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CR Imperium : la Maison Ptolémée (11)

Publié le par Nébal

(Illustration de Khelren.)

(Illustration de Khelren.)

Onzième séance de la chronique d’Imperium.

 

Vous trouverez les éléments concernant la Maison Ptolémée ici, et le compte rendu de la première séance . La séance précédente se trouve ici.

 

Le joueur incarnant le Conseiller Mentat Hanibast Set ne peut assister régulièrement à la chronique ; durant ses absences, son personnage devient donc pleinement un PNJ, même s’il a toujours la possibilité de participer et de reprendre son rôle. Tous les autres joueurs étaient présents, et ont donc continué d’incarner le jeune siridar-baron Ipuwer, sa sœur aînée Németh, l’Assassin (Maître sous couverture de Troubadour) Bermyl, ainsi que le Docteur Suk, Vat Aills.

 

 

[J’ai commencé la séance par une phase d’expérience – la première depuis le début de la chronique. Les PJ n’ayant pour l’heure jamais fait usage de leur Karama, ils ont tous acquis un point de Compétence : Bermyl a gagné en Agilité, Németh en Étiquette, Vat en Technologie et Ipuwer en Stratégie.]

 

Bermyl, rentré dans les quartiers Ptolémée à Heliopolis après son enquête dans le camp des Atonistes de la Terre Pure, s’est entretenu avec Ipuwer sur la marche à suivre ; les cartes de Sabah (et d’autres ?) seraient sans doute d’un grand intérêt, et il faut donc trouver comment s’en emparer. Bermyl contacte Kambish, un agent de renseignement des Ptolémée qu’il avait croisé dans le camp, et qui l’avait aiguillé vers le vieux Pnebto – il sait qu’il s’agit d’un bon élément. Bermyl ne lui dit pas tout, il ne parle pas directement de l’intérêt de la Maison concernant les cartes du Continent Interdit et ne dit rien de ce qui y a été trouvé et ce qu’ils suspectent à son sujet ; il se contente de dire que Sabah a des « documents » à récupérer : il s’agit donc, dans un premier temps, de la prendre en filature, afin de déterminer ses allées et venues, et l’endroit où elle dissimule probablement ces documents.

 

Németh est elle aussi à Heliopolis, où elle s’est également rendue afin de s’entretenir avec Thema Tena, la charismatique figure de l’Atonisme de la Terre Pure – elle y a croisé Bermyl, mais ils se sont délibérément ignorés l’un l’autre, comme de juste. Plus tard, ce dernier l’a cependant mise au courant des découvertes d’Ipuwer et Hanibast Set portant sur les photos satellites truquées fournies par la Guilde… et elle est furieuse. Il est primordial, pour elle, de s’entretenir au plus tôt avec Ipuwer à ce sujet, et elle le contacte au Palais de Cair-el-Muluk depuis ses quartiers à Heliopolis ; mais Ipuwer lui suggère de rentrer dès que possible à Cair-el-Muluk – mieux vaut discuter de tout cela en présence l’un de l’autre, il ne se montre guère loquace lors de cette communication. Németh rumine les implications de cette découverte : si la Guilde est bel et bien impliquée, quelles mesures prendre ? Németh ne dissimule en rien sa colère à l’égard de Iapetus Baris, ce « sale petit poisson écailleux »… Elle envisage, par ailleurs, de rencontrer le Grand Prête Suphis Mer-sen-aki pour son colloque (c’est la seule figure de la religion sur Gebnout IV à qui elle n’a pas encore parlé de son projet, alors qu’il dirige le Culte Officiel…) ; consciente de l’urgence, elle part donc sur-le-champ, à bord d’un ornithoptère, et se rend au Palais.

 

Le Docteur Suk, Vat Aills, se trouve lui aussi à Heliopolis, où il monte à bord d’une navette à destination de la lune de Khepri, le marché-franc de la Guilde. Il se rend dès son arrivée aux quartiers de la Maison mineure Soris, où on l’accueille sans souci – son statut lui facilite la tâche. On le conduit aussitôt auprès du dirigeant de la Maison, le vieux Ra-en-ka. Celui-ci, sobre, élégant, carré, le reçoit comme il se doit, avec la réserve toute professionnelle qui l’a toujours caractérisé, et son dévouement ne fait aucun doute. Vat perçoit cependant en lui quelque inquiétude plus ou moins bien admise – les visites à répétition de l’appareil gouvernemental des Ptolémée ces derniers temps n’y sont sans doute pas pour rien. Vat évoque tout d’abord les « menaces » de la Maison Nahab, auxquelles Soris avait fait allusion lors d’un précédent entretien. Le vieil homme, à sa manière stricte, essaye de dépeindre au mieux ce dont il parlait : c’est un ensemble de petites choses, qui ne se remarquent véritablement qu’en raison de l’accumulation – quelques rares agressions physiques, mais surtout des comportements arrogants, pouvant notamment se traduire par des empiètements indéniables sur le monopole de la Maison Soris concernant le trafic de haute technologie. Quand Vat lui demande un exemple, Soris y réfléchit longuement (comme s’il était plongé dans une sorte de transe, à la façon d’un Mentat), désireux de fournir à son interlocuteur un exemple vraiment convaincant et pertinent ; mais, en fin de compte, il préfère ne rien livrer pour le moment, prendre le temps de compulser ses dossiers pour en extraire tout le sens, et, le moment venu, défendre au mieux sa position auprès de Vat – et tout autant exposer les périls que cette situation pourrait impliquer, concernant la Maison Ptolémée elle-même. Vat a cependant d’autres questions à poser à Ra-en-ka ; il mentionne l’hôpital de Nofre-it où il s’était rendu, et étudie la réaction de Ra-en-ka à la mention de ce nom – mais ça ne lui dit visiblement rien du tout. Vat parle plus explicitement du trafic d’organes qu’il y a découvert, ce qui ne provoque pas davantage de réaction de la part de Soris, dans quelque sens que ce soit ; quand Vat lui demande si sa Maison, du fait de son monopole, s’occupe aussi de ce genre de choses, le vieil homme répond que les Soris se livrent davantage à la contrebande de matériel médical de pointe ; il lui arrive bien, cependant, de faire le « commerce » d’organes, mais dans un tout autre cadre (à tel point que Ra-en-ka tique un peu devant les termes de « trafic » ou même de « contrebande ») : dans ces cas précis, sa Maison prend soin de bien tout faire dans les règles – les échanges sont officiels, légaux, moralement irréprochables, et abondamment documentés. Autre sujet qui interloque le Docteur Suk : la cargaison mystérieusement disparue il y a environ un an et demi de cela (partie de Khepri, jamais arrivée à Heliopolis à en croire les registres, et mentionnant un destinataire à Cair-el-Muluk – une certaine Antarta Tes-amen, de toute évidence un prête-nom, sans doute totalement inconsciente de ce que son nom figure sur un tel document). Soris n’en sait absolument rien quand Vat lui en parle, et lui demande s’il dispose de documents à ce sujet ; le Docteur Suk tend ce qu’il a au vieil homme, qui se met à étudier tout cela avec une extrême concentration (évoquant là encore un Mentat) ; au bout d’un moment d’étude silencieuse, Vat commence à dire quelque chose, mais Ra-en-ka l’interrompt aussitôt d’un geste (de manière plutôt cavalière, d’ailleurs), et va s’assoir à son bureau, où il prend des notes et dissèque littéralement les papiers concernant cette affaire. Vat patiente, sans un mot… Au bout d’un temps relativement long, Ra-en-ka redresse la tête ; il est visiblement très étonné, et aussi gêné, par ce document qui lui était complètement passé sous le nez à l’époque – ce qui provoque aussi sa colère, même s’il n’est pas d’un naturel expansif. Il confirme l’intuition de Vat : le jardon tant juridique que technologique et scientifique dont ce document est saturé est un pur charabia, ne renvoyant à rien de précis. Sans doute l’ensemble a-t-il été falsifié, mais, à en croire Ra-en-ka, certaines données, par nature, doivent être exactes, car indispensables à la prise en charge de toute cargaison relativement volumineuse, en raison de simples impératifs techniques : c’est le cas, notamment, des dimensions – qui s’avèrent très importantes ; la cargaison comportait un seul élément, mais de très grande taille à l’évidence, ceci n’a sans doute pas été maquillé. Quelques éléments incitent par ailleurs Soris à croire que la cargaison avait une nature organique, là encore impossible (ou du moins est-ce très improbable) à falsifier totalement. Pour le moment, à l’aide de ce seul document truffé de mensonges, il ne peut rien dire de plus – mais sans doute, maintenant que l’anomalie a été localisée, pourra-t-il en apprendre davantage en se livrant à une enquête exhaustive : à la demande de Vat, il accepte volontiers de s’en charger lui-même. Quand Vat lui demande s’il a un suspect en tête, Soris prend à nouveau le temps d’y réfléchir ; il cite bientôt les Nahab, forcément, mais admet qu’il ne dispose d’aucune preuve – et, en homme carré et rigoureux, cela lui interdit en fin de compte de porter vraiment une accusation. Mais il va enquêter – ça lui tient visiblement à cœur. Vat, sur le point de s’en aller, lui dit enfin qu’il reviendra sans doute prochainement, peut-être même à plusieurs reprises en fonction de l’évolution de la situation ; Ra-en-ka est ravi de coopérer, mais lui suggère de bien prendre soin d’élaborer des alibis crédibles – ces visites à répétition ne manqueraient pas d’alerter leurs ennemis ; les prétextes ne les convaincront sans doute pas, mais peut-être du moins permettront-ils de gagner un peu de temps… Ra-en-ka se met aussitôt au travail, et un jeune homme – aux traits Soris marqués, et qui ne manque pas de faire l’éloge de sa Maison – raccompagne Vat. Le Docteur Suk cherche à le sonder, notamment sur la santé de Ra-en-ka, mais le jeune homme est sans doute moins stupide qu’il n’en a l’air et, qu’il ait quelque chose à cacher ou pas, par ailleurs en restant d’une courtoisie irréprochable, il baratine Vat en le noyant sous les considérations parfaitement inutiles… Vat retourne sur-le-champ à Heliopolis, et communique dès son arrivée ses nouvelles informations au Palais.

 

Ipuwer, au Palais de Cair-el-Muluk justement, a mal dormi – les derniers événements le perturbent… Il s’est levé tôt – ou du moins bien plus tôt qu’à son habitude – et s’est livré à ses entrainements physiques sans grande conviction (son maître d’armes Ludwig Curtius est absent, envoyé avec le statut d’émissaire auprès des Delambre). Après quoi il convoque son Conseiller Mentat, Hanibast Set. Il souhaite lui confier la tâche de mettre à profit les informations de Vat pour enquêter à sa manière sur la cargaison disparue ; mais, pour le moment, il aimerait que son conseiller lui dresse un bilan de l’activité économique des Maisons mineures de Gebnout IV. Hanibast maîtrise cette question – encore que les derniers développements nécessitent sans doute une mise à jour de ses conclusions d’ordre politique – et peut d’ores et déjà témoigner de la prospérité des différentes Maisons, que celle-ci ressorte de documents officiels et légaux, ou relève d’un « chiffre noir », impossible à déterminer avec certitude, mais le Mentat possède suffisamment d’informations d’un autre ordre pour le déterminer avec une probabilité plus qu’acceptable de tomber juste. Il commence par les Maisons commerçantes : les Abdamelek, comme de juste, sont inutiles – leur situation tient de la constante ; les Soris, à l’instar de leur dirigeant, présentent une situation stable et rigoureuse (sans doute y a-t-il aussi un « chiffre noir » les concernant, mais limité, et « pour la forme », disons) ; les Nahab, déjà dans une position prééminente à la base, ont sans doute encore renforcé leur pouvoir économique ; mais Hanibast suppose que l’évolution la plus notable, mais impossible à déterminer précisément, concerne la Maison Menkara : Soti est une dirigeante astucieuse, et le Mentat suppose que le « chiffre noir » de la Maison a bien des raisons de se montrer plus considérable encore que ce qu’il peut affirmer avec une relative certitude. Les Maisons commerçantes ne sont cependant pas les seules : pour ce qu’il en sait, les Maisons de mercenaires (Sebek et Arat) n’évoluent guère à ce niveau ; reste le cas par essence à part de la seule Maison diplomate de Gebnout IV : les Set-en-isi n’ont été élevés au rang de Maison mineure que tout récemment, par le précédent siridar-baron Namerta, aussi manque-t-on de critères de comparaison pour juger de « l’évolution » de la situation comptable de la Maison ; demeure une certitude : Abaalisaba Set-en-isi est un homme extrêmement intelligent, rusé et compétent ; sa jeune Maison est très riche, et sans doute sa fortune s’accroit-elle encore, notamment via les services juridiques qui sont désormais la spécialité de celui qui fut avant tout un historien expert en ce qui concerne le Jihad Butlérien…. Ipuwer remercie son Mentat de ces précieuses informations, mais souhaite aller plus loin. Il fait la remarque que les opérations dont ils ont eu écho sur le Continent Interdit, à l’évidence, coûtent très cher : qui en aurait les moyens ? C’est difficile à dire ainsi. En raison de leur fortune notoire, les Nahab le pourraient, peut-être aussi les Menkara, voire les Set-en-isi ; ces derniers, du fait de leur implication dans l’étude du Jihad Butlérien, disposent par ailleurs probablement de contacts « douteux » que les autres Maisons ne peuvent pas forcément se permettre – même les Soris, malgré leur monopole. Mais, si ces opérations coûtent effectivement très cher, toutes les Maisons, d’une manière ou d’une autre, pourraient cependant y avoir leur part, au fond – tout dépend de ce qu’elles sont prêtes à investir… Mais Hanibast va travailler sur la question ; il suggère par ailleurs d’impliquer Bermyl dans ses recherches, ses services de renseignement pouvant sans doute obtenir des données supplémentaires, autrement inaccessibles au Mentat.

 

Bermyl, justement, tout en préparant au cas où un raid (discret, nocturne) dans le camp des Atonistes de la Terre Pure (impliquant ses seuls services, surtout pas la police corrompue), attend des rapports ; il est trop tôt pour que Kambish se manifeste, mais Taho, qu’il a rapatrié à Cair-el-Muluk pour enquêter sur le Vieux Radames (et qui a donc abandonné son infiltration guère fructueuse auprès des Arat), le contacte étonnamment vite, après une brève enquête, qui s’est avérée suffisante pour rassembler d’ores et déjà un certain nombre d’éléments intéressants (ce qui, indirectement, témoigne d’autant plus de l’inefficacité au mieux, de la trahison au pire, d’Elihot Kibuz, dont le rapport sur cette question était parfaitement creux). Il a très facilement identifié le Vieux Radames – la suggestion de la Révérende-Mère Quibailah Amari s’est vite avérée pertinente. Le bonhomme était bien mort il y a un peu plus de deux ans de cela, cela ne fait absolument aucun doute. Pourtant, il est « revenu », et tout laisse à croire que c’est le cas de bien d’autres défunts, habitant pour l’essentiel les quartiers les plus populaires de Cair-el-Muluk – des dizaines sans doute, des centaines peut-être… Mais Taho, pour le moment, s’est concentré sur le cas du Vieux Radames : son enquête de voisinage (il a repéré la fille du mort, Ta-ei, mais ne l’a pas encore abordée) témoigne de ce que les gens, à la nouvelle de ce retour, ont bien sûr été tout d’abord terrifiés – étrangement, l’information n’a pas remonté auprès des services de renseignement (au-delà en tout cas de la simple rumeur – qui remonte cependant à plusieurs semaines au plus tôt, et sans doute plusieurs mois, mais a bien trop longtemps été ignorée comme affabulation parfaitement inepte) ; Taho suppose que le conditionnement religieux de la populace a ici joué un grand rôle – la branche « résurrectionniste » du Culte Épiphanique du Loa-Osiris est bien une construction intellectuelle à mille lieues des préoccupations des prolétaires de Cair-el-Muluk, mais la doctrine officielle contient en germe tous les éléments favorisant une acceptation sereine de ce retour des morts – dont la place est essentielle dans la société de Gebnout IV. Par ailleurs, ces morts, conformément à la rumeur, ont fait preuve d’une étonnante sagesse (renvoyant au caractère épiphanique du Culte Officiel : les défunts bénéficient de l’omniscience et de la justice d’Osiris) – c’est du moins le cas du Vieux Radames, qui, de son vivant, s’il était un voisin apprécié, n’avait rien d’une figure charismatique ; depuis son retour, lui – et d’autres sans doute – ne manquent pourtant pas de « conseiller » leurs proches, et avec une certaine pertinence ; ces assistances peuvent être très diverses, généralement des remarques relevant du « bon sens populaire », mais cela peut parfois avoir des connotations plus abstraites : c’est ici qu’interviennent les rumeurs spécifiques portant sur le retour du précédent siridar-baron, Namerta – le souvenir embelli de son règne, la dimension messianique de son retour, incitent de plus en plus les pauvres de Cair-el-Muluk à grommeler que le vieux baron ferait un bien meilleur siridar que son incompétent de fils (Taho prend ses précautions pour confier ces aspects à Bermyl, mais, à l’en croire, le jeune dirigeant de la Maison Ptolémée serait au mieux moqué dans les quartiers populaires, au pire ouvertement méprisé), et que sa place est sur le trône. Pour le moment, cela n’a semble-t-il pas dégénéré en un mouvement politique à proprement parler – on en reste pour l’heure à la rumination ; mais il y a là, à l’évidence, une menace à prendre en compte, et Taho doit poursuivre son enquête (Bermyl l’y encourage, c’est sans doute le sujet le plus important). Quand Bermyl lui demande si tout cela ne pourrait pas être une gigantesque mascarade, le jeune agent lui répond qu’une imposture de cette dimension est finalement tout aussi improbable que le retour effectif des morts – aussi impossible soit-il à première vue. Bermyl n’en est sans doute pas totalement convaincu… Mais il demande alors son sentiment personnel à Taho ; l’espion s’en étonne… mais obéit, quand bien même timidement, voire à regrets : sa brève mission dans les quartiers populaires de Cair-el-Muluk a suffi à le convaincre d’une chose lui paraissant inenvisageable quelques mois plus tôt à peine – il sait, maintenant, que les Ptolémée sont des colosses aux pieds d’argile… Bermyl ne commente pas cette allégation ; il remercie Taho pour son excellent travail, et l’invite à le contacter au moindre élément nouveau.

 

Németh rentre dans la soirée à Cair-el-Muluk. Elle souhaite voir son frère illico, et se rend dans la salle où Ipuwer est sur le point d’entamer une réunion stratégique en comité restreint, impliquant Hanibast Set, son Conseiller Mentat, et le général Kiya Soter, commandant en chef des armées des Ptolémée. Elle entre sans s’annoncer, adresse un bref hochement de tête au Conseiller Mentat, et dit à Ipuwer qu’ils doivent s’entretenir de sujets complexes, et de toute urgence ; Hanibast Set est à sa place, mais Németh demande à Kiya Soter de se retirer pour l’instant – il y a des priorités à traiter, qui ne sont pas de son domaine. Le général, un peu bourru, mais docile, s’exécute. Németh aborde aussitôt le sujet des photos satellites trafiquées ; elle est très inquiète des implications de cette découverte – la quasi-certitude que la Guilde a eu sa part dans les événements. Ce satané Iapetus Baris lui a menti, il n’a cessé de lui mentir, et favorise leurs ennemis ! On ne peut pas laisser passer une chose pareille : il en va de l’honneur et de la réputation de la Maison Ptolémée ! Ipuwer l’admet volontiers – à vrai dire, il envisageait d’ores et déjà la possibilité d’une opération militaire sur la lune de Khepri… Mais il faut d’abord identifier avec précision leurs ennemis. Que Baris mente ne le choque pas forcément plus que ça – dans un sens, c’est son métier qui le veut… Il ne cache cependant pas son mépris pour le Navigateur – demandant sans cesse s’il s’agit seulement d’un homme… Hanibast Set intervient : Iapetus Baris est très probablement impliqué, cela ne fait guère de doute ; mais cela signifie-t-il que la Guilde est impliquée ? Rien de certain à cet égard, c’est un paramètre à prendre en compte… Hanibast Set, avec toute sa réserve de Mentat, jette cependant un froid en affirmant ce que tout le monde sait déjà sans oser le dire : si ce n’est pas seulement Iapetus Baris qui est compromis, mais la Guilde en tant que telle, les Ptolémée sont pour ainsi dire perdus… Aussi insiste-t-il sur la nécessité de la discrétion, avant de commettre quelque assaut irréparable ; il ne faut pas froisser la Guilde, surtout pas – et peut-être sera-t-il possible, sur la base terrible de cette affaire, d’en tirer en fait profit, en renouant les liens originels avec les Navigateurs ? Si Baris agit dans son coin, la Guilde apprécierait sans doute qu’on l’en débarrasse avec tact et discrétion… La situation est indéniablement périlleuse, mais une issue positive n’est donc pas à exclure. Ipuwer et Németh reconnaissent que Hanibast Set dit vrai, à tous ces niveaux. Il faut donc mener une enquête – mais qui pourrait s’en charger ? Németh avance le nom du Docteur Suk, Vat Aills ; mais Ipuwer se montre plus réservé – Vat ayant régulièrement été un interlocuteur de Iapetus Baris… Sans doute faut-il commencer par en apprendre le plus possible sur l’ambassadeur de la Guilde : où a-t-il été en poste auparavant, avec quelles Maisons pourrait-il avoir des liens, etc. Puis la discussion dévie sur l’éventualité d’une opération militaire sur Khepri. Ipuwer avait mentionné à plusieurs reprises l’idée d’un blocus du marché-franc – mais Hanibast Set est plus que sceptique à cet égard, il n’y voit même pas vraiment un « dernier recours » crédible : comment faire ? D’emblée, le transport de troupes même serait improbable… puisque ce sont justement les vaisseaux de la Guilde qui font l’interface entre Gebnout IV et sa lune ! Ipuwer le reconnaît, mais veut croire que l’on peut trouver un prétexte pour accroître le contingent de la garde d’élite traditionnellement affecté à la sécurité du marché-franc. Mais le Conseiller Mentat n’y croit pas beaucoup plus : la Guilde ne manquerait pas de se douter de quelques choses, et dispose pour elle du droit (devant le Landsraad le cas échéant) : selon les statuts de l’antique accord entre la Maison Ptolémée et la Guilde concernant l’établissement de Khepri, c’est bien la Guilde qui en est officiellement maîtresse – aussi improbable que cela puisse paraître, le contingent de soldats des Ptolémée qui y est affecté est en fait simplement « toléré » par les Navigateurs… Ces rebuffades pèsent sur Ipuwer, qui en vient aux solutions extrêmes : à terme, selon lui, c’est tout bonnement la destruction totale de Khepri qu’il faut envisager ! Le Conseiller Mentat, à cette idée, pâlit et baisse la tête, n’osant plus rien dire… Németh non plus n’est pas rassurée, mais n’entend pas contredire ouvertement son frère le baron ; mais elle entend envisager d’abord des solutions moins « radicales », tout en reconnaissant volontiers qu’il faut que la Maison Ptolémée ait les moyens de ses menaces… Mais l’enquête d’abord – on verra en temps utile s’il faudra passer par une confrontation directe, ou si d’autres moyens de pression peuvent être envisagés. Ipuwer insiste sur la nécessité de déterminer avec précision en qui ils peuvent avoir confiance – a fortiori s’il faut préparer, en dernier recours, l’anéantissement de la lune de Khepri. Il pense confier l’enquête portant sur Iapetus Baris aux services de Bermyl – mais ils ont été très sollicités ces derniers temps : Hanibast ne peut pas parler pour l’Assassin, mais suppose que cela impliquera un redéploiement des effectifs (impliquant donc d’abandonner des missions antérieures)… Mais Hanibast Set ajoute que cette situation présente une autre difficulté : la loyauté du Maître-Assassin fantoche Elihot Kibuz a pu être mise en cause… Quant à la « solution définitive » envisagée par Ipuwer, Hanibast, là encore, pose clairement ce que l’on n’a pas osé dire jusqu’à présent : une telle opération nécessiterait l’usage des atomiques de famille… ce que proscrit la Grande Convention – les répercussions pourraient aller bien au-delà de la seule colère de la Guilde, hypothèse pourtant suffisamment terrifiante en tant que telle ! Mais Ipuwer évacue la question pour le moment : ce qu’il compte faire dans l’immédiat, c’est simplement déployer des gardes d’élite supplémentaires sur Khepri (mais, là encore, cela impliquerait de les libérer de leurs précédentes assignations – notamment au Palais, ce que semble envisager Ipuwer, ou au Sanctuaire d’Osiris ?), en leur confiant des explosifs leur permettant, le cas échéant, de faire sauter des sites importants, en guise de menace ou de rétorsion. Mais ceci doit rester entre Ipuwer, Németh et Hanibast Set (le siridar-baron compte passer outre Kiya Soter).

 

Vat est rentré à Cair-el-Muluk. Au fait des suspicions portant sur la loyauté du Maître-Assassin fantoche Elihot Kibuz, il compte en faire un examen médical, qui lui permettra aussi de le sonder quant à ses attaches et ambitions. Il se rend de lui-même au bureau de Kibuz, et avance des raisons médicales complexes pour avancer la date de son check-up ; ce discours fait presque paniquer le vieil assassin, et Vat joue sur son angoisse pour le persuader – il avait commencé par se montrer méfiant, mais la simple possibilité que le Docteur Suk puisse lui diagnostiquer telle ou telle menace inconnue le terrifie suffisamment pour qu’il se rende sans plus de questions aux exigences de Vat. Ils se dirigent donc vers le cabinet de ce dernier, Vat soufflant le chaud et le froid en chemin, pour apaiser son patient tout en jouant sur ses craintes. L’auscultation révèle bien vite que, si Kibuz se fait vieux, sa condition physique est plus qu’honorable pour un homme de son âge – même si elle n’a sans doute rien de commun avec celle du fougueux et compétent Assassin qu’il était jadis. Vat, tout en se livrant à son examen physique, discute habilement avec Kibuz pour établir un diagnostic psychologique en parallèle – il relève bientôt une légère touche de sénilité… Il faudrait toutefois un examen autrement approfondi pour en savoir plus à cet égard. Vat comprend en tout cas que Kibuz bénéficie d’un régime d’épice, mais sans doute très limité – le vieil homme cède parfois au caprice de la consommation de Mélange, irrégulièrement, à petites doses. L’examen permet aussi de déterminer une bizarrerie (s’expliquant peut-être par l’état psychique du patient, outre son âge avancé) : son organisme n’est pas spécialement protégé contre l’usage de poisons ou de drogues, contrairement à ce qu’on rencontre généralement chez les assassins. Vat exploite encore l’hypocondrie de Kibuz, pour le persuader de le laisser lui injecter quelque produit – Vat enrobe sa demande de jargon médical pointu, quand il s’agit en fait d’user d’une sorte de sérum de vérité… mais Kibuz est maintenant au-delà de la méfiance, et se laisse faire. Vat patiente, le temps que le produit fasse effet, et entame son interrogatoire – en commençant par une certaine connivence amicale : « Bientôt la retraite ! » Est-ce que ça lui fait plaisir ? Loin de là : « On ne met pas un homme comme moi à la retraite ! Mais ils l’ont déjà fait… » Kibuz supporte visiblement très mal sa déchéance, son rôle d’homme de paille. Il déteste Bermyl – ce jeunot arriviste qui l’a dépossédé de toutes ses attributions, en fait sinon en droit… Kibuz sait bien que c’est lui le véritable Maître-Assassin de la Maison Ptolémée, et ne le supporte pas. Mais est-ce que ça l’amènerait à tenter des actions contre la Maison ? Non, pas contre la Maison… Son aigreur ne porte-t-elle que sur Bermyl ? Non : il déteste tout autant l’incapable qui s’est assis sur le trône de Namerta, et de même sa sœur, cette « pétasse frigide » de Németh, qui contrôle tout… Un tissu de mensonges, des impostures partout, et il en est fatigué après tout ce temps… Plus globalement, il hait tous ceux qui ne reconnaissent pas son rôle – ce qui fait du monde… A-t-il toutefois confiance en Vat Aills ? Oui : c’est un Docteur Suk. Travaille-t-il pour une autre Maison ? Non, pas du tout. À ce stade, l’effet du sérum s’amenuise, et Vat cesse donc son interrogatoire : quand il reprendra conscience, Elihot Kibuz ne se souviendra pas des questions du docteur, pas plus que de ce qu’il a répondu. Vat raccompagne lui-même le Maître-Assassin fantoche, toujours un peu sonné, dans ses quartiers.

 

Bermyl n’attend toutefois pas que Vat Aills lui communique les résultats de son interrogatoire pour entamer la surveillance de Kibuz – après tout, c’est le rapport de ce dernier, totalement vide, concernant le Vieux Radames, qui a amené l’Assassin à soupçonner celui dont il endosse la fonction de ne pas être d’une loyauté à toute épreuve… Il confie cette tâche à une espionne, Nefer-u-pthah : elle doit déterminer les contacts de Kibuz, et les lieux insolites où il pourrait se rendre. Après quoi Kambish lui fait son rapport. Il pense avoir localisé les « documents » intéressant Bermyl : en fait, Sabah les porte tout le temps sur elle… Le problème est que la femme l’a de toute évidence repéré : elle l’a entraîné dans une embuscade, des hommes armés de bâtons surgissant de toute part pour isoler l’espion ; Kambish n’a pas voulu prendre sur lui de provoquer un affrontement physique en plein camp des Atonistes de la Terre Pure (ou du moins c’est ce qu’il dit, mais la peur a pu jouer son rôle), et a fait comprendre aux « gardes » du camp qu’il s’en allait et ne reviendrait pas… Bermyl ne sermonne pas son agent, le remerciant même pour ses découvertes. Il garde ça pour lui, mais réfléchit à l’action future en ce qui concerne les cartes de Sabah : il faudrait, soit voler les documents, soit exfiltrer la cartographe elle-même… Bermyl envisage une diversion – peut-être pourrait-on inciter les zélotes de la Maison Arat à lancer un assaut sur le camp, et profiter du chaos pour s’emparer des cartes et/ou de Sabah ? Il y réfléchit – et prend soin, aussi, de se remettre à ses entrainements physiques : il se sent un peu rouillé… Il prépare enfin son retour à Cair-el-Muluk, dans l’éventualité où il serait plus utile là-bas.

 

Németh, elle non plus, n’attend pas que Bermyl s’attèle à la tâche pour étudier d’elle-même les documents officiels concernant Iapetus Baris. Ce sont des dossiers difficiles à appréhender – à l’aune des spécificités, incompréhensibles au commun des mortels, des Navigateurs de la Guilde. Ainsi, des données qui seraient indispensables pour d’autres n’y figurent pas – notamment, par exemple, son âge, maintenu dans un certain flou. À en croire la littérature officielle, Iapetus Baris a longtemps piloté des long-courriers de la Guilde, comme il se doit, avant de se tourner vers une carrière d’ordre davantage politique et diplomatique. Il a eu de nombreuses affectations à travers tout l’Imperium, mais Németh relève tout particulièrement ses assignations auprès des Kenric et des Wikkheiser. Après quoi il a été nommé ambassadeur de la Guilde sur le marché-franc de Khepri, en remplacement de Vitalis Titus – il entretenait semble-t-il depuis fort longtemps des liens d’une nature difficile à estimer avec son prédécesseur, forts néanmoins. Németh ne se souvient pas elle-même de ce dernier, mais, en épluchant les dossiers des Ptolémée le concernant, elle suppose qu’il se comportait exactement comme le fait maintenant son successeur : hautain, voire méprisant, à l’encontre des parvenus de Gebnout IV, par ailleurs tout à fait compétent – et il est resté très longtemps en place. Németh s’interroge sur les services responsables de la communication des photos satellites, cherchant qui, parmi eux, aurait pu les truquer, aux ordres sans doute de Iapetus Baris – mais elle ne dispose d’aucun élément lui permettant de creuser cette question… Elle attend alors l’arrivée de Bermyl, pour faire le point avec lui.

 

Vat Aills, pendant ce temps, va voir Ipuwer – en train de se délasser au bord d’une piscine… Le siridar-baron lui demande d’emblée ce qu’il en est d’Elihot Kibuz et de sa santé. Le Docteur Suk fait son rapport, exhaustif, puis en vient à l’interrogatoire : le Maître-Assassin fantoche est visiblement obsédé par une violente rancœur à l’encontre des dirigeants de la Maison Ptolémée ainsi que de Bermyl (cela inclut sans doute aussi Hanibast Set ; mais le Docteur Suk rapporte que, pour sa part, il bénéficie de sa confiance). Et il a employé des termes très durs, à la mesure de sa haine… Pour Vat, il est clairement dangereux ; il ne semble pas trahir activement la Maison, mais sa fragilité psychologique pourrait bien vite poser problème – peut-être simplement en raison de manquements inconscients, mais c’est déjà beaucoup. Il faudrait donc envisager sa mise à la retraite – totale. Vat suggère d’agir avec doigté et circonspection, son aigreur pouvant à tout moment se retourner contre les Ptolémée ; Ipuwer, par ailleurs, précise frontalement qu’il ne souhaite pas la mort du vieux Maître-Assassin… Pour Vat, il faudrait trouver à lui confier une dernière mission, en forme de baroud d’honneur – qu’il reprenne ultimement confiance en ses capacités et en l’intérêt qu’on lui porte. Mais quoi ? Vat ne doute pas qu’en cherchant un peu, on ne tardera pas à trouver quelque chose dans ce goût-là… Ipuwer va consulter sa sœur à ce propos, et on verra. Le Docteur Suk demande alors à son siridar s’il a une autre mission à lui confier, mais rien de précis : Ipuwer le félicite pour son excellent travail. Après quoi ils évoquent à demi-mots la situation de Khepri, et Vat recommande à Ipuwer de prendre bien soin de protéger les Soris… Il se retire.

 

Peu après, au même moment très exactement, des domestiques se rendent auprès d’Ipuwer (qui enchaîne les plongeons et n’apprécie guère qu’on l’interrompe au nom des affaires du Palais…) et de Németh : le frère et la sœur apprennent ainsi que leur mère, Dame Loredana, est déjà de retour de Wikkheim, et accompagnée (sans autre précision). Son ornithoptère arrivera à Cair-el-Muluk dans les deux heures. Ipuwer et Németh se préparent à accueillir leur mère et ceux qui l’accompagnent, revêtant leurs plus belles tenues d’apparat, et l’attendant dans la salle du trône. Deux femmes accompagnent Dame Loredana : tout d’abord, Linneke Wikkheiser elle-même – une femme d’une grande beauté, tellement charismatique que cela relève de l’aura, et dont l’intelligence et le caractère de femme de tête ne font d’emblée aucun doute : la demi-sœur du comte Méric ne fait certes pas mentir sa réputation… La dame, très courtoise, se présente elle-même, et fait part de son intérêt pour le colloque qu’envisage Németh, et dont Dame Loredana lui a parlé – techno-progressiste notoire, à l’instar de toute sa famille, elle compte bien y assister, voire y participer. Elle ne dit pour l’heure rien quant aux éventuelles affaires matrimoniales, mais cela ne trompe personne : si elle est venue elle-même, c’est sans doute qu’elle n’est pas indifférente à la proposition ; mais on sait qu’elle prendra les choses en main, et ne se livrera pas pour rien – les négociations seront difficiles… L’autre femme est à l’évidence une Révérende-Mère du Bene Gesserit : elle se présente comme étant Taestra Katarina Angelion, une amie de longue date de Dame Loredana ; par une heureuse coïncidence, elle a croisé cette dernière sur Wikkheim, où elle s’était rendue pour affaires, et a saisi l’occasion de se rendre sur Gebnout IV : elle aussi sait ce qu’il en est du projet de colloque, et, sans mettre pour autant sa participation au programme, ne manque pas de préciser, de manière un brin sibylline, qu’elle s’intéresse tout particulièrement à l’histoire des religions… Elle aussi est d’un charisme impressionnant – à vrai dire, ses traits secs autant que sa majesté en mettent plus d’un mal à l’aise, parmi lesquelles Hanibast Set…

 

À suivre…

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