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Le Langage de la nuit, d'Ursula K. Le Guin

Publié le par Nébal

Le Langage de la nuit, d'Ursula K. Le Guin

LE GUIN (Ursula K.), Le Langage de la nuit : essais sur la science-fiction et la fantasy, [Language of Night : On Fantasy and Science Fiction], préface de Martin Winckler, traduit de l’anglais (États-Unis) par Francis Guévremont, Paris, Aux Forges de Vulcain, coll. Essais, [1973-1977] 2016, 155 p.

 

IMMENSE

 

Commençons par rappeler une évidence : Ursula K. Le Guin est une des plus immenses auteures du XXe siècle, et même du début du XXIe siècle, tant qu’on y est – après tout, la dame, née en 1929, a livré encore récemment, somme toute, des ouvrages de très grande qualité (Lavinia, notamment, mérite bien d’être hissé au rang de ses plus fameuses réussites). Mais le point essentiel est ailleurs : elle est bien une des plus immenses auteures de cette période – mais de manière générale. Pas seulement dans les genres de la science-fiction et de la fantasy : il est indéniable que, dans ces domaines, elle trône tout en haut de la pyramide, et d’une certaine manière cela va sans dire. Mais non, cela va au-delà : de manière générale, elle est brillante, elle est admirable, et a livré des ouvrages, romans et nouvelles, d’une intelligence et d’une finesse tellement au-dessus du lot qu’ils en deviendraient presque intimidants – vus de loin : quand on s’y plonge, c’est un régal de tous les instants, et d’accès très spontané le plus souvent ; d’autant que ces livres, chose rare, contribuent à élever leurs lecteurs, d’une certaine manière – élever au sens le plus noble, on ne fait pas exactement ici dans la batterie.

 

On est curieux, forcément, de ce qu’une telle légende a à dire concernant ces genres qu’elle a ennoblis de ses chefs-d’œuvre ; la dame, au fil de sa carrière, a eu maintes occasions de s’exprimer à ce propos, mais nous n’en avions guère de témoignages en langue française… On appréciera d’autant plus l’initiative fort bienvenue des Forges de Vulcain, qui, avec ce Langage de la nuit, nous offrent quelques aperçus de la pensée de l’auteure à ce sujet – aperçus, précisons-le, qu’elle a livrés alors même que ses plus célèbres ouvrages venaient peu ou prou de paraître (côté SF, les deux sommets du « cycle de l’Ekumen » que sont La Main gauche de la nuit et Les Dépossédés, entre autres, et côté fantasy la trilogie initiale de « Terremer »).

 

C’est en même temps la limite de ce petit ouvrage : les essais, articles et discours, qu’il rapporte ont donc été publiés entre 1973 et 1977 – rien de plus récent. Bien sûr, Ursula K. Le Guin a conçu par la suite bien des merveilles dans les deux registres et dans d’autres encore, et, à n’en pas douter, elle a continué de questionner les genres, et sans doute d’autres sujets en sus…

 

Mais nulle intention de pinaillage de ma part, hein – plutôt, sans doute, un appel du pied pour d’autres publications du même genre, je suis forcément preneur

 

(En fait, je ne pinaille, mesquinement, que pour une chose – l’absence étonnante de table des matières ; rien de bien grave, certes…)

 

(Ça et la préface globalement inutile de Martin Winckler ; mais bon, rien de scandaleux.)

 

QUELQUES CRAINTES QUAND MÊME ?

 

Il me faut cependant avouer une vague crainte, concernant Le Guin essayiste – car j’ai bien eu, ces dernières années, quelques aperçus de ce que pouvait accomplir la dame en l’espèce, et, si je serais sans doute bien en peine de citer quoi que ce soit de précis, j’avais parfois eu l’impression d’une auteur autrement fine et subtile dans ses romans et nouvelles que dans ses essais, éventuellement émaillés de quelques réflexions à l’emporte-pièce, guère dans sa manière pourtant quand elle se livre à de la fiction

 

En fait, Le Langage de la nuit n’en est d’ailleurs pas totalement exempt : dans son juste et nécessaire combat pour « légitimer », d’une certaine manière, l’imaginaire (mais cela va bien plus loin qu’une simple « légitimation »), l’auteur succombe parfois aux mêmes travers qu’elle entend critiquer, en faisant preuve d’une sévérité pour le tout-venant du genre bien compréhensible la plupart du temps, mais qui ne s’embarrasse pas toujours de trier le bon grain (qui est malgré tout là ?) de l’ivraie ; à vrai dire, il est un domaine où ses préconçus se révèlent sans l’ombre d’un doute – un mépris des bandes dessinées, tout particulièrement des Batman et des Superman et compagnie, comme étant autant de balivernes sans le moindre intérêt… Mais elle n'est guère plus tendre pour d'autres genres littéraires, policier, western, ou sentimental.

 

UNE BÊTE NOIRE POUR LES « PUPPIES » ?

 

Il y a sans doute là un écueil, mais ne nous y attardons pas trop, s’il faut bien le reconnaître au passage : le propos global de ces essais est globalement très intéressant, souvent convaincant, parfois étonnement d’actualité quand bien même quarante années ont passé…

 

Peut-être n'est-ce toutefois pas si étonnant, pourtant, même si c’est avant tout regrettable (le mot est faible) : Ursula K. Le Guin, à maints égards, est l’antithèse des « Puppies » qui, ces dernières années, ont souillé de leur bêtise crasse le monde de la science-fiction littéraire…

 

Elle cumule les torts, faut dire : déjà, c’est une femme – horreur glauque. Et c’est aussi, souvent, une militante – même si, dans ses œuvres de fiction, le militantisme bénéficie de son extrême finesse, bien loin de consister en pamphlets lapidaires. Non contente d’être femme, donc, mais aussi féministe, diantre, et qui, au fil de ses fictions, a témoigné à maintes reprises d’une inclination vers le socialisme ou plus particulièrement l’anarchisme, s’accordant fort mal avec les « valeurs » de ces crétins de Chiots toujours prompts à suspecter le « SJW » hypocrite et menteur derrière tout auteur qui s’avère plus subtil qu’eux – et ça en fait un paquet… Or Ursula K. Le Guin est beaucoup, beaucoup plus subtile qu'eux ; au point où la comparaison succombe toute seule de son absurdité...

 

Sans doute, pour ces abrutis, est-il parfaitement inconcevable de louer une femme (horreur glauque, horreur glauque!) qui a pu écrire des choses aussi odieusement « libérales » que les deux romans centraux de « l’Ekumen » cités plus haut, ou encore, contemporain d’ailleurs, l’anticolonialiste et antiraciste et écologiste Le Nom du monde est Forêt, etc. Et le « cycle de Terremer », avec ses héros basanés et sa philosophie empruntant au taoïsme, ne leur inspire sans doute rien de plus aimable…

 

Ici, le bref article « La Science-fiction américaine et l’Autre » dresse un tableau impitoyable d’un genre « naturellement » destiné à des mâles américains blancs et capitalistes, et faisant donc l’impasse sur « l’Autre », qu’il s’agisse d’un « Autre » sexuel, social, culturel ou racial . Il est bien triste de constater que ce fâcheux constat n’a rien perdu de sa pertinence aujourd’hui – les couillons de cabots en faisant même l’objet de revendications stupides et haineuses, dont je ne suis pas tout à fait certain qu’elles auraient été formulées comme telles dans les années 1970...

 

AUX SOURCES D’UNE PASSION

 

Laissons cependant, pour un temps, ces idiots à leurs idioties – sans pour autant perdre de vue qu’ils sont là et bien là, les fâcheux –, et revenons au cœur même de l’ouvrage ; une dizaine d’essais, donc, articles parfois, discours également, dans lesquels Ursula K. Le Guin interroge son goût pour l’imaginaire, et livre un plaidoyer vibrant louant ses mérites, sans s’aveugler pour autant sur ses failles éventuelles.

 

Il y a une certaine part d’autobiographie dans ces réflexions – même si, mais à plusieurs reprises justement, l’auteur dit n’être guère à l’aise à l’idée de se « présenter » à ses lecteurs, considérant que ses livres doivent parler pour eux-mêmes, ce qu’ils font assurément (article au titre éloquent : « Les Rêves doivent pouvoir s’expliquer tout seuls »).

 

Parfois, cependant, le souvenir personnel pointe – sous la forme de réminiscences fondatrices. Ainsi, dans « Une citoyenne de Mondath », qui ouvre le recueil (mais dont nous ne disposons pas des références bibliographiques?), Ursula K. Le Guin évoque sa découverte, enfant, de la fantasy – non pas avec Tolkien, qui concernera plutôt la génération suivante (elle s’interroge d’ailleurs sur le ressenti qu’elle aurait éprouvé à lire Le Seigneur des Anneaux adolescente, tout en plébiscitant l’œuvre et l’auteur – sans doute la référence la plus récurrente dans ces essais), mais avec Lord Dunsany (et tout particulièrement les Contes d’un rêveur). Comme une révélation : il existe donc des gens, des adultes, qui écrivent des histoires « non réalistes », et destinées à un public adulte – des œuvres qui font appel à ce sentiment essentiel qu’est le plaisir, par essence suspect dans une Amérique aux soubassements puritains (sujet essentiel de l’essai « Pourquoi les Américains ont-ils peur des dragons ? », et on peut supposer que cet article, pour le coup, n’est sans doute plus tout à fait aussi pertinent aujourd’hui ? Pas si sûr, en fait ; espérons-le, du moins...) ; des œuvres qui, pourtant, contiennent leur part de véracité… Un peu comme des mythes ou des contes, mais écrits maintenant, pour les gens de maintenant, et pas nécessairement pour les seuls enfants – ceux chez qui l’on « tolère », au mieux, l’imagination, laquelle ne saurait être, chez un adulte, qu’un stigmate de puérilité. Ceci étant, l’auteure louera aussi dans ces pages la littérature jeunesse (renvoyant pour le coup, mais non sans ambiguïté parfois, à « Terremer »), une littérature qui, alors, à l’en croire, « ne payait pas »…

 

Et concernant la science-fiction ? Là encore, comme une épiphanie – à la lecture du « Boulevard Alpha Ralpha » de Cordwainer Smith (dans La Planète Shayol, et faisant partie du « cycle des Seigneurs de l’Instrumentalité »). La science-fiction n’est donc pas que fiers et fringants cowboys nazillons de l’espace, commandant des vaisseaux rutilants, sauvant sans cesse des blondes évaporées livrées au sadisme salace d’extraterrestres aux yeux nécessairement globuleux…

 

LES VERTUS DE L’IMAGINAIRE, LES MYTHES ET LES ARCHÉTYPES

 

Rien, pour autant, ne destinait l’auteure à briller forcément dans ces deux registres – et, si elle a très tôt écrit, et beaucoup, c’était peut-être d’abord dans une veine plus « réaliste » (avec tout ce que ce mot, et ses connotations, peuvent avoir d’inapproprié au point d’en devenir presque risibles…). Cependant, le goût de l’imagination est là – et l’envie de faire l’apologie de ce trait essentiellement humain, de ce « langage de la nuit », que l’on balaye bien trop vite et si stupidement au prétexte qu’il serait « infantile » et, horreur glauque, efféminé…

 

C’est en fait l’objet de plusieurs des brefs essais de ce petit recueil – qui, au fil des approches, tendent à se complexifier quelque peu, notamment en passant la vertu d’imagination (puisque c’est bien d’une vertu qu’il s’agit, quoi qu’en disent pasteurs et traders) au crible des mythes et des archétypes, et en faisant notamment appel à la psychologie jungienne (en notant au passage que reprendre des archétypes, pour l’auteure, n’a rien de déshonorant – en fait, elle même s’admet plagiaire à certains égards, évoquant notamment la très belle nouvelle « Le Collier de Semlé », qui fournira le point de départ du premier roman de « l’Ekumen », Le Monde de Rocannon ; reste bien sûr à voir ce qu’on en fait...).

 

Revenir au contes peut alors s’avérer pertinent – quitte à se livrer à une lecture allégorique, que l’auteure pourtant dit ne guère priser, voire détester (un point essentiel qui la rapproche de Tolkien, si souvent cité et loué dans ses pages – on appréciera tout particulièrement les développements portant sur la « morale » du Seigneur des Anneaux, qu’elle veut bien considérer « simple », ce qui est une qualité, mais certainement pas « simpliste » ; cela vaut tout particulièrement pour une question qui reviendra en fin de volume, celle portant sur les personnages – avec une défense enthousiaste de Frodon/Sam/Gollum/Sméagol, qui là encore revient à plusieurs reprises).

 

Ici, c’est un conte d’Andersen qui fournit la substance des développements : dans « L’Enfant et l’Ombre », l’imagination est plus que jamais louée, mais en prenant en compte ce qu’elle peut avoir de pernicieux, éventuellement – ou subversif, et les connotations sont différentes ; c’est en cela, à l’en croire, que l’imagination est un « langage de la nuit » : elle émane de la part d’ombre de tout un chacun, mais il faut prendre en compte, justement, que cette ombre est indissociable de « l’homme » ; vouloir s’en distancier, pour quelque raison que ce soit, s’avère vite périlleux… autant qu’absurde. Mais l’Ombre, à condition de bien s’y prendre, et suffisamment tôt sans doute, peut être « disciplinée » ; dès lors génératrice de merveilles, elle n’a plus rien d’un « mauvais penchant » à réprimer au nom de quelque précepte puritain bêtement répété au fil des siècles, mais révèle l’homme pour ce qu’il est et pour ce qu’il a de plus noble – et, à sa manière, permet peut-être d’accéder à une « véracité de second niveau », disons : quand l’imaginaire est vrai, nous dit-elle, il n’y a rien de plus vrai.

 

LES PIÈGES DES GENRES

 

Mais, pour cela, sans doute, l’auteur d’imaginaire doit se pencher sur sa table de travail, questionner son art, et en dégager, à la lecture (car un auteur est d’abord un lecteur) comme à l’écriture, des outils éventuels. Littérature d’idées contre littérature d’images ? Le fond contre la forme ? Distinctions nulles et non avenues pour l’auteure. Ce n’est pas parce que la science-fiction et la fantasy sont singularisées en tant que genres dans la grande famille de la littérature qu’elles peuvent pour autant faire l’impasse sur des « nécessités » de la belle ouvrage littéraire. En fait, à tout prendre, ces genres doivent peut-être même y accorder une attention toute particulière – tant les pièges sont nombreux qui les menacent, et éventuellement aussi dans l’optique de cette « véracité » d’essence supérieure…

DISTANCIATION ET ARCHAÏSME DANS LES DIALOGUES DE FANTASY

 

Ainsi du style, tout particulièrement en fantasy – thème central de l’article « Du Pays des Elfes à Poughkeepsie », qui s’en tient cependant à un aspect précis du style, pas forcément celui auquel on pense en priorité en la matière : les dialogues.

 

Car les pièges sont alors très nombreux... L’essentiel consiste cependant en un juste milieu, idéal certes pas facile à atteindre, faisant la part entre la « distanciation » propre au genre (si ce dialogue aurait pu avoir lieu à Poughkeepsie plutôt qu’au Pays des Elfes, il y a un problème) et les outils permettant de la mettre en œuvre, avec notamment l’écueil d’un « archaïsme » sonnant faux, que ce soit du fait de l’emploi abusif d’un vocabulaire connoté (on ne dit pas « armée » mais « ost », etc., et attentions aux abus de l’ichor...) ou en jouant sans compétence, en langue anglaise, de malencontreux « thee » ou « thou », et des subtilités de conjugaison qui vont avec, si rarement maîtrisées par les écrivaillons du registre, au point où elles débouchent régulièrement sur le ridicule

 

Passage très amusant, où l’auteure ne s’épargne pas elle-même, d’ailleurs, tout en faisant part de ses admirations, parmi lesquelles on retrouve Dunsany, et sa langue unique, puisant à la King James Bible, mais si difficile à reproduire, ou à nouveau Tolkien – dont, là encore, elle loue la simplicité, comme très grande vertu d’un grand écrivain.

 

DES PERSONNAGES QUI DOIVENT EXISTER

 

L’article intitulé « Madame Brown et la science-fiction », le plus long (relativement) du recueil, se penche sur un autre aspect de l’écriture de science-fiction et de fantasy, non moins important… mais peut-être tout aussi négligé : les personnages.

 

Empruntant à un essai de Virginia Woolf prenant pour base la description d’une inconnue (« Madame Brown ») à peine croisée dans un train, Ursula K. Le Guin s’interroge sur ce qui fait de bons personnages, et le rapport que lecteurs et auteurs peuvent entretenir avec eux – mais, tout autant, sur leur place dans le processus d’écriture.

 

Ici, de même qu’en quelques autres occasions dans ce recueil (mais discrètes – car Le Guin ne veut donc guère parler d’elle), l’auteure, explorant sa « méthode », se livre sans doute à une forme d’autocritique ; mais on en retiendra tout autant sinon plus la place essentielle accordée par l’auteure à ses personnages, dans plusieurs œuvres essentielles : ici, elle s’attarde notamment sur le cas de Shevek, le physicien génial au cœur des Dépossédés (mais initialement malmené dans une nouvelle dont elle dit pis que pendre...) – et ce qu’elle en dit entre sans doute en résonance avec un passage antérieur, dans « Les Rêves doivent pouvoir s’expliquer tout seul », portant notamment sur le personnage de Ged, dans Le Sorcier de Terremer.

 

Ici, au-delà de la réflexion sur l’importance des personnages et ce qui fait leur réussite (elle cite des exemples chez des « collègues », et notamment, outre ce qui a déjà été dit concernant Tolkien et Frodon/Sam/Gollum/Sméagol, elle loue le M. Tagomi de Philip K. Dick, dans Le Maître du haut-château, à bon droit en ce qui me concerne – et ce quand bien même l’auteur a souvent été critiqué pour ses personnages, justement), nous avons vraiment un aperçu très instructif de l’auteure au travail – la conjonction des deux articles dessinant une méthode qui n’en est donc probablement pas une, où la spontanéité prime sans doute sur la rationalisation, où, en tout cas, la « préparation » méticuleuse est délaissée au profit d’un imaginaire intérieur qui s'exprime directement.

 

Aussi, par exemple, n’a-t-elle pas besoin de situer au préalable telle île par rapport à telle autre sur une carte augurale, car elle sait, au fond d’elle-même, où elle se trouve ; et si elle ne le sait pas, c’est que cette donnée n’a pas la moindre importance, et qu’il vaut mieux dès lors s’abstenir de la fournir – il en va donc de même pour les personnages, souvent à l’origine des textes, et qu’elle voit bien plus qu’elle les conçoit.

 

CRÉER UN MONDE

 

Sur un mode sans doute plus anecdotique, Ursula K. Le Guin questionne dans un ultime article, intitulé « La Cosmologie pour tous », un trait important du genre science-fictif, le réalisme scientifique – en se fondant notamment sur un précieux guide de Poul Anderson, destiné aux auteurs, confirmés ou pas, sur la conception de planètes crédibles dans un texte de SF.

 

J’avoue cependant ne pas en avoir retenu grand-chose, en dehors de la blague de Dieu répondant à Poul Anderson que lui ne procède pas ainsi pour créer des mondes, et, sans doute – une suite logique ? –, l’idée que ce « world building » n’opère pas du tout de la même manière en science-fiction et en fantasy.

 

ENCORE ! ENCORE !

 

Bilan satisfaisant, donc, pour ce bref recueil d’essais, qui dévoile quelque peu l’auteure dans ses deux thèmes essentiels : l’apologie de l’imagination, et le questionnement des méthodes utiles aux écrivains d’imaginaire.

 

Mais aussi, donc, un vague sentiment de frustration – tenant pour l’essentiel à ce que ces articles datent d’une quarantaine d’années… Certes, ils sont pour l’essentiel toujours pertinents – ce qui est sans doute assez déprimant, parfois, reconnaissons-le…

 

Mais la question se pose tout de même : qu’est-ce que l’auteure a bien pu dire de tout cela, au long des quarante années qui ont suivi ? Sans doute la réponse est-elle disponible dans tel ou tel ouvrage en anglais… Mais il ne fait guère de doutes que je me jetterais sur d’éventuelles nouvelles publications françaises dans ce registre.

 

En attendant, on peut bien remercier et féliciter les Forges de Vulcain pour cette publication très appréciable, éclairant à sa manière l’œuvre d’une immense auteure, une des plus brillantes de son temps.

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