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CR Barbarians of Lemuria : Mariage amer (01)

Publié le par Nébal

CR Barbarians of Lemuria : Mariage amer (01)

Allez, je vais tâcher de faire une chose que je voulais faire depuis un bon petit moment déjà, et on va se lancer dans une saga de Barbarians of Lemuria.

 

Et, pour commencer, ça va être le scénario Mariage amer, dû à Andrea Salvatores, et qui figure dans le supplément Chroniques lémuriennes, pp. 58-75. En voici aujourd’hui la première séance, et je suppose qu’une seconde suffira pour achever ce scénario, après quoi j’en tenterais bien quelques autres, on verra.

 

L’illustration en tête d’article provient de ce scénario (p. 59), et est due (forcément) à Emmanuel Roudier. Note au passage : contrairement à mes précédents comptes rendus de partie, celui-ci ne sera pas illustré au-delà – pour la simple raison que la quasi-totalité du matériel iconographique que j’ai employé pour cette partie sur Roll20 provient de Barbarians of Lemuria et de Chroniques lémuriennes, et très peu de tout cela a été mis en ligne par l’éditeur (contrairement, par exemple, aux aides de jeu de L’Appel de Cthulhu dans les scénarios Au-delà des limites et Étoiles brûlantes, que j’avais complétées avec des photos trouvées çà et là sur le ouèbe). Je suppose que piller les illustrations d’Emmanuel Roudier et les mettre en ligne sans plus de précautions ne rendrait service ni à l’artiste, ni à l’éditeur, alors on va faire dans le sobre… Bref : achetez ces deux bouquins, ils font de toute façon plus que le mériter.

 

Oh, et, petite note au passage, j'ai modifié les noms de deux personnages : Jil Sendak devient ici Dill Sendak, et Eormo devient Orom.

 

Voici la vidéo de ce premier compte rendu :

Voici également, pour ceux que cela intéresserait, l’enregistrement brut de cette première séance (on dit « actual play » ?) :

Il y avait cinq joueurs, qui incarnaient Liu Jun-Mi, un Ghataï d’ascendance xi lu (Barbare 0 – Mercenaire 1 – Dresseur 1 – Gladiateur 2) ; Myrkhan, originaire de Tyrus (Gamin des rues 1 – Chasseur 2 – Forgeron 0 – Soldat archer 1) ; Narjeva, originaire d’Urceb (Esclave 0 – Courtisane 1 – Assassin 2 – Prêtresse de Nemmereth 1) ; Nepuul Qomrax, originaire de Zalut (Scribe 2 – Alchimiste 3 – Marchand 0 – Médecin 1) ; et enfin Redhart Finken, de Parsool (Docker 0 – Matelot 1 – Mercenaire 3 – Marchand 0).

 

I : LA FILLE DE L’AIR

 

Satarla, le joyau de Lémurie. Pour diverses raisons, les personnages se trouvent dans la magnifique villa de la noble et richissime famille Sendak, sur les hauteurs de la prestigieuse et arrogante cité, à l’occasion du mariage entre la belle Dill Sendak, et le richissime également, mais tout à fait parvenu, Tourmar Latia, dont la fortune tient au commerce de bubalus, et qui est particulièrement ravi de recourir à ce moyen pour tenter d’effacer un peu sa roture de vendeur de bidoche...

 

Narjeva, vêtue (ou dévêtue) de ses atours de courtisane, a trouvé le moyen de figurer à la dernière minute sur la liste des invités – c’est qu’elle a un contrat portant sur le témoin du marié… Liu Jun-Mi a été engagé par Tourmar Latia au titre des divertissements : il assure un spectacle de fauconnerie, avec ses yi qi nommés Gu, Taï et Bah – ce dernier, hélas, est un peu boudeur et récalcitrant aujourd’hui… Pas assez rebelle toutefois pour que les spectateurs le remarquent vraiment. Le Ghataï avait déjà croisé Redhart Finken par le passé, quand ils officiaient tous deux en tant que mercenaires dans la Compagnie de l’Écaille de Bronze – c’est aussi le cas de Myrkhan, que l’ex-marin a pour le coup recruté, via sa propre compagnie mal assise, pour assurer à ses côtés la protection rapprochée de quelque riche invité, un bourgeois de Parsool désireux d’étaler sa fortune dans la meilleure société de Satarla. Nepuul Qomrax, quant à lui (qui a pu avoir recours aux services de Redhart par le passé), est venu à la requête d’un bon client, désireux de refaire ses stocks d’yzane, une drogue dont l’alchimiste de Zalut est son unique pourvoyeur – en temps normal, Nepuul n’aurait pas effectué le déplacement, mais il a bien voulu prendre en compte l’agenda chargé de ce client : après tout, aujourd’hui, il se marie…

 

Conformément aux traditions, la mariée attend sur la plus haute terrasse, en compagnie d’un prêtre de Lilandra, que son époux la rejoigne – le cortège de Tourmar Latia, justement, vient de passer les portes de la villa Sendak, et doit maintenant gravir les resplendissants escaliers de marbre disséminés sur les flancs de la colline, qui le conduiront à sa promise, afin de sceller définitivement leur union.

 

Le temps est magnifique – aussi, quand une ombre passe soudain, tout le monde tourne instinctivement les yeux vers le ciel. Une nef volante, la plus singulière machine de guerre de l’armée de Satarla, celle qui ne manque pas de susciter les regards ébahis en même temps qu’admiratifs des étrangers, surplombe alors la terrasse où se trouve la mariée… et une corde en descend… que Dill Sendak saisit aussitôt, commençant à grimper ! La mariée jouerait littéralement la fille de l’air ? Tout le monde est stupéfait – le marié au premier chef ! Et la panique s’empare de certains des convives…

 

Redhart, très professionnel, assure la sécurité de son client, tandis que Myrkhan aux yeux perçants cherche à voir qui se trouve à bord de la nef – craignant notamment qu’un archer ne s’y cache, prêt à faire feu… Mais il n’y voit qu’un seul homme, aux traits indistincts mais à la carrure musculeuse, aux commandes de l’appareil. En bas de la colline, passé la stupéfaction initiale, Tourmar Latia furieux ainsi que son témoin se précipitent pour gravir les bien trop longs escaliers conduisant au sommet de la colline ; Narjeva, surprise par la tournure des événements, mais supposant qu’elle pourrait en tirer profit, se lance à leur suite, au milieu d’autres membres du cortège.

 

Redhart houspille Myrkhan : c’est une occasion à saisir ! et tous deux gagnent l’escalier conduisant à la terrasse : la nef reste stable le temps que Dill Sendak grimpe à la corde, ils ont peut-être encore le temps de suivre la donzelle ! Hélas, au sommet de l’escalier donnant sur la terrasse, trois gardes obtus, conscients de ce qu’il se passe quelque chose d’anormal mais guère portés à prendre des initiatives, s’en tiennent à leurs ordres : nul ne doit monter sur la terrasse, sinon le marié ! Redhart émet un soupir de lassitude… et fonce pour écarter ces abrutis de son passage – il les fait voler sans plus y prêter d’attention, ce qui facilite la tâche à Myrkhan, mais aussi à Liu Jun-Mi, qui s’est décidé à suivre son vieil ami. Cependant, quand les mercenaires arrivent sur le grand balcon, la mariée a presque atteint la nef, et le bruit des rotors laisse supposer que celle-ci ne va plus tarder à s’éloigner… L’acte est désespéré, mais Redhart se précipite dans l’espoir de saisir la corde au dernier instant – et échoue ; perdant son équilibre, il chute de deux mètres, mais il a connu bien pire quand il apprenait le rude métier de matelot… Quoi qu’il en soit, la nef s’éloigne à toute vitesse, la mariée à bord – et nul ne peut rien y faire.

 

II : RAMENEZ-LA MOI !

 

Peu après, mais de toute façon bien trop tard, Tourmar Latia arrive enfin au sommet de la colline : il est furieux autant que stupéfait – mais que s’est-il passé ? Dans sa rage, il s’en prend vertement aux parents Sendak… qui lui retournent l’impolitesse : ils se rendent mutuellement responsables de ce qui s’est produit. Puis le marié trahi laisse là sa (supposée) belle-famille, et, tonitruant, lance à la cantonade : « Je veux la retrouver ! Le poids de Dill en gemmes à qui me la ramènera ! » Et tous les convives savent qu’une fortune pareille est dans les moyens du riche commerçant…

 

Redhart en oublie aussitôt ses bosses – et se précipite pour offrir ses services ! N’oubliant pas de mettre en avant que, de sa propre initiative, il a tout fait pour rattraper la fiancée volage. Myrkhan et Liu Jun-Mi ne tardent guère à le rejoindre. Nepuul lui-même songe que pareille fortune lui rendrait bien des services dans ses recherches… Le témoin, que Narjeva n’espère plus abattre dans ces conditions, tente de raisonner son ami : comment rattraper une nef volante ? Ils ne savent pas où elle se rend, et elle a déjà disparu de leurs yeux – ces engins sont très rapides, rien ne peut rivaliser de vitesse avec ces merveilles alchimiques ! Tourmar Latia ne peut rien y répondre… mais il n’en renouvelle pas moins son offre. Myrkhan avance que, si on leur fournissait des chevaux…

 

« Des chevaux ne vous serviront à rien », lui répond-on – un jeune homme qui fend la foule, et qui arbore l’uniforme rutilant des pilotes de nefs ; nombreux sont ceux qui reconnaissent Khalaman Sendak, le frère aîné de Dill. Ils ne peuvent espérer rattraper cette nef qu’à l’aide d’une autre nef – et il a déjà envoyé un messager pour qu’on en affrète une, qui devrait arriver d’ici une heure environ ; une heure de trop, mais impossible de faire mieux… Khalaman offre de la piloter, et de convoyer les mercenaires qui se sont proposés pour retrouver Dill. Mais le témoin, du genre contrariant, relève qu’ils ne savent pas où la nef se rend, et qu’elle a déjà disparu ! Cependant, Khalaman, dont les traits se figent, dit qu’il a son idée quant à cette destination… Il suspecte le « ravisseur » d’être un jeune pilote de nef du nom d’Orom – un sauvage, « un Miti, de la jungle de Qush »… mais un très bon soldat, récompensé pour sa bravoure par l’intégration au prestigieux corps des pilotes de nef. Mais il n’en dira pas plus en public quant aux raisons qui fondent cette suspicion – d’une main sur l’épaule, assez autoritaire, il invite Tourmar Latia à se retirer avec lui à l’intérieur des murs, et les mercenaires à les suivre.

 

L’appât du gain a fini par décider Nepuul à intégrer la compagnie – il connaît Tourmar Latia aussi bien que Redhart, qui ne font pas de difficultés, bien au contraire. Narjeva, sur une intuition, s’avance à son tour – Khalaman la regarde d’un œil hautain, mais ne dit rien, et Tourmar Latia non plus ; d'une manière ou d'une autre, la courtisane inspire le respect, et dissuade tout refus.

 

À l’intérieur, dans le petit salon où les personnages s’isolent, le pilote de nef explique qu’il a eu le malheur, en des occasions mondaines liées au prestige du corps des pilotes de nefs, de présenter le prometteur Orom, qu’il appréciait, à sa sœur Dill – l’idée d’une romance entre la noble jeune fille et le pilote de la plus basse extraction était tellement grotesque qu’elle ne lui était jamais venue à l’esprit. Pourtant… Il avait cru raisonner sa sœur à ce sujet, mais doit constater son échec : il ne fait aucun doute que c’est Orom qui a… « enlevé » Dill, car c’est le mot que tout le monde emploie dès lors, faisant peu de cas de la complicité évidente de la jeune fille. Et sa destination plus que probable est le village natal d'Orom, celui de la tribu des Mitis, à l’orée de la jungle de Qush et au bord du fleuve Oom – la recrue, à la moindre occasion, ne manquait jamais de le mentionner : les Mitis, à l’en croire, reviennent toujours au village, d’une manière ou d’une autre – et tout particulièrement pour se marier : les rites de la tribu ne reconnaissent que les mariages accomplis dans leurs formes. Il faut ramener Dill avant qu’elle commette cette folie ! La situation a bien quelque chose de cocasse, qui ne manque pas de faire sourire Myrkhan – et Redhart, qui pense chuchoter mais parle un peu trop fort sans s'en rendre compte du fait de son oreille coupée, jase avec lui sur « la fille Thorten, à Parsool, c’était une histoire un peu comme ça, elle d’vait s’marier avec un bourge, là, mais elle est partie avec un aut’ gars, et du coup y a pas eu la dot, et… » Tout le monde le regarde – Tourmar Latia et Khalaman Sendak en fulminant…

 

Le pilote de nef interrompt les ragots malvenus : ils ont un peu moins d’une heure pour se préparer – ils n’ont pas de temps à perdre ! Redhart, Myrkhan et Liu Jun-Mi sont toujours prêts – mais le mercenaire de Parsool sait très bien qu’accepter la mission de Tourmar Latia implique de rompre son contrat avec son précédent client ; celui-ci ne fait pourtant pas de difficultés, d’autant que Redhart sait judicieusement mettre en avant que sa « générosité » lui attirera les bonnes grâces aussi bien des Sendak que du « maître du commerce du bubalus ». Nepuul Qomrax de son côté se rend prestement chez lui, non loin, pour préparer un peu d’équipement – Narjeva fait de même, laisse un message pour son employeur (elle part « suivre des informations intéressantes »...), et, quand elle revient dans sa tenue de combat, aux antipodes de ses atours de courtisane, elle suscite des regards interloqués… et un peu inquiets.

 

III : À LA POURSUITE DE LA NEF VOLANTE

 

La nef arrive enfin, et tout le monde monte à bord. Khalaman Sendak est au poste de pilotage, et, comme c’est toujours le cas normalement, deux assistants sont également à bord, qui se démènent pour exécuter les ordres de leur chef. La nef part dans la direction du nord-est. Elle file dans le ciel à une vitesse inouïe, à quelque chose comme 100 m d’altitude. L’expérience est hors-normes, grisante, mais aussi un peu déstabilisante – des héros, seul Redhart se montre pleinement à l’aise : son expérience de marin l’aide beaucoup, et de bons souvenirs d’antan lui reviennent, il sourit à pleines dents !

 

En attendant de rattraper éventuellement la nef d’Orom, le groupe n’en profite pas moins pour faire connaissance… plus ou moins. Pour Myrkhan, l’alchimiste de Zalut qu’est Nepuul Qomrax a forcément quelque chose d’un sorcier, et donc de suspect… et ce dernier perçoit bien son hostilité latente, aussi se fait-il discret. Redhart, contenant difficilement son excitation, finit cependant par se calmer et inviter les autres à une partie de cartes pour tuer le temps – Khalaman Sendak et ses assistants ne lui prêtent pas la moindre attention, ils sont trop occupés à piloter la nef volante, mais Nepuul opine du chef – tout en guettant les réactions de Narjeva, qui s’est pour l’heure tenue à l’écart ; elle semble attendre quelque chose, ce en quoi elle est d’une disposition d’esprit assez proche de l’alchimiste (ils se connaissent vaguement), mais ne cherche pas à briser la glace. Redhart ne la laisse cependant pas en paix : égrillard, l’ancien marin de Parsool multiplie les allusions lourdingues sur les femmes interdites à bord des bateaux, et sur le physique attrayant de la « charmante donzelle » ; Narjeva dégaine aussitôt sa dague et l’appuie contre le ventre de Redhart ! qui l’incite à « se calmer », mais sans avoir l’air véritablement inquiet (à la différence notamment des assistants de Khalaman Sendak, qui n’en reviennent pas de la scène qui se joue sous leurs yeux…) ; le mercenaire, en fait, en rajoute sur ses exploits sentimentaux passés, et la prêtresse de Nemmereth en conclut bien vite qu’il ne vaut pas la peine qu’on s’énerve, et le laisse à ses ricanements lourdauds…

 

Ils volent depuis déjà plusieurs heures, et le ciel s’assombrit – pas seulement parce que le crépuscule approche : de gros nuages noirs se forment, présages d’un violent orage, c’est une évidence pour tout le monde, et le passé de marin de Redhart lui fait prendre conscience de ce que la situation a de dangereux. Les assistants de Khalaman Sendak cherchent d’ailleurs à raisonner le pilote, il faut qu’ils se posent, mais ce dernier refuse – il doit rattraper Orom ! Et, bientôt, il désigne un point à une centaine de mètres en avant, au milieu des éclairs qui commencent à zébrer le ciel : c’est la nef volante, aucun doute ! Ils l’ont presque rattrapée – le « kidnappeur » de Dill Sendak étant seul aux commandes d’un appareil conçu pour un équipage de trois personnes, il n’est au fond pas surprenant que la nef des PJ ait pu la rejoindre en définitive, même en partant avec une heure de retard.

 

Mais serait-il seulement possible d’aborder la nef en plein vol ? Liu Jun-Mi se le demande, mais manque des références pour en décider – Nepuul Qomrax, lui, bénéficie de son savoir d’alchimiste : il a une idée de comment fonctionnent ces machines – la manœuvre d’abordage lui paraît très complexe, et probablement inouïe (puisque aucun rival de Satarla ne dispose de ces appareils, la guerre dans le ciel demeure hypothétique), mais envisageable (et c’est bien pour ça que la nef a un éperon qui ne lui a sans doute jamais servi, ainsi qu’une arbalète lourde à la proue). Le savoir théorique de Nepuul, combiné avec l’expérience pratique de marin de Redhart, pourraient en faire des assistants utiles aux manœuvres de la nef, mais Khalaman Sendak ne leur prête pas la moindre attention, pas plus qu’à ses assistants maintenant terrifiés et qui l’intiment avec toujours plus de trémolos dans la voix de poser d’urgence l’appareil !

 

Redhart ne cherche pas davantage à raisonner le pilote : il hurle à ses camarades, dans le tonnerre, le vent et la pluie, tandis que la nef ballottée par les éléments tangue de plus en plus dangereusement, de s’attacher avec les cordages, pour éviter de passer par-dessus bord – et, suppose-t-il, se prémunir contre le choc d’un atterrissage en catastrophe… C’est un bon réflexe, mais la nef n’est pas un bateau, et la tâche n’est pas si aisée. Mais la pertinence de cette manœuvre apparaît évidente quand un des assistants, entraîné par la sorte de houle qui malmène le vaisseau, bascule dans le vide ! Pour aller s’écraser quelques cent mètres plus bas… Nepuul Qomrax reste stoïque, mais s’attache avec soin et intime aux autres de suivre l’exemple de Redhart – l’assistant restant les aide à s’encorder, la panique dans les yeux.

 

Mais, quelques minutes plus tard, ce qui devait arriver arrive… et un éclair frappe la nef en plein vol. Les passagers n’en sont pas immédiatement blessés, mais le véhicule volant est endommagé, ses commandes ne répondent plus, et il pique vers le sol, à une vitesse impressionnante ! Khalaman Sendak essaie désespérément de redresser la nef… mais c’est peine perdue : l’appareil s’écrase au sol, et les personnages s’évanouissent à l’impact…

 

IV : PERDUS DANS LES PLAINES

 

… mais ils se réveillent enfin. Quelques heures plus tard ? L’aube semble pointer – ils ont dû passer une nuit entière dans l’inconscience. Quoi qu’il en soit, au réveil, c’est d’abord la douleur qui s’empare d’eux : Redhart est celui qui a le plus souffert à l’atterrissage, même si sans rien de véritablement cassé, puis le bien plus frêle Nepuul – les autres s’en sont bien sortis, même si avec leur content de bleus et de bosses.

 

L’alchimiste prise une dose d’yzane pour gérer aussi bien la douleur que le manque – et constate avec un soupir de soulagement que son matériel n’a pas excessivement souffert à l’atterrissage en catastrophe, ce qui vaut également pour les possessions des autres. Ils ont eu une chance extraordinaire d’avoir survécu… Narjeva est bien de cet avis – elle est celle qui s’en est le mieux sortie, et y voit la marque de la bénédiction ambiguë de Nemmereth, auquel elle adresse des prières de remerciement.

 

Myrkhan se met en quête de Khalaman Sendak et de l’assistant, qui ne sont pas à proximité immédiate et ne répondent pas à ses appels – mais les débris épars de la nef volante couvrent un périmètre assez large. Le chasseur, accompagné de Liu Jun-Mi, finit par retrouver le cadavre de l’assistant, écrasé sous un débris de la nef volante – plus loin, ils découvrent Khalaman Sendak empalé sur les pistons de pilotage de son appareil…

 

Où sont-ils ? Nepuul Qomrax se souvient de leur destination – le village anonyme des Mitis, à l’orée de la Jungle de Qush, non loin du fleuve Oom, dans les 200 à 300 kilomètres au nord de la ville d’Oomis. Mais le paysage alentour n’a rien à voir avec la jungle : pour l’alchimiste, à l’évidence, ils ont dérivé à l’est dans les Plaines de Klaar – tout autour d’eux, à perte de vue, c’est un environnement plat et extrêmement monotone, sans la moindre aspérité au-delà de petits amas de rochers çà et là, sans plus de végétation qu’une herbe rase… Les Plaines de Klaar sont immenses : ils pourraient être très, très loin de leur objectif – mais l’alchimiste finit par conclure de ses observations qu’ils doivent se trouver à quelque chose comme deux bonnes journées de marche du village des Mitis ; dans tous les cas, les repères manquant, il ne fait guère de doute, notamment pour Redhart qui en profite pour tanner ses compagnons de réminiscences toujours aussi malvenues, qu’ils doivent par principe partir dans la direction de l’ouest, pour gagner le fleuve Oom, qui les éclairera davantage sur leur situation.

 

Narjeva rode autour des cadavres. Elle ramasse l’arbalète du pilote, qui ne lui servira plus à rien, et la confie à Myrkhan. Il y a aussi l’épée du pilote de nef, brisée à l’impact – Redhart avance que les Sendak apprécieraient sans doute de récupérer au moins la garde de cette arme qui a tout d’un héritage familial. Sans doute apprécieraient-ils aussi de retrouver la dépouille de leur héritier ? Si Nepuul est en mesure de relever l’endroit précis où ils se trouvent… Mais il faut aussi protéger les cadavres contre les charognards – la meilleure solution est probablement de faire une sorte de cairn avec les petits rochers alentour, et ils s’attellent à la tâche. La prêtresse de Nemmereth exécute d’elle-même un semblant de rite, guère démonstratif, mais n’en révèle pas moins ainsi une de ses dimensions qui avait probablement échappé jusqu’alors à ses compagnons.

 

Liu Jun-Mi, pendant ce temps, confectionne à l’aide des débris de la nef une sorte de civière qu’ils pourront tirer pour transporter un peu de matériel, de vivres, etc. Nepuul, enfin, propose ses services de médecin à ses compagnons – il est compétent dans sa partie, et les personnages se remettront vite de leurs blessures, même si cela impliquera du repos et des soins plus attentifs quand ils dresseront le camp dans la soirée. Ceci vaut pour tous… sauf Myrkhan : pas question de laisser ce « sorcier » de Zalut faire sa « magie » sur lui ! Nepuul n’insiste pas – libre à l’archer de Tyrus de conserver ses afflictions…

 

Le soleil s’est levé, et il est bien temps de prendre la route – vers l’ouest…

 

V : L’ORPHELIN

 

Le groupe progresse bien. De manière plus ou moins informelle, le chasseur Myrkhan a pris la tête de la bande, habitué qu’il est à ce genre de longues marches, et les sens aux aguets – il est appuyé par Liu Jun-Mi, le barbare et dresseur accordant une importance particulière aux animaux qu’ils pourraient rencontrer.

 

Et, justement, après environ six heures de marche, ils entendent, relativement proche, le cri d’un animal devant eux. Le Ghataï sait l’identifier : il s’agit d’un elasmotherium – une sorte de rhinocéros laineux, à la corne particulièrement longue (dans les 1,80 m) ; le dresseur suppose qu’il s’agit d’un spécimen plutôt jeune… mais son cri laisse entendre une forme de panique ou de souffrance. Les elasmotheriums ne sont normalement pas des animaux agressifs, mais celui-ci n’a pas l’air bien disposé… et ces créatures de bonne taille (six mètres de long pour quatre mètres au garrot, tout de même) peuvent se montrer dangereuses si, pour quelque raison, elles chargent.

 

Pour l’heure, les personnages ne modifient pas leur route. Et, bientôt, ils voient l’animal qu’ils entendaient depuis quelque temps, le son portant loin sur les plaines – il s’agit bien d’un jeune elasmotherium, et solitaire. Liu Jun-Mi suppose qu’il s’agit d’un « petit » abandonné par sa mère, d’une manière ou d’une autre. Ce qui ne le rassure pas : ce sont typiquement les circonstances dans lesquels ces animaux peuvent se montrer agressifs, du fait de la panique…

 

Liu Jun-Mi va tenter de le faire fuir – avec Myrkhan et Redhart pas très loin derrière, flèche ou carreau encochés. Nepuul Qomrax reste en arrière, une pauvre dague en main, et Narjeva est bien obligée de récupérer, à la requête insistante du mercenaire, son arc court (tandis que lui-même emprunte l’arbalète trouvée sur le cadavre de Khalaman Sendak) – la prêtresse de Nemmereth est une fille de la ville, guère à l’aise dans cet environnement propice à l'agoraphobie, et a du mal à le dissimuler…

 

Le Ghataï s’avance, prudemment… mais rate totalement sa tentative pour gérer les réactions de l’animal : sans plus attendre, l’elasmotherium le charge ! Et la préparation des personnages ne les aide pas plus que cela – sans doute ne s’attendaient-ils pas, en définitive, à ce que l’animal impressionnant réagisse aussitôt de la sorte… et à ce qu’il fonce à cette vitesse !

 

En fait, le seul Myrkhan, avec son expérience de chasseur, se trouve en mesure de tirer sur la bête avant qu’elle ne constitue vraiment une menace pour lui ou pour son camarade dresseur. L’archer vise la gueule de l’animal en train de hurler, espérant outrepasser sa protection naturelle – un cuir de toute évidence épais. La flèche atteint sa cible, mais, si l’elasmotherium est affecté, il n’en est que plus furieux ! Liu Jun-Mi profite du bref instant durant lequel la créature a imperceptiblement interrompu sa charge pour sortir de son passage. Narjeva désemparée ne parvient pas à faire grand-chose à la créature, mais Redhart se montre beaucoup plus efficace – l’elasmotherium souffre, mais demeure une menace à prendre au sérieux. Nepuul, enfin, ne saurait espérer faire quoi que ce soit avec sa dague, et prend un peu de champ…

 

Myrkhan vise maintenant l’œil de l’animal enragé – et touche ! La douleur incite sa cible à retourner sa charge contre l’archer, qui parvient cependant, d’un pas de côté, à éviter l’impressionnante corne de la créature. Redhart rate cependant la cible, Narjeva de même, et Nepuul veut lancer son bâton pour attirer l’attention de l’elasmotherium… mais sa frêle carrure n’en fait pas exactement un champion de javelot, et la manœuvre n’a absolument aucun effet. Liu Jun-Mi, désormais délaissé par la bête, vole au secours de Myrkhan.

 

Lequel est maintenant juste à côté de l’elasmotherium… Il lui décoche une flèche à bout portant, et la créature enragée est peu ou prou à l’agonie – aussi rate-t-elle son coup de corne contre l’archer. Le fouet de Liu Jun-Mi n’est pas l’arme la plus appropriée, mais en cinglant sur une des blessures de l’animal, il le déconcentre un peu plus. Redhart essaye d’achever la bête d’une ultime flèche, mais n’inflige aucun dégât ; Narjeva rate – et Nepuul peut enfin jeter sa dague… sans le moindre effet.

 

Myrkhan tire une dernière flèche à bout portant : il achève l’elasmotherium, qui s’effondre juste devant lui.

 

L’archer de Tyrus est en mesure de récupérer ses flèches – Redhart et Narjeva en sont par contre incapables, leurs traits se sont systématiquement brisés à l'impact. Nepuul prélève des échantillons de la corne de l’elasmotherium, ce qui lui sera utile pour ses travaux alchimiques. Myrkhan et Liu Jun-Mi quant à eux s’occupent de récupérer les bons morceaux de l’animal, pour les manger plus tard.

 

Ils reprennent leur marche, sans faire d’autres rencontres, et dressent le camp à la tombée de la nuit – Redhart aimerait confectionner un feu émettant aussi peu de lumière que possible, il a vu des compagnons mercenaires le faire, mais c’est compliqué… Cela dit, la nuit se passe sans autres difficultés, et, au matin, les bons soins de Nepuul ont bénéficié à tous – sauf  bien sûr à Myrkhan.

 

VI : LE VESTIGE AU MILIEU DU VIDE

 

Au petit matin, les personnages se remettent à progresser vers l’ouest – espérant gagner les rives du fleuve Oom avant la nuit, sans grande certitude toutefois. Ils arpentent les étendues désolées des Plaines de Klaar, n’y rencontrant jamais personne.

 

En fin d’après-midi, toutefois, les plus perceptifs ont soudain le sentiment que le sol tremble… et ceux qui ont eu l’expérience des Plaines de Klaar se doutent de ce dont il s’agit : à l’horizon, un très gros nuage de poussière flotte au niveau du sol, sur des dizaines voire des centaines de mètres – il s’agit probablement d’un immense troupeau de bubalus, comprenant des centaines de têtes. Ces animaux sont paisibles, et n’attaquent pas de manière générale, mais pareil troupeau représente cependant un danger – car les personnages risquent de se faire piétiner par des milliers de sabots ! Il serait vain de vouloir échapper au troupeau en le contournant, il est beaucoup trop large pour cela…

 

Par chance, quand les personnages un brin paniqués balayent les environs en quête d’un abri… ils en trouvent un ! Il y a à quelque distance comme un monticule rocheux d’une dizaine de mètres de haut peut-être, incongru dans les étendues systématiquement plates et désertiques des Plaines de Klaar : à condition de s’y rendre aussitôt, ils pourront grimper dessus, et attendre calmement que le troupeau de bubalus passe autour d’eux…

 

À mesure qu’ils s’en approchent, les personnages constatent que le monticule est clairement de facture artificielle – il s’agit en fait d’un cube de huit mètres d’arête environ, et, sur un des côtés, un escalier de pierre permet d’atteindre le sommet. Nepuul Qomrax croit savoir ce dont il s’agit – une construction des céruléens, à visée cérémonielle ; rien à craindre a priori !

 

Les personnages montent sur le vestige des nomades bleus – et découvrent que trois d’entre ces derniers s’y trouvent, assis devant une structure triangulaire dans laquelle est allongé un quatrième céruléen, visiblement décédé. Nepuul se rappelle alors de ce qu’il avait appris, dans une autre vie, des rites funéraires des géants qui arpentent les Plaines de Klaar – des rites compliqués et surtout très longs : ils durent neuf jours, trois durant lesquels ceux qui veillent le défunt doivent s’abstenir de boire et de manger, trois durant lesquels ils ne doivent pas dormir, trois enfin durant lesquels ils ne doivent pas parler – ceci afin d’accompagner le mort dans un autre monde où les sens ne sont plus d’aucune importance. L’alchimiste comprend qu’ils sont arrivés dans cette dernière période, car, quand ils ont atteint le sommet et vu la scène, un des trois céruléens, le plus âgé, et dont les colifichets très divers semblent indiquer qu’il exerce les fonctions de chaman, leur a fait aimablement signe, sans un mot, de s’asseoir, et de se taire. L’alchimiste, par signes, explique à ses amis qu’ils doivent obtempérer – et, le premier, il s’assied face au mort. Tous ses camarades font alors de même – sauf Redhart, qui, mal à l’aise, préfère rester au niveau de l’escalier : cet endroit visiblement sacré lui inspire une sorte de respect mêlé de crainte.

 

Au bout de quelques minutes, le troupeau de bubalus, bien obligé, contourne le vestige, sans représenter le moins du monde une menace pour ceux qui patientent à son sommet. Il y avait bien plusieurs centaines de têtes – leur déplacement massif paraît s’expliquer par la présence derrière le troupeau de prédateurs, des venators plus précisément.

 

Quoi qu’il en soit, sur le vestige, tout le monde attend sans dire un mot. Une fois que le troupeau est passé, Nepuul se lève pour prendre poliment congé – mais le chaman céruléen, aussitôt, lui fait signe de rester assis et de se taire quelque temps encore. L’alchimiste s’exécute, et ses amis aussi – même si Redhart, au sommet de l’escalier, commence à avoir des fourmis dans les jambes et à s’impatienter. Nepuul sait que le rite s’achève à la tombée de la nuit, et déduit des gestes du chaman qu’ils en sont au dernier jour – plus que quelques heures à patienter, et sans doute le chaman souhaitera-t-il ensuite échanger quelques mots avec eux…

 

VII : L’HOSPITALITÉ DES NOMADES BLEUS

 

Les personnages patientent donc jusqu’à la tombée de la nuit – ce qui est de plus en plus difficile pour Redhart. Le soleil une fois disparu au-delà de l’horizon, les trois céruléens se lèvent, le chaman invitant les personnages à en faire autant. Nepuul comprend que le silence doit être maintenu quelque temps encore – jusqu'à ce que le vestige soit à bonne distance derrière eux. Les nomades bleus marchent en effet, sans un mot, en direction de l’ouest, d’un pas tranquille, les héros dans leur foulée.

 

Puis, quand ils ont laissé un bon kilomètre entre le vestige et eux, et alors qu’un campement des nomades bleus se dessine à l’horizon (abritant une vingtaine ou peut-être une trentaine d’individus), dans un soupir, ils commencent enfin à parler : le chaman se présente, en céruléen, sous le nom de Toll, et désigne ses compagnons comme étant Kalzo et Venik. Il remercie les humains, et tout particulièrement Nepuul Qomrax (le seul des compagnons à maîtriser la langue céruléenne – l’alchimiste traduit à ses compagnons… même s’il se doute que Toll serait parfaitement capable de converser en lémurien), il les remercie donc d’avoir fait preuve de respect pour leur rite funéraire – même si leur présence en ces lieux et à cette heure était fortuite. Il souhaite les récompenser en leur offrant le repas au campement – et ils pourront ainsi parler.

 

De fait, au milieu de leurs tentes rondes, les nomades bleus, sortant de ces trois jours de silence ininterrompu, se montrent assez bavards ! Et la gravité de la cérémonie funéraire laisse bien vite la place à une joyeuse cacophonie, autour d’un banquet bien garni, les femmes, les enfants et les autres mâles de la tribu accueillant Toll, Kalzo et Venik, mais aussi les humains, avec beaucoup de bienveillance.

 

Les céruléens, pour autant, ne monopolisent pas la conversation des héros (même si le chaman est intarissable quant aux traditions de son peuple) : ils sont des invités, et libres de leurs gestes comme de leurs paroles. La cérémonie à laquelle ils viennent d’assister incite Redhart à s’interroger sur d’autres pratiques cérémonielles – celles des Mitis. Nepuul Qomrax a la même intuition, mais il ne sait quant à lui rien des Mitis, un peuple très restreint, très obscur… Il se souvient cependant de Khalaman Sendak rapportant les propos d’Orom, selon lesquels les Mitis devaient impérativement se marier dans leur village, et nulle part ailleurs, et selon des rites précis inconnus en dehors.

 

Myrkhan se demande si les céruléens ont vu passer la nef volante d’Orom, et Nepuul traduit la question à Toll. Le vieux chaman avait entendu parler de ces engins, mais n’en avait jamais vu – il y a environ deux jours de cela, cependant, il en a bel et bien vu un, à assez basse altitude ; peut-être allait-il se poser un peu plus loin, à proximité du fleuve ? Car les estimations de Nepuul et de Myrkhan s’avèrent fondées : l’Oom est tout proche du campement des nomades bleus. L’alchimiste lui demande alors s’il y un village à proximité du lieu supposé de l’atterrissage de la nef – Toll comble ses attentes au-delà de toute espérance en avançant aussitôt que, dans cette région, il ne voit guère que le village des Mitis

 

Redhart lui demande alors ce qu’il sait de cette tribu : est-elle pacifique ? Il n’a pas le temps de poser une autre question que Toll éclate de rire – gentiment : les Mitis sont tout sauf pacifiques ! Ils sont renommés pour leur sauvagerie ; en fait, c’est précisément pour cette raison qu’il n’y a pas d’autres villages dans les environs… Myrkhan se demande cependant s’ils ne présenteraient pas aussi un danger pour les céruléens, dans ce cas ? Mais non : les Mitis évitent de s’enfoncer dans les Plaines de Klaar – et les nomades bleus font en sorte de ne pas trop s’approcher de la lisière de la Jungle de Qush. Mais pour qui ne se montrerait pas aussi prudent, oui, les guerriers mitis représentent bien une menace à ne pas sous-estimer.

 

À en croire le chaman, ces guerriers, qui ont toujours à la ceinture une bourse, généralement volumineuse, contenant les dents des ennemis qu’ils ont tués, usent d’une drogue qui entretient leur agressivité (les femmes et les enfants n’en consomment pas, en revanche). Les symptômes décrits (et notamment la peau violacée des guerriers) permettent à Nepuul de comprendre que cette drogue doit être conçue à l’aide d’une plante très rare, mais que l’on rencontre parfois dans la Jungle de Qush, et qui s’appelle la férocine ; elle porte bien son nom… Le chaman semble laisser entendre que les guerriers mitis la consomment sous la forme de liqueur.

 

Toll perçoit bien que le sujet les intéresse – et Redhart, bonhomme, déballe tout quant aux raisons de leur présence ici. C’est une destination dangereuse… mais Toll peut leur indiquer la route, s’ils y tiennent. Le village des mitis, qui abrite quelque chose comme une centaine d’individus (souvent moins, en fait, car des bandes de guerriers partent régulièrement en maraude pour plusieurs jours), ce village donc n’est pas si difficile à trouver : il se trouve certes dans la jungle, mais aux environs immédiats du fleuve Oom, soit environ une demi-journée de marche (pour des humains…), et un grand temple est bâti juste à côté – une sorte de pyramide noire qui dépasse de la canopée, un sanctuaire interdit à tous les non-Mitis. Sans qu’on ait besoin de le presser davantage, le chaman précise que les Mitis ont une religion unique, et qu’ils sont farouchement attachés à défendre leurs traditions… Ils seraient des adorateurs du serpent ? Rien à voir avec les Vingt Dieux en tout cas, si Toll ne peut pas en dire beaucoup plus à ce propos – pas plus qu’en ce qui concerne leurs rites matrimoniaux si particuliers.

 

Quoi qu’il en soit, si les personnages comptent se rendre là-bas, ils feraient bien de se préparer en conséquence ! Le chaman, comme tous ceux de son peuple, est aussi et peut-être avant tout un marchand… Aussi propose-t-il à la vente des herbes médicinales ainsi que diverses potions, dans lesquelles Nepuul Qomrax reconnaît, à sa grande surprise, des préparations alchimiques de valeur : la gourde d’eau miraculeuse du Gouffre d’Hyrdral, au-delà de son nom pompeux, est une authentique potion d’illusion de la jeunesse – et les mâles de l’équipe commencent déjà à réfléchir à un plan dans lequel la pauvre Narjeva pourrait utiliser cette préparation alchimique pour approcher le village en séduisant les guerriers… Mais la prêtresse n’est pas exactement de cet avis – outre qu’elle est déjà bien assez jeune et belle, pas besoin de cette potion, merci ! Tant pis – mais Myrkhan se procure volontiers quant à lui des poisons dont il pourra enduire ses pointes de flèches. Redhart invite ses amis à piocher dans ses fonds : c’est son entreprise qui paye ! Autant ne pas regarder à la dépense, avant de se jeter dans la gueule… du serpent.

 

À suivre…

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