’y paraît, et qui mêle humour et gravité avec brio – tout en faisant plus que jamais de Daigoro un personnage à part entière : qu’importe à cet égard qu’il ne puisse marmonner que « sœur » pour désigner une fille à laquelle il n’est pas le moins du monde lié… Même si on peut aussi y voir une manière d’introduire une thématique de la famille au-delà des seuls liens du sang – dans tous les sens du terme. Mais la fin est quelque peu ambiguë à cet égard.

 

LA BARRIÈRE SANS PORTE

 

Tout autre chose encore avec le récit suivant, « La Barrière sans porte » ; qui est cependant celui qui m’a le moins parlé dans ce volume, sans qu’il soit mauvais pour autant, loin de là – d’ailleurs, sur le plan graphique, c’est peut-être le plus impressionnant et audacieux de ce deuxième volume (j'ai quand même une préférence pour les décors enneigés du deuxième épisode, mais bon).

 

Mais il adopte une tournure religieuse, ou peut-être plus exactement mystique, qui ne me parle guère dans l’ensemble – d’autant que la part d’allégorie y est assez marquée. En même temps, c’est à n’en pas douter un bon moyen d’approfondir le caractère d’Ogami Itto…

 

Notre assassin est en effet embauché, au tarif habituel de 500 ryôs, pour mettre fin à la vie d’un saint homme – un vieux sage admiré de la population, qui y voit un véritable bouddha vivant ; or c’est là le problème : le bouddha s’est fait défenseur des pauvres, et sans se livrer à proprement parler à une forme d’agitation populaire, il défend des thèses incompatibles avec les besoins les plus pragmatiques (ou « bassement matérialistes ») des autorités… lesquelles sont particulièrement fourbes et immondes, comme de juste : ce sont bien ces hommes de la loi qui engagent un assassin pour leur simplifier la vie, et nous nous doutons bien qu'ils n'ont aucune envie de se compromettre outre mesure une fois la mission accomplie...

 

Or notre assassin se montre ici un peu hésitant – comme si sa rudesse habituelle, et son absence de scrupules notoire, révélaient enfin des failles auxquelles lui-même, sans doute, ne croyait plus. Le doute l’amène à méditer, de manière très zen, et il se pose des questions auxquelles il n’imagine pas pouvoir trouver de réponses…

 

« Si tu rencontres le bouddha, tue le bouddha », proclame mystérieusement la sagesse bouddhique. Cet aphorisme en particulier entre en résonance avec les doutes de l’assassin – mais c’est justement auprès de sa victime qu’il trouvera les réponses inespérées : pour le saint homme, la voie de l’assassin n’est pas moins valable qu’une autre… Et le sage reste donc bel et bien une victime ; même volontaire à maints égards...

 

Un épisode décidément très étrange – et tout particulièrement au moment de la mise à mort du saint, parfaitement surréaliste, et qui évoque une scène antérieure de l'épisode, où Ogami Itto découpait des statues de bouddhas d’une manière tout aussi invraisemblable. En fait, ce récit se montre particulièrement fort à cet égard, et les séquences de méditation muettes offrent à Goseki Kojima l'occasion d'exprimer une facette peut-être inattendue de son talent.

 

Mais oui, tout cela est donc très étrange… Certainement pas mauvais – mais un brin hermétique, sans doute, pour qui n’est pas imprégné de sagesse bouddhique, notamment dans ses déclinaisons proprement japonaises ; je suis sans doute passé à côté de pas mal de choses, et y revenir un peu plus tard serait sans doute une bonne idée…

 

FLEUR D’HIVER

 

Dernier récit de ce recueil, et qui lui donne son titre (français – j’ai cru comprendre que c’était « La Barrière sans porte » qui avait été retenu pour l’édition américaine, avec ces mêmes couvertures de Frank Miller ; quant à savoir s’il faut en déduire quelque chose…), « Fleur d’hiver » adopte là encore une approche très différente. Et pour le moins !

 

Il s’agit en effet avant tout d’un récit policier, assez classique dans le fond ; pas vraiment un « whodunit », ceci dit (on sait très bien, sans qu'on ne nous le dise, que le tueur est Ogami Itto), et je suppose que les qualificatifs « howdunit » ou « whydunit » ne sont pas pleinement satisfaisants non plus…

 

L’important est sans doute que les auteurs ont mis l’accent sur l’enquête policière, au point, même pas de laisser notre loup et son louveteau dans l’ombre – cela va plus loin : Ogami Itto n’apparaît que très tardivement dans le récit (plus encore que dans « Frère et sœur », et d’autant plus que Daigoro est peu ou prou absent lui aussi).

 

Et, en fait, ça fonctionne très bien comme ça – le récit nous baladant avec astuce à mesure que les enquêteurs font preuve de perspicacité… ou se plantent complètement (comme dans « Frère et sœur », à cet égard) ; dans un sens ou dans l’autre, c’est de toute façon bien vu et palpitant.

 

Ces enquêteurs, d’ailleurs, pour être par essence des antagonistes de l’assassin qui est notre « héros », ne sont pas forcément des sales types – et si les « chefs » sont comme il se doit des plus rigides, un assistant plus naïf (mais pas totalement non plus ?) suscite plutôt la sympathie, dans son rôle de « gentil flic » en forme de larbin un peu couillon…

 

Mais l’épisode se montre encore surprenant bien au-delà de ce principe de base déjà étonnant : en effet, quand Ogami Itto apparaît dans le récit… c’est d’abord uniquement en tant que voix : il s’est réfugié dans un sanctuaire, et le moine local a concocté avec lui un mensonge, ni honorable, ni pieux (à vue de nez du moins), pour dissuader les enquêteurs de s’en prendre à l’assassin – ce qui ne manquerait pas de susciter un bain de sang… Mais justement : c’est la raison pour laquelle le moine a menti – il n’est pas à proprement parler un ami de l’assassin, loin de là : il a seulement voulu éviter un massacre de plus. Quand il s’en explique, même s’il n’emploie pas de mots durs, le résultat est le même : plane sur cette explication l’ombre du mépris que le sage vaut au tueur… et celui-ci n’y est pas indifférent, ou du moins pas autant qu’il pourrait le prétendre, et le lecteur avec lui… D'autant peut-être que la rigidité des codes héroïques tend à qualifier de lâche ce procédé d'évitement, de la part du rônin ?

 

Un épisode très bien conçu, inventif et malin, surprenant enfin, et plus subtil encore qu’à l’habitude : à tout prendre, c’est peut-être à mes yeux le meilleur moment de ce deuxième volume, avec « Vague de froid ».

 

CONCLUSION

 

Mais pareil classement n’a sans doute guère de sens : c’est le volume dans son ensemble qui est brillant, et à tous points de vue. Ce classique du gekiga renchérit sur le brio du tome initial : c’est toujours aussi impressionnant, adulte, documenté, inventif, subtil en même temps que violent ; mais, à mesure que les récits prennent de l’ampleur, permettant bien plus que dans le premier volume de travailler l’ambiance et les personnages, la série Lone Wolf and Cub, déjà brillante, parvient à se hisser encore un peu plus haut – laissant même entendre que cela pourrait continuer ainsi ?

 

En l’état, de toute façon, c’est fort, c’est très, très fort. Impressionnant, oui – toujours autant. Et vraiment bon.

 

Le tome 3 très prochainement...

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V
Je te conseille des mangas autobiographiques comme "Une vie dans les marges" ou "Gekiga Fanatics" (éditions Cornélius, chères mais de qualité, on peut ajouter "Vie de Mizuki" pour l'imprtance du Monsieur et sa vie incroyable), qui te donneront sans doute des clés, bien que le groupe d'auteurs à l'origine du Gekiga se disputent à moitié sa paternité. Je dois toutes ces lectures à un siphonnage systématique des médiathèques montpelliéraines !
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N
Noté, merci !<br /> (On m'avait déjà vanté *Vie de Mizuki*, mais je ne connais pas du tout les autres.)
V
J'avais beaucoup aimé les débuts de Lone Wolf anc Cub. Aux 2/3 environs, on se retrouve davantage dans une lutte du héros contre le monde entier et on perd ce côté histoires indépendantes. J'avoue ne plus me rappeler de rien, mais je suppose qu'il s'agit d'une lecture essentielle quand on s'intéresse aux seinen gekiga. Je n'ai pas le sentiment qu'ils soit pertinent de le considérer comme un gekiga, mais avec le perfectionnisme que tu mets dans tes chroniques, je suppose que c'est toi qui a raison. Les recueils estampillés gekiga que j'ai lus sont davantage marqués par la modernité d'alors, les références au cinéma de film noir, le cynisme, les fins abruptes...
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N
Aucune idée, pour ce qui est de la qualification de gekiga. J'avais dû trouver ça quelque part - dans la foulée des gekigas (pour le coup, oui, aucun doute) de Hiroshi Hirata. Ce n'est peut-être pas pertinent ici... Mais comme j'y retrouvais le même ton très très adulte que dans les Hirata, et un style graphique assez proche, globalement éloigné des canons du manga, je me suis décidé pour ce qualificatif. Je n'en fais pas un cheval de bataille, et il est très possible que je me plante, hein... Auquel cas faut surtout pas hésiter à le dire !