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Dans ma grotte

Publié le par Nébal

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Au début, je pensais faire un truc genre qui en jette, « la bibliothèque de Babel », t’vois, ou une allégorie de la « tabula rasa ». Ou un truc plus léger, mais bibliothécaire quand même, qui serait orange, et qui ferait « Ook ». Pis finalement je me suis dit que le mieux c’était encore de retourner à cette simple image du bonheur à l’état pur : Gaston faisant la sieste dans sa grotte de livres et de courrier en retard. Je sais pas vous, mais moi, cette illustration du génial Franquin m’a toujours fait fantasmer. Et elle m’a donc paru très appropriée pour revenir brièvement sur mes lectures non universitaires depuis l’interruption de mon blog (ben oui, j’en ai malgré tout tenu la liste ; on est maniaque ou on ne l’est pas, que voulez-vous…). Par contre, il va de soi que je ne serai la plupart du temps capable de livrer ici que de brèves notules, et non de véritables comptes rendus…

 

Commençons donc, et dans l’ordre alphabétique des auteurs, s’il vous plait (on est maniaque ou on ne l’est pas, que voulez-vous…). Ce qui nous fait commencer par du bref mais intense, du concentré de chef-d’œuvre, avec Rashômon et autres contes de Ryûnosuke Akutagawa (dans la collection « Folio 2€ », hein, pas « Connaissance de l’Orient »). C’est bien évidemment le film de Kurosawa qui m’a attiré vers cette lecture (même s’il s’inspire plus de la nouvelle « Dans le fourré » que de « Rashômon » à proprement parler), mais quelle baffe mes aïeux ! et s’il n’y avait qu’un texte à retenir, ce ne serait pas un de ces deux-là, mais bien plutôt « Figures infernales », un long conte magnifique, riche en image cruelles et superbes. À lire à tout prix. Or, le prix, c’est 2 €, alors, hein, merde…

 

Passons maintenant au cas de monsieur Anderson, Poul de son prénom. Un auteur dont je vous ai déjà dit beaucoup de bien… Mais pour une fois je vais en dire du mal : j’ai en effet péniblement lu Agent de l’Empire terrien, le premier tome des aventures de Dominic Flandry, et je vous le déconseille fortement ; c’est de la SF à papy qui a très très très mal vieilli. Totalement illisible aujourd’hui. Je vais probablement faire l’impasse sur la suite… Heureusement, le bougre est remonté dans mon estime presque aussitôt après avec Trois Cœurs, trois lions, suivi de Deux regrets, bel ouvrage comprenant un bon roman de fantasy et deux magnifiques nouvelles. Ouf. Maintenant, c’est ballot, j’attends avec impatience Le Chant du barde

 

Après quoi l’on passe au grand, à l’immense, au mort J.G. Ballard. Tout d’abord – rhaaaaaa, j’en fous partout – pour le fabuleux, l’extraordinaire, l’indispensable Nouvelles complètes, 2. 1963-1970, qui vaut bien le premier tome, et dans lequel on voit un tournant s’opérer, avec les premiers textes de La Foire aux atrocités. C’est excellent de bout en bout. J’ai également lu, du grand homme, son autobiographie, La Vie et rien d’autre ; un texte touchant, souvent drôle, que l’on sent cependant gagné par la rongeasse ; émouvant et dur, au final ; et beau.

 

Jacques Barbéri, maintenant, avec Le Tueur venu du Centaure, ultime volet au titre éminemment dickien de la trilogie « Narcose ». J’avoue avoir été un peu déçu par ce récit que j’ai trouvé un peu trop confus pour pas grand chose, au final… En définitive, de cette trilogie, seul le premier tome m’a totalement convaincu ; le reste, j’ai bien aimé, mais sans plus.

 

Un petit classique pour la suite avec Peter Pan de James Matthew Barrie. Je parle du conte, hein, pas de la pièce de théâtre originelle qui vient tout juste d’être rééditée chez Terre de brume. Ben voilà, étrangement, je n’avais jamais lu Peter Pan. Erreur enfin réparée. Un régal de bout en bout, bien sûr, à la Alice, même si l’univers de Lewis Carroll me parle davantage. Mais ce qui m’a stupéfait dans Peter Pan, c’est le côté horrible, voire carrément gore, de la chose. Pratchett a bien raison dans sa description des contes de fées, décidément… Mais là, dans le genre, je crois que c’est le pire que je connaisse.

 

Tiens, un autre Angliche, là, Stephen Baxter. L’homme qui est capable du meilleur comme du pire, avec le même thème. Mais l’expérience y est pour beaucoup. Prenez les Xeelees : dans Exultant (« Les Enfants de la destinée », 2), ça nous donne un space op’ militaire, limite starwarsien (si), et un gros pavé, en même temps hard science (si), et palpitant de la première à la dernière page ; c’est bien simple : je crois que c’est le meilleur space op’ que j’ai lu avec La Paille dans l’Œil de Dieu de Larry Niven et Jerry Pournelle (ce qui est un sacré compliment, au cas où vous en douteriez). Mais des années plus tôt, avec Singularité (« Les Xeelees », 2), ça donnait juste une vilaine grosse bouse écrite avec les pieds de la voisine, totalement illisible et chiante à mourir. Après un Gravité déjà pas top… Du coup, je ne sais pas si je vais les continuer, ces « Xeelees », moi… Alors que « Les Enfants de la destinée », si.

 

J’ai également lu le Bifrost, n° 57. Spécial Robert Heinlein… Un très bon numéro, avec deux chouettes nouvelles d’Heinlein, une sympathique de John Varley, et un dossier riche et intéressant. Mais, comme d’habitude, il faut que j’intervienne, bien après la bataille, pour faire mon compte rendu sur les razzies… Pour ce qui est de la « pire nouvelle francophone » je trouve très con que Daylon ait eu le prix, dans la mesure où j’avais bien aimé son texte pour Retour sur l’horizon… Moi, on m’aurait demandé, j’aurais choisi (mais il n’était pas dans la liste) « Kainsmal » de Ludovic Lavaissière, dans Identités ; mais il semblerait que le chroniqueur ait trouvé des qualités à cette nouvelle : moi pas comprendre… Je ne peux pas me prononcer pour la « pire nouvelle étrangère ». Pour le « pire roman francophone », bon, je m’en suis tenu à des extraits, hein, mais Cathédrales de brume m’avait l’air bien placé (par contre, les blagues sur Oksana & Gil Prou étaient vraiment nulles). La catégorie « pire roman étranger » m’a laissé très sceptique : déjà parce que j’ai entendu dire du bien de Orgueil et préjugés et zombies (mais j'aime les zombies, aussi), ensuite parce que j’ai bien aimé Un jour je serai invincible, roman pour lequel l’argumentaire me semblait pour le moins limité (« N’est pas Alan Moore qui veut » ? Certes, mais c’est un peu court, jeunes gens…). Pour la traduction, je constate avec effroi l’unanimité, qui a fait reculer Brasyl dans mon étagère de chevet ; eh merde… Pour le « prix Jackie Paternoster de la pire couverture », j’ai trouvé le jury bien sévère avec Sébastien Bermès ; pour ma part, j’aurais fait un ex aequo Atalante / Livre de poche. OK pour le « prix de la pire non-fiction », il était bien temps de le dire. Pour le « prix de l’incompétence éditoriale », j’ai trouvé le jury bien sévère avec Sébastien Guillot ; pour ma part, le coup de Bragelonne / Milady était quand même le plus énorme, et de loin ; mais je dois avouer, moi, le misérable insecte, que les arguments avancés dans ces pages à l’encontre de Dieu ne manquaient pas forcément de pertinence… et c’est bien triste. Pour le « prix putassier », en temps normal mon préféré, je m’insurge : l’attribuer à Patrick Imbert, c’est petit, mais alors vraiment tout petit ; tous les autres candidats le méritaient bien davantage… OK, par contre, pour le « Grand Master Award ». Quant au « prix des lecteurs de Bifrost », j’y suis toujours opposé, pour les mêmes raisons qu’auparavant (et je n’ai donc pas voté). Bon, on verra bien l’année prochaine…

 

Dans la catégorie « bref mais intense », j’ai également lu La Triste Fin du petit Enfant Huître et autres histoires de Tim Burton, recueil bilingue et illustré par l’auteur de poésies naïves sur des enfants freaks, qui date de l’époque où Burton avait du talent. Sympa, à lire en VO, par contre.

 

J’ai enfin lu du Orson Scott Card, en m’attaquant au « cycle d’Ender ». Pour le moment, je me suis enfilé les trois premiers volumes. Bilan : La Stratégie Ender m’a paru sympa, sans plus ; ça se lit bien, sans véritablement casser des briques ; ça s’inscrit dans la lignée de Starship Troopers et La Guerre éternelle, sans y apporter beaucoup plus d’éléments nouveaux, ai-je trouvé. J’y ai largement préféré La Voix des morts, que j’ai trouvé véritablement excellent : Card y met en place une écologie extraterrestre fascinante, et y développe des concepts culturels fort intéressants. Xénocide en prend la suite directe… mais se révèle abominablement long et verbeux, et donc chiant. Du coup, j’ai repoussé ma lecture du dernier tome…

 

Un tout petit bouquin ensuite, La Morale des elfes, de Gilbert Keith Chesterton. Un pamphlet contre le modernisme, en fin de compte ; c’est rigolo, mais sans plus. Non, décidément, je crois que Chesterton n’est pas un auteur pour moi…

 

Autre petit bouquin, mais beaucoup plus à mon goût celui-ci, Adolphe de Benjamin Constant (auteur dont je n’avais lu jusqu’alors – et je vous en avais parlé – que les écrits politiques). Ça commence un peu comme un mélange entre Les Liaisons dangereuses et Le Rouge et le noir, puis, subitement, cela prend une tonalité unique. Résumons Adolphe pour nos amis les djeuns : 1°) Whoa zyva la taspé comment qu’elle est trop bonne j’vais trop m’la faire ! 2°) Uh t’as vu comment que j’l’ai emballé la salope là tranquille et tout wesh wesh… 3°) Rhaaa putain c’est trop la demer elle veut plus m’lâcher la teupu non j’t’assure j’pète un câble là… 4°) Non mais putain mais merde quoi mais j’te jure zyva la pute elle est trop à fond moi j’peux rien faire t’sais si si la famille quoi c’est relou p’tain fait iech’… etc. C’est très subtil, en tout cas. J’ai beaucoup aimé.

 

On passe à quelque chose d’autrement volumineux avec Océanique de Greg Egan. Troisième tome de « l’intégrale raisonnée » de ses nouvelles (mais finalement il y en aura un quatrième, joie, joie !), et confirmation qu’Egan est à l’heure actuelle ZE écrivain de science-fiction. C’est bien simple (‘fin, façon de parler, bien sûr) : même quand on n’y capte rien – par exemple, quand, dès la première nouvelle, il nous parle de football quantique –, eh bien, même là, c’est beau, c’est fort, c’est intelligent, c’est juste, c’est vrai, c’est grand. C’est Egan, quoi, l’auteur à suivre à l’heure actuelle. Je ne le connais toujours que par ses nouvelles, il faudra que je m’essaye à ses romans un de ces quatre… Mais je ne sais pas s’il sera aussi efficace sur la durée… Boah, verra bien.

 

J’ai également lu Père des mensonges de Brian Evenson. Disons-le tout net : c’est franchement moins bon qu’Inversion ou La Confrérie des mutilés. Et ça se répète un peu… Mais c’est quand même pas mal du tout, cette histoire de prêtre pédophile – eh eh…

 

Quant au Fiction, t. 10, je n’ai pas grand chose à en dire, si ce n’est qu’il s’agissait là d’un numéro de grande qualité dans l’ensemble, avec de vraies petites merveilles de nouvelles. La norme de Fiction, quoi.

 

Un petit bouquin ensuite, de Gandhi, La Voie de la non-violence. Une déception. Le texte est composite, mêlant des extraits de diverses œuvres de Gandhi un peu à la va-comme-je-te-pousse, et c’est plus ou moins intéressant ; les passages autobiographiques m’ont bien plu (et ils permettent de montrer que le film de Richard Attenborough est assez fidèle à la réalité historique, du moins telle que Gandhi l’a rapportée) ; hélas, les passages spirituels/mystiques abondent, qui sont chiants comme la pluie, et, parfois, puent franchement du zboub. La toute fin, émouvante, ne rachète pas tout ça…

 

Les hasards de l’alphabet font que l’on continue dans les livres de sagesse (yeurk) mystico-spirituels (gni), mais cette fois sous forme de poésie (argh), avec Le Prophète de Khalil Gibran. Tout pour me plaire, a priori, hein ? Mais le pire, messieurs dames, c’est que ça m’a plu ! Honnêtement, c’est très beau. Je l’ai lu parce qu’une patiente m’avait suggéré de le faire, et que c’était court, et que après tout pourquoi pas, et je ne le regrette en rien. C’est effectivement une grande œuvre, qui contient des passages de toute beauté. Faudra probablement que je le relise dans de meilleures conditions…

 

Petit bouquin encore, mais dans un genre bien différent, avec les Souvenirs de la cour d’assises d’André Gide, où l’auteur rapporté son expérience de juré. Évidemment, tout cela date d’il y a un siècle environ, et d’une époque où la peine de mort existait, mais, pour le reste, ce petit livre reste d’une actualité troublante. Son épilogue, notamment, vaut le détour, et le regard que pose Gide sur la justice, son métier, et le rôle des jurés ne manque pas de pertinence.

 

On reste toujours et encore dans les petits bouquins (oui, je m’en étais fait un petit stock) avec Gilgamesh, dans l’adaptation de Léo Scheer (c’est-à-dire une version « grand public », et non « savante »). « Le premier roman de l’histoire », nous dit-on. On pourrait en débattre… Quoi qu’il en soit, j’étais curieux de connaître enfin le mythe de Gilgamesh, et j’avoue en être ressorti un peu déçu. Je ne sais pas, il y manque encore quelque chose, qui n’apparaîtra semble-t-il que chez les Grecs, mais que je serais bien incapable de définir… Enfin, je n’ai pas perdu mon temps, hein, et je mourrai un peu moins bête, mais ça ne m’a pas passionné…

 

Tiens, on parlait tout à l’heure de Robert Heinlein. Eh bien j’ai lu son juvenile Le Vagabond de l’espace (Dieu que ce titre français est plat, comparé à l’original : Have Space Suit, Will Travel !)… et j’en ai été terriblement déçu. Rien à voir avec l’excellent Citoyen de la galaxie ; mais sans doute Heinlein vise-t-il ici un public plus jeune, et peut-être la traduction y est-elle pour quelque chose ; quoi qu’il en soit, je trouve que ça a fort mal vieilli, et ne présente plus guère d’intérêt aujourd’hui…

 

 

Ah. Ça y est. On y arrive. Yama Loka Terminus, de Léo Henry & Jacques Mucchielli. Voyez-vous, tout est de leur faute. J’avais rédigé une chronique de Yama Loka Terminus, mais je l’ai trouvée tellement mauvaise, tellement ridicule, que j’ai préféré jeter l’éponge et arrêter de chroniquer, parce que je ne m’en sentais plus capable (enfin, c’était la phase 1 ; pour la phase 2, voir plus bas). Et je ne vais bien évidemment pas la reprendre aujourd’hui, mon texte – je l’ai toujours – ne s’étant bien évidemment pas bonifié avec le temps. Alors je me contenterai de vous dire qu’il s’agit là d’un excellent recueil de nouvelles, qui m’a tout simplement foutu sur le cul. Et je ne dis pas ça parce que les auteurs sont des gens charmants. Je dis ça parce que c’est vrai. Ce recueil est tellement bon que… ben… que même aujourd’hui je ne sais pas quoi en dire. À part : lisez-le.

 

Dans la catégorie « gros lourd qui tâche et qui n’est pas facile à chroniquer », La Forêt des mythagos. L’intégrale de Robert Holdstock se pose un peu là, aussi. Commençons par le commencement, c’est-à-dire L’intégrale 1/2 : en posant les choses clairement, La Forêt des mythagos au sens strict est un authentique chef-d’œuvre, une merveille de finesse et d’intelligence, au style sans faille ; lisez-moi cette merveille tout de suite. TOUT DE SUITE ! Pour le reste, c’est un peu différent : Lavondyss, ainsi, commence remarquablement bien, et, pendant longtemps, je trouve qu’il vaut bien le premier tome, voire qu’il lui est supérieur ; hélas, à mon sens, le roman s’éternise un peu trop, et part franchement trop en couille sur le tard… Par contre, la novella « La Femme des neiges » a un format idéal, et est de toute beauté. Passons à L’intégrale 2/2 : Le Passe-broussailles est un roman très correct, étonnant mais efficace, quoique peut-être un peu trop long là encore. Quant à La Porte d’ivoire, je ne peux pas encore vous le dire, puisque je ne l’ai pas encore lue [j’éditerai cette notule le moment venu]… EDIT : Ben c'était très bon !

 

On passe à quelque chose de bien plus léger avec Éric Holstein et ses Petits Arrangements avec l’éternité, amusante variation sur le vampirisme, gouailleuse et fantasque, argotique sans que jamais cela ne sonne faux (merci mon Dieu), et finalement plus inventive qu’il n’y paraît au premier abord. Ça se lit tout seul, et c’est très bien comme ça. À suivre, moi j’dis.

 

Puis l’on poursuit l’intégrale des œuvres de Robert E. Howard avec Bran Mak Morn. L’intégrale, rassemblant les récits « pictes » et du « petit peuple » du papa de Conan. En ce qui me concerne, il s’agit là d’un des meilleurs volumes de Howard publiés chez Bragelonne, bien plus intéressant que le précédent Seigneur de Samarcande. Il contient notamment une superbe nouvelle de fantasy, « Les Vers de la terre », et une autre très fameuse, « Les Rois de la nuit », qui convoque également le roi Kull. J’attends déjà le prochain volume avec impatience…

 

Retour à un de mes auteurs fétiches, ensuite, avec Joris-Karl Huysmans, dont j’ai lu (ou, en fait, relu, mais voyez plutôt…) deux petits ouvrages. Commençons par Gilles de Rais. La Magie en Poitou, suivi de deux documents inédits : n’achetez pas cette chose, c’est une escroquerie pure et simple. Il s’agit d’une simple reprise des passages « biographiques » du génial Là-bas… expurgés de tout ce qui pouvait avoir une dimension érotique ou trop violente ! Lisez Là-bas plutôt que cette brochure censurée totalement dénuée d’intérêt. J’ai ensuite lu Sac au dos, suivi de À vau l’eau, ce qui nous ramène cette fois à la veine naturaliste de l’auteur ; ou, plus exactement, j’ai lu « Sac au dos »… puisque j’avais déjà lu (et adoré) « À vau l’eau », superbe récit naturaliste d’un homme qui passe son ennui dans des restaurants tous plus désolants les uns que les autres… Mais « Sac au dos », donc ; joli récit – passablement autobiographique, ai-je cru comprendre – sur la débilité profonde de la guerre et la désorganisation totale de l’armée française lors de celle de 1870 : ça se lit tout seul, c’est beau comme… comme du Huysmans, et c’est très bien comme ça. Tout ça m’a donné envie de m’y remettre, tiens. Du coup, je me suis payé En rade. On verra bien ce que ça donnera.

 

On reste dans les tout petit bouquins (tout un stock, vous dis-je !) avec Sleepy Hollow. La légende du Cavalier sans tête de Washington Irving. On est là à des années-lumières du film de Burton et de ses ambiances à la Mario Bava. Le texte d’Irving est en fait une parodie très légère, dans laquelle l’ambiance est censée susciter le sentiment du fantastique mais n’y parvient pas (du moins en français), sans que le fantastique à proprement parler n’intervienne jamais. Une grosse déception en ce qui me concerne.

 

Par contre, dans les classiques du fantastique, je ne saurais trop vous recommander, postérieur d’un peu moins d’un siècle, Le Tour d’écrou d’Henry James. Là, on a une superbe ghost story paranoïaque, dans une magnifique ambiance victorienne. Très efficace, et étrangement flippant encore aujourd’hui. Par contre – et « on » m’a confirmé qu’il n’y avait là aucune étrangeté –, durant toute ma lecture, j’avais les images du film d’Alejandro Amenabar Les Autres qui défilaient dans ma tête. Ambiance…

 

 

Ah. Phase 2. Michel Jeury, Soleil chaud poisson des profondeurs. Après Yama Loka Terminus (voir plus haut), c’est celui-là qui m’a fait arrêter le blog. Tout simplement parce que, arrivé à la dernière page, et même si je savais que j’avais trouvé ça « pas mal », je ne savais absolument pas quoi en dire. Syndrome de la page blanche. Radical. D’où arrêt immédiat et prolongé. Deux à la suite, c’était mauvais signe. Aujourd’hui, trop de temps a passé pour que je sache davantage quoi en dire, hélas… Mais Le Temps incertain a rejoint mon étagère de chevet, on verra bien ce qu’il en sera de celui-ci (j’espère ne pas faire de blocage, cette fois…).

 

Passons à Daniel Keyes, avec Les Mille et Une Guerres de Billy Milligan, « suite » (que l’on n’espérait pas) du fabuleux Les Mille et Une Vies de Billy Milligan. Cette fois, on s’intéresse surtout au parcours de Billy dans le système carcéral américain (enfin, mi-psychiatrique, mi-carcéral) ; pas inintéressant, mais franchement pas indispensable, à la différence du « premier tome »

 

Re-petit bouquin avec Marouflages de Sylvie Lainé. Où celle-ci confirme bien qu’elle est une des meilleures nouvellistes SF eud’ chez nous ; cependant, je dois avouer avoir trouvé ce petit volume un cran inférieur aux précédents… Mais bon, rien de grave.

 

… Et là, je triche un peu, puisque je rajoute dans la liste un bouquin que je n’ai pas vraiment terminé, mais que je feuillette de temps à autre, quand j’en ai le courage : SF : la science mène l’enquête de Roland Lehoucq, compilation des articles de vulgarisation scientifique du susdit dans Bifrost. Le problème, c’est que, ça a beau être de la vulgarisation, trois fois sur quatre, j’y panne rien de rien… Mais le reste est intéressant… Et je sens que si je faisais l’effort de faire un peu chauffer mes neurones, je pourrais réduire la proportion à une fois sur deux. Pour le reste, je n’ai tout simplement pas le bagage : pas pour rien si j’ai arrêté les sciences dès la première, hein…

 

On passe maintenant à Roi du matin, reine du jour de Ian McDonald, un bouquin dont j’avais entendu dire le plus grand bien. À m’en tenir au début, je comprends pourquoi : c’est effectivement excellent. Puis ça part méchamment en couille… et beaucoup trop à mon goût. Sur le tard, j’ai même trouvé ça plutôt chiant. Bien écrit, oui, mais plutôt chiant quand même. Dommage…

 

Après l’excellent Quinzinzinzili, je suis retourné à l’excellent Régis Messac avec Valcrétin. Disons-le tout net, c’est un bon cran en-dessous, voire deux. Mais ça se lit quand même avec plaisir, cette farce caustique au cynisme destructeur. En attendant, là, je suis en pleine lecture de La Cité des asphyxiés, et je vous en dirai bientôt des nouvelles…

 

Retour aux petits bouquins mais aux grands auteurs avec Dojoji et autres nouvelles de Yukio Mishima. C’est évidemment très très bon, avec une préférence particulière pour la terrible « Patriotisme » (gulp !), et la plus sardonique « Les Sept Ponts » (les deux autres nouvelles étant un cran en-dessous à mes yeux). Il faudra vraiment que je me remette à Mishima un de ces jours.

 

En attendant, un petit peu de science-fiction tout de même, avec Nuigrave de Lorris Murail. Je ne serais pas aussi dithyrambique que d’aucuns ont pu l’être sur cette parution d’Ailleurs et Demain, mais il faut reconnaître que c’était pas mal du tout. Un page-turner efficace, avec une certaine causticité dans le ton qui passe pour le mieux. Sympathique, en somme.

 

Et puis, bien sûr, il y a Jérôme Noirez. C’est vrai que c’est bien, ce qu’il fait, ce jeune homme. En témoigne notamment Le Diapason des mots et des misères, recueil de nouvelles tout ce qu’il y a de fréquentable. C’est parfois un peu inégal, certes (mais comme tout recueil ou presque, j’aurais envie de dire), mais dans l’ensemble, c’est de la fort belle ouvrage. Chapeau bas, m’sieur Noirez.

 

… Ah. Oui. Là, il va falloir que je m’explique. Bon, c’est vrai, je le reconnais, j’avoue, je le confesse, mea culpa, mea maxima culpa, j’ai lu du Amélie Nothomb. Pour voir. Pour savoir ce que c’était, avant d’en dire du mal. Parce qu’un patient (écrivain, nous disait-il, mais avec des goûts littéraires un peu de chiottard, faut quand même dire ce qui est) me la recommandait malgré tout. Parce que c’était trèèèèèèèèèès court. Et parce que, après tout, je n’avais rien à perdre, si ce n’est un peu de temps, et du temps à perdre, à ce moment-là, j’en avais plein. J’ai donc lu du Amélie Nothomb. J’ai commencé par Cosmétique de l’ennemi… qui est une vraie merde. Très franchement, si ce n’était pas Madame qui avait signé la chose, aucun éditeur n’aurait voulu de ce torchon, évoquant une sorte de croisement bâtard et médiocrement théâtral entre du sous-Duras et du sous-Palahniuk. Ri-di-cule. Après quoi – deuxième chance – j’ai lu Journal d’Hirondelle ; bon, c’était moins pire, mais quand même totalement dénué d’intérêt, et là encore avec de fâcheux airs de sous-Palahniuk. Moi, ce patient, en échange, je lui ai fait lire Evenson, Pynchon et Vonnegut, qu’il ne connaissait ni d’Ève, ni d’Adam. Ben je soutiens que c’est mieux, na.

 

Mais, tiens, en parlant de Chuck Palahniuk, j’ai justement lu Le Festival de la couille et autres histoires vraies. Ne pas se fier à ce titre français racoleur (l’original est plus sobre : Stranger Than Fiction), ce bouquin-là vaut mieux que ça ; ce recueil de chroniques déviantes est étonnant et réjouissant, et tout à fait passionnant. Si l’on excepte le récit-titre, toute la première partie ou presque est à proprement parler fascinante : le récit sur les lutteurs est incroyablement émouvant, celui sur les bâtisseurs de châteaux et celui sur les combats de moissonneuses-batteuses sont réjouissants au possible, celui sur les stéroïdes marque durablement… Si la deuxième partie, consacrée aux interviews, est moins intéressante, la troisième, essentiellement centrée sur le ressenti de Palahniuk face au succès de Fight Club (et notamment du film) est également tout à fait passionnante. Un bouquin surprenant, mais qui vaut franchement le détour.

 

Un peu de copinage, maintenant, avec un bouquin publié à l’origine en micro-édition chez les potos des Éditions Personnelles, mais qui, ai-je cru comprendre, a été réédité depuis (peut-être pas évident à se procurer, quand même…) : Mort et vie des 26 maréchaux d’Empire, une aventure hystérique, écrit et (joliment) illustré par Stéphane Pêtre. Tout est dans le titre… ou presque. Disons qu’ici on ne fait pas exactement dans la légende napoléonienne, mais on présente les maréchaux pour ce qu’ils étaient ; c’est-à-dire, pour la plupart, une bande de médiocres et d’arrivistes, de fouteurs de merde et d’incompétents… L’ouvrage, s’il n’est pas sans menus défauts par-ci par-là (et il contient notamment une grosse bourde de datation, récurrente qui plus est, qui m’a fait bondir à maintes reprises, groumf…), se dévore néanmoins comme un roman, est très instructif et solidement documenté, et, on l’avouera, est souvent tout bonnement hilarant en plus d’être passionnant. Une vraie réussite pour un bouquin d’histoire pas comme les autres. Chapeau (enfin, bicorne) bas, citoyen Pêtre.

 

On passe à tout autre chose avec le dernier Terry Pratchett, Monnayé, qui vient donc prolonger le très sympathique Timbré. Hélas, ce n’est pas avec la même réussite… Décidément, les derniers Pratchett ne m’ont pas convaincu ; je crois bien que je commence à saturer… Argh.

 

Bon. On re-passe à tout autre chose avec Thomas Pynchon et Vente à la criée du lot 49. Mazette ! Un Pynchon court ! Ça mérite bien des applaudissements : CLAPCLAPCLAPCLAP. Merci. Et maintenant, que voulez-vous que je vous dise ? Bien sûr que c’était excellent. Même si je crois, dans le fond, que V. m’a fait une plus forte impression sur le moment. Celui-ci, c’est avec le recul que ça s’est mis à marcher vraiment bien. Mais alors vraiment très très bien…

 

Pour la peine, on peut bien s’accorder un peu de sous-littérature de genre avec Kristine Kathryn Rusch et son Extrêmes (« Les Experts-récupérateurs », 2… et le dernier à être traduit de par chez nous, hélas, puisque la série a fait un four…). Polar-SF, comme le premier, mais là où ce dernier séduisait par son côté ethno-SF à la Le Guin, celui-ci joue davantage la carte du thriller. Perso, ça me parle beaucoup moins, mais faut avouer que c’est efficace. Une bonne littérature de divertissement.

 

Tout le contraire, par exemple, de La Nef des fous de Richard Paul Russo, roman dont j’avais entendu dire le plus grand bien, que j’avais entendu qualifier d’excellentissime space opera, et qui s’est révélé à la lecture être une vilaine baudruche écrite avec les pieds. Chiant comme la pluie et totalement dénué du moindre intérêt. Passez votre chemin, braves gens.

 

Par contre, dans un genre qui n’a absolument, mais alors absolument rien à voir, vous pouvez vous attarder sur Firmin. Autobiographie d’un grignoteur de livres de Sam Savage, ou l’histoire à la première personne d’un rat plus bibliophile que bibliophage. Très mignon. J’ai été appâté par les pubs dans le métro parisien (rhaaaaaa, la pub, c’est le maaaaaaaaaal), mais pour une fois je ne le regrette pas. Une jolie découverte.

 

Tiens, en passant, une petite babiole d’une vingtaine de pages, un cadeau de libraire, qui se lit dans le métro, justement : la nouvelle de John Scalzi La Diplomatie en trois rounds. Ça se passe bien évidemment dans le même univers que Le Vieil Homme et la guerre, et c’est une fois de plus très rigolo. Moi, j’aime bien, décidément. Par contre, il va falloir se décider, là, pour l’illustrateur : ça peut pas durer…

 

On reste dans la littérature populaire, mais alors ‘ach’ment populaire, avec Kurt Steiner, et Angoisses, t. 1, un recueil de trois romans parus initialement dans les années 1950 dans la collection « Angoisse » du Fleuve Noir. Trois romans qui jouent pas mal, même si le cadre est souvent contemporain, la carte de l’horreur gothique, type Hammer ou peut-être plus encore Mario Bava en grande forme, avec pas mal de réussite je trouve. Bon, c’est du roman de gare, hein. Mais du bon. Enfin, moi, j’aime bien. Du coup, je me suis lancé dans le tome 2, et je vous en causerai prochainement.

 

Avec Jennifer Morgue, on retrouve l’univers délirant mis en place par Charles Stross dans Le Bureau des atrocités, versant carrément James Bond, cette fois. C’est sympa, mais j’ai quand même beaucoup moins aimé, personnellement…

 

Une autre déception « relative », Il est difficile d’être un dieu, d’Arkadi et Boris Strougatski. J’attendais beaucoup des deux auteurs russes, dont je n’avais rien lu jusqu’alors, et j’avoue avoir été un peu déconcerté par le ton de cet ouvrage et son style étrangement baroque. Ce n’était pas mal, mais pas tout à fait non plus ce à quoi je m’attendais, et… bref. J’ai été un peu déçu. On verra bien ce qu’il en sera très bientôt pour les prochaines sorties en Lunes d’encre, et notamment Stalker.

 

Un autre cadeau de libraire, maintenant, Les Trésors de la Rivière Blanche, petit recueil de nouvelles écrites par des auteurs de la maison ; j’en avais déjà lu quelques-unes (parmi les meilleures, d’ailleurs – celles de Thomas Geha, de Sylvie Miller & Philippe Ward, celle, véritablement excellente, de Bruno B. Bordier), j’en ai lu d’autres avec joie ; en fait, il n’y a que pour les papys de la SF que j’ai fait un blocage : non, là, décidément, je peux pas… Mais sinon, c’était une initiative tout ce qu’il y a de sympathique, et, si l’on excepte trois ou quatre brontosaures, ça se lit avec beaucoup de plaisir.

 

Tiens, en parlant de « SF à papy », un peu, mais de très très bonne, j’ai lu Planète géante. L’intégrale de Jack Vance. Ben, mine de rien, c’est du très très bon Vance, ça ! Les histoires sont même moins nulles que d’habitude, les personnages moins falots, le style moins fade, et l’univers toujours aussi merveilleusement riche : que demande le peuple ? J’ai même été surpris par la tonalité tragique du premier volet… et ai été très bon public devant le burlesque du deuxième. À ranger illico parmi les meilleures pièces de Maître Jack, aucun doute à cet égard.

 

On reste dans la littérature populaire – ouep, j’en ai lu pas mal aussi, je voulais pas trop me flinguer le cerveau ces derniers mois – avec Julia Verlanger et le troisième tome de son intégrale, intitulé Dans les mondes barbares. Quatre romans, quatre planet operas, situés sur des mondes relativement archaïques, et qui, ma foi, se lisent plutôt bien. J’accorderais pour ma part une mention spéciale au dernier, D’un lieu lointain nommé Soltrois, qui se lit vraiment très bien. Ce troisième tome, sans égaler le premier – le très bon post-apocalyptique La Terre sauvage – me paraît bien supérieur au deuxième – le space op’ Récits de la grande explosion. Et, une fois de plus, on est là devant de la littérature populaire dans ce que cette expression a de plus noble.

 

Passons à Utopiales 09, l’anthologie du festival, dirigée par Jérôme Vincent. Une antho relativement correcte avec du bon et du moins bon, du très bon (la préface d’Ugo Bellagamba) et du très mauvais (l’insipide, euh, « nouvelle » ? de Bordage). Ça se lit, sans laisser un bien grand souvenir.

 

Toujours chez ActuSF, c’est un peu la même chose, hélas, pour 69, l’anthologie de SF érotique (dans un nouveau format, tiens ?) dirigée par Charlotte Volper. Pour ce qui est des textes vraiment réussis, je ne retiens – sans surprise… – que Mélanie Fazi et Sylvie Lainé (là, rien à redire, c’est du haut vol). On trouve après des choses correctes (Beauverger, Bétruger, Wintrebert), d’autres au mieux douteuses (Berthelot, Gudule), le reste étant sans intérêt, voire carrément nul. Dommage…

 

Retour aux petits bouquins – et aux classiques – avec H.G. Wells et Un rêve d’Armageddon, précédé de La Porte dans le mur. « La Porte dans le mur » est une assez jolie, encore qu’un peu lourde, allégorie sur le bonheur, qui passe plutôt bien. « Un rêve d’Armageddon » joue dans un registre similaire, et c'est une fable sur la responsabilité ; je l’ai trouvée pour ma part moins percutante. Je ne dirais pas qu’il s’agit là de très grand Wells…

 

J’achève enfin (ouf) sur Joëlle Wintrebert et Le Créateur chimérique. Et là… énooooooooooooorme déception. Ce bouquin, pourtant récompensé en son temps et dont je n’avais entendu dire que du bien, s’est révélé chiant comme la pluie. À mourir d’ennui. Heureusement que j’ai connu la dame par d’autres textes ; qui commencerait par celui-ci risquerait de s’en faire une bien piètre image…

 

 Sur ce, chers amis, je vous laisse pour quelque temps : je dois chroniquer des choses pour ailleurs qu’ici. Mais je reviens dès que possible. Salut et fraternité.

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"Hörse Of The Dög", de The Eighties Matchbox B-Line Disaster

Publié le par Nébal

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THE EIGHTIES MATCHBOX B-LINE DISASTER, Hörse Of The Dög.

 

Tracklist :

 

01 – Celebrate Your Mother

02 – Chic Ken

03 – Whack Of Shit

04 – Psychosis Safari

05 – Giant Bones

06 – Fishfingers

07 – Charge The Guns

08 – Morning Has Broken

09 – Team Meat

10 – Presidential Wave

 

Bien. Aujourd’hui, les enfants, avec le remarquable premier album des Angliches de The Eighties Matchbox B-Line Disaster (j’adore ce nom à rallonge…), nous allons parler de punk.

 

« Ta gueule PUTE de Nébal ! C’est pas du punk, c’est du garage ! »

 

« Vos gueules PUTES ! C'est pas du garage, c'est du psychobilly ! »

 

« Vos gueules PUTES ! C’est pas du psychobilly, c’est du gothabilly ! »

 

Oh-là, oh-là, oh-là, on se calme, on se calme ! Tout cela est sans doute très vrai, et j’ai vu toutes ces étiquettes ressurgir pour qualifier The Eighties Matchbox B-Line Disaster. La plus récurrente, d’ailleurs, étant celle de psychobilly, qui est probablement la plus juste.

 

Seulement moi je dis punk, parce que : 1°) je ne parle ici que de l’excellent Hörse Of The Dög, très différent de la suite des opérations, et que 2°) mes potes et moi, sans doute un peu ignares, la première fois qu’on a entendu ça, on s’est mis d’accord sur l’étiquette la plus large, qui est bel et bien celle de punk.

 

Parce que les étiquettes trop précises, c’est un peu chiant, et ça m’a toujours semblé mesquin (sinon rigolo – voyez les catalogues de VPC de metal extrême, c’est à mourir de rire…) ; et que si la musique de The Eighties Matchbox B-Line Disaster doit sans doute beaucoup aux Cramps, elle emprunte aussi aux Sex Pistols comme aux Stooges, à Joy Division comme à Nirvana (si ; période Bleach, disons), à Ministry comme à la no-wave, aux Queens Of The Stone Age comme à System Of A Down (groupes dont ils ont fait la première partie, eh ouais), du moins sur ce premier album.

 

Alors moi je dis punk, et je vous merde.

 

Un punk décalé, certes, qui sort de la norme ; c’est-à-dire ce que le punk devrait être, par définition : toujours autre chose.

 

Et c’est bien ce qui me fait dire, là, comme ça, d’entrée de jeu – et vos gueules PUTES si vous n’êtes pas contents – que Hörse Of The Dög est le meilleur album de punk depuis… depuis… depuis, ouf, au moins. Et qu’il n’a pas été égalé depuis.

 

Tenez, prenez le premier morceau, le très bon et très explicite « Celebrate Your Mother ». C’est assez calme pour le moment, définitivement anglais, la voix caverneuse du chanteur (gothabilly, me dites-vous ?) et la basse relativement en avant m’ont énormément fait penser à Joy Division, et c’est très bon. Pour moi, ça, c’est du punk, à la limite de la new wave. Mais c’est surtout excellent, et c’est ce qui compte avant tout.

 

On s’énerve déjà un peu plus sur le morceau suivant, pour lequel j’accepte volontiers la désignation de psychobilly, l’excellent et déjanté « Chic Ken » (très chouette clip, au passage : bah oui, du redneck de film d’horreur, ça ne peut que me plaire…). Ça hurle un peu plus, et la rythmique s’éloigne du classique poum-poum-tam du punk de base. Et ça fait du bien.

 

Le rythme ralentit un peu, mais sans que la fureur diminue véritablement d’intensité (du moins pour ce qui est du refrain), avec « Whack Of Shit » (explicite, on vous dit !) ; là, moi, désolé, mais j’ai pas mal pensé à du Nirvana période Bleach. Et c’est un constat que l’on pourra faire en d’autres occasions au cours de ce bref album.

 

Suit un vrai tube, avec le très efficace « Psychosis Safari », bœuf et entêtant comme c’est pas permis. Une petite perle en son genre – indéfinissable en ce qui me concerne, au-delà de la large étiquette punk, donc… –, un morceau dont on ne se lasse jamais, et qui continue toujours de faire son petit effet après des centaines d’écoute. Parfait.

 

« Giant Bones » joue la carte bruitiste dès le départ, pour partir ensuite sur un étrange délire hurleur farci de breaks improbables. Jouissif.

 

« Fishfingers » (NB : on s’en cogne de la vidéo…) ne fait pas exactement dans la subtilité non plus, malgré son intro relativement calme. Les effets sur la voix m’ont cette fois beaucoup fait penser à certains morceaux particulièrement punk de Ministry (et vous savez ce que cette référence implique à mes yeux…). Refrain très bourrin et puissant. Une belle réussite, encore une fois.

 

Suit le très nerveux également « Charge The Guns » (NB : on s’en re-cogne de la, euh, « vidéo »…), et si ça c’est pas du punk, alors je voudrais bien qu’on m’explique. Pas grand chose de plus à dire, le morceau parle de lui-même.

 

Et il en va plus ou moins de même avec « Morning Has Broken » (NB : on s’en re-re-cogne de la vidéo…), premier single de l’album si je ne m’abuse. Un morceau efficace, là aussi très très punk, mais que personnellement, je trouve un petit cran en-dessous du reste… n’était cette fin véritablement excellente.

 

Suit « Team Meat », a priori beaucoup plus gentil. A priori seulement, parce que le refrain s’énerve à nouveau pas mal… Mais on reste quand même à nouveau, à mes oreilles en tout cas, un petit cran en-dessous du reste de l’album.

 

Album qui se conclut sur le plus lourd « Presidential Wave », seul morceau de Hörse Of The Dög à dépasser les trois minutes (oui, tout cela est allé très vite et est fort bref… bref, mais intense…). Lourd, puissant, et bruyant. Très bruyant. Bruitiste, osons même le dire. Et en même temps annonçant par certains côtés les morceaux plus jetés et nettement moins punk (et bruyants) qu’on allait trouver par la suite sur The Royal Society.

 

 Au final, une comète filante, un météore punk dans ta gueule, une explosion psychobilly/gothabilly si vous y tenez, qui passe à la vitesse de l’éclair, fait très très mal, et fait du bien. Bref, certes, mais intense (ne parlez pas d’éjaculation précoce…). En conclusion, je ne peux que redire ce que j’avais déjà annoncé en début de chronique : ce Hörse Of The Dög est un excellent album, le meilleur en son genre (… et au-delà…) depuis, ouf, au moins.

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"Christ Illusion", de Slayer

Publié le par Nébal

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SLAYER, Christ Illusion.

 

Tracklist :

 

01 – Flesh Storm

02 – Catalyst

03 – Skeleton Christ

04 – Eyes Of The Insane

05 – Jihad

06 – Consfearacy

07 – Catatonic

08 – Black Serenade

09 – Cult

10 – Supremist

 

(Précisons d’emblée que ce compte rendu est fait à la demande générale de Cachou ; toute réclamation devra donc lui être adressée directement.)

 

Oh, la jolie couverture que voilà !

 

Et de fort bon goût qui plus est.

 

Certes, Slayer est coutumier du fait. Mais on ne leur en voudra pas, parce que c’est aussi un peu pour ça qu’on les aime. Mais surtout pour une autre raison, bien simple elle aussi. Voyez-vous, mes chers amis, les groupes de metal se répartissent en trois catégories : d’un côté, il y a Slayer ; de l’autre, il y a Motörhead ; enfin, il y a tous les autres.

 

Simple, non ?

 

Oh, je sais bien qu’il s’en trouvera toujours pour proposer d’autres classifications, toutes plus absurdes les unes que les autres, et relevant indéniablement de l’enculage de mouches. J’en ai même rencontré une de particulièrement perverse, et impliquant Slayer qui plus est : celle qui fait de Slayer un des « Big Four », comprendre un des quatre grands groupes de trash metal, les trois autres étant Metallica, Megadeth, et Anthrax.

 

Aha.

 

Non, mais, franchement, de qui se moque-t-on ?

 

Classification irrecevable pour le Nébal. Pour la bonne et simple raison que je n’ai jamais pu blairer Megadeth, à peine plus Metallica (… même si, oui, je l’avoue, j’ai, comme tout le monde, joué dans un groupe qui reprenait « Enter Sandman » et « Nothing Else Matters », et, oui, je l’avoue, j’ai versé ma petite larme sur « Fade To Black » et « The Unforgiven »…), et que je ne connais pas assez Anthrax pour en dire quoi que ce soit (même si le peu que j’en connais m’inspire déjà plus de respect… ne serait-ce que le rigolo « Bring the Noise » avec Public Enemy).

 

Seulement, désolé, mais Slayer, ça n’a rien à voir.

 

Slayer, c’est la haine à l’état pur, c’est du concentré de violence, c’est le Blitzkrieg musical. Des riffs qui passent le mur du son, la double grosse caisse qui mitraille le public, le chanteur qui hurle sa rage et sa douleur dans un même beuglement interminable. C’est l’enfer sur terre, un champ de bataille plongé sous un déluge d’artillerie lourde (aha… pardon), c’est SLAYER, QUOI, MERDE !

 

Alors – toute homophobie mise à part – vous allez tout de suite arrêter vos comparaisons avec ces autres groupes de tafioles, là, hein. Parce que moi, là, je vous parle de SLAYER.

 

Et je vais plus précisément vous parler de leur avant-dernier album, Christ Illusion, datant de 2006.

 

(J’ai failli écrire « dernier », mais il semblerait que ces petits canaillous aient sorti un World Painted Blood fin 2009 ; on ne me dit jamais rien…)

 

Un album qui, pour beaucoup – dont votre serviteur –, a marqué le retour du « vrai Slayer », celui de l’indépassable trilogie Reign In Blood / South Of Heaven / Seasons In The Abyss (dont il faudra bien que je vous parle un jour). Ce qui a pu être critiqué : Slayer, pour certains, en se contentant de revenir à ses sources, fuyait toute prise de risques, et ne faisait que se répéter… Je ne suis pas tout à fait d’accord, ainsi qu’on va le voir. Même si… Enfin, vous verrez bien.

 

En tout cas, il y a eu un gros changement entre-temps : le son, en 2006, n’est plus exactement le même que 20 ans plus tôt ; et ça vaut notamment pour la batterie, où on retrouve (enfin !) derrière les fûts un Dave Lombardo plus inspiré que jamais sur cet album…

 

Et on en a la preuve dès le premier morceau, le classique instantané « Flesh Storm », qui entre immédiatement dans la liste des meilleurs morceaux de Slayer, aux côtés des « Angel Of Death », « War Ensemble », « Raining Blood », etc. Les riffs sonts classiques, certes, mais imparables, et les roulements de batterie sont bluffants. Une très bonne entrée en matière, qui laisse sur le cul d’entrée de jeu.

 

Suit le puissant « Catalyst », très punk/hardcore (à certains égards dans la veine du mal-aimé Undisputed Attitude, cover-album que j’avais pour ma part beaucoup aimé, alors, bon...), où Lombardo fait des ravages avec ses pieds (mais nom du Diable, comment fait-il pour jouer aussi vite ?!?), tandis qu’Araya se montre plus haineux que jamais. Une vraie réussite.

 

Suit un « Skeleton Christ » où la batterie reste très inspirée, mais qui, pour le reste, sonne effectivement comme du Slayer déjà entendu cent fois, et ne marque pas trop les esprits. Ce n’est pas mauvais, mais ça n’a rien d’exceptionnel pour autant. Jolie conclusion, cela dit (là aussi, surtout grace à Dave Lombardo…).

 

On enchaîne sur le bien plus lent mais non moins puissant « Eyes Of The Insane », à nouveau un véritable hymne à la double. Mais ce que j’en ai surtout retenu, c’est ce clip, ambigu, certes, gore, aussi – attention aux âmes sensibles –, mais très, très fort. Impressionnant, vraiment. Et, pour l’anecdote, le morceau (ou le clip ?) a été récompensé par un Grammy award.

 

Une vraie perle ensuite – oui, j’enchaîne les superlatifs et compagnie, mais ça vaut surtout pour le début de l’album, vous allez voir... – avec le controversé « Jihad », où Lombardo fait une fois de plus des merveilles. Mais ce qui me plaît surtout dans ce morceau, c’est sa complexité rythmique – on est loin du 4/4 – et ses sonorités quasi indus (vu le pompage de Slayer dont s’est rendu coupable Ministry sur les derniers albums, ce n’est que justice, dans un sens…). Très joli finale (merci, m’sieur Lombardo, merci !).

 

La suite de l’album, autant le dire de suite, si elle reste de qualité, est tout de même nettement moins impressionnante que cette première moitié. En témoigne immédiatement « Consfearacy » qui joue d’emblée sur une carte nerveuse, avec plus ou moins de réussite. Le refrain est correct, le reste n’est pas terrible…

 

Suit un « Catatonic », qui, fidèle à son titre, joue la carte de la lourdeur. Mouais. Le problème, c’est qu’il gagne haut la main, pour le couplet, la palme du riff le moins original des trente dernières années… C’est dommage, parce que le reste est pas mal du tout.

 

On passe alors à « Black Serenade ». Là encore, il y a comme un fâcheux air de déjà-vu… Mais le refrain est sympathique…

 

Les choses s’améliorent un peu avec « Cult », morceau qui, sans surprise, a fait jaser outre-Atlantique. Ça n’est certes pas bien original – l’introduction a été entendue cent fois… –, mais par la suite, ça devient très efficace ; et le refrain est très fort, avec un usage judicieux de la double.

 

Et de finir heureusement sur du très bon avec l’énorme (bien qu’ambigu…) « Supremist ». Un torrent de haine à l’état pur traverse ce morceau qui va vite, très vite, et, je n’en doute pas, est destiné à figurer parmi les grands classiques live de Slayer. Superbes riffs qui s’enchaînent à merveille, et finale rageur comme c’est pas permis : une conclusion parfaite.

 

Christ Illusion est donc un album inégal, on l’a vu. Vers le milieu de l’album, le quatuor se la joue pépère, et se contente de se maintenir sur ses acquis. Mais, ne serait-ce que pour sa phénoménale première partie et sa conclusion, il vaut le coup. Et, oui, on y retrouve bien – avec un meilleur son – le grand Slayer de Reign In Blood, South Of Heaven et Seasons In The Abyss. Ce qui, personnellement, me va très très bien. Et ne fait que confirmer ma division tripartite des groupes de metal ; en tout cas, Slayer est définitivement à part en ce qui me concerne. C’est à vrai dire le seul groupe de metal « au sens strict » que j’écoute encore, et même de plus en plus, et ce n’est sans doute pas pour rien…

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"45:33", de LCD Soundsystem

Publié le par Nébal

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LCD SOUNDSYSTEM, 45:33.

 

Tracklist :

 

01 – 45:33 Pt. 1

02 – 45:33 Pt. 2

03 – 45:33 Pt. 3

04 – 45:33 Pt. 4

05 – 45:33 Pt. 5

06 – 45:33 Pt. 6

07 – Freak Out / Starry Eyes

08 – North American Scum – Onanistic Dub

09 – Hippie Priest Bum-Out

 

Une drôle d’histoire que ce 45:33, et qui, à première vue, ne fait guère honneur à Dieu, aka James Murphy, et serait même pour certains infidèles à la limite de le déchoir de son statut divin…

 

Je m’explique. À l’origine, il s’agissait, avant l'enregistrement de Sound Of Silver, d’une double – voire triple – opération commerciale. Le morceau « 45:33 » était en effet une œuvre de commande, passée par Nike auprès de LCD Soundsystem (donc auprès de James Murphy), dans le but d’une campagne promotionnelle de téléchargement sur iTunes. Le concept était le suivant : le morceau était censé accompagner la foulée des joggers, avec leurs accélérations et décélérations. Après coup, James Murphy s’en est un peu défendu : il a expliqué qu’il y a surtout vu l’opportunité d’écrire un long morceau – qui fait « étrangement », non pas 45:33 min., mais 45:58 min., oui, il s’est trouvé des malades pour vérifier ça… – basé sur un concept amusant, un peu comme le E2-E4 de Manuel Göttsching, influence revendiquée, et très sensible dans l’artwork minimaliste du CD. Mouais…

 

Mais bon, moi je dis qu’on s’en fout un peu, et que l’important, comme le disait si bien Jean-Jacques (je parle du philosophe, pas du musicien), c’est que la musique soit bonne (bonne, bonne, bonne). Or, elle l’est, bonne (bonne, bonne, bonne). Moi, ça me convient parfaitement, opération commerciale ou pas.

 

Et puis l’opération commerciale, elle se relativise de toute façon. Après Sound Of Silver, ainsi, James Murphy a décidé de sortir « 45:33 » en CD. En soi, ça aurait déjà fait un album ; mais non, il a trouvé le moyen d’y rajouter trois autres pistes pour en faire un vrai album de plus de 70 minutes. Sur lequel, par ailleurs, ne figure aucune mention renvoyant à Nike ou iTunes. Alors bon, moi, je reste dans l’orthodoxie jamesmurphyenne : il reste Dieu. Na.

 

Attaquons donc la bête, avec le gros morceau (si j’ose dire) qu’est « 45:33 », découpé ici en six pistes. Hélas, je ne vais pas pouvoir vous fournir d’extraits des plus intéressantes, et c’est bien dommage, car, autant le dire de suite, ce long morceau, simplement bon au début, est une tuerie passée la moitié environ (quand le jogger commence à brûler des calories bien comme il faut).

 

Je ne m’attarderai pas sur « 45:33 Pt. 1 », simple et brève (enfin, un peu moins de trois minutes…) introduction en forme de mise en jambes ; le séquenceur monte, monte, puis ça se re-calme un peu, et se contente de préparer la suite.

 

Passons donc immédiatement à « 45:33 Pt. 2 ». En ce qui me concerne, cette partie encore assez molle – le jogger s’échauffe encore – et chantée est de très loin la plus faible du morceau (sachant que la première partie ne compte pas vraiment). Un côté très soul dans cette pièce, pas désagréable certes (même si dans le genre on connaîtra mieux plus tard, voir plus bas), mais ça ne convainc pas tout à fait. Jolie partie de basse, oui. Et quand la rythmique commence à préparer la suite, ça devient un peu plus intéressant, oui. Mais bof, quand même.

 

Et cette suite, je ne vais guère m’attarder dessus, mais pour une autre raison. Non qu’elle soit médiocre : elle est très bonne, au contraire ; mais le truc, c’est que cette « 45:33 Pt. 3 », à peu de choses près, vous la connaissez déjà, puisqu’elle est devenue « Someone Great » sur Sound Of Silver. Seules différences : ici, bien sûr, elle s’insère dans un mix, et elle est purement instrumentale. Pour le reste, c’est la même chose. Très bien, donc.

 

Et c’est à partir de maintenant que je commence à regretter de ne plus avoir d’extraits à vous proposer (mais il est vrai que les parties sont souvent plus longues maintenant…), parce que, en ce qui me concerne, c’est là que le morceau prend vraiment son envol… Et tout d’abord avec l’excellente « 45:33 Pt. 4 » et son riff de basse génial et imperturbable, agrémenté de quelques sonorités acides, d’orgues psychédéliques et de voix graves trafiquées et ralenties (« My favorite song! ») ; s’amorce régulièrement, en même temps, un « refrain » (chanté ou non par Terra Deva) très soul/funk, un peu blaxploitation même, qui passe très bien. Une vraie merveille que cette quatrième partie, qui constitue, je crois bien, mon passage favori de ce long morceau. Le finale à la trompette achève de convaincre l’auditeur, surtout quand la basse fait une pause, avant de reprendre pour notre plus grand bonheur. Puis il y a une cassure dans le rythme…

 

… Et on passe à la bien plus speed « 45:33 Pt. 5 » (qui doit faire souffrir les joggers, celle-là), aux sonorités délicieusement kitsch (oserais-je dire – mais je ne suis guère connaisseur en la matière – italo-disco ?), ne serait-ce que pour ces voix robotiques ou passées au vocoder ou ces roulements de batterie électronique. En tout cas, la basse, une fois de plus imperturbable, est plus vivace que jamais, et la rythmique de même. Au pas de course, m’sieurs dames ! Mais ça passe très très bien, en tout cas ; et quand je faisais de la quatrième partie ma préférée, j’avoue que j’hésitais avec celle-ci… Moment délicieux quand la rythmique passe à l’envers, puis revient à l’endroit rejoindre la basse et les claviers virevoltants ! Aaaaaaaaaaaaah…

 

Et changement complet de registre avec « 45:33 Pt. 6 », ou le calme après la tempête. Il s’agit en effet d’un morceau ambient, idéal pour que nos pauvres joggers ralentissent le rythme en fin de course, puis se délassent, s’étirent, et profitent d’un repos bien mérité.

 

« Mmmh, dis-moi, Nébal, tu m’étonnes, là… En temps normal, tu dirais du mal des joggers, non ? Tu parlerais de tronçonneuses, de mines anti-personnel, tout ça, mmmh ? C’est ton régime qui te fait cet effet ? Ou ton idolâtrie envers James Murphy t’a-t-elle fait perdre tout sens commun ? »

 

Non, sinistre interrupteur italiqueux. Ou alors juste un peu. J’exècre bien les joggers, comme toutes formes de sportifs. Mais je dois reconnaître qu’un sportif qui pratique son activité dégradante avec du LCD Soundsystem dans les oreilles vaut pour moi mieux qu’un autre. Ou disons qu’il est moins pire. Voilà.

 

 

Plus sérieusement, maintenant que « 45:33 » est fini (ouf ; mais rhaaaaa aussi, parce que c’était bon, tout de même), parlons un petit peu des trois pistes que le père Murphy nous a rajoutées en bonus.

 

Et tout d’abord de l’étrange « Freak Out / Starry Eyes ». Étrange, car ces deux morceaux n’ont franchement rien à voir, et s’enchaînent d’ailleurs plutôt bizarrement (rien d’étonnant, dès lors, à ce que je n’ai qu’un extrait de « Starry Eyes » à vous proposer…). « Freak Out » est un morceau très soul/funk, mais bien plus efficace à mon goût que « 45:33 Pt. 2 ». La rythmique, faisant appel aux percussions, est complexe et chaloupée, trompette et trombone résonnent agréablement à l’oreille, et la basse, tout en restant très simple, groove comme c’est pas permis. Les claviers rajoutent en fin de course une cerise sur le gâteau ma foi pas dégueu du tout. Puis il y a un solo de batterie… et l’on passe à « Starry Eyes », qui n’a franchement rien à voir. Un morceau qui m’a pas mal fait penser à du David Bowie, période berlinoise ou immédiatement postérieure (même si c’est Nancy Whang qui prend le chant). Assez indéfinissable en-dehors de cette vague ressemblance, et sympathique, oui, mais sans plus.

 

Un remix ensuite, quasi-instrumental, avec « North American Scum – Onanistic Dub », qui sonne parfois assez old school, un peu acid house, mais manie les bleeps avec une jubilation qui fait plaisir. C’est en tout cas un remix d’une complexité typique de The DFA, bien éloignée de la sobriété de l’original – qu’on ne reconnaît, à vrai dire, qu’aux « North American! » de Nancy Whang… ça aussi, c’est typique des remix de The DFA ! –, qui s’en retrouve considérablement enrichi. Jolis passages au wurlitzer par Eric Broucek, notons-le.

 

Et l’album – car c’est finalement bien d’un album qu’il s’agit – de s’achever sur « Hippie Priest Bum Out », un instrumental assez bref. Basse sympathique, percussions plus que correctes, mais rien de vraiment transcendant.

 

 Hein ? Si 45:33 vaut le coût ? Mais bien sûr, c’te question ! Oh, je vous rappelle que c’est une œuvre de Dieu ! Alors on s’en fout du contexte, tout ça, machin-truc-bidule, le fait est que c’est bon, oh, oui, rhaaaaaaa, encore, ouiiiiiiiii, c’est épatant, c’est vraiment épatant. Alors achetez-moi ça tout de suite. Hop.

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"Sound Of Silver", de LCD Soundsystem

Publié le par Nébal

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LCD SOUNDSYSTEM, Sound Of Silver.

 

Tracklist :

 

01 – Get Innocuous!

02 – Time To Get Away

03 – North American Scum

04 – Someone Great

05 – All My Friends

06 – Us V Them

07 – Watch The Tapes

08 – Sound Of Silver

09 – New York, I Love You But You’re Bringing Me Down

 

Retour à LCD Soundsystem, pour ce second album intitulé fort justement Sound Of Silver. Bon, on va pouvoir abréger un peu, aujourd’hui, dans la mesure où on ne va pas s’attarder sur les présentations (et pis y’a qu’un disque et seulement neuf pistes, ouf… c’est que j’en ai chié, hier, avec The Fragile !) ; depuis mon compte rendu dithyrambique de LCD Soundsystem, vous savez qu’il s’agit là en ce qui me concerne du projet solo de Dieu, aka James Murphy de The DFA. Autant dire que j’attendais cet album avec une impatience certaine… et une certaine anxiété aussi, mais c’est tout moi, ça : pessimiste de nature, je doute même de Dieu…

 

Et le début de la première piste, « Get Innocuous! », n’avait rien pour me rassurer. Certes, tout cela était bel et bon, mais cela n’en ressemblait pas moins à une reprise de « Losing My Edge » (c’est plus sensible sur la version de l’album que sur le clip que je vous avais montré)… Dieu – pardon – James Murphy se mettrait-il déjà à tourner en rond ? Mais heureusement les claviers house à contre-temps viennent quelque peu changer la donne, puis le chant vient radicalement changer l’atmosphère du morceau. Et James Murphy – pardon – Dieu de nous livrer à nouveau une petite merveille d’introduction. Rien à redire, en fin de compte, et c’est tant mieux. Même si le morceau, quelque part, annonce un peu le décevant The Future Will Come de The Juan MacLean, avec son côté house prononcé et le – bref – passage chanté de Nancy Whang… Ça reste bien autrement bon.

 

La deuxième piste, « Time To Get Away », est un tube immédiat, un morceau – court selon les standards du groupe – à la patate funky indéniable et plein d’humour (comme souvent chez LCD Soundsystem, et on aura maintes fois l’occasion de le constater au fil de cet album). Rythmique basse / batterie parfaite, accord parfait des claviers et de la guitare pour donner le speed, chant inspiré de James Murphy… Que demande le peuple ? D’autres morceaux au moins aussi bons ? Il les aura.

 

Tiens, en parlant de morceaux pleins d’humour, la suite se pose là, avec le très sympathique « North American Scum » (un chouia plus long sur l’album), autre tube immédiat (au clip con comme la pluie mais fort rigolo, surtout pour les amateurs de SF qui rodent en ces lieux interlopes). Bonne ligne de basse et chouette riff de guitare pour un morceau aux paroles hilarantes ; ça ne pète pas bien haut, ça n’est pas du très grand LCD Soundsystem, mais c’est efficace…

 

« Someone Great » (bien plus long en temps normal, et originellement la troisième partie de « 45:33 » – j’y reviendrai) joue dans un tout autre registre, plus apaisé et plus ouvertement électronique ; ça n’a l’air de rien, mais c’est entêtant comme c’est pas permis, et ça marche donc très bien. Du très bon LCD Soundsystem, cette fois.

 

Et ça vaut pour la suite, dans un registre assez proche, l’excellent « All My Friends » (là encore bien plus long en temps normal), où un piano hypnotique prend la première place. Un très bon morceau, à la fois dansant et planant, et, une fois n’est pas coutume, bien plus complexe en profondeur qu’il n’y paraît à première vue.

 

Mais je vais faire mon petit réac’, pour le coup, et y préférer malgré tout, davantage dans la lignée des premiers grands singles de LCD Soundsystem, le disco-punk incroyablement efficace (et là encore pas si simple que ça) du génial « Us V Them ». Très chouette ligne de basse, rythmique complexe (les cloches y sont pour beaucoup), chant envoûtant qui donne instantanément envie d’être repris en chœur… Avant un finale jouant la carte de la transe. C’est génial, ça ! Merci, ô mon Dieu…

 

« Watch The Tapes » est un morceau bien plus court, mais qui joue à son tour de la carte disco-punk, avec une basse monstrueuse, et un pied à l’avenant. Plus un refrain rigolo, pour la forme. Rien d’exceptionnel, mais ça s’écoute bien.

 

« Sound Of Silver » (NB : il manque environ une minute à la fin de la vidéo, désolé, j’ai pas trouvé mieux…), à s’en tenir aux paroles, ne manque pas d’humour non plus, mais le vrai propos est ailleurs. C’est qu’il s’agit, une fois de plus, de faire planer et danser en même temps : pour ce faire, James Murphy, use d’un mélange adroit de nappes et de bleeps d’une part et d’une rythmique sans faille d’autre part, bien évidemment secondée par une basse ronde et volubile comme on les aime. Le résultat est très bon.

 

Et l’album de s’achever sur une jolie petite ballade pop, chantée d’une voix cassée, au titre éloquent : « New York, I Love You But You’re Bringing Me Down ». Comme pour « Never As Tired As When I’m Waking Up » sur LCD Soundsystem, ce n’est certes pas sur ce terrain-là qu’on attend James Murphy, mais le fait est que cette fois il s’en tire bien, et même très bien. Un très beau morceau, qu’on fredonne volontiers, et qui remplit parfaitement son office de conclusion d’un album dans lequel, finalement, rien n’est à jeter.

 

Alors, Sound Of Silver, par rapport à LCD Soundsystem ? Eh bien, à mon sens, cela dépend de ce que l’on entend par LCD Soundsystem : si on s’en tient à l’album à proprement parler, c’est à dire au premier disque, je trouve que non seulement Sound Of Silver le vaut bien, mais même qu’il le surpasse. Par contre, si, par LCD Soundsystem, on englobe bien les deux disques – et donc les anciens singles –, là, Sound Of Silver ne fait pas le poids : si tous ses morceaux sont bons, voire très bons, voire excellents, aucun cependant n’est de taille à affronter sur le ring un « Losing My Edge » (non, pas même « Get Innocuous! », voir plus haut…), un « Beat Connection » ou a fortiori un « Yeah (Crass Version) ».

 

Mais ce petit jeu des comparaisons est-il bien nécessaire ? On se retrouve en fait un peu dans la même situation qu’avec Arcade Fire et Neon Bible opposé à Funeral… Indépendamment, j’avais dit que Neon Bible était un très bon album, malgré quelques titres médiocres. Or, de titres médiocres, il n’y en a pas sur Sound of Silver… La conclusion me paraît donc claire : le second album de LCD Soundsystem est bel et bien un très bon album, et même un excellent album ; qu’il n’ait pas la puissance de son illustre prédécesseur, à cet égard, n’est que de peu d’importance : il écrase de toute façon la concurrence (hein ? la quoi ? quelle concurrence ?).

 

 

 Bon, petite pause, et j’essaye (je dis bien : j’essaye) de vous parler de 45:33. Comme ça, ça sera fait. Hop.

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"The Fragile", de Nine Inch Nails

Publié le par Nébal

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NINE INCH NAILS, The Fragile.

 

Tracklist :

 

CD 01 (Left)

01 – Somewhat Damaged

02 – The Day The World Went Away

03 – The Frail

04 – The Wretched

05 – We’re In This Together

06 – The Fragile

07 – Just Like You Imagined

08 – Even Deeper

09 – Pilgrimage

10 – No, You Don’t

11 – La Mer

12 – The Great Below

 

CD 02 (Right)

01 – The Way Out Is Through

02 – Into The Void

03 – Where Is Everybody?

04 – The Mark Has Been Made

05 – Please

06 – Starfuckers, Inc.

07 – Complication

08 – I’m Looking Forward To Joining You, Finally

09 – The Big Come Down

10 – Underneath It All

11 – Ripe (With Decay)

 

Wooooaaaaaaaaaaaah, le coup de vieux ! Ça nous rajeunit pas, tout ça, ma bonne dame ! C’est que The Fragile de Nine Inch Nails était pour moi un album culte dans ma folle jeunesse, mais ça faisait une é-ter-ni-té que je n’y avais pas jeté une oreille. Il faut dire que les productions ultérieures de Nine Inch Nails, toutes d’une médiocrité affligeante – à l’exception du très bon Ghosts I-IV, dont je vous reparlerai peut-être un de ces jours (pas évident, cela dit...) –, y sont sans doute pour quelque chose… Mais on aurait tort, oui, on aurait bien tort de se focaliser excessivement sur ces derniers écueils, et d’oublier qu’il fut un temps où Nine Inch Nails, c’était fort bon, et où Trent Reznor méritait bien – à mon avis en tout cas – le qualificatif de génie (si). Une période qui commence avec Broken en 1992 (ouep, j’ai toujours trouvé Pretty Hate Machine surestimé…) et culmine avec The Fragile en 1999, en passant par The Downward Spiral en 1994.

 

 

Oui, vous avez bien compté. Cinq ans. 1994-1999.

 

Certes, il y eut, tout d’abord, une sacrée tournée, et même des collaborations avec David Bowie, excusez du peu ! Voyez par exemple cette fameuse version de « Hurt » (où, reconnaissons-le, pour ce qui est du charisme, petit Trent se fait laminer par Sa Majesté David Bowie…), ou inversement cette collaboration sur « Subterraneans » (pardon, le son est un peu pourri…). L’influence de Reznor sur Outside se sent énormément, d’ailleurs, et on lui doit quelques remix intéressants (voyez pour « Hearts Filthy Lesson »), et jusque sur Earthling (le fameux clip de « I’m Afraid Of Americans »). Nébal aime quand les grands esprits se rencontrent… Vous ai-je déjà dit, d'ailleurs, que David Bowie était Dieu ?

 

...

 

Passons.

 

Il y eut aussi, entre-temps un album de remix (inégal, comme souvent), Further Down The Spiral ; certes, il y eut aussi l’activité de Trent Reznor en tant que producteur (de Marilyn Manson notamment, à l’époque où il était encore bon – le contrat courait sur trois albums : Portrait Of An American Family, Smells Like Children et, bien sûr, Antichrist Superstar – que celui-là aussi, ça fait un bail que je ne l’ai pas écouté ; ça pourrait être une expérience… intéressante…) ; il y eut également un titre ou deux par-ci par-là (les géniaux « The Perfect Drug » et « Driver Down » pour la B.O. de Lost Highway de David Lynch, qu’il avait produite ; ou encore, d’ailleurs, la très bonne B.O. indus death du jeu vidéo Quake).

 

Pas rien, donc. Mais d’album, point. En cinq ans. Et cinq ans, dans le monde de la musique, pour certains, c’est long ; beaucoup trop long.

 

Aussi, à l’époque, je crois me souvenir – mais peut-être ma mémoire me joue-t-elle des tours – qu’il se trouvait des mauvaises langues pour tirer des plans sur la comète. On annonçait la fin de Nine Inch Nails (puisque Nine Inch Nails, pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est Trent Reznor et personne d’autre ; les autres ne sont là que pour les concerts, et éventuellement les sessions d’enregistrement ; éventuellement, hein…) ; on parlait de perte de créativité ; on parlait même, autant le dire, d’une dépression carabinée, causée essentiellement par le succès phénoménal remporté par son poulain Marilyn Manson, qui rendait celui de Reznor d’autant plus dérisoire…

 

Et puis voilà qu’on annonce subitement un nouvel album. Et un gros.

 

Un putain de double album, oui !

 

Voilà, oui, que le père Reznor nous sort subitement de sa pochette surprise rien de moins que son Grand-Œuvre, totalement mégalomane comme il se doit. Un très bel objet intitulé The Fragile, à l’artwork sublime – une fois n’est pas coutume –, composé de deux disques sobrement titrés « Left » et « Right » et comportant en tout 23 pistes. Avec du déchet, bien sûr, comme pour tout double album mégalomane qui se respecte, mais dans l’ensemble, le bilan est quand même largement positif, et The Fragile reste probablement mon album favori de Nine Inch Nails…

 

Allez, c’est tipar. À gauche toute. Où l’on commence par « Somewhat Damaged », qui n’est certainement pas le morceau le plus facile d’accès de Nine Inch Nails. Ce qui est extrêmement rassurant pour les amateurs : ainsi, si Reznor jalouse bien son protégé Manson et entend bien remporter un certain succès médiatique et commercial avec son nouvel album – il l’aura… même s’il restera bien évidemment loin derrière « le traître » Manson –, il ne semble pas pour autant près à se compromettre (ou du moins pas tout de suite, ou pas encore trop… c’est déjà ça !). La rythmique est décalée, les guitares bruitent, ça hurle ce qu’il faut, ça s’énerve, ça monte, mais, mais, continuez, monsieur Reznor, continuez, je vous en prie, vous m’intéressez !

 

On enchaîne sur le bien plus calme (ou plus exactement : plus mélodieux, car les guitares continuent de jouer à 11) « The Day The World Went Away », qui fut si je ne m’abuse le premier single de l’album. C’est joli, et encore assez bruyant pour plaire. Bref, ça passe bien.

 

Le bref instrumental « The Frail », par contre, est une petite pause au piano secondé de nappes aériennes, pour se détendre les oreilles avant le retour du bruit. Cela ne peut pas faire de mal, et on avouera que c’est simple et joliment fait.

 

Suit donc le plus méchant, bien que toujours pianistique, « The Wretched » ; cette fois, on reconnaît vraiment la manière de The Downward Spiral, jusque dans le refrain puissant. Un morceau de Nine Inch Nails efficace, juste comme on les aime.

 

Mais « We’re In This Together », personnellement, me parle plus, avec son son (non, pas mon mon, ni ton ton : son son... enfin, bref) plus moderne. Jolie rythmique, notamment. Et pour le refrain un beau riff à la Filter (rien d’étonnant, me direz-vous…). Non, décidément j’aime bien. Pis la fin est zoulie.

 

On passe alors à « The Fragile », morceau très pop qui, pour avoir donné son titre à l’album, ne m’en a pas moins toujours semblé plutôt médiocre… Certes, le refrain est efficace, mais presque « trop ». Pour le coup, là, il y a un peu de compromission… Et ce ne sont pas les quelques dissonances éparses qui me feront changer d’avis : non, décidément, je trouve ce morceau trop « facile ». Pas pour moi, en tout cas. À ranger parmi les inévitables déchets que rejette tout double album mégalomane ; c’est un peu con que ça soit le morceau-titre, tout de même…

 

Heureusement suit l’instrumental « Just Like You Imagined », qui porte bien son titre, tiens. Bah oui, j’imaginais un très bon morceau qui venait rattraper la bouse précédente, et c’est bien ça ; un court morceau bourré d’idées, avec de jolies parties de piano, et une production exemplaire… Voilà le Nine Inch Nails que j’adule ! Heureusement, on aura bien des fois l’occasion de le retrouver au cours de l’album.

 

Avec « Even Deeper », hélas, on retombe, à un niveau assez moyen, quoique pas aussi médiocre qu’avec « The Fragile », ce grâce à une très jolie production ; mais tout cela manque néanmoins un peu de patate, et se montre un peu trop sage pour convaincre. Où est passée la furie, monsieur Reznor, où est passée la rage, où est passée la folie ? Tsk tsk tsk…

 

C’est à nouveau un instrumental qui va remonter le niveau – ça devient une habitude (et rappelez-vous, enfin, si vous le voulez, je n’oblige personne, hein, ce que j’ai dit de Ghosts I-IV…) –, le très bon « Pilgrimage », aux étranges accents de péplum… Un morceau répétitif et majestueux, tout en puissance et grandiloquence ; le finale, c’est vraiment le Colisée…

 

Logiquement, « No, You Don’t », chanté, devrait donc être un morceau médiocre ? Eh bien non. C’est un très bon morceau de metal indus, au riff imperturbable en béton armé, et à la rythmique intéressante, à alterner entre vitesse et lourdeur. À la fin ça bruite bien, même ; dommage que ça coupe un peu brutalement…

 

… mais – aha ! – c’était fait exprès, pour susciter un contraste avec le ma-gni-fique quasi-instrumental « La Mer » – probablement un des meilleurs morceaux de l’album, où un piano stoïque résiste face à une batterie chaloupée et à contre-temps, puis face à un déluge de bruit qui s’abat progressivement sur l’auditeur désemparé et heu-reux, E-R-E ! Une merveille.

 

Mais « The Great Below » n’est pas en reste, qui conclut le premier disque de la plus belle des manières. Production superbe, belles mélodies, du grand Nine Inch Nails dans la veine calme (pour ne pas dire… « gothique » ?). Le finale, quand la batterie entre en jeu, est de toute beauté.

 

Bon. A fini « Left ».

 

Petite pause.

 

 

Bon. « Right ».

 

Où l’on commence par un quasi-instrumental de la plus belle eau, « The Way Out Is Through ». Le type même du morceau qui monte, qui monte, qui monte, qui n’en finit pas de monter, rhaaaaaaa, parce que c’est siiiiiiiiii bon quand ça monte, gniiiiiiiiiiiiiiiiii, guuuuuuuuuuuuuuh, gggggh… RAAAAAAAAH !!! Et quand ça explose, ça fait du bien. Oui, ça a quelque chose d’orgasmique, en effet, mais je ne vois pas ce qui vous a fait employer ce terme-là en particulier ? … Vous voulez en parler ?

 

« Into The Void », c’est du Nine Inch Nails funky. Si. Même que. Oh, on en avait déjà eu quelques exemples par le passé (notamment sur Pretty Hate Machine, si je ne m’abuse, dont on retrouve en tout cas pas mal le son ici… et ceci explique sans doute cela), mais là, c’est particulièrement flagrant. Et malgré tout le respect que je voue, à Nine Inch Nails d’une part, au funk d’autre part, je n’ai jamais trouvé que le mélange des deux passait très bien… Allez, hop, dans la corbeille, avec « The Fragile ».

 

« Where Is Everybody? » poursuit hélas un peu dans cette voie – non pas funky, mais « Nine Inch Nails à l’ancienne », et sans se montrer beaucoup plus convaincante. Une fois de plus, comme pour « Even Deeper » plus haut, tout cela manque de patate et de folie. Et, cette fois, il n’y a pas l’excuse de la production, tout ceci ayant déjà été entendu sur les précédents albums de Nine Inch Nails. Allez, hop, dans la corbeille, avec « The Fragile » et « Into The Void ».

 

Et l’auditeur de prendre peur : exception faite de l’excellent premier morceau, le second disque serait-il composé uniquement des morceaux pas assez bons pour figurer sur le premier ? Gasp ! À ce stade, il faudrait au moins un excellent instrumental pour rassurer l’acquéreur de The Fragile… Et ça tome bien, puisque suit « The Mark Has Been Made » : belle ambiance oppressante, jolie petite mélodie, c’est tout simple, et ça fonctionne remarquablement bien. Puis arrive la batterie (qui surprend le chroniqueur, qui avait oublié ça, tiens, et se sent tout con), et le morceau de repartir sur ses premières bases, mais avec des guitares en prime. Que du bonheur, comme Nine Inch Nails sait si bien nous en procurer quand Trent Reznor veut bien fermer sa gueu… s’appliquer.

 

On retrouve le chant sur « Please », mais le morceau a au moins pour lui, dès le début, une bonne ligne de basse. Problème : sur le refrain, on se retrouve encore une fois confronté à cette sensation de déjà-vu un peu pénible ; mais bon, c’est quand même nettement moins pénible ici que sur « Into The Void » et « Where Is Everybody? », et ça évite donc la corbeille. Car il faut bien reconnaître que c’est bien fait… Mais c’est quand même assez moyen.

 

Bien autrement jouissif se montre le morceau suivant, le bien nommé « Starfuckers, Inc. », qui, pour contenir un sample de Kiss (si !), n’en sonne pas moins surtout, dans son refrain puissant, comme du Marilyn Manson de la bonne époque (l’époque Reznor, donc, eh eh… ce qu’on appelle un retour à l’envoyeur, j'imagine) ; quant au couplet, il sonne fort bien, avec son côté limite drum’n’bass et sa voix trafiquée. De la belle ouvrage, pour un morceau con comme un balai et sacrément réjouissant.

 

Allez, un petit instrumental pour continuer sur la bonne voie ? Mais oui ! Hop, « Complication », où le son « classique » de Nine Inch Nails se teinte de colorations plus résolument modernes, assez techno en fait. C’est court, c’est simple, mais ça fonctionne très bien.

 

On passe ensuite à « I’m Looking Forward To Joining You, Finally ». Rythmique correcte, jolie basse... Mouais… C’est un peu mou du gland, tout ça, monsieur Reznor. Attention, la corbeille n’est pas loin… Je vous suggère de faire mieux la prochaine fois !

 

Voyons donc ce qu’il en est de « The Big Come Down ». Ah, déjà, la rythmique, c’est mieux, c’est plus industriel ; et puis, ça braille un peu, c’est bien aussi. Le refrain est mélodieux certes, mais il passe très bien (ça ira pour cette fois !). Allez, mention « assez bien ».

 

« Underneath It All » démarre sur les chapeaux de roue, même si le chant est calme ; derrière, tout s’énerve, et c’est très bien, ce contraste. Un court morceau plus que correct.

 

Et « Right » – et The Fragile ! – de se conclure sur « Ripe (With Decay) », un magnifique instrumental (ouf) sinistre et cafardeux au possible.

 

 The Fragile n’est certes pas un album parfait. Il contient sa part de déchet, et de morceaux médiocres. Il peut, à l’occasion, se montrer prodigieusement agaçant – ne serait-ce que de par son ambition démesurée. Il n’en reste pas moins qu’à mon sens, il fait partie des trois occasions où Trent Reznor s’est montré le plus inspiré (les deux autres étant la B.O. de Quake – ne ricanez pas sottement, c’est une véritable merveille ; mais je serais bien embêté pour vous la chroniquer… – et Ghosts I-IV – idem, hélas… – ; oui, je mets The Downward Spiral un cran en-dessous, sans même parler de Pretty Hate Machine, au risque de me faire traiter d’hérétique par les puristes). Aussi est-ce bel et bien à mes yeux un grand album.

 

Et, ce qui n’était pas gagné d’avance, c’est toujours vrai aujourd’hui. Cela faisait des années que je ne l’avais pas écouté, honnêtement. Mais j’ai pris grand plaisir à le faire, ainsi qu’à rédiger cette chronique (sauf quand Word a planté… argh). J’espère qu’il s’en trouvera parmi vous qui prendront plaisir à me lire, du coup, même si c’est pas gagné… En tout cas, je reparlerais peut-être un peu de Nine Inch Nails, un de ces jours… Mais pas aujourd’hui : mine de rien, chroniquer ce machin, pfiou, c’est crevant…

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"The Cloud Making Machine", de Laurent Garnier

Publié le par Nébal

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LAURENT GARNIER, The Cloud Making Machine.

 

Tracklist :

 

01 – The Cloud Making Machine Pt. 1

02 – 9.01-9:06

03 – Barbiturik Blues

04 – Huis clos

05 – Act 1 Minotaure Ex.

06 – First Reaction (V2)

07 – Controlling The House Pt. 2

08 – (I Wanna Be) Waiting For My Plane

09 – Jeux d’enfants

10 – The Cloud Making Machine Pt. 2

 

Chose promise, chose due. Après vous avoir dit le plus grand bien d’Unreasonable Behaviour, qui est probablement le plus célèbre album de Laurent Garnier, je m’en vais maintenant faire la même chose avec son album suivant, le nettement moins connu mais non moins intéressant The Cloud Making Machine. Mais il n’y a rien d’étonnant à ce que cet album soit moins connu que le précédent, et la qualité n’a rien à y voir. Simplement, entre temps, de l’eau a coulé sous les ponts, et notre Lolo national (mais non, pas... bon, j'arrête, je suis lourd) a assez radicalement changé d’univers musical. Et si Unreasonable Behaviour comprenait encore un certain nombre de titres orientés dancefloor, ce n’est à peu de choses près, voire pas du tout, le cas de celui-ci, qui joue beaucoup plus sur les ambiances cinématographiques et jazzy. On n’y trouvera donc que rarement de quoi remuer du popotin ; The Cloud Making Machine n’est pas exactement ce qu’on appelle un album « booty ».

 

Mais c’est bien en ce qui me concerne un superbe album, qu’on aurait tort de reléguer au fin-fond des pires oubliettes de la musique électronique, au prétexte stupide que Garnier jouerait dans un terrain que l’on supposerait bêtement ne pas être le sien. Au contraire, dans cette « machine à fabriquer les nuages », à l’atmosphère onirique et fantasque – voir le superbe artwork –, Garnier est comme un poisson dans l’eau, et nous réserve quelques très belles pièces, dans des genres très variés, comme en témoigne ce petit résumé. Je n’irais pas jusqu’à prétendre que c’est là son meilleur album, mais ce n’est pas loin d’être vrai…

 

Alors décortiquons donc un peu la bête. Nous commençons avec « The Cloud Making Machine Pt. 1 ». Une introduction étrange, aux voix trafiquées, pose l’ambiance ; puis la musique s’installe, avec les claviers virtuoses de Bugge Wesseltoft (on retrouve le pianiste acid jazz à plusieurs reprises sur l’album ; rappelons qu’il a maintes fois collaboré avec Garnier, voyez d’ailleurs Public Outburst). Zen. Pas un pet de rythmique. Pas besoin.

 

Celle-ci ne débarquera, dans une succession de breaks élégants, que sur le morceau suivant, plus inquiétant, « 9.01-9:06 ». Une composition subtile, faussement simple, faisant appel à une basse discrète et à de multiples couches de claviers, et dont se dégage un certain sentiment d’oppression, de mal-être, récurrent dans l’album, qui se montre – à l’instar d’Unreasonable Behaviour – assez bipolaire –, alternant entre phases de quiétude et crises d’angoisse ; ici, c’est clairement cette dernière qui domine… Pour notre plus grand plaisir.

 

On retrouve Bugge Wesseltoft dans le morceau suivant, « Barbiturik Blues », dont le titre ne doit pas nous tromper : ce n’est pas tant de dépression qu’il s’agit ici, que de léthargie. Le morceau, très downtempo, avec sa rythmique et sa basse lourdes et sourdes, et surtout les claviers aériens du Norvégien, dégage en effet un sentiment de quiétude, de paix intérieure, rare chez Garnier. Un vrai bonheur.

 

Suit une petite merveille qu’on qualifiera « d’ambient » à défaut d’autre terme (du fait de l’absence de rythmique), « Huis clos », un morceau triste au possible. Bugge Wesseltoft s’y occupe des cordes, tandis que Dhafer Youssef, pièce centrale du morceau, chante et joue de l’oud. Tout simplement magnifique.

 

Puis l’on passe à « Act 1 Minotaure Ex. », à nouveau un morceau quasiment dénué de (véritable…) rythmique (il y a bien un pied et une cymbale de temps en temps, mais, bon…). Quand je vous dis que cet album de Garnier a dû en étonner plus d’un… Là encore, c’est l’ambiance qui prime avant tout, une ambiance très cinématographique à nouveau, tout juste moins dépressive que sur le morceau précédent, et avec des cordes plus en avant. De la belle ouvrage, qui peut faire penser à certains morceaux ambient d’Aphex Twin.

 

Changement de ton radical avec « First Reaction (V2) »… d’autant qu’il s’agit d’un morceau chanté (par Sangoma Everett ; le batteur de Garnier, ai-je cru comprendre ? on y retrouve en tout cas Marc Chalosse aux claviers et l’inévitable Philippe Nadaud). Cette fois, la rythmique, complexe, est omniprésente, de même que le chant – parlé –, évoquant un cauchemar ; il faut dire que le morceau a été écrit par Garnier et Everett quand ils ont appris le résultat du premier tour des élections présidentielles françaises de 2002, quand Le Pen était passé… D’où le titre et le ton du morceau. Le résultat est un excellent morceau d’acid jazz.

 

Suit un morceau qui fait un peu figure d’exception sur l’album, puisqu’il est le seul à avoir un kick du début à la fin ou peu s’en faut : « Controlling The House Pt. 2 ». Comme son nom l’indique (quoique la deep house se mêle ici assez franchement de dub, tant pour ce qui est du son de la basse que de l’écho omniprésent). Me demandez pas où est passée la « Pt. 1 », j’en sais rien ; tout ce que je peux vous dire, c’est que, passée l’intro parlée franchement ridicule, ça s’écoute bien. Très bien, même. Quasiment le seul morceau un tant soit peu orienté dancefloor de l’album…

 

Quasiment, puisque suit immédiatement une autre « surprise », à savoir un autre morceau chanté, par Garnier cette fois… mais un morceau de rock (avec Scan X à la guitare), le très efficace « (I Wanna Be) Waiting For My Plane », allusion transparente au Velvet Underground (et indirectement aux Stooges), contant avec humour les affres du DJ international. Quand j’ai moi-même (pendant très peu de temps, heureusement) dijetté (enfin, je ne mixais pas, hein – moi y’en a pas savoir faire, gnu... –, je me contentais de passer des disques…), j’aimais bien mettre cette piste, qui rencontrait généralement un franc succès ; mais je crois que ça aurait troué le cul de plus d’un(e) d’apprendre que c’était de Laurent Garnier…

 

On passe à tout autre chose avec « Jeux d’enfants », morceau en partie ambient, puisque gavé de field recording (des « chtis n’enfants en Charentes », visiblement), mais avec pourtant une rythmique à base de breaks un chouia saturés par-dessus les nappes de claviers et autres bruitages synthétiques. Le résultat est assez étrange, et j’ai à vrai dire du mal à émettre une opinion sur ce morceau… Pas mal, sans doute, mais… oui, il y a une certaine ambiance qui… bref…

 

Bon. Passons. À la toute fin, c’est-à-dire (après la souris verte) à « The Cloud Making Machine Pt. 2 », qui offre un miroir (plus bref) à la première partie pour ce qui est des voix, mais repose autrement sur des cordes assez mélancoliques.

 

Le bilan global, en tout cas, ne saurait faire de doute. The Cloud Making Machine est un album étonnant de la part de Garnier, oui – ou du moins, il a pu étonner quand il est sorti –, mais c’est bel et bien et avant tout un grand album, bien digne du talent de son auteur.

 

 En tout cas, si, après mon compte rendu (miteux, oui) de cet album, il y en a encore parmi vous pour croire que Laurent Garnier, c’est du « commerce » et patin-coufin, ben, moi, je baisse les bras…

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"Unreasonable Behaviour (CD)", de Laurent Garnier

Publié le par Nébal

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LAURENT GARNIER, Unreasonable Behaviour (CD).

 

Tracklist :

 

01 – The Warning

02 – City Sphere

03 – Forgotten Thoughts

04 – The Sound Of The Big Babou

05 – Unreasonable Behaviour

06 – Cycles d’oppositions

07 – The Man With The Red Face

08 – Communications From The Lab

09 – Greed (Part 1 + 2)

10 – Dangerous Drive

11 – Downfall

12 – Last Tribute From The 20th Century

 

Après vous avoir dit beaucoup de bien, il y a un bail de ça, de l’excellent live Public Outburst, j’ai de nouveau envie de vous entretenir de notre Lolo national (mais non, pas Fabius !). Mais c’est que la production du bonhomme est vaste… Déjà, allais-je parler d’un album, d’un mix, d’un best-of ? Très vite, j’ai choisi de parler d’un album, histoire d’approfondir un peu le personnage, de voir ce qu’il a vraiment dans les tripes, et de démontrer, enfin, que, pour être à l'origine un DJ, il n’en est pas moins également un compositeur talentueux, qui livre en studio une musique nettement moins orientée dancefloor que ce que l’on pourrait croire… et que l’on croit souvent, mais je ne reviendrai pas ici sur l’étrange réputation que Garnier continue de se traîner de par chez nous chez ceux qui en parlent sans en savoir le moindre mot.

 

Un album, donc. Mais lequel ? Le dernier, Tales Of A Kleptomaniac, m’ayant un peu déçu – mais il faudra que je le réécoute plus attentivement, et surtout sa partie ROM (quand mon putain de lecteur DVD voudra bien remarcher, grmblf…) –, et n’ayant ni Shot In The Dark, ni 30, ses tout premiers, il ne me restait que deux possibilités : l’énorme Unreasonable Behaviour, et le splendide The Cloud Making Machine.

 

Choix cornélien s’il en est.

 

J’ai donc choisi de chroniquer les deux, hop. Mais, pour une fois, en respectant la chronologie. Ne serait-ce que parce qu’Unreasonable Behaviour est un album plus hétérogène que The Cloud Making Machine, présentant davantage de facettes du travail de Laurent Garnier… et, avouons-le aussi, parce qu’il est sans doute bien plus connu.

 

Les plus observateurs d’entre vous auront noté que j’ai indiqué (CD) auprès du titre ; en effet, le vinyle contient des pistes et des mixes différents du CD : de ceux-là, je ne saurais rien dire. Je vais donc me contenter de parler ici du CD, avec son artwork fort sympathique, qui nous intime de nous laver les mains avant de soulever la galette. Dont acte.

 

Play. L’album s’ouvre sur une brève introduction au titre éloquent, « The Warning ». Ça se montre effectivement un tantinet menaçant… Pas grand chose de plus à dire, il ne s’agit que d’introduire.

 

Les choses sérieuses ne commencent véritablement qu’avec « City Sphere »… qui se montre déjà nettement moins menaçant. L’album aura ainsi une tendance assez bipolaire, tout du long. Jolie basse, et rythmique à l’avenant, pour un morceau sur lequel souffle comme un vent délicieusement glacial et cristallin.

 

Le vent souffle plus explicitement sur l’introduction de « Forgottent Thoughts », aux agréables rondeurs saturées, parfois quasi industrielles, d’autres fois évoquant avec presque dix ans d’avance le son Ed Banger (ou, plus contemporains de l’album, Daft Punk), mais avec ô combien plus de finesse…

 

Et l’on enchaîne sur ce qui constitue indiscutablement le premier gros tube de l’album, et un de ses rares morceaux axés dancefloor, avec l’énorme et cultissime « The Sound Of The Big Babou », sa saturation diabolique, ses multiples couches mélodiques, son pied imperturbable, et sa puissance imparable. Cultissime, ça vaut aussi pour le clip, avec son fameux curé terroriste… Mais Garnier a souvent eu d’excellents clips (il n’est qu’à voir ceux réalisés par Quentin Dupieux – aka Mr Oizo – auparavant, « Flashback » et le court-métrage « Nightmare Sandwiches » comportant entre autres le tubesque « Crispy Bacon »).

 

Petite transition essentiellement vocale avec « Unreasonable Behaviour », puis l’on repasse aux choses sérieuses avec « Cycles d’opposition ». Un morceau qui sonne un tantinet Warp, pour le coup (à la LFO, on va dire – pas Autechre, faut pas déconner, non plus…). Et ça lui va très bien, au sieur Garnier. Jolie basse, là encore. Planant et efficace.

 

Et d’enchaîner sur un nouveau tube, l’inénarrable « The Man With The Red Face ». Une perle de house portée par des basses profondes inimitables et, surtout, le saxophone de Philippe Nadaud (c’est lui, « the man with the red face », l’idée étant qu’il s’en donne à cœur-joie et à plein poumons, jusqu’à être prêt à éclater). Clip sympa, là encore, et un morceau taillé pour le dancefloor… mais plus encore pour le live ; et, pour la peine, on va s’en faire un petit, extrait du (très bon) DVD Unreasonable Live.

 

Suit une autre perle, mais dans un genre bien différent, avec le très beau « Communications From The Lab » (là encore, ces basses, tudieu !). Si je ne m’abuse, c’est le premier morceau de Laurent Garnier que j’ai connu et aimé. Nostalgie… Et il m’avait démontré d’emblée que, non, la techno en général, et, non, Laurent Garnier en particulier, ça n’était pas nécessairement « POUM POUM POUM POUM » ad nauseam. Un morceau d’une belle complexité et une composition d’une grande finesse à tous les niveaux. Merci, monsieur Garnier.

 

Suit une bizarrerie inclassable mais néanmoins excellente, le très bon « Greed (Part 1 + 2) » (et son clip démentiel et hilarant). Difficile de dire exactement de quoi il s’agit, mais le fait est que c’est bon, très bon, même. Dans la première partie, la voix inquiétante de Garnier se fait à nouveau menaçante (… et drôle, toujours...), tandis que dans la seconde, la basse saturée prend le relais pour noircir encore un peu plus l’ambiance. Une réussite. Bizarre, mais une réussite.

 

Avec « Dangerous Drive », ensuite, nous avons le seul et unique morceau de techno « classique » de tout l’album, avec un kick omniprésent. Une techno classique, oui, mais sinistre et glauque, très très sombre et menaçante, une fois de plus, et cette fois sans aucun humour… Mais en la matière Garnier est un maître qui n’a de leçons à recevoir de personne, et ce morceau en forme d’ultime concession au genre est une franche réussite.

 

Suit « Downfall », qui calme radicalement le jeu. Là encore, on peut penser à du « gentil » Warp. Ça n’en est pas moins très bon. Superbes basses bien rondes une fois de plus, et breaks parfaits (un peu trop rares, peut-être ?), qui ne lésinent éventuellement pas sur la saturation. Pas mal du tout.

 

Et de conclure sur un « Last Tribute From The 20th Century » très deep house, pied, nappes et basse à l’avenant. Un hommage aux grands pionniers de la techno et de la house, à l’orée du XXIe siècle. Très franchement, comme le disait si bien un ancien haut-fonctionnaire, ça m’en touche une sans remuer l’autre, et je trouve que c’est un peu le morceau de trop, le couac final dont on aurait pu se passer, mais bon, l’intention était bonne, allez…

 

N’empêche que le reste était excellent. N’en doutez pas un seul instant, citoyens : Unreasonable Behaviour est bien un immense album de techno / house, indispensable pour qui s’intéresse à ces choses-là, et témoigne assurément du talent de notre Lolo national (mais non, pas Gerra !).

 

 Sur ce, je me prépare à vous causer de The Cloud Making Machine. Et pour les plus impatients (s’il y en a ; on peut toujours rêver…), hop, un petit teaser.

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"The Mind Is A Terrible Thing To Taste", de Ministry

Publié le par Nébal

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MINISTRY, The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

Tracklist :

 

01 – Thieves

02 – Burning Inside

03 – Never Believe

04 – Cannibal Song

05 – Breathe

06 – So What

07 – Test

08 – Faith Collapsing

09 – Dream Song

 

Mmmh, vous ai-je déjà dit que Ministry était le plus grand groupe du monde ? Oui, probablement, au travers d’un long et beaucoup trop enthousiaste article récapitulatif à l’occasion de la sortie du finalement très moyen The Last Sucker. D’ailleurs, je suis revenu dessus indirectement tout récemment. Il n’empêche : si Ministry n’est pas le plus grand groupe du monde, Ministry a été le plus grand groupe du monde ; et ce au moins le temps de trois albums, la fabuleuse et mythique trilogie comprenant The Land Of Rape And Honey, The Mind Is A Terrible Thing To Taste et Psalm 69.

 

Quand il s’agit de déterminer quel est le meilleur album de Ministry, beaucoup répondent sans l’ombre d’une hésitation Psalm 69, le dernier de la trilogie. Pas moi ; entendons-nous bien, j’adoooOOOooore cet album, et considère assurément que des morceaux comme « N.W.O. », « Just One Fix », « Corrosion » ou « Scarecrow » font partie des meilleures compositions du duo constitué par Al Jourgensen et Paul Barker. Mais, pour moi, le sommet a été atteint lors de l’album précédent, parfait dans sa globalité. The Mind Is A Terrible Thing To Taste est à mes yeux la Bible du metal indus, le type idéal du genre, à la croisée des chemins entre musique industrielle, punk et metal, avec, qui plus est, un son très particulier, unique, pas encore trop connoté metal (à la différence de Psalm 69, et a fortiori des albums à-la-Slayer de la période Jourgensen). Tout est bon dans cet album, là où le suivant contient un chouia de déchet. Et c’est bien pourquoi, à mes oreilles, The Mind Is A Terrible Thing To Taste constitue Le Grand-Œuvre de Ministry. Il n’est d’ailleurs qu’à jeter un œil sur les stupéfiants concerts qu’il a suscités (l’incroyable vidéo In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live), plus longue et bien autrement marquante que le CD du même nom) pour se persuader du caractère tout simplement magique de cet album, qui enchaîne les perles.

 

Et qui – c’est le moins qu’on puisse dire – pratique l’attaque en force, puisqu’il s’ouvre sur le furibond « Thieves », un morceau visionnaire (une bonne dizaine d’années d’avance, on va dire) teinté de fusion et de hardcore, vrillant l’auditeur à coups de guitares-mitrailleuses et de perceuses ainsi que de samples de Full Metal Jacket, invitation irrésistible à sauter partout et à pogoter comme un malade. Un morceau de choix dans les concerts du groupe depuis lors, et ça ne s’est jamais démenti depuis… Et ce son ! Merci, messieurs Hypo Luxa et Hermes Pan (c’est-à-dire Al Jourgensen et Paul Barker, of course…).

 

Suit ce qui a probablement constitué le premier grand succès du groupe, à savoir l’énorme « Burning Inside » à la mécanique bien huilée et au riff imparable. Un vrai concentré d’efficacité, tellement fort à vrai dire, que, pour l’anecdote, les membres du groupe ont fini par en avoir plein le cul de devoir jouer ce « passage obligé » à chaque concert… La rançon de la gloire…

 

On passe à un tout autre registre avec « Never Believe », un morceau plus résolument punk, et évoquant davantage la manière et les sonorités de The Land Of Rape And Honey. Sans doute moins marquant que les précédents et bon nombre des morceaux qui suivent, ce pied-de-nez bien nerveux n’est pas à négliger pour autant, et contient quelques très beaux moments ; le refrain, notamment, est très bon.

 

Changement de registre à nouveau, avec la monstrueuse « Cannibal Song », sa basse oppressante, sa rythmique implacable et son saxophone angoissant. Si l’on y ajoute un chant démentiel schizoïde, il y a de quoi avoir peur… et se régaler. Un vrai bonheur… à condition d’aimer la musique répétitive et hypnotique, cela dit. Mais, si l’on n’aime pas la musique répétitive, il ne vaut mieux pas écouter Ministry de toute façon, alors bon…

 

On retourne aux grosses guitares (et aux riffs plus répétitifs que jamais) avec « Breathe », qui introduit cependant une nouveauté bientôt caractéristique de Ministry en live : une rythmique à deux batteries. Et bordel de Dieu, que c’est bon ! Dans l’introduction d’In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live), c’est juste à tomber par terre. Au passage, le batteur, sur cet album, c’est généralement William Rieflin, de Killing Joke, puis fondateur de Pigface, qui fut d’abord un cover-band… de Ministry.

 

Un pur chef-d’œuvre pour la suite, avec le très long (interminable, disent les mauvaises langues, mais ces gens-là n’y connaissent rien…) et très planant « So What » (ou comment tenir huit minutes – voire plus en concert : onze, treize… – avec un seul riff). Là encore, un morceau promis à une très belle carrière en live, en particulier s’il y a deux batteries (comme, je me répète, je sais, sur In Case You Didn’t Feel Like Showing Up (Live)). L’alternance entre la douceur de la basse et des parties samplées et la brutalité des guitares fait des merveilles, jusqu’à un finale explosif. Un des plus célèbres morceaux de Ministry, et à juste titre : c’est ce qu’on appelle communément un incontournable, pour ne pas dire un classique.

 

Suit un morceau relativement mineur en comparaison, mais sans doute assez bizarre pour l’époque, « Test », où le metal indus de Ministry, en plus de fusionner punk, metal, electro et indus, rajoute une couche de hip hop dans sa mixture. Le résultat n’est pas nécessairement mauvais, mais est loin d’être aussi marquant que toutes les perles que l’on a entendu défiler jusqu’à présent. C’est là le vrai défaut de ce morceau : il est trop bien entouré pour véritablement exister… Bof, de toute façon. C’est de loin le moment le moins intéressant de The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

On y préfèrera largement les deux (quasi-)instrumentaux sur lesquels se conclue l’album, et tout d’abord « Faith Collapsing », avec sa monstrueuse rythmique tribale à deux batteries, sa basse énorme et ses nombreux samples (dont certains empruntés au très bon Fahrenheit 451 de François Truffaud, et d’autres, semble-t-il, au 1984 de Michael Radford, mais là je suis moins sûr de moi…). Oppressant et tripant à la fois.

 

Et l’album de se conclure sur une « Dream Song » purement industrielle et très planante, de toute beauté. Pas grand chose de plus à dire : on se tait, et on admire les maîtres au travail.

 

The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

La Bible du metal indus.

 

Oh, oui.

 

 Me reste plus qu’à vous parler des autres albums de Ministry, et en premier lieu de Psalm 69 et The Land Of Rape And Honey. Ce sera pour une prochaine fois…

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"Two", de Miss Kittin & The Hacker

Publié le par Nébal

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MISS KITTIN & THE HACKER, Two.

 

Tracklist :

 

01 – The Womb

02 – 1000 Dreams

03 – PPPO

04 – Party In My Head

05 – Indulgence

06 – Emotional Interlude

07 – Suspicious Minds

08 – Electronic City

09 – Inutile Éternité

10 – Ray Ban

11 – 1000 Dreams (Reprise)

 

Miss Kittin & The Hacker, c’est l’histoire peu vraisemblable mais pourtant authentique de deux Grenoblois qui, après s’être amusés un temps dans leur coin, sont devenus des stars du jour au lendemain en réintroduisant le live dans la techno. Enfin, quand je dis des stars : à l’étranger, surtout ; en France, on a toujours un ou deux wagons de retard… Mais ce fut l’occasion pour le combo electro-clash d’enregistrer quelques pépites, dont, bien sûr, les célèbres et indépassables « 1982 » et « Frank Sinatra », et un premier album très brut de décoffrage sobrement titré… First Album. La recette était simple en apparence : une musique électronique minimale et rétro (à l’époque, ce n’était pas encore à la mode : ce sont entre autres eux les responsables…), et une voix mi-chantée, mi-parlée, avec un accent français à couper au couteau.

 

Il aurait été facile pour Miss Kittin & The Hacker de continuer longtemps comme ça, le public semblant toujours demandeur. Mais ils ont préféré (pour de multiples raisons qui ne regardent qu’eux) se séparer au sommet de leur gloire. Miss Kittin a alors entamé une carrière solo, et The Hacker a repris la sienne (faudra peut-être que je vous en parle, d’ailleurs ; si tout n’est pas parfait, il y a néanmoins de très bonnes choses sur Mélodies en sous-sol – antérieur me semble-t-il au duo –, Rêves mécaniques, ou plus récemment le live X). Et ce n’est que tout récemment (… enfin, récemment selon le comput nébalien, hein…), comme par surprise, que le groupe est revenu avec un deuxième album… sobrement intitulé Two. Et, parce que la chronologie c’est de la merde (donc), et accessoirement parce que cet album me semble mieux produit (non, ça, c’est un fait) et plus homogène que le First Album, et enfin pour coller à l’actualité (d’il y a très exactement un an, hum…), c’est donc de Two que je vais vous entretenir aujourd'hui. Car si cet album n’a probablement pas suscité le même enthousiasme démentiel que les premières productions à la mords-moi-l’nœud du duo, il n’en est pas moins très bon à mon goût et tout à fait recommandable.

 

Décortiquons donc la bête, en commençant par le commencement, c’est-à-dire « The Womb ». Et là, il faut reconnaître une chose, qui était déjà très sensible notamment dans Mélodies en sous-sol et Rêves mécaniques, c’est que The Hacker sait soigner ses morceaux introductifs (on reconnaît bien là sa patte)… Un excellent titre que celui-ci, porté par une belle basse profonde ; et on sent déjà combien la voix de Miss Kittin a progressé depuis le First Album, impression qui ne fera que s’accroître au fur et à mesure des titres de ce Two. Enfin, la qualité exemplaire de la production ne saura faire de doute à l’écoute de ce morceau décidément très sympathique.

 

Suit « 1000 Dreams », et là, un triple constat s’impose : 1°) Bien du chemin a été parcouru depuis les guignolades du First Album, et cette fois on fait plutôt dans le dark ; ce sera vrai de tout l’album ou presque. 2°) Miss Kittin a effectivement appris à chanter. 3°) C’est là un single évident, un joli petit tube minimaliste et efficace, new wave / cold wave / dark wave / comme il vous plaira, qu’on se prend immédiatement à fredonner en tout cas. Très bon.

 

Après quoi « PPPO » est un morceau plus résolument orienté techno, mais toujours (voire plus que jamais) très dark, et s’autorisant même quelques sonorités industrielles. Ça fonctionne très bien (même si le titre aurait visiblement dû être PPOP, mais que voulez-vous c’est pas ben grave ma bonne dame et rhôôôôô allez Nébal arrête de faire ton pinailleur bordel de merde) (ou alors c’est juste que j’avions pas compris le truc).

 

On passe alors à « Party In My Head », agréablement techno-pop, avec ses jolies nappes et ses basses profondes. Un peu moins dark que le reste, mais pas mal du tout. Cela dit, c’est loin d’être un des morceaux les plus marquants de l’album.

 

« Indulgence », par contre, si. Surtout pour les excités dans mon genre. Il faut dire que c’est un morceau qui tranche quelque peu sur les autres. Si la, euh, « mélodie » est basique, le son lui, est résolument electro-indus, ou, non, plus encore EBM (moi, je sais pas, je dis peut-être une bêtise, mais ça m’a pas mal rappelé le célèbre « Der Mussolini » de DAF – mais vous allez dire que je me fais plaisir…). Très très efficace. Nébal aimer ça.

 

« Emotional Interlude », a contrario, est un morceau très planant, mais plus sombre qu’il n’y paraît au premier abord, avec de belles basses bien profondes. Pas mal.

 

Mais j’y préfère largement pour ma part – et j’en suis le premier étonné, z’allez voir un peu – « Suspicious Minds », qui suit immédiatement, et qui est une reprise un tantinet electro-disco… d’Elvis Presley. Si. Même que. Voyez par vous-mêmes, par exemple ici (et d’ailleurs, je me vois obligé de reconnaître que cette vidéo le fait grave sa mère la teupu en string dans un sous-bois de Launaguet) (mondieumondieumondieu mais que m’arrive-t-il ?). En tout cas, voilà un autre morceau, après « 1000 Dreams », qui fait un single immédiat, que l’on se prend immédiatement à chantonner (d’une voix très grav-euh en contrepoint-euh de miss Kittin-euh, ouh yeah). Les fans d’Elvis jugeront sans doute cette reprise blasphématoire, mais moi j’aime beaucoup.

 

 

Bon, passons à tout autre chose avec « Electronic City », qui nous ramène à quelque chose d’un peu plus dark, avec un bon fond de Kraftwerk, ce qui est bien (et me rappelle qu’il faudra que je vous chronique l’intégrale de Kraftwerk, qui est bien entendu un des plus grands groupes du monde), alternant hélas avec des nappes façon vieille house, ce qui passe plus ou (surtout) moins bien, trouvé-je. Le morceau que j’aime le moins de tout l’album.

 

Suit « Inutile Éternité », qui, comme son nom l’indique, est chanté en français, et comme il le laisse entendre, n’est guère joyeux. Une synth-pop dark, avec une jolie basse à nouveau, par ailleurs parlée plus que véritablement chantée (sauf à la fin), et qui produit son petit effet. Oui, ça marche plutôt bien, très bien même. J’en ferais pour ma part mon troisième tube, tiens.

 

Après quoi l'on passe à « Ray Ban ». À nouveau une synth-pop dark de la plus belle eau, avec une jolie basse (je me répète ? je dois avoir des troubles obsessionnels compulsifs…), mais qui sonne cette fois plus rock. Pas mal du tout, sans être exceptionnel.

 

Et l’album de s’achever enfin sur « 1000 Dreams (Reprise) ». Comme son nom l’indique. En instrumental, un peu plus lent, plus éthéré aussi. Une conclusion, en somme.

 

 Au final, pari gagné pour nos deux zoziaux. Ils ont réussi à franchir le douloureux cap du deuxième album sans céder à la facilité consistant à se répéter ad nauseam. Une certaine prise de risques, dont je ne sais pas – moi qui ne me tiens au courant de rien... – si elle a été récompensée ou pas. Je l’espère, parce que ce Two (dont je ne ferai pas pour autant un chef-d’œuvre, hein, ne poussons pas mémé dans les orties, à moins qu’elle ne le demande gentiment) est un fort bon album, qui mérite bien qu’on y jette une oreille, et même, soyons fous, deux. À bon entendeur (si j’ose dire), salut.

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