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D&D5 : Player's Handbook (Manuel des joueurs - version française)

Publié le par Nébal

D&D5 : Player's Handbook (Manuel des joueurs - version française)

D&D5 : Player’s Handbook (Manuel des joueurs – version française), Wizards of the Coast – Gale Force Nine, 2017, 315 p.

POUQUOI DONJ’ ?

 

Même s’il ne s’agit ici que de parler de son énième itération, Dungeons & Dragons demeure un monument assez intimidant, et, très franchement, je ne maîtrise pas assez son histoire pour en livrer une véritable critique, approfondie et pertinente. Je ne dispose notamment pas des éléments de comparaison pour dire en quoi cette cinquième édition serait meilleure ou moins bonne que telle ou telle des précédentes, de manière globale ou au regard de tel point précis. Pour l’essentiel, et par la force des choses, je m’en tiendrai donc à quelques remarques de surface, et ne formulerai pas tant des critiques à proprement parler que des interrogations toutes personnelles – car cette lecture m’incite à me poser des questions, oui, en dehors de toute expérience de jeu ; ceci étant, peut-être, de votre côté, avez-vous eu une expérience qui vous permettrait de me répondre avec davantage d’assurance, et surtout, alors, n’hésitez pas !

 

D&D, donc. Le glorieux ancêtre, le premier des premiers. Tout le monde connaît ce nom, et beaucoup de rôlistes sont passés par là. Votre serviteur de même, mais il y a longtemps et sans grande application ? La seule édition que j’ai pratiquée, et j’étais alors adolescent, était AD&D2 – mes souvenirs sont bien trop flous pour me permettre de juger du système, même si j’ai l’impression que ça n’était pas si compliqué que ça, tout en ayant des sueurs froides à l’idée des bouquins énormes et arides contenant les règles. Ceci étant, même dans ce contexte, je n’ai pour ainsi dire jamais, ou rarement, fait du Donj’ bien classique : les univers dans lesquels nous jouions étaient d’abord et surtout Dark Sun (et ça j’aimerais bien y revenir, il y a quelque temps, suite à ma redécouverte de la boîte de base, j’avais livré des critiques pour la gamme française et lorgnais sur l’originale), ensuite et dans une moindre mesure Ravenloft ; et, dans ces cadres de jeu, nous n’avons jamais vraiment fait de dungeon crawling. Depuis, bien plus récemment, j’ai certes eu des aperçus de la suite des opérations, via la licence OGL 3.5, notamment avec Pathfinder – mon sentiment pouvant se résumer ainsi : c’est bien fait, très bien même, mais beaucoup trop compliqué pour moi. Par ailleurs, peut-être en sens inverse ? je ne sais pas grand-chose voire rien du mouvement OSR, et suppose que le seul titre à véritablement s’inscrire dans ce courant que j’ai lu, mais pas joué, était Lamentations of the Flame Princess – lequel, pris indépendamment, me laissait passablement perplexe quant à son intérêt propre (sa gamme, je suppose que c’est autre chose – en tout cas, j’ai été bluffé par A Red & Pleasant Land, même si je suppose ne jamais être en mesure de jouer un truc pareil).

 

Pourquoi revenir maintenant à D&D, alors ? Eh bien, les retours sur cette cinquième édition me paraissaient unanimement bons voire excellents, déjà. D’une certaine manière, par curiosité, je cherche toujours le jeu qui me permettrait de faire, ou du moins de tenter… eh bien, du donj’, mais sur un mode pas excessivement simulationniste (ce qui mettait Pathfinder hors-concours) ; j’ai eu des lectures intéressantes dans ce registre, comme Tranchons & Traquons, excellent jeu même si ce n’était pas exactement ce que je cherchais en l'espèce, ou la bonne surprise Chroniques Oubliées Fantasy ; mais pourquoi alors ne pas jeter un œil au Maître lui-même ?

 

Mais il y avait une raison plus concrète à cela : je compte, cet été, lancer la campagne Ténèbres sur la Forêt Noire pour L’Anneau Unique ; or, à parcourir les forums, je suis sans cesse tombé sur des critiques assez vertes formulées à l’encontre de ce système – ne l’ayant pas expérimenté, je ne suis pas capable d’en juger ; à la lecture, comme j’ai eu maintes fois l’occasion de le dire, ça me paraissait un travail d’adaptation très intéressant, reproduisant bien les thèmes et manières tolkiéniens – mais il semblerait que ça peine à la pratique… Or on a dit beaucoup de bien d’Adventures in Middle-Earth, soit l’adaptation directe de la gamme de L’Anneau Unique à Dungeons & Dragons 5. Vu de loin, j’étais d’abord un peu sceptique – car l’univers tolkiénien n’a pas grand-chose de Donj’, au fond, et c’était justement la prise en compte de ces particularités qui me séduisait dans L’Anneau Unique (bien loin des mauvais souvenirs à la JRTM) ; mais on a là aussi loué le travail d’adaptation de l’œuvre, tout en soulignant que le système de D&D5, au moins, fonctionnait… ce qui ne serait pas le cas de celui de L’Anneau Unique. Le moment venu, je jetterai un œil à Adventures in Middle-Earth (j’ai cru comprendre qu’une traduction était prévue chez Edge, mais je ne sais pas pour quand, sans doute trop tard en ce qui me concerne...), mais la première étape était assurément de lire le Manuel des joueurs de D&D5 – ou plutôt son Player’s Handbook, puisque, pour je ne sais quelle raison, cette édition française longtemps retardée (et même « empêchée ») met en avant les titres originaux.

 

JET DE CHARISME

 

Le livre est costaud mais maniable et d'un poids supportable, et tout en couleurs – même si la qualité des illustrations varie énormément, du très cool au très moche, et du vieillot au plus moderne. Il fait son prix, aussi : 50 €, et les autres titres de la gamme traduits pour l’heure de même…

 

On appréciera tout de même une certaine attention éditoriale : le texte est globalement clair (j'aurais un bémol concernant la magie, j'y reviendrai), propre en tout cas, et bien relu ; le côté très technique de ce supplément ne permet pas exactement de folies stylistiques, mais les développements qui s’éloignent du système et de la tactique purs, qu’ils portent sur le loisir particulier qu’est le jeu de rôle (qu’est-ce que le roleplay, par exemple), ou de vagues éléments de background donnés à titre d’indication (et piochés dans les divers univers de D&D, les plus « classiques » du moins, Royaumes Oubliés, Dragonlance, Greyhawk, etc.), sont rédigés dans un style limpide et convaincant, c’est très appréciable.

 

Cependant, je n’en ferais clairement pas une lecture idéale pour s’initier tout seul au jeu de rôle… en relevant qu’il existe un Kit d’initiation, bien noté, et qui pourrait dès lors constituer une étape préalable appréciable. Mais le présent ouvrage ? Non. Pas qu’il soit spécialement compliqué dans l’absolu, mais j’y vois deux caractères limite prohibitifs à cet égard – et plus ou moins ce que je redoutais d’y trouver, aussi peut-il y avoir un biais de ma part. Mais j’ai donc un double problème, ici : le caractère non intuitif de l’ensemble, et l’abondance de « règles spéciales » (j'insiste sur les guillemets), notamment associées à la création de personnages.

 

L’ABONDANCE DES « RÈGLES SPÉCIALES » DANS LA CRÉATION DE PERSONNAGES

 

En fait, c’est probablement par ce dernier point qu’il faut commencer, car il constitue l’essentiel de ce Player’s Handbook : plus de la moitié du livre est consacrée à la création de personnages ; et comme, de ce qui reste, les deux tiers environ relèvent de la rébarbative liste de sorts… En fait, cette position primordiale a aussi son impact dans le caractère non intuitif du système à mes yeux : le fait que l’on commence par-là, et que l’on s’y attarde si longtemps, maintient éventuellement le lecteur dans une certaine ambiguïté quant aux conséquences techniques de ce qu’il est en train de lire – le joueur parcourt les règles spéciales des différentes classes de personnages, et on lui parle sans cesse de bonus de maîtrise, d’emplacements de sorts, d’avantages, de jets de sauvegarde, etc., sans qu’il sache vraiment à quoi renvoient ces notions au juste…

 

La création de personnages est donc au cœur de ce Player’s Handbook – même si, comme d’hab’, il n’est certes pas destiné qu’aux seuls joueurs : c’est bien l’outil premier du MJ, pardon, du MD – le Dungeon Master’s Guide qui lui est attribué n’a a priori rien d’indispensable, c’est ici que se trouve l’essentiel.

 

D’emblée, je relève une différence appréciable par rapport à mon vieux AD&D2 : la progression en expérience est standardisée, elle ne varie pas selon les classes ; c’est très appréciable, oui – et de même pour un autre aspect lié aux classes : le multiclassage est ici très simple, et standardisé de même.

 

On commence cependant par les races, classiquement – ce sont pour l’essentiel les races habituelles de D&D et de quantité d’autres jeux de type méd-fan, avec quelques ajouts postérieurs comme les sangdragons ou les tieffelins. Ces races connaissent des variantes bienvenues pour personnaliser davantage, euh, le personnage – rien de bien compliqué ici, à ce stade la lecture de ce supplément m’apparaissait très stimulante, à vrai dire. En relevant cependant que le bouquin est un peu le cul entre deux chaises, car il est alors presque naturellement amené à développer, même brièvement, des éléments de lore spécifiques, ceci alors même que le manuel en tant que tel est générique ; ceci étant, cela n’a rien d’une critique, au fond, car c’est un bon moyen d’illustrer les possibilités du jeu, à charge pour le MD de bricoler un truc à sa sauce sur ces bases (il en va de même, par exemple, pour les annexes consacrées aux dieux et aux plans).

 

Les choses se compliquent sacrément quand on en arrive aux classes de personnages – le plus long chapitre de ce Player’s Handbook, si l’on met de côté la liste des sorts. Peut-être y ai-je accordé trop de poids, parce que c’était ce que je redoutais – d’autant plus après ma lecture de Pathfinder. Pourtant, je suppose que D&D5 est ici beaucoup moins simulationniste que ledit Pathfinder, mais j’ai tout de même l’impression qu’il y en a trop pour ma pomme. Chaque classe, en effet (et on s’en tient là aux classes les plus… classiques du jeu, en relevant cependant qu’il y a là aussi des « variantes », ou plus exactement des « spécialisations » progressives, intéressantes dans leur principe mais qui compliquent encore la donne), chaque classe disais-je abonde en « règles spéciales » qui se débloquent au fur et à mesure de la progression en expérience – et, oui, trop pour ma pomme, probablement ; a fortiori quand la magie est de la partie ! Mais ça, j’y reviendrai.

 

Le problème, en vérité, n’en est peut-être pas un : la masse d’informations, plus qu’intimidante, ne correspond probablement pas tout à fait à l’expérience de jeu, déjà parce que le développement de ces règles, pour l’essentiel, est progressif – ensuite parce que, bordel, j’ai un vieux réflexe de control freak dont il faudra bien que je me débarrasse un jour : il faut impliquer les joueurs pour gérer ces sous-systèmes, je ne peux pas, et ne dois pas, en tant que MJ, tout contrôler à la perfection – je n’en suis tout simplement pas capable, je le sais, mais ça n’est certainement pas une raison pour priver mes joueurs de cette approche ludique particulière. Or, ces aspects de la progression des personnages, on ne peut pas en faire abstraction – sinon, eh bien, on joue à autre chose ? C’est une composante importante du jeu, dans sa dimension tactique notamment. Il faut intégrer ces « règles spéciales » ; mais cela implique un contrat entre le MD et les joueurs, pour que chacun fasse sa part, seule garantie d’une expérience de jeu convaincante et constructive pour tous.

 

La création de personnages se poursuit au-delà – de manière assez intéressante, pour le coup : je crois que les historiques sont une nouveauté, mais elle est tout à fait bienvenue. Par ailleurs, le chapitre consacré à l’équipement conserve une taille raisonnable qui le rend lisible (dingue !), sans s’embarrasser dans l’absolu de pinaillages cataloguesques ou de pénibles règles d’encombrement, etc. – c’est au bon sens de gérer ça. Comme noté plus haut, le multiclassage est devenu globalement très simple – c’est éventuellement en matière de magie que cela se complique un peu, et j’y reviendrai.

 

Il faut enfin mentionner les dons, qui sont présentés comme optionnels, et qui peuvent remplacer l’augmentation de caractéristique qui est régulièrement accordée au personnage au fil de sa progression – dans une perspective odieusement minimaxeuse, les dons me paraissent carrément plus avantageux… Ils peuvent avoir leur intérêt dans l’expérience de jeu, sans ce travers grosbillesque, mais, en contrepartie, ils consistent en autant de règles spéciales à rajouter au personnage, en sus ce celles de sa race, de sa classe, etc.

UN SYSTÈME PAS COMPLIQUÉ, MAIS PAS INTUITIF

 

Laissons de côté pour l’heure la question des « règles spéciales » pour aborder les règles génériques. Elles occupent somme toute très peu de place dans ce livre, et je dois dire que c’est une bonne surprise, sous cet angle : en gros, on a une dizaine de pages de système générique, plus une dizaine de pages consacrées au combat ; et ces pages ne sont pas d’une densité étouffante. En fait, oui, le système de base est assez simple, et bénéficie de quelques chouettes idées qui permettent de ne pas charger la mule – notamment, celle des avantages et désavantages, semble-t-il une (la ?) nouveauté de cette cinquième édition : quand on est avantagé ou désavantagé, on jette deux dés, et on garde le meilleur en cas d’avantage, le moins bon en cas de désavantage – simple, pratique, bien plus convaincant que la multiplication des bonus et des malus sur des jets qui en sont déjà pas mal affectés, j'y arrive.

 

Globalement ce système d20 est simple – ou du moins il n’appelle pas trente-six mille développements et exceptions (en fait, indirectement, si, mais c’est ce que je qualifie dans cette chronique indécise de « règles spéciales » avec plein de guillemets). Pourtant, j’ai un petit problème le concernant – et c’est qu’il ne me paraît pas du tout intuitif. Que le seuil de difficulté soit fluctuant y participe (fixé par le MD, ou déterminé par l’opposition ou la sauvegarde, ce genre de choses, il y a des règles précises), mais finalement à titre secondaire. C’est surtout que les valeurs de caractéristiques (Force, Dextérité, etc., vous connaissez la musique) ne sont quasiment d’aucune importance en jeu – ce qui compte, c’est le bonus de caractéristique qui en est dérivé ; et il faut aussi prendre en compte le bonus de maîtrise, qui évolue quant à lui, de manière standardisée là encore, avec la progression en expérience du personnage – les « compétences », de la sorte, ne donnent pas une valeur directe, une fois de plus, mais déterminent l’emploi ou non du bonus de maîtrise (soit une variable en fait indépendante des compétences à proprement parler, puisque liée à la seule progression du personnage en termes de niveaux).

 

En conséquence, regarder la fiche de personnage n’est que plus ou moins éclairant quant aux aptitudes du héros, et le fait de jeter un dé ne donne pas un résultat que l’on peut à son tour lire directement comme étant bon ou mauvais – le fait de réussir ou de rater une action dépend des bonus que l’on doit ajouter au jet de dé, bonus qui varient selon les circonstances et les aptitudes, et qui ne correspondent pas précisément aux valeurs (absolues) apparaissant sur la fiche. Comme en outre il faut comparer ce score obtenu à un degré de difficulté fluctuant, mais obéissant à des principes très divers selon les actions entreprises, outre la règle des avantages et désavantages, j’ai vraiment le sentiment que le simple fait de regarder le résultat obtenu sur le dé ne révèle en fait pas grand-chose quant au succès ou à l’échec de l’action (en dehors des résultats très élevés ou catastrophiques, bien sûr).

 

Peut-être mon interrogation à ce propos tient-elle à ce que je sors de ma zone de confort… En matière de Grands Anciens rôlistiques, j’ai beaucoup pratiqué L’Appel de Cthulhu. Le Basic RPG est souvent critiqué pour tout un tas de raisons, parfois fondées, mais moi je l’aime bien – et notamment parce qu’il est extrêmement intuitif : quand on regarde la fiche, on sait directement ce que peut faire le personnage ; quand on regarde les dés, on sait immédiatement si l’action entreprise a réussi ou échoué. Il y a d’autres soucis, certes – les listes de compétences à rallonge et éventuellement redondantes, un côté aléatoire peut-être plus prononcé… encore qu’il existe bien des moyens de palier à ce problème, ce dont la septième édition témoigne, et un peu de bon sens suffit souvent à contrebalancer ces failles éventuelles. Par contre, ce système ne se prête pas vraiment et même pas du tout à une approche tactique du combat, etc., c’est certain. Mais j’aime bien cet aspect du jeu, pour moi essentiel : on n’a pas besoin de se perdre en explications confuses sur des exceptions, l’application ou non d’un voire deux bonus, un seuil de difficulté qui varie au doigt mouillé, etc. – tout est déjà là, sur la fiche, et sur les dés. C'est clair, pour le gardien comme pour les investigateurs.

 

Je ne doute pas que le système de D&D5 fonctionne – je ne suis pas en train d’en faire une usine à gaz à la Shadowrun. Il a ses côtés séduisants, à vrai dire. Mais cette question du caractère non intuitif me perturbe quand même un peu… Ceci dit, la solution, ici, probablement, est au fond la même que pour l’abondance de « règles spéciales » : il faut essayer. Comme de juste.

 

CONJUGUER CES DEUX INTERROGATIONS : LA MAGIE

 

J’ai tout de même le sentiment qu’il y a un domaine, dans ce Player’s Handbook, où les éventuelles difficultés suscitées par l’abondance des « règles spéciales » et le caractère non intuitif du système se combinent d’une manière qui m’intimide, et c’est la magie. En fait, ce caractère intimidant, cette fois, doit peut-être aussi à ce que les explications ne sont pas toujours très claires, contrairement au reste du livre, outre qu’il faut jongler entre les spécificités de chaque classe de jeteur de sorts (chapitre 3) et les généralités sur la magie (chapitre 10), et bien sûr les effets des sorts en particulier (chapitre 11, le plus long et le plus dense de ce Manuel des joueurs).

 

Le système est globalement plus diversifié que ce dont j’avais le souvenir du temps de AD&D2. La primauté de la « magie vancienne » (inspirée de La Terre mourante : on prépare un sort, il « s’efface » quand on le jette, après quoi il faut à nouveau le mémoriser pour le lancer une autre fois, etc.) me paraît battue en brèche par divers procédés, notamment les tours de magie (à ne pas négliger, ils sont bien plus utiles que dans mes vagues souvenirs d'AD&D2) ou, mais là je ne suis pas sûr de moi, les rituels, etc.

 

Au-delà, se pose la question des « emplacements de sort » et de leur « dépense », qui n’a pas le même impact, semble-t-il, en fonction des classes de jeteurs de sorts, outre que leurs spécificités rendent l’approche de la magie très différente selon les cas – pour s’en tenir aux « magos » archétypaux, un ensorceleur, un magicien et un sorcier ont des conceptions antagonistes, ce qui est intéressant dans l’absolu, mais pas toujours très clair en l’état, ai-je l’impression ; or les jeteurs de sorts sont bien plus nombreux que cela, outre les classiques « prêtres » avec leurs divers avatars – la magie des bardes, des paladins, des rôdeurs, me parait plus développée, et plus importante, que ce dont je croyais me souvenir dans AD&D2 (mais il est vrai que Dark Sun, par ailleurs, m’avait formaté à une conception de la magie donjonnesque déjà assez spécifique). Je suppose qu’un peu de concentration permettrait de mieux appréhender la spécialité de ces sous-systèmes (car, d’une certaine manière, il y en a autant que de classes de jeteurs de sorts), mais en l’état je suis quand même perplexe.

 

C’est peut-être l’aspect du jeu qui m’intimide le plus, à vrai dire. Ceci étant, si je m’en tiens à l’idée d’utiliser D&D5 dans le contexte d’Adventures in Middle-Earth, la question se posera sans doute différemment, du fait du caractère très limité des aptitudes magiques des héros dans l’univers tolkiénien. Ici plus encore qu’ailleurs, il me faut sans doute réserver mon jugement, sinon jusqu’au test à proprement parler, du moins jusqu’à la lecture de ce supplément. À vrai dire, cela pourrait bien être déterminant dans mes choix futurs quant au système à employer pour jouer Ténèbres sur la Forêt Noire.

 

(QU’EST-CE QUE ÇA DONNE SUR ROLL20 ?)

 

(Une parenthèse pour finir : comme je joue essentiellement en virtuel, je me demande aussi comment Roll20, en l’espèce, peut gérer ces problèmes ; est-ce que le virtuel simplifie les choses, ou bien les complique ? Mon expérience actuelle avec Savage Worlds, plus précisément avec Deadlands Reloaded, ne s’est pas avérée très concluante, aussi bien concernant le système de base que les spécificités de son portage virtuel… alors que celle avec L’Appel de Cthulhu, si. Là, il faudra sans doute que j’essaye – peut-être d’ailleurs en PJ d’abord. Je ne doute pas qu’il doit exister des choses très intéressantes à ce propos, et beaucoup de monde joue à D&D5 en virtuel, mais c’est tout de même un paramètre à prendre en compte, dans mon cas, et qui, à nouveau, m’intimide un brin…)

 

C’EST SANS DOUTE BIEN FAIT, MAIS EST-CE POUR MOI ?

 

L’usage dans ce genre de chroniques est de conclure en conseillant ou déconseillant la chose aux (aimables) lecteurs (masochistes). Dans le cas de ce Player’s Handbook de D&D5, faut-il le conseiller, je n’en sais foutre rien – ou en tout j’en suis bien incapable. Ma méconnaissance de ce registre du jeu de rôle ne m’y autorise guère, car je manque de références utiles. Et, individuellement, ma lecture a oscillé entre enthousiasme et scepticisme, avec une bonne dose de perplexité ou plutôt d’hésitation entre les deux, le sentiment qui domine, clairement, une fois la dernière page retournée – ce qui, là encore, ne m’autorise pas à porter un jugement assuré.

 

Ce jeu est-il recommandable, « objectivement » ? Je suppose que oui – vous trouverez nombre de commentaires enthousiastes de gens de confiance, bien plus à même que votre serviteur de se prononcer à cet égard.

 

Me concernant, les interrogations dominent encore, auxquelles un simple test pourrait éventuellement répondre, que ce soit positivement ou négativement. Je n’en sais rien, mais je garde ça dans un coin de la cervelle.

 

Et quant à la suite de la gamme ? Honnêtement, pour l’heure, je ne me sens pas de mettre 50 neurones dans un énième Monster Manual ; quant au Dungeon Master’s Guide, je redoute qu’il comporte une grande proportion de superflu ? Finalement, lire une campagne serait peut-être davantage utile… Mais bon, le prix ne m’autorise pas à l’achat compulsif. On verra…

 

Et on verra surtout Adventures in Middle-Earth ? Car pour l’heure je ne sais toujours pas quel système je vais utiliser pour maîtriser Ténèbres sur la Forêt Noire. Oui, on verra…

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Barbarians of Lemuria : Chroniques Lémuriennes

Publié le par Nébal

Barbarians of Lemuria : Chroniques Lémuriennes
Barbarians of Lemuria : Chroniques Lémuriennes

Barbarians of Lemuria : Chroniques Lémuriennes, Ludospherik, 2017, 133 p, [+ écran trois volets et carte format A2]

Bon, pour tout un tas de raisons, cela faisait très, très longtemps que je n’avais pas chroniqué de suppléments de jeu de rôle, mais je vais tâcher de me rattraper un peu durant l’été… Hop, c’est tipar !

 

Le beau succès (justement) rencontré par Ludospherik avec la traduction de la version « Mythic » de Barbarians of Lemuria a eu des conséquences très appréciables et plutôt inattendues. Ce qui aurait pu n’être qu’un coup unique semble en effet prendre des allures de gamme – et de gamme de création française, cocorico pour ceux qui y tiennent. On avait parlé assez tôt d’un écran, et celui-ci est bien paru – mais sous une forme étendue ; l’écran en trois volets est certes fort joli (Emmanuel Roudier fait à nouveau des merveilles dans ce premier supplément officiel, et son style puissant, idéal pour de la sword and sorcery, bénéficie de la petite touche humoristique qui enjolive le tout, sans être pour autant parodique – un équilibre admirable et qui, comme je vois les choses, contribue à l’ambiance de Barbarians of Lemuria dans la même mesure que le texte), mais il est en outre accompagné d’une belle carte en couleurs de la Lémurie, format A2, et, non pas d’un bête livret de 16 pages comme souvent, mais d’un vrai supplément de 134 pages, débordant de contenu inédit dû aux développeurs français de la chose, soit deux aides de jeu et cinq scénarios (dont un avec des prétirés). Et ce n’est pas fini, puisqu’on annonce maintenant, outre la traduction anglaise de ce supplément (oh, retour à l’envoyeur inattendu lui aussi), la rédaction d’une campagne entière !

 

Mais restons-en pour l’heure à ces Chroniques Lémuriennes, puisque tel est le nom (parfaitement inévitable) de ce premier supplément. Et, matériellement, puisqu’on y était, le boulot est toujours aussi admirable, après un livre de base qui m’avait déjà conquis sous cet angle. Je le maintiens, d’autres éditeurs pourraient en prendre de la graine : l’objet est très beau en même temps que maniable et pratique, bien écrit et, chose incroyable, relu, d'une mise en page claire et agréable, et abondamment illustré, avec goût donc, par Emmanuel Roudier, L’ensemble est irréprochable.

 

Et le contenu ? Très bon en ce qui me concerne – à la hauteur des attentes après l’excellent livre de base.

 

Le volume s’ouvre sur deux aides de jeu. La première, assez courte, porte sur le calendrier de Satarla, le plus communément employé en Lémurie – même si pas sans résistances. Mine de rien, c’est un outil d’ambiance très pratique, qui sait susciter un certain exotisme sans pour autant se perdre dans des complexités peu maniables. L’attrait essentiel de ce calendrier, en termes de jeu, réside sans doute, au-delà des fêtes « classiques » mais pas moins pertinentes, dans les « jours flottants » qui viennent semer la zone en temps utile. L’aide de jeu se conclut sur des pistes de scénario, souvent enthousiasmantes, et qui témoignent ainsi de l’usage ludique de ce calendrier. Très bien, donc.

 

La deuxième aide de jeu porte sur une région, au nord de la Lémurie, qui avait été passée sous silence dans le livre de base. Bienvenue, donc, dans le Khanat ! Enfin, « bienvenue »… On fait vraiment dans la connotation sword and sorcery pure, avec cette région où l’inspiration mongole, dès le titre, est flagrante ; sans forcément remonter jusqu’à Harold Lamb (mais je vous y engage), le lecteur baignera ainsi dans cette ambiance si particulière et récurrente dans le genre, chez Robert E. Howard et bien d’autres, dont, plus récemment, David Gemmell et George R.R. Martin. Cependant, il s’agit d’une influence extrême-orientale plus vaste, car, derrière les farouches cavaliers, demeurent encore les reliquats d’une ancienne civilisation plus raffinée (et donc décadente), d’inspiration essentiellement chinoise. Par ailleurs, tout au nord du monde comme l’est le Khanat, la région est propice à la description d’autres ethnies plus reculées et mystérieuses à leur manière, qui évoquent aussi bien les Inuit que la Sibérie, les Lapons ou les Aïnous, et sans doute d’autres choses encore. Enfin, la proximité du Royaume Putride permet de mettre l’accent sur la thématique des morts-vivants, côté antagonistes, et, que vous songiez ou pas à bâtir une colossale muraille de glace pour en protéger un nombre toujours fluctuant de royaumes « civilisés », il ne fait guère de doute que cela peut contribuer à colorer encore davantage cet environnement de jeu particulier. Le format employé est celui des aides de jeu de background dans le livre de base : c’est court, on va à l’essentiel, et on se contente souvent de donner des pistes au MJ, à charge pour ce dernier de bâtir son monde avec davantage de détails. Amateur pour ma part de backgrounds touffus, j’aurais apprécié d’en avoir davantage, mais, en l’état, cela demeure bien fait et utile – si vous avez apprécié cet aspect de Barbarians of Lemuria, il y a toutes les chances pour que cette aide de jeu vous satisfasse pleinement ; en même temps, l’univers n’est clairement pas l’atout du jeu, c’est certain – mais ce type d’aide de jeu montre bien qu’il y a assurément de quoi faire sur cette base.

 

Mais le gros de l’ouvrage consiste donc en cinq scénarios inédits et plus ou moins « prêts à jouer », Je vais tâcher de dire quelques mots de chacun d’entre eux. Avertissement donc aux joueurs éventuels : il y a ici un risque non négligeable de SPOILER, même si je vais autant que possible me retenir d’en dire trop – simple précaution d’usage, hein...

 

Nous commençons avec « Un ennui mortel », par ailleurs un scénario (le seul ici) prenant place dans le Khanat… ou, plus exactement, au large du Khanat, dans une île très froide, très désolée, et très mal fréquentée. Le scénario, passé l’introduction, adopte une structure non linéaire, grosso merdo, comme une sorte de mini-bac à sable calibré one-shot à vue de nez – peut-être pas l’aventure la plus indiquée pour un MJ débutant, même si rien de trop redoutable non plus. Sur cette base, il s’agit de confronter nos héros, et quelques PNJ assez joliment définis, à une invasion de zombies, dans un cadre tenant pas mal du huis-clos. Sans rien révolutionner, loin de là, ce scénario est, sur le papier en tout cas, très amusant.

 

Mais j’y ai largement préféré les deux scénarios suivants, à mon sens les plus réussis de ce recueil. Tout d’abord, « Le Plus Vieux Rêve de Lôm » (le responsable de ce titre a été décapité après de longues heures de torture), qui se situe dans les montagnes de l’Axos, et vise à confronter les héros à un dilemme comme de juste cruel, et dont les conséquences peuvent s’avérer très amples, avec les hommes-oiseaux du coin. Ce jeu du dilemme, certes récurent dans le jeu de rôle, avait déjà été mis en avant dans certains des scénarios du livre de base, et c’en est une très futée variation – le scénario promet aussi bien de l’action que de la diplomatie, en parts fluctuantes selon le comportement des joueurs. C’est très alléchant, très convaincant.

 

Mais mon scénario préféré de ce recueil est le suivant, « Mariage amer ». Le point de départ est ultra-référencé : en pleine célébration d’un mariage dans la meilleure (et donc la pire) société de Satarla, un amoureux téméraire enlève, avec sa bénédiction, la promise, et à charge pour nos héros de ramener la donzelle, et tant qu’à faire de châtier l’impudent (qui s’appelle Eormo – je rappelle que les anagrammes transparentes sont punies de mort en Nébalie, et, oui, par décapitation après de longues heures de torture). Le scénario promet plein d’action, de la scène de poursuite en nef volante à la découverte des us et coutumes d’une peuplade primitive de la Lémurie, vivant à l’ombre d’une pyramide (forcément), avec quelque chose de serpentin dedans (forcément). Mais, au-delà, ce scénario me paraît bien plus futé qu’il n’en a l’air – et plus inventif à vrai dire. Là, je pars peut-être dans mes délires, mais un truc qui m’a bien parlé, dans cette histoire, renvoie à sa manière bien particulière au jeu du dilemme, en brodant sur le principe, emblématique de la sword and sorcery, de héros à la moralité plus que douteuse. En effet, à tout prendre, partir à la poursuite des amoureux n’a rien de très admirable ; et s’en prendre à l’entité mystérieuse de la jungle ? Même avec la part d’imposture qui fonde son culte, j’ai du mal à y déceler quelque chose de vraiment maléfique. Par contre, les hérauts de la richesse et de l’aristocratie qui débarquent dans le village « primitif » pour y faire respecter l’ordre de la puissante Satarla, ramener la femelle volage et punir son ardent amant « sauvage »… Bref, sans que le trait soit appuyé, sans par ailleurs que cela ne vienne nuire au plaisir très premier degré de l’aventure, avec ce qu’il faut d’exotisme, d'action et de mystère, je trouve intéressant que ce scénario, d’une certaine manière, confère le rôle de gros connards aux héros, qui obéissent à tous les ordres dès l’instant qu’on les paye assez cher. Bon, c’est peut-être mon délire, mais, oui, j’y vois cet aspect, et il me séduit… Oui, s’il fallait ne retenir qu’un de ces cinq scénarios, en ce qui me concerne, ce serait celui-ci !

 

L'aventure suivante, plus ample en volume de pages, mais pas forcément en temps de jeu (en fait, je n’ose pas me prononcer, je suis notoirement très mauvais à cet exercice), s’intitule « La Tour d’Ajhaskar », et est globalement plus classique – jusque dans son point de départ : les héros prisonniers se voient faire une offre qu’ils ne peuvent pas refuser… En l’espèce, pénétrer dans la tour d’un puissant (mais « légitime ») sorcier, dont la disparition inquiète not’ bon sire. Le scénario est du coup découpé en deux temps, avec d’abord l’exploration de la tour (un donjon qui m’a l’air très correct dans son genre, mais il est vrai que je n’y connais pas grand-chose), puis l’exploration d’un petit univers parallèle qui se trouve au-delà, et qui ne facilite pas exactement la fuite. C’est bien fait, ça fait plus que tenir la route ; je regrette seulement, à vue de nez du moins, que la seconde partie du scénario soit plus imprécise que la première, très pertinemment détaillée – même s’il s’agit sans doute, comme dans le premier scénario de ce recueil, d’inciter le MJ à faire preuve d’imagination pour remplir les blancs, en jonglant avec les options des joueurs. Cette critique, si c’en est une, est donc des plus limitée en définitive. Oui, c’est un bon scénario – il doit être très amusant à jouer comme à maîtriser, je trouve juste qu’il lui manque une petite chose, une petite étincelle, celle qui distingue les deux scénarios précédents, qui m’emballent quand même beaucoup plus.

 

Reste un dernier scénario, un peu à part : « Les Trois Coffres ». D’une certaine manière, c’est la star de ce volume : il a les honneurs de la couverture, et on avait un tant soit peu teasé la bête, dans l’attente de la parution du supplément. En effet, les joueurs se voient ici offrir une opportunité bien singulière : incarner des kalukans, ces bestioles muettes et sans tête, avec un unique œil au milieu de la poitrine, au service de la Reine Sorcière ! D’où les prétirés. L’expérience est prometteuse, et le scénario s’est efforcé de jouer de cette particularité avec quelques idées rigolotes (comme le dispositif auquel les kalukans doivent avoir recours pour communiquer, entre eux et avec les PNJ, ou ce moment du scénario où les joueurs… changent de kalukan ; même si je trouve cet événement un peu trop précoce, à vue de nez, car il aurait été plus déstabilisant, et donc plus amusant, plus tard, trouvé-je, mais bon, ça se discute…). Mais, cette fois… ben, non, je n’ai pas été vraiment convaincu. Et d’abord parce que le scénario est longtemps très linéaire – ou, non, ce n’est pas tout à fait ça : c'est plutôt qu'à la lecture, j’ai eu l’impression que les PJ sont bien trop longtemps des spectateurs de l’histoire, et non ses acteurs principaux. L'histoire, en l'espèce, n'est certes pas mauvaise (il y a là aussi des idées très amusantes, très colorées, éventuellement recyclables), mais c'est pour ainsi dire un film... La fin seulement semble offrir aux joueurs des opportunités de prendre véritablement des initiatives (on nous rappelle sans cesse, avant cela, que les kalukans sont serviles par essence ; certes, mais cela ne bénéficie guère à l’expérience ludique, non ?) ; mais cette conclusion est caractérisée par cette même indécision que j’ai pu mentionner concernant les scénarios précédents ; et, ici, je le crains, cela joue en défaveur de l’ensemble. L’idée de base était très amusante, mais le résultat final ne m’emballe pas – bon, peut-être à tort ; mais, à la lecture, sur ces cinq scénarios, c’est celui que je n’ai pas vraiment envie de jouer ; peut-être parce que le teasing m’avait emballé outre-mesure, certes.

 

Mais, cette éventuelle fausse note mise à part, Chroniques Lémuriennes est un très bon supplément. En fait, et c’est absurde « objectivement », si je devais lui reprocher quelque chose, ce serait d’être trop court ! Car j’aurais bien repris du rab, moi… En tout cas, après ce premier essai, l’idée d’une gamme frenchy pour Barbarians of Lemuria s’avère très enthousiasmante. M’en vais tâcher d'en maîtriser quelques parties, et je reste aux aguets pour la suite !

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (14)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (14)

Quatorzième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

Les inspirations essentielles se trouvent dans le scénario Coffin Rock essentiellement, avec quelques éléments issus de la campagne Stone Cold Dead, le tout largement retravaillé de manière plus personnelle.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Lozen, la chamane apache ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez également l’enregistrement de la séance dans la vidéo ci-dessous.

I : DANS LES VAPS

 

[I-1 : Lozen : Laughs At Darkness ; Tacheene] Laughs At Darkness, qui était resté à l’écart lors du combat contre le loup-garou, a indiqué aux PJ un corridor dans la direction du sud, et leur dit de les suivre à l’intérieur – il s’y engage sans plus attendre. Ils le suivent, un peu perplexes – Lozen a tout juste le temps de se soigner. Ce n’est visiblement pas un tunnel de la mine, on a l’impression d’un boyau naturel ; mais plus ou moins naturel, en fait… car il débouche enfin sur une salle un peu plus vaste, très profonde, et qui présente de nombreux signes d’aménagement artificiel. Rien à voir avec des travaux miniers, cependant, et ce qui demeure de ces aménagements – colonnes, arches, autels, carrelage… – date à l’évidence de très, très longtemps, bien avant l’arrivée des mineurs… Laughs At Darkness va s’asseoir sur une pierre au centre, étrangement luminescente. Lozen, très intriguée, lui demande où ils se trouvent. En fait, le vieux chaman ne le sait pas vraiment… C’est très ancien, en tout cas – bien plus que les pionniers blancs, bien plus que les Indiens, même : « Je pencherais pour les hommes-serpents de Valusie… » Mais cela n’importe guère. Ce qui compte, c’est son usage plus récent : Laughs At Darkness en a fait sa « kiva », comme disent d’autres Indiens plus au sud. Concrètement, c’est là qu’il se rendait pour entrer en contact avec l’esprit de la nature Tacheene.

 

[I-2 : Nicholas, Beatrice, Danny : Laughs At Darkness ; Tacheene] « Et pour ça, ben, y a pas 36 000 moyens, hein… » Le chaman dévisage les PJ en souriant, fouille dans son baluchon… et en extrait une longue pipe. Nicholas émet un soupir : ils sont vraiment obligés… Non – ils peuvent partir ; ils sont libres. Mais ceux qui resteront doivent passer une épreuve. Beatrice est inquiète des effets du « rituel » ; Laughs At Darkness, en fait, dit qu’il n’est pas bien sûr de ces effets… Il pense que le positif l’emportera, mais cela va dépendre de la constitution et de l’esprit des PJ. La huckster est sceptique : « Le meilleur guide qu’on ait jamais eu… » Mais le chaman dit n’être qu’un pourvoyeur : le guide, ce sera Tacheene. Danny n’est pas du genre à tergiverser : « Bourrez cette pipe et passez-la-moi, qu’on en finisse ! » Mais Laughs At Darkness, avec un sourire narquois, explique que, la pipe, c’est seulement pour lui : « Vous, vous allez respirer les vapeurs du feu que je vais préparer ici, et qui vont envahir très vite toute la salle… »

 

[I-3 : Lozen : Laughs At Darkness ; Tacheene] Le chaman constitue un brasier avec de nombreuses herbes étranges – que Lozen connaît, cependant : elles sont couramment employées dans des cérémonies du même ordre, auxquelles elle a pu assister au cours de ses voyages auprès des différentes tribus ; certaines de ces plantes ont des effets hallucinogènes, et leur combustion peut provoquer la nausée, mais rien de plus dangereux pour autant qu’elle le sache. Laughs At Darkness allume le feu, et les vapeurs commencent à monter ; elles envahissent bientôt la « kiva ». L’inhalation de ces fumées n’est pas agréable, mais tous les PJ se montrent capables de les subir sans vomir ou s’effondrer, et aucun ne ressent le besoin de quitter la caverne. Ils perçoivent, à travers la fumée, le rire un peu moqueur de Laughs At Darkness, qui leur fait tout d’abord l’effet… d’être complètement défoncé. « Vous avez passé la première partie de l’épreuve ! La deuxième, maintenant… » L’effet des vapeurs leur monte à la tête – mais la sensation n’est plus désagréable, à ce stade. Par contre, ils ne distinguent plus rien de ce qui se trouve autour d’eux – leurs camarades comme Laughs At Darkness. Mais apparaît aux yeux de tous, progressivement, une forme très indécise, impossible à décrire – Lozen comprend qu’il s’agit de la forme de Tacheene. À mesure que cette silhouette fluctuante s’impose à eux, l’agréable sensation qui a pris le relais de la nausée des vapeurs s’accroît – tous, ils se sentent… bien ? Et ça fait quelque temps que ça ne leur était pas arrivé – si ça leur était jamais arrivé… La forme ne leur parle pas, mais tous, en s’imprégnant de sa bonté fondamentale et paisible, comprennent cependant que l’esprit de la nature est inquiet et les appelle à l’aide : il est retenu prisonnier quelque part… L’expérience se prolonge, même si les PJ n’ont aucune sensation précise du temps qui s’écoule. Au bout de quelque temps, ils recommencent à distinguer les environs et ce qui se passe autour d’eux… Mais, quand ils reprennent conscience, au fur et à mesure, ils constatent tous qu’ils ne sont plus dans la « kiva » de Laughs At Darkness, mais « ailleurs » ; dans une mine, à l’évidence, mais pas du tout celle de San Lorenzo Point… et le vieux chaman a disparu.

 

II : UN FILON DE SANG

 

[II-1 : Nicholas, Danny, Lozen : Tacheene] D’une manière ou d’une autre, ils ont « voyagé », avec tout leur équipement (Nicholas s’en inquiétait tout spécialement), à ceci près qu’ils n’ont plus qu’une seule lampe. L’étrangeté de la situation ne les incite par pour autant à paniquer, car la sensation de bien-être due à la proximité de Tacheene demeure encore un peu, sous-jacente. Danny ne compte pas s’éterniser ici, et veut comprendre ce qu’il s’est produit. Confiant sa lanterne à Lozen (car c’est le personnage le moins « combattant »…), il sort de la pièce par un tunnel aménagé avec bien plus de soin qu’à San Lorenzo Point – impression qui se confirme à mesure qu’ils progressent dans la mine : il y a des étais solides, des rails dans les artères principales, avec des chariots vides çà et là, etc.

 

[II-2 : Beatrice, Lozen, Danny] Puis, presque tous, les PJ se mettent à discerner… de nouveaux appels à l’aide. Après leur expérience avec le loup-garou, ils sont portés à se méfier, mais ce n’est clairement pas la même chose. Ces appels au secours sont chuchotés, et on distingue plusieurs voix – des voix d’hommes, et qui parlent anglais ; il est par ailleurs impossible de les localiser précisément : ils ont l’impression que ces gémissements viennent de partout autour d’eux. Puis Beatrice croit repérer des mouvements… mais à peine discernables ; et quand Lozen éclaire l’endroit en question, ils ne voient qu’une paroi parfaitement normale, sans le moindre espace pour s’y mouvoir… Puis Danny et Beatrice croient repérer un endroit, au nord, où les appels à l’aide seraient plus « concentrés », et ils prennent cette direction – en constatant que, plus ils avancent, et plus les parois se mettent à « suinter » quelque chose de liquide, et d’un rouge prononcé… qu’ils identifient bientôt comme étant du sang, quand Danny touche la surface humide ; mais il a d’abord eu l’impression déconcertante que son doigt passait à travers la paroi – et il s’en était dégagé par mouvement réflexe. Mais non – c’est seulement du sang… mais en quantités invraisemblables et qui ruisselle de partout.

 

[II-3 : Danny, Lozen : William Wood] Ils arrivent à proximité d’un chariot abandonné… et distinguent alors les silhouettes évanescentes de plusieurs hommes en tenue de mineurs. Danny, méfiant même si pas menaçant à proprement parler, essaye de les toucher avec un morceau de bois qu’il avait retiré des rails après son expérience avec la paroi – et le bâton passe à travers : les mineurs sont des fantômes ! Mais Lozen, à la différence de ses camarades, n’est pas le moins du monde effrayée : elle comprend bien vite qu'ils ne sont pas hostiles. Elle essaye de parler aux fantômes, et de leur soutirer déjà des informations quant à l’endroit où ils se trouvent. Une silhouette, qui dégage une forme d’aura plus marquée, semble plus « solide » que les autres, et elle chuchote, en anglais, expliquant qu’ils sont dans la Cooked Earth Mine. Le fantôme se présente comme étant un certain William Wood. Ses camarades et lui ont été piégés – il faut qu’on les aide… Leurs corps ont « expulsé » leurs âmes ; et, de ces corps, « on » a fait des « horreurs », des « hommes de sang », des « écorchés » qui ruissellent sans cesse, et se livrent à « des rites »… Les répliques du fantôme sont très fugaces, à peine discernables, comme dans un souffle – et souvent interrompues par les mêmes suppliques, de la part de tous les fantômes, qui reviennent sans cesse : « Aidez-nous… »

 

[II-4 : Danny, Lozen, Beatrice : William Wood ; Tacheene] Danny, qui s’est repris, demande ce qu’ils doivent faire – et où il leur faut se rendre. William Wood s’approche, très lentement, du bagarreur ; il tend le doigt dans sa direction… Il va visiblement le toucher. Danny est effrayé, mais se laisse faire – la main du fantôme s’enfonce dans sa poitrine, et c’est comme si son corps l’aspirait ! La sensation est d’abord très désagréable : c’est comme s’il avait… avalé une âme ? Pourtant, la panique disparaît bien vite : le bien-être accordé par Tacheene permet à Danny de mieux encaisser le choc, et « d’accepter » la situation – notamment la sorte de « double vision » que le fait d’héberger deux âmes induit, ce qui ne rend pas les perceptions visuelles plus complexes, mais, d’une certaine manière, les rend plus limpides, plus lucides. Dans sa tête, Danny entend bien plus clairement les chuchotements de William Wood, qui lui dit de rassurer les autres – pour qu’ils acceptent tous qu’un fantôme intègre leur corps. En effet, les silhouettes des mineurs s’approchent lentement, avec hésitation, des camarades du bagarreur… lequel s’exécute : « Laissez-les faire ; vous verrez… mieux. » Lozen accepte aussitôt, puis les autres, et le même phénomène se reproduit – avec tout de même une conséquence imprévue : maintenant qu’ils abritent tous un fantôme, ils voient mutuellement, par intermittences, comme autant d’écorchés dégoulinant de sang, ou de mineurs fantomatiques, en sus de leur apparence normale ! Toutefois, ils encaissent le choc. Beatrice essaye de communiquer avec « son » fantôme, en « pensant » ses répliques, mais constate qu’elle ne peut pas échanger avec lui de la sorte ; les autres font le même constat – William Wood, qui a intégré le corps de Danny, a visiblement davantage d’assise que ses compères, c’est le seul à pouvoir véritablement échanger avec les vivants. Mais le bagarreur ne se livre pas à des expériences de communication silencieuse : il s’adresse à « son » fantôme à voix haute, même s’il est le seul à entendre ses réponses dans sa tête, qu'il doit ensuite rapporter aux autres – la conversation avec le groupe prend des atours surréalistes…

 

[II-5 : Beatrice, Nicholas, Lozen, Danny : William Wood ; Tacheene] Beatrice demande alors à William Wood ce qu’ils doivent faire pour aider les mineurs – et pour libérer Tacheene ? Ils connaissent ce nom – c’est l’esprit qu’ils ont dérangé en creusant la mine… Il est sous la garde des hommes de sang – c’est-à-dire des propres corps des mineurs, qu’ils ont « volé ». Il leur faut récupérer leur corps – pour reposer en paix. Mais comment faire ça, se demandent Nicholas et Lozen ? Les fantômes n’ont pas de réponse – mais ils leur demandent de les conduire auprès des hommes de sang. William Wood guidera Danny dans la bonne direction.

 

[II-6 : Danny, Nicholas : William Wood] Tous suivent donc Danny – ou William Wood ? À mesure qu’ils progressent, ils commencent à entendre des sons différents – indices d’une activité inconnue dans la direction où ils se rendent. Nicholas ne peut pas se montrer trop précis, mais suffisamment tout de même pour déterminer qu’il y a plusieurs « choses » qui se meuvent dans une pièce un peu plus loin. Il a la sensation qu’on les « attend »… et l’esprit dans la tête de Danny lui transmet un peu de sa panique – la proximité de son corps volé et souillé… Ils atteignent enfin la pièce où les attendaient quatre hommes de sang – les corps des mineurs, mais transfigurés en quelque chose de résolument non humain, et répugnant ; comme des sortes d’ « élémentaires » qui seraient faits d’un sang ruisselant sans cesse ! Et les créatures se jettent sur eux…

 

[II-7 : Danny, Beatrice, Lozen, Nicholas, Warren : William Wood] Le combat est rude – et long : les créatures encaissent ! Et font mal… Par ailleurs, elles émettent une forte chaleur, très déconcertante, ainsi que Danny en fait bientôt l’expérience – en fait, il comprend que cette chaleur est telle qu’elle pourrait bien mettre le feu à tout ce que les hommes de sang parviennent à toucher ! Beatrice doit vider ses chargeurs pour faire des dégâts – mais elle parvient enfin à en abattre un. Lozen, par contre, est en difficulté – les esprits de la nature la réprimandent, pour quelque raison qu’eux seuls connaissent ; peut-être un manque d’application dans l’exécution des rituels, depuis qu’elle s’est lancée dans cette aventure auprès de Blancs ? Sa Médecine tribale en est affectée… même si elle parvient en dernier ressort à maintenir une Armure sur Nicholas. Danny repousse ses assaillants contre les parois – et le fantôme de William Wood plonge dans l’un des hommes de sang ; cela ne met pas fin au combat, mais le bagarreur comprend que son ennemi est ainsi affaibli, même si d’une manière qu’il ne comprend pas très bien… Il parvient à le communiquer aux autres, mais Nicholas, même s’il sent que le fantôme dans son corps cherche à sortir, ne parvient pas à créer l’occasion lui permettant de le faire… Mais Beatrice parvient à abattre un autre homme de sang, tandis que Warren fait usage de son bras mécanique Roselyne pour garder les autres hommes de sang à distance. Danny se déchaîne, frénétique, et en massacre un autre – tous ensemble, ils viennent à bout du dernier. Les corps des hommes de sang se liquéfient, dans une masse brûlante, non sans avoir d’abord absorbé les fantômes des mineurs, qui quittent les corps des PJ. Les chuchotis cessent aussitôt : fantômes et hommes de sang ne sont plus qu’un mauvais souvenir…

 

III : AU FOND DU PUITS

 

[III-1 : Danny, Lozen, Beatrice, Warren : Tacheene, Laughs At Darkness] Mais il faut encore que les PJ libèrent Tacheene. Ils continuent de progresser dans la mine – Danny, à tout hasard, appelle : « Darkie ! » C'est le petit nom qu'il avait attribué à Laughs At Darkness... Mais c'est sans succès. Ils arrivent enfin dans un cul-de-sac. Au milieu de cette ultime pièce se trouve une sorte de bassin. Quand ils se penchent dessus, ils voient qu’il est rempli de sang bouillonnant – Lozen comprend sans peine que c’est ici qu’il s’agit de libérer Tacheene, même si elle n’est pas certaine de ce qu’il faut faire au juste pour purifier cet endroit ; elle pense cependant que l’exécution de ses rituels (pendant trois heures au moins – peut-être plus, en raison de la sanction que les esprits lui ont infligé peu avant) et l’usage de quelques éléments contenus dans sa bourse à médecine, elle devrait pouvoir parvenir à quelque chose. Elle en informe ses camarades – qui, quant à eux, ne savent absolument pas quoi faire ; et Beatrice aimerait bien trouver comment partir d’ici… En jetant un œil dans le puits, elle distingue, tout au fond, une sorte d’image – celle, vue de l’intérieur, d’une église brûlée, qui fait penser à celle de Crimson Bay ; mais elle sait, au fond d’elle-même, qu’il ne s’agit pas de l’église de Crimson Bay.

 

[III-2 : Danny, Warren] Danny, de son côté, va explorer le reste de la mine – après avoir ramassé un peu de bois sur les rails pour faire un feu dans la salle du puits de sang. Warren ne l’avait pas attendu… Mais le bagarreur trouve ainsi l’entrée de la mine – en fait, il est surpris qu’il y en ait une ! Il sort jeter un œil à l’extérieur ; il fait nuit – mais la lune est gibbeuse, qui éclaire assez bien les environs ; ils sont dans une région montagneuse, mais pas celle où ils se trouvaient à San Lorenzo Point ; en fait, sans pouvoir en être sûr, il a le sentiment de se trouver de l’autre côté des montagnes, sur le flanc est… En contrebas, il distingue une petite ville, silencieuse dans la nuit, à deux ou trois kilomètres de distance ; mais, juste à côté, il y a des bâtiments abandonnés de la compagnie minière, un peu comme à San Lorenzo Point, et Danny y trouve des lampes, qu’il ramène aux autres – après quoi il revient vers l’entrée pour y établir un campement où ils pourront récupérer le temps que la nuit s’achève.

 

[III-3 : Lozen : Tacheene, Laughs At Darkness] À l’intérieur, Lozen achève enfin son rituel, après plusieurs heures uniquement consacrées à cette tâche. Il n’y a pas d’effet spectaculaire, mais elle a la conviction que Tacheene est libre désormais. Mais absent ? Eux sont toujours au même endroit… Peut-être y aurait-il d’autres rites à accomplir pour partir d’ici ? Lozen ne le sait pas – mais, s’il y en a, ils ne sont pas forcément à sa portée ; à celle de Laughs At Darkness éventuellement… qui est absent lui aussi de toute façon.

 

[III-4 : Beatrice, Nicholas, Danny] Mais Beatrice jette à nouveau un œil dans le puits – où le sang a été changé en eau. Au fond, le reflet de l’église est maintenant parfaitement visible par tous. Nicholas touche l’eau, qui est fraîche (rien à voir avec le sang bouillonnant peu avant) : rien, si ce n’est des cercles concentriques à la surface du liquide. Il fait un signe de croix : rien non plus. Beatrice lui suggère de faire un « saut de la foi »… Le faux prêtre n’est pas très motivé. Danny, de retour, constate également le phénomène – et le reflet de l’église lui fait penser à celle de la ville qu’il a vue en contrebas de la mine : il est même à peu près sûr que c’est la même. Ils n’ont qu’à attendre que la nuit passe, après quoi ils iront y faire un tour…

 

[III-5 : Nicholas, Beatrice] Les PJ vont se reposer à l’entrée de la mine d’ici-là. Seulement voilà : la nuit dure… Les premiers à être de garde, Nicholas et Beatrice, prennent bientôt conscience de ce que des heures se sont écoulées sans que le tableau offert par le paysage ne change : la position de la lune ne varie pas, il n’y a pas de lueurs de l’aube à l’est… Rien de tout ça : la nuit, permanente, immuable. Les PJ contiennent leur effroi, mais ils sont profondément mal à l’aise ; et l’endroit devient de plus en plus flippant du fait même qu’il ne change pas…

 

[III-6 : Danny, Beatrice, Nicholas, Lozen, Warren : Tacheene] Ils retournent à la salle du puits. Danny s’attache une corde autour de la taille, qu’il assure à un chariot de la mine ; Beatrice s’accroche à lui, et ils descendent ensemble dans le puits. Ils flottent à la surface, puis plongent, et, au bout d'une moment, ils se sentent attirés par le fond ; mais impossible de distinguer quoi que ce soit dans ces conditions : de l'eau au fond d'un puits dans une mine... Beatrice fait signe à Danny qu’il vaut mieux remonter. Avec Nicholas, ils assemblent leurs cordes avec une pierre pour sonder le fond du puits. La pierre s’enfonce un bon moment, mais, après un certain temps, le poids disparaît ; ils remontent la corde, qui est coupée net. Lozen est portée à croire que le fond du puits est un « portail », qui envoie qui le franchit dans cette église ; elle cherche à s’en assurer auprès de Tacheene, mais n’obtient pas de réponse… Beatrice emballe bien ses affaires, pour qu’elles ne prennent pas l’eau ; comme elle voit l’image de l’église dans le puits, elle suppose être en mesure d’employer son Pouvoir de Téléportation pour atteindre le portail et l’emprunter – elle disparaît… Les PJ sont hésitants, car ils ne savent rien de son sort, mais Danny se prend une bonne rasade de whisky et saute à la suite de la huckster : il disparaît également. Lozen songe à gagner la petite ville à pied, en jouant la prudence, et Nicholas lui dit que, quoi qu’elle décide, il l’accompagnera ; mais à peine a-t-il dit cela que Warren se jette à son tour dans le puits… Dans ces conditions, Lozen et Nicholas font finalement la même chose : mieux vaut rester ensemble…

 

IV : COFFIN ROCK = VILLE MAUDITE !!!

 

[IV-1 : Beatrice] Beatrice est donc arrivée la première – en opérant, en fait, une « double téléportation », situation perturbante mais qu’elle a bien encaissée. Elle est à l’intérieur d’une église en ruines, incendiée, avec des bancs renversés, le clocher détruit, etc. Elle se trouve à la lisière d’une petite ville silencieuse, voire déserte : pas un chat dehors. Elle est bientôt rejointe par les autres.

 

 

 

[IV-2 : Danny, Lozen : Josh Newcombe ; Laughs At Darkness] Danny observe les environs, puis, de sa voix chargée d’alcool, il crie : « Darkie ! » Mais nulle réponse de Laughs At Darkness… Sortant de l’église, ils s’avancent vers la ville, et constatent que nombre de bâtiments présentent sur leurs murs la même inscription à la peinture rouge : « COFFIN ROCK = VILLE MAUDITE !!! » Avec un nombre de points d’exclamation variable. Puis Lozen remarque une silhouette dans la nuit – celle d’un homme vêtu de noir, un pot de peinture à la main… C’est lui le responsable des inscriptions. La chamane est déconcertée – mais finit par l’indiquer aux autres ; et Danny se précipite alors dans la direction de la silhouette emmitouflée ; d'une voix avinée : « Darkie, c’est toi ? » L’homme se retourne… et le bagarreur reconnaît Josh Newcombe. Stupéfait, il lui demande ce qu’il fait là. Le journaliste, interloqué, répond : « Eh bien, j’informe mes concitoyens ! Mais… Qui êtes-vous ? »

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (13)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (13)

Treizième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

Les inspirations essentielles se trouvent dans la campagne Stone Cold Dead et (surtout ?) le scénario Coffin Rock, retravaillés de manière plus personnelle.

 

Une nouvelle joueuse rejoint la partie, qui incarne Lozen, une chamane apache.

 

Sinon, tous les joueurs habituels étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez également l’enregistrement de la séance dans la vidéo ci-dessous.

I : SABLE ROUGE

 

[I-1 : Nicholas : la Tempête Rouge, Jeff Liston] Nicholas, qui ne porte pas exactement les Indiens dans son cœur, du fait du souvenir traumatisant de sa rencontre avec la Tempête Rouge, a préféré rester seul dans la planque de Jeff Liston plutôt que de suivre les autres PJ, en quête de la tribu des Red Suns. Il a le sentiment qu’il se passe quelque chose dehors – et a vu une sorte de poussière rouge pénétrer à l’intérieur de la cabane en passant sous la porte. Il se met au fond de la pièce – mais il y a trop d’ouvertures : il entreprend de calfeutrer et barricader portes et fenêtres, car, dehors, le « sable » rouge (dans une région où le sable n’est pas si commun) semble se mouvoir tout autour de la cabane. Cela lui fait penser à la Tempête Rouge, forcément, mais le format est tout autre – il y a de temps à autre des bourrasques contre la porte, violentes mais pas à même de la défoncer ; là encore, rien à voir avec la créature qui avait ravagé l’orphelinat où Nicholas avait été élevé. Cependant, quelques coups d’œil à la fenêtre lui donnent l’impression que tourne autour de lui comme une sorte de petite tornade de sable rouge, en gros à l’échelle humaine, et dont les mouvements ne sont clairement pas naturels mais laissent supposer une forme de conscience.

 

II : À ARMES ÉGALES

 

[II-1 : Danny, Beatrice : Flying Shadow, Lone Hawk] Au campement des Red Suns, Danny a pris un méchant coup en combattant le brave que le jeune chaman Flying Shadow avait désigné comme son champion – mais Beatrice a remarqué que le chaman assistait magiquement son poulain… Et elle ne manque pas de le dénoncer au chef des Red Suns, Lone Hawk – lequel se rend compte qu’elle a raison. Les Indiens se plaignaient de la « mauvaise magie » du vieux chaman attaché au poteau – mais cette tricherie, est-ce cela, la « bonne magie » ? Flying Shadow connaît sans doute quelques mots d’anglais, mais s’adresse dans sa langue seulement à Lone Hawk. La huckster avait déjà pu remarquer que ce dernier n’aimait pas beaucoup le jeune homme, même s’il s’était rallié à son idée de faire périr le vieil homme attaché au poteau ; elle ne comprend pas les paroles échangées, mais la colère et l’agacement du chef se lisent sur ses traits. Beatrice juge plus sage de ne pas intervenir davantage pour l’heure – mais Danny, lui, même bien sonné, ne manque pas de s’en prendre à son adversaire… qui l’ignore royalement. La discussion entre le chef et le jeune chaman s’envenime visiblement – sans qu’il soit besoin de comprendre leurs paroles. Lone Hawk finit par gueuler plus fort que les autres pour mettre un terme au débat, et, l’air furibond, il se rapproche du brave qui avait affronté Danny… et lui assène un violent coup de tomahawk sur le crâne ! Le cuir chevelu est entamé, du sang ruisselle sur le front du combattant… Et le chef, dans sa langue puis dans un anglais un peu approximatif, dit : « Maintenant vous êtes à égalité. Battez-vous ! »

 

[II-2 : Danny, Beatrice : Lone Hawk, Laughs At Darkness ; Mortimer Stelias] Le brave est toujours secoué – mais Danny n’attend pas qu’il se remette : il se jette sur son adversaire, et, d’un coup précis de son gourdin, l’assomme pour le compte ! Flying Shadow est furieux – les autres membres de la tribu plus indécis : la situation a été totalement renversée en très peu de temps… Mais les aînés de la tribu interviennent, dans leur langue, et on devine sans trop de peine qu’ils appuient la décision du chef Lone Hawk – et indirectement la victoire du bagarreur. Le vieil homme attaché au poteau regarde la scène avec un sourire un peu narquois… Danny s’assied à côté de son adversaire inconscient, et laisse les autres gérer la situation avec davantage de diplomatie… Beatrice retourne auprès de Lone Hawk – pas fâché d’avoir rabattu son caquet au jeune chaman ; mais il n’aime pas pour autant le vieux chaman Laughs At Darkness, dont il est convaincu que la « mauvaise magie » leur a attiré toutes ces misères… La huckster croit cependant que le vieil homme pourrait être utile pour régler la situation. Qui lui a dit ça ? Sans hésitation, elle répond qu’il s’agit de Mortimer Stelias. Le chef fait la moue : « L’homme blanc qui nous a volé nos terres... » Mais le combat a décidé du sort du vieil homme, non ? Il va les suivre pour l’heure – de toute façon, la tribu voulait qu’il s’en aille ? Après, ils en feront ce qu’ils voudront… Danny appuie la suggestion de Beatrice ; c’était le meilleur choix car, au fond, c’est une bonne manière de régler le problème de la tribu, Lone Hawk le sait bien – et les événements récents ont révélé au chef lui-même que ses sentiments sur la question étaient bien plus partagés qu'il ne se l'avouait… Qu’ils partent avec lui ! Et qu’ils restent à distance ! Beatrice le remercie – en suggérant de garder les mains du vieux chaman attachées, car elle non plus ne lui fait pas confiance…

 

III : CHOC DES CIVILISATIONS

 

[III-1 : Nicholas, Lozen] Nicholas, dans la cabane de Jeff Liston, est assiégé par la tornade – mais il jette régulièrement un coup d’œil par les fenêtres, et, du côté ouest, il aperçoit une Indienne sur un cheval, et elle a l’air étonnée par le spectacle auquel elle assiste ; mais pas véritablement stupéfaite pour autant. Il s’agit bien sûr de Lozen... qui, depuis l’Arizona, a régulièrement aperçu ce genre de phénomènes, ou en a relevé les signes, sans qu’elle puisse se les expliquer. Mais la tornade aussi l’a repérée, et se déplace aussitôt dans sa direction ! Tandis que Nicholas insulte l’Indienne, qu’il rend responsable de tout ça…

 

[III-2 : Lozen, Nicholas : Jeff Liston] Lozen, surprise, est bientôt englobée par la tornade – et le vent tourbillonnant, chargé de sable rouge, lui inflige des brûlures cinglantes ! Mais elle se reprend aussitôt, et cherche à se dégager, avec son cheval – même si ce dernier conserve étrangement le calme, ce qui n’a rien d’évident dans pareille situation… et la tornade s’adapte à leurs déplacements. Mais l’Indienne fait appel aux esprits : en manipulant les éléments, l’air en l’espèce, elle crée un courant qui tend à disperser la tempête. Nicholas, ayant constaté qu'elle attaquait l’Indienne, met ses préjugés raciaux de côté pour l’heure ; il sort de la cabane de Jeff Liston, et se précipite en direction des combattants. La tornade se reconstitue – mais les PJ ont pu entrapercevoir, l’espace d’un instant, une sorte de serpent flottant au cœur même du phénomène… Nicholas assène un coup au cheval pour qu’il fuie ! Mais il supportait la tornade, ce n’est pas un coup de poing qui va lui faire perdre ses moyens... Reste que Lozen a vu un homme blanc en tenue de prêtre, une grande croix dans le dos, frapper son cheval ?! L’Indienne maintient sa Médecine tribale – la tornade peine à se reconstituer véritablement. Nicholas, lui, dégaine un de ses pistolets, et tire au pif dans le phénomène ; par quelque miracle, la tempête se dissout aussitôt ! Le serpent au cœur de la tornade… a été abattu, le courant d’air suscité par Lozen ayant permis de l’atteindre.

 

[III-3 : Nicholas, Lozen : Jeff Liston] Nicholas vide son chargeur sur la créature qui est tombée par terre… Lozen en est stupéfaite : est-il fou ? Autant dire que leurs premiers échanges sont rugueux… L’Indienne remercie cependant le faux prêtre, qui, même bougon, l’invite à le suivre dans la cabane de Jeff Liston… Mais la santé mentale du pistolero a effectivement de quoi la rendre perplexe : il ne cesse de marmonner que « ça ne peut pas être un petit serpent qui a bousillé tout un orphelinat et tué tous ses occupants »…

IV : CELUI QUI RIAIT DANS LES TÉNÈBRES

 

[IV-1 : Danny, Beatrice : Laughs At Darkness, Lone Hawk, Jeff Liston ; Mortimer Stelias, Nicholas, Rafaela Venegas de la Tore] Retour chez les Red Suns. Le vieux chaman est bien Laughs At Darkness, l’homme qu’avait mentionné Mortimer Stelias – celui qui pourra renseigner les PJ quant au nom du Manitou qui sème le chaos à Crimson Bay. Il arbore en permanence un petit sourire narquois qui a quelque chose de profondément agaçant… Danny a bénéficié de quelques soins – en échange, il a offert un peu de gnôle aux Red Suns qui se sont occupés de lui, lesquels ont pris soin de vérifier que leur chef ne les surveillait pas avant d’accepter… Lone Hawk, justement, est assez pressé qu’ils s’en aillent tous avec le vieux chaman. Danny remercie aussi Liston, qui les a conduits ici, mais il est bien temps de retourner à la cabane pour retrouver Nicholas ; le trappeur ne les accompagnera pas au-delà. Beatrice, avant de partir, prend Laughs At Darkness entre quatre yeux – il parle très bien l’anglais : peuvent-ils lui faire confiance pour qu’il ne s’enfuie pas dès qu’ils auront le dos tourné ? « Je vous ai appelés, c’est pas pour vous fausser compagnie... » Il est déçu que Rafaela ne soit pas avec eux, d’ailleurs. Mais ce bon vieux Lone Hawk est un peu nerveux, mieux vaudrait parler de tout ça ailleurs…

 

[IV-2 : Danny : Laughs At Darkness ; Jeff Liston, Rafaela Venegas de la Tore, Mortimer Stelias] Ils prennent la direction de la cabane de Jeff Liston. Laughs At Darkness, tout âgé qu’il soit, est visiblement habitué aux longues marches dans la forêt ! Danny lui demande pourquoi il a contacté Rafaela : « Des facultés, et de la morale ; c’est très rare de trouver les deux ensemble. » Le chaman sait qu’ils ont vu Mortimer Stelias – ça se lit sur leurs traits. Ils « travaillent » ensemble, d'une certaine manière… Le chaman emprunte le mauvais whisky de Danny : il boit au goulot, et en quantité – avec un plaisir visible.

 

[IV-3 : Nicholas, Lozen] Dans la cabane, Nicholas est toujours prostré – répétant sans cesse : « C’était pas un serpent, c’était pas un serpent... » Mais Lozen a bien identifié le même phénomène qu’elle avait régulièrement croisé depuis l‘Arizona. Ce n’est pas quelque chose de chamanique – c’est une manifestation des Manitous. Nicholas la soupçonne toujours d’y être pour quelque chose – elle ou ceux de son peuple… Les dénégations de Lozen n’y changent rien. Elle sait qu’elle a contribué à disperser la tornade, par ailleurs, mais le faux prêtre ne semble pas s’en rendre compte, ou du moins refuse-t-il de l’admettre.

 

[IV-4 : Lozen, Nicholas, Beatrice, Danny : Laughs At Darkness, Jeff Liston] Les autres PJ reviennent à ce moment-là – et ont donc la surprise de trouver Lozen aux côtés de NicholasBeatrice et Danny sont très narquois à l’encontre du faux prêtre : pour quelqu’un qui ne voulait pas avoir affaire aux Indiens… Laughs At Darkness, aussitôt, salue Lozen dans son dialecte apache – qui n’a absolument rien à voir avec les langues de la région. Elle lui retourne ses salutations, et se présente à tous les nouveaux venus. Mais le vieux chaman ne s’y arrête pas : il passe la main sous le lit de Jeff Liston, et en sort trois bouteilles de mauvais whisky, qu’il pose sur la table de sa propre autorité ; il en débouche une et en prend aussitôt une énorme goulée – le trappeur est stupéfait, mais n’ose rien dire. Danny semble redouter qu’il engloutisse tout, mais le chaman le rassure : « Liston planque plein de bouteilles ici, et je sais où, alors on a de quoi voir venir... » Liston est interdit – le chaman n’était jamais venu ici… Nicholas s’empare d’une autre bouteille, et boit en grommelant. Danny demande au trappeur s’il n’y aurait pas quelque chose à manger, mais c’est Laughs At Darkness qui répond : « Ce coffre, et ce tonneau – plein de viande séchée, plutôt bonne ; oh, et, attrapez-moi un peu de ce tabac, dans le tiroir, là, j’ai besoin de fumer... » Danny est très gêné par cette désinvolture… Mais Liston se contente de hocher la tête : au point où ils en sont !

 

[IV-5 : Beatrice, Lozen, Nicholas : Laughs At Darkness] Mais, au fil de la discussion, Beatrice comprend vite que Lozen, qui arrive tout juste, n’est absolument pas au courant de la situation dans la région… Elle n’a pas croisé un seul mort-vivant ? Non… Seulement ces tornades de sable rouge… À la mention de ce phénomène, tout le monde se tourne vers Nicholas – qui se contente de boire. Et il est venu en aide à une Indienne ? Eh bien, oui… et elle le remercie, publiquement cette fois. Mais elle ne comprend pas bien ce qui se passe ici – et ce que Laughs At Darkness a à faire avec ces Blancs. Mais on lui explique la situation…

 

[IV-6 : Lozen, Danny, Beatrice : Laughs At Darkness : Tacheene, Grey Bear, Rafaela Venegas de la Tore] … et le vieux chaman, après avoir lâché un énorme rot, veut bien qu’on discute de son rôle dans tout ça. Oui, plusieurs pouvoirs s’affrontent, ici – ou du moins c’est ce qu’ils croient ; car ils sont en fait tous au service du Manitou, sans le savoir. Le vrai combat oppose les Manitous et les Esprits de la Nature – comme toujours… Qui ça ? « L’Esprit de la Nature, c’est Tacheene. » Celui qui protégeait le coin… Laughs At Darkness est un vieux chaman – il avait un lien direct avec Tacheene. Mais les choses ont mal tourné : un Manitou, bien sûr, qui a trouvé des sbires pour terrifier la région et se nourrir de cette peur… Le vieux chaman se tourne vers sa consœur Lozen : elle voyage auprès des diverses tribus de son peuple ? Il y en a... « un autre », qui le fait… comme elle le sait très bien. Oui, ce « voyageur » est passé ici, bien avant elle : il a séduit Grey Bear, « celui que pendant des années j’avais cru être mon loyal et fidèle apprenti »… Celui, pourtant, qui a monté une cabale pour faire bannir Laughs At Darkness, il y a de cela une quinzaine d'années. Il a fait bien pire : il a trouvé comment asservir Tacheene à la volonté du Manitou, qui a fait usage de ses pouvoirs pour ravager la région – et, accessoirement, il a rompu le lien entre Laughs At Darkness et Tacheene : le chaman, depuis, a perdu l’essentiel de ses pouvoirs. Danny et Beatrice ne s’intéressent pas plus que ça à ces vieilles histoires – la huckster, à vrai dire, se moque aussi de Crimson Bay, elle veut seulement sauver Rafie... Ce qui convient très bien au chaman : ils devraient pouvoir trouver un terrain d’entente de toute façon ? Certes, il a davantage d’ambitions – faire le bien, ce genre de choses… Bah ! Peu importe. La première étape, de toute façon, c’est de lui rendre ses pouvoirs – pour cela, il faut libérer Tacheene. Après, il faudra s’en prendre aux serviteurs du Manitou, et au Manitou lui-même. Ce qui ne se fera pas en claquant des doigts… Tout le secours nécessaire devra être engagé – et donc, d’abord, Tacheene. Sa prison se trouve dans les montages – à un bon jour de marche d’ici… Danny manque s’étouffer en avalant du whisky : le temps presse, à la blanchisserie ils ne tiendront pas bien longtemps ! Pas le choix : il leur faut se rendre à San Lorenzo Point, une mine – ou une tentative de mine, qui n’a pas fait long feu… Mais c'était quelque chose de bien différent à l’origine : la grotte sacrée où Laughs At Darkness conduisait ses rituels, avec Tacheene... Danny se lève aussitôt et se met à préparer des affaires pour leur voyage ; il s’excuse auprès de Jeff Liston, il leur faut ponctionner ses réserves, mais ça ne dérange pas le trappeur – qui boit les paroles du vieux chaman (en même temps que du mauvais whisky). Laughs At Darkness se lève enfin, et, après avoir lâché un énorme pet : « Alors, on y va ? »

 

V : FAIRE CONNAISSANCE AU COIN DU FEU

 

[V-1 : Lozen, Nicholas : Laughs At Darkness] Les PJ, guidés par Laughs At Darkness, prennent la direction du sud-est, dans les montagnes – pas très loin des limites du Grand Labyrinthe, un peu au-delà de la ligne de la Iron Dragon entre Portland et Shan Fan. Ils sont partis en milieu d’après-midi, et marchent tant qu’ils ont de la lumière (le cheval de Lozen porte de l’équipement – et, au moins dans un premier temps, un Nicholas complètement bourré). Mais ils sont bien contraints, alors, d’établir le campement pour la nuit.

 

[V-2 : Beatrice, Lozen : Victorio] Beatrice entend profiter de cet arrêt pour faire connaissance avec Lozen. La huckster, volubile, parvient à mettre la chamane en confiance – au point où elle ne rechigne guère à parler de ses sentiments pour l’homme qu’elle estime le plus au monde : son propre frère, Victorio… Il l’avait impliquée dans les combats de la tribu, et la soutenait dans tout ce qu’elle entreprenait. Mais, lors d’une bataille, sur le point d’être capturé par les Blancs, il a préféré se suicider. Lozen n’a jamais aimé personne comme Victorio.

 

[V-3 : Beatrice, Lozen : Victorio, Tacheene] Beatrice est touchée par le récit de Lozen – et par sa confiance : elle ne s’attendait certainement pas à ce que la chamane livre des choses aussi intimes… En fait, le sort des Indiens ne la laisse pas indifférente : elle admire leur liberté. Elle a vécu dans une ville fortifiée… assaillie par des Indiens, à vrai dire. Mais qu’importe, pour la huckster : blancs ou indiens, les hommes sont tous les mêmes ! Elle l’a constaté, là-bas… Depuis, comme la chamane, elle voyage, sans cesse – peut-être trouvera-t-elle un jour un endroit où s’installer, et où elle vivrait de ses propres moyens… À vrai dire, franche du collier, elle dit à Lozen que la mort de Victorio, tragique sans doute, a pu contribuer à la libérer ? L’Indienne ressent surtout son manque – mais il est mort en héros, au service d’une noble cause… Bah ! L’héroïsme et les nobles causes, très peu pour Beatrice – qui trouve ça « stupide ». Lozen demeure diplomate, mais la remarque de la huckster l’a probablement vexée. Elle n’est pas « soumise » à quoi que ce soit – sinon aux Esprits de la Nature. Mais Beatrice lui rappelle qu’ici et maintenant, ce sont les Manitous qui règnent. La chamane décrit l’asservissement de Tacheene comme un enfer ? L’enfer, oui, ils sont en plein dedans…

 

[V-4 : Laughs At Darkness] La nuit se passe bien – des tours de garde ont été organisés, mais aucune menace ne plane sur le camp. Ils se lèvent tôt pour reprendre leur route – ils doivent gagner au plus tôt la mine de San Lorenzo Point. Laughs At Darkness continue de les guider, dans les forêts et les contreforts des montagnes ; ils ont bien dix heures de marches à accomplir...

 

 

VI : MAUVAISE MINE

 

[VI-1 : Nicholas : Laughs At Darkness ; Fedor] Les PJ finissent par arriver à destination – d’abord le minuscule hameau de San Lorenzo Point, construit à la hâte par la Parker and Sons Mining Company, en quête de roche fantôme, et déserté plus vite encore si c’est possible, le filon ne s’avérant pas assez rentable. La mine se trouve quelques centaines de mètres plus loin et plus haut – on y accède par des corniches relativement étroites ; des travaux avaient été engagés pour charrier le minerai extrait de la mine, mais ils ne sont pas allés bien loin, et le manque d’entretien leur a fait du tort. Laughs At Darkness sait-il à quoi s’attendre ? Peut-être… Fedor, le type qui a réveillé ces hordes de morts-vivants ? Le chaman n’en était pas certain au départ, mais il est maintenant convaincu qu’il est passé par là ; c’est un lieu de pouvoir… et il y a des traces, indiscernables pour qui n’est pas suffisamment avancé dans la connaissance des arcanes. Nicholas fouine quoi qu’il en soit dans le hameau – pas grand-chose à signaler, si ce n’est du matériel pour la mine qu’il aurait été trop coûteux de rapatrier, et des pioches et des pelles à foison ; non, pas de dynamite… Des lampes, par contre, avec un peu d’huile – ce sera indispensable à l’intérieur de la mine.

 

[VI-2 : Danny, Warren] Les PJ gagnent les hauteurs – la mine à proprement parler. Y accéder n’est pas si évident, mais ils y parviennent. À peine arrivés à la double entrée dans la falaise, ils entendent une voix faible, en provenance de l’intérieur, qui appelle à l’aide… Danny fonce aussitôt dans l’obscurité, les autres se montrant plus prudents – sauf Warren, à vrai dire, mais c’est qu’il ne prête pas attention aux appels au secours : il examine minutieusement la mine, les étais, les filons vite épuisés de roche fantôme… Mais Danny parvient à situer la provenance des gémissements – un boyau vers le nord-est. Il s’y rend aussitôt, et appelle les autres : il est tombé sur un corps, d’un homme noir, baignant dans une flaque de sang ; il s’est même demandé s’il ne s’agissait pas d’un cadavre, le corps étant immobile, mais, au bout de quelque temps, il est agité de soubresauts, et appelle à l’aide, d’une voix très faible…

 

[VI-3 : Lozen, Danny, Nicholas, Beatrice, Warren : Cordell ; Fedor] Lozen rejoint Danny ; elle se penche aussitôt sur le corps, et essaye d’examiner ses blessures… mais il y en a tant que toute tentative de soins serait vaine. Nicholas suit, l’arme en main, puis Beatrice – qui reconnaît Cordell, le chef de la communauté des anciens esclaves. Danny lui donne à boire – de l’alcool, « ça guérit tout ». Beatrice va chercher Warren – mieux vaut ne pas se séparer dans ces conditions… Un examen plus approfondi de la part de Lozen révèle que Cordell a perdu beaucoup de sang, à cause de nombreuses griffures partout sur son corps. Danny lui demande ce qui s’est passé ; Cordell parvient à ouvrir les yeux et à les poser sur le bagarreur – mais si celui-ci met en avant que ses amis et lui avaient aidé les anciens esclaves à la communauté, Cordell, lui, ne retient qu’une chose : « Z’étiez avec le shérif... » Mais peu importe : de toute façon, Fedor n’est plus là – il continuera de venger les anciens esclaves… Danny ne comprend rien à ce qu’il raconte. Mais Cordell explique, à grand peine, qu’il avait suivi Fedor ici ; ça devait être une bonne planque… C’était la pire de toutes. « On a été… trop généreux… On… a entendu… les... appels à l’aide… Comme vous avez entendu les miens, ah… Tombés dans le même panneau… Un appât... » Danny se redresse aussitôt et scrute les environs – Nicholas de même ; le sixième sens de ce dernier, dont dispose également Lozen, lui permet de repérer du mouvement dans un boyau prenant la direction du sud. Danny hurle pour que Beatrice et Warren fassent attention… mais n’est-ce pas trop tard ? Un colossal loup-garou déboule dans la salle !

 

[VI-4 : Lozen, Beatrice, Danny, Nicholas, Warren] Par chance, l’étroitesse des boyaux joue contre le loup-garou… mais il demeure un adversaire redoutable. Lozen fait les frais de son premier assaut – qui l’envoie voltiger contre une paroi ! Beatrice se rapproche du combat, en augmentant magiquement sa Compétence de Tir. Danny écarte Lozen pour atteindre le loup-garou – mais le secoue à peine. Nicholas vise la tête – et touche ! Une partie du crâne de la créature explose… mais se régénère aussitôt ; le faux prêtre hurle aux autres de s’enfuir ! Un nouveau coup de gourdin de Danny ne produit pas davantage de résultats… mais la riposte du loup-garou se contente de le secouer. Nicholas tire à nouveau, et fait de lourds dégâts, mais la régénération vient à nouveau les annuler immédiatement. Lozen et lui connaissent les légendes sur les loups-garous – il faut de l’argent, ou de la magie, pour les abattre… Mais Beatrice veut au moins gagner du temps – et en donner aux autres : elle vide son chargeur sur le monstre… qui est réduit à l’état de charpie ! Mais le processus de régénération débute aussitôt – il prendra cependant davantage de temps, vu l’état dans lequel se trouve le loup-garou ! Cela leur ménage quelques précieuses secondes pour s’enfuir… ou pour tenter des choses bizarres ? Warren a la vieille montre en argent de son père… À l’aide de son bras mécanique Roselyne, il l’enfonce dans le corps en charpie du loup-garou ; il sait que cela ne suffira pas – mais en y ajoutant des éclairs de son autre bras, Hippolyte ? Ça marche ! La montre a interrompu le processus de régénération, et les éclairs ont pu faire suffisamment de dégâts pour que ce processus ne reprenne jamais…

 

[VI-5 : Danny : Laughs At Darkness ; Cordell] Laughs At Darkness, qui avait pris son temps, les rejoint une fois le loup-garou vaincu – Cordell est mort le temps qu'il arrive. Danny furieux roue le cadavre de coups, ce qui n’y change rien, mais ça le défoule : il considère maintenant Cordell comme un sinon le responsable de l’invasion de zombies… Mais le veux chaman indien a d’autres préoccupations ; sans s’intéresser le moins du monde à ce qu’ont vécu les PJ, il se contente de leur indiquer un boyau, vers le sud : « C’est par là. » Et il s’y engage…

 

À suivre...

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (12)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (12)

Douzième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

Les inspirations essentielles se trouvent dans la campagne Stone Cold Dead et le scénario Coffin Rock, retravaillés de manière plus personnelle.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez également l’enregistrement de la séance dans la vidéo ci-dessous.

I : RIEN N’ENTRAVERA LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

 

[I-1 : Danny, Warren, Beatrice, Nicholas : Josh Newcombe] Danny et Warren ont gagné le refuge d’un toit, à proximité des bureaux du Crimson Post, le journal de Josh Newcombe, qui sont entourés par des zombies perplexes – qui savent qu’il y a de la « viande » à l’intérieur, mais ne sont pourtant pas en mesure de s’en repaître : pour une raison inconnue, les morts-vivants ne peuvent pas s’en prendre au journaliste. Beatrice et Nicholas, de leur côté, ont préféré rester en dehors du périmètre de la ville de Crimson Bay, et surveillent la situation depuis les collines boisées environnantes. Danny s’assure à la cheminée avec une corde, et saute sur un bâtiment à proximité, en face de l’imprimerie ; il se rattrape à une fenêtre un étage en dessous – et a le temps de voir que des zombies rôdent dans le bâtiment ; mais il se reprend vite, et grimpe aussitôt sur le toit, avec une grande aisance ; il accroche sa corde à une autre cheminée, ce qui permet à Warren de traverser pour le rejoindre sur le nouveau bâtiment.

 

[I-2 : Danny, Warren : Josh Newcombe ; Russell Drent] Ils se trouvent maintenant en face de la porte arrière des bureaux du Crimson Post – une porte plus large que les autres, car destinée à accueillir les livraisons de papier pour l’imprimerie. Cette porte est ouverte en grand, aussi Danny et Warren peuvent-ils constater que des zombies errent à l’intérieur du bâtiment. Danny ne voit pas Josh Newcombe, mais le hèle à tout hasard : « Oui ? Mais c’est Mr Cody ! Oh, et en compagnie de ce bon Mr Huntington ? » Danny explique que le savant fou est venu chercher son journal… Newcombe va de ce pas lui chercher ça – il avait parcouru toute la ville à sa recherche, mais sans succès… Il retourne à l’intérieur de l’imprimerie, sans que les morts-vivants autour de lui ne réagissent de quelque manière que ce soit, et en ressort bientôt avec deux éditions spéciales – oui, deux ! C’est qu’il se passe pas mal de choses en ce moment… Mais Danny aimerait aussi s’entretenir avec lui – même si le journaliste a du travail, une autre édition spéciale en vue… Newcombe est récalcitrant, mais Danny le convainc du moins de monter à l’étage du bâtiment où Warren et lui se sont réfugiés – suivi par quelques zombies, le journaliste peut leur tendre les deux éditions spéciales ; mais Warren n’a de toute façon aucune envie de les lire, et Danny n’en est pas capable… Ce dernier prend cependant le temps d’échanger quelques mots avec Newcombe – qui semble révérer le shérif Russell Drent, et ne pas douter le moins du monde que cet homme à poigne et béni du Seigneur saura rétablir l’ordre dans Crimson Bay ; qu’importe les dénégations de Danny, qui soutient que le shérif ne compte rien faire pour sauver les gens dans la blanchisserie... De toute façon, Newcombe publiera sous peu une édition spéciale consacrée à une interview du shérif, qui démontrera sans l’ombre d’un doute que Drent est un homme bon, mieux, admirable ! Bien sûr, il ne révélera rien du contenu de cette interview avant parution. Quant au fait que les morts-vivants ne s’en prennent pas à lui, il suppose que cela tient à la protection divine : « Il n’y a pas d’autre explication rationnelle. » Le programme du shérif portant sur la Nouvelle Alliance va dans ce sens : il a été mis à l’épreuve, et a démontré sa valeur. « Ses stigmates sont impressionnants, n’est-ce pas ? » Danny souscrit un abonnement, et Josh Newcombe l’assure qu’il fera de son mieux pour lui livrer ses éditions spéciales ; d’ici-là, il retourne à son travail : « Quelle activité, mazette, quelle activité ! »

 

[I-3 : Danny, Warren : Beatrice, Nicholas] Danny et Warren ne s’attardent pas. Le savant fou utilise la corde pour traverser à nouveau vers l’autre toit, tandis que le bagarreur, désireux de conserver sa corde, reproduit ensuite la même manœuvre de saut – mais avec davantage de difficultés : il ne parvient pas à s’agripper et s’étale par terre ! Le choc est douloureux, mais le courage éthylique de Danny lui permet de reprendre sur lui et d’escalader la façade pour retourner à la sécurité du toit. Il leur faut maintenant rejoindre les autres au-delà des limites de la ville ; Warren use d’un des feux d’artifice qui lui restaient pour attirer les zombies dans une autre direction. Cela leur permet de regagner le niveau de la rue, où les morts-vivants sont plus clairsemés – il en reste, cependant, qui les repèrent… et ils sont bientôt assez nombreux, qui les suivent tandis qu’ils fuient en courant – en direction du cimetière, au nord-est de la ville : Danny ne veut pas attirer les zombies dans la direction de Beatrice et Nicholas, qui n’interviennent pas, et fait de grands gestes pour qu’ils le suivent lui plutôt que Warren, lequel peut ainsi rejoindre leurs camarades. Ils entreprennent de remonter discrètement vers le nord. Les zombies sont tenaces derrière Danny, ils ne connaissent pas la fatigue, mais leur lenteur est telle qu’ils sont enfin contraints de lâcher l’affaire, pour la simple raison qu’ils ne voient plus leur proie. Les PJ se retrouvent dans les bois, un peu avant le cimetière.

 

[I-4 : Nicholas, Beatrice : Josh Newcombe] Ils sont maintenant dans une relative sécurité – et jugent qu’il est temps de lire les éditions spéciales de Josh Newcombe ; Nicholas lit la première, et tend la seconde à Beatrice

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (12)

Un Régime Alimentaire Répugnant !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

Parmi les nombreux signes de ce que le Jour du Jugement est imminent, l’honnête homme attentif aux errements de ses contemporains ne manquera pas de relever combien la notion même d’alimentation a été pervertie.

 

Songez à ces pauvres gens, qui espèrent encore survivre à l’Apocalypse en s’entassant dans quelque entreprise asiate aux motivations aussi douteuses que ses financements ! Or les mœurs culinaires étranges de ces Orientaux Suspects menacent de déteindre sur ces moutons égarés…

 

Ainsi qu’il a été maintes fois rapporté par tant d’observateurs au-dessus de tout soupçon, de fait, les Jaunes, en période de crise, n’hésitent guère à recourir à la consommation de chair humaine – le cannibalisme est pour ainsi dire une institution à la cour du Mikado, et les mousmés si lubriques ne sont pas les dernières à se repaître de la chair de leurs semblables. Les chiens, les chats… Tant de mets déjà horribles, dont ils se régalent quand tout est prospère ! Qui s’étonnera donc de ce qu’ils s’abaissent à consommer le Réceptacle de l’Âme Immortelle de l’Homme quand les temps deviennent difficiles…

 

Un de nos informateurs, dont nous tairons le nom afin d’assurer sa protection, a ainsi surpris dans l’Usine Honteuse un Colloque Secret entre l’Infâme Tchouang Tchi Tchu et le Terrible Kung Keng Tzu Mi, Maîtres Secrets des Triades de Crimson Bay, et héritiers des Vils Secrets de Tchambahllha et d’Agghartha. Ces deux Criminels comptaient persuader, par de suaves paroles, les innocents bons Chrétiens captifs de cette Blanchisserie de l’Enfer, de se nourrir des cadavres de leurs regrettés parents. Quelle insolence ! Quelle vilenie ! La « Force Majeure », disent-ils ? Plutôt la Perversion inhérente à ces Êtres Maudits au teint de Prune !

 

Car ils ne comptent certes pas s’en tenir là – leurs rituels shintoïstes et tayhoïstes impies suivront, qui métamorphoseront leurs pauvres victimes en ces Êtres Hirsutes et Sauvages que les Peaux-Rouges, guère moins Sauvages il est vrai, appellent les Gwendigüs !

 

Cela ne doit pas être ! Les habitants de Crimson Bay doivent résister à cette Tentation Funeste et Orientalement Démoniaque !

 

Aussi suggérons-nous à Nos Aimables Lecteurs d’apaiser leur faim au travers d’un régime alimentaire plus sensé et respectueux de l’intégrité physique de chacun. En pareille situation, il apparaît clair que la consommation de légumes verts et de fruits frais s’impose comme l’unique garantie d’une santé rayonnante.

 

Nous attirons tout spécialement l’attention de Nos Aimables Lecteurs sur les vertus des Brocolis – un vrai mets citoyen, nutritif et pas moins délicieux.

 

Résistez à l’emprise alimentaire étrangère ! Mangez américain, et non des Américains !

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

 

[I-5 : Beatrice] De son côté, Beatrice lit la seconde édition spéciale…

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (12)

Ceux qui Rient dans les Ténèbres

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

Nos Aimables Lecteurs ne seront pas surpris d’apprendre qu’en ces temps difficiles, il se trouve des Êtres Immondes pour se réjouir de la misère des Bons Chrétiens…

 

Ainsi, bien sûr, de cet infâme « Homme du Cimetière », dont il nous est arrivé de parler dans nos colonnes (éditions spéciales du 3 janvier, du 25 février, du 5 mai, du 3 août, du 15 septembre, du 29 décembre 1879, et du 5 janvier, du 3 février, du 4 mars, du 23 avril, du 4 mai, du 6 mai, du 7 mai, du 24 mai, du 30 juillet, du 14 août, du 21 août et du 13 septembre 1880). Il ne pouvait rester en paix tandis que le Chaos déferlait sur Crimson Bay… Le Mort qui Marche, et comment pourrait-il ne pas être lié à la soudaine réapparition de tant de Nos Chers Disparus dans nos bonnes rues de Crimson Bay, le Mort qui Marche, disais-je, fait à nouveau des siennes, et menace de par sa simple présence l’intégrité de Nos Aimables Lecteurs. Nous ne saurions trop leur conseiller, dès lors, d’éviter de se promener dans les abords du cimetière – au charme bucolique certes fort appréciable, mais la sécurité passe avant tout.

 

Ceci d’autant plus que l’Homme du Cimetière, selon nos sources, aurait ouvertement pactisé avec les Démons des Peaux-Rouges ! Qui s’en étonnera, là encore ? Certainement pas quiconque a, dans ses cauchemars les plus moites, aperçu ne serait-ce qu’un bref instant le Hideux Faciès de ce Shamane Cruel, qui Rit dans les Ténèbres…

 

Prenez donc vos précautions, aimables lecteurs. En cette triste époque, les collines boisées qui environnent Crimson Bay ne sont hélas guère propices aux pique-niques en famille…

 

De notre envoyé spécial, Josh Newcombe

 

[I-6 : Warren, Danny, Beatrice : Josh Newcombe] La bigoterie haineuse de Josh Newcombe met les PJ quelque peu mal à l’aise… Warren le méprise depuis un bon bout de temps, le personnage l’a extrêmement déçu. Mais peut-être y a-t-il pourtant, disséminées dans ces élucubrations bornées et mensongères, des choses éventuellement utiles ? Il divague beaucoup, mais semble pourtant savoir certaines choses – peut-être a-t-il déjà vécu ce genre d'événements ? Danny se demande même s’il n’en serait pas le responsable… Sans aller jusque-là, Beatrice fait part de ce que l’accointance du journaliste avec le shérif Russell Drent ne lui inspire vraiment pas confiance. En même temps, Danny relève qu’ils sont tout près du cimetière, et suppose qu’il pourrait être utile d’y jeter un œil… La huckster l’approuve : elle serait curieuse de rencontrer ce Mort qui Marche !

 

II : REPOSE EN GUERRE

 

[II-1 : Beatrice : Mortimer Stelias, Gamblin’ Joe Wallace] Effectivement, le cimetière est tout proche. Ils y avaient jeté un œil de loin en se rendant aux bureaux du Crimson Post : pas de mouvement, mais des signes de passage. La plupart des croix sont en bois, mais deux gros caveaux en pierre se situent aux extrémités ouest et est du cimetière ; celui situé à l’ouest est une sorte de tombe commune, mais l’autre semble au plus familial, éventuellement individuel. Les tombes ont toutes été retournées – ou, plus exactement, elles sont ouvertes, car des morts s’en sont extraits… Le muret entourant le cimetière a souffert çà et là, et la grille de l’entrée a été défoncée. Les PJ s’avancent en direction du caveau à l’est du cimetière ; il y a une grille à l’entrée, à taille humaine, qui est ouverte – et permet d’apercevoir un cercueil ouvert également. Le nom du défunt se lit aisément : Mortimer Stelias, l’ancien propriétaire foncier de la région, celui qui a fait venir Gamblin’ Joe Wallace et a donné de ses terres à la communauté des anciens esclaves. Beatrice, qui n’en est plus à ça près, toque à la grille en disant : « Y a quelqu’un ? » Pas de réponse venant de l’intérieur – mais, à la lisière est du cimetière, on entend des bruits dans les fourrés…

 

[II-2 : Warren, Beatrice : Jon Brims ; Mortimer Stelias, Russell Drent] … et bientôt la voix de Jon Brims, le huckster reconverti en croque-morts – dont ils savaient qu’il était un ami de Stelias. Il sort des buissons, et salue les PJ, Warren notamment, qui ont mis le temps à venir… Mais il n’a pas de reproches à leur faire – lui qui a fui sans attendre ; il s’est montré… faible. Il aurait peut-être pu faire quelque chose, mais n’a pas voulu s’impliquer… Il ne « joue plus aux cartes » depuis qu’il s’est installé à Crimson Bay, mais... Eux, par contre, l’ont cherché, ils se sont inquiétés pour lui – et, chez lui, ils ont mis la main sur son journal et son exemplaire du Livre des Jeux de Hoyle. Warren lui rend aussitôt son journal, et Beatrice le livre. Il aurait pu partir avec… Peut-être les a-t-il laissés pour qu’on les trouve, sans bien en être conscient ? Ils échangent sur leurs expériences de ces derniers jours, et font le point sur la situation. Puis Brims confesse ne pas se trouver là par hasard ; non, il ne connaît pas le nom du démon qui loge dans le corps de Russell Drent… Mais il connaît... quelqu’un... qui en sait davantage, et mieux vaut qu’il leur parle directement. Beatrice sourit : « Mr Stelias est ici ? » Tout à fait – mais mieux valait l’introduire, pour refréner les ardeurs des accros de la gâchette…

 

[II-3 : Danny, Nicholas, Beatrice, Warren : Jon Brims, Mortimer Stelias ; Shane Aterton, Glenn Cabott] En effet, là où était apparu Jon Brims, les PJ distinguent maintenant la silhouette immédiatement reconnaissable du Déterré qu’ils avaient croisé aux environs de la résidence de Shane Aterton, et qui avait… « aspiré » l’âme de Glenn Cabott ? Instinctivement, Danny recule tandis que le nouveau venu les dévisage lentement, sans un mot ; Nicholas, lui, dégaine aussitôt ses armes et les pointe sur le DéterréBeatrice et Warren se positionnent aussitôt de façon à empêcher le faux prêtre de commettre une bêtise ! Brims fait les présentations ; il sait bien que l’apparence de son ami a de quoi faire peur, mais il les en prie : s’ils lui ont jamais accordé confiance, Warren notamment, qu’ils le croient : Stelias est de leur camp, « c’est un "gentil" dans toute cette affaire ». Danny approche – mais Nicholas n’y croit pas. Stelias s’avance vers le pistolero, très nerveux, et qui refuse d’écouter les injonctions du bagarreur, qui lui dit de déposer ses armes. « Il a quelques préjugés... » Le Déterré trouve ça bien compréhensible ; mais il s’adresse à Nicholas, qui ressasse la scène où Stelias a aspiré l’âme de Cabott : « Je n’ai pas choisi ma condition. Je n’ai pas choisi de revenir. On m’a fait revenir – pour me torturer. Voyez-vous… Je me targuais d’être un homme bon. Il faut croire que je n’étais pas le seul à avoir cette impression. On m’a fait revenir pour me dégrader. Par chance, cela ne s’est pas produit pour l’heure. » Brims prend son relais : un Manitou l’a fait revenir, oui, mais il est parvenu à le subjuguer ; Stelias est honnête, respectable : « Je ne prétendrais pas qu’il est inoffensif, car c’est probablement l’homme le plus dangereux que j’ai jamais connu ; mais il ne vous veut pas de mal. »

 

[II-4 : Nicholas, Beatrice : Mortimer Stelias ; Russell Drent, Mr Chow, Laughs At Darkness, Rafaela Venegas de la Tore, Fedor, Josh Newcombe] Nicholas ne comprend rien à ces histoires de « Manitous » ; c’est que la religion qu’il professe (ou feint de professer ?) ne les connaît pas – ou pas sous ce nom. Stelias explique que les Indiens désignent ainsi des esprits maléfiques qui se nourrissent de la peur : « Ils ont voulu faire de moi leur instrument, manière cruelle de narguer l’homme bon que j’étais, ou que je croyais être. » Beatrice lui demande si, dans ce cas, c’est un Manitou qui possède Drent – et c’est bien le cas ; en fait, c’est probablement celui qui commande, entre autres, le Manitou qui habite la carcasse du Déterré – oui, ils ont une hiérarchie. Il faut donc remonter jusqu’à lui. Peut-on le tuer ? « Vous ? J’en doute. Il est assez puissant. Cela implique de faire appel à des moyens surnaturels. » La huckster poursuit : Mr. Chow a avancé qu’il pourrait le vaincre – à la condition de connaître le nom du démon, ou plutôt du ManitouStelias connaît ce nom – mais n’a aucune confiance en le maître caché de Chinatown : mieux vaut chercher d’autres alliés. Auprès des Indiens, avance Beatrice ? Oui, c’est la meilleure chose à faire : « Il faut trouver Laughs At Darkness. Il a cherché à vous contacter. » Les visions de Rafie… « Oui. Lui non plus n’inspire pas confiance à vue d’œil. Pourtant… » Mais, avant que quiconque ne lui pose la question, non, Stelias ne peut pas s’en prendre lui-même à ce Manitou : « J’ai subjugué mon propre Manitou, mais il faut tout de même que je me tienne à distance, le risque est trop grand qu'il se réveille à cette proximité – et, croyez-moi, ce ne serait pas un risque seulement pour moi. C’est bien pour cela que je n’ai pas pu aller en ville lors des derniers événements. » Laughs At Darkness connaît le nom du Manitou – le Déterré préfère que ce soit lui qui le donne aux PJ – comme une garantie. Et concernant les morts-vivants ? Drent avançait que le responsable appartenait à la communauté des anciens esclaves… C’est pour partie vrai – mais c’est bien le Manitou qui est derrière tout ça, manipulant des pions qui croient se combattre quand en fait ils servent la même cause ; Drent, Fedor, Mr Chow, et quelques autres, qui n’ont absolument pas conscience de leur rôle dans cette affaire, comme Newcombe, bien sûr. Un bonhomme fanatique et bourré de préjugés… Mais le vrai problème est ailleurs : dans ses articles ! Généralement, on ne les prend pas au sérieux, et à bon droit ; cependant, ils ont la plupart un petit fond de vérité au milieu des bêtises, et quand ces « informations » semblent être confirmées, cela accroît la peur, et éventuellement son crédit, aussi l’article suivant fera-t-il encore plus peur et de moins en moins rire, etc. « Il croit sincèrement travailler pour Dieu, mais ça n’est certainement pas le cas. »

 

[II-5 : Nicholas : Mortimer Stelias ; Glenn Cabott] Nicholas reste nerveux – malgré l’attitude de ses camarades, il garde ses armes braquées sur le Déterré. Mais il est en même temps porté à interpréter les propos de Stelias selon une grille chrétienne – l’exorcisme, impliquant la connaissance du nom du démon, etc. Mais ses connaissances en la matière sont en fait très floues… Nicholas s’étonne aussi des raisons qui avaient amené Stelias en ville, au moment de la mort de Glenn Cabott : il était venu pour eux – pour juger de leurs capacités. Ils lui ont fait peur, d’ailleurs, avec leurs actions irréfléchies : « C’est ironique, n’est-ce pas ? » Même chose quand ils ont fait brûler l’église…

 

[II-6 : Beatrice, Nicholas : Mortimer Stelias ; Russell Drent, Rafaela Venegas de la Tore, Fedor] Mais Beatrice fait la remarque qu’ils manquent de temps – et d’options vraiment sûres. Elle se demande si Crimson Bay débarrassée des morts-vivants ne serait pas dans une situation encore pire, sous le contrôle de Russell Drent ou du Manitou qui habite son corps… Cependant, il y a des problèmes particulièrement pressants – et notamment ces « morts subites » qui frappent les habitants de Crimson Bay, y compris ceux qui se sont réfugiés à la blanchisserie. Ne peuvent-ils rien faire ? Si… « La cause est assez évidente, en fait : l’eau, bien sûr… » Ce n’est qu’alors que Nicholas se rappelle des pattes de poulets trouvées près des puits – qui ont bien été contaminés. Si les habitants de Crimson Bay cessent de boire cette eau (mais il faut alors trouver de quoi la remplacer), les « morts subites » cesseront. Purifier les puits, avec un élu, serait sans doute la chose à faire, à terme. Il faut communiquer cette information aux gens dans la blanchisserie – et notamment à Rafaela. Mais qu'en est-il, alors, du maître des zombies ? Pour Stelias, raisonner Fedor, au point où ils en sont, n'est hélas plus envisageable ; il le connaissait bien, le prêtre vaudou avait remisé de côté sa magie, et souhaité vivre en paix, avec un sincère désir de venir en aide aux siens – mais l’expédition à la communauté des anciens esclaves a ranimé la flamme, maintenant inextinguible. « Il me fait penser à moi, d’une certaine manière – à moi… ou plutôt à ce que je pourrais devenir si je perdais le contrôle. » Les PJ remercient Stelias pour ses précieuses informations – ils ont beaucoup de choses à faire.

III : UNE DERNIÈRE VIRÉE EN VILLE

 

[III-1 : Beatrice, Danny] Et, d’abord, il faut prévenir les réfugiés de la blanchisserie de ce que c’est l’eau qui provoque les « morts subites ». Les PJ contournent Crimson Bay, prenant soin de rester dans les collines boisées où les morts-vivants ne sont pas trop nombreux. L’idée est de laisser Beatrice seule gagner la blanchisserie en usant de son Sort de Téléportation ; Danny restera au cas où en soutien, non loin – la huckster prenant soin d’augmenter la Discrétion du bagarreur durant l’approche de la ville par le nord. La méthode, qui commence à être éprouvée, fonctionne très bien, et Beatrice peut ainsi se téléporter sur le toit de la boutique de la blanchisserie, où une trappe permet de pénétrer dans l’usine elle-même. Les gardes sont surpris de ne voir que Beatrice, mais ne font pas de remarque, et la laissent entrer.

 

[III-2 : Beatrice : Rafaela Venegas de la Tore ; Nicholas, Mr Chow, Josh Newcombe, Jon Brims] La première chose que fait Beatrice une fois à l’intérieur est de chercher où se trouve Rafie. L’élue a les traits marqués – cela fait plusieurs jours qu’elle se consacre presque en permanence au rituel de Sanctification de la blanchisserie. Les gardes aussi sont exténués – ils ne parviennent pas à tenir le rythme des « morts subites », même s’ils décapitent systématiquement ceux qui viennent à mourir. La population réfugiée est dans un état désespéré – mais c’est l’apathie qui domine, ou le fatalisme. Beatrice explique à son amie ce qui s’est produit depuis qu’ils ont quitté la blanchisserie – notamment le problème de l’eau ; en fait, Nicholas avait indiqué à Rafie les pattes de poulets à proximité des puits, et elle s’en veut terriblement de ne plus y avoir repensé depuis leur retour des sources, pendant la tempête ; elle culpabilise, à vrai dire… Ce n’est pas le moment : il faut trouver d’autres sources d’approvisionnement en eau – et plus tard, éventuellement, trouver comment purifier les puits. Rafie va en parler avec Mr Chow – qui n’est pas né de la dernière pluie, et ne manquera pas de demander à l’élue d’où vient cette soudaine illumination… La huckster préférerait ne pas mentionner le nom de Mortimer Stelias ; Rafie n’aura qu’à évoquer le bref retour de Beatrice – et s’il veut en savoir davantage, qu’elle dise que l’information vient de Josh Newcombe ! L’élue est sceptique : Chow ne croira jamais un truc pareil… Jon Brims, alors ? il a permis de recouper les informations ! Mais le bon sens devrait suffire à convaincre le maître de Chinatown. Beatrice ne s’attarde pas, et rejoint les autres en usant de sa Téléportation.

 

[III-3 : Beatrice, Danny : Gamblin’ Joe Wallace] Les PJ se retrouvent dans les collines au nord. Ils avaient évoqué l’idée de se rendre à l’usine de munitions de Gamblin’ Joe Wallace, plus loin au nord, au-delà des sources contaminées ; faire des provisions, avec tous ces zombies, pourrait être utile ! Cependant, les morts-vivants, en masse, environnent tout le grand bâtiment – ils sont bien trop nombreux, et l’usine à la fois trop massive et trop isolée par ailleurs, pour mettre en place un quelconque plan de diversion, ou user à nouveau de la Téléportation de Beatrice (qui consomme beaucoup de Points de Pouvoir, à force !) ; d’autant plus qu’ils ne peuvent pas identifier quelque accès que ce soit … Danny insiste, il cherche à envisager d’autres options, mais il est bien obligé d’admettre enfin qu’approcher davantage de l’usine de munitions serait suicidaire. Le plan est abandonné, et les PJ prennent la direction du point de rendez-vous que leur avait donné Jeff Liston – une petite cabane de pêcheur, sur un cap au nord-ouest de la ville ; ils s’y rendent à travers les collines et les bois, les zombies ne représentent pas une menace ici.

 

IV : COPAIN DES BOIS

 

[IV-1 : Nicholas, Beatrice : Jeff Liston] Identifier le point de rendez-vous n’est pas un problème, même pour quelqu’un qui ne connaît pas la région. La mer est toujours aussi démontée, mais ce petit cap demeure sûr. La cabane est une misérable bicoque qui prend l’eau, mais il apparaît clairement qu’elle a maintes fois servi de refuge, même si pas récemment a priori. Jeff Liston n’est pas là, les PJ vont l’attendre à l’intérieur – et se reposer, ils en ont bien besoin. Nicholas monte la garde, cependant – il a l’impression qu’on les observe, depuis la lisière de la forêt… Rien de très précis, mais la sensation est tenace. Il en prévient les autres à l’intérieur. Ils vont y jeter un œil de plus près ; le faux prêtre relève bien des traces – de mocassins, sans doute. « On est suivi par ces putains de Peaux-Rouges ! » Beatrice lui rappelle qu’ils sont justement censés aller à la rencontre de « ces putains de Peaux-Rouges », et que l’idée n’est certainement pas de les flinguer… Ils suivent cependant ces traces très légères – et déterminent qu’il y avait au moins deux individus. Au bout d’un moment, il y a des traces de chevaux, non ferrés, toutes fraîches ; mais elles disparaissent bientôt, en traversant une rivière dans un endroit par ailleurs davantage boisé.

 

[IV-2 : Nicholas, Danny, Beatrice : Jeff Liston] Mais Nicholas entend alors du bruit, venant de derrière eux, cette fois ; il n’est pas très inquiet, pour une fois – il suppose qu’il s’agit de Jeff Liston, et c’est bien le cas. Le tenancier du Red Bear se révèle pour le trappeur qu’il a au fond toujours été, avec l’équipement adéquat – mais il est bardé de plusieurs fusils de chasse, de cordes, etc. « Vous avez un peu d’avance », leur dit-il. Ils veulent aller à la rencontre des Red Suns ? Entendu – mais ils vont d’abord se rendre à la cabane de chasse qu’il a bâtie dans un vallon encaissé de la forêt, à quelques kilomètres d’ici : là-bas, ils pourront parler en toute sécurité. Jeff Liston constate que Nicholas est très nerveux, et encore moins sociable que d’habitude… Une petite blague du trappeur sur la foi du faux prêtre suffit pour que ce dernier sorte à nouveau ses armes et le braque ! Les autres interviennent, un peu las, mais Liston, pas le moins du monde intimidé, fait la moue : « Ça s'rait bien d'pas réagir comme ça avec les Red Suns, parce que z'allez vous prendre toute la tribu sur la gueule… J’croyais qu’z’étiez partis chercher des alliés, pas d'nouveaux ennemis ! » Danny lui apporte son soutien, et la situation se décrispe un peu… Mais Beatrice suggère que Nicholas reste dans la planque de Liston le temps qu’ils aillent parlementer avec les Indiens…

 

[IV-3 : Nicholas, Beatrice : Jeff Liston] Après trois ou quatre heures de marche, à travers les collines et les forêts, un terrain beau mais chaotique (et qui laisse supposer des hivers rigoureux), les PJ atteignent une sorte de petit vallon encaissé, plus sombre, et c’est là que se trouve la cabane de chasse de Jeff Liston. Rien à voir avec la cabane de pêcheur : c’est un endroit certes pas énorme, mais où on peut vivre dans un certain confort et en sécurité. Fatigués, ils prennent tous le temps de se reposer avant de partir à la rencontre des Red Suns. Nicholas va se plier à la suggestion de Beatrice, même si elle essaye une dernière fois de le raisonner, en vain : il va rester ici le temps que les autres trouvent les Indiens – qu’il ne porte vraiment pas dans son cœur, et l’idée de s’allier avec eux lui déplaît foncièrement…. Les trouver, par ailleurs, ne sera pas forcément si évident – à supposer même qu’il y ait encore quelque chose à trouver ! Les Red Suns sont nomades, et la forêt n’est pas l’endroit le plus indiqué pour suivre leur trace ; mais le trappeur a une vague idée de là où ils pourraient se trouver – vers le nord-est, à une distance plus que raisonnable de Crimson Bay. Ça sera au moins un point de départ…

 

V : ORDALIE SOUS UN SOLEIL DE SANG

 

[V-1 : Nicholas, Danny : Jeff Liston] Guidés par Jeff Liston, les PJ, à l’exception donc de Nicholas, s’enfoncent à nouveau dans la forêt. Le trappeur est compétent dans sa partie, ses intuitions s’avèrent fondées. Danny a régulièrement la sensation d’être épié, et, si Liston n’en fait pas état, il comprend qu’il s’en rend compte lui aussi. Le bagarreur suppose en fait qu’il y a une sorte de « pacte » entre le trappeur et les Indiens : il ne les interpellera pas, il faudra qu’il trouve le campement par ses propres moyens.

 

[V-2 : Jeff Liston, Lone Hawk] Et c’est bien ce qui se produit après cinq ou six heures de marche : le campement occupe la quasi-totalité d’une clairière – et il y règne une certaine agitation. Les Red Suns ne font rien pour empêcher les PJ de pénétrer dans le village. Mais, au centre du campement, toute la tribu ou presque est rassemblée en un cercle, à proximité du tipi un peu plus vaste que les autres dont ils supposent qu’il est celui du chef de la tribu – Liston leur a dit qu’il s’appelait Lone Hawk. [Et pas Proud Horse, comme dans l’enregistrement ; j’avais égaré mes notes, pardon…] Le trappeur est un peu inquiet, mais suppose qu’il leur faut bien approcher. Au centre du cercle se trouve un poteau, auquel est attaché un vieil Indien, assez petit, le profil aquilin et buriné, le regard plein de morgue. Lone Hawk est visiblement très en colère à son encontre… Liston ne sait pas assez de la langue des Red Suns pour savoir quel est au juste le problème, mais l’animosité est palpable.

 

[V-3 : Danny, Beatrice : Jeff Liston, Lone Hawk, Laughs At Darkness ; Grey Bear] On n’a pas prêté attention aux PJ – aussi Jeff Liston, après un certain temps, ose enfin se signaler à l’attention du chef Lone Hawk, qui se retourne vers eux, et les regarde furibond, avec également quelque chose de dédaigneux. Il les dévisage tous, puis s’adresse à Liston – dans un anglais relativement limité mais suffisant pour échanger. Leur venue n’est pas très propice – les Blancs de Crimson Bay sont à l’origine de l’assaut des morts-vivants, qui n’a pas épargné les Red Suns ! Danny l’avait déjà compris : de l’autre côté du campement, il a repéré des charniers… Beatrice et lui expliquent avec diplomatie et déférence qu’ils sont également des victimes de cette invasion ; et, à Crimson Bay, ils essayent, avec une amie restée sur place, de protéger les innocents… Ils aimeraient venir en aide aux Red Suns également. Lone Hawk est au mieux sceptique… Mais il a un autre coupable en tête : le vieil homme attaché au poteau, avec sa « mauvaise magie » ! Il l’identifie comme étant Laughs At Darkness – un chamane qui avait été banni depuis longtemps de la tribu des Red SunsGrey Bear, son successeur, l’avait pourtant dit : le bannissement n’était pas suffisant ! Lone Hawk regrette que ce dernier soit mort… mais il avait raison : Laughs At Darkness doit mourir ! Une vision le lui a confirmé… Beatrice constate que les jeunes braves manifestent violemment leur haine du vieux chaman – mais les membres de la tribu plus âgés sont davantage indécis, voire un peu gênés, mis mal à l’aise même, par la scène qui se déroule sous leurs yeux… même s’ils n’osent pas contredire leur chef. Beatrice avance que les visions sont parfois trompeuses… Lone Hawk rugit : « C’était une vision accordée par l’esprit Tacheene ! Tacheene ne ment pas ! » La huckster, diplomate, tourne la chose autrement : « Tacheene ne ment pas – mais ce sont les interprétations qui sont parfois biaisées. » Lone Hawk est stupéfait qu’une femme ose le reprendre… Mais Danny l’appuie : ils ont les mêmes intérêts, les mêmes ennemis. Beatrice ajoute que, plus il y a de morts, plus l’armée des morts grandit… Lone Hawk, même en colère, est un homme raisonnable ; sans vraiment le dire, il admet qu’il y a du vrai dans les paroles des visiteurs…

 

[V-4 : Flying Shadow, Jeff Liston, Lone Hawk, Laughs At Darkness ; Grey Bear, Raven] Mais sort alors des rangs un jeune Indien, visiblement un chaman – du nom de Flying Shadow, ainsi que Jeff Liston l’apprend à ses compagnons, précisant qu’il est le successeur de Grey Bear ; il s’était fait discret jusqu’alors, mais voir Lone Hawk flancher, ne serait-ce qu’un tout petit peu, l’incite à prendre la parole – dans la langue des Red Suns, les PJ n’y comprennent rien, mais comprennent sans peine que le nouvel intervenant alimente la colère de Lone Hawk à l’encontre de Laughs At Darkness. Liston n’est pas en mesure de traduire ses propos, mais le jeune chaman semble évoquer « la guerre de Raven », et le trappeur n’a aucune idée de ce que cela signifie.

 

[V-5 : Danny, Beatrice : Jeff Liston, Laughs At Darkness, Lone Hawk, Flying Shadow] Danny demande à Jeff Liston si les Red Suns n’auraient pas une tradition qu’ils pourraient utiliser pour sauver la vie de Laughs At Darkness. Liston hésite – mais suppose qu’une sorte de duel judiciaire pourrait faire l’affaire, s'il n'emploie pas ce terme : il faudrait que Danny se porte champion pour Laughs At Darkness, contre un champion de Lone Hawk... ou de Flying Shadow. C’est vraiment ce qu’il veut ? Or la discussion entre le chef indien et son jeune chaman est de plus en plus vive – puis ce dernier tourne le dos à son chef dans un geste plein de mépris, dégaine son tomahawk et s’avance vers Laughs At Darkness, dont le regard reste fier. Danny intervient : « C’est le moment, pas le choix ! » Le bagarreur se place entre le jeune chaman et son vieux prédécesseur, et Liston fait part de son défi à un Lone Hawk furieux… contre Flying Shadow. Ça se joue à peu de choses, mais le chef, visiblement désireux de rétablir son autorité, accède à la demande de Danny, et ordonne à Flying Shadow de choisir un champion ; le chaman a de la sorte les mains liées… Il désigne un jeune brave de la tribu – une vraie montagne ! Danny engloutit du whisky pour se mettre en condition… Discrètement, Beatrice offre d’user de sa Magie pour lui donner un avantage, mais Danny refuse – le risque serait trop grand qu’on le détecte… Vaincre ce brave est de toute façon dans ses cordes ! Tout le monde fait cercle autour d’eux ; ils ont droit à leurs armes, tomahawk pour le brave, gourdin pour le bagarreur. Tous deux échangent plusieurs passes, sans parvenir à percer la défense de l’adversaire ; Danny succombe bientôt à la frénésie, sans que cela ne lui confère vraiment d’avantage – le brave le nargue, mais sans se montrer plus efficace, et il est bientôt contraint de reculer et de se montrer plus prudent, après avoir été un tantinet secoué par un coup inattendu ; cependant, une maladresse du bagarreur lui permet enfin de lui asséner un violent coup à la tête… et Danny s’écroule !

 

[V-6 : Beatrice, Danny : Flying Shadow, Lone Hawk] Mais Beatrice intervient : elle n’en est pas tout à fait sûre, mais elle pense que Flying Shadow a fait exactement ce qu’elle avait envisagé de faire – le chaman a aidé magiquement son champion ! Avec un aplomb singulier, alors même que le brave triomphant semble s’apprêter à achever Danny, la huckster dénonce la tricherie à Lone Hawk et aux anciens. Est-ce cela, ce qu’ils appellent de la « bonne magie » ? Or le chef avait lui-même quelques doutes concernant le caractère loyal du combat… Il intervient pour empêcher le brave d’achever Danny – et sa colère à l’encontre de l’arrogant Flying Shadow le rend réceptif à la plainte de Beatrice

 

VI : MAUVAIS SOUVENIRS

 

[VI-1 : Nicholas : Jeff Liston] Pendant ce temps, dans la cabane de Jeff Liston, Nicholas ne tient pas en place – il fait plusieurs rondes dans les environs, à l’affût d’Indiens qui le surveilleraient… La sensation devient bientôt une conviction : oui, il y a quelque chose dans les bois alentours. Mais pas des Indiens – quelque chose d’autre… De bien pire… Il retourne à l’intérieur de la cabane, et barricade la porte d’entrée, ainsi que la fenêtre à côté ; il se pose sur une chaise à côté de la cheminée, et dégaine ses armes fétiches, le Père et le Fils. Bientôt, il y a des bruits dehors… Des pas ? Non, plutôt... le vent, mais un vent très particulier – le souffle s’accroît, qui réveille de mauvais souvenirs ; et, dans l’interstice en dessous de la porte, un vent de sable rouge s’insinue dans la cabane…

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (11)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (11)

Onzième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici.

 

Les inspirations essentielles se trouvent dans la campagne Stone Cold Dead et le scénario Coffin Rock, mais les événements de cette séance sont largement personnels.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez également l’enregistrement de la séance dans la vidéo ci-dessous.

I : LE POIDS DE SES FAUTES

 

[I-1 : Danny, Nicholas : Russell Drent] La posture christique de Russell Drent a quelque chose d’extatique. Les adjoints ne réagissent pas – c’est comme s’ils n’avaient pas conscience de ce phénomène pourtant à même de capter l’attention… Le shérif explique qu’il lui a fallu faire des sacrifices pour le bien commun – ce que Danny est plus à même de comprendre que le faux prêtre Nicholas (qui est très nerveux et s’agrippe à sa croix, Christina). Danny fait le benêt – il faudrait soigner le shérif, il perd tout de même beaucoup de sang… Mais il s’y refuse : « C’est le sang de la Nouvelle Alliance. De temps en temps il faut que le sang coule. Cela régénère les terres. » Mais il replie enfin ses bras, et lape le peu de sang qui gouttait encore de ses paumes.

 

[I-2 : Danny, Beatrice : Russell Drent] Le shérif se tourne à nouveau vers Danny : lui qui a exercé ses fonctions en temps de crise, a-t-il des suggestions à lui faire ? Oui – il faut se rendre à la blanchisserie avec les adjoints (ils sont une quinzaine) pour sauver les habitants de Crimson Bay qui s’y sont réfugiés. Mais Russell Drent dit trouver cela prématuré – il y a des centaines de morts-vivants entre le bureau du shérif et l’usine… Il faut patienter encore un peu. Danny insiste : ils n’ont pas assez de vivres pour deux jours ! Le shérif l’entend bien : « Vous connaissez cet Anglais qui parle de la "sélection naturelle" ? » Danny le regarde l’air perplexe… « C’est dans l’ordre des choses que les faibles périssent – ce qui laisse du champ aux forts. » Le bagarreur y réfléchit, et trouve cela affreux – et ils sont les représentants de la loi dans cette ville, ils ont pour tâche de protéger les faibles ! Beatrice ajoute que ce qui se produit en ville n’est pas très « naturel »… Le shérif l’admet – mais, dans ce cas, il faut prendre garde à ne pas aller à l’encontre des plans du Seigneur !

 

[I-3 : Beatrice, Danny : Russell Drent, Bill ; Fedor] Mais Beatrice demande alors à Drent, qui a cette relation si particulière avec Dieu, s’il sait qui est derrière l’invasion de morts-vivants. Il a son idée, oui : « Ce nègre, Fedor… C’est un nègre des îles, ils sont un peu différents de ceux du Sud. Ils ont cette religion étrange, le vaudou, je crois… Ils sont en lien avec des esprits maléfiques, des démons ! Qui leur permettent de réveiller les morts… » Naïvement, Danny en conclut : « C’est peut-être à cause de nous, alors. » Drent le croit ; mais il est toujours utile d’admettre ses erreurs. Sauf qu’ils ne parlent pas de la même chose : « Cela ne doit pas être facile d’avoir sur ses épaules le poids de toute cette responsabilité… Mais vous savez ce que vous avez fait, là-bas. » Le shérif insinue en fait que les PJ, en prévenant la communauté des anciens esclaves de l’expédition, ont permis à Fedor de s’enfuir avec les femmes et les enfants – c’est donc leur faute ! « C’est fâcheux, il aurait fallu l’abattre… » Danny hurle : « QUOI ?! » Il n’en revient pas. Mais Drent, d’un calme olympien, n’en démord pas – poliment, aimablement, il accuse le bagarreur et ses amis d’être les responsables de la mort de dizaines, peut-être de centaines d’habitants de Crimson Bay

 

[I-4 : Danny, Beatrice, Warren, Nicholas : Bill, Russell Drent ; Tom Jenkins, Jeff Liston] Les adjoints ne réagissent toujours pas. Danny fait appel à eux, mais ils l’ignorent. Qu’est-ce que Drent leur a fait ? Bill est là, la goutte au front, la mâchoire crispée, mais il ne dit rien. Il retient visiblement des sanglots. Il balbutie, puis finit par dire et répéter : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! » D’autres adjoints reprennent ses paroles, plus sèchement. Drent, lui, engage les PJ à se mettre au travail – à sortir d’ici, donc. Quant aux réfugiés de la blanchisserie… Le shérif ne pense pas agir avant au moins trois ou quatre jours : « À raison de, disons, trente ou quarante morts par jour… Oui, voilà, quatre jours, ce sera de suite beaucoup plus raisonnable. » Danny est furieux – qu’il lui confie du moins quelques adjoints, deux ou trois ! Le shérif refuse : « Un peu de patience ; quatre jours, ce n’est pas grand-chose… » Beatrice, Warren et Nicholas ont compris le message : Drent les met dehors, avec tous les zombies qui rodent… Mais ils y sont prêts – le savant fou aimerait jeter un œil à l’atelier de Tom Jenkins pour récupérer des outils et du matériel, la huckster compte se réfugier chez Jeff Liston. Mais Danny s’obstine : il s’adresse à Bill, qui a l’air de résister au contrôle de Russell Drent – lui au moins pourrait le suivre ! Mais le vieil adjoint, secoué par des spasmes, marmonne désespérément entre ses dents serrées : « La Nouvelle Alliance ! La Nouvelle Alliance ! » Danny insiste – avec Bill, ils vont boire un verre au Red Bear… Mais Bill dégaine son Colt, l’amène contre sa tempe et fait feu. Contemplant le cadavre du suicidé, Drent dit d’un air navré : « Encore une mort tragique dont vous devrez porter la responsabilité… » Danny furieux suit ses camarades dehors – tandis que les adjoints qui restaient sous l’auvent, à disperser les zombies un peu trop téméraires, retournent à l’intérieur du bureau : où qu’ils aillent, les PJ seront seuls avec les morts-vivants.

 

II : L’OURS DANS SA TANIÈRE

 

[II-1 : Nicholas, Danny, Beatrice, Warren : Jeff Liston] Les PJ partent donc vers l’ouest – dans la direction du Red Bear, en espérant que leur ami Jeff Liston est toujours de ce monde. Mais nombre de zombies sont sur leur chemin… sans parler de ceux qui les suivent, maintenant que les adjoints ne s’en occupent plus ! Il y a plusieurs centaines de mètres à parcourir dans ces conditions… Et il va falloir faire vite ! Le périple est compliqué par la masse toujours renouvelée des assaillants – Nicholas, qui prend un peu de retard, est rapidement entouré par une foule de morts-vivants dont il ne s’extraie qu’à grand peine ; de l’autre côté, Danny, qui avait pris de l’avance et assénait de furieux coups de gourdin aux morts-vivants à portée, est bientôt dans une situation aussi mal engagée. Mais quelqu’un vient à leur secours : Jeff Liston ! L’ex-trappeur, qui a préparé plusieurs fusils de chasse, dégage l’accès au Red Bear, où les PJ se précipitent tandis qu’il les couvre ; Danny et Nicholas, qui sont parvenus à se dégager de la foule de leurs assaillants, sont les derniers à gagner l’abri du Red Bear, et Liston, assisté de Beatrice et Warren (dont le bras mécanique Hippolyte, qui produit des éclairs meurtriers, s’est avéré utile), entreprend aussitôt de fermer la porte et de la barricader – pour autant qu’ils le sachent, cette porte est l’unique accès à ce bouge dénué de fenêtres…

 

[II-2 : Beatrice, Warren : Jeff Liston] L’endroit devrait être sûr – mais tous, une fois à l’intérieur, ont le même réflexe : recharger leurs armes… Beatrice, notamment, a vidé quelques chargeurs ! Elle pensait avoir de la marge, mais c’est de moins en moins le cas, avec pareils ennemis… Liston fait de même avec ses divers fusils de chasse, posés dans des endroits stratégiques. Après quoi il redevient, même brièvement, « le tavernier ». Warren, après tout de même avoir remercié son hôte, n’a en effet guère tardé à lui commander, tout naturellement, une limonade, qu’un Liston perplexe lui sert bientôt, sur un plateau ; le savant fou se tient un peu à l’écart, c’est comme s’il discutait avec ses bras mécaniques – il songe aux plans d’un dispositif pour leurrer les morts vivants…

 

[II-3 : Beatrice, Nicholas : Jeff Liston ; Gamblin’ Joe Wallace] Puis Jeff Liston ouvre une bouteille : « Un vrai bon whisky. J’en n’ai acheté qu’une bouteille dans ma vie, je crois que c’est l’occasion que j’attendais pour la boire. » Et il s’installe à table avec les autres. Ils échangent leurs informations, racontent comment ils ont survécu. Beatrice mentionne aussi leur entrevue avec Gamblin’ Joe Wallace, qui avait avancé que, de tous les habitants de Crimson Bay, le patron du Red Bear était peut-être le seul à entretenir au moins de vagues contacts avec les Indiens de la tribu des Red Suns, dans la forêt du même nom ; Liston dit les croiser parfois, oui – ils ne lui ont jamais posé de problème… Il lui est arrivé de discuter avec quelques-uns d’entre eux autour d’un feu de camp : la valeur de cette peau d’ours, ce genre de choses… Guère plus. Nicholas, cependant, devine que l’ex-trappeur ne dit pas toute la vérité à ce propos – il lui demande s’il n’aurait pas fricoté avec une Indienne, mais Liston l’ignore… En tout cas, le patron du Red Bear se montre réservé, devant ce qu’il perçoit comme des accusations de la part de Wallace : dès qu’il y a un souci, dans ce pays, on dit « les Indiens, les Indiens »… Conneries. Les Red Suns sont paisibles. Mais Beatrice n’accuse personne – c’était seulement pour savoir si les Indiens du coin tireraient à vue ou discuteraient, dans l’éventualité où ils en rencontreraient… Liston répond qu’il y a un problème : ce qui se passe à Crimson Bay se passe peut-être aussi chez les Red Suns – ça pourrait les inciter à tirer (à l’arc, ils sont assez traditionalistes) d’abord et poser les questions ensuite… Mais Liston y a réfléchi : il pense que la forêt serait plus sûre que la ville – « enfin, à condition de connaître la forêt, bien sûr ». Il songeait à s’y planquer.

 

[II-4 : Beatrice, Danny, Nicholas : Jeff Liston ; Rafaela Venegas de la Tore, Russell Drent, Bill, Mr Chow] Mais Beatrice mentionne les réfugiés à la blanchisserie (dont Rafie), qui ont besoin d’aide… Et il y a un autre souci : Drent. Danny maugrée en se resservant un verre, et prend le relais : le shérif se la joue christique, mais il a des fantasmes d’épuration – il a clairement dit qu’il allait laisser les gens de la blanchisserie crever pour régner ensuite sur les survivants, sinon sur les cadavres. Liston s’enquille une bonne rasade – ça fait beaucoup de bonnes nouvelles… Danny est formel : il faut prévenir les réfugiés de Chinatown que Drent ne fera rien pour les aider. Mais une puissante magie est en jeu, de toute évidence. Le terme même fait hausser le sourcil de Liston­ – mais, après tout, les morts-vivants… Nicholas et Beatrice décrivent avec précision ce qui vient de se passer dans le bureau du shérif – et le contrôle « démoniaque » qu’il exerçait sur ses adjoints, au point de pousser le seul qui tentait de lui résister, Bill, au suicide. Mais peut-on organiser un repli des réfugiés de la blanchisserie dans la forêt ? Personne n’y croit – ils sont trop nombreux, et les morts-vivants plus encore… Et, parmi eux, il y a des vieillards, des enfants… Et même si ça marchait, qu’en diraient les Indiens ? Non, ce plan n’est pas raisonnable. Par ailleurs, le vieux Chinois qui dirige tout là-bas, Mr Chow, pue la magie et en tout cas le pouvoir – Jeff Liston ne lui avait jamais vraiment prêté attention… Mais la menace, c’est Drent – outre la famine, bien sûr.

 

[II-5 : Danny, Warren, Nicholas : Jeff Liston] Danny est persuadé qu’il faut qu’ils retournent d'abord à la blanchisserie. Liston est sceptique : ça fait toute une ville à traverser, avec ces macchabées partout… Danny est confiant : ils l’ont déjà fait, ils peuvent le refaire. Mais Liston est pensif – il a réfléchi à quelque chose… D’où viennent tous ces morts-vivants ? Il y en a des centaines, peut-être même des milliers… Le cimetière de Crimson Bay n’abritait certainement pas autant de monde. Et s’il fallait y ajouter des millénaires de cadavres d’Indiens ? Mais il n’en sait rien – il s’égare peut-être… Warren avait relevé que les cadavres étaient généralement assez récents, en même temps – pas des squelettes sans le moindre lambeau de chair ; et il s’agissait plutôt de Blancs a priori. Nicholas avance qu’ils ont les moyens de piéger ces morts-vivants – mais Liston le reprend : ce sont eux qui sont piégés. L’avantage d’un cerveau ? De la vitesse ? Oui, mais face à des hordes infinies… Beatrice et Danny n’y croient pas davantage que l’ex-trappeur : le bon père Nicholas est un peu trop optimiste…

 

[II-6 : Danny, Beatrice, Warren, Nicholas : Jeff Liston ; Mr Chow] Cependant, si retourner à la blanchisserie est la priorité pour Danny, il n’exclut pas de rendre ensuite une visite aux Red Suns – ce en quoi il est appuyé par Beatrice et Warren. Ils auraient pour cela bien besoin de l’aide de Jeff Liston… Il pourrait tenir un bon moment au Red Bear, même seul – mais il admet avoir une sortie de secours : il a, depuis des années, « au cas où » (« je suis un chasseur, merde »), creusé un tunnel vers l’ouest, et débouchant dans la forêt, au-delà de la voie ferrée, pas très loin de la côte. Il suffit de continuer à creuser sur quelques mètres au bout, et on est hors de la ville. Ils peuvent l’emprunter – et gagner Chinatown en faisant un détour par les collines au nord de Crimson Bay ; il pense que les morts-vivants y seront moins nombreux. Mais, quant à lui… Il n’est pas un bon samaritain – il ne risquera pas sa peau pour les gens de la blanchisserie ; mais il n’empêchera par les PJ de le faire. S’ils ont besoin de son aide, ils peuvent le retrouver dans deux jours dernier délai – après quoi il se réfugiera de toute façon dans la forêt. Il fixe un point de rendez-vous aisé à repérer pour qui n’a jamais pratiqué la forêt de Red Sun – un petit cap à quelques centaines de mètres au nord du port, avec une vieille cabane de pêcheur en sale état. Il a une vraie planque dans la forêt – mais impossible de l’indiquer, c’est trop compliqué pour se repérer ; en tout cas, c’est là qu’il se rendra ensuite. Nicholas envisage d’autres moyens de se retrouver – par exemple en faisant usage des feux d’artifice trouvés dans la boutique de Mr Chow, mais l’ex-trappeur le reprend aussitôt ; s’ils doivent s’associer, d’une manière ou d’une autre, la règle numéro un est : « On n’attire pas l’attention. »

 

[II-7 : Warren : Jeff Liston ; Gamblin’ Joe Wallace] C’est entendu. Les PJ prennent un minimum de repos avant de s’atteler à achever le tunnel – long et obscur, étroit surtout, il les met quelque peu mal à l’aise ; ils ont de la chance que Liston soit un homme d’une certaine carrure… Creuser sur les derniers mètres demandera bien trois ou quatre heures de travail avec pelles et pioches ; Roselyne, le bras mécanique de Warren, est d’une aide appréciable. Ils sortent du tunnel non loin des rails, au nord-ouest de Crimson Bay. Ils vont longer la ville par le nord, dans les collines boisées, pour rejoindre Chinatown et la blanchisserie – ce qui impliquera de passer dans un « couloir » assez étroit, finalement, car, un peu plus loin au nord, il y a d’une part, sur les collines, les sources qui approvisionnent Crimson Bay en eau potable, et d’autre part l’usine de munitions de Gamblin’ Joe Wallace… Cependant, les suppositions de Jeff Liston, et des PJ tout autant, s’avèrent fondées : dans cet espace distinct de la ville, il y a beaucoup moins de zombies – car il y a beaucoup moins de viande. Jeff Liston les regarde une dernière fois : « Vous avez deux jours. Pas une minute de plus. » Les PJ prennent la direction de l’est…

III : FORT FONG CHOW

 

[III-1 : Warren, Danny : Mr Fong, Mr Chow] Contourner la ville discrètement demande un certain temps, mais ne présente pas de vrai danger – ou, du moins, les PJ ont de la chance à cet égard. Reste, ensuite, à gagner la blanchisserie – elle est certes située à la limite nord de la ville, mais il y a tout autour, cette fois, quantité de morts-vivants qui errent, affamés de la chair des réfugiés. Et il faut parvenir ensuite à remonter sur le toit de la boutique, pour accéder à la trappe qu’ils avaient empruntée pour sortir de l’usine ; là, ils ont convenu d’un code avec les hommes de Mr Fong. Le meilleur moyen reste de faire diversion, une fois encore : ils vont utiliser pour ce faire un des feux d’artifice du bazar de Mr Chow ; c’est Warren, avec l’aide de son bras mécanique Roselyne, qui se charge de le tirer. La diversion fonctionne, pour l’essentiel – nombre de zombies s’avancent en direction de l’explosion, mais pas tous. Une majorité, cependant – et les PJ ne peuvent pas se permettre d’attendre mieux : ils gagnent la boutique de la blanchisserie au plus tôt. Quelques zombies les approchent, mais Danny fait la courte échelle aux autres (avec l’assistance toujours bienvenue de Roselyne) afin qu’ils montent tous sur le toit bien avant que les morts-vivants ne représentent à nouveau une véritable menace. Le bagarreur peut ensuite escalader la façade, c’est dans ses cordes.

 

[III-2 : Danny, Warren : Mr Fong] Danny tape le code sur la trappe – pas de réponse. Mais c’est que le bagarreur s’est trompé ! Warren, lui, s’en souvient parfaitement. Ils tapent à nouveau le code… et, au bout de quelques minutes un peu angoissées, la trappe s’ouvre enfin : les hommes de Mr Fong permettent aux PJ de pénétrer à l’intérieur de l’usine.

 

[III-3 : Nicholas, Warren] Sitôt à l’intérieur, Nicholas se fait une idée de la situation : depuis leur départ, il y a eu des pertes – d’autres morts subites, sans doute ; mais au-delà d’une récurrence statistique – il y a eu comme un pic, qui a compliqué la tâche des gardiens ; d’autant que, en l’absence de Warren pour surveiller au mieux l’état de la chaudière, ils ont préféré se montrer prudents, et ne pas la pousser à fond. Il y a de nombreux cadavres décapités à proximité, tellement que s’en débarrasser prend beaucoup de temps. Sans surprise, le moral est au plus bas – mais la plupart des réfugiés ont dépassé le stade de la panique pour s’en tenir à l’apathie désespérée.

 

[III-4 : Nicholas, Beatrice, Warren : Rafaela Venegas de la Tore ; Josh Newcombe] Nicholas repère également Rafie, toujours plongée dans son rituel de Sanctuarisation – ce qui implique qu’elle se déplace sans cesse pour couvrir tout le bâtiment. Il la rejoint, avec Beatrice et Warren. Elle est visiblement épuisée – et craint, sans le dire ouvertement, de ne pas parvenir à exécuter son Miracle à temps… Il lui faudrait bien quatre jours encore ! Mais elle continuera. Pas le choix. La Vierge de Guadalupe ne l’a pas envoyée ici pour rien : si cet effort ne sauvait qu’une seule personne, il en vaudrait toujours la peine. Mais Rafie a eu d’autres visions, ponctuellement – quelque chose de l’ordre de la crainte, cette fois. Newcombe en avait vaguement parlé : « Le cannibalisme. Il y a quelque chose, dans cette région, avec le cannibalisme… Surtout l’hiver… Ces histoires de wendigos… » Les visions de l’élue allaient dans ce sens : qu’importe l’absence de blizzard, dans l’usine même elle voyait des hommes manger la chair des cadavres… et se transformer progressivement en créatures hirsutes et maléfiques. « C’est dans la région, ça fait partie d’elle. » À ce stade, ce qu’elle craint par-dessus tout, c’est d’en arriver là. Un destin bien pire que la mort. Beatrice la prend (plus ou moins) au sérieux – il faut voir avec les patrons de Chinatown, trouver comment ravitailler en nourriture les réfugiés de la blanchisserie.

 

[III-5 : Danny : Mr Fong ; Russell Drent] Danny, de son côté, avait aussitôt pris la direction de la mezzanine, pour s’entretenir avec les maîtres de Chinatown, toujours en réunion permanente. Les gardes de Mr Fong ont hésité un instant, puis ont décidé de le laisser passer. Arrivé au bureau, il est interrogé par le patron de la blanchisserie, et lui rapporte ce qu’ils ont vu en ville – au premier chef la situation avec le shérif Russell Drent ; si c’est bien ainsi qu’il faut l’appeler… Car « quelque chose » habite Drent – quelque chose qui est derrière les malheurs de la ville. En ce qui concerne Danny, ce « démon » est la vraie menace : il n’y va pas par quatre chemins, et avance qu’il faut prendre les armes pour éliminer Drent. Une bonne fois pour toutes. Mais Mr Fong trouve la menace des morts-vivants autrement palpable… Oui, ils sont juste à côté ; mais ceux que les zombies n’auront pas tués seront exterminés par Drent et ses hommes d’ici à quatre jours.

 

[III-6 : Danny, Beatrice : Mr Fong, Mr Chow] Les autres PJ rejoignent Danny. Beatrice, un brin sarcastique, demande à Mr Fong s’ils ont « avancé ». Sans surprise, ce n’est pas le cas – et il y a eu des morts à la pelle… Il faut trouver une solution de ravitaillement – certains gardes devraient pouvoir se débrouiller comme les PJ l’ont fait, non ? Peut-être. Mais la boutique de Mr Chow est vide… Beatrice ne mange pas de ce pain-là : il y a forcément d’autres sources d’approvisionnement – l’élevage de porcs, etc.  En même temps, Danny revient sans cesse sur la menace constituée par Drent ; mais Mr Fong monte le ton (tandis que Mr Chow a l’air amusé…) : quoi ? Lever une armée ? Qui devrait déjà franchir des centaines, des milliers de zombies avant d’entrapercevoir le bureau du shérif ? Folie ! Les PJ insistent sans cesse sur leur brillante réussite – mais en oubliant un paramètre essentiel : ils étaient un tout petit groupe ! Déplacer dans ces conditions un corps armé pour faire la guerre au shérif, ça n’est pas du tout la même chose !

 

[III-7 : Warren, Nicholas, Beatrice, Danny : Mr Chow, Mr Fong] Mais Warren a de tout autres pensées en tête : ce qui se passe ici a à voir avec le passé de la ville. Ils ont besoin d’informations. Naïvement, il avance que Mr Chow et les autres pourraient leur en fournir… Danny aussi avait lâché l’affaire avec Mr Fong pour s’adresser directement au vieil épicier. Et celui-ci leur répond – de manière très déconcertante, car les PJ savent qu’il leur parle en chinois, mais pourtant le comprennent… Les paroles des PJ sont sévères mais justes. Il va dépêcher quelques hommes à l’élevage de porcs ; il y aura probablement des pertes, mais acceptables (Warren envisage de concevoir un mécanisme permettant de hisser les provisions, voire les porcs, sur le toit de la boutique de la blanchisserie, et laissera des instructions aux gardes). Concernant Drent… Non, effectivement, ce n’est plus de Drent qu’il s’agit – comme ils le savent très bien. Ils devraient savoir aussi que des armes « normales » ne lui feront absolument rien ; on peut certes détruire son enveloppe corporelle (« J’avoue que j’y prendrais un certain plaisir… »), mais la créature à l’intérieur… Non, il ne sait rien de très précis la concernant – tout au plus son espèce ? En chinois comme en anglais, on parlerait de « démons » (Nicholas tique à ce mot). Pour les vaincre, il faut bénéficier d’une aide... particulière. Un vrai prêtre (il regarde Nicholas d’un air qui ne laisse aucune place au doute) pourrait se livrer à un « exorcisme », mais la créature lui rirait au nez – « ceci, bien sûr, avant de plonger ses griffes dans sa poitrine pour en extirper le cœur et s’en repaître sous ses yeux ». Un véritable… « élu »… pourrait se montrer plus efficace : « votre amie, quelque peu invertie mais qu’importe », a sans doute de la ressource, pas assez toutefois pour triompher du démon, ce n’est pas dans ses cordes ; et on peut d'ailleurs douter qu’elle accomplisse son rituel de Sanctuarisation à temps. Lui pourrait peut-être se montrer à la hauteur, si les PJ y tiennent... Mais il ne va pas risquer inutilement sa vieille carcasse. Il sait de toute façon qu’il ne pourra rien faire de concret sans davantage… d’informations – eh oui, lui aussi en a besoin, dit-il en fixant Warren… « Cette créature… Je veux son nom. Et son rôle exact dans cette affaire. » Beatrice lui demande s’il a une piste – trouver le nom d’un démon n’a pas l’air facile… Mais non, il n’en sait rien – si ce n’est que l’intuition du savant fou est juste : c’est sans doute dans le passé de la ville qu'ils trouveront quelque chose. La huckster avance que les Indiens pourraient être impliqués – possible, mais Mr Chow dit ne jamais avoir eu de contacts avec eux ; il sait, cependant, qu’il y un certain « pouvoir » chez eux, « comme il y en a trop dans cette ville ». La conversation s’arrête là – Danny remercie Mr Chow de leur avoir parlé franchement.

 

IV : FIDÈLES LECTEURS

 

[IV-1 : Nicholas, Beatrice : Josh Newcombe] La quête d’informations sur le passé de cette ville incite les PJ à envisager de rendre une nouvelle visite à l’étonnant Josh Newcombe… Par chance, les bureaux du Crimson Post ne se trouvent pas en pleine ville, mais à l’entrée est (la principale) de Crimson Bay. Il est donc possible, là encore, de contourner par les collines – dans une certaine mesure, et il y a tout de même plus de morts-vivants ici qu’ailleurs. Toutefois, les PJ prennent soin de ne pas trop s’écarter de la bourgade – à l’est de leur route se trouve le cimetière de Crimson Bay, et ils préfèrent éviter de passer trop près… À distance, ils y jettent cependant un œil : Nicholas et Beatrice partent en éclaireurs ; ils constatent qu’il y a eu du passage et des dégradations, mais ne distinguent pas spécialement de mouvement – ils relèvent aussi qu’il y a une sorte de caveau bien plus massif que toutes les autres tombes (sans compter une sorte de sépulcre commun). Ils poursuivent leur chemin en direction du Crimson Post.

 

[IV-2 : Nicholas : Josh Newcombe] À l’entrée de la ville, la concentration de zombies est particulièrement importante – moins qu’aux environs de la blanchisserie ou du bureau du shérif, mais des plus conséquente tout de même ; une vingtaine de morts-vivants encerclent les bureaux du Crimson Post. Nicholas comprend pourquoi : les zombies se rassemblent autour de la viande ; Josh Newcombe relève de cette viande… et pourtant les morts-vivants ne semblent pas en mesure de s’en prendre à lui. Ils sont pris dans un paradoxe, à l’échelle de leurs capacités de réflexion très limitées, et ne parviennent pas à résoudre ce dilemme… Le faux prêtre est à peu près certain qu’il y en aura au moins autant dans les bureaux mêmes du journal !

 

[IV-3 : Nicholas, Beatrice, Danny, Warren] Les PJ se rapprochent – cherchant à trouver un accès à l’arrière du bâtiment. Mais, à l’exception des très prudents Nicholas et Beatrice, ils ne sont pas très discrets… Ils attirent l’attention d’une bonne vingtaine de zombies ! Danny, notamment… qui court pour rentrer dans un bâtiment voisin et gagner l’étage ; Warren le suit – mais les morts-vivants pourront monter les escaliers : pour s’en protéger, il faut passer sur le toit ; les talents du bagarreur pour l’escalade leur permettent d’y parvenir sans trop de problèmes. Mais les PJ se retrouvent ainsi scindés en deux groupes, deux îlots, entourés de morts-vivants affamés.

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (10)

Publié le par Nébal

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Illustration tirée du supplément *Stone Cold Dead*

Dixième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici. L’enregistrement de la séance est disponible .

 

Les inspirations essentielles se trouvent dans la campagne Stone Cold Dead et le scénario Coffin Rock, mais les événements de cette séance sont largement indépendants.

 

La joueuse l'incarnant ayant dû s'arrêter, le personnage de Rafaela Venegas de la Tore, alias « Rafie », devient un PNJ. Étaient présents tous les autres joueurs, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance ci-dessous.

I : LES RUES ENVAHIES

 

[I-1 : Danny : Rafaela Venegas de la Tore] Les PJ bataillent contre une horde de zombies dans les rues de Chinatown. Ils ont pris la direction de la blanchisserie, et entendu des bruits de combat en provenance du nord. Bientôt, ils voient apparaître, dans cette direction, le molosse chinois à la chemise rouge sang – cet homme qui les suivait systématiquement dès l’instant qu’ils pénétraient dans Chinatown. Il n’est pas tout seul, d’autres le suivent. Mais, par ailleurs, une foule de morts-vivants arrive par le sud… Danny rejoint le Chinois, en constatant au passage que d’autres zombies arrivent par l’est et le nord-est. Il voit que Rafie fait partie de ce petit groupe autour de l’homme à la chemise rouge, avec d’autres Chinois au profil de combattants – dont un qui se bat d’une manière inédite pour le bagarreur. Tous se rassemblent progressivement.

 

[I-2 : Nicholas : Rafaela Venegas de la Tore] Nicholas comprend que Rafie était sortie pour les retrouver… là où ses compagnons chinois avaient pour mission de la garder à la blanchisserie, qu’elle avait entrepris de « sanctuariser » : ils ont donc une attitude un peu ambiguë, cherchant tout à la fois à protéger l’élue, et, d’une certaine manière, à « l’enlever », ou du moins à la ramener à la blanchisserie contre sa volonté… Mais le fait de retrouver les PJ change la donne – car Rafie a bien conscience que l'usine, dans leur situation, est le seul abri envisageable… et ils en reprennent donc le chemin – après que l’élue a eu un bref échange, visiblement sec, en mandarin, avec l’homme à la chemise rouge sang.

 

[I-3 : Danny, Nicholas, Beatrice] Alors que les PJ arrivent aux environs de la blanchisserie, la foule des zombies approchant par l’est se fait tout particulièrement menaçante : il faut entrer dans le bâtiment, et vite ! Danny, qui reste un peu en arrière avec son gourdin (il est ivre, et bénéficie de son Courage liquide…), et Nicholas et Beatrice avec leurs armes à feu, font de leur mieux pour éliminer les morts-vivants les plus avancés – mais la progression de la horde est inexorable… et la huckster est à deux doigts d’abattre Danny d’une balle perdue ! Ils ont toutefois éliminé suffisamment d’assaillants pour se dégager du combat et rejoindre les autres devant la porte de la blanchisserie – non pas la porte principale de l’usine, qui a été barricadée ainsi que toutes les autres, mais une plus petite et plus facile à contrôler. Elle est fermée… Le Chinois à la chemise rouge cogne comme un sourd sur la porte métallique – il n’y a pas de réponse immédiate… Il crie quelque chose en chinois : la porte s’ouvre enfin, ils se ruent à l’intérieur et on ferme aussitôt derrière eux ; les zombies sont à quelques mètres en arrière à peine.

 

II : LA BLANCHISSERIE ASSIÉGÉE

 

[II-1 : Rafaela Venegas de la Tore ; Mr Fong] Outre les gardes armés (de pistolets mais aussi d’armes blanches, un peu inattendues parfois – ils n’ont pas l’air commode, et on peut supposer qu’ils savent s’en servir), il y a beaucoup de monde à l’intérieur – non seulement ceux qui s’étaient réfugiés dans l’usine sur le conseil des PJ, mais aussi nombre d’habitants de Chinatown, qui n’avaient pas forcément eu ce réflexe lors de la tempête, mais ont afflué en masse sous le coup de l’invasion des morts-vivants. Dans les 300 personnes s’entassent dans l’usine – des gens hagards, terrifiés… Les PJ discutent avec Rafie, qui fait le point – notamment sur ce qui s’est passé dehors avec les Chinois ; Mr Fong tient vraiment à ce que l’élue achève son rite miraculeux sur la blanchisserie… Elle compte bien le faire, même si cela prendra encore plusieurs jours, mais n’a pas apprécié qu’on se comporte de la sorte avec elle – même si sortir dans ces conditions était peu ou prou suicidaire, elle l'admet.

 

[II-2 : Nicholas, Warren : Mr Fong, Mr Shou, Mike Jones, Mrs Duvall, Ms Worthington, Rafaela Venegas de la Tore] En faisant le tour de l’usine (sans véritablement repérer des réfugiés qu’ils ont eu l’occasion de croiser, en mettant à part Mr Fong, bien sûr, qui est chez lui, et Mr Shou – autrement, il y a aussi Mike Jones, Mrs Duvall et Ms Worthington, et c’est tout : le reste de la foule est anonyme), les PJ constatent qu’il y a des morts à l’intérieur – une trentaine de corps rassemblés dans un coin au nord-est : ces cadavres ne présentent pas de signes particuliers, ils en déduisent que les morts subites ont frappé ici également… et les réfugiés ne savent absolument pas quoi faire à ce propos. Nicholas et Warren, tout particulièrement, s’en inquiètent : il faut s’en débarrasser – sinon, « ils reviendront ». Il faut faire ça dans les formes : leur couper la tête… Les brûler, peut-être ? Rafie en souffre visiblement, mais concède qu’ils ont raison. C’est une chose terrible à admettre, pour elle – mais ce sera encore pire avec les parents et les proches des victimes : comment leur faire comprendre une chose pareille ? Voyez par exemple Mrs Duvall, perdue dans ses dévotions larmoyantes… Nicholas considère justement que c’est à Rafie et lui d’agir : ils ont du réconfort religieux à prodiguer ! Le faux prêtre pose sa croix Christina dans un coin, et elle constitue un autel improvisé.

 

[II-3 : Danny, Beatrice : Mr Fong] Il faut dire que l’ambiance est pesante… notamment quand se font entendre, certes de moins en moins souvent, les cris de désespoir de personnes ayant tenté trop tard de gagner la sécurité de la blanchisserie, et auxquelles on refuse l’accès à ce refuge. Leurs hurlements de détresse et de douleur pénètrent seuls à l’intérieur… Danny en est révolté – mais sait qu’il ne pourra rien y faire, et que les gardes de la blanchisserie, à supposer même qu’ils puissent l’entendre, refuseront d’agir autrement. Ils obéissent à leurs chefs – pas seulement Mr Fong, d’autres sommités de Chinatown sont impliquées, qui tiennent une réunion permanente dans le bureau du patron de la blanchisserie, situé à la mezzanine (laquelle permet à la fois de surveiller tout le grand hangar de l’usine, et aussi de jeter un œil à l’extérieur, au travers de grandes baies vitrées autrement inaccessibles).

 

[II-4 : Nicholas, Danny, Beatrice : Rafaela Venegas de la Tore ; Mr Fong] Mais Nicholas, de son côté, tout en jouant au prêtre, est formel : il faut s’occuper des cadavres au plus tôt. Les moyens ne manquent pas : ici, il y a de grandes cuves, une immense chaudière… Il sait que cette hypothèse heurte les sentiments religieux de Rafie, mais pas le choix – il faut en parler à Mr Fong et aux autres ; l’élue pouvant s’adresser à eux en chinois, ce qui peut constituer un atout, il vaut mieux que ce soit elle qui les persuade. Danny et Beatrice ont d’ailleurs été refoulés par les gardes, qui se moquent bien de l’étoile de shérif du bagarreur… Ils ne parlent qu’en chinois, et la huckster, qui se posait la question, suppose que ce n’est pas de la comédie : ils ne comprennent pas l’anglais au-delà de quelques tournures simples. Rafie perçoit bien ce qu’elle a à faire : elle ne se pose même pas la question de demander aux gardes de la laisser passer, elle gagne la mezzanine d’autorité, en ayant à peine dit trois mots de mandarin, et en ayant fait signe aux PJ de la suivre.

 

[II-5 : Danny, Beatrice : Mr Fong, Mr Shou, Rafaela Venegas de la Tore, Nicholas ; Denis O’Hara] Le bureau de Mr Fong est un outil de surveillance – il a de grandes baies vitrées. La contrepartie est que les PJ, quand ils parviennent au balcon, peuvent également voir ce qui se passe à l’intérieur. Plusieurs sommités de Chinatown sont présentes, mais, de toute évidence, les puissants Mr Fong et Mr Shou ne sont pas en position d’autorité : il apparaît clairement qu’ils ont un rang subordonné par rapport à un très vieil homme (dans les 80 ans ? au moins ?), vêtu traditionnellement, qui les toise très sévèrement, et ne dit pas grand-chose – mais chacune de ses paroles a visiblement quelque chose de définitif. Rafie doit cependant patienter quelques petites minutes avant qu’on lui autorise l’accès au bureau, ainsi qu’à ses amis. La répartition des rôles, à l’intérieur du bureau, change aussitôt : concernant les PJ, Mr Fong retrouve sa position hiérarchique supérieure, tandis que le vieil homme se tient en retrait et n’intervient pas ; le patron de la blanchisserie, par ailleurs, sait que Rafie est une femme, mais ni lui ni elle n’y attachent d’importance. Danny, à sa demande, lui résume ce qu’il a vu en ville – en y incluant les événements de l’église, et l’aura diabolique du père O’Hara ; Beatrice l’interrompt pour expliquer qu’ils ont dû partir suite à une explosion – l’idée étant de ne pas en supporter la responsabilité…

 

[II-6 : Beatrice : Mr Fong, Rafaela Venegas de la Tore ; Warren, Nicholas] Mais Beatrice ne s’y attarde pas : bien plus pressant, il y a le problème des morts subites – qu’ils ont pu constater en ville avant d’atteindre la blanchisserie ; or, la plupart du temps, ces morts se relèvent… et il y en a une bonne trentaine ici. Il faut faire quelque chose. Mr Fong le supposait bien… Beatrice avance que la solution la plus humaine et la plus rapide serait de faire brûler les cadavres dans la chaudière. Le patron de la blanchisserie est d’accord, mais, même si c’est une grande chaudière, cela prendra du temps… et il ne faudrait pas qu’il lui arrive un « souci technique », dans ces circonstances – une nouvelle explosion, pour dire les choses. Mais Warren pourra y veiller. Beatrice suggère en outre de couper préalablement la tête des cadavres avant de les enfourner dans la chaudière. Il faudra garder les réfugiés à l’écart, pour éviter tout débordement – le père Nicholas pourrait célébrer un office à l’autre bout de l’usine, captivant les plus religieux… Ce plan paraît sensé à Mr Fong, qui quête par réflexe l’approbation discrète du vieil homme mutique, puis donne de brefs ordres en mandarin. Après quoi il se tourne vers Rafie, mais en s’adressant visiblement aux PJ par la même occasion : « Vous nous êtes précieux. Ne nous faussez pas compagnie. »

 

[II-7 : Danny : Mr Fong] Mr Fong aimerait maintenant retourner à sa réunion, mais Danny ne s’en va pas de suite ; assez brutalement, il lui demande ce qu’il compte faire – à part attendre… Le patron de la blanchisserie, un peu interloqué, fait un bilan de la situation : il y a dans les 300 personnes à l’usine – et clairement pas de nourriture pour ces 300 personnes, même pour une seule journée, si l’approvisionnement en eau ne devrait pas poser de problème (des canalisations joignent directement les sources non loin au nord et la blanchisserie). Et comme ils n’ont aucune idée du temps qu’il leur faudra passer ici – du temps que durera… « ce phénomène »… C’était bien ce qu’entendait souligner Danny – qui songe déjà à mener une petite expédition à l’extérieur ; il faut pour cela que les gardes les laissent sortir… et rentrer. Mr Fong exige qu’il lui en parle d’abord, le moment venu. Le bagarreur hoche la tête.

 

[II-8 : Beatrice, Nicholas, Danny : Mr Fong] En bas, les gardes ont entrepris, assez rudement, de séparer les vivants des morts. Ce qui n’a rien d’évident, avec tous ces proches de victimes en larmes, et qui vivent cette séparation comme un drame de plus… Beatrice rejoint Nicholas pour lui expliquer ce qu’ils vont faire : lui, il doit faire diversion, en organisant une sorte de messe. D’ici-là, la huckster va parcourir les rangs des fidèles pour les prévenir de cet office religieux (à l’autre bout de l’usine…) – en commençant par les plus éplorés. Ses mots les touchent, et elle les convainc sans peine de participer à la cérémonie. Nicholas se prépare – avec du whisky de Danny en guise de « sang du Christ ». Il fait tendre des draps pour séparer son « église » du reste de l’usine, et éviter que les fidèles puissent voir les hommes de Mr Fong s’occuper des cadavres de leurs proches… Le prêche de Nicholas est un peu bancal, mais fait illusion. Maintenant, ses ouailles ne sont pas stupides… Sans doute ont-elles parfaitement compris ce qui se passait de l’autre côté des draps. Mais la messe improvisée leur a fourni un bon prétexte pour fermer les yeux. En fait, ce sont les moins religieux qui posent problème : en dehors de « la chapelle » du père Nicholas, quelques protestations se font entendre épisodiquement – sèchement rabrouées en chinois. Mais Beatrice ne perd pas le nord – qui fait la quête « pour la reconstruction de l’église » ; les fidèles ne savaient même pas qu’elle était détruite… et ils se méfient un peu de cette jeune femme qui n’a pas vraiment l’allure d’une bonne chrétienne. Mais il n’y a pas d’esclandre – c’est seulement que la huckster ne collecte pas grand-chose.

 

[II-9 : Warren, Danny : Mr Fong] De l’autre côté des draps, Warren, qui se sent mal dans cet espace confiné et bondé, d’autant plus quand la religiosité se met de la partie, surveille la chaudière. Mais il est aussi très intrigué par les cadavres qu’on y enfourne, et qu’il observe avec une grande attention. Il constate aussi que les hommes de Mr Fong (et probablement d’autres personnalités de Chinatown) agissent avec un professionnalisme quelque peu inquiétant : couper des têtes et enfourner des cadavres dans une chaudière n’a pas l’air de leur poser le moindre souci. Danny, qui ne s’est pas attardé dans « l’église », fait le même constat.

 

III : LES SECRETS D’UN CROQUE-MORT

 

[III-1 : Warren, Beatrice : Rafaela Venegas de la Tore ; Jon Brims, Jeff Liston] Mais, dans leur situation, les PJ comme les autres sont contraints d’attendre. Warren et Beatrice ont cependant quelque chose à faire (tandis que Rafie poursuit son rite de Sanctuarisation) : étudier les documents récupérés chez Jon Brims (qui ne figure pas parmi les réfugiés de la blanchisserie, pas plus que Jeff Liston – ce sont les deux personnages qu’ils cherchaient en priorité, mais ils ne se trouvent de toute évidence pas ici). Ils s’isolent tant bien que mal – ça n’a rien d’évident avec cette foule, mais, même dans ces circonstances, demeure un certain besoin d’intimité. Warren s’intéresse au journal intime du croque-mort, tandis que la huckster se penche sur son exemplaire abondamment annoté du Livre des jeux de Hoyle.

 

[III-2 : Beatrice : Jon Brims, Richard Lightgow] Visiblement, Brims savait très bien ce qu’il étudiait, et ses analyses sont d’une extrême finesse – elles sont très abstraites, aussi, et pourtant pas dépourvues à terme d’applications pratiques, c’est une approche très rationnelle, scientifique ; Beatrice se souvient que, lors du tournoi de poker, c’était le Dr Lightgow qui avait mis en avant son intérêt pour les statistiques et les probabilités appliquées aux jeux de cartes, mais la huckster en vient à se demander si ce n’était pas le taiseux Brims qui, à un moment ou un autre, avait pu façonner cette approche particulière du jeu. Un temps, Beatrice s’inquiète de ce que le huckster caché aurait pu s’intéresser à la résurrection des morts, ce genre de choses, mais rien n’en fait état dans ce livre. Mais c’est une approche de la magie très différente de la sienne – Beatrice s’est largement formée sur le tas, et les passages où Brims parle, très posément, des manitous, la mettent un peu mal à l’aise… C’est qu’elle ne sait pas grand-chose de tout cela : elle a eu affaire, en ce qui la concerne, à quelque chose qui pourrait être un manitou, mais sans bien savoir s’il en existe d’autres – et, même si elle n’en a bien évidemment pas conscience, elle sait tout au fond d’elle-même que cette unique rencontre, traumatique, a bouleversé sa vie [et entraîné son délire sur les Barons du Rail qui mettent des puces dans la tête des gens pour les contrôler…]. Mais ce livre n’a probablement pas été ouvert depuis longtemps, de toute façon.

 

[III-3 : Warren : Beatrice ; Jon Brims, Mary Brims, Mortimer Stelias, Gamblin’ Joe Wallace, Cordell] Warren, de son côté, en apprend davantage sur le parcours de Jon Brims en étudiant son journal intime (et en jetant un œil à la photo qui l’accompagnait, datée de 1865 (et visiblement pas prise à Crimson Bay – mais probablement quelque part dans l’Ouest). Les notes liées le plus précisément à l’activité de huckster dépassent largement les compétences du savant fou, mais il comprend du moins que Jon Brims était un individu de la sorte de Beatrice – ainsi que sa femme, Mary. Tous deux étaient d’habiles joueurs de poker, et ils ont beaucoup voyagé dans tout l’Ouest étrange. Ils se sont fait beaucoup d’argent ainsi… jusqu’à ce qu’ils tombent sur deux autres hucksters, de très mauvais perdants ; il en a résulté un affrontement très violent, où la magie s’est déchaînée – Mary est morte à cette occasion… Brims rendu fou de rage et de tristesse a éliminé ses deux assassins, mais l’événement l’a profondément marqué – et il a décidé de « prendre sa retraite » : fini, la magie ; fini, le jeu – tout ça était désormais du passé. Brims a poursuivi ses voyages, jusqu’à se fixer à Crimson Bay, qui n’était alors qu’un petit port de pêche. Il s’est lié avec le principal (le seul ?) propriétaire terrien du coin, Mortimer Stelias ; c’était avant l’arrivée de Gamblin’ Joe Wallace – mais Warren apprend que c’est Stelias qui a fait venir ce dernier : il semble qu’ils se connaissaient du temps où ils vivaient sur la Côte Est, et ils étaient bons amis. Mais les notes de Brims deviennent amères au moment du décès de Stelias (de vieillesse) : très vite, il a le sentiment désagréable d’être le seul à se souvenir du défunt – ce n’est pas que Wallace ait délibérément pris la place de son ami, mais il a tant accompli depuis que le souvenir de l’ancien propriétaire a sombré dans l’oubli, d’autant que, la ville se développant à marche forcée, la très grande majorité des habitants de Crimson Bay ne sont arrivés que bien après la mort de Stelias, qu’ils n’ont donc jamais connu ; seuls quelques-uns s’en souviennent – parmi lesquels son ancien jardinier, Cordell, et les autres membres de la communauté des anciens esclaves, qui en ont hérité le terrain où ils vivaient jusqu’aux fâcheux événements de ces derniers jours. Une des dernières entrées du journal (qui date cependant de quelques années) est très hermétique, une simple note soulignée de trois traits : « Stelias – subjugué manitou ? » Warren la montre à Beatrice – qui est perplexe : faut-il comprendre que Stelias aurait subjugué un manitou, ou au contraire aurait été subjugué par un manitou ? Mais, dans tous les cas, la huckster n’est pas certaine de bien comprendre ce que cela signifierait au juste… Warren pense que Wallace pourrait les éclairer sur pas mal de points. S’ils peuvent sortir de la blanchisserie, et si le maire est toujours en vie, le savant fou aimerait lui rendre une petite visite…

 

IV : D’AUTRES MAGICIENS CACHÉS ?

 

[IV-1 : Beatrice : Rafaela Venegas de la Tore ; Mr Fong, Mr Chow] De toute façon, ils ne sortiront pas durant la nuit. Mieux vaut qu’ils se reposent quelques heures avant de tenter quoi que ce soit. Mais, avant d’aller se coucher, Beatrice va voir Rafie. La huckster se méfie de leurs hôtes chinois – ne cachent-ils pas quelque chose ? L’élue pouvant comprendre leur langue quand elle bénéficie du Miracle adapté, peut-être a-t-elle pu surprendre quelque chose ? Rafaela emmène Beatrice dans un endroit un peu à l’écart – et use d’un autre Miracle pour les isoler. Ces précautions sont nécessaires… Le vieil homme, dans le bureau de Mr Fong, est de toute évidence le vrai maître de Chinatown. Mais ce Mr Chow est plus que cela, Rafaela en est convaincue : elle sent en lui un pouvoir débordant – mais certainement pas celui d’un élu ; en fait, c’est probablement bien davantage du domaine de la huckster… Pour autant, Rafie ne pense pas qu’il soit le responsable des calamités qui se sont abattues sur Crimson Bay ; ce qu’elle craint, c’est qu’ils se retrouvent au milieu de l’affrontement entre cet homme et un autre puissant sorcier, celui qui a fait appel aux zombies…

 

[IV-2 : Beatrice : Rafaela Venegas de la Tore ; Jon Brims, Mortimer Stelias, Russell Drent] Beatrice digère l’information – et dit à Rafaela ce qu’ils ont trouvé dans les affaires de Jon Brims. Notamment ce qui concerne Mortimer Stelias… qui n’est peut-être pas tout à fait mort ? Serait-ce lui, le véritable supérieur de Drent ? Rafie, à vrai dire, redoute qu’il y ait plus de deux pouvoirs en jeu dans cette affaire… C’est comme si beaucoup trop de gens beaucoup trop puissants s’étaient retrouvés au même endroit ; ça a mariné pendant des années et des années de coexistence plus ou moins forcée, jusqu’à ce que ça explose… Mais ils sont toujours là, et ne comptent pas se faire éliminer par les autres. Reste que les PJ sont au milieu de la poudrière…

 

[IV-3 : Beatrice : Rafaela Venegas de la Tore] Un silence pesant s’installe… Il apparaît clairement que Rafie a autre chose à dire, mais qui lui coûte. Elle finit cependant par s’en ouvrir à Beatrice – à la condition que la huckster n’en parle à personne ! Elle a eu une autre vision… mais pas de la Vierge de Guadalupe, cette fois : un… vieil Indien ? Une sorte de chaman ; il n’avait pas l’air spécialement hostile, mais, à vrai dire, Rafie n’a pas su décrypter ses intentions – peut-être parce qu’elle n’acceptait de recevoir de semblables visions que de la part de la Vierge de Guadalupe. Il la regardait, sans un mot… Elle ne sait pas ce qu’il faut en penser. Ce qu’elle sait, c’est que sa protectrice l’a envoyée ici pour une raison – à Beatrice avançant qu’il faudrait fuir cette poudrière, mais bien consciente que c’était inimaginable pour l’heure, l’élue répond qu’elle ne partira pas de Crimson Bay tant qu’elle n’aura pas accompli ce pourquoi elle a été appelée ; quoi que ce soit. Et elle reprend son rite de Sanctuarisation.

V : PRENDRE L'AIR

 

[V-1 : Nicholas : Josh Newcombe] Après s’être reposés quelques heures, maintenant que le soleil s’est levé, les PJ réfléchissent à une sortie – au moins, dans un premier temps, pour ramener des vivres. Nicholas va jeter un œil à l’extérieur depuis les baies vitrées de la mezzanine. Les morts-vivants cernent la blanchisserie – ils ne sont pas en mesure de lancer un assaut planifié, mais ils sont très nombreux ; avec toute cette viande à l’intérieur… Mais Nicholas observe aussi une scène très incongrue : un homme se déplace parmi les zombies, qui n’en est de toute évidence pas un – le faux prêtre le reconnaît enfin : c’est Josh Newcombe ! Et le journaliste se promène au milieu des morts-vivants le calepin en main – comme s’il cherchait à les interviewer… Or les morts-vivants ne lui prêtent aucune attention ; Newcombe n’est visiblement pas le moins du monde menacé !

 

[V-2 : Beatrice, Danny, Warren : Mr Fong, Rafaela Venegas de la Tore] Mais sortir de la blanchisserie, et a fortiori y rentrer après coup, est de toute façon problématique. Il faut convaincre les gardes, ou, mieux, leur chef théorique, Mr Fong. Beatrice demande à Rafie de les accompagner au bureau. Danny et la huckster défendent leur idée, avec le soutien de Warren : rester ici sans rien faire, c’est mourir à petit feu ; sans nourriture, sans espoir de sortie, les gens péteront les plombs d’ici à quelques dizaines d’heures au plus tard ! Les gens qui se sont réfugiés dans la blanchisserie ont besoin de vivres, et d’informations sur la situation en ville. Le groupe des PJ a fait la démonstration qu’ils pouvaient survivre dehors – plus que quiconque ici. Il faut les autoriser à sortir – mais aussi à revenir le moment venu : ils ne partiront pas tant qu’ils n’auront pas de certitude à cet égard. Mr Fong, de toute façon, n’en croit pas ses oreilles : sortir ? Ses hommes ne cessent de lui ramener les mêmes rapports, sur cette foule de morts-vivants qui entoure la blanchisserie ! Mais Danny est convaincu qu’il y a moyen de contrôler un passage vers l’extérieur, qui ne représenterait pas pour autant une menace. Or la situation ici risque de devenir très vite intenable… Danny a à peine le temps de finir sa phrase que résonne un coup de feu à l’intérieur de l’usine : un garde vient d’abattre un des morts de la nuit (il y a eu de nouvelles morts subites pendant que les PJ se reposaient), qui s’était soudain animé et montré menaçant alors qu’on était en train de tirer le cadavre vers la chaudière, pour y être décapité et brûlé… Les réfugiés sont terrifiés – le coup de feu a illico entraîné des hurlements de panique. Le temps presse ! martèle Danny. Mr Fong se tourne enfin vers Mr Chow – qui donne son accord d’un mouvement du menton presque imperceptible. Le patron de la blanchisserie concède que l’intuition de Danny est bonne : effectivement, il y a un accès sur le toit de la boutique – une sorte de trappe. Ce toit est plus bas que celui du hangar, il se situe à quelque chose comme trois ou quatre mètres de hauteur par rapport au niveau de la rue… Accessible pour des humains, pas pour des zombies. Mais, en contrepartie, les toits des bâtiments adjacents, de toute façon éloignés de quelques cinq à six mètres au moins, par endroits dix mètres, sont plus élevés. Durant l’excursion des PJ, les hommes de Mr Fong surveilleront cet accès, et leur ouvriront le moment venu ; ils conviennent au cas où d’un code.

 

[V-3 : Nicholas, Danny, Warren : Yuen Chang, Mr Chow] L’expédition est décidée. Nicholas confectionne des cordes avec des draps (Danny a déjà une vraie corde sur lui). Warren se munit d’autres pièces de tissu, colorées, qu’il compte disposer au bout de ses bras mécaniques – en guise de leurres, cette stratégie avait pu se montrer efficace lors de leur fuite du bureau du shérif à la blanchisserie. Ils se munissent tous de sacs, bien sûr. Danny songe qu’il vaut mieux ne pas descendre dans les rues – mais par les toits, ou les étages des bâtiments abandonnés, ça devrait être jouable. Maintenant, où trouver de la nourriture à proximité ? On leur indique l’élevage de porcs de Yuen Chang, non loin, mais comment ramener un porc dans ces conditions ? Sinon, l’épicerie la plus proche… est celle de Mr Chow. On dessine un plan pour que Danny puisse se repérer.

 

[V-4 : Beatrice] Maintenant, la vraie question, c’est comment passer à travers tous ces zombies ? L’idée d’une diversion s’impose : Beatrice offre de se munir de casseroles, etc., qui feront beaucoup de bruit. Or elle dispose d’un Pouvoir de Téléportation : elle l’utilisera pour se positionner en sécurité sur un toit à l’opposé de ses camarades et fera un boucan de tous les diables pour attirer les morts-vivants vers elle, sans se mettre en danger pour autant ; à condition de répéter l’opération à plusieurs reprises, les rues devraient être suffisamment dégagées pour que les autres aillent où ils le souhaitent… et en reviennent.

 

VI : EN QUÊTE DE VIVRES, ET D’INFORMATIONS

 

[VI-1 : Beatrice, Danny : Josh Newcombe ; Mr Fong, Mrs Jansen, Mike Paltron, Russell Drent, Mr Jansen] L’idée de Beatrice est approuvée. Depuis le toit de la boutique (les gardes de Mr Fong referment la trappe aussitôt après leur passage), et sous une pluie un brin pénible mais bien plus supportable que les jours précédents, la huckster se téléporte sur le toit d’une maison un peu plus loin. Sur un signe de Danny, elle commence à marteler ses casseroles ; cela semble produire son effet – les réflexes des zombies sont on ne peut plus lents, mais la plupart des morts-vivants (et ça fait vraiment beaucoup) se dirigent vers Beatrice, dégageant le passage pour les autres. Mais, en faisant du bruit, Beatrice n’attire pas que des zombies… Du niveau de la rue, elle entend : « Ah ! Une survivante ! Ms Elizabeth Meyers, pourriez-vous m’accorder une interview ? » C’est Josh Newcombe, carnet de notes en main, tranquille au milieu des morts-vivants ! La huckster lui fait signe de monter. Le journaliste n’est pas des plus agile, il a besoin de son aide… Mais il parvient à la rejoindre sur le toit. « Je dois l’avouer, je suis heureux de rencontrer enfin quelqu’un de vivant ! Ils ne sont pas très communicatifs, vous savez... Mais racontez donc à nos lecteurs comment vous vous en êtes tirée ! » Beatrice se contente de dire qu’elle a tiré et couru… Mais lui, comment a-t-il fait ? Benoîtement, le journaliste répond qu’il n’a jamais été inquiété par les morts-vivants… Pourquoi donc ? Il y a beaucoup réfléchi ; il n’y a qu’une seule réponse possible, « et c’est la grâce divine, bien entendu ». Mais Beatrice est méfiante : est-il bien sûr d’être vivant ? C’est qu’ils ont eu quelques soucis avec Mrs Jansen… Le journaliste s’offusquait de ce qu’on le soupçonne d’être mort, mais la mention de la tenancière du Washington suffit à détourner sa colère. Il explique très simplement qu’il savait très bien ce qu’il en était, la concernant, et depuis des années – depuis, en fait, cette dispute conjugale qui avait décidé de son état ; il avait même publié un article à ce sujet, mais, bizarrement, les gens n’y ont pas accordé beaucoup de crédit. Il y a pourtant eu d’autres cas en ville – de ces disputes qui tournent mal, veut-il dire : « Vous savez, Mr Paltron, par exemple, il est évident qu’il a tué sa femme – Russell Drent le savait aussi bien que moi ; bizarrement, c’est pourtant le shérif qui m’a dissuadé d’écrire un article à ce propos… Très bien, il avait sans doute ses raisons… Bah, ce n’est pas si grave. Mr Jansen avait certes poussé un peu fort Mrs Jansen dans les escaliers, mais qui ne le fait pas ? » Mais ils s’égarent – tout cela, c’est du passé, et ses lecteurs s’intéressent à l’avenir ! Alors, comment vont-ils faire – avec tous ces gens à l’intérieur de la blanchisserie, a-t-il cru comprendre ? Il a voulu essayer de rentrer à l’intérieur, mais ces Chinois ne se sont pas montrés très coopératifs… Beatrice préfèrerait que le journaliste l’assiste de ses conseils, elle en a bien besoin… Le journaliste semble réfléchir un instant ; puis : « Mangez des légumes. Des brocolis, par exemple. Vous savez, c’est très bon pour la santé, d’ailleurs j’avais écrit un arti… » Il n’a pas le temps de finir sa phrase que la huckster lui tire une balle dans le pied !

 

[VI-2 : Danny, Nicholas, Warren : Josh Newcombe, Beatrice] Entre-temps, les autres, inconscients de cette petite discussion avec Josh Newcombe, profitent de ce que les rues ont été dégagées pour progresser, autant que possible sur les toits ou d’étage en étage, par les fenêtres (en s’aidant des cordes), dans la direction opposée de Beatrice. Danny ouvre la marche, Nicholas la ferme, avec Warren au milieu. Mais la ruse de la diversion a ses limites : si la plupart des zombies y ont cédé, il en reste cependant çà et là dans les rues, voire dans certains bâtiments.

 

[VI-3 : Beatrice : Josh Newcombe] Josh Newcombe, blessé au pied par Beatrice, crie de douleur (« Aïe ! Mais qu’est-ce qui vous prend ? »), et tombe à la renverse dans la rue (« Aïe ! »). Depuis le toit, la huckster, toujours l’arme en main, se montre menaçante : « J’en ai assez de vos bêtises. Je veux savoir comment ça se fait que vous êtes toujours au courant de tout, et toujours épargné… » Le journaliste parvient tant bien que mal à se lever, et il est furibond : « Saleté ! Vous allez me le payer, Ms Elizabeth Meyers, je vous le garantis ! Je vais dresser de vous un portrait dont vous me direz des nouvelles ! » Et il s’en va clopin-clopant vers l’est – probablement dans la direction des bureaux du Crimson Post ; il semble déjà prendre des notes sur son carnet. Mais Beatrice lui jette une pièce d’un dollar – elle s’abonne ! S’il peut lui apporter en main propre les éditions spéciales… Le journaliste ignore la pièce et continue son chemin, en fulminant.

 

[VI-4 : Danny, Warren, Nicholas : Beatrice, Mr Chow] Le coup de feu a alerté les autres, mais ils ont supposé, comme il n’y en avait pas d'autres, que cela faisait partie de la diversion de Beatrice – qui continue de faire du boucan tant que les autres ne sont pas revenus. On entend les porcs de l’élevage, ils sont bien vivants – mais en ramener à la blanchisserie s’annonce compliqué… Danny n’y croit pas. Mieux vaut pour l’heure s’en tenir à la boutique de Mr Chow. À mesure qu’ils progressent, ils distinguent d’autres coups de feu – plus effacés, un de temps à autre ; ils proviennent du sud, probablement du bureau du shérif. La boutique tient plus du bazar que de l’épicerie. S’y repérer n’est pas très évident, car toutes les étiquettes, etc., sont en chinois – mais ils peuvent identifier sans trop de risque d’erreur des aliments, frais (du riz, du thé…) ou en conserve, et en remplissent leurs sacs ; Warren use de ses bras mécaniques, qui lui permettent de porter bien plus de sacs que les autres. Mais il n’y a pas de quoi nourrir tous les réfugiés de la blanchisserie… Nicholas cherche aussi d’autres choses qui pourraient être utiles en dehors de la nourriture ; le faux prêtre tombe notamment sur cinq feux d’artifice – des reliquats du nouvel an chinois, qui a eu lieu il y a déjà longtemps de ça… La diversion de Beatrice continue, permettant aux autres de retourner à la blanchisserie. La même manœuvre est répétée une autre fois, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à ramener de la boutique de Mr Chow.

 

VII : UN HOMME FORT EN TEMPS DE CRISE

 

[VII-1 : Warren : Gamblin’ Joe Wallace, Jeff Liston, Josh Newcombe] Mais les PJ ne s’en tiennent pas là : une fois le ravitaillement effectué, ils comptent bien, en usant de la même technique, jeter un œil à ce qui se passe en ville – notamment au bureau du shérif, d’où parviennent de temps à autre des coups de feu, ou encore, non loin, à la résidence de Gamblin’ Joe Wallace (Warren y tient beaucoup) ; les noms de Jeff Liston ou Josh Newcombe sont également évoqués, mais leurs logis sont aux deux extrémités de la ville… Ils s’y prennent très bien, et rejoignent sans trop de difficultés la grande rue (impossible à traverser de la même manière, elle est bien trop large), qu’ils remontent côté nord vers l’ouest, jusqu’à atteindre la maison du maire. Des zombies rôdent dans les environs, mais assez peu ; la plupart sont attirés par les coups de feu sporadiques émanant du bureau du shérif, un peu plus à l’ouest. En y jetant un œil au passage, les PJ constatent que la rue en face est jonchée de dizaines de cadavres de morts-vivants, laissés là où ils sont tombés – les canons de Winchesters jaillissent parfois des fenêtres, les tireurs prenant le temps de viser avant de faire feu, éliminant méthodiquement chaque zombie qui s'approche un peu trop d’une balle en pleine tête. Mais les munitions manqueront très vite, à ce rythme…

 

[VII-2 : Danny, Warren : Gamblin’ Joe Wallace] Les PJ descendent dans la rue, pour gagner l’entrée de la maison de Wallace. Danny élimine de son gourdin les zombies les plus proches, mais d’autres les ont repérés et avancent lentement dans leur direction. Warren toque tout naturellement à la porte, mais sans obtenir de réponse ; il est évident qu’elle a été barricadée – et toutes les fenêtres du rez-de-chaussée de même. Mais à l’étage ? La paroi est glissante, avec tout cette pluie, mais Danny parvient à accéder à une fenêtre du premier, fermée mais aisée à franchir. Le bagarreur pénètre à l’intérieur de la maison, et, sur ses gardes, il descend au plus vite au rez-de-chaussée, afin de trouver une ouverture rapide à dégager pour que ses amis puissent se réfugier à leur tour dans la belle bâtisse ; ils parviennent à le faire avant que les zombies qui s’approchaient ne soient trop menaçants, et, sitôt à l’intérieur, ils barricadent la fenêtre derrière eux.

 

[VII-3 : Warren, Danny : Gamblin’ Joe Wallace] Quand ils se retournent, ils voient le domestique chinois de Wallace, qui se tient raide comme un piquet en haut de l’escalier, une carabine en main. Il n’est pas hostile – dès l’instant qu’il les voit barricader la fenêtre derrière eux. Il est simplement méfiant. Mais Warren lui fait part de ce qu’ils aimeraient s’entretenir avec Wallace – tandis que Danny indique son étoile de shérif, au cas où… Comme si la situation était parfaitement ordinaire, le domestique, s’il mentionne en passant que Mr Wallace est quelque peu fatigué, demande aux visiteurs de patienter le temps qu’il les annonce, après quoi il les invite à le suivre dans le bureau du maire, au premier étage.

 

[VII-4 : Danny, Warren, Beatrice, Nicholas : Gamblin’ Joe Wallace ; Russell Drent, Jon Brims, Mortimer Stelias, Jeff Liston, Mr Fong] Gamblin’ Joe Wallace est dans un état lamentable – une loque humaine, qui a bu beaucoup, beaucoup d’alcool ces derniers jours. Le domestique part préparer du thé – tandis que Danny ramasse un seau d’eau, qu’il balance à la figure du maire. Amorphe et déprimé, Wallace se plaint de ce qu’ils veulent l’humilier encore davantage. Warren veut se montrer diplomate… mais se rend compte qu’il ne sait pas quoi dire ; il fait quelques pas en arrière, et marmonne indistinctement… Vu de l’extérieur, c’est un peu comme s’il s’entretenait avec Roselyne et Hippolyte, ses bras mécaniques ! Danny est plus direct : maintenant que Drent est hors-jeu… Mais Wallace affirme qu’il n’est pas hors-jeu. Il demande à ses visiteurs où ils se sont planqués, ce qui pourrait expliquer qu’ils ne soient pas au courant concernant le shérif ? Danny dit que, la dernière fois qu’il a vu Drent, il se faisait dessus dans une cellule de son propre bureau… Mais Wallace lui rétorque que, la dernière fois qu’il l’a vu lui, par cette fenêtre juste à côté, et tout récemment, il coordonnait ses hommes dans l’élimination méthodique des morts-vivants des environs – froid, distingué, classe : du pur Drent d’avant toute cette folie… Le maire remarque alors seulement que Danny arbore l’étoile de shérif : « Il va vouloir la récupérer… » Warren sort de son soliloque, et demande à Wallace s’il a vu Jon Brims – mais ce n’est pas le cas : « Encore un peu tôt pour le croque-mort ? » Les gens n’ont plus besoin de « venir quémander des audiences à Sa Majesté Gamblin’ Joe Wallace » Warren veut l’aider – mais il lui faut comprendre ce qui se passe ; le maire n’a-t-il rien à dire sur tous ces événements surnaturels ? Il évoque aussi le nom de Mortimer Stelias ; comment est-il mort ? « De sa belle mort… Enfin, de vieillesse. Il aurait peut-être trouvé une autre mort plus belle. Il a été colonel de cavalerie de l’Union, vous savez… » Le souvenir semble quelque peu émouvoir le maire : « C’était un type bien. Y en a pas beaucoup. » Mais Warren a appris que Mr Stelias avait eu affaire à des… manitous ? Cela pourrait avoir un lien… Il fait appel à Beatrice – qui se contente de dire qu’il s’agit d’esprits du folklore indien ; d’ailleurs elle se demande si un Indien du coin ne serait pas impliqué dans l’affaire… « Dans le coin, côté Indiens, y a que la tribu des Red Suns – dans la forêt du même nom. Z’ont jamais posé de problème. Enfin… Vous le savez, hein : terra nullius, tout ça, c’est des conneries, quand les Blancs s’installent quelque part dans l’Ouest, c’est pas sur des terrains vierges, c’est sur les territoires de tels ou tels Indiens… Alors ils se sont plaints, dans les premières années. Ça n’a pas duré. » Wallace dit ne jamais avoir eu affaire à eux, c’était déjà du passé quand il est arrivé de Boston. Le seul habitant de Crimson Bay à y connaître quoi que ce soit, ça serait Jeff Liston – qui va chasser l’ours dans la forêt de Red Sun. Peut-être. « Les Indiens… Faut croire qu’on avait pas assez de soucis, hein ? Des tiques de prairie, des dégénérés cannibales, des morts-vivants, des démons même à ce qu’on dit… Et tout ça depuis votre arrivée… dans la charmante petite ville de Crimson Bay. » Et les Chinois ? demande Beatrice. Wallace n’en sait rien – il traitait avec Mr Fong, c’est tout ; et à travers lui avec les triades de Shan Fan voire de Hongkong, qui approvisionnaient l’usine en poudre… Ça n’a rien d’un secret. Il n’a pas de secrets. Et le surnaturel ? Il n’y connait rien – il n’y croyait pas il y a de ça trois jours à peine. De toute façon, c’est Drent qui va régler la situation : c’est un malin… Wallace savait dès le départ que c’était un dur – il le savait parce que c’était exactement ce qu’il recherchait. Une ville doit avoir un shérif. Et… « À l’époque, chaque nuit, je faisais des cauchemars, terribles – c’était l’anarchie, le chaos à Crimson Bay… C’était comme un message : embauche quelqu'un pour maintenir l'ordre. Quelqu'un qui sait y faire. Les cauchemars ont cessé avec l’arrivée de Drent. Il a fait son office. Vous connaissez la suite. » Des coups de feu retentissent par intermittence du bureau du shérif. Danny redescend, il en a assez – ils ne tireront rien d’utile de ce pauvre type. Beatrice compte le suivre, mais dit d’abord au maire qu’il lui doit 35 $... Wallace se lève, tangue un peu, ramasse une liasse entière dans son coffre ouvert et la jette aux pieds de la huckster. « Servez-vous. Ça servira à payer la caution quand Drent vous coffrera. Enfin, s’il vous laisse la possibilité de payer une caution... » Mais Beatrice se contente de ses 35 $ (Nicholas est moins scrupuleux…).

 

[VII-5 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren : Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent] Les PJ laissent là Wallace, et prennent la direction du bureau du shérif, tout proche – en profitant d’un moment d’accalmie, quand les morts-vivants sont relativement peu nombreux, et trop éloignés pour être vraiment dangereux. Danny a l’intention de rendre à Russell Drent son étoile – il est d’un calme olympien, face à Beatrice et Nicholas de plus en plus démangés par l’envie de tirer sur tout le monde… Le bagarreur ne fait certainement pas confiance au shérif (Warren était très inquiet à ce propos…), mais il ne veut pas avoir tout le monde à dos – pas maintenant. Il a d’autres méthodes pour passer ses nerfs – les zombies les plus proches font les frais de son gourdin, le faux prêtre et la huckster achevant ceux qui sont un peu plus loin. Ils attirent ainsi l’attention des adjoints – deux sont sortis sous l’auvent, qui voient bien qu’ils ne sont pas des morts-vivants, et les laissent approcher…

 

[VII-6 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren : Russell Drent ; Gamblin’ Joe Wallace, Mr Fong, Mr Shou, Josh Newcombe] Et Russell Drent sort également du bureau, comme pour prendre l’air – et il est ainsi que Gamblin’ Joe Wallace l’avait décrit : froid, distingué, classe. Le Drent d’avant – rien à voir avec l’homme qui s’était effondré sous les yeux des PJ. Danny et Beatrice l’approchent, l’air de rien – Nicholas et Warren restent un peu plus en arrière. Drent les remarque enfin et les regarde approcher, souriant. Danny lui rend illico son étoile – comme il a repris ses esprits… Drent le remercie – ajoutant qu’il avait eu raison de faire ce qu’il a fait. Il s’était effondré, c’était… lamentable. Danny, conciliant, avance que ça arrive à tout le monde, mais Drent, avec un regard dur, lui répond sèchement : « Non. Cela ne m’arrive pas. À moi. » Ou du moins ça ne devrait pas être visible – il y a peu de choses aussi importantes que ce qui est visible, et ce qui ne l’est pas. Passons : ils ont à discuter ! 300 civils se sont réfugiés dans la blanchisserie, et ils ne tiendront pas trois jours. Drent commence par féliciter les PJ : la blanchisserie, c’était une bonne idée. Ce sont probablement les seuls à avoir survécu, à quelques exceptions près, comme bien sûr Drent et ses adjoints (une quinzaine). « C’est bon à savoir que toute la population de mes administrés se trouve là-bas. » Danny suggère de faire une battue pour dégager les ruelles – là-bas, ils sont encerclés. Drent est d’accord – et ses administrés seront heureux de voir qu’en ces temps troublés un homme à poigne a pris les rênes du pouvoir : « Ensemble, nous allons pouvoir bâtir une nouvelle alliance. » L’expression n’a pas échappé à Nicholas... Qu’entend-il par-là ? « Il faut faire un pacte. Il y a ceux d’en dessous, et ceux d’au-dessus. Qui les dirigent. Et les protègent. Exactement, le troupeau et son berger. C’est une chose que vous, homme d’Eglise, comprenez parfaitement. Le berger a tout intérêt à garder son troupeau en vie. » Mais « ces Fong, ces Shou… Il faudra qu’ils se soumettent. On dit que les Orientaux sont pragmatiques… » Danny n’est pas exactement un lettré, mais cette idée de soumission l’étonne – ce n’est pas ça, une alliance… Drent affiche un rictus sardonique : « Demandez à votre ami le prêtre, il vous expliquera comment ça se passe dans la Bible… » Warren lui demande s’il a vu d’autres personnalités de la ville : « Les personnes qui comptent sont toutes ici en ce moment même. » Et Newcombe ? Il est passé lui poser quelques questions – un homme étonnant… et qui sait raconter des histoires – c’est une qualité bien singulière. Peut-être est-il protégé par Dieu, ainsi qu’il le prétend… Peut-être le shérif lui-même, et Danny, et ses camarades, sont-ils également sous la protection du Seigneur ? Croient-ils vraiment qu’ils ont survécu par hasard ? On a toujours besoin d’une volonté supérieure… « Plus que jamais. Devant cette… parodie du Jugement Dernier… Je ne peux pas tolérer pareille chose. Moi moins que quiconque. » Le shérif écarte les bras en croix, et du sang s'écoule des stigmates de ses paumes…

 

À suivre…

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (09)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (09)

Neuvième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici. L’enregistrement de la séance est disponible .

 

Les inspirations essentielles se trouvent dans la campagne Stone Cold Dead et le scénario Coffin Rock.

 

La joueuse incarnant Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », était absente, et devrait l’être pendant quelques séances. Étaient présents les joueurs incarnant Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero (dont le joueur était cependant absent en tout début de séance) ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance ci-dessous.

I : LE CLIENT EST ROI ?

 

[I-1 : Beatrice, Danny : Mr Jansen, Mrs Jansen] Les PJ font face aux cadavres des Jansen… et s’étonnent enfin de ce qu’il n’y a pas eu la moindre réaction dans l’hôtel, ni au cri de Mr Jansen dévoré par son épouse, ni aux coups de feu qui ont suivi – et Beatrice a tout de même vidé son chargeur sur la morte-vivante anthropophage ! Danny va jeter un œil à l’entrée – la rue est déserte. Mais Beatrice fait un rapide tour des chambres ; toquer aux portes ne suscite pas la moindre réponse – pour la bonne raison que tous les clients du Washington, qui étaient une bonne quinzaine, sont maintenant des cadavres éviscérés… Mais la huckster ne se laisse pas abattre – elle ramasse quelques dollars qui traînaient sur une commode… Danny ne revient pas de ce qui vient de se produire – mais, surtout, il craint que Mrs Jansen ne soit pas le seul cadavre ambulant responsable du carnage ! Ils fouillent ensemble l’hôtel – notamment la cave ; mais rien de spécial.

 

[I-2 : Danny : Rafaela Venegas de la Tore ; Mrs Jansen, Jeff Liston] Mais il y a de toute évidence un problème en ville – qui dépasse le seul cas de Mrs Jansen. Une menace plane ; vaut-il mieux se rendre au bureau du shérif, où veillent nombre d’adjoints ? Ou à la blanchisserie, où compte retourner de toute façon Rafie, et où se sont installés contraints et forcés bien 200 à 300 habitants ? En sortant du Washington, Danny suggère déjà d’aller voir leur ami Jeff Liston, au Red Bear – qui est tout proche. Mais Rafie part de son côté.

 

[I-3 : Danny, Beatrice : Jeff Liston, Mr Fong] La pluie a forci. Elle n’est pas aussi menaçante que lorsque la tempête s’était abattue sur Crimson Bay, mais elle est très pénible, et ne facilite pas les déplacements dans les rues éventrées. Un simple coup d’œil vers l’ouest, en direction du port, laisse comprendre que la mer est démontée et qu'embarquer à bord d’un bateau serait peu ou prou suicidaire. L’impression générale est qu’il est impossible de quitter la ville pour l’heure, par voie de mer ou de terre – ce qui n’empêche pas quelques citoyens apeurés de charger leurs bagages et même leurs meubles à bord de charrettes, et qu’importe si elles ne feraient pas cinquante mètres avant de casser une roue… Et, devant le Red Bear, il y a foule – une foule avinée et de mauvais poil. Des clients refoulés se plaignent de Liston, qui refuse de les servir et les a jetés dehors ! Sous la pluie ! Ils sont complètement bourrés, et agressifs… Danny pense les disperser simplement en montrant son étoile d’adjoint, mais cela n’a aucun effet ; que Beatrice sorte son Colt, même sans le braquer sur qui que ce soit, est plus productif. Danny les aiguille tout de même vers la blanchisserie de Mr Fong, mais ils sont au-delà d’être raisonnés… Tous n’ont même pas le réflexe de s’abriter sous un auvent, avec cette pluie. Mais la façade du Red Bear est tout de même dégagée.

 

[I-4 : Danny, Beatrice, Nicholas : Jeff Liston ; Mrs Jansen] À l’intérieur, c’est plus ou moins le même tableau – en pire. Les clients qui restent se montrent agressifs, tandis que Liston, bourru, leur hurle qu’il ne les servira pas ; ce qui n’a probablement jamais eu lieu dans un bouge pareil. La tension est palpable – l’ex-trappeur a les mains sous le comptoir, là où il planque ses armes. Danny et Beatrice parviennent à le rejoindre, et Liston, nerveux, confirme qu’il n’a jamais vu ses clients boire autant, et en même temps avoir l’alcool aussi mauvais – au point où même lui s’en inquiète. Il a eu quelques rumeurs de ce qui s’est passé devant le bureau du shérif, mais n’y accordait pas vraiment de crédit – cependant, les PJ lui confirment que la rumeur disait vrai. Danny et Beatrice ajoutent que, depuis, ils ont croisé un autre mort-vivant – « la vieille Jansen »… et, non, ce n’est pas une blague. Elle a tué tout le monde au Washington. Liston, d’abord sceptique, est finalement prêt à les croire – lui aussi se rend bien compte qu’il se passe… quelque chose à Crimson Bay. En fait, Beatrice avance qu’il serait bien temps de fermer le Red Bear – peut-être définitivement, semble-t-elle sous-entendre… Mais Liston aurait déjà bien besoin de leur aide pour faire vider les lieux aux clients pénibles ; lui est porté à faire usage de la manière forte – mais un nouveau sermon bizarre du « père Nicholas » produit également ses fruits ; cependant, ceux qui quittent ainsi le bar tendent à grossir les rangs de ceux qui végètent juste devant, sous la pluie battante… Ils réclament à cor et à cri que Liston les serve : ils veulent boire ! Et c’est trop cher, ailleurs… « Jeff, merde, quoi, fais péter ta recette spéciale, c’est l’apocalypse, quoi ! » Beatrice ne rigole plus, toutefois – et ça se lit dans son regard, faut-il croire, car ses menaces pèsent bien plus que celles de Liston ; l’attroupement se disperse.

 

[I-5 : Beatrice, Danny, Nicholas : Jeff Liston ; Mr Fong, Denis O’Hara, Russell Drent, Gamblin’ Joe Wallace] Bien sûr, les PJ sont une clientèle que Liston veut bien servir… Il les fait entrer, et verrouille la porte du bar derrière eux. Il s’attable avec eux, ouvrant une bouteille d’un whisky parfaitement immonde. Ils ont tous fait le même constat : Crimson Bay part à vau l’eau – et à une vitesse ahurissante encore. Beatrice interroge Liston sur la tempête – en appuyant tellement sur le mot qu’il devient évident que la huckster ne lui parle pas simplement de la météorologie à Crimson Bay dans les dernières années. De toute façon, il est clair que la ville n’aurait pas pu se développer si elle devait régulièrement faire face à ce genre de cataclysmes. Mais les coulées de boue sont un moindre problème aux yeux de la huckster. Liston n’envisage pas les choses de la même manière – il confirme que la ville est coupée du monde ; quelques heures plus tôt, on lui a dit que la voie ferrée également était impossible à emprunter – les rails ont souffert au nord comme au sud, impossible de gagner Portland ou Shan Fan. L’ex-trappeur se dit qu’il aurait dû prolonger son escapade dans la forêt de Red Sun, il ne serait pas dans cette merde… Danny affirme que le mieux est encore de rejoindre les autres à la blanchisserie de Mr Fong – mais Liston n’en est pas convaincu : « Au moment de la tempête, c’était sans doute un bon conseil, z’avez bien fait… Mais maintenant, y a quoi, 200, 300 personnes là-bas ? T’imagines un peu s’y s’mettent à réagir comme ceux d’ici ? » Même chose pour l’église, lui a-t-on dit ; mais là, de toute façon, il n’a aucune envie d’y aller – et Nicholas le lui déconseille ouvertement ; Beatrice ajoute qu’il va falloir s’occuper du père O’Hara, ce qui interloque un peu Danny – elle ne le sent pas… Il y a une cause derrière tous ces phénomènes, et son instinct conduit la huckster à supposer que le pasteur rougeaud y est pour quelque chose… La « cloche fantôme » constitue un argument en ce sens – elle continue d’ailleurs de sonner, de manière très irrégulière. Cependant, Beatrice admet que le marionnettiste pourrait être quelqu’un d’autre – mais qui ? Drent, qui est complètement à l’ouest, et en principe assommé par l’opium ? Wallace, cette loque humaine ? Les Chinois ? Danny compte bien enquêter. Il propose à Liston de les suivre, mais il refuse – il préfère rester là à garder son bouge contre ses dégénérés de clients… Beatrice le comprend – et elle ne compte certainement pas dormir à la blanchisserie, les craintes exposées par l’ex-trappeur lui paraissent fondées ; clairement, elle demande à Liston s’il pourrait les héberger – il est surpris, mais ça lui va : « C’est pas l’grand luxe, par contre, hein… », dit-il en désignant les taches de vomi par terre. La huckster est décidément très convaincante, ce soir ! Les PJ le laissent là – il a chargé deux gros fusils de chasse, disposés au mieux sur le comptoir…

 

[Depuis le début de la séance, Beatrice a enchaîné les jets brillants ; j’ai considéré que cela méritait une récompense, et elle a tiré un Jeton rouge.]

 

II : SHÉRIF, FAIS-MOI PEUR

 

[II-1 : Danny] Les PJ prennent la direction du bureau du shérif. La pluie est toujours aussi pénible, mais le même tableau revient, de ces bons citoyens qui ont décidé de déménager dans l’urgence – un vœu pieux… Ainsi de cette petite famille qui s’embarrasse encore du superflu : la grande horloge murale, ce genre de choses. Leur fillette joue dans la boue – elle ne comprend sans doute pas très bien ce qui se passe autour d’elle, et s’amuse comme une petite folle… jusqu’à ce que la foudre s’abatte sur elle, et la carbonise en l’espace d’un instant ! Danny est sidéré, la bouche grande ouverte… La mère de la pauvre petite fille hurle et se précipite sur le fragile cadavre réduit en cendres, mais son époux reprend bien vite ses esprits – finalement, mieux vaut ne pas s’embarrasser de l’horloge de papy, et partir au plus vite… Les PJ aussi pressent le pas. Devant le Gold Digger, une scène assez proche de celle du Red Bear se déroule – avec peut-être un peu moins de monde. Le bureau du shérif, non loin, est gardé par des adjoints visiblement très nerveux – et leurs yeux témoignent de ce qu’ils ont sans doute vu eux aussi leur quota d’horreurs. Le triste sort de la fillette a ouvert les yeux de Danny et de ses camarades – peut-être ne voulaient-ils pas les voir, mais il y a çà et là des cadavres dans la rue…

 

[II-2 : Danny, Warren, Beatrice, Nicholas : Russell Drent, Bill ; Josh Newcombe] En dépit de leurs bisbilles avec Russell Drent, les adjoints ne s’opposent pas à ce que les PJ pénètrent dans le bureau. On entend le shérif ronfler dans la pièce où on l’a confiné – l’opium a dû faire son effet, même s’il a sans doute fallu y mettre la dose… C’est un adjoint relativement âgé, du nom de Bill, qui a tant bien que mal pris les choses en mains – même si le retour de Danny le soulage, à tort ou à raison. Reste que le bureau est géré comme une forteresse assiégée par un ennemi encore invisible – les fusils sont sortis, les munitions à portée. Ce qui rassure Warren : c’est l’endroit le plus sûr de la ville, bien plus que la blanchisserie ! Le savant fou va veiller le shérif quelque temps. Bill est effaré par l’état de Drent – c’était censé être un dur… Beatrice avance qu’il paye le prix de ses saloperies ; Bill ne les nie pas, mais pour lui ça n’a rien à voir… Danny se pose un peu – une bouteille à ses côtés. Nicholas aimerait bien aller poser quelques questions à Josh Newcombe – le journaliste a décidément prédit pas mal de choses qui se sont avérées fondées…

 

[II-3 : Nicholas, Danny, Warren, Beatrice : Bill, Russell Drent ; Richard Lightgow, Ms Lilly Brown, le Déterré, Denis O’Hara] : Ils attendent, pour l’heure – et Nicholas observe un petit manège qui se répète à plusieurs reprises : de jeunes adjoints paniqués qui viennent faire leur rapport à Bill… mais en le chuchotant dans son oreille ; il le signale à Danny, qui aimerait bien avoir quelques explications. Bill n’a rien à lui cacher : cela fait quelques heures qu’ils ont des… des informations… Les premières venaient de Richard Lightgow, ou de son infirmière Ms Lilly Brown… mais depuis… « Comment dire ça… Il y a… des morts subites. Des morts inexplicables. Dans plusieurs endroits de la ville, toute la ville, des types qui s’effondrent d’un seul coup, quoi qu’ils soient en train de faire, même en plein milieu d’une phrase, bam. Et je saurais même pas faire le compte des victimes. Mais, avec tous ces rapports… Disons qu’il y a eu au moins une cinquantaine de cas, et c’est pas parti pour s’arrêter… » Nicholas établit un lien avec le Déterré qui l’avait tant terrifié quelques heures auparavant. Il le décrit du mieux qu’il peut à Bill, mais, non, ça ne lui dit rien. Le faux prêtre mentionne aussi la cloche qui n’arrête pas de sonner – bien sûr que Bill l’entend, faudrait être sourd pour pas l’entendre, même s’il n’a aucune idée de pourquoi elle sonne comme ça – il a bien dépêché un ou deux adjoints sur place, mais… Nicholas lui révèle que le clocher a brûlé : il n’y a pas de cloche. Bill n’est tout simplement pas en mesure d’envisager une chose pareille – Danny s’esclaffe en se resservant un verre (un double ou un triple), mais il confirme pourtant que ce n’est pas une blague. Et Nicholas a son idée de pourquoi elle sonne : c’est le glas, même si c’est un glas impossible – la cloche sonne pour chaque mort… Bill fait un blocage, mais la vérité commence à lui apparaître, et il s’effondre désespéré sur une chaise… Nicholas convainc aussi Danny – qui a tout de même un petit coup dans le nez, même si sa longue expérience fait qu’il encaisse : « Faut s’occuper de ça, faut s’occuper du pasteur… Et maintenant, parce que plus on attend et plus y aura des morts… »

 

[II-4 : Warren, Danny, Beatrice : Russell Drent, Bill] Les PJ sont tous d’accord et prêts à partir. Warren récupère au passage l’étoile de Drent et la tend à Danny – tout en suggérant de mettre Drent dans une cellule « au cas où » (ce que Beatrice approuve également). Un petit jeune s’en offusque : « Hey ! C’est le patron, merde ! » Il cherche désespérément du soutien, notamment auprès de Bill… mais les autres adjoints, soit s’en foutent, soit considèrent que Danny est effectivement le plus compétent d’entre eux – et que garder Drent dans une cellule est bien la meilleure chose à faire.

 

[II-5 : Nicholas, Warren, Beatrice, Danny : Bill ; Denis O’Hara] Les intentions de Nicholas semblent cependant… « radicales » : il veut des explosifs pour « disperser la foule » ! Warren peut-il l’aider ? Ce n’est pas vraiment son domaine, mais… Beatrice suppose qu’il y a un moyen plus simple – le bureau du shérif a peut-être quelque chose dans ce goût-là ? Bill est très inquiet de la tournure que prend la situation… Beatrice insiste sur le « clocher fantôme » ; peut-être qu’en faisant disparaître le reste du bâtiment… Mais cette histoire n’a jamais convaincu Bill – et il craque : « C’est un message divin ! C’est ça, c’est l’apocalypse ! Le Jour du Jugement ! Les morts qui ressuscitent, et… ce qu’il faut faire, c’est rejoindre le père O’Hara ! N’est-ce pas, mon père ? », dit-il en se tournant vers Nicholas… lequel lui colle une baffe. Bill est tellement surpris qu’il n’a aucun réflexe de riposter. Nicholas livre un sermon nerveux : ce sadisme, ça ne peut pas être Dieu, Dieu ne tue pas ! C’est une lecture de la Bible expurgée de tous ses massacres, mais Bill est trop décontenancé pour contredire un homme en tenue de pasteur et qui porte sur le dos une immense croix de métal… Danny, plus pragmatique, se passe de l’autorisation de son désormais subordonné Bill, et se rend de lui-même à l’armurerie : il s’y trouve bien trois bâtons de dynamite – des instruments de démolition pour chantier, ce genre de choses, à mèche longue, pas destinés à être jetés, mais faits pour être disposés soigneusement. Danny en garde un et donne les deux autres à Nicholas – tous deux ont bien sûr de quoi les allumer… sachant qu’il pleut toujours des cordes.

 

III : UN PEU TROP DE MORGUE

 

[III-1 : Warren, Nicholas, Beatrice : Richard Lightgow ; Jon Brims, Ms Lilly Brown] Ils prennent la direction de l’église, sous une pluie battante, et à travers des rues largement impraticables. En chemin, Warren et Nicholas remarquent la silhouette de quelqu’un qui court dans leur direction – il s’agit du Dr Lightgow. Le médecin arrive auprès d’eux, il n’a plus du tout l’air défoncé, mais il est par contre saisi par une profonde panique. Reprenant son souffle, il explique tant bien que mal que, non seulement les gens tombent comme des mouches, mais aussi… « Je voulais en parler à Jon, mais je ne sais pas où il est, et… Warren, je ne plaisante pas, il… il y a du bruit dans la morgue ! Et ce n’est pas Jon, la porte de la morgue est verrouillée de l’extérieur chez lui aussi, et… » Warren est bien embêté, mais, ainsi que Beatrice l’explique, il tend à croire que la priorité est de se rendre à l’église – que c’est là-bas que se trouve la cause de tout ce mal… Un argumentaire qui sidère le bon docteur – lequel est aussi imperméable que Bill à l’idée d’une cloche qui sonnerait toujours alors que le clocher a brûlé… C’est forcément que ce dernier point est faux, non ? Warren l’engage à aller se réfugier dans le bureau du shérif, mais le docteur a une autre idée en tête : « Une dose, une bonne dose, oui… » Il s’en va sans plus attendre, laissant Warren stupéfait. Mais le savant fou ne peut pas laisser son ami dans cet état… Il n’attend pas qu’on lui en donne l’autorisation, et se met à suivre Lightgow, qui a pris la direction, non de son cabinet, mais du nord de la ville. Beatrice le rattrape – après avoir dit aux autres qu’ils les rejoindront rapidement. Le médecin est au bord du délire… et réalise subitement qu’il a laissé Lilly seule dans la clinique ! Il en prend cette fois la direction, et Warren et Beatrice pressent le pas.

 

[III-2 : Warren, Beatrice : Richard Lightgow ; Jon Brims, Ms Lilly Brown] Sur place, Richard Lightgow introduit Warren et Beatrice dans son cabinet, après avoir constaté que l’atelier de pompes funèbres de Jon Brims était fermé. Il y a toujours des patients, qui – pour ceux du moins qui sont encore vaguement en état de réagir – sont stupéfaits de voir leur docteur dans cet état ! Car il est visiblement au bord du délire, voire au-delà : il cherche partout Ms Lilly Brown, mais jusque dans les endroits les plus incongrus – en se mettant à quatre pattes pour jeter un œil sous chaque armoire, etc. Puis ils entendent des coups violents en provenance de la porte métallique de la morgue – du moins est-ce ce que comprend Warren, qui s’y était déjà rendu (c’est une structure semi enterrée qui fait la jonction entre la clinique et l’entreprise de pompes funèbres).

 

[III-3 : Beatrice] Beatrice enjoint les patients à se rendre à la blanchisserie – le docteur n’est pas en état de leur venir en aide… Ils sont totalement amorphes. « Ce sont les consignes du bureau du shérif ! C’est l’endroit le plus sûr en ville ! » Mais un des patients, d’une voix atone, lui répond qu’il n’y a pas d’endroit sûr en ville… « Vous savez pas ? Les gens tombent comme des mouches – même dans leur salon… » Il se lève, cependant, et paraît obéir – mais, à la vitesse à laquelle il se déplace, il n’arrivera pas à la blanchisserie avant un bon bout de temps…

 

[III-4 : Warren : Ms Lilly Brown, Jon Brims] Mais les coups contre la porte métallique résonnent à nouveau. Warren appelle Ms Brown, mais il n’y a pas de réponse. Beatrice suggère de passer plutôt par l’entreprise de pompes funèbres – Warren culpabilise un peu de laisser son ami le Dr Lightgow dans cet état… mais, en même temps, il est curieux du sort de Jon Brims, et se laisse persuader. À l’intérieur, effectivement, nulle trace du croque-morts – et des coups résonnent en provenance de la morgue… Le savant fou va jeter un œil dans l’appartement de Jon Brims à l’étage – en quête dit-il d’indices sur l’endroit où il pourrait se trouver ; mieux vaut ne pas se séparer, Beatrice le suit. C’est un petit appartement coquet ; rien ne laisse supposer qu’il aurait été abandonné délibérément, par quelqu’un qui aurait préparé ses affaires. Warren remarque (et prend) une photographie de Jon Brims souriant, une femme charmante à ses côtés. Il y a un journal intime dans un tiroir – et plusieurs jeux de cartes ; Warren adresse un regard à Beatrice, qui hoche la tête… Le tiroir a un double-fond : à l’intérieur, un exemplaire du Livre des Jeux de Hoyle, abondamment annoté – par quelqu’un qui l’a étudié en profondeur, pas un amateur…

 

[III-5 : Beatrice, Warren : Jon Brims, Ms Lilly Brown] La porte de la morgue, côté pompes-funèbres, est martelée de coups. Beatrice lâche à Warren que, après ce qui s’est passé avec Mrs Jansen, ils savent très bien ce qu’ils vont trouver de l’autre côté… Le savant fou acquiesce – et suggère de simplement barricader les portes, des deux côtés. Il appelle d’abord Jon Brims et Ms Lilly Brown… mais n’obtient pour seule réponse que des grognements.

 

[III-6 : Beatrice, Warren : Richard Lightgow ; Ms Lilly Brown] Après avoir renforcé la porte de la morgue côté pompes funèbres, ils sortent dans la rue, puis repassent dans la clinique, pour la consolider de ce côté également. Les patients sont partis, nulle trace de Lightgow, ni de Ms Lilly Brown. Mais, tandis que Warren ramasse une trousse de soins, « au cas où », Beatrice entend frapper faiblement à une autre porte – en bois, l’effet n’est pas du tout le même ; Warren comprend que cela vient de l’atelier où il travaillait avec le docteur. Ils ouvrent la porte (verrouillée) avec précaution… et, de l’autre côté, se trouve un homme, ou ce qu’il en reste, qui se traîne par terre en gémissant. Il est amputé des quatre membres, et on lui a greffé des prothèses – de celles sur lesquelles travaillait Warren –, mais n’importe comment : un bras droit au moignon du bras gauche, une jambe à celui du bras droit, etc. De toute évidence, ce n’était pas un cobaye volontaire ; la souffrance du pauvre homme saute aux yeux – son regard semble implorer la mort, et Beatrice achève son calvaire sans y penser à deux fois. Warren est tétanisé : il voit ce que le Dr Lightgow, à l’évidence, a fait des prothèses sur lesquelles ils avaient tous deux travaillé avec tant d’assiduité et d’enthousiasme, il est au bord de la nausée. Puis ils entendent la voix du docteur derrière eux : « Mais… mais qu’est-ce que vous avez fait ? Vous avez interrompu mon expérience ?! Ce n’est pas pour ça que je vous avais appelé, c’était pour la morgue, bon sang ! Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?! Vous avez abattu ce pauvre homme ! Mais vous êtes complètement fous, ma parole ! Bon sang, c’était greffé si magnifiquement bien… Vous êtes sans cœur ! Et vous n’avez aucun respect pour la science ! » Lightgow fond en larmes, le cadavre dans ses bras, qu’il berce. Warren, lui, retient tant bien que mal ses propres larmes – chaque fois que le médecin prononce le mot « science », au fil de son discours totalement incohérent et inhumain, il est sur le point d’exploser. Le médecin le prononce une fois de trop : Warren se laisse emporter par la colère, et, à l’aide de son bras mécanique Roselyne, il brise la nuque du tortionnaire – son ami…

IV : PLUS PRÈS DE TOI MON DIEU

 

[IV-1 : Nicholas, Danny : Denis O’Hara] Pendant ce temps, Nicholas et Danny se sont rendus directement à l’église du père O’Hara. Celle-ci déborde de monde : le tableau est encore plus saisissant que les fois précédentes, et une bonne centaine de fidèles doivent rester dehors, sous la pluie – ils ne semblent pas y prêter la moindre attention, obnubilés qu’ils sont par leurs dévotions hystériques ; ils n’entendent pas le prêche, mais hurlent qu’il faut se repentir, se roulent dans la boue, se flagellent, etc. À l’intérieur, il y a sans doute encore plus de monde – mais, pour s’en assurer, il faudrait déjà pouvoir franchir la foule contrainte de rester à l’extérieur, et qui encercle le bâtiment.

 

[IV-2 : Nicholas, Danny : Denis O’Hara] Nicholas en fait le tour – et obtient confirmation de ce qu’il y a une autre porte à l’arrière, donnant sur le presbytère, et sans doute plus proche de l’autel derrière lequel doit se trouver le père Denis O’Hara en pleine homélie. Une quinzaine de fidèles aux yeux fous en barrent l’accès – impossible d’entendre le sermon d’ici, la pluie battante et la cloche qui ne cesse de sonner n’arrangeant rien à l’affaire. Danny essaye de faire une diversion pour dégager le passage pour Nicholas – il prétend que le pasteur est en train de sortir de l’église par la façade… Mais les fidèles sont bien au-delà de ce genre d’imposture. Danny n’insiste pas : il chope le premier venu et l’écarte violemment du chemin de Nicholas. Le problème est que la foule se renouvelle sans cesse : pour un d’écarté, deux arrivent qui le remplacent sans même en avoir conscience…

 

[IV-3 : Danny, Nicholas : Denis O’Hara] Danny comme Nicholas, en tout cas, ne comptent pas faire dans la demi-mesure : si l’accès à l’intérieur de l’église pose problème, ils sont prêts à la faire sauter de toute façon ; qu’importe si 200 personnes au moins se trouvent à l’intérieur, des citoyens innocents, venus en famille, quêter la protection de leur Seigneur… Danny suppose qu’il serait possible de grimper jusqu’au niveau d’un vitrail, et, de là, balancer un bâton de dynamite à l’intérieur, autant que faire se peut en direction du père O’Hara. Escalader la paroi est très compliqué, avec cette pluie qui rend en outre la surface glissante – mais le bagarreur a de la ressource et y parvient, pas le faux prêtre. Danny jette un œil par le vitrail… et il se produit quelque chose de très étrange : de l’extérieur, de nuit et sous cette pluie, il n’aurait jamais dû y distinguer quoi que ce soit – et pourtant, c’est comme s’il le voyait de l’intérieur et en plein jour, par grand beau temps ; le vitrail figure une scène apocalyptique, ou, plus largement, décrivant avec un luxe de détails les châtiments réservés aux pécheurs en enfer – cela n’a rien à voir avec la décoration antérieure de l’église. Pire : la scène s’anime sous ses yeux… et Danny se reconnait indubitablement sous les traits d’un mauvais chrétien vicieusement torturé par une cohorte de démons hilares. Le réalisme de la scène est tel que Danny hurle d’effroi et lâche prise – il tombe sur le dos, heureusement sans trop de dégâts.

 

[Cependant, il a gagné le Handicap Phobie mineure (scènes de torture)]

 

[IV-4 : Beatrice, Warren, Danny, Nicholas : Richard Lightgow, Denis O’Hara] C’est à ce moment que Beatrice et Warren rejoignent Danny et Nicholas devant l’église – ils ont couru depuis la clinique de feu le Dr Lightgow, et assisté à la chute de Danny. Autour d’eux, le comportement de la foule se modifie : sans doute en écho au sermon inaudible du père O’Hara à l’intérieur, ses fidèles se mettent à scander : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! », en se martelant rythmiquement le torse du poing. Warren, qui avait hâtivement consulté les autres du regard, décide de disperser la foule à l’aide de son bras mécanique Hippolyte – dont l’éclair électrique devrait se montrer efficace, sous cette pluie ; le savant fou vise une flaque d’eau et fait confiance à la conductivité. Mais il est difficile d’en contrôler les effets… Pour le coup, la décharge sonne un dévot – et en grille un autre. En réaction, une trentaine de fidèles, les yeux fous, se tournent vers Warren – scandant toujours : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! » Beatrice réagit en lançant son Pouvoir de Ténèbres sur les fanatiques en marche ; ils ne voient plus où ils vont, mais continuent mécaniquement d’aller tout droit, l’un d’eux, très inspiré, braillant même : « LA GRANDE NUIT TOMBE ! MAIS NOUS NE DEVONS PAS AVOIR PEUR, CAR LE SEIGNEUR EST AVEC NOUS », etc. Les PJ sortent de leur chemin – et, de la sorte, les dévots dégagent le passage vers le presbytère.

 

[IV-5 : Danny : Denis O’Hara] Les PJ se glissent à l’intérieur. Le prêche du père O’Hara devient audible – et, confirmation, il n’a plus rien à voir avec le ton débonnaire associé au pasteur jusqu’alors : c’est un sermon radical, violent, terrible – qui martèle la crainte de l’enfer et prône la dévotion fanatique, sur un ton haché et grandiloquent. En même temps, comme un leitmotiv, revient sans cesse la nécessité de conclure une « nouvelle alliance » avec Dieu – et, chaque fois que le prêtre lance ses mots, ils sont repris en chœur par l’assistance : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! LA NOUVELLE ALLIANCE ! » Par ailleurs, les PJ, comme Danny avant eux, voient désormais les vitraux de l’église, comme en plein jour – et les scènes de supplice qu’ils figurent, et qui les impliquent eux-mêmes. Cependant, ils tiennent le choc.

 

[IV-6 : Nicholas : Denis O’Hara] Nicholas s’approche discrètement dans le dos du père O’Hara, ses armes fétiches le Père et le Fils en mains. La foule comme le prêtre l’ignorent. Nicholas vise soigneusement la tête du père O’Hara, et fait feu – le pasteur s’effondre en avant, sur son pupitre ! La foule stupéfaite hurle : que s’est-il passé ? Mais, quelques secondes plus tard… le père O’Hara se redresse, les bras en croix, faisant face à ses ouailles et tournant le dos à Nicholas : l’arrière de son crâne est bel et bien explosé, mais cela ne semble pas l’affecter beaucoup… Les fidèles hurlent au miracle ! Nicholas interpelle le prêtre, qui se retourne : la balle a traversé son crâne, et il a la mâchoire démantibulée. Le pistolero lui jette un bâton de dynamite (non allumé…) dans l’espoir qu’il l’attrapera par réflexe, mais il l’ignore totalement – se contentant de fixer Nicholas d’un drôle d’air où se mêlent en parts égales la pitié et le sarcasme, et en le pointant du doigt. Nicholas essaye sans succès de tirer sur le bâton de dynamite qui a roulé aux pieds du prêtre ressuscité [sauf erreur, il n’aurait pas explosé ainsi de toute façon]. O’Hara crie, d’une voix qui n’a plus rien d’humain : « LA NOUVELLE ALLIANCE ! » Les dévots reprennent en chœur l’injonction du prêtre miraculé, et le voient pointer du doigt Nicholas dans l’entrebâillement de la porte du presbytère – ils avancent dans sa direction, hommes, femmes, enfants…

 

[IV-7 : Beatrice, Warren, Nicholas : Denis O’Hara] Beatrice ne prend pas de pincettes : elle ventile dans la foule menaçante, vidant son chargeur ! Cinq morts… Warren use de Hippolyte sur le père O’Hara ; il le touche, les éclairs se sont visiblement répercutés sur tout son corps, mais cela ne semble pas l’avoir affecté le moins du monde. Nicholas sort de sa croix Christina sa mitrailleuse Gatling, le Saint Esprit, et allume le prêtre à la mâchoire fracassée, qui parle maintenant dans une langue inhumaine : les balles percent de part en part le torse de Denis O’Hara, qui est déchiqueté ; il ne paraît pas en souffrir, mais son corps est dans un tel état qu’il ne peut plus en faire usage… Alors survient une vision totalement folle et démoniaque : s’extrait du corps en charpie une créature gigantesque à la peau rouge sang et dotée d’ailes de cuir dans le dos, qui fixe Nicholas des yeux ! Ce dernier recule, tétanisé – mais les dévots ne sont pas du tout perturbés par cette révélation, et marchent toujours en direction des PJ.

 

[Nicholas gagne le Handicap Phobie mineure (« démons »).]

 

[IV-8 : Beatrice, Nicholas, Danny] Beatrice recharge rapidement à l’aide d’un barillet préparé et ventile à nouveau dans la foule. Nicholas terrifié garde cependant suffisamment de contrôle sur ses propres actions pour allumer le bâton de dynamite qui lui reste et le jeter sur le démon – Danny allume également son bâton, et ils prennent tous la fuite ; quelques secondes plus tard, une violente explosion souffle le fond de l’église – Beatrice, qui avait trébuché dans sa course, a failli y passer, mais a su se reprendre au dernier moment. Impossible de faire le décompte des victimes, mais on peut supposer qu’une vingtaine de personnes au moins y sont passées – outre que l’église prend feu, et qu’il y a encore près de 200 fidèles terrifiés à l’intérieur ! La cloche sonne à tout va, sans cesse. Mais Nicholas garde en tête la vision d’une grande surface noire apparue dans le dos du démon peu avant l’explosion – il croit avoir vu la créature y disparaître, mais ne saurait en jurer… Il garde ça pour lui. Les PJ ne comptent certes pas s’attarder, et ils prennent comme un seul homme la direction du bureau du shérif – tandis que le glas résonne à n’en plus finir…

 

[Le choix des PJ de faire sauter l’église, avec tous ces fidèles à l’intérieur, venus en famille, et ce même s'ils étaient fanatisés, était d’une moralité plus que douteuse, qui appelait une sanction : ils ont tous perdu tous les Jetons qui leur restaient – dommage pour Beatrice, car elle avait pioché l’unique Jeton légendaire… qui retourne dans le pot.]

 

V : L’ASSAUT DES MORTS

 

[V-1 : Nicholas, Danny : Rafaela Venegas de la Tore] Les petites rues sont désertes, mais il y a du passage sur la rue principale – des gens qui cherchent désespérément à fuir Crimson Bay. Leur situation déjà terrible s’aggrave encore : la foudre tombe à plusieurs reprises sur la grande rue, comme quelques heures plus tôt avec la petite fille – chaque impact laisse un cadavre derrière lui, et la panique s’accroît. Nicholas, à vrai dire, est secoué par un éclair qui a frappé juste à côté de lui ! Dans le bureau du shérif, les adjoints se sont barricadés – et assistent sans pouvoir rien faire au massacre de la population de leur ville par cette foudre surnaturelle. Mais il y a pire… Le regard des PJ et notamment de Danny est attiré vers l’est – où une immense foule est rassemblée, peut-être des milliers de personnes, qui s’avance vers le cœur de la ville, très lentement… À mesure que cette horde se rapproche, sa nature ne fait plus aucun doute : ce sont des morts-vivants ! Que faire ? Un temps, Danny et ses camarades envisagent de se planquer dans le bureau du shérif – au moins, ils y auraient des alliés armés… Mais la menace est d’une ampleur telle que cet atout a quelque chose de futile. Et ils se rappellent que Rafaela se trouve à la blanchisserie, qu’elle a entrepris de « sanctuariser » ! « Entrepris » seulement – cela ne sera d’aucun secours pour l’heure… Mais ce n’est pas la question : les PJ partent aussi vite que possible dans la direction du nord de la ville, vers Chinatown.

 

[V-2 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren] Mais rejoindre Chinatown s’annonce compliqué : si le gros de la horde emprunte la rue principale, un nombre non négligeable de morts-vivants rôde dans les ruelles en provenance de l’est et du nord – il faudra les éliminer ou les leurrer pour gagner la blanchisserie. Pris isolément, les zombies ne constituent pas une très grande menace – le problème, c’est leur nombre : chaque mort-vivant éliminé est bientôt remplacé par deux ou trois autres… Le gourdin de Danny, les pistolets de Beatrice et de Nicholas, les bras mécaniques de Warren éliminent (ou trompent) de nombreux morts-vivants, mais la progression vers la blanchisserie est très lente et très compliquée… Et, au bout d’un moment, des bruits de combat leur parviennent du nord – là où ils se rendent…

 

À suivre…

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CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

Huitième – et dernière ! – séance du scénario pour L’Appel de Cthulhu intitulé « Au-delà des limites », issu du supplément Les Secrets de San Francisco.

 

Vous trouverez les éléments préparatoires (contexte et PJ) ici, et la première séance . La précédente séance se trouve quant à elle .

 

Le joueur incarnant Bobby Traven, le détective privé, était absent. Étaient donc présents les joueurs incarnant Eunice Bessler, l’actrice ; Gordon Gore, le dilettante ; Trevor Pierce, le journaliste d’investigation ; Veronica Sutton, la psychiatre ; et Zeng Ju, le domestique.

I : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 21H30 – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[I-1 : Veronica Sutton, Gordon Gore, Zeng Ju, Trevor Pierce : Bobby Traven ; Hadley Barrow] Veronica Sutton, après avoir rédigé son testament et s’être une dernière fois occupé de ses chats, retourne au manoir Gore, où sont restés les autres. Gordon Gore est dans un état d’esprit proche de celui de la psychiatre. À ce stade, les victimes de la Noire Démence, à savoir Zeng Ju, Trevor Pierce et Bobby Traven, n’ont quasiment plus aucune perception du monde réel – mais, là où ils se trouvent, ils ne distinguent rien non plus, sinon eux-mêmes ; seulement de ces masses grisâtres, plus ou moins sphériques, et agitées d’un mouvement permanent, imprévisible… La psychiatre les examine, et son diagnostic confirme celui du Dr Hadley Barrow : en dehors des taches noires caractéristiques, les malades ne présentent pas de symptôme physique – ils ne sont pas encore sous-alimentés, bien sûr, et leurs organes sensoriels fonctionnent parfaitement ; cependant, ils ne « reçoivent » rien de ce monde-ci.

 

[I-2 : Zeng Ju, Veronica Sutton, Trevor Pierce, Gordon Gore, Eunice Bessler : Bobby Traven] Ou presque ! Car quelques échos peuvent exceptionnellement leur permettre de franchir la barrière entre les mondes… Et Zeng Ju, même avec un temps de latence, a perçu qu’on lui attrapait la main (le Dr Sutton en train de l’examiner) ; aveugle et comme sourd, il crie : « Vous m’avez touché ! Quelqu’un m’a touché ! » Ce qui fait sursauter tous les autres… La force de volonté non négligeable de Zeng Ju lui permet, pour un temps, de percevoir suffisamment de choses de ce monde pour tenter d’avoir un semblant de conversation – même très étrange… Et il aperçoit une silhouette très indistincte, sans doute celle de la psychiatre. Zeng Ju, affolé, essaye de décrire ses perceptions – des deux mondes ; et qu’il peut communiquer beaucoup plus facilement avec Trevor Pierce et Bobby Traven… lesquels n’entendent pas Veronica – qui, elle, comme Gordon Gore et Eunice Bessler, entend très bien Zeng Ju s’adresser à ses amis malades ! La scène est très déconcertante pour tout le monde…

 

[I-3 : Zeng Ju, Veronica Sutton : Bobby Traven] Mais Bobby Traven – qui, aux yeux des autres, donnait l’impression de s’être assis au milieu du salon du manoir Gore –, comprend que Zeng Ju parle avec Veronica Sutton ; lui ne voit pas et n’entend pas cette dernière, mais comprend que, s’il parle, elle l’entendra – ainsi que les autres à ses côtés ! Il se lève, et, les yeux dans le vague, sans voir son interlocutrice, il crie : « Il ne faut pas nous laisser ici ! Conduisez-nous au Tenderloin, c’est le seul endroit où nous pouvons entrevoir quelque chose ! » En effet, le détective avait déduit ceci lors de sa dernière virée dans le quartier des restaurants français – il a toujours en tête l’image de ce vol de moineaux… Zeng Ju pense qu’il a raison – il enjoint la psychiatre à faire ce que suggère le détective. Elle approuve – et le domestique rapporte ses paroles à Bobby (puisque ce dernier n’entend pas Veronica, mais seulement les victimes de la Noire Démence).

 

[I-4 : Veronica Sutton, Gordon Gore, Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert, Andy McKenzie] Veronica Sutton décide donc d’accompagner les trois malades dans le Tenderloin. Gordon Gore se propose de venir également avec eux (il conduira la voiture – faire pénétrer les infectés dans le véhicule est une expérience très désagréable pour eux, qui se sentent palpés et dirigés sans avoir la moindre emprise sur ce qui se produit…), tandis que Eunice Bessler, de sa propre initiative, va attendre au manoir Gore le retour du Pr Harold Colbert, parti chercher un couteau de métal pur afin d’exécuter le rituel d’invocation du « Fantôme-qui-marche ». Ils conviennent d’un point de rendez-vous dans le Tenderloin : devant l’immeuble où se trouve le dernier appartement loué par Jonathan Colbert et Andy McKenzie, au 250 Geary Street.

 

II : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 22H30 – RUES DU TENDERLOIN, ENVIRONS DU 250 GEARY STREET, TENDERLOIN, SAN FRANCISCO

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[II-1 : Gordon Gore, Veronica Sutton, Zeng Ju, Trevor Pierce : Bobby Traven] Gordon Gore conduit donc Veronica Sutton, et les malades Zeng Ju, Trevor Pierce et Bobby Traven dans le Tenderloin ; le dilettante passe par des petites rues et se gare non loin du 250 Geary Street. Et les perceptions des trois victimes de la Noire Démence changent progressivement : au fur et à mesure qu’ils pénètrent dans le quartier, les masses informes grisâtres tendent à se muer en bâtiments, en personnes (essentiellement des clochards, les autres personnes contaminées…), etc. Il y a comme des « sautes » brutales d’une perception à l’autre, et l’ensemble demeure relativement vague, mais, pour eux, c’est un changement considérable par rapport au manoir Gore – et qui a quelque chose d’un peu rassurant (pas trop non plus…). Mais ils savent que le monde dans lequel ils se trouvent ne correspond pas parfaitement à la « véritable » San Francisco.

 

[II-2 : Trevor Pierce, Zeng Ju, Veronica Sutton, Gordon Gore : Eunice Bessler, Harold Colbert] Trevor Pierce s’en fait l’écho – et Zeng Ju tente à nouveau de susciter un contact avec Veronica Sutton pour décrire ce qu’ils voient, avec succès. La psychiatre demande si quelque chose attire plus particulièrement leur attention : le domestique chinois détaille les environs, et remarque que, non loin, les clochards affectés par la Noire Démence forment comme un attroupement, bien plus important que tout autre ; il tend la main pour indiquer cette direction, et Veronica comme Gordon Gore constatent qu’ils voient eux aussi, dans le « vrai » monde, cet attroupement, dans un terrain vague à bâtir – mais avec cette conviction étrange que, si Zeng Ju ne le leur avait pas indiqué, ils n’y auraient pas pris garde. Dans les deux mondes, les clochards ont l’air hagard – certains sont debout, tanguant d’un pied sur l’autre, tandis que d’autres sont assis contre un mur ou une palissade ; leur absence totale de mouvement fait craindre un moment qu’ils soient morts, mais ce n’est pas le cas. Ils n’ont pas l’air menaçant, en tout cas – question que se posait Trevor. La scène n’en est pas moins perturbante, quel que soit le monde où l’on se trouve – ainsi avec cette femme, à quatre pattes, qui lape une flaque d’eau… Veronica saisit la main de Zeng Ju, et ils s’avancent lentement dans cette direction. Gordon Gore préfère rester devant le 250 Geary Street, anxieux de ce que Eunice Bessler et Harold Colbert les rejoignent. Trevor, lui, voyant Zeng Ju s’éloigner, décide de le suivre – mais son mouvement précipité était malvenu : il a heurté un homme de la « vraie » San Francisco, qu’il ne distinguait absolument pas… Il comprend que, dans son état, courir n’est pas une très bonne idée.

 

[II-3 : Veronica Sutton, Zeng Ju, Gordon Gore : Parker Biggs] Parmi les clochards, Veronica Sutton, aux aguets, remarque quelqu’un qu’elle avait déjà croisé – même si ses vêtements en très sale état, déchirés çà et là, et son attitude générale, n’ont plus grand-chose à voir : c’est Parker Biggs, le très violent propriétaire et gérant du Petit Prince… Les taches noires sur ses bras ne laissent aucun doute sur sa condition. Par réflexe, Veronica tire Zeng Ju en arrière par la manche – le domestique, ne voyant pas pourquoi, et qui ne contrôle pas très bien le niveau de sa voix, lui demande bien trop fort ce qui se passe ; ce qui attire l’attention de certains des clochards. Biggs également relève la tête, mais il a les yeux dans le vague – pourtant, il tend à se tourner vers Zeng Ju, et ses yeux, cette fois, s’écarquillent (le domestique chinois également le voit). Le truand semble le reconnaître – et lui imputer la responsabilité de son état, de sa voix sourde et égarée. Il se lève, difficilement – plusieurs clochards le suivent, sans bien comprendre ce qu’il se passe ; il prétend que les investigateurs se sont rendus au Petit Prince dans le seul but de le contaminer. « Faites-moi sortir d’ici… et je tirerai un trait sur toute cette affaire… sinon… » Il se montre menaçant. Zeng Ju crie à Mme Sutton qu’il vaut mieux s’écarter – il ne pourra pas se défendre contre Biggs et la quinzaine de clochards qui le suivent. Veronica recule précipitamment en tirant le domestique chinois par la manche. Mais sa mauvaise jambe lui fait mal – elle tombe presque à genoux… et appelle Gordon Gore à l’aide ! Toutefois, mettre un peu de distance entre les clochards et eux suffit à écarter leur menace – c’est comme s’ils les oubliaient…

 

[II-4 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Clarisse Whitman] Cependant, en guettant ses poursuivants, Veronica Sutton remarque un clochard… ou plutôt une clocharde – et reconnaît Clarisse Whitman ! Mais la jeune fille de bonne famille est dans un état pitoyable… Hagarde, constellée de taches noires et de salissures, décoiffée, les vêtements autrefois luxueux réduits à des haillons… La psychiatre l’indique à Gordon Gore.

 

 

III : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 23 H – MANOIR GORE, 109 CLAY STREET, NOB HILL, SAN FRANCISCO

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[III-1 : Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert] Au manoir Gore, sur Nob Hill, Eunice Bessler attend le retour du Pr Harold ColbertJonathan Colbert est à ses côtés. Le professeur revient enfin – et finalement plus tôt que ce qu’il pensait : il avait parlé d’aller chercher un couteau de métal pur à la Collection Zebulon Pharr, mais cela aurait demandé beaucoup trop de temps… Il a finalement décidé de chercher dans sa propre collection (il vit lui aussi à Nob Hill, mais a sans doute fait d’autres choses entre-temps), et il en revient avec une dague de cuivre d’origine égyptienne : qu’importe si elle provient d’une tout autre culture, il est convaincu qu’elle fera l’affaire pour le rituel. Eunice lui explique la situation – il leur faut rejoindre les autres au plus tôt dans le Tenderloin ! Les Colbert père et fils montent avec Eunice dans un taxi…

 

IV : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 23 H – RUES DU TENDERLOIN, ENVIRONS DU 250 GEARY STREET, TENDERLOIN, SAN FRANCISCO / LE ROYAUME – OÙ LE TEMPS ET L’ESPACE NE SIGNIFIENT RIEN… OU TOUT

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[IV-1 : Gordon Gore, Veronica Sutton, Zeng Ju] Gordon Gore est persuadé qu’il y a une raison pour que les victimes de la Noire Démence se rassemblent ainsi dans ce terrain vague ; à ses yeux, il ne présente rien de particulier – il note seulement qu’il y a un projet de construction à cet endroit, le permis de construire a été délivré, mais les travaux n’ont pas commencé. Mais qu’en est-il selon les perceptions des malades ? Veronica Sutton parvient à maintenir un vague contact avec Zeng Ju, dont les perceptions de cet autre monde s’affinent de plus en plus. Or, dans son état, attirer son attention sur quelque chose, d’une certaine manière, autorise cette chose à exister véritablement. La confrontation de leurs ressentis permet au domestique de comprendre que la vieille bâtisse qui se trouve au fond du terrain vague (à moins qu’elle ne change de place ?) est invisible à ses amis ; mais cette maison fluctue – c’est comme si elle changeait d’apparence en permanence… Mais elle est là, oui – et les autres ne la voient pas, qu’importe les efforts de Zeng Ju pour la leur indiquer. Les descriptions hésitantes du domestique laissent supposer qu’il s’agit d’un bâtiment antérieur au tremblement de terre de 1906.

 

[IV-2 : Zeng Ju, Gordon Gore, Trevor Pierce, Veronica Sutton : Harold Colbert, Trevor Pierce, Parker Biggs, Clarisse Whitman] Zeng Ju est attiré par cette maison – tandis que Gordon Gore préférerait attendre l’arrivée du Pr Colbert. Le domestique chinois, inconscient de l’effet qu’il produit dans le monde « réel », hurle : « Il faut aller voir la maison ! IL FAUT ALLER VOIR LA MAISON ! » Trevor Pierce et Bobby Traven le suivent, ils ressentent la même attirance. Veronica et Gordon n’ont pas vraiment le choix… Un « sixième sens » semble maintenant bénéficier aux malades, qui leur permet d’éviter de heurter ce qu’ils ne voient pas, dans le monde « réel ». Mais il y a foule devant l’entrée de la maison… Ni Parker Biggs ni Clarisse Whitman ne semblent en faire partie.

 

[IV-3 : Zeng Ju] En jouant des épaules, Zeng Ju parvient sur le perron de la maison – ce qui ne fait aucune différence pour les autres ; mais lui distingue l’intérieur de la bâtisse, et la foule y est encore plus concentrée. La décoration de la maison est instable, mais, globalement, c’est son état le plus « luxueux » qui l’emporte ; il y a un étage… Le domestique chinois se précipite vers les escaliers. Et quand il monte…

 

[IV-4 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Trevor Pierce, Bobby Traven, Zeng Ju] … Non, ce n’est pas comme s’il se mettait à monter en l’air, ou à disparaître aux yeux de Veronica Sutton et de Gordon Gore, c’est plutôt… comme s’il n’avait de toute façon jamais été là. Ils n’ont pas véritablement oublié sa présence, ils savent qu’ils ont accompagné quelqu’un qui n’est plus là, mais leurs perceptions les empêchent d’envisager les choses autrement – ils savent que quelque chose cloche, mais impossible de dire quoi… Il en va bientôt de même concernant Trevor Pierce et Bobby Traven, qui suivent Zeng Ju à l’étage. Veronica et Gordon se retrouvent seuls… au milieu de la foule des clochards qui n’a pas dépassé le perron – ils sont une bonne trentaine.

 

[IV-5 : Veronica Sutton, Gordon Gore : Clarisse Whitman, Parker Biggs] Toutefois, Veronica Sutton remarque à nouveau Clarisse Whitman… tandis que Gordon Gore est bousculé par Parker Biggs – et une dizaine d’infectés à sa suite ! C’est qu’ils sentent qu’il y a quelque chose, qu’ils ne voient pas… et ils cherchent à le saisir ! Il est renversé par terre, piétiné, palpé de partout par des gens désespérés d’entrer en contact avec quelqu'un, quelque chose… Il sait, avec une conviction absolue, qu’il est maintenant contaminé par la Noire Démence !

 

[IV-6 : Trevor Pierce, Zeng Ju : Bobby Traven] La maison est décidément l’endroit le plus concret de tout San Francisco pour les victimes de la Noire Démence. Chaque pièce croule sous les malades – qui ne font pas spécialement attention aux nouveaux arrivants. Mais il y a un peu moins de monde à l’étage. Bobby Traven est attiré par une chambre – une pièce vide, exceptionnellement. Trevor Pierce et Zeng Ju le suivent à l’intérieur. C’est une chambre bourgeoise, assez vaste, avec une cheminée. Mais, en se rendant à la fenêtre, tous voient un spectacle très étrange, inédit pour eux – comme une grande colonne fluctuante, qui fait des kilomètres de hauteur… Un peu comme un unique pilier soutenant la voûte du monde entier, formé par la rencontre d’une stalagmite et d’une stalactite, de proportions ahurissantes – tout autour gravitent les sphères mouvantes, davantage qu’ailleurs, dans une grisaille pesante… Bobby est fasciné, absorbé dans la contemplation de ce spectacle impensable. Il était impossible de voir cela ailleurs qu’à cette fenêtre – alors qu’une masse aussi colossale aurait dû être visible depuis le terrain vague, notamment. Zeng Ju essaye de déterminer la localisation « dans San Francisco » de ce phénomène, mais pas moyen – ça ne colle pas. Et cette colline paraît bien plus démesurée que toutes celles de la ville « réelle ». Par contre, il peut repérer la direction approximative de ce « tourbillon ».

 

[IV-7 : Veronica Sutton, Gordon Gore] « À San Francisco », Veronica Sutton, qui a assisté au triste sort de Gordon Gore, fait de son mieux pour y échapper – mais elle est à son tour bousculée, même si dans des proportions bien moindres que le dilettante. Le résultat est cependant le même – un faux mouvement la fait tomber dans la boue…

 

[IV-8 : Eunice Bessler, Gordon Gore, Veronica Sutton : Harold Colbert, Jonathan Colbert ; Andy McKenzie] C’est à ce moment qu’arrivent à proximité du terrain vague Eunice Bessler, Harold Colbert et Jonathan Colbert. Eunice est stupéfaite par la scène du terrain vague, elle ne sait pas comment réagir… Elle panique ! Mais Jonathan Colbert lui pose la main sur l’épaule alors qu’elle allait se précipiter sur son amant Gordon Gore ainsi que sur Veronica Sutton : « N’y allez pas. C’est foutu pour eux. » Eunice est désespérée : n’y a-t-il donc rien à faire ? Harold Colbert seconde son fils : « Si : le rituel. Mais je vous l’ai dit, Mademoiselle : pour ceux qui ont été contaminés, il est trop tard. Ils ne guériront pas. » Eunice se débat, mais le professeur insiste : « Non, écoutez-moi ! Pour que le rituel fonctionne, il faut que quelqu’un passe de son plein gré dans ce… ce "royaume", et en revienne. Cela ne marchera pas avec quelqu’un de contaminé par la Noire Démence – qui fait pénétrer dans cet autre monde d’une autre manière, une manière… non conforme. » Eunice est désespérée, mais n’a plus la force de lutter : les Colbert la ramènent en arrière tandis qu’elle sanglote… Jonathan Colbert propose de se retirer dans l’appartement qu’il louait avec Andy McKenzie, juste à côté – pour y exécuter le rituel, si c’est encore possible… et utile. Il ne doute pas que les policiers ont fouillé l’appartement, mais pénétrer à l’intérieur ne sera pas un problème – la porte ferme mal. Le professeur acquiesce : ils emmènent Eunice avec eux.

 

[IV-9 : Zeng Ju, Trevor Pierce] Zeng Ju veut sortir de la maison, pour voir s’il peut déterminer la direction du « pilier ».  Trevor Pierce est sceptique – mais le domestique ne se laisse pas retenir. Tandis qu’il redescend, le journaliste jette un œil aux autres chambres à l’étage ; l’une d’entre elles est parfaitement opposée à la première – et pourtant, depuis la fenêtre, il voit à nouveau ce « pilier »… car il a la conviction, même si c’est impossible, qu’il s’agit bien du même phénomène, et pas d’un autre qui lui ressemblerait.

 

[IV-10 : Zeng Ju : Clarisse Whitman, Trevor Pierce, Bobby Traven] Zeng Ju, de retour en bas – dans ce rez-de-chaussée bondé –, sort tant bien que mal de la maison, et cherche à repérer le « tourbillon ». Mais il ne le voit pas – il le devrait, en toute logique, mais il demeure invisible. Le domestique chinois grogne sous le coup de la frustration… mais il sent le contact d’une main sur son épaule. Il se retourne – et reconnaît Clarisse Whitman. Elle lui susurre à l’oreille, très doucement : « Chuuuuuut… Du calme… » Est-elle ici depuis longtemps ? « Dans le Royaume ? Je ne sais pas… si cela fait deux secondes... ou cinq millénaires… » Zeng Ju l’interroge sur la « colonne » ; l’a-t-elle vue ? Oui – des endroits depuis lesquels on peut la voir. « Il y a un… code, vous savez… Des endroits… qui sont… bien placés, en face de… de la structure du monde... On me l’a appris, ce code… Mais il y en a qui disent que c’est un piège… Mais on me l’a appris… C’est… De l’entrée principale, tout droit, 345 pas. À gauche, 213 pas. À droite, 905 pas. À droite, 34 pas. À gauche, 120 pas. En bas, 400 pas. S’arrêter. Tourner à gauche. Contempler. Vous croyez que c’est un piège, vous aussi ? » Zeng Ju n’y comprend rien : l’entrée principale ? « Oui. De la maison. C’est à ça qu’elle sert. En tout cas, c’est ce que nous a dit le vieil Indien. Ce n’est qu’un point de départ – de référence. Il en faut un. Ça aussi, le chaman nous l’a expliqué. » Zeng Ju entend vérifier cela tout de suite – mais Clarisse a peur, elle crie quand le domestique la presse… Mais il appelle Trevor et Bobby : « Je crois que j’ai une piste ! » Le journaliste le rejoint en bas.... mais pas le détective, qui reste abîmé dans la contemplation du vortex.

 

[IV-11 : Gordon Gore, Veronica Sutton : Parker Biggs] Pour quelque raison inconnue, les clochards ont finalement lâché Gordon Gore et Veronica Sutton – qui sont convaincus d’avoir été contaminés. Ils ne voient pas la maison pour autant… Et ils entendent un grand éclat de rire derrière eux, très gras : c’est Parker Biggs, qui pointe du doigt le dilettante. Il a quelque chose d’enfantin dans son rire : « C’est bien fait ! Ah ah ! Comme les autres, maintenant ! Ah ah ! » Mais son visage se ferme progressivement, et il s’assied contre une palissade du terrain vague. Gordon demeure pantois… Veronica, résignée, attrape le dilettante par le bras : « Venez, Gordon. Il n’y a plus rien à faire ici. » Ils s’éloignent lentement…

 

V : VENDREDI 6 SEPTEMBRE 1929, 23H30 – APPARTEMENT 302, 250 GEARY STREET, TENDERLOIN, SAN FRANCISCO / LE ROYAUME – OÙ LE TEMPS ET L’ESPACE NE SIGNIFIENT RIEN… OU TOUT

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

[V-1 : Eunice Bessler : Jonathan Colbert, Harold Colbert ; Andy McKenzie] Eunice Bessler a suivi Jonathan Colbert dans l’appartement qu’il louait avec Andy McKenzie. Il est exactement dans l’état où ils l’avaient laissé – avec la porte qui fermait mal. Le Pr Colbert a besoin de reprendre ses esprits, il s’assied sur un canapé en piteux état. Eunice dit qu’elle aurait bien besoin d’un petit remontant – Jonathan sait que « ce crétin de McKenzie » gardait toujours une bouteille « d’un truc dégueulasse » sous son matelas, les flics n’ont visiblement pas très bien fouillé, il va chercher ça – et s’en sert une copieuse rasade au passage.

 

[V-2 : Eunice Bessler : Harold Colbert, Jonathan Colbert ; Pedro Maldonado] Que faire maintenant ? Eunice se tourne vers le Pr Colbert – qui a sorti la dague de cuivre égyptienne, et la contemple. Il le répète : seuls ceux qui ne sont pas contaminés par la Noire Démence peuvent exécuter le rituel décrit par Pedro Maldonado dans Mythes des chamans du grizzli rumsens. Le cas de Jonathan étant particulier, lui qui a fait office de « porteur sain », seuls Eunice et le professeur peuvent encore le faire. Par ailleurs, il faut procéder en deux temps : y aller de son plein gré… et trouver comment en revenir. Périr là-bas… Le rituel ne serait pas accompli jusqu’au bout – et il serait donc inefficace.

 

[V-3 : Eunice Bessler : Harold Colbert] Eunice, très émue, très triste, se porte volontaire : « Le cinéma… Je ne serai jamais une grande actrice, de toute façon… Le parlant... Ma famille ? La communauté ? Allons… » Elle a bien conscience de ce que cela implique ? Oui… Le Pr Colbert acquiesce enfin. Exécuter le rituel va bien lui demander une heure – et il aurait besoin d’un peu de son sang… Il est certain que le rituel fera venir un « Fantôme-qui-marche », et il a bon espoir de le contrôler ; mais, une fois qu'elle sera passée dans l’autre monde… Il ne sait rien de ce qui pourrait se passer là-bas. Par ailleurs, ces créatures sont essentiellement… « stupides. Il faut leur donner un ordre – un ordre simple, et pas ambigu, six, sept mots au plus. » Il commence à exécuter les gestes très incongrus réclamés par le rituel – mais l’actrice n’a certainement aucune envie d’en rire.

 

[V-4 : Trevor Pierce, Zeng Ju : Clarisse Whitman] « De l’autre côté », dans le Royaume, qui n’est maintenant plus « parasité » par les sensations du « vrai » San Francisco, Trevor Pierce et Zeng Ju demandent à Clarisse Whitman de les accompagner en suivant ce « code ». Elle se révèle d'humeur changeante : finalement, elle est d’accord – les ramenant à l’entrée principale de la maison, elle récite : « De l’entrée principale, tout droit, 345 pas. » Et, derrière elle, tous les autres infectés reprennent en chœur : « TOUT DROIT, 345 PAS. » Puis Clarisse entame la marche, en mesurant bien ses pas, et en comptant à chaque fois, sur un ton très monotone et qui a en même temps quelque chose d’un peu enfantin : « Un… Deux… Trois… Quatre… » Les clochards ne les suivent pas.

 

[V-5 : Veronica Sutton, Gordon Gore, Eunice Bessler : Harold Colbert] Veronica Sutton et Gordon Gore, affligés par ce qui vient de leur arriver, avaient d’abord erré un peu aléatoirement… Mais ils se reprennent enfin – et reviennent vers le 250 Geary Street. Ils montent à l’étage, où ils entendent l’étrange mélopée du Pr Colbert ; ils toquent à la porte, et Eunice Bessler va leur ouvrir. Ils savent tous à quoi s’en tenir… Consciente de son rôle à jouer dans le rituel, Eunice retient son impulsion de se jeter dans les bras de son amant. Gordon, de toute façon, lui intime de ne pas le toucher : il est contaminé – il n’y a aucun doute… Mais s’ils peuvent leur venir en aide… Probablement pas – d’autant qu’il ne faut pas interrompre le Pr Colbert, il l’a clairement signifié à Eunice.

 

[V-6 : Clarisse Whitman] Dans le Royaume, Clarisse Whitman continue de guider les autres. À voix haute : « À droite, 905 pas. Un… deux… trois… »

 

 

 

 

[V-7 : Eunice Bessler : Harold Colbert] Dans l’appartement, la mélopée du Pr Colbert s’interrompt enfin ; il s’assied sur le canapé, en faisant signe à Eunice Bessler de s’asseoir à côté de lui. Il lui tend la dague – elle servira à l’identifier comme le « maître » du « Fantôme-qui-marche » qui va apparaître. Eunice accepte – mais aimerait savoir à quoi s’attendre : à quoi ressemblera cette créature ? « Sans doute pas à un vieux drap avec deux trous pour les yeux… » Effectivement. Mais la décrire n’a rien d’évident… Elle est humanoïde, et bipède, dans une certaine mesure ; mais d’autres éléments relèvent plutôt du poisson, d’autres de l’insecte, tout cela mélangé… Le trait le plus caractéristique, ce sont ses membres très longs, et qui, pour les bras, s’achèvent en doigts ou griffes totalement disproportionnés. « Je suppose qu’en comparaison, Max Schreck, dans le Nosferatu de Murnau, est un modèle de beauté ? » L’actrice arrache un sourire au très las Pr Colbert ; « Oui, je suppose. Je n’aurais pas pensé à présenter les choses ainsi… » Mais, après un silence pesant, le Pr Colbert ajoute : « J’ai un peu modifié le rituel. Je… Je vais vous accompagner là-bas. Je… Je ne pouvais pas me contenter de vous envoyer seule affronter pareil péril. Mais c’est bien vous qui aurez le contrôle sur le "Fantôme-qui-marche". Quant à la suite… Il faudra trouver comment revenir. Impossible d’en savoir davantage à l’avance – seulement que l’on ne pourra pas, sur place, invoquer un autre Vagabond dimensionnel, cela ne fonctionnera pas. Je n’en sais pas plus que vous, à ce stade. Mais revenir est la condition cruciale pour fermer ce "vortex". Au moins temporairement. » Eunice est prête. Le Pr Colbert explique qu’il leur faut attendre, pas bien longtemps : le « Fantôme-qui-marche » sera bientôt là.

 

[V-8 : Eunice Bessler : Harold Colbert ; l’Esprit de Pebble Hill] Quelques minutes très pesantes défilent en effet. Puis, sans effets spéciaux particuliers, là où il n’y avait rien, il y a maintenant la hideuse créature décrite par le Pr Colbert. Elle n’émet pas le moindre bruit. Elle ne bouge presque pas – seuls ses longs bras ballants se déplacent, tandis que ses doigts très fins sont comme agités de léger soubresauts. Elle fixe ceux qui l’ont appelée. Harold Colbert se tourne vers Eunice Bessler et lui adresse un signe du menton. L’actrice reprend son souffle… mais elle ne sait pas quel ordre donner. « C’est un voyageur – il faut lui donner une destination ! » Mais l’actrice est pétrifiée… et le « Fantôme-qui-marche » s’approche d’elle, il la renifle… Le Pr Colbert sait qu’il faut faire vite ; il arrache la dague de cuivre des mains de Eunice, s’entaille la paume de la main, et, en fixant de ses yeux la créature, dans un soupir : « Emmène-nous voir l’Esprit de Pebble Hill. » Le « Fantôme-qui-marche » saisit le Pr Colbert de son bras gauche, et Eunice Bessler de son bras droit : il les plaque tous deux contre son corps, son cuir visqueux et ruisselant d’une sécrétion à l’odeur presque insoutenable – l’actrice a brièvement en tête l’image d’une mère serrant contre sa poitrine de fragiles nourrissons à allaiter… D’un seul coup, tout se fige autour d’elle. Le temps se dilate… Ils disparaissent.

 

VI : AU CŒUR DU ROYAUME

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[VI-1 : Eunice Bessler : Harold Colbert] Eunice Bessler et Harold Colbert… volent ? Dans les bras du Vagabond Dimensionnel... Ils ont rejoint ce monde grisâtre et mouvant – et, passé un temps d’acclimatation d’une durée indéterminée, oui, ils ont le sentiment d’être quelque part dans le « ciel », et que ce gris un peu plus sombre loin, très loin en dessous d’eux, comme à des kilomètres, des milliers de kilomètres, doit être quelque chose comme un « sol »… C’est infiniment loin – et pourtant l’actrice distingue finalement comme des points noirs, minuscules, et les identifie enfin comme étant des humains… Des prisonniers dérisoires d’un monde morne dont ils ne pourront jamais s’échapper. Le contrôle sur le « Fantôme-qui-marche » ne durera pas éternellement, il faut trouver un endroit où « atterrir » ! D’autant que l’actrice perçoit, tout près d’elle, le souffle haché du Pr Colbert – un vieil homme au bord de la syncope… Il lui est impossible de prononcer un mot. Eunice balaye des yeux le paysage… quand elle se retrouve à un de ces endroits très précis qui permettent de voir le « pilier » colossal (des centaines de kilomètres de hauteur ?) qui soutient ce monde ; elle comprend que c’est là leur destination, et donne mentalement l’ordre au « Fantôme-qui-marche » de les déposer au plus près. La créature obéit. Elle suit l’itinéraire précis qui fait que le « vortex » ne disparaît plus sous leurs yeux. Elle se déplace à une vitesse ahurissante...

 

[VI-2 : Zeng Ju, Trevor Pierce : Clarisse Whitman] Pendant ce temps, Zeng Ju et Trevor Pierce suivent toujours leur guide Clarisse Whitman. Ils en arrivent à ce moment étrange du « code » qui leur indique d’aller « en bas ». Et, subitement, tandis que Clarisse compte le premier pas dans cette direction, c’est comme si le monde s’inclinait de 90° : oui, ils prennent la direction d’ « en bas », avec la sensation de marcher sur un mur… et, paradoxalement, c’est alors qu’ils empruntent cette direction invraisemblable qu’ils prennent toute la mesure du « pilier » jaillissant vers le ciel ! C’est une sensation particulièrement déconcertante… Les perspectives, l’orientation, l’équilibre – tout est faussé, et incompréhensible. Ils suivent cependant toujours leur guide : « Trois cent quatre-vingt-seize… Trois cent quatre-vingt-dix-sept… Trois cent quatre-vingt-dix-huit… Trois cent quatre-vingt-dix-neuf… Quatre cents. S’arrêter. Tourner à gauche. » Et là, le « pilier », qui avait disparu quelque temps, réapparaît brusquement… et ils sont exactement à sa base.

 

[VI-3 : Trevor Pierce, Zeng Ju : le chaman du grizzli, Clarisse Whitman ; Yog-Sothoth] Mais ils n’y sont pas tout seuls… À quelque distance, impossible à déterminer précisément, se trouve un vieil homme – avec une peau d’ours sur la tête. Trevor Pierce reconnaît aussitôt en lui « l’homme du tableau »… Zeng Ju n’a jamais vu ledit tableau, mais qu’importe : il part dans cette direction. Derrière, Clarisse Whitman, de son timbre enfantin : « Vous savez, c’est lui qui m’a appris les indications. Vous croyez que c’est un piège ? » Mais le domestique chinois ne craint plus les pièges… La jeune fille, cependant, ne s’attarde pas – elle laisse là ses compagnons de route, et repart qui sait où. Mais Zeng Ju n’y prête pas attention : il s’avance d’un pas déterminé vers le chaman, dont il devient possible de discerner les traits – il a un air un peu narquois… Il a aussi un couteau de cuivre passé à sa ceinture. Zeng Ju l’interpelle. Dans un anglais très approximatif et haché, le vieil Indien dit : « Vous n’arriverez pas. Vous ne faites pas changer. J’ai fait changer. Vous êtes une nourriture pour le Dieu. Il ne fait pas attention. Rien. Jamais attention. Offrandes, c’est l’attention à moi. Votre monde mort. Le monde est maintenant toujours Yog-Sothoth. » Zeng Ju enrage : il ne se laissera pas faire ! L’Indien devrait le redouter ! Mais ce n’est de toute évidence pas le cas.

 

[VI-4 : Eunice Bessler, Zeng Ju : Harold Colbert, le chaman du grizzli] C’est alors qu’arrivent, dans les bras du « Fantôme-qui-marche », Eunice Bessler et le Pr Harold Colbert. La créature les dépose toutefois… de l’autre côté du chaman, par rapport à leurs amis contaminés. Et le vieil Indien les a vus. Zeng Ju aussi ! Il n’en revient pas… Mais les traits du chaman se sont durcis : à la différence des victimes de la Noire Démence, l’actrice et le vieux professeur représentent une potentielle menace pour ses plans – il s’avance vers eux, le couteau de cuivre en main…

 

[VI-5 : Eunice Bessler, Zeng Ju, Trevor Pierce : Harold Colbert, le chaman du grizzli] Le Pr Colbert est dans un triste état. Eunice Bessler lui reprend la dague égyptienne – le « Fantôme-qui-marche » émet un sifflement… puis se jette sur le professeur ! Et il se met à dévorer ses entrailles… L’actrice brandit sa dague – terrifiée par le Vagabond dimensionnel et par l’Indien ; elle n’est certes pas en mesure d’intimider ni l’un, ni l’autre… Le chaman semble déterminé à la tuer de ses mains. Zeng Ju réalise que ses armes ne l’ont pas suivi dans le Royaume… Peu importe : il vaincra l’Indien à mains nues ! Il court dans sa direction – avec une célérité qui surprend tout le monde ! Trevor Pierce, lui, ne pense qu’à une chose : partir d’ici ! Il est obnubilé par la dague de Eunice, qu’il réclame à grands cris… Mais autour d’eux, les sphères gravitant autour du pilier commencent à changer d’aspect : elles tendent à s’agglomérer, constituant comme des bras, ou des tentacules, d’une longueur et d’une épaisseur cyclopéennes, et qui s’abattent aléatoirement çà et là – qui se trouverait dessous serait immédiatement écrasé ! Le chaman, lui, continue d’avancer vers les nouveaux arrivants – sa vitesse est stupéfiante, au point où le pourtant très véloce Zeng Ju ne peut que suspecter quelque chose de surnaturel… Eunice Bessler, terrifiée, veut fuir le chaman – mais elle est bien plus lente que lui… Il est déjà presque à côté d’elle ! Zeng Ju fait appel à toutes ses ressources : il le rattrape, et parvient in extremis à l’atteindre d’un coup de pied – les dégâts sont plus ou moins importants, mais, surtout, il a pris l’Indien par surprise, qui est contraint de s’arrêter dans sa course, et ne parvient pas à planter son couteau dans le corps de Eunice. Trevor Pierce en profite pour se rapprocher de l’actrice, en hurlant : « La dague ! Il faut invoquer le fantôme ! » Les tentacules s’abattent autour d’eux, sans pour l’heure leur faire de dégâts… Zeng Ju, lui, assène un nouveau coup inattendu au chaman : l’adversaire encaisse bien, mais le domestique lui fait mal, à force ! Eunice, qui est toujours à portée du couteau de l’Indien, recherche le soutien de Trevor – lequel lui crie de lui lancer la dague égyptienne. Mais le chaman a pesé la menace constituée par Zeng Ju, et se retourne vers lui – ses traits sont déformés par la rage, au point où il n’a plus grand-chose d’humain ; il porte un vicieux coup de couteau contre le domestique chinois… qui parvient à l’esquiver ! Mais un immense tentacule s’abat juste à côté de lui – il a failli être écrasé… Eunice affolée donne la dague à Trevor, qui ne cessait de la réclamer. Mais Zeng Ju se concentre sur le chaman du grizzli – un nouveau coup imprévu renverse l’Indien, sonné, qui lâche son couteau ! Trevor a la dague de Eunice en main – il semble à peine réaliser qu’il n’a clairement pas le temps d’invoquer un « Fantôme-qui-marche » dans ces circonstances… Le journaliste indécis plante finalement le couteau dans la poitrine du chaman du grizzli – tandis qu’un tentacule s’abat... qui broie impitoyablement l’héroïque Zeng Ju ! Trevor fixe la dague dans ses mains, l’air ahuri – Eunice également, qui se souvient un peu tard de tout ce que lui avait dit feu le Pr Colbert : l’importance de revenir pour accomplir vraiment le rituel, le fait qu’une victime de la Noire Démence n’est pas en mesure de le faire, et qu’une nouvelle invocation d’un Vagabond dimensionnel ne serait pas non plus efficace en pareil endroit… Ses regrets ne durent guère : elle aussi meurt écrasée par un des « bras » jaillissant du vortex.

 

[VI-6 : Trevor Pierce] Le journaliste Trevor Pierce se retrouve seul – avec tout le poids de l’erreur qu’il a commise. Ses amis sont morts. Et les tentacules ne lui feront pas la grâce de l’achever rapidement : victime de la Noire Démence, incapable d’accomplir quoi que ce soit, il réalise peu à peu que le Royaume… est désormais et à jamais son monde. Son désir ardent de fuir ne s’accomplira…

 

Jamais.

 

ÉPILOGUE

CR L'Appel de Cthulhu : Au-delà des limites (08 + épilogue)

À San Francisco, Gordon Gore et Veronica Sutton, dans les jours qui suivent la disparition de leurs amis, ne tardent guère à constater qu’ils présentent tous les symptômes de la contamination par la Noire Démence. Ce n’est pas une surprise pour eux… Mais, contrairement aux autres victimes de cette maladie, ils disposent de quelques connaissances quant à ce qu’elle implique : ils savent que, pour survivre, il leur faut rester dans le Tenderloin. Ils se plient à cette exigence. Leur train de vie confortable, ou même bien plus que ça, n’est bientôt plus qu’un souvenir, puis n’est plus rien du tout ; le dilettante et la psychiatre sont réduits à la condition de clochards – pour un temps, ils perçoivent cette descente aux enfers, et en souffrent ; bientôt, ils n’y prêtent plus la moindre attention : le fait est accompli.

 

Ils étaient des personnalités, à San Francisco : le richissime et fantasque playboy, la psychiatre militante aux idées bien arrêtées… Pendant un temps, sans doute s’est-on interrogé sur leur disparition ? Un temps très bref : tous deux avaient rédigé leurs testaments avant de se livrer à cette ultime virée dans le Tenderloin, après tout. Et qui aurait bien pu penser à les trouver dans ce quartier malfamé ? Eux-mêmes, à vrai dire, n’ont pas cherché à se manifester comme étant toujours en vie – même malades. Quelle qu’en soit la raison – la honte, peut-être ? Le désespoir ? Qu’importe : on les oublie bientôt, ils n’étaient que « de passage sur cette terre ». Ils ont un nouveau rôle social : celui de clochards – on les ignore en conséquence. On ne les voit pas ramper dans les flaques d’eaux, fouiller désespérément dans les poubelles… Peut-être ne voulaient-ils pas qu’on les voie ainsi ? Comme si leur opinion avait la moindre importance… Non. Le monde se désintéresse d’eux – il y a tant de choses plus importantes.

 

Très vite, à vrai dire : un mois et demi après leur contamination, c’est le Krach de Wall Street. Peut-être Gordon en a-t-il de vagues échos – la une d’un journal oublié, ironiquement passée « de l’autre côté »… Probablement ne sait-il même plus ce que tout cela signifie, de toute façon. Peut-être la population des clochards du Tenderloin s’accroît-elle, en conséquence ? Peut-être – mais cela n’intéresse personne ; au mieux, cela en effraie quelques-uns… Moins toutefois que des financiers hypothétiques se jetant du haut des buildings – des gens qui comptent, ou qui comptaient… Le temps passe – on les oublie à leur tour.

 

La Noire Démence s’avère pourtant avoir un effet singulier – dont Gordon et Veronica n’ont pas vraiment conscience : tant qu’ils restent dans le Tenderloin, c’est comme si la maladie… les avait rendus immortels. Ils sont faibles, pourtant : sous-alimentés, transis par le froid… Mais le Tenderloin, d’une certaine manière, les protège. Oui, ils sont immortels… mais ils ne sont même pas en mesure de peser combien cette immortalité est absurde. Des années passent – des décennies, des siècles si ça se trouve. Ils ne savent rien de l’évolution du monde autour d’eux – ils s’en désintéressent, comme ce monde se désintéresse d’eux.

 

Ils n’ont même pas conscience de ce que, progressivement, le monde entier... devient le Tenderloin. Le chaman du grizzli est mort – mais le passage reste ouvert, et les ultimes germes de la Noire Démence ont leur propre immortalité ; d’une certaine manière, Veronica et Gordon, quelques autres aussi peut-être, sont les garants de cette pérennité. Elle continue donc d’affecter toujours davantage de victimes – de ces pauvres hères dont on détourne instinctivement le regard, « par pudeur » disent certains. On les ignore – jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne pour les ignorer.

 

Parce que tout le monde est devenu comme eux.

 

De temps en temps – qui sait, avec des dizaines d’années d’écart à chaque fois, si ça se trouve ? – Gordon Gore croise Parker Biggs dans les ruelles du Tenderloin, aux portes du Royaume. Le temps qui passe ne l’affecte pas davantage – et n’affecte pas non plus son comportement. Après des années, le gangster reconnaît encore celui qui fut une des plus grandes fortunes de San Francisco – et, toujours, il le pointe alors du doigt, en ricanant comme un méchant petit garçon : « Toi aussi, ah ah ! Comme les autres ! »

 

THE END

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CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (08)

Publié le par Nébal

CR Deadlands Reloaded : The Great Northwest (08)

Huitième séance de « The Great Northwest » pour Deadlands Reloaded. Vous trouverez la première séance , et la séance précédente ici. L’enregistrement de la séance est disponible .

 

C’est un épisode charnière de la partie, où se mêlent les éléments issus de la campagne Stone Cold Dead et du scénario Coffin Rock ; jusqu’à présent, la première l’emportait, et c’est peut-être toujours le cas, mais elle est de plus en plus modifiée selon mes envies personnelles ; concernant Coffin Rock, c’est surtout le principe du scénario qui est ici développé, mais certaines scènes en sont directement issues de manière plus concrète.

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient Beatrice « Tricksy » Myers, la huckster ; Danny « La Chope », le bagarreur ; Nicholas D. Wolfhound alias « Trinité », le faux prêtre mais vrai pistolero ; Rafaela Venegas de la Tore, ou « Rafie », l’élue ; et enfin Warren D. Woodington, dit « Doc Ock », le savant fou.

Vous trouverez l'enregistrement de la séance ci-dessous.

I : UN HAVRE DANS LA BOUE

 

[I-1 : Nicholas, Rafaela : Mr Fong, Mrs Duvall] De retour des sources, les PJ vont jeter un œil à la blanchisserie de Mr Fong, où ils ont incité pas mal de monde à se réfugier, sachant que c’était le bâtiment le plus sûr de la ville. Ce faisant, ils savent qu’ils ont sauvé des vies, et en nombre. Tout le monde ne les a pas écoutés, mais il y a bien 200 personnes de rassemblées dans l’usine – maussades, fatiguées, effrayées ; et la rumeur ne laisse aucun doute : un certain nombre de ces réfugiés ont vu des proches mourir. Nicholas s’intéresse plus particulièrement aux enfants qu’ils avaient sauvé de l’école en flammes – ils vont « bien », du moins ceux qui ont pu ainsi retrouver leurs parents… mais l’institutrice, Mrs Duvall, est très affectée : elle est à genoux, priant sans cesse en sanglotant ; elle n’est certes pas la seule ici à avoir ce genre de réflexe religieux, même si on peut supposer que les plus bigots ont plutôt cherché refuge dans l’église, un bâtiment pas forcément très adapté pour cela – et à l’autre bout de la ville. Quoi qu’il en soit, Nicholas entend raisonner l’institutrice : les enfants ont besoin d’elle ! Rafaela veut l’appuyer de ses Miracles, en contribuant au sermon… Mais Mrs Duvall est hors d’atteinte pour l’heure. Cependant, d’autres qui étaient dans son état sont bel et bien inspirés, et prennent sur eux de ne plus seulement se perdre dans leurs prières, pour aider concrètement ceux qui, dans la blanchisserie, ont besoin de réconfort. Nicholas sait les coordonner de manière efficace : ses sermons incongrus portent leurs fruits, son aura d’autorité y participant dans une égale mesure ; le personnage intrigue, mais, dans ces circonstances, les gens sont portés à lui accorder une certaine confiance.

 

[I-2 : Rafaela : Mr Fong] Mais Rafaela songe au long terme. Cela fait partie, croit-elle, de la mission que la Vierge de Guadalupe lui a attribuée : il faut s’assurer que ce bâtiment sera toujours en mesure d’abriter la population de Crimson Bay, en cas de nouveau cataclysme… ou de menace démoniaque d’un autre ordre. Rafie va donc Sanctifier la blanchisserie – un Miracle qui demande du temps, il lui faudra bien une semaine d’efforts et de prières pour y parvenir…

 

[Note : la joueuse incarnant Rafie sait qu’elle devra s’absenter pour les séances qui viennent ; cette idée permet donc de conserver un rôle à son personnage en son absence, sans trop sombrer dans les ambiguïtés du PJ temporairement PNJ.]

 

Il lui faut tout d’abord obtenir l’accord du propriétaire des lieux, Mr Fong. Elle se rend à son bureau de la mezzanine… et décide de tout lâcher d’emblée : usant de son Miracle de Compréhension des langues, elle s’adresse à l’entrepreneur chinois dans un mandarin parfait – et même avec l’accent de son petit village natal ! Quitte ou double… Mais cela fonctionne. Stupéfait, Mr Fong est d’autant plus disposé à croire que Rafie dispose bel et bien de pouvoirs surnaturels, et l’élue le convainc sans peine de la laisser faire ; il aurait envoyé balader quiconque lui aurait fait cette requête, en temps normal, mais il a confiance en Rafie – il n’est pas chrétien, mais constate (et « accepte » assez facilement, en fait…) que Rafie a des facultés particulières, et il croit que sa blanchisserie aurait tout à y gagner, puisque ces Miracles sont bien réels ; que Rafie fasse ce qu’elle a à faire, il va prévenir ses hommes de la laisser travailler.

 

II : UNE VILLE MEURTRIE

 

[II-1 : Danny, Warren : Josh Newcombe, Gamblin’ Joe Wallace, Russell Drent, Tom Jenkins] De leur côté, Danny et Warren ne souhaitent pas s’attarder plus longtemps dans la blanchisserie. Le premier veut jeter un œil à ce qui se passe en ville, maintenant que la pluie est un peu moins forte, tandis que le second veut retourner au Washington. Ce qui leur permet de faire un bout de chemin ensemble. La ville est ravagée par les coulées de boue – et la prédiction de Josh Newcombe, qui avait parié qu’il y aurait dans la grande rue, devant le Gold Digger, une crevasse de bien 80 cm de large, s’est vérifiée. Quelques citoyens cependant, constatant que la pluie se calmait, et les coulées de boue avec, ont entrepris de poser des planches en travers des rues pour faciliter un peu le passage – car avancer dans la boue serait autrement bien trop fatiguant. Mais nombre de maisons ont été affectées – certaines par les coulées de boue, d’autres par des incendies : il y a eu plusieurs foyers, assez nombreux, mais, par chance, ils ne se sont que rarement communiqués d’un bâtiment à l’autre. Entre Chinatown et le Washington, les bâtiments les plus notables, incluant la maison de Gamblin’ Joe Wallace, le bureau du shérif Russell Drent, le Gold Digger et enfin le Washington lui-même, ont globalement bien résisté. L’atelier du maréchal-ferrant Tom Jenkins a davantage souffert, même si les dégâts restent raisonnables. Mais, à errer ainsi dans les rues, Danny et Warren ont par contre aperçu plusieurs cadavres – des gens qui se sont noyés dans la boue, des grands brûlés, des gens qui sont tombés d’un étage ou deux dans les pires conditions…

 

[II-2 : Warren : Mrs Jansen ; Mr Jansen, Richard Lightgow, Jon Brims] Warren s’arrête donc au Washington, qui a plutôt bien résisté au cataclysme, même si son accès est un peu compliqué. Le savant fou redoute les pillages… mais le tableau qui s’offre à lui quand il pénètre dans la salle de restaurant est tellement incongru qu’il dissipe aussitôt cette crainte : Mrs Jansen est installée derrière son comptoir, et tricote tranquillement, pas le moins du monde affectée par ce qui s’est produit en ville… Warren se félicite de ce qu’elle aille bien – et Mr Jansen ? Levant à peine les yeux de son tricot, elle dit qu’elle ne sait pas où il est : « Quelque part en ville, sans doute, il ne va pas tarder à revenir. » Warren n’insiste pas : il retourne dans sa chambre, où il s’assure de ce que sa petite réserve de roche fantôme est toujours là, et c’est bien le cas ; il en a besoin pour recharger son bras mécanique Roselyne, auquel il a beaucoup fait appel ces dernières heures – il lui faudra faire quelques réparations, en outre. Il se munit du nécessaire, et retourne en ville : il entend prendre des nouvelles de ses amis le Dr Lightgow et le croque-mort Jon Brims – mais c’est à l’autre bout de la ville, et la traverser s’annonce épuisant.

 

[II-3 : Danny : Jeff Liston, Denis O’Hara] Danny, lui, continue d’explorer la ville, pour juger de son état général, et plus particulièrement de l’état de certains bâtiments clefs. Le Red Bear, son endroit préféré en ville, n’a pas été vraiment atteint ; en fait, Jeff Liston est dehors, occupé à poser de ces planches qui doivent faciliter la circulation. Rassuré, Danny ne s’attarde pas davantage. Dans la partie sud de la ville, les dégâts des incendies sont un peu plus prononcés que de l’autre côté de la rue principale. L’école a entièrement brûlé ; tout près, l’église a globalement tenu, même si son clocher, touché par la foudre, s’est effondré – par chance, le reste de l’édifice n’a pas trop souffert. Danny entend du bruit et voit de la lumière, il y a du monde à l’intérieur, facile une centaine de personnes ; il y jette un œil et une oreille : le père O’Hara se livre à un prêche enflammé devant ses ouailles, qui prient avec ardeur. Danny ne s’attarde pas là non plus.

 

[II-4 : Warren : Jon Brims ; Richard Lightgow] Pendant ce temps, Warren s’est rendu, avec difficultés, à la clinique du Dr Lightgow, qui abrite également l’entreprise de pompes funèbres de Jon Brims. Repérant de la lumière dans l’atelier de ce dernier, Warren s’y rend. Le croque-mort, l’air stoïque, travaille sur des cercueils d’une qualité un peu moindre que ce que le savant fou l’avait vu créer lors d’une précédente visite – c’est que Brims a bien conscience de ce qu’il va y avoir sous peu beaucoup de demande, et, dans ces circonstances, il ne peut pas s’appliquer autant qu’il le voudrait… Le croque-mort explique que Richard Lightgow n’est pas dans sa clinique – il ne dit pas où il se trouve, mais assure Warren que le docteur va bien ; simplement, il lui faudra un peu de temps pour « se reprendre », un ou deux jours…

 

[II-5 : Warren : Lilly Brown ; Richard Lightgow] Warren se rend tout de même à la clinique pour gagner son atelier afin d’effectuer les réparations nécessaires sur Roselyne. Effectivement, le Dr Lightgow n’est pas là… et son absence se fait cruellement sentir, parce que nombre de patients, blessés d’une manière ou d’une autre durant la tempête, fatigués, traumatisés, auraient grand besoin de ses services ! L’infirmière, Ms Lilly Brown, est débordée… Warren, après avoir travaillé sur son bras mécanique (avec succès), offre de lui apporter son aide – même si son absence totale de connaissances en médecine fait qu’il n’est pas d’un grand secours. Au bout d’une heure, Lightgow n’est toujours pas réapparu, et Warren jette l’éponge : il retourne auprès des autres.

 

III : NOIRS SECRETS

 

[III-1 : Danny : Shane Aterton, Jeff Liston, Russell Drent] Danny suppose que ce sont les conditions idéales pour se livrer à une petite enquête qui lui tenait à cœur : il se rend à l’adresse de Shane Aterton, dans la partie sud-ouest de la ville – adresse qu’il avait obtenue auprès de Jeff Liston. Il ne sera pas difficile de pénétrer à l’intérieur – et, avec ce qui s’est passé, le bagarreur n’a pas vraiment à craindre les regards indiscrets. Il cherche des preuves – liées au meurtre de Chinatown, notamment. Il n’a pas besoin de chercher bien loin – et cela concerne également le vol dans le bureau du shérif : une cagoule passablement explicite, et un petit Derringer posé simplement sur le bureau (pas le genre d’arme qu’on associe à une brute comme Shane Aterton, mais elle correspond par contre à l’arme employée sur un des adjoints lors du vol). Danny, dans un autre registre, tombe aussi sur des photos pornographiques, rangées dans un tiroir, et qui figurent des jeunes femmes aux traits asiatiques dans des mises en scène très sadiques (il en prend une). Ceci mis à part, ce sont autant de preuves suffisantes pour déterminer avec assurance la culpabilité de feu l’adjoint du shérif, au moins dans le vol… Danny laisse tout cela sur place, et prend soin de refermer aussi naturellement que possible la porte d’entrée derrière lui : il lui faut parler de tout cela à Russell Drent

 

[III-2 : Danny, Beatrice, Nicholas, Warren : Russell Drent, Shane Aterton] Mais d’abord avec ses camarades, que Danny retrouve à la blanchisserie : il entend attirer le shérif Russell Drent sur place, en fait – mais il faut assurer ses arrières, il n’a pas confiance… Et, oui, il faudra bien « s’occuper de lui » ! Danny se rendra seul au bureau du shérif, tandis que les autres prendront place dans les environs de la maison de Shane Aterton. Ce qu’ils font – Beatrice à l’intérieur, Nicholas et Warren à l’extérieur, tous aux aguets.

 

[III-3 : Danny : Russell Drent, Glenn Cabott] Danny se rend donc au bureau du shérif Russell Drent. Dans les environs, les adjoints s’affairent à rendre la grande rue praticable. Le shérif est à l’intérieur – il a repris son air dur habituel, le sourire a quitté ses lèvres. Danny lui dit avoir fait des découvertes concernant le meurtre de Chinatown, mais aussi le vol du pactole du grand tournoi de poker. Drent soupire : « Ça peut pas attendre un peu ? On est plutôt occupés, là… » Il faut assurer la sécurité de la ville, des pillages sont à craindre, il a déjà envoyé des adjoints patrouiller – ce que devrait faire Danny également. Mais le bagarreur insiste : ses preuves sont chaudes… Il a trouvé une arme du crime, une cagoule, d’autres choses encore concernant ces deux affaires. Pourquoi ne lui a-t-il pas amené tout ça ? Eh bien, la confiance ne règne pas entre eux, en ce moment… Et pour respecter les procédures… « Putain, tu me fais chier avec ton légalisme à la con… Cabott, suis-le, va voir ce qu’il a dégoté de si important, et reviens vite, on a à faire ! » L’adjoint massif approche de Danny, prêt à l’accompagner – Drent se désintéresse du bagarreur, qui n’insiste pas davantage.

 

[III-4 : Danny : Glenn Cabott ; Shane Aterton] En chemin, Danny discute avec Cabott. Il cherche à comprendre ses liens avec Drent, ainsi qu’avec Aterton. Et parle aussi des « dérapages », comme celui de la communauté des anciens esclaves… Mais Cabott, bougon, répète toujours que « rien n’a jamais dérapé ». Il se demande si Danny a bien trouvé quelque chose d’intéressant… D’autant que le bagarreur reste évasif quant à leur destination ; en fait, il cherche à déterminer les réactions de l’adjoint quand il comprendra qu’ils se rendent chez Shane Aterton. Mais Cabott reste impénétrable tout le long du chemin. Bien sûr, une fois sur place, il sait qu’il s’agit de la résidence de feu son collègue… « Tu pouvais pas te contenter de le buter, faut que t’en rajoutes maintenant qu’il est mort ? » Eh bien, c’est là qu’a abouti son enquête… Ils rentrent à l’intérieur.

 

[III-5 : Danny : Glenn Cabott ; Shane Aterton, Russell Drent, les cousins Sannington] Danny avait laissé les choses en l’état, et montre à Cabott tout ce qu’il a trouvé – des éléments qui ne laissent guère de place au doute… Il n’est visiblement pas surpris ; et, s’il avait commencé par avancer que tout ça ne prouvait rien, il n’a pas pu achever sa phrase. Cabott est coincé – les questions de Danny l’agacent. Il essaie de minimiser : Danny a trouvé son coupable, et il est mort, très bien. Mais le bagarreur le reprend aussitôt : il reste deux coupables à identifier… Par ailleurs, cela innocente les anciens esclaves – et là Cabott lui-même a eu sa part, en trouvant « comme par hasard » l’argent volé, avec un de ses adjoints… Puisque c’est bien Aterton qui l’avait volé, comment se fait-il qu’il l’ait trouvé là-bas ? « J’en sais rien ; c’est toi le grand enquêteur… » Danny l’interroge sur son emploi du temps – et Cabott n’aime pas ces insinuations ; Drent non plus… Cabott ramasse un sac, et y fourre les pièces à conviction. Mais, avant qu’il ne parte, Danny lui pose sa main sur l’épaule : oui, il va enquêter sur ses conneries… Cabott dégage la main du bagarreur. Il a l’air… déçu ? Danny paraissait bien plus obéissant à la ferme des Sannington

 

[III-6 : Danny, Beatrice : Glenn Cabott ; Russell Drent] Danny excédé lui colle une patate en pleine face ! Cabott, pris par surprise, est sonné… mais il réalise que Beatrice est là, qui vient de sortir de sa cachette, arme au poing ; il porte la main à son holster… mais la huckster est plus rapide : elle ventile et abat pour le compte l’adjoint Glenn Cabott… Il n’est pas encore mort, mais ça ne va pas tarder : il s’est pris une balle dans le bide et s’écroule, se noyant dans son sang. Beatrice réfléchit déjà à une mise en scène pour assurer qu’ils ont agi en état de légitime défense… Cabott meurt tandis que Danny l’assure que Drent aussi y passera…

 

[III-7 : Nicholas, Warren, Danny, Beatrice : Glenn Cabott, Russell Drent] Dehors, Nicholas et Warren ont entendu les coups de feu, et se sont précipités à l’intérieur – mais Cabott rend son dernier souffle au moment où ils retrouvent Danny et Beatrice. Danny ramasse les preuves – il aurait aimé davantage de discrétion... Mais s’ils veulent jouer la carte de la légitime défense, il leur faut de toute façon revoir Drent. Toutefois, il sait très bien que c’est un coup à ce que tout le bureau du shérif les traque pour les éliminer ! Danny demande à Nicholas de lui balancer une pêche, pour rendre la légitime défense plus crédible… et le faux prêtre y va un peu fort ! Le bagarreur s’en souviendra…

IV : DES VISITEURS

 

[IV-1 : Danny, Nicholas : Shane Aterton, « La Tempête Rouge »] Mais une surprise attend les PJ quand ils sortent de la maison de Shane Aterton : juste devant l’entrée se tient… un homme ? Aux traits horriblement cadavériques, très fins, trop à vrai dire… D’une carrure très maigre, l’homme est revêtu d’une sorte de long imperméable noir (d’une certaine élégance, étrangement), et porte vissé sur le crâne un chapeau orné d’une plume. Il les observe sans un mot – sensation étrange… car ils ont la conviction que ces yeux qui les fixent sont morts ! Danny s’approche – en dépit des avertissements de Nicholas, qui, affolé, dégaine un pistolet qu’il braque sur l’inconnu… Danny parle de la fusillade, avançant qu’il n’y a plus rien à craindre – il est adjoint du shérif, et… L’étranger avance lentement pour pénétrer dans la maison, il ne tient pas compte des protestations de Danny – et son aura inquiétante, si son comportement n’est pas ouvertement menaçant, suffit à nouer les tripes du bagarreur et à inciter Nicholas à s’écarter de son chemin… tandis que le faux prêtre songe à cette « Tempête Rouge » qui est sa Némésis. Le bagarreur, en même temps, conscient de sa sensation de peur, réagit paradoxalement : il aurait bien trop honte d’admettre être terrifié – une poussée d’adrénaline l’incite à ne pas se laisser faire ! Nicholas hurle que c’est « un mort qui marche »… et il retient Danny. Le visiteur ne leur accorde pas la moindre attention, et pénètre à l’intérieur.

 

[IV-2 : Nicholas, Danny : Glenn Cabott, « La Tempête Rouge »] Là, le mystérieux personnage contemple un instant le cadavre de Glenn Cabott, qu’il retourne enfin, d’un seul bras – témoignage éloquent de ce que sa force est surhumaine, et en tout cas bien plus remarquable que ce que son apparence pourrait laisser croire. Il s’agenouille – et ouvre la bouche, qui s’écarte de manière monstrueuse ! C’est comme s’il aspirait quelque chose… Puis il se redresse. Nicholas retient toujours Danny, cherchant à le raisonner : il ne peut rien faire contre pareille créature ! Mais le mort se retourne vers eux – et... leur parle, d’une voix insupportablement caverneuse : « Ce n’est qu’un mort de plus, dans la tempête… N’agissez pas stupidement. Vous pouvez être utiles, ici. » Nicholas enrage – il est persuadé qu’il s’agit de la « Tempête Rouge »… Il a dit le mot « tempête », après tout !

 

[IV-3 : Danny, Nicholas, Beatrice, Warren : Glenn Cabott] Le mort a dit ce qu’il avait à dire. Il sort de la maison, sans que personne ose se mettre sur son passage, et prend la direction du sud, comme pour sortir de la ville. Danny et Nicholas le suivent – mais en restant à quelque distance. L’inconnu poursuit son chemin d’un pas lent. Beatrice était restée en retrait, elle ne sait pas comment réagir – et Warren ? Pas davantage, même s'il est intrigué... Les rues sont désertes, il n’y a personne aux fenêtres : ils sont seuls avec le mort. Celui-ci franchit les limites de la ville et continue son chemin – il passe à bonne distance de la gare, qui se trouve sur sa droite. Puis, au bout de 200 m environ, il s’arrête subitement – et ceux qui le suivent font de même. Mais, d’un seul coup, il disparaît en s’enfonçant dans la boue ! Plus une trace de lui – même quand Nicholas va jeter un œil à l’endroit où le mort s’est enfoncé dans le sol meuble… qui ne présente absolument rien de spécial. Beatrice a toutefois sa petite idée de ce qu’il a fait avec le cadavre de Cabott – de toute évidence, il a ôté la puce qui lui avait été greffée par les sbires des barons du rail

 

[IV-4 : Nicholas, Danny, Beatrice : Russell Drent] Mais Nicholas remarque quelque chose : il a entendu – et les autres aussi, maintenant qu’il le mentionne – sonner la cloche de l’église. Est-ce qu’il s’y passerait quelque chose ? Il compte s’y rendre aussitôt. Mais Danny et Beatrice ont autre chose en tête : il faut confronter Russell Drent

 

 

[IV-5 : Nicholas : Denis O’Hara ; Danny] Nicholas ne les a pas attendus : il a pris seul la direction de l’église. Sur place, il constate le même tableau entrevu quelques heures plus tôt par Danny – dont le fait troublant que le clocher a entièrement brûlé… Pourtant, la cloche a sonné ! Nicholas est très méfiant… Il s’approche de l’église – où il y a foule : peut-être dans les 200 personnes, maintenant, qui prient avec ferveur tandis que le père Denis O’Hara leur adresse un sermon qui n’a absolument plus rien à voir avec ce que les PJ avaient pu associer au personnage, débonnaire et ouvert – c’est un prêche virulent, chargé de menaces d’une éternité en enfer pour les pécheurs incapables de se repentir ! La foule réagit avec passion – sanglots et cris ponctuent le terrifiant sermon, des fidèles se roulent par terre… Et les yeux du prêtre brillent d’une folie inquiétante. Nicholas s’esquive, perturbé – il va tâcher de retrouver les autres…

 

[IV-6 : Danny, Beatrice, Warren : Russell Drent ; Glenn Cabott, Shane Aterton, Cordell] Danny, Beatrice et Warren, quant à eux, ont pris la direction du bureau du shérif – ils ont emporté les preuves, mais laissé le cadavre de Glenn Cabott chez Shane Aterton. Le savant fou, plus stoïque que les autres, remarque aussitôt que « quelque chose ne va pas ». Il y a un attroupement devant le bureau du shérif – et dix adjoints montent la garde devant, armés de Winchesters. Mais les adjoints comme les civils ne prêtent aucune attention aux PJ : ils ont tous les yeux fixés ailleurs… sur un étrange individu qui progresse très lentement dans la grande rue défoncée par les coulées de boue, en direction du bureau de Drent. C’est un homme noir, de toute évidence – mais ses vêtements sont en lambeaux, et il porte une cagoule noire qui lui dissimule intégralement le visage. Et Danny a bien vite la conviction que c’est à nouveau « un mort qui marche » ! Ses cicatrices deviennent visibles, et son mouvement est inhumain, empreint d’une rigidité effrayante… En fait, à l’observer avec plus d’attention, il comprend qu’il s’agit de l’ancien esclave abattu froidement par Aterton lors du raid sur la communauté de Cordell… Tout doute disparaît alors que l’homme s’arrête enfin devant le bureau du shérif, et ôte sa cagoule : il a le front explosé par un impact de balle quasiment à bout portant – c’est bien la victime de l’adjoint sadique… Danny s’écarte – et emmène Warren fasciné en arrière. Le mort effraye les adjoints, mais ils n’osent pas tirer, si certains le braquent de leurs carabines. Drent sort nonchalamment du bureau – et c’est alors que l’ancien esclave prend la parole, d’une voix grave au possible : « Les morts reviendront de l’enfer tourmenter les vivants. Les morts reviendront dévorer le cœur des coupables. Vous êtes tous coupables. Et vous allez tous payer. » À peine a-t-il fini de dire ces mots que Russell Drent, après avoir haussé les épaules, dégaine son pistolet et loge aussitôt une balle dans ce qui restait du crâne du mort – lequel s’effondre en arrière. Après quoi le shérif retourne à l’intérieur – les adjoints et la foule des badauds, stupéfaits, ne savent absolument pas comment réagir… Danny maugrée que c’est ce qui arrive, quand on fait porter le chapeau à des innocents des crimes qu’on a soi-même commis… Et il pénètre dans le bureau à son tour ; ses collègues hésitent d’abord à le laisser passer, ainsi que Beatrice et Warren, mais la voix de Drent se fait entendre : « Laissez-les entrer. »

 

V : MORTS OU VIFS

 

[V-1 : Danny : Russell Drent ; Glenn Cabott, Shane Aterton] À l’intérieur, Drent s’est assis à son bureau. Danny pose brutalement le sac de pièces à conviction dessus. Où est Cabott ? Ces preuves ne lui ont pas plu, il a essayé de l’éliminer… Il devait être de mèche avec Aterton, puisque c’est là-bas qu’ils ont trouvé toutes les preuves ? Le bagarreur et Beatrice, qui scrutent les réactions de leur supérieur, réalisent… qu’il a peur. Il essaie, à son habitude, de maintenir une façade stoïque et froide, mais ce qui vient de se passer dans la grande rue l’a affecté bien plus qu’il ne le prétend… Aterton ? Cabott ? À ce stade, il n’en a plus rien à foutre…

 

[V-2 : Warren, Danny, Beatrice : Russell Drent ; Shane Aterton, Glenn Cabott] Mais Warren intervient, avec sa naïveté habituelle : Aterton, Cabott, le mort-vivant… Ils ont leurs trois coupables, non ? Les autres sont éberlués, ils ne comprennent pas ce que veut dire le savant fou : « Eh bien, le mort, dehors, il avait cette cagoule noire, c’est que ça doit être leur complice, non ? » Drent comprend ce que « Mr Woodington » avance – et rebondit là-dessus, mais dans un discours semi incohérent, et visiblement paniqué : « Oui, voilà, c’est ça ! Il a raison… Le troisième coupable était cet homme… Et… c’est bien un homme de… de la communauté des anciens esclaves, donc nous… nous avons bien fait, et… Oui, c’était bien là-bas que se trouvait le coupable, et… » Danny cherche à l’interrompre, mais n’y parvient pas ; Warren, par contre, surenchérit : si Shane Aterton a abattu cet homme, c’est parce que c’était son complice, il voulait effacer les traces, sans doute… Le shérif abonde, avec comme une forme de reconnaissance soulagée : « Exactement ! Voilà… Oui, c’est bien ce qui… C’est bien comme ça que les choses se sont passées… » Beatrice ne mange pas de ce pain-là : les anciens esclaves avaient été prévenus du raid, pourquoi auraient-ils gardé l’argent aussi en évidence ? Cette fois, c’est Danny qui rebondit : c’est que c’est Cabott qui l’avait apporté n’est-ce pas ? Drent acquiesce sans vraiment peser la part d’insinuation dans l’interruption de Danny – qui avance aussi que son « bon travail » mériterait bien une promotion… Le shérif se ressert un troisième verre – il boit beaucoup, en ce moment… Drent fait glisser la bouteille dans la direction de Danny : « Trinquons ensemble ! Oui… À… à l’avenir de Crimson Bay… Maintenant que les mauvais éléments… ont été éliminés… » Warren se demande quand même à haute voix avec quoi le shérif a pactisé…

 

[V-3 : Beatrice, Warren, Danny : Russell Drent] Mais le shérif ne faisait plus attention à lui – depuis quelques minutes, il semble fixer avec une attention soutenue, et inquiète, les affiches des personnes recherchées, collées contre le mur de son bureau. Il est maintenant totalement figé. Par réflexe, Beatrice, Warren et Danny regardent dans la même direction… Danny ne remarque rien de particulier, mais il n’en va pas de même pour ses camarades : tous deux voient leurs propres visages sur les affiches – avec en dessous la mention « MORT OU VIF »… à ceci près que « OU VIF » est barré d’un trait de peinture rouge ! Mais cela va au-delà : tandis que Warren s’approche de l’affiche le représentant (avec comme chef d’accusation principale « CHARLATAN »), car il se demande si la peinture est fraîche et veut la toucher du doigt, son portrait se met à s’animer sous ses yeux : une cicatrice apparaît sur son front, et c’est comme si une main invisible, après cela, ôtait le sommet du crâne, pour faire apparaître le cerveau du savant fou ; confronté à cette représentation incongrue de son pire cauchemar (les opérations de trépanation ou lobotomie sur sa propre personne), Warren ressent une violente douleur dans son torse – il est passé à deux doigts de l’attaque cardiaque ! Et il lui faut se poser sur une chaise et reprendre son souffle – dans la crainte que cela ne soit pas suffisant et que le cœur lâche…

 

[V-4 : Beatrice, Warren, Danny : Russell Drent] Quant à Beatrice, elle voit quelque chose du même ordre la concernant – avec toute une litanie d’infractions, mais « PROSTITUTION », se dégage de la liste. Elle encaisse cependant bien mieux le choc que Warren, et se tourne aussitôt vers le shérif, en le menaçant de son arme : qu’est-ce qu’il a fait ? Qu’est-il en train de se passer ? Mais Drent ne fait pas vraiment attention à elle : les yeux vissés sur les affiches, il est pris d’un fou rire : « Ah ah ah ! Non… Non, non… ça ne va pas se passer comme ça ! Ah ! Non, je ne serai… Je ne serai pas pendu… Non, pas pendu, ah, jamais, ça n’arrivera pas ! Je ne finirai pas pendu ! Ah ah ! C’est depuis que vous êtes arrivés en ville… Vous avez foutu la merde dans ma ville… Mais, moi, pendu ? Ah ! Non, jamais, je ne serai pas pendu, vous voulez me faire… me faire peur, mais, non ! Non, vous n’arriverez à rien, et je ne serai pas pendu… pas pendu… » Le shérif reprend la bouteille qu’il avait tendue à Danny et boit au goulot.

 

[V-5 : Danny, Beatrice : Russell Drent] Danny, qui ne comprend pas bien ce qui se passe – pour lui les affiches sont parfaitement normales –, va, à la suggestion de Beatrice, chercher des adjoints dehors pour qu’ils s’occupent de Drent, qui succombe visiblement à une sorte de crise de folie furieuse. Danny prend en main les opérations – il faut garder le shérif sous surveillance, dans un endroit plus approprié. Beatrice avance que Danny pourrait tout aussi bien récupérer son étoile de shérif… Les adjoints n’y prêtent pas attention, mais s’occupent de leur chef. Beatrice les suit, histoire de voir comment ils s’y prennent.

 

VI : PASSER PAR LA MORGUE

 

[VI-1 : Danny, Warren : Richard Lightgow] Quand la situation se calme, Danny ressort – il y a toujours des badauds, figés dans une sorte de transe… à ceci près que certains semblent faire des préparatifs pour quitter la ville, chargeant des bagages dans des charrettes, qui ne sont clairement pas en mesure d’aller bien loin, au vu de l’état de la ville et des routes depuis les coulées de boue… Le cadavre de l’ancien esclave est toujours étendu au milieu de la rue ; Danny s’empare d’une bâche pour le recouvrir, et fait en sorte qu’on le transporte à la morgue. À l’intérieur, Warren reprend son souffle ; il manipule Roselyne, et se concentrer ainsi lui permet de se calmer – la douleur dans sa poitrine cesse peu à peu ; mais il sait que ça n’est pas passé loin. Toutefois, s’il faut amener le cadavre à la clinique du Dr Lightgow, eh bien, c’est dans ses cordes : Roselyne est tout indiquée pour cela – et il aurait bien besoin de discuter un peu avec son ami…

 

[VI-2 : Warren : Jon Brims ; Richard Lightgow] Warren ne passe pas exactement inaperçu… Mais il parvient sans peine à la clinique, et va voir Jon Brims dans son atelier. Le croque-mort est un peu surpris par ce spectacle – et Warren ajoute : « C’est un nouveau client, qui vient du bureau du shérif ! Mais il est un peu particulier – c’est la deuxième fois qu’il meurt… Vous avez déjà vu ça ? » Brims est sceptique – mais n’insiste pas, quand il constate qu’il y a deux impacts de balles mortels au front du cadavre. Il manipule un trousseau de clefs, qui lui permet d’ouvrir la porte de la morgue – laquelle relie la clinique du Dr Lightgow à sa propre entreprise de pompes funèbres. Warren persiste : « Ça vous est déjà arrivé ? Vous avez déjà vu ça ? » Le croque-morts lâche, dans un soupir, que... oui, ça a pu lui arriver – dans une autre vie. Mais il ne s’étend pas là-dessus : il lâche aussitôt qu’il a entendu du bruit dans la clinique, le Dr Lightgow est sans doute revenu. Lui, il va s’occuper du cadavre.

 

[VI-3 : Warren : Richard Lightgow, Lilly Brown ; Jon Brims] Le savant fou obéit à l’ordre indirect de Jon Brims et le laisse à son travail ; il passe dans la clinique, où le Dr Lightgow est effectivement revenu, et a beaucoup de travail – son infirmière Ms Lilly Brown est visiblement épuisée, mais elle doit encore l’assister. Cependant, Warren remarque que le docteur est visiblement en train de planer… Il n’a aucune idée de la cause, mais le constat demeure : il est défoncé. Warren n’ose pas le déranger dans ces conditions… Il rejoint les autres.

VII : MEURTRE IMPOSTURE HÉRÉSIE

 

[VII-1 : Rafaela, Nicholas, Danny] Rafie ne peut rien faire de plus pour aujourd’hui à la blanchisserie – elle aussi rejoint les autres, en même temps que Nicholas revient de l’église : la moitié de la ville est folle, à l’en croire… À peine a-t-il prononcé ces mots que la cloche sonne – Danny comprend, comme Nicholas avant lui, que ça n’est tout simplement pas possible, le clocher a été détruit ! Mais le son se fait entendre, et vient indubitablement de l’église… La pluie redevient plus forte – Danny dit aux adjoints qui font le pied de grue devant le bureau de rentrer se mettre à l’abri…

 

[VII-2 : Warren, Danny, Beatrice : Russell Drent] Warren revient à son tour. Maintenant qu’il a pleinement récupéré, il entend parler de ce qu’il a vu sur l’affiche. Il ne comprend pas ! Pourquoi est-il recherché ? Lui, un charlatan ? Danny ne voit absolument pas de quoi parle le savant fou… Lequel pointe les affiches : ça se voit, pourtant ! Mais Beatrice, peut-être parce qu’elle est une huckster, comprend un peu mieux ce qui s’est passé : de manière générale, ces affiches n’ont rien de spécial – chacun n’a vu que l’affiche qui lui était proprement destinée : Warren, elle-même, le shérif Drent… Tout ça ne saurait être expliqué par la science ; cela relève de la magie…

 

[VII-3 : Danny, Nicholas, Warren] Danny et Nicholas regardent les affiches, après ces explications : pour le coup, Danny ne voit toujours rien de spécial… mais Nicholas voit bien une affiche à son nom : les chefs d’accusation sont variés, « MEURTRE », « IMPOSTURE », « HÉRÉSIE », etc. Mais des taches rouges se mettent à apparaître un peu partout sur l’affiche, de plus en plus nombreuses, au point où c’est comme si son portrait se noyait dans le sang en hurlant… mais c’est bientôt le vrai Nicholas qui se met à hurler ! Pris d’une crise de panique, il sort précipitamment du bureau du shérif, et court dans la grande rue impraticable, chutant sans cesse dans la boue… Il prend sans y penser la direction du Washington. Warren se lance à ses trousses…

 

[VII-4 : Nicholas : Mrs Jansen] Au bout de 200 m d’une course acharnée, Nicholas commence à reprendre ses esprits – mais la terreur demeure. Il a besoin de calme, et de prière ! Il retourne au Washington, où Mrs Jansen est toujours à tricoter derrière le comptoir, et monte sans un mot dans sa chambre. Là, il s’agenouille devant sa croix, Christina, et se met à prier…

 

VIII : ÊTRE À LA HAUTEUR ?

 

[VIII-1 : Danny, Beatrice : Shane Aterton] Au bureau du shérif, Danny et Beatrice discutent de leurs options. La huckster n’a pas forcément envie de venir en aide à une ville où tout le monde pète un câble… Danny n’est pas d’accord. Mais une menace surnaturelle pèse-t-elle sur eux ? Le truc des affiches semble aller dans ce sens… mais le comportement du mort chez Shane Aterton les laisse perplexes : il n’était pas à proprement parler hostile… Il semblait dire qu’ils avaient une utilité, ici ? Beatrice suppose que, tant qu’ils sont utiles, on ne s’en prendra pas vraiment à eux…

 

[VIII-2 : Danny, Beatrice, Russell Drent] Mais Danny aimerait en savoir plus sur ce que le shérif Russell Drent a vu quand il a regardé les affiches… Il se rend dans la petite pièce où plusieurs adjoints gardent le shérif, toujours pris d’une crise de fou rire. On lui a ôté sa bouteille (et ses armes, bien sûr), mais il ne tient pas en place – riant sans cesse, il se débat, et trois adjoints ne sont pas de trop pour le maintenir assis sur une chaise. Beatrice lui intime de reprendre ses esprits, sans succès. Elle n’obtient que de nouveaux : « Non, non, je ne finirai pas pendu ! Ah ah ! » Beatrice dit aux adjoints de faire une pause – Danny et lui vont s’occuper du shérif, ça va aller… Mais deux des adjoints refusent de sortir ; ils sont effrayés, mais aussi loyaux, et méfiants. Beatrice aurait aimé qu’ils dégagent – mais tant pis : elle use de son Pouvoir de Pressentiment sur Drent lui-même. Il est tellement obsédé par l’affiche que c’est tout ce que peut voir ainsi la huckster : c’est le même type d’affiche qu’ils ont vues, et celle-ci représente sans l’ombre d’un doute Russell Drent, avec toute une litanie de chefs d’accusation : « MEURTRE », « CORRUPTION », « CAMBRIOLAGE »… La liste est infinie : tous les crimes y passent. Mais, surtout, le portrait de Drent s’anime : une corde apparaît autour de son cou, et le visage oscille dans un mouvement de balancier, très lent – les yeux sont morts, et un étrange et inquiétant sourire défigure la face de Drent. Mais, à force de regarder ainsi… l’image change à nouveau – et c’est à nouveau elle-même que Beatrice voit, même si le Pressentiment a été appliqué à Drent ! Et la liste de ses crimes a changé : n’apparaît plus maintenant que « PROSTITUTION » sans cesse répété, « PROSTITUTION », « PROSTITUTION », « PROSTITUTION », une centaine, un millier de fois… La huckster encaisse à nouveau, mais ça commence à faire beaucoup ! Elle sort de la pièce – en demandant aux adjoints d’administrer au shérif de quoi le faire dormir ; l’un d’entre eux dépêche une jeune recrue : « Va au Blue Lotus, et ramène un truc pour le calmer… »

 

IX : CUISINE FAMILIALE

 

[IX-1 : Nicholas, Beatrice, Danny : Mrs Jansen, Mr Jansen] Tous décident alors de se retrouver au Washington – où Nicholas se trouve déjà, qui a récupéré de sa frayeur. Le même spectacle attend tous les PJ : Mrs Jansen, imperturbable, qui tricote derrière son comptoir. Mais ils remarquent autre chose : il y a une odeur qui plane, dans le restaurant – une odeur de pourriture… Beatrice interpelle Mrs Jansen : elle ne sent pas… quelque chose ? Mais à peine a-t-elle posé cette question qu’apparaît dans son dos Mr Jansen, qui arrive dans la salle depuis l’extérieur : « Toute cette humidité ! Mais nous avons aéré les chambres, ça ne devrait pas poser de problème… » Il panique visiblement, et les incite fortement (et maladroitement) à se retirer dans leurs chambres… Beatrice s’en rend bien compte, mais impossible d’obtenir une explication valable de l’hôtelier : « Toutes ces choses, en ville, il y a bien de quoi affecter un honnête homme… » Beatrice lui rappelle que Danny et elle sont des adjoints du shérif : si jamais il craint quelque chose… Mais non, rien ! Par contre, dîner dans la salle de restaurant… Il va plutôt leur apporter une petite collation dans leurs chambres – qu’ils s’y rendent, ça ne tardera pas ! Le temps de se mettre aux fourneaux… Beatrice y renâcle, mais le bonhomme, affolé, est intraitable – et obtient l’appui de Danny, qui a faim. Très bien !

 

[IX-2 : Nicholas, Danny, Beatrice : Mr Jansen ; Shane Aterton, père Davis] Les PJ se rassemblent dans une chambre. Tout cela est bien louche : cette odeur… et depuis quand est-ce Mr Jansen qui fait la cuisine et le service ? Pour l’heure, ils ont plusieurs informations à partager – et Nicholas est visiblement très affecté par le spectacle de ce mort-vivant qu’ils ont croisé chez Shane Aterton… Les autres l’invitent à s’expliquer. Le faux prêtre prend sa respiration, et s’exécute. Il avait dans les quatorze ans… Il vivait dans un petit orphelinat, dirigé par le père Davis. Nicholas était un garnement – mais plutôt gentil, au fond. Un soir, il s’était fait la belle – ça lui arrivait régulièrement, et il revenait toujours. Mais cette fois, quand il est revenu, l’orphelinat était dévasté, comme par le passage d’une tempête. Pire : tous ses camarades, dix-sept enfants, étaient morts – leurs cadavres déchiquetés et répandus çà et là… Et la tempête recommençait – une tempête rouge, qui menaçait ouvertement le petit Nicholas ! Mais c’est alors que le père Davis s’est jeté en travers pour pousser l’orphelin hors de la trajectoire du phénomène… Le corps du père s’est élevé dans les airs – et la tempête lui a comme arraché la peau, centimètre carré par centimètre carré… Une torture infinie, sous les yeux de Nicholas : réduit à l’état d’écorché, le père Davis a cependant trouvé la force de s’adresser une dernière fois à son pupille : « Chacun porte sa croix. Ne t’en veux pas. » Et il a rendu son dernier soupir. Jetant un œil à l’intérieur de la tempête, Nicholas a distingué la silhouette d’un homme – qui lui tournait le dos et s’en allait… et la tempête a disparu. Nicholas est convaincu que cet homme et le mort-vivant croisé chez Aterton sont la même créature – surgie de son passé. « Danny, quand je te dis que tu ne peux rien faire contre lui, tu ne peux rien faire contre lui ! Mais moi je l’aurai – je me vengerai... Dix-sept enfants et le père Davis… Il va payer ! Et je comprendrai enfin pourquoi il a fait ça ! Quitte à y laisser la vie – mais je serai le dernier à périr par sa faute. » Beatrice est sceptique : comment peut-il être sûr qu’il s’agit bien de la même créature ? Nicholas n’a que le mot de « tempête » à la bouche… « Il va y avoir des morts dans cette ville. » Mais lui sait ce qu’il a à faire.

 

[IX-3 : Beatrice : Mr Jansen ; Mrs Jansen] On toque à la porte : c’est Mr Jansen qui leur apporte leurs repas. C’est de toute évidence lui, et non son épouse, qui a fait la cuisine. Beatrice demande si Mrs Jansen est souffrante – oh, juste un peu affectée par les derniers événements, ce sont des choses qui lui arrivent… « J’espère que cela vous conviendra quand même ? » Oui, oui… Il s’en va sans plus attendre.

 

[IX-4 : Rafaela, Nicholas : Shane Aterton] Rafaela réfléchit à la description qu’on lui a faite du mort-vivant, et au récit de Nicholas. Elle a une certaine expérience des choses étranges… et la Vierge de Guadalupe, en quelques occasions, l’a amenée à prendre en compte l’existence de ces étranges créatures que l’on appelle les Déterrés. Pour elle, il ne fait aucun doute que c’est cela qu’ils ont vu chez Shane Aterton. Elle n’en sait pas beaucoup plus – quelques choses, cependant : un Déterré n’est pas un vulgaire mort-vivant, c’est un être pensant, et fort de son individualité ; mais justement : il y a plusieurs Déterrés, rien ne garantit que ce soit le même que celui de l’histoire de Nicholas… Au moins sont-ils d’accord pour les envisager comme de redoutables et démoniaques créatures, vomies sur Terre depuis l’enfer.

 

[IX-5 : Beatrice : Mr Jansen, Mrs Jansen] Beatrice a cependant des préoccupations plus immédiates : le comportement des Jansen est tout de même très suspect… Elle descend l’escalier – seule, en utilisant son Pouvoir d’Augmentation de Trait pour améliorer sa Discrétion. Elle avance, et distingue les paroles de Mr Jansen : « Oh, ma chérie, ma chérie ! Ce n’est vraiment pas le moment… » Il a l’air assez affolé. « Tu sais combien je regrette tout ça… Je t’en prie, fais un petit effort, les choses vont se tasser, tout va bien se passer… Le shérif va reprendre les choses en main, Crimson Bay redeviendra comme avant… Ah ! Ici, il y a un petit… Un instant, je vais réparer ça. » Beatrice descend quelques marches de plus, elle voit maintenant la scène :Mrs Jansen est assise sur une chaise, immobile ; Mr Jansen, devant elle, s’active, passant des cotons sur le visage de son épouse – une sorte de maquillage. Beatrice remonte discrètement à l’étage : elle est maintenant convaincue que Mrs Jansen est morte – mais depuis pas mal de temps, si ça se trouve !

 

[IX-6 : Rafaela, Nicholas, Beatrice, Danny : Mrs Jansen ; Mr Jansen] La nouvelle laisse les autres perplexes… Rafie ne pense pas qu’elle soit une Déterrée, mais… Soudain un cri se fait entendre ! Un cri d’homme, celui de Mr Jansen… La discrétion n’est plus de mise : les PJ dévalent tous l’escalier – et tombent sur une scène horrible : Mr Jansen est allongé sur le dos, mort, et Mrs Jansen se repaît de ses entrailles ! Des lambeaux de peau se sont détachés de son visage, elle saigne de multiples endroits, mais ça ne l’interrompt en rien dans son festin cannibale. Nicholas et Beatrice, par réflexe, dégainent. Mais Mrs Jansen réagit avant eux : le sang et les entrailles de son époux dégoulinent de son visage, mais elle affiche en même temps comme un sourire extatique – et se précipite sur Danny ! Nicholas a ses deux pistolets fétiches, le Père et le Fils, en mains, et vise la tête – mais rate son coup ; il récite une prière d’exorcisme en même temps… Rafaela use d’un Miracle d’Aveuglement sur Mrs Jansen – sans être bien certaine que cela soit très efficace sur une morte-vivante. Danny, lui, a recours à son gourdin, et atteint Mrs Jansen, sans lui faire trop de dégâts. Mais Beatrice vide son chargeur – et abat l’hôtelière d’une ultime balle en pleine tête ; elle s’effondre en souriant sur le cadavre éviscéré de son époux… Et Rafaela sort son rasoir – pour que ces monstres ne reviennent pas, à ce qu’on lui a dit, il faut leur couper la tête…

 

À suivre…

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