CR Imperium : la Maison Ptolémée (27)
Vingt-septième séance de ma chronique d’Imperium.
Vous trouverez les éléments concernant la Maison Ptolémée ici, et le compte rendu de la première séance là. La séance précédente se trouve ici.
Le joueur incarnant le Docteur Suk, Vat Aills, était absent, mais avait laissé quelques instructions. Étaient donc présents les joueurs incarnant Ipuwer, le jeune siridar-baron de la Maison Ptolémée, sa sœur aînée et principale conseillère Németh, et l’assassin (maître sous couverture de troubadour) Bermyl.
Pour cause d’enregistrement ayant merdouillé, ce compte rendu uniquement basé sur des notes des joueurs et de moi-même est forcément plus succinct que d’habitude… et lacunaire en un endroit, hélas.
I : LE TEMPS PRESSE
[Il s’agit ici surtout de faire le bilan des actions longues entreprises par Németh et Ipuwer lors de la séance précédente.]
[I-1 : Németh, Ipuwer : Hanibast Set, Vat Aills] Au cours de ces deux dernières semaines, Németh et Ipuwer ne sont pas restés sans rien faire… Même si les résultats pour l’heure ne sont guère probants. Ainsi, notamment, de l’audit financier commandé par Németh aux services du Conseiller Mentat Hanibast Set : elle voulait croire qu’ils pourraient parvenir à quelque chose en l’absence de leur chef, mais l’affaire s’avère bien trop complexe, et l’expertise n’avance pas assez vite… Le retour du Conseiller Mentat s’impose plus que jamais ; heureusement, les échos de la clinique où il a été envoyé par le Docteur Suk Vat Aills afin de récupérer de son gel du Mentat sont assez bons, qui permettent d’envisager un retour à ses fonctions sous peu.
[I-2 : Németh, Ipuwer : Abaalisaba Set-en-isi, Bermyl] Németh et Ipuwer ont aussi maintes rencontres stratégiques, tout particulièrement concernant le sort à réserver à la turbulente Maison mineure Arat ; Abaalisaba Set-en-isi, qui a beaucoup de travail, est cependant tout naturellement affecté à ces réunions. Németh et Ipuwer prennent enfin une décision : il faut ordonner l’arrestation des zélotes de la Maison mineure Arat ayant participé au massacre des Atonistes de la Terre Pure dans leur campement d’Heliopolis – et ce avec le risque que le rôle de Bermyl, et donc de la Maison Ptolémée, dans cette triste affaire, soit éventé… Il faudra donc se montrer prudent – mais l’idée est bien d’envoyer un avertissement éloquent à Bahiti Arat ; même si anticiper la réaction d’une folle pareille n’a rien d’évident. Cependant, après avoir envisagé plusieurs hypothèses d’action, Abaalisaba se décide pour une approche juridique – et il est très confiant, le rusé avocat ! [En termes techniques, il a obtenu dix succès à son jet de Lois pour fonder en droit et gérer publiquement l’arrestation des zélotes d’Heliopolis…] Mais, de leur côté, Kiya Soter et Apries Auletes, travaillant ensemble à la définition d’une stratégie d’assaut, en envisageant que l’affrontement tourne proprement à la guerre civile, obtiennent bien moins de résultats, et se perdent dans des hypothèses guère concluantes… [Concrètement, ils n’ont chacun obtenu qu’un seul succès à leurs jets de Stratégie…]
[I-3 : Németh, Ipuwer : Bahiti Arat, Abaalisaba Set-en-isi, Soti Menkara, Ngozi Nahab, Ra-en-ka Soris] L’affaire, bien sûr, à d’autres implications – notamment dans les « alliances » à nouer contre Bahiti Arat : Abaalisaba Set-en-isi avait soutenu que, pour triompher des Arat, il fallait très probablement s’associer les Maisons mineures Sebek (des mercenaires, rivaux des Arat, mais beaucoup plus conventionnels) et Menkara (Maison mineure commerçante, mais d’un poids inégalé en matière cultuelle, et tout particulièrement à Nar-el-Abid, où aura lieu la confrontation). C’était après tout la raison essentielle de l’audit financier commandé par Németh – car tout cela risque de coûter très cher… Mais cela pose au moins un autre problème, que soulève Abaalisaba : si les Ptolémée s’allient à Soti Menkara pour affronter Bahiti Arat, Ngozi Nahab risque de ne pas rester sans réaction – ils sont impliqués dans un conflit larvé, et la dirigeante de la Maison mineure Menkara s’est déjà assuré le soutien de Ra-en-ka Soris… Or la Maison Ptolémée ne peut clairement pas acheter tout le monde !
[I-4 : Németh : Clotilde Philidor, Anneliese Hahn, Bermyl] Sur un mode plus secondaire, Németh entend aussi toujours s’occuper de ses invitées Delambre ; elle voit régulièrement Clotilde Philidor [et la revoit très vite, plus en détail, dans une séquence ultérieure de cette vingt-septième séance], mais ses contacts sont bien plus aléatoires concernant la sauvageonne Anneliese Hahn, qui s’ennuie à mourir et passe de plus en plus de temps en dehors du Palais, voire en dehors de Cair-el-Muluk, si elle ne semble pas avoir tenté quoi que ce soit pour quitter Gebnout IV. Németh profite d’une occasion où la jeune épéiste vient tout juste de rentrer au Palais pour s’en entretenir avec elle, avec les précautions imposées par l’étiquette, mais c’est une approche guère concluante avec Anneliese Hahn, qui se braque aussitôt. Németh n’insiste pas – et confie la tâche de s’assurer de sa sécurité aux services de renseignement de Bermyl… même s’ils sont débordés et notoirement guère fiables ; mais de quel autre choix dispose-t-elle ?
II : À L’ORÉE DE LA TEMPÊTE
[Le joueur incarnant Vat Aills, le Docteur Suk, était donc absent lors de cette séance, mais il m’avait laissé quelques instructions sur ce que son personnage envisageait, que je combine ici aux informations que je lui avais fournies.]
[II-1 : Vat : Nofrera Set-en-isi, Taharqa Finh ; Thema Tena] Vat part donc à nouveau pour le Continent Interdit, cette fois dans l’optique de participer à l’expédition destinée à en apprendre davantage sur la Tempête. Il est accompagné par deux scientifiques, la climatologue Nofrera Set-en-isi, et l’historien et archéologue Taharqa Finh, mais l’expédition comprend aussi un commando d’une dizaine de soldats d’élite de la Maison Ptolémée, des hommes habitués au désert, ainsi que deux Atonistes de la Terre Pure envoyés par Thema Tena, qui connaissent bien le terrain ainsi que les cartes de la région. Ils bénéficient de moyens de transport terrestres appropriés ; le cas échéant, ils peuvent aussi appeler un ornithoptère.
[II-2 : Vat] Vat Aills maîtrise de mieux en mieux l’utilisation des cartes des Atonistes – d’autant que les deux membres du mouvement qui ont rejoint l’expédition lui en facilitent la lecture. Les cartes sont remarquablement bien faites, et toutes leurs indications se vérifient – portant sur les endroits où trouver de l’eau, sur les abris, etc. Les Atonistes sont aussi en mesure de renseigner le Docteur Suk sur la faune de la région (minime, essentiellement de curieux insectes), et sur sa rarissime flore (peu ou prou cantonnée à certains abris uniquement). Mais la région autour de la Tempête est la plus hostile de toutes… Un immense désert de sable, centré sur la tempête, et d’un diamètre de plusieurs centaines de kilomètres ! Et là, rien : pas d’abris, pas d’eau, pas de faune, pas de flore. Du sable... et du vent.
[II-3 : Vat] Le « cercle » n’est toutefois pas parfait, et, avec l’aide des Atonistes, Vat repère un abri « relativement proche » (à plus de 300 kilomètres tout de même, mais, à la connaissance des Atonistes, il n’y en a pas de plus avancé), où l’on trouve par chance un peu d’eau. Ce sera le camp de base de l’expédition pour la première étape de son étude scientifique de la Tempête. Le Docteur Suk ne veut pas brusquer les choses : il faut y aller étape par étape, et se replier à chaque fois ; mais, au loin, la Tempête semble plus que jamais immuable…
III : RENSEIGNER/TROMPER
[III-1 : Bermyl : Ipuwer, Elihot Kibuz, Nefer-u-pthah, Kambish, Taho] Ipuwer a transmis à Bermyl la liste établie par Elihot Kibuz sur la loyauté des membres des services de renseignement de la Maison Ptolémée. Sans surprise, elle s’avère bien vite d’aucune utilité : le vieil assassin n’est sans doute pas au mieux de ses capacités, mais il n’est pas un imbécile pour autant – il a donc fait figurer sur sa liste, et dans le désordre, tant des éléments qui lui étaient acquis (et que Bermyl avait déjà identifiés, comme Nefer-u-pthah ou Kambish, il n’a aucun doute les concernant) que d’autres restés loyaux à Bermyl et à la Maison Ptolémée (ce qui inclut Taho, le seul de ses agents en qui Bermyl a pleinement confiance).
[III-2 : Bermyl : Ipuwer, Namerta, Elihot Kibuz, Nefer-u-pthah, Kambish] Mais Bermyl veut y voir plus clair, aussi passe-t-il bien du temps à s’entretenir en personne avec des membres de ses services de renseignement pour tester leur allégeance ; il s’y prend subtilement, mais en les baratinant – avançant le cas échéant qu’il n’entend plus servir Ipuwer, et que Namerta et sa cause ont sa préférence. La partie est serrée, car il doit juger de l’indignation des éléments fidèles et les rassurer sans se compromettre, tandis que les partisans d’Elihot Kibuz doivent se mettre à envisager la réalité de cette trahison… Les résultats sont mitigés : Bermyl parvient à établir une très courte liste d’éléments dont il pense pouvoir compter sur la loyauté, mais la certitude n’est pas de mise ; quant aux agents déloyaux, tels Nefer-u-pthah ou Kambish, les convaincre de la réalité de son revirement est une entreprise ardue et qui prendra au mieux beaucoup de temps… Reste que, au sortir de ces entretiens, et même en ayant conscience de ce qu’ils n’ont pas forcément débouché sur grand-chose de probant (mais il n’en attendait pas de miracles), Bermyl se sent plus confiant : il a le sentiment d’y voir un peu plus clair.
[III-3 : Bermyl : Taho] Mais Bermyl passe aussi du temps dans ses quartiers, prétextant la pratique de la balisette parfois ; en fait, il s’agit pour lui de préparer minutieusement un réseau de planques et de boîtes aux lettres dans chacune des principales villes de Gebnout IV ; il fait en sorte de cloisonner autant que possible les informations, afin qu’aucun de ses contacts n’en sache plus que ce qu’il doit à tout prix savoir – et cela vaut pour le fidèle Taho.
IV : SAVOUREUSE POMME POURRIE
[J’ai un gros problème pour cette scène… Bêtement confiant dans l’enregistrement de la partie, qui a merdé, je n’avais pas pris beaucoup de notes pour cette rencontre entre Ipuwer et Apries Auletes, et, n’ayant pas rédigé ce compte rendu dans la foulée de la partie, mais plusieurs semaines après, mea culpa, mea maxima culpa, j’ai à peu près tout oublié de ce qui s’y est dit, les joueurs n’en sachant a priori pas beaucoup plus…]
[Voici donc le – très – peu dont je me souviens : Apries Auletes, le chef de la police sur Gebnout IV, qui réside en temps normal à Heliopolis où il surveille tout particulièrement l’astroport, et qui est notoirement corrompu par Ngozi Nahab, n’en a pas moins, récemment, fait la preuve de sa compétence (notamment en gérant les tensions sociales à Heliopolis après l’affaire des zélotes de la Maison mineure Arat dans le campement des Atonistes de la Terre Pure, ou encore, depuis, en organisant l’évacuation de Linneke Wikkheiser après l’attentat contre sa personne déjoué par Ipuwer. Dans ce dernier cas tout particulièrement, Apries Auletes avait clairement adressé un message au siridar-baron – ses actions signifiaient implicitement et en substance : « Je suis pourri, mais je suis compétent, et vous avez besoin de moi. » Ipuwer l’avait bien compris, d’où cette rencontre – qui débute par un « cadeau » envisagé lors de la séance précédente : une caisse d’excellentes bouteilles que le chef de la police saura sans doute apprécier (même s’il est avant tout porté sur la consommation de drogue zha – ce qui lui donne cet air un peu « ralenti », mais il ne faut de toute évidence pas s’y tromper). Sans être explicite, la discussion entre le siridar-baron et son général ne s’embarrasse guère de faux-semblants ; elle est toutefois cordiale, respectueuse, et Apries Auletes renouvelle a priori avec sincérité ses démonstrations de loyauté.]
[La conversation a forcément porté sur Ngozi Nahab, à un moment ou à un autre – ne serait-ce que parce qu’Apries Auletes lui est notoirement dévoué, et que la position de la Maison mineure Nahab, dans les affaires à venir, devra être prise en compte pour déterminer les rapports entretenus par la Maison Ptolémée avec la Maison mineure Menkara afin d’abattre la Maison mineure Arat… mais, pour le coup, je ne me souviens plus du tout de ce que ça avait donné ! Oups… Ma faute...]
V : LE POIDS DES PRÉSAGES
[V-1 : Németh : Clotilde Philidor, Ipuwer, Anneliese Hahn] Ces derniers temps, Németh s’est toujours plus intéressée au cas de Clotilde Philidor. Elle avait en effet remarqué que son frère Ipuwer, de manière assez inattendue, était tombé sous le charme de la discrète et effacée jeune Delambre, et ce alors même qu’elle n’avait guère été envisagée que comme un « second choix » en vue d’une alliance matrimoniale, la fougueuse Anneliese Hahn ayant la préférence de tous. Sans s’immiscer, Németh avait cependant des aperçus de la cour maladroite que son frère tentait de faire à Clotilde Philidor… La situation l’amusait dans un premier temps, sans qu’elle l’envisage vraiment de manière très sérieuse, mais l’assiduité d’Ipuwer, ainsi que les talents cachés de la jeune femme, ont rendu progressivement l’idée d’une alliance matrimoniale entre les deux tourtereaux à la fois plus crédible et plus fructueuse. Németh a pris soin d’observer le cours des événements, sans intervenir d’abord – ce qui lui a d’ailleurs permis de déduire que Clotilde Philidor, à la différence de la très grande majorité des jeunes femmes de son rang, n’a étrangement pas reçu une éducation Bene Gesserit – et ce alors même que la Delambre dispose d’un don de Prescience très développé : Németh s’en doutait, mais en a bien obtenu confirmation de source sûre. Quelle éducation a-t-elle alors reçu ? Probablement de type mystique…
[V-2 : Németh : Clotilde Philidor] Quoi qu’il en soit, Németh entend désormais prendre les choses en mains – et les favoriser, voire les brusquer, le cas échant : une alliance matrimoniale avec les Delambre, et dans un bref délai, serait d’un grand secours pour les Ptolémée, et elle apprécie la jeune fille… Aussi, outre ses activités mondaines habituelles, Németh organise une nouvelle soirée, cette fois destinée à la seule Clotilde Philidor ; il y a bien sûr d’autres invités, mais Németh a pour seul objectif d’obtenir une discussion avec la Delambre dans un cadre différent, moins protocolaire. Il s’agit d’abord pour elle de sonder les sentiments de la jeune invitée à l’égard de son frère, puis de favoriser l’alliance le cas échéant. Clotilde Philidor se rend à la soirée organisée par Németh, sans enthousiasme mais avec toute la courtoisie nécessaire. Le dîner officiel est suivi d’une représentation théâtrale, Németh supposant que la Delambre prise ce genre de spectacles, elle qui a fait sans y penser la démonstration de ses talents artistiques, au chant et à la balisette.
[V-3 : Németh : Clotilde Philidor] Une fois la représentation achevée, Németh accoste Clotilde Philidor, et lui propose de faire une petite promenade nocturne dans les jardins du Palais. La Delambre accepte, avec sa soumission habituelle – elle est toujours aussi mutique, aussi n’est-il guère aisé de la percer à jour. En chemin, Németh lui demande ce qu’elle a pensé du spectacle. Clotilde Philidor, si elle entend demeurer aussi courtoise que possible, ne sait visiblement pas mentir en pareilles circonstances, et ses louanges forcées dissimulent bien mal son indifférence, au mieux, quant au spectacle proposé, et son scepticisme quant au bon goût de la chose… Németh, qui le perçoit bien, avance qu’elle a probablement été habituée à mieux ; mais Clotilde Philidor, non sans une certaine candeur, la détrompe : « Les Delambre non plus n’attachent pas une grande importance à l’art… »
[V-4 : Németh : Clotilde Philidor ; Ipuwer] Mais l’heure n’est plus à la critique théâtrale pour Németh. Elle finit par évoquer sans détours les sentiments que sa jeune invitée inspire de toute évidence à son frère Ipuwer. Oui, elle lui plait beaucoup – comme personne auparavant, peut-être… Sans même laisser Clotilde Philidor répondre, Németh lui dit qu’elle verrait quant à elle d’un très bon œil une alliance matrimoniale entre les Maisons Ptolémée et Delambre… Clotilde Philidor rougit, et baisse la tête, comme une jeune fille timide prise en faute ; avec la courtoisie qui sied à son rang, et son effacement caractéristique, elle murmure qu’elle se conformera « bien sûr » aux volontés de sa Maison… Elle semble très embarrassée – et peut-être de plus en plus à mesure que Németh vante les « qualités cachées » d’Ipuwer, en en rajoutant un peu ; mais cette dernière prend aussi bien soin de louer l’intelligence visible de Clotilde Philidor, ainsi que ses étonnants talents d’ordre... « spirituel ». Et elle s’y prend bien : si Clotilde Philidor continue de baisser la tête et paraît intimidée, l’entreprise de « séduction » de Németh ne la laisse pas indifférente.
[V-5 : Németh : Clotilde Philidor] La promenade se poursuit quelque temps dans l’agréable fraîcheur des jardins du Palais la nuit – et Németh seule fait véritablement la conversation. Les deux femmes revenues à leur point de départ, Németh, satisfaite, suppose qu’il est temps de prendre congé, et commence à s’éloigner de Clotilde Philidor, quand celle-ci, avec de l’inquiétude dans la voix, l’interpelle. Németh se retourne, étonnée. Plus timide que jamais, et d’un ton hésitant, la Delambre lui dit enfin qu’elle a eu… « une vision… Vous savez de quoi je parle, n’est-ce pas ? » Németh acquiesce, sans se compromettre davantage. Clotilde Philidor ajoute : « Et vous savez… qu’elles se réalisent ? » Németh hoche à nouveau la tête, et encourage son invitée, à deux doigts de la crise de panique, de lui raconter ce qu’elle a vu. Clotilde Philidor se lance enfin : « Il y avait… une île. Je ne sais rien de cette planète, mais, dans ma vision, c’est comme si j’avais été transportée depuis le Palais, et je n’ai aucun doute : elle existe bel et bien, quelque part dans l’océan, à l’est de Cair-el-Muluk… Sur cette île, il y avait un petit village de pêcheurs – guère plus qu’un hameau, mais avec des habitants affairés et quelque chose de… pittoresque ? Puis, d’un seul coup… Plus aucune vie – seulement des ruines. Et c’était… comme si ce village n’avait au fond jamais existé. »
[V-6 : Németh : Clotilde Philidor] Németh, par la force des choses et du fait de ses propres expériences récentes, prend au sérieux la vision de Clotilde Philidor – sans trop savoir quoi faire pour la calmer. En fait, c’est même tout le contraire : alors que Németh s’approche doucement de la Delambre, et essaye de la réconforter par des paroles guère assurées, cette dernière semble de plus en plus angoissée… au point où elle semble entrer dans une sorte de transe, tandis que ses yeux se figent et qu’elle est parcourue de tremblements. Németh comprend que son interlocutrice a une vision en ce moment même. Et Clotilde Philidor finit par crier, de manière guère cohérente – suffisamment cependant pour que Németh en comprenne l’essentiel : la Presciente voit en ce moment même « une immense vague, chargée de cadavres… et qui dévaste tout » !
[V-7 : Németh : Clotilde Philidor] Après quoi Clotilde Philidor s’évanouit. Németh se précipite sur la jeune femme tout en appelant à l’aide ; à mesure que les serviteurs arrivent, Clotilde Philidor reprend peu à peu connaissance. Németh la confie à ses domestiques, à charge pour eux de la ramener dans ses quartiers : elle a grand besoin de se reposer. Alors que l’on emmène Clotilde Philidor, Németh interloquée l’entend réclamer sa balisette, en larmes…
VI : DANS L’AUTRE SENS
[VI-1 : Bermyl] Bermyl, régulièrement, endosse une identité d’emprunt pour aller dans les bars, etc., prendre le pouls de la population de Cair-el-Muluk, en toute discrétion – et tout particulièrement dans le quartier des Abattoirs, assez populaire, où il avait rencontré des « ressuscités » en nombre.
[VI-2 : Bermyl : Taho, Namerta, Ipuwer] La situation, en conformité avec les rapports de Taho, semble se dégrader peu à peu : maintenant, à peu près toutes les boutiques affichent ici ou là un portrait de Namerta, et qu’importe les initiatives personnelles d’agents des forces de l’ordre y devinant une forme de subversion. Ipuwer, corrélativement, est toujours plus dénigré, ou du moins moqué.
[VI-3 : Bermyl : Németh, Ipuwer, Abaalisaba Set-en-isi, Apries Auletes, Ngozi Nahab, Soti Menkara] Bermyl s’intéresse cette fois plus particulièrement à l’image qu’ont les badauds de certaines Maisons mineures – au premier chef les Nahab et les Menkara : il suppose en effet que la Maison Ptolémée, à un moment ou à un autre, devra s’opposer à l’une ou l’autre de ces Maisons mineures. [À en juger par les réflexions de Németh et d’Ipuwer, conseillés notamment par Abaalisaba Set-en-isi et Apries Auletes, ce dernier étant par ailleurs notoirement corrompu par Ngozi Nahab, la probabilité que la Maison Ptolémée s’en prenne aux Nahab est en fait assez douteuse, et il s'agit a priori pour eux plutôt de soudoyer les Menkara pour obtenir leur appui contre les Arat, que de s'en prendre à Soti Menkara, bien au contraire... C'est d'ailleurs tout le problème : il faudra choisir avec qui s'allier, entre les Nahab et les Menkara, car il ne sera probablement pas possible de s'allier les deux... Sans garantie toutefois que le parti exclu pousse alors à la guerre, ou que la Maison Ptolémée entende régler ainsi l'affaire !] Il redoute, dans ce cas, la réaction de la populace : n’y a-t-il pas le risque qu’un tel coup de force dégénère en émeutes ? En fait, les deux Maisons mineures ne semblent pas très populaires, et c’est même plutôt l’inverse (pour des raisons bien sûr très différentes) ; cependant, les gens du commun se moquent, au fond, de semblables manœuvres politiques… Ils n’associent clairement aucune Maison mineure aux « ressuscités », qui sont bien les seuls qui leur importent – avec Namerta à leur tête.
[VI-4 : Bermyl : Németh] Bermyl achève son enquête pour aujourd’hui. À la sortie du dernier bar qu’il avait décidé de visiter, le maître assassin use de son communicateur standard pour informer Németh des fruits de ses investigations – mais en en rajoutant : tel qu’il voit les choses, la Maison Ptolémée aurait en fait tout intérêt à lancer une attaque contre les Nahab ou les Menkara – un moyen de voir son prestige rétabli aux yeux de la population !
[VI-5 : Bermyl : Taho] Mais Bermyl remarque alors Taho dans la foule – qui a l’air très perturbé. Après quelques secondes d’indécision, le précieux agent fend la foule à toute vitesse en direction de Bermyl ; ce dernier, par prudence, active aussitôt son bouclier Holtzmann, recule pour se mettre dos au mur, et porte la main à son kinjal. Mais Taho arrive devant lui, les yeux exorbités… et s’effondre par terre. Son visage marque clairement les stigmates d’un empoisonnement mortel ! Mais, avant de rendre son dernier souffle, Taho parvient à glisser quelques mots hésitants à son supérieur : « La filature… Pas ce que vous croyiez… Pas d’indicateurs… Pas de mouchards… Ce n’est pas… qu’ils vous suivent… C’est… qu’ils vous précèdent ! Ils savent toujours… où… vous vous… rendez… Peut-être même... avant que vous le sachiez... » Puis Taho ferme les yeux, et cesse de respirer.
[VI-6 : Bermyl : Taho ; Vat Aills] Une foule curieuse commence à s’assembler autour de la scène macabre. Bermyl se fait passer pour un agent en civil, et intime aux badauds stupéfaits de circuler. Il contacte aussitôt le Palais pour annoncer la mort d’un agent en mission, réclamer du renfort pour sécuriser la zone, et prévenir les services de Vat Aills, même en l’absence du Docteur Suk, pour qu’ils viennent évacuer le corps de Taho. Et, s’il n’en fait pas état, ses soupçons se portent tout naturellement sur Elihot Kibuz, maître empoisonneur…
VII : À L’HORIZON
[VII-1 : Németh] Pendant ce temps, au Palais, Németh, pour une raison qu’elle ignore, se sent oppressée. Désireuse de prendre un peu l’air, elle se rend sur un balcon… et remarque des nuages noirs à l’horizon, au-dessus de l’océan – des nuages annonciateurs de tempête ! Elle n’en a jamais vu de ses propres yeux, sur une planète telle que Gebnout IV, dont le climat est méthodiquement programmé par les satellites de la Guilde spatiale…
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